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08/11/2019

Peut-on se passer de la grande distribution ?

L'une des séances de La fabrique des aliments, cycle de journées d’études organisé à l’initiative des chercheurs Inra de l’IRISSO, était consacrée, le 17 octobre 2019, aux évolutions de la grande distribution. L’historien J.-C. Daumas a d’abord mis en perspective les discours apparus dès les années 1990 annonçant « la fin des hypermarchés » ou, plus récemment, « l’amazonisation complète du commerce », avec ses travaux sur la consommation de masse (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). Selon lui, l'avenir du commerce alimentaire dépendra notamment de la capacité des distributeurs, qui disposent de réserves financières considérables, à nouer des alliances avec les pure players d’Internet, mais aussi de l’attitude des consommateurs qui, en France, s’enthousiasment pour la livraison… à condition qu’elle soit gratuite. Quatre autres travaux ont ensuite été discutés : ceux du géographe S. Deprez sur les effets territoriaux du commerce connecté (drives d’enseignes et fermiers) ; la recherche en marketing de M. Herbert, I. Robert et F. Saucède, qui ont utilisé des méthodes de prospective pour imaginer comment nous ferons nos courses en 2025 ; la sociologie des négociations entre la grande distribution et ses fournisseurs (S. Billows) ; et, enfin, l’analyse du luxe alimentaire (V. Marcilhac), pour qui l’alliance avec la grande distribution est porteuse d’un risque de banalisation.

Lien : Transhumances

09:34 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : aliments, grande distribution, daumas, internet, drive |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/09/2019

La révolution matérielle. Une histoire de la consommation, France XIXe-XXe siècle, Jean-Claude Daumas

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500 pages de texte foisonnant et détaillé, suivies de 100 pages touffues de bibliographie et index : voilà bien ce qu'on appelle une « somme », autrement dit un gros ouvrage, dense, impressionnant de maîtrise et d'érudition, faisant le tour complet de son sujet. Dans cette vaste fresque consacrée à deux siècles de consommation en France, l'auteur (professeur émérite des universités) croise plusieurs approches : histoire sociale, étude des représentations et mentalités, histoire économique, monographies d'entreprises, statistiques de revenus, portraits biographiques et familiaux, synthèses à caractère philosophique et critique.

L'ensemble, rigoureusement structuré, comporte cinq parties chronologiques couvrant la période allant de 1840 à aujourd'hui. Chaque partie est constituée de chapitres dédiés à des groupes particuliers (ouvriers, « paysans » puis « agriculteurs », « monde bourgeois » puis « classes supérieures », couches moyennes, cadres, catégories précaires, etc.) ou à des thèmes spécifiques (« rêve américain », « démocratisation inachevée », etc.). À chaque fois, cette consommation est abordée sous divers angles, privilégiant tour à tour les secteurs (alimentation, logement, ameublement, transport, énergie, habillement, santé et hygiène, loisirs, culture, etc.), les produits et services (pain, viande, vin, voiture, vélo, réfrigérateur, machine à laver, radio, télévision, smartphones, vacances, etc.), les circuits (petit commerce, grande distribution, web, logistique, banque, crédit, etc.) et enfin les modalités et styles de consommation (luxueuse ou de survie, de masse ou de niche, libre ou mimétique, traditionnelle ou alternative, etc.). Daumas défend la thèse générale d'une « révolution matérielle » massive et ininterrompue, même si les consommations sont quantitativement et qualitativement variables, et socialement inégales.

Les lecteurs de ce bulletin de veille s'intéresseront d'abord aux cinq chapitres sur les consommations du monde agricole et à la grosse centaine de pages, disséminées dans le livre, concernant le système alimentaire : stratégie des entreprises, budget des familles, denrées, circuits de vente, électroménager, recettes de cuisine, nutrition, etc. Sur tous ces points, ils trouveront une riche compilation de références et résultats inédite en langue française. Mais on peut parier qu'ils n'en resteront pas à ces lectures ciblées, et que le style alerte du livre les poussera à butiner d'autres chapitres... Il leur apparaîtra alors clairement que les différents secteurs de consommation sont interdépendants, et qu'en s'immergeant profondément au cœur des modes de vie, l'histoire de la consommation raconte subtilement l'histoire des Français.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Flammarion

16:28 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : daumas, révolution matérielle, consommation, histoire |  Imprimer | | | | |  Facebook