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10/09/2015

Capitalismes agraires. Économie politique de la grande plantation en Indonésie et en Malaisie. Stéphanie Barral

Dans ce livre issu de sa thèse, Stéphanie Barral brosse un portrait historique, économique et social du modèle de la grande plantation, depuis la période coloniale jusqu’à nos jours. Son travail repose sur de l’analyse documentaire, des entretiens, des études de cas, et surtout sur une enquête empirique menée en 2010-2011 selon les préceptes de « l’observation participante ».

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L’auteure commence par rappeler les premiers pas du capitalisme de plantation, dans les colonies néerlandaise et britannique, entre 1860 et 1930. La révolution industrielle européenne augmentait constamment la demande en matières premières des métropoles (caoutchouc, etc.) et les planteurs étaient alors les principaux organisateurs d’une relation salariale violente, faite de châtiments physiques, de travail forcé, d’endettement et d’interdiction de rupture de contrat.

Dans l’après-guerre, la période des indépendances débouche en Malaisie comme en Indonésie sur la construction d’États-nations attentifs aux mouvements syndicaux ouvriers, porteurs d’un droit du travail comme d’une diversification des rapports salariaux. Dans les années 1960, ces pays basculent vers des régimes autoritaires, qui soutiennent les élites économiques et des politiques d’exportation, et favoriseront la croissance hégémonique de la filière palmier à huile.

Deux chapitres présentent ensuite les politiques économiques malaisiennes, puis indonésiennes, des années 1970 à aujourd’hui. En Malaisie, le secteur agricole est d’abord mis au service d’un projet de construction nationale, avant que ne s’enclenche, depuis une vingtaine d’années, un mouvement de développement des plantations privées. En Indonésie, la politique agricole est initialement conçue en réponse aux problèmes de pauvreté rurale, puis elle se libéralise à la fin des années 1980, en privilégiant les grandes firmes.

Des pages intéressantes sont consacrées à la condition ouvrière dans les plantations, aux modes d’habitat, à l’organisation des villages, à la vie quotidienne des familles, au contrôle social exercé par le paternalisme des capitaines d’industrie. On lira également avec intérêt les pages qui, en fin d’ouvrage, montrent comment le capitalisme agraire s’adapte aux nouveaux standards de bonnes pratiques environnementales et sociales.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses de Sciences Po

Voir aussi la note d’Analyse du CEP sur le même sujet

 

09/09/2015

L’égalité des territoires, une passion française. Philippe Estèbe

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La réforme territoriale est,dans la plupart des pays européens, un chantier permanent. Mais l’égalité étant la grande« passion française » (Tocqueville), c’est le thème de l’égalité des territoires qui prédomine chez nous, l’on attend de l’État qu’il lutte contre les dangers d’abandon et de rupture, en particulier des zones rurales. Ce petit livre, clair et riche, retrace l’histoire de cette passion égalitaire et présente ses défis actuels.

La géopolitique hexagonale a produit un « régime territorial » spécifique, dont les caractéristiques perdurent aujourd’hui : État fort, population dispersée, villes moyennes et gros bourgs assurant des services de proximité, campagnes industrielles et agricoles, bonne représentation politique du monde rural. Tout ceci induit une multiplication des routes et réseaux, un saupoudrage des équipements, et des coûts de gestion supérieurs à ceux d’autres pays.

Estèbe montre ensuite que ce principe d’égalité a connu dans le temps des sens différents. Pendant la IIIe République, c’est l’égalité des droits qui domine, d’où une discrimination positive en faveur des espaces ruraux, un vaste système de transferts financiers et des monopoles de service public (EDF, SNCF, Poste). De l’après-guerre au début des années 1980, l’idée d’égalité des places s’affirme : politique d’aménagement du territoire et organisation spatiale du système productif. Depuis le milieu des années 1980, l’égalité des chances commande : mise en compétition des territoires et de leurs projets de « développement local ».

Aujourd’hui, le système d’égalité territoriale s’affaiblit. L’auteur y voit trois causes : la fin des grands services publics en réseaux ; la forte mobilité des personnes et des facteurs de production, qui fait que le lieu de résidence devient moins important que les lieux de travail et de consommation ; le mouvement de métropolisation, de concentration urbaine des habitants et des richesses, les communes rurales et péri-urbaines passant sous l’influence des grandes villes.

Pour continuer à défendre l’égalité républicaine, Estèbe énonce en fin d’ouvrage quelques recommandations : passer de l’actuelle redistribution verticale vers les territoires à une redistribution des ressources entre territoires ; doter les Régions de capacités normatives en matière d’aménagement ; concevoir des politiques territoriales moins tournées vers l’administration de stocks (de populations, d’équipements) que vers l’animation de flux (de mobilités, de richesses).

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses universitaires de France

11:20 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : estebe, égalité, rural |  Imprimer | | | | |  Facebook

Précarités et marginalités en milieu rural. Revue Pour

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La pauvreté et les difficultés d’intégration des habitants des villes sont scrutées par les chercheurs, révélées par les médias et largement prises en compte par les politiques publiques. En revanche, les précarités et marginalités dans les espaces ruraux, moins visibles, moins sensibles politiquement, sont aussi moins bien observées et documentées. Ce numéro spécial de la revue Pour entend contribuer à limiter cette lacune, en donnant la parole à de nombreux auteurs, de profils variés (chercheurs, travailleurs sociaux, observateurs, agriculteurs, journalistes, etc.). Leurs contributions dressent un panorama des spécificités de la précarité en zone rurale, de ses diverses manifestations, en France comme dans quelques autres pays (Maroc, Sénégal, Chili, Espagne, Mexique, Portugal, etc.).

Une première série d’articles délimite les concepts (ne pas confondre « précarité » avec « pauvreté », « déprolétarisation » ou « exclusion » par exemple), précise les définitions, montre comment ces définitions et les représentations dominantes se sont transformées au fil du temps, et surtout interprète ces phénomènes à l’aune d’une lecture spécifiquement rurale.

Le deuxième groupe d’articles donne à voir diverses situations de précarité. L’approche empathique et compréhensive est privilégiée, c’est-à-dire que les analyses partent, dans l’ensemble, du point de vue des personnes marginalisées et de leurs propres interprétations de leurs trajectoires. Les difficultés rencontrées par les agriculteurs et par les femmes occupent une place importante, et certains problèmes récurrents sont soulignés : rapport à l’habitat, au travail, à l’énergie, à l’alimentation, à la mobilité. La précarité choisie, en tant que mode de vie alternatif, n’est pas oubliée.

Les textes composant la troisième partie présentent un échantillon de réponses publiques et privées – beaucoup plus locales que nationales –, apportées aux problèmes de précarité rurale. Certaines sont sectorielles et ciblées (insertion économique, formation, éducation, etc.), d’autres privilégient une approche plus transversale (liens entre précarité et autres problèmes sociaux, articulation des aides sociales entre elles).

Au total, ce numéro donne un bon aperçu de la variété des formes sociales et spatiales de marginalités dans les campagnes. On regrettera néanmoins la brièveté d’une partie des articles, qui ne permet pas une analyse poussée des sujets traités.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Cairn

11:19 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent |  Imprimer | | | | |  Facebook

Émissions de méthane : des pistes d’atténuation dans le monde animal et végétal

Cet été, deux publications scientifiques sur le méthane ont attiré l’attention. La première concerne une variété de riz génétiquement modifiée avec de l’ADN d’orge. Les travaux ont été conduits en laboratoire par des chercheurs en Chine, en Suède et aux États-Unis. Ces plants ont la caractéristique d’être moins émetteurs de méthane tout en ayant une productivité plus importante de grains. Au-delà des questions d’acceptation par le consommateur, cette découverte a aussi conduit à des critiques quant aux impacts possibles sur les sols et leurs écosystèmes. En effet, la plus grande production de grains s’accompagne d’une diminution des apports en matière organique (carbone ou nutriments) libérée par la plante dans les sols. Or ce déficit pourrait nécessiter une application supplémentaire de fertilisants azotés, résultant en des émissions de protoxyde d’azote.

La seconde découverte concerne le secteur animal, avec un additif alimentaire pour diminuer le méthane émis par les vaches laitières. Cet inhibiteur, le 3-nitrooxypropanol, permet une réduction des émissions entériques de l’ordre de 30 % par rapport au contrôle, sans affecter la production ou la composition du lait. Cette diminution a lieu dans les deux premières semaines d’utilisation et persistent même au-delà du traitement. Les résultats montrent également un gain de poids des animaux sous traitement. L’expérience a été réalisée sur 48 vaches en stabulation, avec 3 niveaux de prise de l’inhibiteur (entre 40 et 80 mg/kg de matière sèche destinée à l'alimentation), pendant 12 semaines. Une durée que les auteurs souhaiteraient allonger afin de voir si des effets non désirables sont susceptibles d’apparaître sur le long terme.

Sources : PNAS, Nature, Nature

11:17 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Agronomie, Climat, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : méthane, atténuation |  Imprimer | | | | |  Facebook

Avancées dans la connaissance des mécanismes des effets cocktails

Dans un article publié le 3 septembre dernier dans la revue Nature Communications, des chercheurs français (Inserm, Cnrs)présentent les résultats de leurs travaux sur un mécanisme moléculaire pouvant contribuer à l’« effet cocktail ». Suspecté jusqu’à présent, ce phénomène correspond au fait que la combinaison, dans des mélanges complexes, de molécules exogènes auxquelles est exposé le corps humain (dont des perturbateurs endocriniens) « pourrait exacerber leur toxicité ».

Travaillant in vitro sur 40 substances (médicaments, pesticides, polluants environnementaux), ils ont montré qu’un œstrogène pharmaceutique et un pesticide organochloré (interdit dans les années 1990 mais persistant), bien que faiblement actifs quand ils sont étudiés séparément, ont « la capacité de se fixer simultanément à un récepteur situé dans le noyau des cellules et de l’activer de façon synergique ». La « coopérativité » entre ces deux molécules « induit un effet toxique à des concentrations largement plus faibles » que pour chacune prise séparément. Selon le communiqué diffusé à l’occasion de la publication de l’article, « si ces travaux sont confirmés in vivo, des retombées importantes sont attendues dans les domaines de la perturbation endocrinienne, la toxicologie et l’évaluation des risques liés à l’utilisation des produits chimiques ».

Sources : Nature communications, CNRS

08/09/2015

Impacts de la sécheresse et transferts d’eau virtuelle aux États-Unis : deux publications récentes

L’université de Davis a actualisé en août ses résultats sur les impacts de la sécheresse en Californie pour l’année 2015 (voir un précédent billet sur ce blog pour plus d’explications sur l’exercice de modélisation). Ainsi, les pertes sont évaluées par les auteurs à 1,84 milliard de dollars pour le secteur agricole (2,74 milliards tous secteurs confondus) et 10 100 emplois saisonniers sont impactés. D’autre part, ils estiment que les ressources en eau souterraine permettent de compenser 70 % de la diminution en eau de surface disponible (avec une augmentation des coûts de pompage et un nombre croissant de puits creusés s’accompagnant d’effets collatéraux comme la subsidence des terrains).

Un autre article, publié dans PNAS, se penche sur les transferts d’eau virtuelle pour les produits agricoles, dont la production mobilise les ressources d’aquifères états-uniennes, en particulier celles de Central Valley, des Grandes plaines et du Mississippi. Les auteurs estiment que 91 % de cette eau virtuelle restent aux Etats-Unis, et que ces transferts représentent 18,5 % de la production domestique de céréales. Ces travaux conduisent également les auteurs à conclure que certains pays comme le Japon, Taiwan ou Panama, dépendent de ces ressources en eau souterraine pour leur approvisionnement domestique en céréales (entre 9 et 10 %).

Sources : UC Davis, PNAS

11:09 Publié dans Enseignement et recherche, Environnement | Lien permanent | Tags : californie, sécheresse, eau, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’équilibre fragile de la prise alimentaire entre différentes voies neuronales

Une équipe française (CNRS/Université Paris Diderot) vient de publier, dans Cell Metabolism, les résultats de ses travaux sur le rôle des besoins énergétiques et du plaisir de manger dans la prise alimentaire. Le comportement alimentaire est régulé par différentes voies neuronales et, au regard de l’évolution de pathologies liées à l’alimentation, la compréhension de l’implication et de la connexion de ces circuits est d’importance.

Travaillant, chez des souris, sur un groupe de neurones (NPY/AgRP) situé dans l’hypothalamus et faisant partie du circuit permettant de maintenir l’équilibre énergétique en stimulant la prise alimentaire, les chercheurs ont notamment montré que lorsque ces neurones sont absents ou que leur fonctionnement est inhibé, l’hormone les stimulant active à la place le circuit de la « compensation ». Cette voie entraîne alors une consommation déconnectée des besoins corporels énergétiques et essentiellement dépendante du plaisir donné par la nourriture. Les souris placées dans ce cas mangent des aliments riches en lipides et glucides dans des quantités plus importantes, prennent du poids et sont plus sensibles à des facteurs externes (stress par exemple). Par ailleurs, pour les auteurs, ces résultats montrent qu’« agir à un niveau pharmacologique sur ces neurones pour traiter l’hyperphagie peut être contre-productif ».

Source : CNRS

Inventaires naturalistes et biodiversité agricole

La dernière livraison d’Études rurales porte sur « les mondes des inventaires naturalistes ». Décrire, nommer, ordonner : de l’inventaire botanique au XVIIIe siècle, jusqu’aux inventaires globaux de la biodiversité, la revue trace un parcours original, qui passe notamment par l’Observatoire Agricole de la Biodiversité (OAB), créé en 2010. Suzie Deschamps et Élise Demeulenaere montrent que « la participation à l'OAB suscite chez les agriculteurs des expériences d’observation du vivant, qui contribuent à recréer des ‘’prises’’ sur leur environnement de travail ; elle accompagne la reconfiguration des relations professionnelles, notamment entre agriculteurs et conseillers ». Ainsi, « l’OAB participe au ré-ancrage des pratiques agricoles dans leur milieu, accompagnant ainsi l’évolution actuelle des paradigmes agricoles – de l’artificialisation au pilotage de la nature ».

Source : Cairn

11:06 Publié dans Agriculteurs, Enseignement et recherche, Environnement | Lien permanent | Tags : biodiversité, inventaire naturaliste |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le gras, sixième saveur de base ?

Une équipe de l’université américaine de Purdue a publié, dans l’édition de septembre de Chemical Senses, un article intitulé Oleogustus: The Unique Taste of Fat. À partir de tests en aveugle auprès de 102 personnes et de l’analyse des données de 1 000 participants à une étude sur la génétique de la saveur du gras, ils ont montré que ce dernier a un goût unique, distinct du sucré, de l’acide, de l’amer, du salé et de l’umami (c’est-à-dire le savoureux). Si les triglycérides (que l’on retrouve dans la plupart des graisses consommées) jouent sur la texture de l’aliment mais ne créent pas de stimulus gustatif, les acides gras, séparés des triglycérides dans l’aliment ou pendant la mastication, stimulent cette sensation. Proposition est faite de dénommer cette nouvelle saveur « oleogustus ».

Pour les auteurs, ces travaux pourraient permettre aux industriels de développer des produits plus goûteux, mais également, en poursuivant les travaux de recherche, aux cliniciens et responsables des politiques de santé publique de mieux comprendre les implications sur la santé de l’exposition orale au gras.

Source : Purdue University

11:04 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : goût, oleogustus |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/09/2015

Ontario : relation entre niveau d’insécurité alimentaire et coûts de santé des foyers

Des chercheurs du Département de nutrition de l’université de Toronto ont publié le 10 août dernier, sur le site du Canadian Medical Association Journal, un article intitulé « Association between household food insecurity and annual health care costs ». Utilisant des données issues d’enquêtes de Santé Canada (Canadian Community Healthy Survey, environ 67 000 adultes) et du système de santé de l’Ontario, ils ont montré que, dans cette province, le niveau d’insécurité alimentaire (IA) du foyer est un prédicteur robuste de l’utilisation et du coût des soins pour les adultes en âge de travailler, indépendamment d’autres déterminants sociaux. Ainsi, les personnes en IA marginale (3,9 % de l’échantillon) coûtent 23 % de plus au système de santé que celles en situation de sécurité alimentaire, celles en IA modérée (5,2%) 49 % de plus et celles en IA grave 121 % de plus.

Selon les auteurs, même si plusieurs points restent à approfondir, cette étude montre qu’une intervention publique ciblée sur la réduction de l’IA des foyers permettrait de diminuer les dépenses publiques de santé. Pour eux, les organisations caritatives dédiées n’ont pas les moyens de changer cette IA et différentes études ont montré le rôle positif d’une augmentation, relativement faible, des ressources des familles à bas revenu. Les taux plus bas d’insécurité alimentaire chez les seniors ayant des revenus annuels garantis vont également dans ce sens.

Sources : Canadian Medical Association Journal, Veille action pour de saines habitudes de vie

 

 

 

11:01 Publié dans 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : canada, insécurité alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

L’alimentation, arme du genre ?

Le Journal des anthropologues a récemment consacré un numéro aux croisements entre les études sur l’alimentation et les gender studies. Le dossier fait apparaître l’alimentation comme « un moyen − une arme – très efficace de reproduction de l’ordre du genre ». Il traite, entre autres, de la promotion du régime méditerranéen (qui tendrait à « réifier la division sexuelle inégalitaire du travail domestique »), de l’entrée en dépendance et des habitudes alimentaires des ménages qui « s’en trouvent plus ou moins transformées, pouvant conduire, dans certains cas, à une monotonie alimentaire, voire à un appauvrissement nutritionnel ». Le numéro aborde aussi le« genre de l’ivresse », avec une étude sur l’évolution des consommations d’alcool chez les étudiant-e-s.

Source : Journal des anthropologues

11:00 Publié dans Alimentation et consommation, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : alimentation, gender studies |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les enjeux internationaux de la définition européenne des perturbateurs endocriniens

Les résultats de la consultation publique ouverte par la Commission européenne, de septembre 2014 à janvier 2015, sur les critères de définition des perturbateurs endocriniens ont été publiés fin juillet. Les contributions officielles des pays tiersÉtats-Unis, Norvège, Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Argentine et Kenya , témoignent d’une grande inquiétude de leur part quant à certains scenarios envisagés. Les perturbateurs endocriniens seraient définis comme dangereux, laissant moins de place à l’analyse de risque. Le ministère de l’agriculture américain va même jusqu’à chiffrer l’impact commercial de ces approches à la hauteur des échanges en produits végétaux avec l’UE (4,4 milliards de $US), supposant qu’ils ne seraient plus produits ou exportables. Les autres pays soulignent tous la prévalence de l’analyse de risque dans les méthodologies préconisées par l’OMC pour l’identification de certains attributs des produits impactant les échanges commerciaux.

Source : Commission européenne

 

Amérique du Nord : des cas plus nombreux d’infections à cyclospora

Le CDC (U.S. Centers for Disease Control and Prevention) a notifié en août 2015 un nombre de cas d’infections à cyclospora (parasite protozoaire présent dans certains aliments) nettement plus élevé que la moyenne à la même époque de l’année. L’importance de cette alerte sanitaire tient au fait qu’elle concerne un aliment qui n’est pas traditionnellement considéré comme à risque et que des cas pourraient survenir en-dehors du continent nord-américain. Les cas sont plus nombreux dans certains États du Sud (Texas et Géorgie). Le Canada est également confronté à une augmentation du nombre de cas et l’agence de la santé publique du Canada collabore avec le CDC pour identifier la source de l’infection.

Carte sur la fréquence des foyers d’infection à Cyclospora aux USA (août 2015)

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Source : CDC

Lors de précédentes alertes, des produits végétaux frais (salades, basilic, coriandre ou fruits en baies) importés de zones endémiques (Amérique latine, Asie) avaient été mis en cause, sachant quel’infection à cyclospora peut être préoccupante pour les personnes immunodéprimées.

Source : CDC

 

10:48 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : cdc, cyclospora |  Imprimer | | | | |  Facebook

CESE : perspectives pour la révision de la Stratégie Europe 2020

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), dans son avis rendu le 23 juin sur les perspectives pour la révision de la Stratégie Europe 2020, lancée en 2010 pour une « croissance intelligente, durable et inclusive », fait le constat d’un bilan mitigé.

Dans ses propositions de court terme, il met notamment l’accent sur les efforts à apporter en matière de recherche et développement, thématique d’une grande sensibilité pour le groupe de l’agriculture qui a souligné à cette occasion l’importance de « maintenir, pour le secteur agricole, un budget recherche qui donne la possibilité de relever les nombreux défis à venir », en matière d’innovation, de productivité et d’impact sur l’environnement.

Les propositions de la Commission européenne pour réviser la Stratégie Europe 2020 sont attendues fin 2015.

Source : CESE

10:42 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : cese, stratégie europe 2020 |  Imprimer | | | | |  Facebook

29/06/2015

Lancement du Plano Safra 2015-2016 au Brésil

Le 2 juin 2015, la présidente de la République Dilma Rousseff et la ministre de l’agriculture Katia Abreu ont lancé le Plano Safra 2015-2016, plan agricole brésilien annuel. Il prévoit 187,7 milliards de reals brésiliens (environ 62,5 milliards d’euros) de financements pour l’agriculture, soit 20 % de plus que l’an dernier. 80 % sont destinés au financement des frais de campagne et 20 % aux investissements.

La hausse de cette enveloppe est principalement constituée de financements aux taux du marché (taux de 25-30%), seuls 94,5 milliards de reals (7,5 % de plus que l’année précédente) étant destinés à des crédits à taux bonifiés. Les taux d’intérêts bonifiés sont également en augmentation (7,5 % pour les exploitations de taille moyenne et 8,75 % pour celles de grande taille, contre 6,5 % l’an dernier), en ligne avec la hausse générale des taux d’intérêts au Brésil. Rappelons toutefois que seule une petite partie des enveloppes de financements à taux bonifiés est compensée par le Trésor public, le reste étant supporté par les banques.

Comme les années précédentes, la politique de commercialisation (prix minimum garantis selon différents mécanismes) bénéficiera de 5 milliards de reals. Le financement de la prime pour l’assurance agricole devrait également rester au même niveau (environ 700 millions de reals), même si, selon l’exécutif, des améliorations des produits d’assurance proposés et la création d’un Système Intégré d’Informations sur l’assurance agricole (SIS Rural) devraient favoriser le développement de ce type d’outil. Par ailleurs, alors qu’il était réclamé depuis plusieurs années par le secteur agricole (dont la CNA, syndicat majoritaire), un groupe de haut niveau chargé de définir les grandes lignes d’une Loi Pluriannuelle de Production Agricole Brésilienne (LPAB) a été créé.

En cette période de récession (-1,5 à -2 % attendus) et d’ajustement fiscal (priorité du gouvernement actuel), le fait que les taux d’intérêts bonifiés annoncés soient légèrement inférieurs à ceux attendus montre, selon la presse et certains représentants professionnels agricoles, le poids politique de la ministre de l’agriculture au sein du gouvernement. Enfin, Dilma Rousseff a rappelé dans son allocution l’importance des mesures d’ajustement pour avoir un environnement stable, sans que cela soit une fin en soi. Elle a ainsi mis en valeur son « Agenda de croissance », dont le Plano Safra et le Plan national de Défense sanitaire agricole (PDA, annoncé le 6 mai 2015) sont des composantes fortes, et dont font également partie le programme de concessions qui a été annoncé ce 9 juin pour des grands travaux d’infrastructures (ports, routes, voies ferrées et fluviales) et le Plan national d’exportation attendu pour le 23 juin.

Mylène Testut Neves, Conseillère agricole (Brésil et Cône Sud)

Service économique régional de Brasilia, Ambassade de France au Brésil

Source : Ministério da Agricultura

09:46 Publié dans 4. Politiques publiques, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : brésil, plano safra |  Imprimer | | | | |  Facebook