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18/01/2022

Impacts économiques de la peste porcine africaine

La 7e journée d'échanges organisée par l'Institut du porc (Ifip), en décembre 2021, portait sur « la maîtrise sanitaire, facteur clé d'une filière porcine française compétitive ». Les communications ont traité en particulier des risques de restriction des marchés à l’exportation, associés à une crise sanitaire et à la nécessité de préserver la santé animale (biosécurité, bonnes pratiques, réseau d'épidémiosurveillance).

Les premiers résultats d'un exercice de simulation des conséquences d'un foyer de peste porcine africaine (PPA), dans un territoire où l'élevage est très développé (Finistère), ont été présentés. Ces travaux associant chercheurs, fonctionnaires et professionnels traitent 6 thématiques : nettoyage et désinfection du foyer, mouvements des porcs dans la zone réglementée, implications pour les entreprises locales concernées, surveillance vétérinaire et biosécurité, communication et information, conséquences économiques.

Retenons par exemple cette dernière thématique, envisagée sous trois volets. Le premier estime le préjudice pour l'élevage touché (naisseur-engraisseur de 466 truies) : perte de marge lors du vide sanitaire et de la période de reconstitution des stocks (550 à 630 k€) ; surcoût lié au repeuplement estimé à 415 k€ ; opération de nettoyage-désinfection (58 à 294 k€ selon l'intensité de l'opération) ; moindre valorisation bouchère des animaux abattus ; coût des abattages. Le total estimé est proche de 1 million d'euros (figure ci-dessous).

Identification des postes contribuant au préjudice subi par l'élevage touché

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Source : Ifip

Dans le deuxième volet, les pertes pour les élevages soumis à restriction de mouvement d'animaux ont été estimées. Elles sont dues en particulier à la dégradation de la marge liée à l'alourdissement des animaux et à l'euthanasie d'une bande de porcs (ensemble d'animaux du même âge gérés en lot, pour l'engraissement et l'abattage par exemple). Le cas considéré est une zone de forte densité, ayant des élevages (146) de types variés (naisseur-engraisseur, post-sevreur-engraisseur, engraisseur, etc.). À cette échelle, le préjudice total sur l'ensemble des élevages concernés est estimé à 2,77 millions d'euros.

Enfin, le troisième volet envisage les conséquences, en France, de l’apparition d’un cas de PPA pour l'ensemble de la filière, en matière d'exportations. Cela entraîne une chute des exportations vers les pays les plus importants comme la Chine et donc une ré-orientation vers des pays où le porc est vendu moins cher. En découle aussi une baisse du prix du porc et des pièces de découpe sur le marché intérieur. Pour une telle estimation, l'Allemagne peut servir de modèle car les réactions des marchés y sont comparables. Toutefois, en tenant compte des particularités de la filière, les pertes estimées sont moins élevées pour la France (figure ci-dessous).

Estimation des préjudices à l'export subis par les filières porcines allemande (à gauche) et française (à droite) suite à un foyer de PPA

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Source : Ifip

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Ifip

07/07/2020

L'Agence européenne de l'environnement fait le point sur les biodéchets

L'Agence européenne de l'environnement (EEA) a publié, début juin 2020, un état des lieux de la gestion des biodéchets dans l'UE, afin de promouvoir leur valorisation au sein d'une économie circulaire. Il s'agit aussi d'éclairer les modalités par lesquelles l'Union peut atteindre les cibles qu'elle s'est fixées en matière de réduction et de traitement durable des biodéchets (ex. : recycler 65 % des déchets municipaux d'ici à 2035).

Les auteurs soulignent que les biodéchets représentent 34 % des déchets municipaux dans l'UE, dont 60 % issus de l'alimentation et 36 % des espaces verts. Les pertes et gaspillage alimentaires compte pour 88 millions de tonnes chaque année, soit 173 kg/personne, ou encore 20 % de la nourriture produite. Un tel volume a des effets négatifs en termes environnementaux et de consommation, chaque kg de nourriture gaspillée représentant 0,8 à 4,5 kg de CO2 émis, et 3,2 à 6,1 € perdus pour l'acheteur.

Les biodéchets dans une économie circulaire

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Source : Agence européenne de l'environnement

Les auteurs recensent ensuite les possibilités de traitement et de valorisation des biodéchets, au premier rang desquelles le compostage. Celui-ci nécessite un processus qualité pour que le fertilisant qui en est tiré soit pur et utilisable. L'Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni ont par exemple développé des standards de qualité du digestat. Si les données sur le compostage, notamment des particuliers, sont rares, les auteurs estiment que 48 % des Slovènes ont un dispositif domestique dédié. En parallèle, ils mentionnent la digestion anaérobie produisant du biogaz ou du biodiesel, et l'alimentation animale. Cependant, la capacité de traitement des biodéchets varie beaucoup d'un État membre à un autre (de 0 à 356 kg/personne/an).

Enfin, les auteurs identifient des pistes d'actions publiques pour améliorer la prévention et le traitement des biodéchets : normes d'étiquetage responsable (interdire de labelliser « compostable » ou « biodégradable » des produits contenant du plastique, etc.) ; approches politiques combinant des mesures de sensibilisation et d'autres à caractère économique (annulation de la TVA sur les produits alimentaires donnés, etc.) ou réglementaire ; partenariats public-privé ; plates-formes de redistribution de la nourriture.

Hiérarchie des options préférables dans la gestion des biodéchets

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Source : Agence européenne de l'environnement

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Agence européenne de l'environnement

15:20 Publié dans Biomasse/Biocarburants, Environnement | Lien permanent | Tags : biodéchets, pertes, gaspillage, économie circulaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/09/2018

Le BCG estime les pertes et gaspillages alimentaires à 2030

Le Boston Consulting Group a publié en août les résultats d'un travail de modélisation des pertes et gaspillages alimentaires à l'échelle mondiale. Utilisant les données de la FAO, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, les auteurs ont construit un modèle intégrant les pertes et gaspillages en fonction de la région, de l'étape dans la chaîne de valeur, du type de denrée et de l'année. S'appuyant sur des prévisions des volumes alimentaires produits et consommés et de l'intensité des gaspillages, ils estiment que 2,1 milliards de tonnes seront annuellement perdues à l'horizon 2030 (contre 1,6 en 2015), pour une valeur de 1,5 trillion de dollars (contre 1,2 en 2015). Toutes les régions seront concernées, et tout particulièrement l'Asie.

S'intéressant à l'ensemble de la chaîne alimentaire, ils identifient cinq moteurs et estiment, pour chacun, la réduction annuelle potentielle liée à une évolution des pratiques (à technologies et process constants). Au total, la perte de 700 milliards de dollars pourrait être évitée. Par la suite, treize initiatives à la disposition des entreprises sont listées (éducation des agriculteurs, développement de nouveaux accords d'achat, etc.).

Projections des pertes et gaspillages à 2030

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Source : BCG

Source : Boston Consulting Group

09:54 Publié dans 1. Prospective, Alimentation et consommation, Production et marchés | Lien permanent | Tags : pertes, gaspillages |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/06/2017

Les pertes après récolte : la nécessité de structurer le débat

Un article de Food Policy, mis en ligne récemment, présente une revue critique de la littérature sur la question des pertes après récolte (par l'agriculteur ou lors du transport notamment) en Afrique subsaharienne. Un rapport de la FAO estime qu'approximativement 20 % du volume de la production en grains, dans cette région, sont perdus avant d'arriver aux consommateurs. Les auteurs font une recension des méthodologies de quantification des pertes, et dressent un panorama des stratégies mises en place et de leurs impacts. Sur le terrain politique, ces réflexions méthodologiques s'inscrivent dans le cadre des Objectifs de Développement Durable, pour lesquels est fixée une réduction de moitié des pertes et gaspillages alimentaires en 2030.

Les méthodes pour quantifier les pertes après récolte et leur potentiel de réduction sont multiples et vont de la modélisation/simulation macro aux observations directes de terrain, dont les résultats diffèrent de manière importante. D'après les auteurs, au-delà de la mise en place de la méthode la plus idoine, le niveau optimal de pertes est difficilement mesurable à travers le seul prisme du volume, car la perte de qualité nutritionnelle et les considérations financières et institutionnelles sont également à prendre en compte. Ils soulignent que la mesure des pertes après récolte devrait plutôt se fonder sur une approche holistique, afin de relever des défis plus larges à l'échelle de la filière (structuration) et de la population (sécurité alimentaire).

Dans un second temps, les auteurs dressent un panorama des stratégies les plus utilisées et de leurs impacts sur la réduction des pertes en volume. Ils soulignent le problème du manque d'information sur l'impact des pertes sur le revenu, le comportement d'épargne, l'investissement ou encore la participation au marché des agriculteurs : une meilleure connaissance de ces éléments permettrait de mieux fonder ces stratégies. Le document passe enfin en revue les différentes options qui, selon les auteurs, seraient à mettre en place à un niveau national, afin de privilégier les approches intégratives (investissements dans des infrastructures de transport et sanitaires, généralisation des warehouse receipt systems, etc.).

Barthélemy Lanos, Centre d'études et de prospective

Source : Food Policy

09:30 Publié dans Filières agricoles, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : pertes, afrique sub-saharienne, post-récolte |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/06/2016

Pertes et gaspillages : état des lieux et gestion par étapes de la chaîne alimentaire

Réalisée pour le compte de l'ADEME et rendue publique récemment, cette étude avait pour objectifs, pour la France, i) de qualifier et quantifier les pertes et gaspillages alimentaires dans les principales filières et sur l'ensemble des étapes, de la production à la consommation, ii) d'identifier des initiatives et pistes de réduction, et iii) d'améliorer la connaissance et la compréhension des mécanismes générateurs. La figure ci-dessous présente le périmètre retenu :

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Source : ADEME

Les auteurs ont associé plusieurs méthodes de collecte de données : plus de 500 entretiens auprès d'acteurs, mesures des pertes en restauration (collective et commerciale) et chez des artisans de bouche, recueil des pertes et gaspillages par un échantillon de 50 foyers représentatifs de la population française. Ces données ont été croisées, consolidées, et des analyses multicritères conduites, par filière, pour les produits détournés de l'alimentation humaine : pertes en masse, impact carbone, valeur économique théorique. Ce travail a porté sur des produits végétaux (céréales, autres grandes cultures, légumes, fruits) et animaux, ainsi que sur différents secteurs d'activité (production primaire, industries agroalimentaires, distribution, consommation, restauration).

In fine, à partir des nombreux résultats fournis par cette étude, il apparaît que les pertes et gaspillages sont très variables d'un produit à l'autre (de 9 % pour les œufs à 57 % pour les salades), et diffèrent par grandes familles de produits :

Évaluation globale des pertes et gaspillages pour l'alimentation humaine – Toutes filières

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Source : ADEME

Globalement, les pertes et gaspillages représentent, par an, 18 %, soit 10 millions de tonnes, correspondant à une valeur théorique commerciale de 16 milliards d'€, et à un bilan carbone de 15,3 millions de tonnes équivalent carbone (soit 3 % des émissions de la France). Les résultats pour chaque filière sont également intéressants, précisant la part de chaque secteur d'activité.

Enfin, à partir notamment d'un recueil d'initiatives et d'exemples anti-pertes et gaspillages, les auteurs identifient les principaux leviers de réduction mobilisables par types d'acteurs, comme par exemple l'assouplissement des cahiers des charges pour la production. Ils concluent sur la nécessité d'un travail en commun.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : ADEME

15:08 Publié dans Alimentation et consommation, Filières agricoles, IAA | Lien permanent | Tags : ademe, pertes, gaspillage |  Imprimer | | | | |  Facebook