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08/04/2020

L’açaí et sa distribution à Paris : géographie de la circulation commerciale d’un fruit amazonien

Pourquoi certaines plantes deviennent-elles des objets de consommation globalisés, et d'autres non ? Pour répondre à cette question, le géographe F. Cortezzi (Sorbonne - Paris IV) a réalisé une thèse sur l’açaí, une baie originaire de la forêt amazonienne (Brésil). « Érigée en ''superfruit'' par des acteurs du marketing pour son potentiel antioxydant et nutritionnel », l'açaí est consommée principalement sous forme de pulpe. Sa production connaît un développement rapide depuis les années 1990, avec une diffusion commerciale dans plus de 70 pays, sur tous les continents. La France joue un rôle important dans ce processus, avec notamment des projets de plantations en Guyane et des flux d'importations vers la région parisienne. Les observations et entretiens menés par F. Cortezzi confirment « l’importance d’une consommation urbaine relevant de classes sociales aisées de la population » et mettent en évidence un « axe de l’açaí » à Paris, avec une forte concentration de points de vente dans les quartiers multiculturels sur la rive droite de la Seine, et une évolution vers l'Ouest, largement corrélée avec le pouvoir d'achat des habitants.

L'axe de l'açaí à Paris

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Source : HAL

Source : HAL

Le coton OGM Bt a-t-il vraiment permis d'augmenter les rendements en Inde ?

De nombreux chercheurs ayant travaillé sur l'impact du coton Bt sur la production, en Inde, ont conclu que son introduction avait permis d'augmenter les rendements. Cependant, leurs analyses ignorent les effets de long terme et les autres facteurs pouvant influencer ces tendances. Les auteurs d'un article publié en février dans la revue Nature Plants se sont penchés sur cette question. Pour y répondre, ils ont utilisé des séries de données sur les rendements, l'adoption du coton Bt et d'autres facteurs ayant pu jouer sur ces rendements, sur vingt ans (1999-2018), au niveau de l'Inde et de chacun de ses États fédérés. Leurs résultats suggèrent que l'augmentation des rendements observée dans les années 2000 n'est pas liée à l'adoption du coton Bt mais plutôt à un usage croissant d'engrais de synthèse. De plus, les semences Bt étant moins résistantes aux insectes suceurs de sève, leur utilisation a entraîné une augmentation du recours aux insecticides, et des dépenses associées, par les producteurs de coton indiens.

Dépenses nationales en insecticides pour la production de coton

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Source : Nature Plants

Lecture : la courbe bleue représente les dépenses en insecticides visant les Lepidoptères, c'est-à-dire les insectes vulnérables au coton Bt (en dollars par hectare). La courbe orange représente les dépenses en produits phytosanitaires visant les insectes suceurs de sève.

Source : Nature Plants

17:55 Publié dans Agriculteurs, Agronomie, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : inde, coton bt, rendements |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’huile de palme en Côte d’Ivoire, entre possibles économiques et exigences environnementales

L’émission Grand reportage, diffusée sur RFI le 24 février dernier, a emmené l’auditeur dans les plantations de palmiers de Côte d'Ivoire d'où proviennent, chaque année, 550 000 tonnes d’huile. Second producteur du continent africain, ce pays est toutefois largement distancé par l’Indonésie et la Malaisie qui représentent à elles seules 90 % des volumes mondiaux, avec des rendements à l’hectare quatre fois supérieurs à ceux des parcelles ivoiriennes.

Comment ce pays peut-il augmenter sa production annuelle tout en préservant ce qu’il reste d’une surface forestière réduite à très peu de chose depuis les indépendances ? Plusieurs leviers sont privilégiés. Tout d’abord, les petits producteurs bénéficient d’enseignements en agronomie, en particulier aux nouvelles pratiques culturales, dispensés dans le cadre du programme Roundtable on sustainable palm oil. Ensuite, l’intervention publique soutient l’achat d'intrants par les producteurs. Enfin, le principal groupe agroindustriel de la région leur apporte une aide technique (fertilisation, offre de plants).

Source : RFI

17:53 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : huile de palme, cote d'ivoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/04/2020

Quelles incidences de l'augmentation des populations de cervidés et de loups en zones rurales ?

Une équipe franco-américaine a publié, dans Biological Reviews, une analyse coûts-bénéfices de l'augmentation des populations de cerfs et de loups, et de leurs interactions avec les activités humaines. À partir d'une revue de la littérature, ils ont inventorié les coûts et les bénéfices directs et indirects (sur les écosystèmes, les paysages et les activités humaines) de la présence des cerfs d'un côté, des loups de l'autre, puis leurs conséquences croisées.

Les coûts sont perçus différemment selon l'animal et les acteurs. Ainsi, les dégâts causés par les cerfs (problèmes de régénération forestière, appauvrissement des peuplements, augmentation des parasites tels que les tiques, etc.), sont largement minorés par les chasseurs, les agriculteurs ou la population en général, alors même qu'ils peuvent être importants. En revanche, les prédations de loups sont fortement ressenties par les agriculteurs, créant de facto une asymétrie de perception et générant des conflits entre les acteurs.

Illustration de l'asymétrie d'appréciation (biais de confirmation) des coûts et bénéfices respectifs des cerfs et des loups, dans un contexte de forte densité de cerfs

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Source : Biological Reviews

Lecture : les figures A et D schématisent des représentations plus fréquentes que B et C. La taille des cases dans chaque figure représente l'importance relative des coûts et des avantages pour une catégorie donnée. La taille et la forme des flèches reflètent l'importance relative accordée aux coûts ou avantages spécifiques lors de l'élaboration d'un argument : les flèches pleines identifient les biais de confirmation, les flèches en pointillés les biais par rapport aux preuves fournies.

Source : Biological Reviews

17:50 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : cerfs, loups |  Imprimer | | | | |  Facebook

Réchauffement climatique, composition en nutriments des végétaux et populations d'insectes

Dans le dernier numéro de la revue PNAS, des chercheurs ont analysé l'évolution des comptages de sauterelles dans une réserve naturelle des grandes plaines du Kansas, prairie d'herbes hautes qui n'est affectée ni par l'urbanisation ni par les pratiques agricoles. Sur deux décennies, les effectifs de sauterelles baissent de plus de 2 % par an. Cette tendance est corrélée avec la diminution de la concentration des nutriments dans les plantes. L'accroissement du taux de CO2 dans l'air, s'il favorise un volume important de biomasse végétale, entraîne en retour une dilution des éléments minéraux préjudiciable aux insectes herbivores. Cette étude met ainsi en évidence un effet important du dérèglement climatique sur la biodiversité. Plus généralement, il s'ajoute à ceux de l'intensification agricole et du changement d'usage des sols, et permet de mieux comprendre les évolutions et cycles de populations des insectes, les stress végétaux pouvant être favorables à leur multiplication.

Source : PNAS

17:48 Publié dans Climat, Environnement | Lien permanent | Tags : végétaux, nutriments, insectes, kansas, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

Histoire de la productivité de l'élevage en Nouvelle-Zélande et Uruguay, 1870-2010

Un article de la revue Historia Agraria compare la productivité des élevages bovins et ovins de la Nouvelle-Zélande et de l'Uruguay, sur la période 1870-2010. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les deux pays présentaient des caractéristiques communes : démographie, dotation en ressources naturelles, exportation de produits de l'élevage. Leurs performances productives furent similaires jusqu'aux années 1930. Puis, jusqu'aux années 1970, les gains de productivité en Uruguay ont commencé à ralentir par rapport à ceux de la Nouvelle-Zélande. Si les écarts se sont ensuite réduits, la productivité moyenne néo-zélandaise est restée supérieure de 60 %. En comparant les variables de cheptel, de production de viande, laine et lait, et celles relatives aux surfaces et ressources fourragères, l'auteur considère que la divergence entre les deux pays est liée aux différences de trajectoires technologiques empruntées par les filières.

Évolution des « unités d'élevage » par hectare à l'échelle régionale, 1870-2010

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Source : Historia Agraria

Lecture : l'unité d'élevage (UG : unidad ganadera) est un indicateur de productivité physique. Pour l'Uruguay, deux régions ont été considérées : le littoral Sud-Ouest (région 1) et le Nord-Est (région 2). Pour la Nouvelle-Zélande, les deux îles ont été considérées séparément.

Source : Historia Agraria

17:45 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : élevage, nouvelle-zélance, uruguay, productivité, histoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

Biais des analyses du cycle de vie pour comparer l'impact environnemental des différents systèmes agricoles et alimentaires

Dans un article publié dans Nature Sustainability, des chercheurs d'INRAE, de l'université d'Aarhus et de l'université de Technologie de Chalmers soulignent des limites des méthodes d'analyse du cycle de vie (ACV). Selon eux, ces dernières négligeraient d'importants aspects de la durabilité du secteur agricole et alimentaire, en prenant rarement en compte des indicateurs d'impact sur la biodiversité ou les terres (érosion, tassement, salinisation, pertes de carbone, etc.), ni des indicateurs d'effets des pesticides. Ils ajoutent que les ACV considèrent uniquement la fonction de production de biomasse, alors que le secteur agricole et alimentaire fournit une multitude d'autres services écosystémiques. Enfin, les études ayant recours aux ACV évalueraient mal certains effets indirects comme les évolutions sociétales de la demande alimentaire. Les auteurs concluent qu'en raison de ces biais, les analyses du cycle de vie sous-estiment les bénéfices des pratiques agrobiologiques et ils formulent des recommandations pour une meilleure comparaison entre les systèmes y ayant recours, tels que l'agriculture biologique et les systèmes d'agriculture intensive basés sur de hauts niveaux d'intrants.

Source : Nature Sustainability

17:43 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : acv, impact environnemental |  Imprimer | | | | |  Facebook

Motivations et freins à l'adoption de l'agriculture de précision en Chine

Publié en mars 2020 dans Computers and Electronics in Agriculture, un article présente une analyse statistique des motivations et des freins à l'adoption de l'agriculture de précision en Chine, considérant celle-ci comme un moyen d'augmenter la productivité et ainsi la sécurité alimentaire, tout en réduisant les impacts environnementaux des activités agricoles. Pour ce faire, une enquête auprès de 456 agriculteurs des provinces de Hebei, Henan et Shandong a été menée en 2018. 12 % d'entre eux ont déclaré utiliser ces techniques (guidage par GPS, cartographie des rendements, etc.).

L'étude met en évidence l'importance des projets de démonstration de ces pratiques, qui ont convaincu 73 % des agriculteurs participants d'y avoir recours dans les 5 prochaines années. Plus de 70 % des répondants souhaitent bénéficier d'un service commercial pour accompagner la mise en place de ces techniques, et 57 % rencontrent des difficultés pour identifier les aides financières mobilisables. Enfin, le niveau d'études n'influe pas significativement sur l'adoption de l'agriculture de précision.

Significativité des déterminants du recours à l'agriculture de précision (en rouge, non significatif)

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Source : Computers and Electronics in Agriculture

Lecture : TC : caractéristiques techniques du produit ; NC : besoins d'ordre technique des agriculteurs ; NTF : adéquation entre le besoin et l'offre technique ; PB : bénéfice perçu à adopter ces techniques ; FC : conditions facilitant l'adoption (ex. : support financier) ; SI : influence des caractéristiques sociales ; ITA : intention d'adopter des techniques d'agriculture de précision.

Source : Computers and Electronics in Agriculture

17:40 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : agriculture de précision, chine |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/04/2020

Le drainage agricole : de la tuyauterie à l'hydro-diplomatie

Cet article de B. Vincent (INRAE), publié dans un numéro spécial de la revue Sciences eaux & territoires, propose un état de l'art sur le drainage agricole en France et en Europe. Abordant les différents dispositifs (dimensionnement, entretien), l'article renseigne également sur l'évolution des superficies drainées en France (10 % de la SAU ou 20 % de la sole céréalière en 2010), avec un accroissement de 20 000 ha/an sur la période 2000/2010. L'auteur montre surtout les changements en matière d'ingénierie du drainage, pour laquelle l'innovation ne porte plus tant sur la technologie utilisée que sur l'optimisation des dispositifs de remédiation qui assurent la dépollution des eaux. Permettant une redistribution des bilans hydriques, de solutés et de particules, le drainage est considéré comme un outil de gestion de l'eau : à ce titre, il nécessite le développement d'une ingénierie de la remédiation mobilisant les apports du génie écologique. Les solutions techniques sont mises en place dans le cadre de démarches concertées, avec des outils de dialogue territorial, instituant alors une sorte « d'hydro-diplomatie ».

Source : Science, eaux & territoires

17:36 Publié dans Agronomie, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : drainage |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un nouveau MOOC sur les relations Humain-Animal

La plate-forme France Université Numérique propose, jusqu'à début mai, un nouveau cours en ligne intitulé « Vivre avec les animaux ». D'une durée de trois semaines denses et proposé en deux parcours (« essentiel » et « approfondi »), il envisage les relations entre humains et animaux sous de multiples dimensions : biologiques, comportementales, culturelles, historiques, écologiques, éthiques, juridiques, etc. L'ensemble du règne animal est considéré, des mammifères aux oiseaux, en passant par les poissons, les insectes ou encore les mollusques. Pour cela, l’enseignement mobilise de nombreux spécialistes, issus en particulier du Muséum national d'histoire naturelle : vétérinaires, comportementalistes, biologistes, ethnologues, archéozoologues, historiens, etc. La première semaine est consacrée à l'approche scientifique de l'animal : définition et place dans le monde du vivant, émotions, intelligence, communication, socialité. La deuxième décrit l’histoire des relations Humain-Animal, de la domestication à nos jours, en passant par les notions de « nuisibles » et d'attachement. La dernière envisage l'avenir de ces relations sous les angles de la conservation et de la biodiversité, du biomimétisme, de l'éthique, du bien-être et du droit de l'animal. Deux vidéos supplémentaires présentent l'état des connaissances sur animaux et épidémie de Covid-19.

Source : France Université Numérique

17:35 Publié dans Société | Lien permanent | Tags : rapport homme-animal, mooc |  Imprimer | | | | |  Facebook

Trois quarts des agriculteurs se disent insatisfaits de leurs relations avec les industriels

Dans un contexte d'évaluation des premières répercussions de la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, un sondage IPSOS, conduit en novembre-décembre 2019 auprès de 240 agriculteurs, fait état de leur insatisfaction toujours profonde dans leurs relations avec les industriels. Les premières causes citées sont la non-prise en compte des besoins et difficultés (51 %), le manque de mise en valeur des produits et de leurs qualités (44 %), et le défaut d'engagement dans leurs relations au sein de la filière (31 %). Les attentes sont aussi fortes vis-à-vis des autres acteurs de celle-ci, 55 % des répondants souhaitant des relations plus équilibrées et plus justes à cette échelle. Ils s’expriment également en faveur d’une implication plus forte des distributeurs (21 % des répondants), des industriels (18 %) et des coopératives (16 %).

Source : IPSOS

17:33 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : relations commerciales, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

Risques professionnels dans les métiers au contact des animaux

En février 2020, la revue Travail et sécurité consacre un dossier aux risques professionnels dans les métiers au contact des animaux vivants : vétérinaires, éleveurs, vendeurs en animalerie, soigneurs animaliers, etc. Il comporte un article synthétique et six autres présentant des témoignages en zoo, élevage avicole, animalerie commerciale, clinique et école vétérinaires, élevage bovin. Si les risques directement liés aux animaux (morsures, griffures, coups, encornages, zoonoses, etc.) sont manifestes, l'accent est mis sur les autres risques associés à ces activités, les auteurs rappelant que, dans le cas des élevages bovins, plus de 40 % des accidents mortels ne sont pas dus à un animal. Les risques sont classés selon qu'ils sont physiques (risques de morsures et griffures lors de la manipulation et la contention, troubles musculo-squelettiques en raison du port de charges lourdes), biologiques (zoonoses), chimiques (mésusage de médicaments) ou psychosociaux (surcharge de travail, pression sociétale dévalorisant ces métiers).

Source : Travail et sécurité

17:32 Publié dans Santé et risques sanitaires, Société | Lien permanent | Tags : animaux, élevage, risques professionnels |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les déjections provenant des élevages d'insectes aussi efficaces que les engrais minéraux

C'est ce qu'ont démontré des chercheurs français d'UniLaSalle en testant l'apport de déjections d'insectes, seules ou combinées avec un engrais minéral NPK, sur une culture d'orge. L'analyse de l'absorption des nutriments et des propriétés du sol révèle que les sous-produits des élevages d'insectes pourraient fournir une alternative satisfaisante aux engrais minéraux, particulièrement avec des mélanges à 50 %. Pour les auteurs, ces résultats sont intéressants dans la perspective éventuelle d'un développement important de tels élevages.

Source : Scientific Reports

17:27 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Agronomie | Lien permanent | Tags : engrais, insectes |  Imprimer | | | | |  Facebook

18/03/2020

The making of a blue revolution in Bangladesh: Enablers, impacts, and the path ahead for aquaculture, Rashid Shahidur, Xiaobo Zhang

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À l'instar des tendances mondiales, l'aquaculture au Bangladesh a vu sa productivité croître fortement au cours des trois dernières décennies : contribuant à moins de 20 % de la production nationale de poissons en 1990, elle a atteint 50 % en 2012. Un ouvrage, publié en 2019 par l'International food policy research institute (IFPRI), décrit cette filière et l'organisation de sa chaîne de valeur, évalue son impact sur la pauvreté et envisage ses évolutions à l'horizon 2030.

À la différence de l'élevage bangladais de crevettes, détenu par de riches propriétaires et orienté vers l'exportation, celui de poissons est fait principalement de manière artisanale, dans des étangs, et destiné à 90 % au marché intérieur. En utilisant des données collectées auprès de 12 240 foyers, les auteurs montrent que les gains de productivité de l'aquaculture (hors crevettes), entre 2000 et 2010, ont permis une augmentation totale des revenus des ménages d'environ 2 %. 2 millions de personnes sont ainsi sorties de la pauvreté, ce qui représente 10 % de la réduction de la pauvreté sur cette période. Ce progrès a néanmoins principalement bénéficié au troisième quintile des ménages, en matière de revenus, et peu aux plus pauvres.

Les rendements des fermes aquacoles du Bangladesh étant inférieurs à ceux du Vietnam et de la Thaïlande, des gains de productivité pourraient encore s'observer dans le futur. Différents scénarios d'évolution, à l'horizon 2030, montrent une production de poissons d'élevage en hausse, de 3,65 à 6,35 % par an selon les hypothèses, accompagnée d'une réduction des prix de 0,02 à 0,73 % par an. En conséquence, la consommation bangladaise de poissons d'élevage pourrait s'accroître de 42 à 109 % entre 2015 et 2030. Alors que les préconisations de la FAO sont de 18 kg annuels, les populations rurales et pauvres mangent à l'heure actuelle 14 kg par an de poissons, sauvages ou d'élevage : les progrès de l'aquaculture leur permettraient d'augmenter cette quantité de 7 à 21 kg. Ces projections supposent toutefois une amélioration de l'accès à ces produits, notamment via le transport et le stockage. Enfin, la capture de poissons sauvages pourrait être ralentie du fait de contraintes environnementales croissantes, contrebalançant le développement de l'aquaculture et les gains pour les populations fragiles.

Résultats de trois scénarios de simulation sur la production de poissons, en tonnes, aux horizons 2020 et 2030

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Source : IFPRI

Lecture : base : poursuite des tendances actuelles ; simulation 3 : forte productivité et forte demande ; simulation 5 : très forte productivité et forte demande. Origine des poissons : en bleu, aquaculture ; en orange, pêche en eau douce ; en gris, indéterminée ; en jaune, pêche en mer.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Lien : IFPRI

Quels horizons pour l'agriculture et le développement rural en Amérique latine et dans les Caraïbes ?

En février 2020, la Comisión Económica para América Latina y el Caribe (CEPAL), la FAO et l'Instituto Interamericano de Cooperación para la Agricultura (IICA) ont publié un rapport traitant des contributions de l'agriculture et du développement rural à l'atteinte, en 2030, des objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU. L'analyse fournit d'abord un ensemble de faits et chiffres, par lesquels on apprend que l'Amérique latine et les Caraïbes abritent 50 % de la biodiversité, 57 % des forêts primaires, 31 % de l'eau douce, 33 % des terres cultivables et bénéficient de 29 % des précipitations. Elle décrie aussi les ODD qui seront atteints avant tout grâce au développement structurel du monde rural : « faim zéro », « eau potable », « énergie accessible », etc. (figure ci-dessous).

Le poids du rural dans l'atteinte des ODD

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Source : CEPAL-FAO-IICA

Lecture : le vert le plus clair correspond à un objectif très pertinent pour le monde rural ; le vert intermédiaire à un objectif moyennement ou faiblement important ; le vert le plus foncé à un objectif exclusivement rural. Colonne du milieu : objectif à atteindre. Colonne de droite : actions nécessaires pour atteindre les objectifs.

Les auteurs identifient également les actions qui seront nécessaires pour favoriser ce développement du monde rural à l'horizon 2030 : politiques de développement territorial, transformations institutionnelles, investissements dans les emplois agricoles et non agricoles, les infrastructures, la R&D, etc. Ces actions clés devraient rapprocher les conditions de vie des populations urbaines et rurales (protection sociale, services, éducation, santé, etc.), dans un contexte de pression sur les ressources naturelles, de changement climatique et d'incertitudes macroéconomiques et géopolitiques.

La bioéconomie est considérée, dans le rapport, comme un cadre de référence propice à l'articulation et à la consolidation des actions (figure ci-dessous). L'agriculture en constitue le « noyau dur » à partir duquel des chaînes de valeur complémentaires pourront être mises en place (industrie, commerce, services). Cela s'inscrit dans une trajectoire historique, la voie des biotechnologies ayant été empruntée assez tôt par certains pays de la région. Appuyée par des politiques et une coopération public-privé, elle a abouti, par exemple, au développement des filières bioéthanol et biodiesel au Brésil et en Argentine, ainsi qu'à l'essor de l'innovation variétale. Celle-ci s'est concrétisée, entre autres, par le développement d'OGM pour limiter les risques biotiques (maladies bactériennes, fongiques, etc.) et abiotiques (tolérance aux herbicides, à la sécheresse, etc.), de soja à haut degré oléique et bas degré linoléique, de riz à teneur élevée en amylose, etc.

Actions possibles pour l'intensification durable de l'agriculture

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Source : CEPAL-FAO-IICA

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : CEPAL