11/09/2019
Insurrections paysannes. De la terre à la rue : usages de la violence au XXe siècle, Édouard Lynch
Ce qu'il y a de bien, avec les historiens, c'est qu'ils travaillent dur, respectent leurs sources et aiment encore écrire de gros livres. La présente publication d'Édouard Lynch, professeur à l’université Lyon 2, répond à tous ces critères, et encore ne s'agit-il là que d'une version condensée de son volumineux mémoire d'habilitation à diriger des thèses (plus de 1 200 pages), achevé en 2012.
En France, les actions collectives paysannes, différentes des autres mobilisations professionnelles, ont donné lieu à de nombreuses études, dont cet ouvrage se démarque à plus d'un titre. D'abord par l'ampleur de la période explorée, allant de 1870 à 1977, cette dernière date étant imposée par la disponibilité des archives. Ensuite, l'auteur s'est essentiellement intéressé aux luttes paysannes violentes : barrages, saccages de bureaux, déversement de purin, destruction de produits, affrontements avec les forces de l'ordre, etc. De plus, loin des habituelles monographies locales, Lynch propose une vue d'ensemble de toute la conflictualité agricole. Pour ce faire, il s'appuie sur des archives administratives centrales, mais au lieu d'utiliser seulement les sources, classiques, du ministère de l'Intérieur, il mobilise aussi celles du ministère de la Justice, en particulier de la direction des affaires criminelles et des grâces, qui réunissent toutes les enquêtes initiées par les parquets et remontées à Paris en vue de décider ou non d'engager des poursuites.
De facture classique, l'ouvrage comporte quatre parties chronologiques. La première (1870-1914) décrit les premières grèves de salariés agricoles puis les grands conflits viticoles qui embrasent le Midi, à la base d'un double processus de nationalisation des contestations et de maîtrise progressive des codes médiatiques. La partie suivante (1920-1940) montre la tendance à la politisation des luttes, sur fond d'agrarisme et de violence maîtrisée. La troisième (1945-1966) dépeint la radicalisation et la diversification des insurrections agricoles (barrages, luttes intersociales, etc.). La dernière période (1967-1977) voit la généralisation des manifestations-destructions, avec des années 1967 et 1974-76 particulièrement explosives, et des pouvoirs publics restant d'une grande mansuétude.
Dans l'épilogue, l'auteur prolonge son analyse jusqu'à aujourd'hui. Il souligne que le recours à l'action directe reste une spécificité du monde agricole, mais que les dernières décennies se caractérisent par une baisse régulière de la violence et de la logique de confrontation, et ce pour plusieurs raisons : chute de la démographie agricole, reconfigurations du métier, affirmation de nouveaux défis environnementaux ou sanitaires, le tout sous l'œil de réseaux sociaux prêts à stigmatiser n'importe quelle brutalité, même minime et involontaire.
Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective
Lien : Éditions Vendémiaire
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La révolution matérielle. Une histoire de la consommation, France XIXe-XXe siècle, Jean-Claude Daumas
500 pages de texte foisonnant et détaillé, suivies de 100 pages touffues de bibliographie et index : voilà bien ce qu'on appelle une « somme », autrement dit un gros ouvrage, dense, impressionnant de maîtrise et d'érudition, faisant le tour complet de son sujet. Dans cette vaste fresque consacrée à deux siècles de consommation en France, l'auteur (professeur émérite des universités) croise plusieurs approches : histoire sociale, étude des représentations et mentalités, histoire économique, monographies d'entreprises, statistiques de revenus, portraits biographiques et familiaux, synthèses à caractère philosophique et critique.
L'ensemble, rigoureusement structuré, comporte cinq parties chronologiques couvrant la période allant de 1840 à aujourd'hui. Chaque partie est constituée de chapitres dédiés à des groupes particuliers (ouvriers, « paysans » puis « agriculteurs », « monde bourgeois » puis « classes supérieures », couches moyennes, cadres, catégories précaires, etc.) ou à des thèmes spécifiques (« rêve américain », « démocratisation inachevée », etc.). À chaque fois, cette consommation est abordée sous divers angles, privilégiant tour à tour les secteurs (alimentation, logement, ameublement, transport, énergie, habillement, santé et hygiène, loisirs, culture, etc.), les produits et services (pain, viande, vin, voiture, vélo, réfrigérateur, machine à laver, radio, télévision, smartphones, vacances, etc.), les circuits (petit commerce, grande distribution, web, logistique, banque, crédit, etc.) et enfin les modalités et styles de consommation (luxueuse ou de survie, de masse ou de niche, libre ou mimétique, traditionnelle ou alternative, etc.). Daumas défend la thèse générale d'une « révolution matérielle » massive et ininterrompue, même si les consommations sont quantitativement et qualitativement variables, et socialement inégales.
Les lecteurs de ce bulletin de veille s'intéresseront d'abord aux cinq chapitres sur les consommations du monde agricole et à la grosse centaine de pages, disséminées dans le livre, concernant le système alimentaire : stratégie des entreprises, budget des familles, denrées, circuits de vente, électroménager, recettes de cuisine, nutrition, etc. Sur tous ces points, ils trouveront une riche compilation de références et résultats inédite en langue française. Mais on peut parier qu'ils n'en resteront pas à ces lectures ciblées, et que le style alerte du livre les poussera à butiner d'autres chapitres... Il leur apparaîtra alors clairement que les différents secteurs de consommation sont interdépendants, et qu'en s'immergeant profondément au cœur des modes de vie, l'histoire de la consommation raconte subtilement l'histoire des Français.
Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective
Lien : Éditions Flammarion
16:28 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : daumas, révolution matérielle, consommation, histoire | Imprimer | |
Une histoire de hamburger-frites, Didier Pourquery
Cet essai alerte, écrit par le journaliste Didier Pourquery, conte d'un humour grinçant l'épopée du hamburger-frites, cette référence mondiale du fast-food. Il n'en propose pas une analyse détaillée mais, comme le titre le suggère, nous livre plutôt son regard personnel et sensible. S'inspirant de l'empilage d'un Big Mac, le récit comporte six tranches de réflexions, tout en restant digeste et plaisant.
La première tranche, faite d'histoire, rappelle les origines puis les grandes dates du hamburger, ses lieux de naissance et de diffusion, ses créateurs et leurs recettes, aux États-Unis comme en France ou ailleurs. La deuxième tranche, de sociologie, décrit les valeurs et les comportements du fast-fooder, qui commande machinalement son burger, puis commence toujours par piquer une frite, avant de manger à pleines mains – régression enfantine – son monticule instable d'ingrédients tièdes et mous. La tranche suivante, de géographie, évoque les lieux de cette consommation rituelle : chaînes internationales installées près des centres commerciaux et des échangeurs routiers, ou restaurants de quartier populaires ou plus chics, voire très chics et chers. Arrive ensuite la tranche nutritionnelle, revenant sur des sujets souvent débattus : qualité et quantité des ingrédients, phénomènes d'addiction, mal-alimentation et surpoids, pathologies associées, et réaction rapide des grandes enseignes, devant l'accumulation de critiques, en supprimant les portions super size au profit de légumes, fruits et eau minérale. L'avant-dernière tranche, d'économie, n'oublie pas qu'un tel succès mobilise dans le monde des centaines de milliers de restaurants, des millions de salariés, des dizaines de milliards de clients annuels (22 rien que pour McDo, dans 118 pays), le tout appuyé sur des organisations très taylorisées du travail. Enfin la sixième tranche, prospective, recense les mutations à l'œuvre ou promises : néo-burgers bio et vegan ; recettes exotiques façon world food ou au contraire adaptées aux gastronomies nationales ; robots cuiseurs-assembleurs-distributeurs ; etc.
Tout n'est pas alimentaire dans l'alimentation : en mangeant le contenu de son assiette, on met aussi en œuvre des valeurs et de la culture, des rites et du simulacre, quelques goûts et beaucoup d'habitudes. À l'instar de Roland Barthes (Mythologies, 1957) qui voyait dans le bifteck-frites l'un des plus beaux mythes de la cuisine française, Didier Pourquery juge que l'hamburger-frites est, pour le meilleur et pour le pire, au cœur des grandes légendes de l'alimentation mondiale contemporaine.
Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective
Lien : éditions Robert Laffont
16:24 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : pourquery, hamburger, fast-food | Imprimer | |
Le charbon produit lors des incendies de forêt réduit leur impact sur le climat
Généralement l'impact des incendies de forêt sur le climat est considéré comme nul au final, la reconstitution ultérieure de la biomasse captant, par photosynthèse, le carbone libéré lors de la combustion. Cette reconstitution peut intervenir relativement rapidement, dans le cas des prairies voire des forêts méditerranéennes, mais prendre plusieurs décennies pour les forêts boréales ou les tourbières. Or, un résultat récemment publié dans Nature Geoscience par une équipe de chercheurs anglais montre que les émissions peuvent être moindres.
En effet, lors des incendies, une part significative de la biomasse ne brûle pas complètement (restant sous forme de charbon) et le carbone n'est pas libéré. Prenant en compte les différents types de feux, les chercheurs ont évalué la proportion de carbone pyrogène à 12 % environ de l'ensemble des émissions liées aux incendies de forêt et à 8 % environ du carbone atmosphérique stocké dans les sols. Ils recommandent donc une prise en compte de ces résultats dans les modèles du cycle du carbone liés aux incendies de forêt.
Quantité annuelle de carbone pyrogène selon les régions (a) et les types d'incendies (b)
Source : Nature Geoscience
Lecture : SAVA : feux de savane, TROF : feux de forêt tropicale non liés à la déforestation, DEFO : feux tropicaux liés à la déforestation, AGRI : feux agricoles, TEMF : feux de forêts tempérées, EXGR : feux de prairies non tropicales, BORF : feux de forêts boréales
Source : Nature Geoscience
16:22 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : incendies, charbon, carbone | Imprimer | |
10/09/2019
Faire science à part. Politiques d'inclusion sociale et agriculture familiale en Argentine, Frédéric Goulet
F. Goulet (Cirad) a mené en Argentine une enquête sur le volet scientifique des politiques d'inclusion sociale en faveur de la petite agriculture familiale. De 2003 à 2015, l'injonction du pouvoir péroniste de développer des savoirs, des agro-équipements et un appareil de conseil tournés vers les besoins spécifiques de ces agriculteurs, s'est trouvée en phase avec la mobilisation d'une fraction d'un monde scientifique et technique décrit comme « fortement politisé ». L'auteur décortique ce processus d'institutionnalisation, à l'interface entre politique et science, qui passe notamment par la création de nouveaux instruments d'objectivation, tel le Centre de Recherche pour la Petite Agriculture Familiale, ou la refonte de dispositif existants (statistique agricole), par des recrutements, mais aussi par un « travail de démarcation » avec les modes de production dominants de la connaissance. En dépit de vives contestations et des pressions du secteur agro-industriel, la redéfinition des frontières entre recherche et développement a permis d'ancrer de nouvelles modalités d'action publique, y compris sur la scène internationale, mais non sans une certaine fragilité. Au-delà de l'Argentine, F. Goulet contribue à une réflexion plus générale sur le « gouvernement des technosciences ». Son livre intéressera les lecteurs soucieux de comprendre les logiques de diffusion de l'innovation en agriculture.
16:19 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : argentine, agriculture familiale, goulet | Imprimer | |
La relativité des stratégies de développement
Un rapport de l'OCDE de juin 2019 aborde, dans une perspective historique, le développement en tant que processus censé améliorer les conditions de vie des populations. Il propose une réflexion sur les stratégies à mettre en place, adaptées aux situations nationales en termes de ressources, de culture et d'institutions, et ce dans un contexte géopolitique et économique mondial changeant plus rapidement que par le passé. Selon les auteurs, l'agriculture, secteur incontournable des pays en développement, devra s'adapter aux nouveaux défis économiques (crises financières, volatilité des cours), socio-démographiques (intensification des processus migratoires) et environnementaux (changement climatique, manque d'eau). Des voies sont explorées pour y parvenir, par exemple l'intensification de l'agriculture vivrière, le recours à l'agriculture de précision, le développement des agro-industries rurales ainsi que le positionnement des villes intermédiaires en tant que marchés pour la production agricole, sources d'emploi non agricole et lieu de consolidation des chaînes de valeur.
Source : OCDE
16:18 Publié dans Développement | Lien permanent | Tags : ocde, développement | Imprimer | |
Rapport du Défenseur des droits sur la cantine scolaire
Mi-juin 2019, le Défenseur des droits a rendu un rapport consacré au droit à la cantine scolaire pour les enfants en école primaire. Six ans après une première publication sur ce même thème, il constate des évolutions sociétales, législatives et jurisprudentielles, révélées notamment par les nombreuses réclamations reçues. Cette restauration scolaire est à la croisée de divers enjeux dépassant la seule fourniture de repas : sociaux, éducatifs, sanitaires, de santé publique, écologiques, politiques, relatifs aux convictions religieuses et philosophiques. La cantine joue un rôle croissant dans la nutrition quotidienne des élèves, notamment par l'augmentation de la fréquentation (environ 7 enfants sur 10) et des situations de pauvreté. Si, depuis janvier 2017, l'inscription est un droit pour les enfants scolarisés dès lors que le service existe, le Défenseur des droits relève des inégalités d'accès, notamment en zones rurales et périurbaines, ainsi que des disparités de tarification. Il s'intéresse également à la composition des repas, au cœur de débats croissants, faisant la part entre prise en charge des troubles de santé (projet d'accueil individualisé) et convictions personnelles. Il fait six recommandations, préconisant par exemple le lancement d'une réflexion sur la généralisation, selon les possibilités locales, d'un repas végétarien de substitution.
Source : Défenseur des droits
16:17 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : défenseur des droits, cantine scolaire, enfants | Imprimer | |
La Chine dépasse désormais les États-Unis dans les dépenses en R&D agricole et alimentaire
Une étude publiée dans la revue Food Policy analyse les tendances en matière de recherche et de développement (R&D) agricoles et alimentaires aux États-Unis et en Chine. Fondée sur de nouvelles séries de données permettant de distinguer plus finement les dépenses proprement dédiées à la R&D (par rapport aux dépenses affectées aux sciences et à la technologie), les auteurs mettent en évidence le rattrapage rapide de la Chine, qui dépasse désormais les États-Unis, en parité de pouvoir d'achat (cf. figure). Ce rattrapage concerne aussi bien les dépenses privées que publiques, ces dernières stagnant aux États-Unis depuis plusieurs années. La part des dépenses privées augmente dans les deux pays, atteignant aujourd'hui les deux tiers des dépenses totales en R&D agricole et alimentaire. Les auteurs développent aussi une réflexion prospective en tendances, fondée sur les trajectoires passées d'autres pays, laquelle suggère selon eux que cette croissance rapide continuera voire s’accélérera dans les années à venir. Si cela se confirme, des implications profondes sont à attendre en termes de performance, de compétitivité et d'usage des ressources naturelles de l'agriculture chinoise.
Dépenses publiques et privées de R&D dans l'agriculture en Chine et aux États-Unis, 1950-2013 (a : total ; b : dépenses publiques ; c : dépenses privées)
Source : Food Policy
Source : Food Policy
16:14 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : r&d, chine, etats-unis | Imprimer | |
09/09/2019
Analyse des impacts des activités humaines sur les océans
Un article d'août 2019, dans Nature Scientific Reports, traite de l'évolution des impacts des activités humaines sur les océans de 2003 à 2013, à l'échelle mondiale. Pour ce faire, des zones d'un kilomètre de côté ont été définies, représentant 21 types d'écosystèmes. Pour chacune, à partir de diverses sources, les mesures de 14 facteurs de pression sur l'environnement (en ordonnées de la figure ci-dessous) ont été agrégées afin d'obtenir une note synthétique annuelle. Ces facteurs appartiennent à 4 catégories : la pêche (6 d'entre eux), le changement climatique (3), le transport maritime (1) et les pollutions d'origine terrestre (4). Les notes synthétiques augmentent sur 59 % de la surface des océans durant la période étudiée. Plus de 90 % de ces hausses découlent de facteurs climatiques. Si les impacts des pratiques de pêche diminuent pour 53 % des pays, ces baisses pourraient être, selon les auteurs, attribuées à des mesures de gestion tout comme au déclin des stocks disponibles.
Impacts des 14 facteurs de pression sur 21 écosystèmes marins, en 2013
Source : Nature Scientific reports
Lecture : en ordonnées, de haut en bas, i) facteurs liés au changement climatique (température de surface en haute mer : sst ; acidification des océans : oa ; montée du niveau des mers : slr) ; ii) transport maritime ; iii) pollutions d'origine terrestre ; iv) facteurs associés à la pêche (pêcheries pélagiques à haut niveau de prises accessoires, pélagiques à bas niveau de prises accessoires, démersales aux pratiques destructives, démersales aux pratiques non destructives et haut niveau de prises accessoires, démersales aux pratiques non destructives et bas niveau de prises accessoires, pêche artisanale).
Source : Nature Scientific reports
16:12 Publié dans Climat, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : océans, écosystèmes, pollutions, pêche, transport | Imprimer | |
Commerce et ruralité. La « renaissance rurale » d'un siècle à l'autre ?, Michaël Pouzenc
Cette recherche universitaire analyse les rapports entre commerce alimentaire et ruralité. Dire que le commerce a disparu de l'espace rural est aujourd'hui un lieu commun. À l'encontre de ce préjugé, l'auteur montre que si la réduction du nombre des petits magasins traditionnels est bien réelle, elle a été compensée par l'installation de supérettes ou supermarchés de la grande distribution. Ils appliquent certes des modèles identiques à tous les territoires qu'ils occupent, mais en veillant aussi à s'adapter aux demandes spécifiques des consommateurs locaux. D'autres formes nouvelles d'installations récentes (boutiques multiservices, vente de plats à emporter ou de produits bios, etc.) participent de cette même vitalité rurale.
En même temps que la ruralité accueille et conditionne certains types de commerce, le commerce façonne de nouveaux rapports à la ruralité. Petits magasins comme grandes enseignes mettent en avant les produits du terroir, les agriculteurs des environs, la consommation citoyenne, etc. De leur côté, les circuits alternatifs de vente directe (AMAP, etc.) amènent les vendeurs et acheteurs à construire ou reconstruire de nouvelles images de la ruralité, faites d'engagements (développement durable, achats équitables) et de nouvelles représentations de la nature.
Au total, les nombreuses études de cas mobilisées dans ce livre montrent que ni le commerce rural ni la ruralité ne déclinent. Ils ne s'excluent pas non plus, alors même que nous vivons dans une société de consommation très urbanisée et à forte mobilité.
16:10 Publié dans Alimentation et consommation, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : commerce, ruralité, pouzenc | Imprimer | |
Les enjeux à venir pour la pharmacie vétérinaire et la santé animale
Lors de l'assemblée générale de juillet 2019 du Syndicat de l'industrie des médicaments vétérinaires (SIMV), plusieurs intervenants ont évoqué les défis des prochaines années en matière de pharmacie vétérinaire, de bien-être et de santé animale. Le contexte est très évolutif avec le règlement communautaire 2019/6 relatif aux médicaments vétérinaires, le Brexit, les crises sanitaires, la problématique de la résistance aux antibiotiques, la tendance sociétale en faveur du bien-être animal, etc. Parmi les sujets évoqués dans ce cadre, les intervenants ont particulièrement insisté sur : l'écotoxicité des résidus médicamenteux (humains et vétérinaires), avec l'adoption récente d'un plan d'action par la Commission européenne (communication de mars 2019) ; la montée en puissance de nouveaux partis (animalistes par exemple) lors des dernières élections européennes, porteurs de thèmes spécifiques (transport animal, abattoirs mobiles, pétition européenne contre l'élevage en cages, etc.) ; les possibles évolutions de la PAC pour mieux tenir compte du maintien de la biodiversité ; etc.
Source : SIMV
16:08 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : pharmacie vétérinaire, bien-être animal, santé animale | Imprimer | |
Tomate, riz, moutarde, banane, Coca-Cola : série d'été « Le monde dans votre assiette » du journal Les Échos
Du 19 au 23 août, Les Échos ont publié cinq articles sur le thème « Le monde dans votre assiette », associant infographies et photographies, avec pour objectif de donner « un instantané des grands enjeux de l'alimentation face à la mondialisation ». Sont tour à tour traités la tomate (focus sur la production destinée à la transformation industrielle), le riz (dépendance africaine par rapport à l'Asie), la moutarde, le Coca-Cola (impact en particulier de la chaîne d'approvisionnement sur la ressource en eau), ainsi que la banane. Des enjeux clés sont ainsi mis en exergue et illustrés. Par exemple, alors que le Canada a longtemps dominé la production mondiale de grains de moutarde, le Népal s'est positionné récemment en tête, illustrant une forte consommation asiatique sous forme d'huile, en particulier de cuisson, malgré les risques sanitaires associés. Dans le cas de la banane, premier fruit mangé au monde, la variété Cavendish est majoritairement produite (51 % en 2017) et représente 96 % des exportations. Si, à partir des années 1950 et en association avec une course aux rendements (de 10,7 t/ha en 1960 à 21,1 en 2015), elle a supplanté la variété Gros Michel, victime de la fusariose, les pays producteurs font actuellement face à diverses menaces, en particulier sanitaires et associées au poids économique élevé des intrants (environ 40 % du coût de production en Équateur, premier exportateur).
Source : Les Échos
16:06 Publié dans Alimentation et consommation, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : les échos, alimentation, mondialisation, tomate, riz, moutarde, banane, coca-cola | Imprimer | |
06/09/2019
Hautes solitudes. Sur les traces des transhumants, Anne Vallaeys
Auteure d'enquêtes et essais remarqués, Anne Vallaeys raconte dans cet ouvrage sa longue marche, depuis Arles jusqu'au Laverq, sur les anciens chemins de la « grande transhumance ». Au fil d'une vingtaine de journées, s'étirant sur près de quatre cents kilomètres, elle livre ses réflexions et émotions, ses belles rencontres ou tristes constats. Elle n'a pas son pareil pour décrire les paysages, la végétation, la faune sauvage ou domestique. On se repose avec elle dans les bourgs-étapes, à la découverte des produits locaux et de l'esprit des lieux.
Cette marche est aussi un prétexte pour décrire le pastoralisme d'hier (et d'aujourd'hui), pour conter la grande légende des transhumants. En suivant la routo qu'empruntaient les brebis pour gagner les alpages, Vallaeys fait revivre les traditions disparues. Telle vallée, tel pont, telle fontaine sont des accroches d'où resurgit le passé, à travers photos, vieux livres et témoignages. Tout reprend alors vie, par bribes : les bergers, le « grand troupeau », le vacarme de sonnailles et de bêlées, l'accueil festif des villages traversés. Il fut interdit, en 1974, de mener les troupeaux à pieds, et c'est maintenant en bétaillères que les brouteuses gagnent les estives...
Lien : Éditions La Table Ronde
16:05 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : vallaeys, transhumance, pastoralisme | Imprimer | |
Un cadre conceptuel d'analyse de l'impact de la robotisation sur l'emploi et le travail agricoles
Déterminer les conséquences de la robotisation sur les emplois et les métiers en agriculture nécessite un cadre d'analyse spécifique, différent de celui utilisé pour l'industrie ou les services. Alors que l'avancée de la robotique vise des tâches plus qualifiées qu'auparavant, l'impact de l'introduction de ces technologies dans les exploitations reste difficile à évaluer.
C'est pourquoi une équipe européenne de chercheurs a travaillé à l'élaboration d'un cadre conceptuel spécifique, en abordant méthodiquement chacun des aspects induits par cette introduction : particularité de l'agriculture au regard des tâches automatisables, arbitrage entre coût du travail et coût de l'automatisation, degré de substitution ou de complémentarité entre robots et humains, adéquation de l'automatisation en fonction du type de tâche, du degré de routine et des contenus cognitifs, différenciation selon le niveau de développement économique du pays.
Impacts de l'automatisation sur les types d'emplois en agriculture
Source : Biosystems Engineering
Pour chaque axe étudié, les auteurs ont établi les conditions, contraintes et relations entre travail et technologie, proposant un cadre procédural pour des évaluations quantitatives des emplois touchés (en nombre et en qualité) par l'adoption de l'automatisation en agriculture.
Source : Biosystems Engineering
16:01 Publié dans Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : automatisation, robotisation, emploi, travail | Imprimer | |
Impacts sur l'agriculture de quatre scénarios politiques pour l'Union européenne à l'horizon 2040
Un article paru dans Land Use Policy en juin 2019 présente les résultats de la modélisation des impacts sur l'agriculture, à l'horizon 2040, de quatre scénarios politiques, développés par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et adaptés par les auteurs au cas européen. Le premier scénario (A1), libéral, prévoit la suppression de la Politique agricole commune (PAC) et la réduction des taxes à l'importation. Ce scénario conduirait à une réduction des petites et moyennes exploitations et, ainsi, à l'abandon de terres agricoles. De ce fait, la production totale serait en recul, malgré une meilleure efficience des structures restantes. Le scénario euro-sceptique (A2), avec maintien de la PAC et activation de mesures de protectionnisme, maximiserait les niveaux de production, au détriment de l'environnement. Le scénario social-démocrate (B1), remplaçant la politique agricole par le paiement de services écosystémiques aux agriculteurs, obtiendrait des résultats proches de ceux du scénario A1 : en effet, il serait marqué notamment par un abandon de prairies (propices à une mosaïque d'habitats, donc à une biodiversité importante), remplacées par des surfaces boisées plus uniformes. Enfin, le scénario localiste (B2), maintenant la PAC et régulant l'utilisation des terres au niveau local, semble le meilleur compromis, avec un haut niveau de production (1 % inférieur à A2) et les performances environnementales les plus élevées. Sa mise en œuvre nécessiterait de cibler des aides sur les zones agricoles marginales, sensibles à l'abandon des terres.
Modélisation des performances environnementales (indice BFFP) et productives des quatre scénarios prospectifs à horizon 2040, par rapport à l'année de référence 2010
Source : Land Use Policy
Lecture : le BFFP agrège les mesures des pressions sur la biodiversité des plantes dans trois systèmes de production (terres arables, prairies et cultures permanentes) ; l'indicateur en abscisse somme les productions pour la consommation humaine, pour l'alimentation animale, de biomasse non alimentaire pour produire de l'énergie, et de résidus de cultures permanentes.
Source : Land use policy
15:58 Publié dans 1. Prospective, 4. Politiques publiques, Climat, Filières agricoles, PAC, Production et marchés, Territoires | Lien permanent | Tags : scénarios, pac, 2040, agriculture | Imprimer | |