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11/03/2019

La FAO évalue l'état de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture dans le monde

Conduit par la Commission des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture de la FAO, cette imposante synthèse sur l’état et la gestion de la biodiversité, à l'échelle mondiale, compile les résultats de nombreux rapports (91 nationaux et 27 d’organisations internationales) et les apports de plus de 175 auteurs ou relecteurs. Premier exercice de cette nature engagé par l'organisation, l'évaluation recense les différentes contributions de la biodiversité à l'alimentation et à l'agriculture, en termes de services écosystémiques, de résilience des systèmes de production, d'intensification écologique et de maintien de la sécurité alimentaire et des modes de vie.

Les tendances et évolutions, présentées en deuxième partie, décrivent une situation globalement très dégradée, avec un déclin rapide des composantes de la biodiversité. La diversité végétale à la base des systèmes alimentaires s'est appauvrie : neuf espèces (parmi les 6 000 cultivables) fournissent 66 % de la production agricole mondiale. Il en est de même pour les races animales, avec 26 % des races locales menacées d'extinction, tandis qu'un tiers des stocks mondiaux de poissons est surexploité et plus de la moitié ont atteint leur limite de résilience. Les espèces sauvages utilisées pour la chasse et la cueillette diminuent également fortement, surtout dans les zones Amérique latine et Caraïbe, Asie-Pacifique et Afrique. La troisième partie fait le bilan des dispositifs de gestion existants (conservation in et ex situ), et des pratiques favorables à la biodiversité. Près de 80 % des pays sont engagés, selon des modalités diverses, dans une approche de gestion durable, et certaines pratiques progressent : l'agriculture biologique (actuellement 58 millions d'hectares, soit 1 % des terres cultivées), l'agriculture de conservation (180 millions d'ha, soit 12 % des terres arables). Toutefois, selon les auteurs, les niveaux de protection et de couverture ne sont souvent pas à la mesure des enjeux. Le rapport dresse ensuite un panorama des politiques et institutions impliquées.

Une dimension importante de ce travail réside dans l'effort de convergence des différentes grilles de lecture internationales du problème de la biodiversité avec celles des questions agricoles et alimentaires. Ceci permet de traiter plus systématiquement l'interface entre biodiversité « naturelle » et agrobiodiversité.

Dates clés de la reconnaissance internationale de l'importance de la biodiversité pour l'alimentation et l'agriculture

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Source : FAO

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : FAO

10/09/2015

Nouvelles pratiques agricoles : les deux voies de l’intensification écologique

Fin juin, l’association X-Environnement organisait à AgroParisTech une conférence consacrée aux « nouvelles pratiques agricoles ». Pour ouvrir la discussion, F. Léger (INRA) a dressé une comparaison systématique de la « question agricole et alimentaire » aux XXe et XXIe siècles. Pour lui, dans un contexte de « crise de confiance » et de déclin de l’emploi agricole, la transition agroécologique s’impose comme le nouvel horizon de la recherche, de l’action des organisations agricoles et des politiques publiques. Plusieurs voies sont ouvertes pour répondre aux nouveaux enjeux. D’une part, il a souligné les risques sociaux dont serait porteuse une agriculture de précision « technologiste », poursuivant l’idéal d’un « monitoring automatisé de l’ensemble des facteurs pouvant affecter la production ». Dans ce schéma, l’agriculteur serait « stratège peut-être, mais pas acteur », définissant uniquement des objectifs stratégiques de production, la conception et le paramétrage de systèmes-experts informatisés lui échappant. Pour lui, les investissements nécessaires excluraient la majorité des agriculteurs, avec des effets négatifs sur l’emploi et les paysages (course à l’agrandissement des exploitations).

À cette approche analytique de l'agroécologie, il a opposé des démarches plus « holistes », tirant parti du fonctionnement métabolique des agroécosystèmes, cherchant à diminuer les impacts environnementaux, à conserver et à régénérer les ressources. Tourné vers la recherche de la « résilience » et d’une trajectoire viable (plutôt qu’optimisée), ce type d’approche met au cœur du système l’agriculteur en prise sur son environnement. Les interventions suivantes en ont fourni plusieurs illustrations (une expérience de reconception du maraîchage suivant les principes de la permaculture, l’agroforesterie).

L’opposition ainsi campée est sans doute suggestive. Au-delà d’intuitions tirées de l’histoire de l’artisanat et du secteur industriel, manquent des éléments chiffrés pour valider l’hypothèse d’un coût social de l’agriculture de précision, et les pratiques « holistes » sont encore trop peu documentées. Les premiers résultats d’une enquête visant à évaluer les performances de micro-exploitations maraîchères intensives en main d’œuvre permettent donc de prolonger avec intérêt cette réflexion.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospectives

Lien : X-Environnement

11:35 Publié dans Environnement, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : intensification écologique, agroécologie |  Imprimer | | | | |  Facebook