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07/05/2019

Le transport maritime, principal vecteur de dissémination des espèces invasives marines à l'horizon 2050

Des chercheurs québécois de l'université McGill sont arrivés à cette conclusion en couplant des modèles i) de projection du transport maritime à l'échelle mondiale, ii) de changement climatique et iii) de dissémination des espèces invasives par les navires. S'appuyant sur les données du système de géolocalisation des bateaux, ils ont élaboré un modèle de gravité sans contrainte expliquant 90 % des fluctuations du trafic à partir de variables socio-économiques. Il est détaillé par catégories de navire (vraquier, porte-conteneurs, etc.), chacune générant différents niveaux de dissémination d'espèces invasives, par les eaux de ballast, les emballages en bois, les coques, etc.

À l'horizon 2050, les auteurs projettent une augmentation du trafic de 240 à 1 200 % par rapport à 2014, à comparer avec les 260 % constatés entre 2006 et 2014. Le profil des échanges évoluerait sensiblement, avec une explosion des flux vers les continents africain et asiatique. Ces projections, réalisées selon différentes hypothèses de croissance économique et démographique, sont croisées avec les scénarios du GIEC, pour tenir compte de l'évolution des « distances environnementales » entre les écosystèmes des grandes régions, présentant des caractéristiques plus ou moins proches. Les auteurs montrent alors que le développement du trafic maritime serait intégralement responsable de l'augmentation du risque de dissémination (multiplié par 3 à 20 selon le scénario), alors que le changement climatique n'aurait pas d'influence ici.

Trafic maritime en 2014 (en haut) et évolution entre 2014 et 2050, en fonction du dynamisme (faible au milieu, fort en bas) de l'économie et des échanges

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Source : Nature Sustainability

Source : Nature Sustainability

18/04/2019

Neutralité carbone pour l'agriculture européenne en 2050 : comment y parvenir ?

L'Institut pour une politique européenne de l'environnement (IEEP) a publié, en février 2019, un rapport sur les pistes pour parvenir à la neutralité carbone de l'agriculture en 2050. Ce travail s'inscrit dans le cadre d'une réflexion plus large lancée par la Fondation européenne pour le climat (ECF) sur les trajectoires pouvant mener à une Europe décarbonée à cet horizon temporel, et dans le contexte de l'Accord de Paris. Dans l'Union européenne, l'agriculture produisait en 2016 10 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES), avec de très fortes variations nationales (de 3 à 33 %).

Les auteurs dressent d'abord le bilan d'une quinzaine d'exercices de prospective récents, menés à l'échelle européenne ou nationale, sur l'évolution du secteur agricole à l'horizon 2030 ou 2050, en comparant les trajectoires de décarbonation anticipées. Deux constats s'imposent : i) il n'y a pas de consensus sur les leviers les plus efficaces de réduction des GES, ni sur l'ampleur de ces réductions, ii) aucun des scénarios n'atteint une neutralité carbone à 2050. Les auteurs estiment l'écart à l'objectif de neutralité entre 323 à 565 MtCO2eq.

Comparaison des études prospectives et de leurs scénarios les plus ambitieux, pour le secteur agricole, en termes de réduction d'émissions de GES, aux horizons 2030 et 2050

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Source : IEEP

Les auteurs considèrent ensuite quatre scénarios plus ambitieux (CTI 2050 roadmap tool, figure ci-dessous), via un élargissement du périmètre de comptabilisation des émissions de GES aux stocks de carbone des sols et de la biomasse, actuellement hors inventaire CCNUCC pour l'agriculture. Ils prennent aussi en compte l'optimisation de trois facteurs de réduction : gains d'efficacité au niveau de la production, changement du mix agricole, stockage du carbone dans les sols agricoles. Les deux premiers scénarios reposent uniquement sur des mesures d'efficacité (scénario 1) et de changements de production (2), le troisième combine les deux approches (3). Tous les trois permettent de réduire la surface arable nécessaire à la production agricole, alors utilisée en prairie permanente. Le quatrième scenario est similaire au troisième, le surplus de terres arables étant converti en forêt.

Potentiel schématique de réduction des GES pour le secteur agricole à horizon 2050, selon les quatre scénarios (CTI 2050 roadmap tool)

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Source : IEEP

Selon les auteurs, sous l'hypothèse de la permanence des capacités de stockage, ce n'est qu'en procédant à un changement massif d'usage des sols agricoles vers la forêt et les prairies permanentes qu'il sera possible d'approcher la neutralité carbone. Toutefois, même dans le scénario 4, il restera 90 MtCO2eq/an à compenser. Enfin, le rapport reconnaît que la neutralité carbone peut se retrouver en concurrence avec d'autres objectifs environnementaux (ex. : biodiversité) ou socio-économiques.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : IEEP

10:32 Publié dans 1. Prospective, Climat | Lien permanent | Tags : changement climatique, neutralité carbone, 2050, ieep |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/03/2019

Une analyse de la diversité des espaces ruraux européens et de leurs perspectives d'évolution à l'horizon 2030

Les territoires ruraux européens présentent une hétérogénéité marquée, source d'enjeux majeurs pour les politiques publiques. Dans ce contexte, le Joint Research Centre a voulu caractériser la diversité de ces espaces et leurs perspectives d'évolution d'ici 2030.

L'analyse s'est focalisée sur cinq variables : la population rurale, l'emploi et la valeur ajoutée agricoles, les surfaces agricoles et les surfaces en friche. Pour apprécier l'état actuel et futur (à 2030) de ces variables, les auteurs ont mobilisé le modèle LUISA, habituellement utilisé pour l'évaluation ex ante des politiques européennes impactant les territoires ruraux. Ils ont ensuite eu recours à des techniques de partitionnement, afin de constituer différentes catégories de territoires. Ce partitionnement a été réalisé à la fois à une échelle nationale, pour voir comment se différencient les pays les uns par rapport aux autres, mais également à une échelle plus fine (NUTS 3, qui correspond au département français), pour caractériser la diversité infra-nationale. Il s’est appuyé sur les données de 2015.

Au niveau national, cinq catégories ont été constituées. La première rassemble les pays où la population rurale est faible et où l'agriculture, bien qu'efficace en termes d’utilisation de l’espace (faible proportion de surfaces en friche) et de valeur ajoutée générée par actif, n'a pas une place importante dans l'économie (Royaume-Uni, Allemagne, etc.). La deuxième regroupe des pays à l'agriculture moins efficace et où la déprise est parfois importante (Europe du Sud et de l'Est). La troisième couvre des pays où l'agriculture, performante, contribue de façon non négligeable à l'économie nationale, et dont la part de la population rurale est légèrement supérieure à la moyenne européenne (France, Irlande, Danemark, etc.). La quatrième rassemble des pays aux espaces ruraux très peuplés mais peu tournés vers l'activité agricole, dont le potentiel est limité par des contraintes naturelles fortes (Autriche, Suède, etc.). Enfin, la cinquième catégorie se compose de la Roumanie et de la Bulgarie, pays aux espaces ruraux peuplés et où l'activité agricole est centrale. Le partitionnement réalisé à l'échelle locale, qui s’appuie sur des catégories comparables à celles utilisées pour le niveau national, révèle quant à lui une image encore plus diversifiée et dispersée, sans qu'il en ressorte de schéma géographique clair (cf. figure ci-dessous).

Typologie des territoires ruraux européens

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Source : Joint Research Centre (extrait CEP)

Lecture : les couleurs des cinq catégories pour les deux niveaux géographiques (national et infra-national) ne correspondent pas à des caractéristiques strictement similaires, même si le nuancier est le même.

En montrant la grande diversité des espaces ruraux, cette étude ouvre la voie à la conception de politiques européennes prenant davantage en compte cette hétérogénéité.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Centre

13:26 Publié dans 1. Prospective, Territoires | Lien permanent | Tags : jrc, rural, espace rural |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/10/2018

Réchauffement climatique et pertes de récolte dues aux insectes ravageurs

Dans une étude publiée en août dans la revue Science, des chercheurs américains mettent en garde sur la possible baisse des rendements agricoles, induite par une prolifération des insectes nuisibles aux cultures, suite au réchauffement climatique.

Les auteurs ont analysé des données d’expériences en laboratoire, collectées depuis les années 1980, et ont considéré 38 espèces d'insectes ravageurs. Ils ont projeté l'impact de leur prolifération, à l'horizon 2050 et aux échelles mondiale et régionale, sur la production des principales cultures céréalières : maïs, riz et blé. Celles-ci représentent à elles seules 42 % de la consommation humaine mondiale de calories directes. Au fur et à mesure de l'accroissement des températures, ces insectes seraient non seulement plus prolifiques, mais aussi plus voraces, avec néanmoins un palier d'ores et déjà atteint dans les zones tropicales mais pas encore dans les zones tempérées.

Prévisions régionales de l'augmentation des pertes de récoltes due aux insectes ravageurs dans le cas d'un réchauffement climatique de 2°C

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Source : Science

Lecture : la dimension des disques dans les graphiques est proportionnelle au volume de production actuel de chaque pays. Les cinq plus gros producteurs sont cerclés de noir. La répartition géographique des futures pertes de production supplémentaires est indiquée dans les diagrammes circulaires.

Dans l'hypothèse d'un réchauffement global de 2°C, la Chine, les États-Unis et la France, tous grands producteurs de ces trois céréales, figurent parmi les pays qui devraient connaître les plus fortes pertes. Celles de la Chine et des États-Unis augmenteraient de 35 %, soit un gonflement des pertes de 20 millions de tonnes. Pour la France, elles seraient de 42 % pour le maïs et de 60 % pour le blé : ces deux céréales subiraient au total 1,4 million de tonnes de pertes supplémentaires. Ces pertes pèseraient sur les disponibilités mondiales en céréales et renchériraient les prix des aliments de base, au détriment des populations pauvres, qui représentent la majeure partie des plus de 800 millions de personnes souffrant de faim.

Ces évaluations ne prennent pas en compte la piste d'une utilisation accrue de pesticides, avec leurs effets délétères potentiels sur la santé et l'environnement. Les auteurs prônent plutôt des solutions comme la rotation plus large des cultures, la production de céréales plus résistantes aux ravageurs ou l'adoption de stratégies de lutte anti-parasitaire plus durables.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Science

Impact du changement climatique sur l'évolution du commerce international à l'horizon 2050-2059

Une étude, réalisée par l'organisme gouvernemental australien pour la recherche scientifique (CSIRO), publiée début septembre, présente une simulation de l'impact de l'accroissement des émissions de CO2 à l'horizon 2050-2059 sur le commerce mondial de riz, de maïs, d'oléagineux et de céréales secondaires. Les projections climatiques sont estimées à partir de modèles dits de « systèmes terrestres » et les impacts sur la production agricole à partir de modèles de cultures au niveau mondial (Global Gridded Crop Models). Ces modèles sont ensuite couplés à GTEM-C, un modèle d'équilibre général calculable dynamique, afin d'en estimer les effets sur le commerce. Ce travail est original, les impacts des échanges sur le changement climatique étant généralement étudiés, et non l'inverse. En outre, peu d'articles analysent conjointement les conséquences biologiques et économiques des évolutions climatiques.

Les auteurs utilisent les projections du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les RCP (Representative Concentration Pathway), pour simuler un scénario pessimiste de réchauffement climatique (RCP 8.5) et un autre plus optimiste incluant des mesures d'atténuation des émissions de CO2 (RCP 4.5). Ces deux scénarios affectent le commerce international en modifiant la productivité agricole, les prix à la production, et donc la compétitivité à l'exportation des pays. Ils sont comparés à une situation de référence correspondant à un réchauffement climatique élevé (RCP 8.5), sans impact sur la productivité grâce au progrès technique.

Impacts du changement climatique sur le commerce de riz, maïs, oléagineux et céréales secondaires à l'horizon 2050-2059, selon deux scénarios (RCP 4.5 et 8.5)

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Source : Palgrave Communications

Les résultats suggèrent que la répartition du commerce, pour les produits étudiés, différerait de la situation actuelle, avec ou sans atténuation des émissions de CO2. L'impact du réchauffement climatique sur la productivité est négatif pour certains pays (ex. : États-Unis) mais positive pour d'autres (ex. : Chine) (voir figure). Le commerce agricole serait plus concentré dans le scénario pessimiste, quelques régions dominant les marchés. Dans le scénario plus optimiste, les acteurs du commerce international seraient plus diversifiés, ce qui rendrait le système moins vulnérable aux chocs climatiques ou institutionnels. Les mesures d'atténuation des émissions de CO2 contribueraient ainsi à stabiliser les échanges, l'approvisionnement des populations, et donc à réduire l'insécurité alimentaire.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Palgrave Communications

09/10/2018

Land Use and Food Security in 2050: a Narrow Road. Agrimonde-Terra, Chantal Le Mouël, Marie de Lattre-Gasquet, Olivier Mora (coord.)

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Paru en septembre 2018, en version anglaise uniquement, l'ouvrage Land Use and Food Security in 2050: a Narrow Road. Agrimonde-Terra présente de façon détaillée la démarche, les méthodes et les résultats de l'exercice prospectif éponyme conduit par l’Inra et le Cirad. Ayant mobilisé environ 80 experts internationaux au sein de multiples ateliers thématiques, l'étude avait pour objectifs d'analyser et d'explorer les déterminants des changements d'usage des sols aux niveaux mondial et régional, les évolutions à attendre en matière de surfaces agricoles, et les grands enjeux relatifs à la sécurité alimentaire à l'horizon 2050.

La démarche prospective a porté sur le système « usage des sols - sécurité alimentaire », influencé par cinq variables directes (systèmes de culture, d'élevage, forestiers, structures des exploitations agricoles, relations rural-urbain) et trois variables exogènes (contexte global, climat, régimes alimentaires). La combinaison des hypothèses d'évolution de ces variables a donné lieu à la production de cinq grands scénarios (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) : trois scénarios tendanciels (« métropolisation », « régionalisation », « ménages ») et deux scénarios de rupture (« qualité des aliments et santé », « communautés rurales dans un monde fragmenté »). La narration de ces scénarios est enrichie de simulations chiffrées (cf. figure) issues de l'outil « GlobaAgri-AgT », un modèle d'équilibre utilisation-ressources de la biomasse mondiale développé par la plateforme GlobAgri Cirad-Inra, regroupant les commodités agricoles en 33 catégories, à partir des données de Faostat.

Changements d'usage des sols au niveau mondial entre 2010 et 2050 selon différents scénarios (millions d'hectares et % d'évolution)

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Source : Éditions Quæ

Au-delà des scénarios eux-mêmes, l'ouvrage est riche d'une revue de littérature des prospectives par scénarios menées sur ce thème (chapitre 4), d'une synthèse rétrospective des grandes tendances (chapitre 5), et d'un focus régional sur l'Afrique subsaharienne (chapitre 15). Au total, si tous les scénarios conduisent à une augmentation de l'usage agricole des terres, seul le scénario « santé » se révèle capable d'assurer la sécurité alimentaire mondiale à l'horizon 2050. Analysant en détail le rôle des technologies, du commerce et d'autres facteurs, les auteurs concluent en dégageant un ensemble d'options de politiques publiques, certaines valables dans tous les scénarios, d'autres spécifiques à chacun d'entre eux.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Éditions Quæ

05/10/2018

Quel « espace sécurisé » (Safe Operating Space) pour l’élevage européen ?

La fondation RISE (voir sur cet organisme un portrait sur ce blog) vient de publier une prospective normative sur le développement du secteur de l’élevage dans l’Europe des 28. Présentée et débattue le 13 septembre lors d'une session organisée par le Partenariat Européen pour l’Innovation à Bruxelles, cette étude plaide pour des évolutions profondes de production et de consommation, sous le constat que le secteur a dépassé les « limites de durabilité » en termes d'émissions de gaz à effet de serre, de besoins en nutriments et d’érosion de la biodiversité. Les options explorées établissent qu’un saut technologique (digitalisation, génomique et génétique, gestion des nutriments) est nécessaire, mais pas suffisant, et devrait s’accompagner d’une diminution par deux au minimum de la taille du cheptel européen et d'un changement considérable des habitudes de consommation. Des scénarios de rupture, assumés par les auteurs, qui plaident pour une sortie du statu quo et une mise à l’agenda politique de ce sujet.

Définir un « espace sûr d’opération » pour l’élevage européen

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Source : Fondation RISE

Source : Fondation RISE

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11/09/2018

Le BCG estime les pertes et gaspillages alimentaires à 2030

Le Boston Consulting Group a publié en août les résultats d'un travail de modélisation des pertes et gaspillages alimentaires à l'échelle mondiale. Utilisant les données de la FAO, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, les auteurs ont construit un modèle intégrant les pertes et gaspillages en fonction de la région, de l'étape dans la chaîne de valeur, du type de denrée et de l'année. S'appuyant sur des prévisions des volumes alimentaires produits et consommés et de l'intensité des gaspillages, ils estiment que 2,1 milliards de tonnes seront annuellement perdues à l'horizon 2030 (contre 1,6 en 2015), pour une valeur de 1,5 trillion de dollars (contre 1,2 en 2015). Toutes les régions seront concernées, et tout particulièrement l'Asie.

S'intéressant à l'ensemble de la chaîne alimentaire, ils identifient cinq moteurs et estiment, pour chacun, la réduction annuelle potentielle liée à une évolution des pratiques (à technologies et process constants). Au total, la perte de 700 milliards de dollars pourrait être évitée. Par la suite, treize initiatives à la disposition des entreprises sont listées (éducation des agriculteurs, développement de nouveaux accords d'achat, etc.).

Projections des pertes et gaspillages à 2030

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Source : BCG

Source : Boston Consulting Group

09:54 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation, Production et marchés | Lien permanent | Tags : pertes, gaspillages |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/07/2018

Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine pour agir dans les territoires

Cinq ans après un premier rapport, le comité scientifique régional AcclimaTerra vient de publier une nouvelle édition. Sous la direction d'H. Le Treut, cette deuxième livraison est le fruit de la mobilisation d'environ 240 chercheurs. Elle intègre le périmètre élargi de la Nouvelle-Aquitaine et de nouvelles thématiques et disciplines (dont les sciences humaines). Face à la complexité des questions climatiques et de la transition environnementale, la région représente un espace d'action, de réflexion, de débat et d'éducation citoyenne, l'adaptation devant se concevoir avant tout à l'échelle des territoires. S'adressant à l'ensemble des acteurs concernés (élus, citoyens, etc.), les auteurs veulent accompagner cette démarche (défi de l'interface entre diagnostic scientifique et « complexité du fait social ») et fournissent des informations pour aider à la prise de décision. Une lecture à plusieurs niveaux est ainsi proposée (ouvrage, synthèse, infographies, compléments disponibles en ligne, etc.).

Évolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur et par gaz, entre 1990 et 2015

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Source : AcclimaTerra

Après un rappel des données clés de la région la plus vaste de France (5,9 millions d'habitants, 84 % du territoire occupés par l'agriculture et la forêt, etc.), quinze chapitres présentent des analyses détaillées sur des thématiques variées : dépendance entre climat local et climat global, approches historique et juridique, santé environnementale, milieux naturels, territoires urbains, massifs montagneux, etc. La ressource en eau, l'agriculture, la forêt, la pêche et la conchyliculture font ainsi l'objet de développements intéressants.

Extrait (volet « adaptation ») de l'infographie synthétisant le chapitre consacré à la pêche et à la conchyliculture

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Source : AcclimaTerra

De la conclusion, il ressort que tous les territoires de la Nouvelle-Aquitaine sont, à des degrés divers, vulnérables au changement climatique, ce qui appelle, pour les auteurs, des actions différenciées tenant compte des inégalités. Ils soulignent également des besoins de travaux scientifiques, par exemple pour mieux établir les risques et estimer la vulnérabilité des territoires. Ils identifient par ailleurs des actions nécessaires dans divers domaines (ressource en eau, forêt, montagne, zones humides, pêche, conchyliculture, etc.). Ils insistent aussi sur l'urgence à agir en matière agricole, en mettant à profit les débats actuels, entre autres sur les produits phytosanitaires : repenser les systèmes de production en tenant compte de la durabilité économique et de la diversité des exploitations, ainsi que des changements d'habitudes alimentaires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : AcclimaTerra

09/07/2018

Prospective de la pêche maritime française à l'horizon 2035

FranceAgriMer a publié récemment les deux tomes d'une prospective sur la filière française de la pêche maritime à l'horizon 2035. Elle a été réalisée à la demande de France Filière Pêche (FFP), association interprofessionnelle regroupant producteurs, mareyeurs, grossistes, transformateurs, grande distribution et poissonniers détaillants. Son objectif était « d’élaborer des scénarios (…) qui puissent servir aux décideurs de la filière, en vue de l’élaboration de stratégies gagnantes ». L'étude a mobilisé 24 personnes sur 2 ans (professionnels, chercheurs et administration). La méthode choisie, SYSPAHMM (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), a consisté à faire émerger du groupe une représentation commune du système, puis à identifier les variables susceptibles de l'influencer et à en dégager des hypothèses d'évolution. Celles-ci, au nombre de 100, ont été combinées, en tenant compte de leurs relations de dépendance, pour construire quatre grands scénarios de la filière en 2035 :

- « La filière pêche serre les rangs », caractérisé notamment par une pêche sous pression des ONG, une généralisation des quotas transférables, une rationalisation des outils de production et de la logistique, et des stratégies de mutualisation.

- « La filière pêche se casse en deux », avec une ressource reconstituée mais peu exploitable en raison du changement climatique, une flotte vieillissante et des entreprises se tournant vers les fermes marines, aux normes environnementales validées par les ONG.

- « La filière pêche sauve les meubles », avec un maintien des quotas européens, un renforcement de la coopération amont-aval et des mutualisations, un développement des technologies de l'information et de la communication, une restructuration des ports et une offre accessible adaptée à la demande.

- « Une filière pêche du chacun pour soi », avec une intensification des effets négatifs du changement climatique, une désorganisation de la production, un aval en compétition pour l'approvisionnement, et des labels orientés « sanitaires » face à des consommateurs défiants.

Sur cette base, une démarche stratégique a été amorcée par FFP et FranceAgriMer et les Conseils régionaux, avec 6 réunions régionales ayant permis d'identifier des leviers d'action, et le lancement d'un certain nombre de chantiers dont la filière pourrait se saisir.

Familles de variables utilisées dans les scénarios

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Source : FranceAgriMer

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : FranceAgriMer, FranceAgriMer, FranceAgriMer

10:14 Publié dans 1. Prospective, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : franceagrimer, pêche maritime |  Imprimer | | | | |  Facebook

02/07/2018

La Chaire ANCA présente une prospective de l'alimentation sous le format d'une bande dessinée

La Chaire ANCA, portée par la Fondation AgroParisTech, propose, dans le cadre de ses actions de sensibilisation à l'alimentation saine et durable, un exercice de prospective sur les comportements alimentaires, nommé « Manger vers le futur ». Le format choisi est celui de la BD numérique, répartie en 30 épisodes qui permettent au récit de progresser dans le temps, de nos jours à 2050. La diffusion de la BD se fait sur le réseau Instagram, à raison d'un épisode par jour depuis le 1er juin.

Le point de vue de quatre personnages distincts permet le traitement de plusieurs thématiques, comme la consommation de protéines animales, celle de leurs alternatives, ou encore la question de la durabilité des conduites alimentaires. Chaque épisode est également accompagné de ressources complémentaires (témoignages, bibliographie, etc.). L'épisode de 2037 est l'occasion de présenter un exercice mené avec Ferrandi Paris, sur ce à quoi pourrait ressembler le restaurant de 2050. Plusieurs scénarios de restaurants sont ainsi déclinés sous le format d'un guide gastronomique.

Capture d'écran de la BD Manger vers le futur

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Source : Chaire ANCA

Sources : Chaire ANCA, Chaire ANCA

09:17 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : alimentation, bd, durabilité, saine |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/06/2018

Deux scénarios prospectifs contrastés pour le système agroalimentaire français à l'horizon 2040

Dans une étude prospective à horizon 2040, parue dans la revue Science of the Total Environment en mai 2018, trois chercheurs (UMR Metis – Sorbonne Université-CNRS-EPHE) présentent deux visions contrastées des évolutions du système agroalimentaire français, en prenant en compte 33 régions agricoles.

La première vision insiste sur l'ouverture aux marchés internationaux, avec une spécialisation accrue des systèmes agricoles. La rentabilité du secteur animal nécessiterait alors un fort agrandissement des exploitations et une dépendance croissante à l'alimentation importée. La part des produits animaux dans la consommation humaine dépendrait classiquement des revenus individuels.

La seconde vision met en évidence les nouveaux liens entre les acteurs régionaux, pour un meilleur bouclage des cycles de nutriments : plus d'autonomie à l'échelle de l'exploitation et de la région, reconnexion de l'agriculture et de l'élevage et généralisation de l'agriculture biologique. La consommation de protéines animales se réduirait progressivement de moitié.

Ces scénarios ont été quantifiés avec la méthode GRAFS (Generalized Representation of Agro-Food Systems), qui bâtit une image complète des flux d'azote, de phosphore et de carbone, sur la base des données des 33 régions étudiées, et permet d'approcher les grandes caractéristiques des productions agricoles.

Résumé graphique : flux de l'azote (1000 tonnes/an)

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Source : Science of the Total Environment

Dans le premier cas, la production végétale augmenterait de 15 %, doublant les exportations de céréales. La part des prairies dans l'alimentation du bétail serait réduite d'un tiers, l'importation de celle-ci devenant dominante. La France deviendrait importatrice net de produits agricoles et les transports de ces derniers augmenteraient de 35 %.

Dans le second scénario, la production végétale diminuerait de 20 % suite au passage au tout biologique, mais la réduction du cheptel français permettrait au pays de rester excédentaire, avec des exportations nettes de céréales à plus des deux tiers du niveau actuel. Aucune importation d'aliments pour animaux ne serait nécessaire. La production animale extensive répondrait aux besoins des 75 millions de Français dont le régime alimentaire aurait évolué. Les transports des produits agricoles seraient réduits de 93 %. Ce scénario contribue aux réflexions sur les systèmes agroalimentaires performants environnementalement, basé sur l'autonomie (engrais, aliments pour animaux), la reconnexion des cultures et de l'élevage, et une alimentation à protéines animales réduites.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Science of the Total Environment

10:24 Publié dans 1. Prospective | Lien permanent | Tags : système agroalimentaire, régions agricoles, nutriments, cycles, modélisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

04/06/2018

Marchés des objets connectés à destination du grand public : étude prospective

Réalisée dans le cadre du Pipame et diffusée récemment, une étude prospective s'intéresse aux marchés des objets connectés à destination du grand public. La maison (notamment l'électroménager), le bien-être (beauté, sport) et les dispositifs autour des animaux de compagnie (géolocalisation, traqueur connecté) figurent parmi les secteurs les plus concernés identifiés et étudiés. Les auteurs dressent un état du marché français, montrant notamment que l'offre y est globalement similaire, avec le plus souvent un objet, une application et un service de base (pilotage et/ou visualisation des données générées) ; les services avancés (exploitation des données générées, combinaison de plusieurs objets) sont peu développés et adoptés. Ils décrivent en détail chaque segment étudié, s'intéressant notamment à l'offre d'objets connectés et aux éventuels prescripteurs (par exemple les assureurs pour le bien-être). Une comparaison avec le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine montre des similitudes entre les quatre pays. Les auteurs s'intéressent ensuite aux perspectives d'évolution, établissent quatre scénarios de développement des marchés, jouant sur les critères clés que sont la confiance et la fourniture de services. Enfin, ils formulent des recommandations à destination des acteurs publics et privés concernés.

Niveau de connaissance (bleu) et d'équipement (orange) en objets connectés

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Source : Pipame

Source : Direction générale des entreprises

07/05/2018

Colloque sur « l'acceptabilité des élevages par la société » : cartographie des controverses, mobilisations collectives et prospective

Des conditions de vie des bêtes aux impacts de l'élevage sur l'environnement, les filières animales sont au cœur de nombreux débats. Le projet Casdar « Accept », dont le séminaire de clôture a eu lieu début avril, avait pour objectif d'en dresser la carte et d'en identifier les mécanismes, de façon à alimenter les réflexions sur l'avenir de l'élevage. Trois années de travail ont permis d'avancer sur 4 axes, déclinés en 12 études (cf. figure).

Présentation de la structure du projet Accept (intervention de C. Roguet)

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Source : Accept

Le premier volet, mené notamment dans le cadre de la thèse en cours d'E. Delanoue, a confirmé que les débats sur l'élevage prennent une forme particulière, celle de la « controverse ». S'y combinent en effet 1) des incertitudes scientifiques (sur la mesure des impacts environnementaux, la sensibilité des animaux, etc.), 2) une opposition assez tranchée entre deux parties (les « pour », notamment du côté du monde agricole, et les « anti », souvent du côté du monde associatif), et 3) un « public » placé en position d'arbitre (consommateurs-citoyens, industries agroalimentaires et décideurs politiques).

Une méthodologie sophistiquée combinant scientométrie, groupes d'échanges éleveurs-citoyens et sondages d'opinion, a permis de donner corps à une typologie des attitudes à l'égard de l'élevage. Différents profils de consommateurs-citoyens se dégagent : les « abolitionnistes » (qui militent pour la fin de l'élevage, y compris en adoptant une alimentation végane), les « alternatifs » (qui veulent consommer « moins, mais mieux », typiquement des produits bio), les « optimisateurs » (vers qui les démarches de progrès des filières peuvent être orientées), les « compétiteurs » (soucieux des parts de marché de la France) et les « indifférents ». En faisant varier le poids de chacun de ces profils dans la société de 2040, la réflexion prospective envisage divers scénarios d'évolution, d'une France indifférente gagnée par la junk food à la crise du secteur viande, mis à l'index tel un « nouveau tabac ».

Parmi les nombreux apports du projet Accept, signalons enfin la mise au point, par les chambres d'agriculture de Bretagne, d'un outil d'auto-diagnostic à destination des éleveurs, leur permettant de mieux anticiper l'acceptabilité de leurs projets au niveau local, et donc de désamorcer les conflits.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Accept

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03/05/2018

Les impacts financiers du Brexit sur le budget de la PAC

Une étude de Farm Europe parue en avril s'intéresse aux impacts financiers du Brexit sur le budget de la PAC. Les auteurs proposent une estimation des coûts pour les États membres en considérant les scénarios suivants : 1) augmentation des contributions nationales pour maintenir le budget de la PAC ; 2) baisse du budget de la politique agricole visant à compenser 50 % de la perte budgétaire nette consécutive au Brexit ; 3) baisse du budget de la PAC absorbant intégralement cette perte budgétaire. Chacun de ces trois scénarios est décliné en trois variantes, selon des hypothèses d'estimation des pertes nettes budgétaires liées au Brexit (entre 6,6 et à 9,4 milliards d'euros). Sur cette base, le document propose une série de tableaux synthétiques des estimations des implications budgétaires liées à la PAC pour les pays membres de l'Union européenne.

Source : Farm Europe

11:06 Publié dans 1. Prospective, 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : brexit, pac, budget |  Imprimer | | | | |  Facebook