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16/09/2015

PAC : Retour sur le rôle des ONG environnementales dans la réforme

Un article paru dans Économie Rurale analyse le rôle joué par les ONG environnementales dans la récente réforme de la PAC. Bien que divisées à l’origine sur les voies à adopter afin d’améliorer la prise en compte de l’environnement, celles-ci ont su s’organiser en réseaux et faire évoluer leurs positions au fur et à mesure de la négociation.

Les auteurs, MG. Zamburlini et T. García Azcárate, mettent en exergue des stratégies soit de différenciation, soit de coordination entre ces ONG, qui évoluent en fonction des sujets et des moments du processus de décision. En cela, ils les comparent à un archipel : « toutes liées entre elles, mais chacune occupant une position différente par rapport aux autres ».

Les ONG étudiées ont toutes un responsable à Bruxelles chargé de suivre les questions agricoles au long de la réforme. Divers réseaux sont identifiés : GREEN10, CAP NGO, FoodSovCap, ARC2020, etc. Certains regroupent des organisations environnementales uniquement, d’autres incluent une gamme plus large d’acteurs. Selon leur niveau de technicité et leur capacité à adapter leurs discours, ces réseaux sont des interlocuteurs plus ou moins importants de la Commission et du Parlement, et ils ont une certaine influence dans la négociation.

Cet article apporte un éclairage intéressant sur le rôle, parfois sous-estimé, des acteurs non institutionnels dans le processus de construction de la politique communautaire, processus qui tend à s’ouvrir et à devenir plus participatif (voir à ce sujet la note d’analyse du CEP).

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : Économie Rurale

12:30 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement, PAC | Lien permanent | Tags : pac, ong |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/09/2015

Afrique : classement des pays les plus compétitifs en matière d’agrobusiness

Publié avant l’été, le rapport Agribusiness Investment Matrix Africa du cabinet Linklaters est destiné aux investisseurs. Il analyse brièvement les opportunités dans le secteur de l’agribusiness dans 21 pays d’Afrique subsaharienne. Le classement, illustré par la carte ci-dessous, est opéré selon quatre critères : attractivité, cadre réglementaire, environnement et infrastructures.

Classement des pays d’Afrique sub-saharienne offrant les meilleures opportunités d’investissement en agribusiness

aim-afrique.jpg

Source : Linklaters

Reprenant ensuite ces critères, l’étude différencie trois types de pays :

– Les terres fertiles : la possibilité de « sécuriser » des terres cultivables (existence d’un cadre réglementaire sur le foncier)et l’ouverture aux investissements étrangers sont des éléments centraux de ces pays dotés d’un secteur agricole solide et éprouvé.

– Les récoltes fiables : ces pays présentent de faibles risques pour des investisseurs, avec un cadre réglementaire existant et peu contraignant, des perspectives macroéconomiques positives et un système politique relativement stabilisé.

– Les pousses en devenir : ce sont des pays émergents en pleine mutation,l’agribusiness est actuellement sous-développé mais où la disponibilité de terres et de grands projets d’infrastructuresdotent ce secteur d’un fort potentiel de développement.

Le rapport rappelle que selon la FAO, près de 60 % des terres mondiales arables sous- ou non-cultivées se situent en Afrique où 240 millions d’hectares arables ne sont pas valorisés.

Le constat posé par Linklaters est cependant à nuancer : les terres arables ne sont pas libres d’occupation et il peut y avoir des problèmes d’accès au marché et aux terres par manque d’infrastructures. À ce propos, Land Matrix (voir un précédent billet sur ce blog) nous montre qu’un certain nombre de projets d’investissements à grande échelle ont été abandonnés ces dernières années.

Céline Fabre, Centre d’études et de prospective

Source : Linklaters

 

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Le Farm Bill à la carte : les farmers américains choisissent les aides sur moyenne de chiffres d’affaires pour le maïs et le soja, mais privilégient davantage les aides sur prix fixe pour le blé, le riz et le colza

Il y a un an, les États-Unis lançaient leur nouvelle politique agricole, l'Agricultural Act de 2014. Cette dernière prévoyait, pour les grandes cultures, de laisser le choix aux agriculteurs entre deux programmes différents : le Price Loss Coverage (PLC), filet de sécurité par des prix de référence fixes (les pouvoirs publics compensant la différence entre le prix de marché et le prix de référence), et l’Agriculture Risk Coverage (ARC), garantie d’une part du chiffre d’affaires de référence, calculé avec les prix de marché moyen des cinq années précédentes. L’USDA a publié récemment une synthèse des choix des agriculteurs, qui se sont engagés au printemps dernier pour les cinq prochaines années.

L’ARC a attiré l’essentiel des producteurs de maïs et de soja (90 et 97 % de la SAU). En ce qui concerne le blé, le choix des agriculteurs est plus équilibré puisque 58 % des surfaces sont en ARC contre 42 % en PLC. Les producteurs de maïs et de soja apparaissent donc plus optimistes quant à l’évolution à venir des cours, n’anticipant pas de baisse durable des prix qui pourrait réduire leur chiffre d’affaires de référence, et donc diminuer leur niveau de soutien en fin de période. Ce programme semble également plus simple que son prédécesseur ACRE (Farm Bill de 2010), qui avait été choisi par moins de 20 % des producteurs. Cet intérêt pour la simplicité se traduit aussi par le faible recours à un ARC individuel, basé sur les données réelles de l’exploitation et non sur des calculs moyens au niveau du comté.

La récente chute des prix, si elle se prolongeait, pourrait faire regretter leur choix à certains, la référence étant calculée chaque année en fonction des prix des années précédentes, et non des prix de référence qui ont pourtant été largement augmentés. Comme pour le blé dont le prix de référence a été rehaussé de 40 %, la revalorisation de celui de l’orge de plus de 90 % a conduit cette culture a être largement soumise au régime du PLC (75 % des surfaces). Les producteurs de riz et de colza ont également préféré le prix garanti du PLC. D’une manière générale, ces choix reflètent assez bien les prévisions qui avaient été faites il y a un an par diverses institutions américaines.

Alexis Grandjean, Centre d’études et de prospective

Source : USDA

12:24 Publié dans 4. Politiques publiques, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : etats-unis, farm bill |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/09/2015

Retour sur les « Rencontres internationales Agricultures familiales et Recherche »

Les actes des « Rencontres internationales Agricultures familiales et Recherche », qui se sont tenues en juin 2014, viennent d’être publiés. Cette parution s’attache à rendre compte des échanges formulés durant ces trois jours de travail collectif. Les rapports des sept ateliers thématiques y sont d’abord retranscrits, puis suivent deux notes de synthèse, la première reprenant les comptes rendus présentés en séance plénière, la seconde tirant des conclusions transversales susceptibles d’orienter la recherche sur les agricultures familiales. Cette dernière a également été présentée à l’occasion du Dialogue global sur l’Agriculture familiale, organisé par la FAO en octobre 2014 à Rome. Parmi les recommandations formulées pour la recherche, nous en retiendrons quelques-unes :

- ne pas s’en tenir aux étude académiques, les connaissances et savoir-faire des agricultures familiales devant être connus : il existe de nombreuses informations sur les cultures de rente, les marchés d’exportation mais moins sur les formes de marché et les structures d’échanges et de négoce des petits agriculteurs ;

- axer les efforts sur l’impact de différents modèles commerciaux (partenariats public-privé, agriculture sous contrat, filières courtes, etc.) sur l’agriculture familiale ;

- travailler sur les facteurs d’évolution de l’agriculture familiale, en s’intéressant à la nature des interactions entre facteurs économiques (qui favorisent des politiques axées sur les marchés) et facteurs sociaux et territoriaux. La recherche doit combiner des études et des évaluations sur la prise en compte des politiques agricoles dans un cadre plus vaste (santé, éducation, etc.) ;

- mieux documenter les liens entre l’agriculture familiale et le secteur privé, sachant que divers modèles existent et sont parfois promus (systèmes de producteurs indépendants installés autour de plantations appartenant à des multinationales, initiatives de commerce équitable, etc.). Les participants ont insisté sur l’intérêt de réaliser des études comparatives afin de comprendre les effets de différents modèles commerciaux.

Au-delà de ces orientations, ces rencontres ont été l’occasion de s’interroger sur la tendance des administrations, au niveau mondial, à établir des partenariats public-privé avec des agro-industries, y compris dans le domaine de la recherche. L’analyse du rôle de tous les acteurs et de leurs relations permettra de dire les avantages et les risques de ces partenariats pour la recherche et pour l’agriculture familiale.

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Céline Fabre, Centre d’études et de prospective

Source : Agropolis International Edition

 

12:22 Publié dans Enseignement et recherche, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : agriculture familiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

Coûts de transaction et territorialisation du programme Leader : quel apport pour la mise en œuvre des politiques territoriales ?

Dans un Working paper publié en 2015 par des chercheurs du Centre d’Économie et de Sociologie appliquées à l’Agriculture et aux Espaces ruraux (CESAER), sont comparés bénéfices et limites, en termes de coûts de transaction,du processus de territorialisation de l’action publique en matière de développement rural, par rapport à une politique descendante.

L’étude porte sur le programme LEADER 2007-2013 (« Liaison Entre les Actions de Développement de l’Économie Rurale », quatrième axe du second pilier de la Politique Agricole Commune) mis en œuvre dans les régions Auvergne et Bourgogne. Elle vise à estimer le niveau et la variabilité des coûts spécifiques de gestion et d’animation propres à ce programme en appliquant la « théorie des coûts de transaction » (TCT). La transaction se définit ici entre l’Union européenne et le porteur de projet via un groupe d’action locale (GAL) lequel, « en échange de l’attribution de subventions, s’engage à réaliser une action particulière de développement rural qui s’inscrit dans [son] projet global ».

Sur la vingtaine de projets examinés, quatre cas présentant un degré de territorialisation élevé et représentatifs de la diversité des projets LEADER ont été retenus et analysés : deux sur une thématique agricole (communication d’agriculteurs en circuit court, création d’un caveau d’une appellation d’origine contrôlée viticole), deux dans le domaine du tourisme-développement rural (valorisation d’un château par une communauté de communes, appui à l’installation d’une entreprise pour une société anonyme à responsabilité limitée).

Il ressort de cette étude que les coûts de transaction varient fortement d’une part, selon la nature juridique du porteur de projet et l’intensité de l’aide fournie par les animateurs, d’autre part, selon le contexte territorial (niveau d’expérience des animateurs et de coordination entre cofinanceurs) : ils atteignent des valeurs élevées pour les porteurs de projets privés, en raison de la complexité du montage financier. Mais ce sont surtout l’ingénierie territoriale et la formation des acteurs locaux qui génèrent des coûts importants.

Cet article souligne enfin l’importance de la dotation en ingénierie dans l’émergence de projets de développement rural.

Christine Cardinet, Centre d’études et de prospective

Source : Centre d’Économie et de Sociologie appliquées à l’Agriculture et aux Espaces Ruraux

 

12:20 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : leader, cesaer |  Imprimer | | | | |  Facebook

Qualité de vie, habitants, territoires : l’Observatoire des territoires publie son quatrième rapport

En mai dernier, l’Observatoire des territoires a publié son quatrième rapport, intitulé Qualité de vie, habitants, territoires. La notion de qualité de vie a récemment fait son apparition dans la statistique publique (rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social, 2009) et sa mesure « s’inscrit dans un courant qui vise à redéfinir ce qui fait la richesse d’un pays, au-delà de la croissance du PIB » : il s’agit donc d’aller « au-delà des indicateurs classiques de performance des territoires fondés sur la production et les revenus ». Le rapport de l’Observatoire des territoires analyse dans douze fiches les grandes dynamiques et disparités des territoires français (démographie, économie, développement durable et structuration du territoire), consacre un dossier à la diversité des qualités de vie offertes par ces territoires, en fonction des cadres de vie et des attentes de la population. Il propose, notamment à destination des acteurs publics locaux, des indicateurs et grilles de lecture pour réaliser un diagnostic de la qualité de vie sur un territoire donné.

Plusieurs éléments peuvent être tirés de ce document riche. Les disparités territoriales s’inscrivent dans des structures « profondes » (lien à l’urbain, organisation des espaces par le tissu productif), mais des spécificités locales se maintiennent (ex : « aménités intrinsèques » des territoires littoraux ou de montagne). Si les disparités ont tendance à s’atténuer sur le long terme (homogénéisation des modes de vie et des comportements, convergence des niveaux de vie entre individus), avec une homogénéisation sociale, physique et économique des espaces, certains processus (accroissement de la spécialisation des territoires, crise économique) les accentuent, augmentant par là-même les disparités environnementales et sociales. Toutefois, les disparités sont atténuées ou contrebalancées par certaines dynamiques : modèles de développement alternatifs à la métropolisation, interdépendances entre territoires, actions publique et citoyenne contribuant à créer des équilibres entre et dans les territoires (mesures de préservation de l’environnement par exemple). Enfin, les disparités ne sont pas nécessairement des inégalités, et la qualité de vie d’un territoire va dépendre « simultanément du cadre de vie, du profil socio-démographique des résidents et de l’action publique d’aménagement du territoire ».

Des qualités de vie au croisement des caractéristiques de la population et des cadres de vie offerts par les territoires

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Source : CGET

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : CGET

 

12:17 Publié dans 4. Politiques publiques, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : cget, territoires, qualité de vie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Biomasse et énergie à l’horizon 2050 : évaluation des impacts via la modélisation

Pour leurs travaux publiés en ligne dans Energy Economics en juillet 2015, deux chercheurs du MIT ont mobilisé le modèle d’équilibre général Economic Projection and Policy Analysis afin d’explorer, à l’horizon 2050 et à l’échelle mondiale, l’impact d’une utilisation de la biomasse à des fins énergétiques (transport, électricité et chaleur). Pour ce faire, des modifications ont été apportées au modèle comme :

– une différenciation des matières premières et des débouchés des productions en éthanol et biogazole, des procédés de transformation de première génération et ceux liés à l’utilisation de la lignocellulose ou à la conversion de l’éthanol en biogazole ;

– une intégration de certains coûts, comme ceux des technologies de conversion de la lignocellulose et leurs évolutions dans le temps ou ceux associés à la collecte et au transport de la biomasse ;

– la prise en compte des émissions liées aux changements d’usages des terres, en utilisant les estimations du terrestrial ecosystem model ;

– des évolutions de politiques publiques relatives aux biocarburants, pour l’Union européenne et les États-Unis (ex : 13,5 % d’énergies renouvelables dans les transports à partir de 2030 dans l’UE).

Les auteurs étudient plusieurs alternatives, en les comparant à une référence « business as usual ». En particulier, ils intègrent un prix du carbone (valeurs obtenues par itération pour atteindre un objectif en bioénergie en 2050 proche de la production d’énergie primaire liée au charbon en 2010). Ce dernier varie de 25$ en 2015 à 99$ en 2050. Les émissions diminueraient alors de 42 % par rapport à la référence, voire de 52 % si le prix du carbone est aussi appliqué aux émissions liées aux changements d’usage des sols, et il s’agit de la seule alternative où il n’y a pas de déforestation par rapport à la référence. Les technologies de conversion de la lignocellulose auraient aussi une place prépondérante, à condition que les coûts associés diminuent et que les limites structurelles liées à l’incorporation soient levées (blend wallvoir l’article de la revue NESE à ce sujet) ; dans le cas inverse, l’électricité et la chaleur seront des débouchés plus importants. Enfin, les auteurs estiment que les prix des produits alimentaires augmenteraient de 3,2 à 5,2 % selon les politiques considérées.

Figure reprenant la production globale de biomasse, ses conversions et ses débouchés énergétiques pour la référence « business as usual » (à gauche) et avec un prix du carbone (hors application au changement d’usage des terres, à droite)

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Source : Energy Economics

 

 

12:14 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Energie, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : biomasse, énergie, biocarburants, 2050 |  Imprimer | | | | |  Facebook

Évaluation des tensions sur les eaux souterraines renouvelables : résultats de la mission GRACE

Courant juillet, le journal Water Resources Research a publié des travaux de recherche mobilisant les observations satellitaires de la mission GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment), en vue d’évaluer les tensions sur les eaux souterraines renouvelables. Le jeu de données s’étend de janvier 2003 à décembre 2013 avec un pas de temps mensuel. Les chercheurs ont en particulier étudié les 37 plus grandes aquifères dans le monde, quantifiant le rapport entre l’utilisation de la ressource en eau et sa disponibilité (recharge moyenne annuelle). Une des originalités de ce papier réside dans l’approche choisie qui permet d’estimer les changements du niveau des nappes phréatiques, via les anomalies gravitaires, et ainsi de prendre en compte les variations dues non seulement aux activités anthropiques mais aussi naturelles (ex : recharge). Selon les auteurs, cette évaluation des tensions sur la ressource souterraine est plus fine que celles recourant aux données statistiques de prélèvement. Soulignons qu’un second article publié dans la même revue discute des incertitudes autour de la taille des aquifères (le premier portant sur les variations).

Les auteurs définissent 4 régimes de tensions sur la ressource : tension forte (pas de recharge de l’aquifère), tension principalement exercée par l’homme (recharge liée aux activités humaines, par exemple l’irrigation), tension dite variable (déclin de la nappe malgré la recharge), absence de tension. Les cartes ci-dessous montrent les différents états des nappes étudiés.

Cartes représentant les différents états de tensions sur les 37 aquifères étudiées : (a) tension importante, (b) tension dite variable, (c) tension principalement exercée par l’homme, (d) absence de tension.

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Source : Water Resources Research

À titre d’exemple, les aquifères faisant l’objet des tensions les plus fortes sont celles des bassins Murzuk-Djado et d’Arabie avec les données GRACE, alors qu’il s’agit de celle du bassin de l’Indus avec les données statistiques. Quant à l’aquifère californienne Central Valley, elle fait partie des eaux souterraines caractérisées par une recharge positive et un usage négatif (b), étant classée comme faisant l’objet de fortes tensions quelle que soit la méthode utilisée (données statistiques ou satellitaires). Cette même nappe est aussi concernée par les épisodes de sécheresse qui touchent la Californie depuis plusieurs années (voir un autre billet sur ce blog).

Elise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Sources : Water Resources Research, Water Resources Research

 

12:10 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : eau, eaux souterraines |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/09/2015

Biocarburants et changement d’usage des sols : la notion de « greenhouse gas payback time »

Publié avant l’été dans Nature Climate Change, un article, corédigé entre autres par des chercheurs de Radboud University aux Pays-Bas et de l'IIASA, s’intéresse à l’importance de la localisation géographique des productions de biocarburants. L’idée est d’étudier en particulier l’impact de changements d’usage des sols sur les émissions, en prenant en compte la dimension temporelle. Ainsi, les auteurs introduisent le concept de « greenhouse gas payback time » (GPBT) : il s’agit du temps nécessaire aux cultures destinées à la production de biocarburants pour compenser les gaz à effet de serre émis lors du changement d’usage des sols.

Ce travail de modélisation permet aux chercheurs de conclure que le GPBT varie en fonction du type de culture (5 étudiées ici : maïs, colza, soja, canne à sucre et blé d’hiver), des pratiques culturales (avec ou sans intrants) et de l’usage actuel de la surface convertie. La localisation a été identifiée comme le facteur le plus important (expliquant 90 % des variations). Pour l’ensemble de l’exercice, le GPBT varie entre 1 et 162 années (médiane à 19 années), avec la plus longue durée dans les tropiques. Les auteurs déterminent également un GPBT allant de 20 ans pour le colza à 60 ans pour la canne à sucre (en moyenne) en l’absence d’intrants. Cette valeur diminue avec l’application d’intrants pour toutes les cultures, comme l’illustrent par exemple les cartes ci-dessous sur le maïs. Les céréales (maïs et blé d’hiver) ont alors le GPBT le plus faible (moins de 10 années).

Variation du « Greenhouse gas payback time » pour le maïs destiné à la production d’éthanol, en fonction des intrants (irrigation et fertilisants) : avec (en haut) et sans (en bas)

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Source : IIASA

À partir de ces travaux, les auteurs appellent donc à intégrer la dimension spatiale dans les analyses de cycle de vie. Des travaux complémentaires sur le changement d’usage des sols indirects sont actuellement en cours à l'IIASA, pour lesquels une publication est attendue prochainement.

Elise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Sources : IIASA, Nature Climate Change

 

12:05 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Climat, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : biocarburant, usage des sols, gpbt |  Imprimer | | | | |  Facebook

Big data et agriculture : révolution, rupture et renaissance en question à l’OPECST

« Une possibilité technique nouvelle fondée sur l’alliance entre des stocks gigantesques de données et des capacités de traitement démultipliées ». Telle est la définition des Big data proposée par J-Y. Le Déaut, président de l’Office Parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), lors de l’audition publique du 2 juillet de l’office consacrée à la place du traitement massif des données (Big data) dans l’agriculture. À cette occasion, un autre intervenant a comparé l’effet des Big data sur l’agriculture à « une révolution, une rupture et une renaissance ».

Cette cession a permis de rappeler que l’agriculture de précision collecte et utilise beaucoup de données électroniques depuis plus de trente ans : ce sont la variété, le volume et la vitesse de ces dernières qui changent la donne depuis quelques années. Ainsi, le prix de stockage de la donnée a chuté de façon très importante en 15 ans (moins de 0,04 $/gigabit aujourd’hui), le nombre de capteurs-émetteurs pouvant collecter et transmettre en simultané des données a fortement augmenté et ces dernières sont très variées (hygrométrie de l’air ou du sol, taux d’azote dans le sol, quantité d’engrais appliquée à un point donné, taux protéique du lait d’une vache, teneur en acide aminé de la ration des truies allaitantes, etc.). À cela s’ajoute la multiplication des accès à Internet à haut débit et sans connexion, permettant la transmission simultanée des informations vers des bases de stockage extérieures à l’exploitation, sans intervention de l’agriculteur. Bien que cette multitude de données n’ait que peu de valeur sans traitement et analyse adaptée (data mining), elle représente une mine d’informations pour les fournisseurs d’intrants et les équipementiers, lesquels peuvent ainsi mieux connaître les pratiques et besoins de leurs clients, existants et potentiels. Face à ces enjeux, l’OPECST met l’accent sur les questions de propriété, de souveraineté et sur les risques de privatisation de la donnée.

Dans les conclusions de cette audition, pour encourager le développement d’une offre française de Big data, l'OPECST apporte son soutien à une démarche de plateforme collective de la profession, pouvant intégrer la création d’un cadre clair pour l’utilisation des données issues des exploitations. Les fournisseurs de logiciels semblent prêts à collaborer à une telle démarche, pouvant apporter un certain savoir-faire en échange d’un accès à encore plus d’informations.

Gaëtane Potard-Hay, Centre d’études et de prospective

Source : Assemblée nationale

12:03 Publié dans Filières agricoles, Société | Lien permanent | Tags : big data, opecst |  Imprimer | | | | |  Facebook

La lutte contre l’obésité entre stigmatisation et émancipation des classes populaires

Dans la lignée des fat studiesun champ d’étude consacré à la critique des stéréotypes associés à la forte corpulence -, Actes de la recherche en sciences sociales consacre un dossier à l’obésité comme problème public. Les implications politiques de la lutte contre le surpoids y apparaissent comme fondamentalement ambivalentes.

Menant une enquête sur la perception de soi et les représentations du corps idéal, D. Vandebroeck met en évidence « un consensus certain sur l’association entre une silhouette et une catégorie sociale donnée ». Il rappelle d’ailleurs l’apport des études épidémiologiques sur « l’existence d’une forte relation inverse entre masse corporelle et position sociale, particulièrement nette chez les femmes ».

Pour lui, les jugements sur la corpulence permettent de donner une forme acceptable, euphémisée par le vocabulaire de la responsabilité individuelle, à des intentions discriminatoires (racisme, misogynie, mépris de classe). « La dévalorisation symbolique de la corpulence – et du style de vie qui la produit » est en partie liée à « une intervention accrue de l’État dans la gestion du poids corporel des individus ». « Même s’il s’agit d’efforts tout à fait sincères de maîtrise des effets négatifs de l’obésité », l’action publique contribuerait « à la stigmatisation morale des plus démunis ».

En contrepoint de cette critique virulente, d’autres travaux montrent que les politiques de santé ne peuvent être réduites à l’imposition d’une norme corporelle propre aux classes dominantes. Dans l’étude de E. Martin-Criado sur le contrôle du poids chez les mères de famille des classes populaires en Andalousie, ces politiques jouent aussi comme un levier d’émancipation. L’argument des régimes anti-cholestérol permet aux femmes de prendre des distances avec le repas traditionnel, sans mettre en péril leur qualité de « bonne mère ».

Le dossier aborde également les troubles alimentaires au travail (voir à ce sujet un précédent billet sur les food studies), la place de l’obésité dans l’information télévisée et enfin la naissance de politiques alimentaires territoriales aux États-Unis dans la première moitié des années 1980.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Cairn

Propositions du projet EURODISH pour structurer la recherche européenne en alimentation et santé

L’Union européenne a financé, de 2012 à 2015, le projet EuroDISH (Studying the need for food and health research infrastructures in Europe) piloté par l’université de Wageningen, avec pour objectif de cartographier et caractériser les infrastructures de recherche dans les domaines de l’alimentation, de la nutrition et de la santé. Un article de l’EUFIC en détaille les résultats présentés aux parties prenantes mi-mai dernier dans le cadre de l’exposition universelle de Milan.

Quatre domaines sont étudiés : determinants (D – déterminants), intake (I – consommation), status (S – statut nutritionnel) et health (H – santé). Pour chacun, le projet a identifié les besoins et lacunes en termes d’infrastructures de recherche (IR). Partant du constat qu’une « meilleure synchronisation » est nécessaire pour l’étude des relations entre alimentation, nutrition et santé, la mise en place d’une infrastructure, virtuelle et fonctionnant selon un réseau en étoile, est proposée pour relier les IR existantes et chapeauter les différents domaines.

Parmi les apports possibles de cette proposition (DISH-RI), dont l’achèvement est prévu en 2025 selon la feuille de route, on peut noter l’assistance à la communauté scientifique, la coordination des différents pays, la mise en place de liens entre les chercheurs qui travaillent sur des thématiques communes. Par ailleurs, l’industrie agroalimentaire pourra bénéficier de données actualisées dans le domaine de la nutrition et de la santé. En effet, les données provenant de différentes sources, publiques et privées, seront rassemblées et intégrées, avec un point d’accès central pour les chercheurs et les autres intervenants.

Représentation visuelle de la proposition Eurodish-DISH-RI : les données les outils et les services reliant les différents domaines dans le champ de l’alimentation et de la santé

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Source : EUFIC

Enfin, différents projets d’intérêt, en cours ou à venir, sont cités. Ainsi, des données importantes sont d’ores et déjà disponibles dans le domaine de la nutrition sur le site ENPADASI (European nutritionnal phenotype sharing initiative), développé dans le cadre de la Joint Programming Initiative « A healthy diet for healthy life » (JPI-HDHL). Le projet RICHFIELD, financé dans le cadre d’Horizon 2020 pour débuter en octobre 2015, enrichira quant à lui les données en matière d’effets nutritionnels sur la santé.

Il est prévu que l’infrastructure DISH-RI soit opérationnelle d’ici 10 ans, sachant que le succès de cette ambitieuse entreprise sera évidemment fonction de l’engagement des partenaires et des États membres.

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Source : EUFIC

 

 

10/09/2015

Gaspillage alimentaire : éléments nouveaux publiés par une équipe du Joint Research Center

Une équipe du Joint Research Center (JRC) a publié le 12 août, dans Environmental Research Letters, les résultats de ses travaux sur le gaspillage alimentaire, au niveau du consommateur et à l’échelle de l’Union européenne. Si des estimations avaient déjà été données, tant au niveau international qu’européen, elles présentaient notamment pour limite de ne considérer que des valeurs uniques (gaspillage total et/ou par produit ou groupe de produits), ne prenant pas en compte les incertitudes et manques de données fiables en matière de gaspillage. Les travaux menés par les chercheurs du JRC ont donc eu pour objectif de quantifier d’une part le gaspillage alimentaire au niveau du consommateur, en considérant les incertitudes, et d’autre part une partie des ressources naturelles (eau et azote) nécessaires à la production de ces quantités gaspillées.

Des données fiables n’ont pu être identifiées que dans six États membres (Royaume-Uni – évaluation la plus détaillée avec une étude de terrain auprès de près de 2 000 foyers et la distinction entre différents types de gaspillage –, Pays-Bas, Danemark, Finlande, Allemagne et Roumanie). Les données ont été extrapolées par les chercheurs pour les autres pays. Au niveau européen, le gaspillage alimentaire total représente, en moyenne, 123 kg/pers/an (avec une fourchette de 55 à 190 kg). 80 % de ce volume, soit 97 kg en moyenne, sont considérés comme pouvant être évités (les parties des denrées alimentaires non consommables – noyaux, os, coquilles d’œufs, etc.- sont exclues de cette catégorie). Les variations de quantités gaspillées sont importantes entre pays et liées, selon les auteurs, à des modes de vie et des pouvoirs d’achat différents. De même, le gaspillage diffère selon les produits, les fruits et légumes et les céréales étant les plus concernés.

D’après les résultats présentés, ces quantités représentent des consommations en eau et azote non négligeables et les auteurs élargissent la problématique, en conclusion, à d’autres ressources utilisées (phosphore, énergie, terres). Il convient toutefois de rappeler qu’une définition partagée, à l’échelle internationale, des pertes et gaspillages alimentaires fait toujours défaut.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Center

 

11:49 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : gaspillage, joint research center |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’association internationale pour la protection alimentaire se penche sur des risques sanitaires alimentaires

Fin juillet à Portland (Oregon), l’International Association for Food Protection (IAFP), organisation regroupant des industriels, universitaires et étudiants des États-Unis, du Canada et d’Australie, a fait un point sur certains risques alimentaires lors de son colloque annuel.

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Parmi les thèmes abordés figure le risque lié, dans la viande de bœuf, aux bactéries de type Escherichia coli productrices de shigatoxines, qui a fait l’objet de plusieurs interventions. Il a tout d’abord été rappelé que, bien que la présence possible de ce germe dans les produits laitiers, et même dans l’eau de boisson, soit connue, la prévalence dans la viande bovine apparaît plus élevée. L’importance de ce risque de santé publique (265 000 malades dont 3 600 hospitalisations et 30 décès chaque année aux USA) a conduit les autorités américaines à mettre en place un projet pour la réduction du risque lié aux 8 sérotypes connus de E. coli à shigatoxines dans la filière bœuf. Axé sur différents items (détection, biologie et interventions, analyse des risques, sensibilisation), le Coordinated Agricultural Project associe depuis trois ans une cinquantaine de scientifiques issus de onze universités américaines.

Parmi les constats récents établis, on peut citer la diminution, dans les échantillonnages, du sérotype O 157-H7, germe dangereux et bien connu, au profit de sérotypes plus nouveaux, mais tout aussi redoutables. Par ailleurs, des pistes d’interventions possibles visant à diminuer l’incidence des contaminations de la viande fraîche (recours à des vaporisations d’eau chaude ou d’acide lactique sur les carcasses notamment) ont été présentées, tout en précisant que transposer sur le terrain (abattoir, ateliers, usines) des techniques ayant fait leurs preuves en laboratoire peut se révéler délicat.

Le colloque de l'IAFP a également été l’occasion d’un débat sur trois sujets relatifs à l’alimentation : le rôle de l’épidémiologie dans la prévention des maladies d’origine alimentaire ; la question « la durabilité alimentaire va-t-elle dans le sens de la sécurité sanitaire ? » ; le sel, entre enjeu nutritionnel et intérêt sanitaire.

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Source : IAFP

 

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Nouvelles pratiques agricoles : les deux voies de l’intensification écologique

Fin juin, l’association X-Environnement organisait à AgroParisTech une conférence consacrée aux « nouvelles pratiques agricoles ». Pour ouvrir la discussion, F. Léger (INRA) a dressé une comparaison systématique de la « question agricole et alimentaire » aux XXe et XXIe siècles. Pour lui, dans un contexte de « crise de confiance » et de déclin de l’emploi agricole, la transition agroécologique s’impose comme le nouvel horizon de la recherche, de l’action des organisations agricoles et des politiques publiques. Plusieurs voies sont ouvertes pour répondre aux nouveaux enjeux. D’une part, il a souligné les risques sociaux dont serait porteuse une agriculture de précision « technologiste », poursuivant l’idéal d’un « monitoring automatisé de l’ensemble des facteurs pouvant affecter la production ». Dans ce schéma, l’agriculteur serait « stratège peut-être, mais pas acteur », définissant uniquement des objectifs stratégiques de production, la conception et le paramétrage de systèmes-experts informatisés lui échappant. Pour lui, les investissements nécessaires excluraient la majorité des agriculteurs, avec des effets négatifs sur l’emploi et les paysages (course à l’agrandissement des exploitations).

À cette approche analytique de l'agroécologie, il a opposé des démarches plus « holistes », tirant parti du fonctionnement métabolique des agroécosystèmes, cherchant à diminuer les impacts environnementaux, à conserver et à régénérer les ressources. Tourné vers la recherche de la « résilience » et d’une trajectoire viable (plutôt qu’optimisée), ce type d’approche met au cœur du système l’agriculteur en prise sur son environnement. Les interventions suivantes en ont fourni plusieurs illustrations (une expérience de reconception du maraîchage suivant les principes de la permaculture, l’agroforesterie).

L’opposition ainsi campée est sans doute suggestive. Au-delà d’intuitions tirées de l’histoire de l’artisanat et du secteur industriel, manquent des éléments chiffrés pour valider l’hypothèse d’un coût social de l’agriculture de précision, et les pratiques « holistes » sont encore trop peu documentées. Les premiers résultats d’une enquête visant à évaluer les performances de micro-exploitations maraîchères intensives en main d’œuvre permettent donc de prolonger avec intérêt cette réflexion.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospectives

Lien : X-Environnement

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