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15/03/2021

L'agriculture australienne face à cinq mégatendances mondiales d'ici à 2040

Le ministère australien de l'agriculture, de l'eau et de l'environnement a publié, en février, un rapport dégageant cinq grandes évolutions (« mégatendances ») de la situation mondiale et leurs implications pour le secteur agroalimentaire du pays d'ici 2040.

Tout d'abord, le fort développement des classes moyennes en Asie (Chine, Inde, Indonésie) augmentera la demande d'une alimentation diversifiée, à forte teneur en protéines, et présentant des garanties vérifiables de qualité (éthique, bien-être animal, qualité sanitaire, protection de l'environnement). L'Australie a des atouts pour bien se positionner sur ces marchés mais elle devra maintenir sa réputation de hautes qualité sanitaire et performance environnementale.

Ensuite, le monde futur se structurera autour de sept pôles (États-Unis, Union européenne, Chine, Brésil, Inde, Indonésie, Brésil), induisant des relations plus complexes, donc incertaines, et une plus grande volatilité des prix. Combiné à la perte de confiance en la science, les administrations, les médias et les entreprises, ce phénomène favorisera des politiques publiques protectionnistes, avec lesquelles les entreprises australiennes devront composer pour exporter.

Niveaux de méfiance envers les institutions

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Source : Edelman trust barometer 2020

Lecture : les pays sur la partie droite, majoritairement occidentaux, affichent un degré de confiance dans les institutions plus faible que la moyenne des 28 pays représentés, et inversement pour les pays sur la partie gauche.

Troisièmement, l'augmentation du progrès technique se poursuivra, et donc aussi celle de la productivité et de l'efficience en matière d'utilisation des ressources. Bien que déjà très performante sur ce point, l'Australie devra maintenir son effort de recherche et développement pour rester compétitive.

Par ailleurs, les événements liés au changement climatique à l’échelle locale comme mondiale s'accentueront, créant des opportunités (rémunération de services écosystémiques, demande croissante d'une alimentation décarbonée) mais aussi des risques (volatilité des prix agricoles).

Enfin, les connexions entre producteurs, distributeurs et consommateurs se renforceront, en raison notamment de l'explosion de la collecte et de l'analyse de données, permettant une gestion optimisée de la production comme une meilleure traçabilité des denrées. Selon les auteurs, le pays devra réinventer son système de data en agriculture pour se maintenir à jour.

Si, dans l'ensemble, les auteurs jugent l'Australie en mesure de faire face à ces évolutions, leurs analyses apportent également des éclairages intéressants pour envisager les trajectoires d'autres pays.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Australian Governement, Department of Agriculture, Water and the Environment

10/03/2021

Alerte de l’ONU sur technologies de pointe et risque de creusement des inégalités

La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a publié un rapport sur le développement des technologies de pointe et le creusement des inégalités, dans le monde, qui pourrait lui être associé. Le rapport couvre entre autres l'intelligence artificielle, la robotique, les biotechnologies et l'édition génétique, le big data, la blockchain, les drones et les nanotechnologies. Les auteurs soulignent les opportunités qu’ils représentent pour différents domaines, en particulier agricoles et alimentaires : smart agriculture, sécurité sanitaire et réduction de la faim dans le monde. Ils appellent à une protection élevée de la propriété intellectuelle et à une forte coopération internationale, pour éviter que ce développement ne se fasse au détriment des économies les moins industrialisées. Celles-ci reposent principalement sur l'agriculture (notamment en Asie et en Afrique) et elles ont des revenus et une capacité d'innovation moindres.

Lien entre changement technologique et creusement des inégalités : évolution du PIB réel par habitant (en dollars américains, 2011) et principales périodes de développement technique

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Source : CNUCED

Lecture : la courbe rouge regroupe les pays d'Europe de l'Ouest, ainsi que les États-Unis, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon. La courbe bleue regroupe l'ensemble des autres pays. ICT : technologies de l'information et de la communication.

Source : Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement

11:09 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : big data, blockchain, inégalités, mondialisation, technologies |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/10/2020

Biomasse. Une histoire de richesse et de puissance, Benoit Daviron

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La question du changement dans le secteur agricole est ancienne. Les réponses qui y ont été apportées ont souvent pris la forme de fresques linéaires, centrées sur l'Europe, où les systèmes agraires se succèdent au gré des découvertes agronomiques et des innovations matérielles, selon des « phases de développement » logiquement enchaînées.

Refusant cette vision téléologique fondée sur le seul progrès technique, Benoit Daviron élargit l'analyse en prêtant beaucoup d'attention aux approvisionnements énergétiques, en particulier ceux tirés de la biomasse (organismes vivants, végétaux comme animaux). La thèse défendue est que l'histoire de l'agriculture doit être lue à travers les rapports entre biomasse, richesse (biens, marchés) et pouvoir (institutions, États). Ce faisant, sa réflexion sur les dynamiques du capitalisme accorde une grande place aux processus de domination, aux rapports de pouvoir et aux conflits. L'agriculture n'est pas seulement là pour nourrir mais, en tant que forme la plus répandue de « colonisation de la nature vivante », pour fournir des ressources d'énergie et de matière vitales au métabolisme des sociétés.

Sa démonstration associe intimement histoire, économie et géographie. Elle suit la destinée des grands pays dominants (« hégémons ») qui ont mobilisé, échangé et consommé cette biomasse, depuis la fin du XVIe siècle jusqu'au début du XXIe siècle. Le récit commence vers 1580, avec l'hégémonie des Provinces-Unies, dont les pratiques commerciales à grande échelle permettent de contrôler la biomasse lointaine. Il se prolonge, au XVIIIe siècle, avec la rivalité entre la France et l'Angleterre pour accaparer la biomasse issue de leurs colonies et plantations. La troisième étape, au XIXe siècle, voit le Royaume-Uni importer cette biomasse de la terre entière pour alimenter ses usines. Vient ensuite, avec les deux guerres mondiales, le temps de l'opposition entre les États-Unis et l'Allemagne : intensification de l'agriculture, recherche de produits de synthèse, etc. Une cinquième configuration se dessine entre l'après-Seconde Guerre mondiale et le début des années 1970 : triomphe du pétrole, généralisation des produits issus de la chimie remplaçant la biomasse non alimentaire, industrialisation de l'agriculture. Enfin, ces quatre dernières décennies, l'hégémonie des États-Unis se maintient du fait de la globalisation accrue des économies, et les échanges de biomasse connaissent une accélération marquée sous l'emprise de la demande asiatique.

Cet ouvrage ambitieux et très documenté atteste d'une pensée forte et originale. Il montre que la captation du vivant a toujours accompagné l'émergence et la prééminence du « pays leader de son temps ». Plusieurs régimes d'utilisation de la biomasse se sont succédés au fil des siècles, accompagnant la puissance hégémonique de sociétés maîtresses de leur économie-monde. À travers cette description des fronts pionniers de la biomasse, Benoit Daviron nous livre une solide histoire politique et économique de l'agriculture, mais aussi une très convaincante histoire de la mondialisation.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

06/05/2020

L'agriculture à l'ère de la mondialisation. Transformations agraires et dynamiques de classe, Henry Bernstein

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Ce livre d'Henry Bernstein, universitaire anglais à la carrière riche et diversifiée, mérite d'être lu pour diverses raisons. D'abord, ses analyses reposent sur les théories et concepts de Marx, auteur instinctivement décrié et qu'on ne lit plus, mais il serait pourtant bien étonnant qu'un penseur qui avait encore pignon sur rue dans les années 1970 n'ait plus rien à nous dire aujourd'hui. En second lieu, Bernstein n'est pas marxiste (tout réduire à Marx), mais marxien (s'en inspirer et en conserver le meilleur), d'où ses prises de distance et ses jugements critiques sur des points majeurs, et ses propositions d'adaptations et reformulations. Troisièmement, sa lecture historique des transformations agraires et de l'insertion de l'agriculture dans la mondialisation est proche, en de nombreux aspects, de travaux non marxiens, preuve d'une convergence des constats au-delà des méthodes et vocabulaires spécifiques. Enfin, la fresque proposée, impressionnante dans ses dimensions géographiques comme chronologiques, est un bel exemple de synthèse claire et didactique.

Lien : Éditions Critiques

09/09/2019

Tomate, riz, moutarde, banane, Coca-Cola : série d'été « Le monde dans votre assiette » du journal Les Échos

Du 19 au 23 août, Les Échos ont publié cinq articles sur le thème « Le monde dans votre assiette », associant infographies et photographies, avec pour objectif de donner « un instantané des grands enjeux de l'alimentation face à la mondialisation ». Sont tour à tour traités la tomate (focus sur la production destinée à la transformation industrielle), le riz (dépendance africaine par rapport à l'Asie), la moutarde, le Coca-Cola (impact en particulier de la chaîne d'approvisionnement sur la ressource en eau), ainsi que la banane. Des enjeux clés sont ainsi mis en exergue et illustrés. Par exemple, alors que le Canada a longtemps dominé la production mondiale de grains de moutarde, le Népal s'est positionné récemment en tête, illustrant une forte consommation asiatique sous forme d'huile, en particulier de cuisson, malgré les risques sanitaires associés. Dans le cas de la banane, premier fruit mangé au monde, la variété Cavendish est majoritairement produite (51 % en 2017) et représente 96 % des exportations. Si, à partir des années 1950 et en association avec une course aux rendements (de 10,7 t/ha en 1960 à 21,1 en 2015), elle a supplanté la variété Gros Michel, victime de la fusariose, les pays producteurs font actuellement face à diverses menaces, en particulier sanitaires et associées au poids économique élevé des intrants (environ 40 % du coût de production en Équateur, premier exportateur).

Source : Les Échos

10/09/2018

La mondialisation des terres agricoles

L'étude The globalisation of farmland, theory and empirical evidence, publiée conjointement par la Banque mondiale et le Fond monétaire international, présente les logiques qui sous-tendent l'acquisition de terres agricoles, dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, par des investisseurs étrangers, notamment des multinationales et des gouvernements. Pour en analyser les facteurs explicatifs, les auteurs ont développé un modèle économique original de commerce international et d'achat de terres à grande échelle. Testé empiriquement à l'aide de la base de données Land Matrix, les résultats suggèrent que « les investissements internationaux en terres agricoles sont dans l'ensemble probablement motivés par des réexportations vers des pays investisseurs plutôt que sur les marchés mondiaux », ce qui, selon les auteurs, contraste avec les modèles classiques en la matière.

Source : Banque mondiale

09:48 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : terres agricoles, mondialisation, banque mondiale, fmi |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/10/2017

Le miel. Enquête sur le nouvel or jaune, François Roche, Béatrice Mathieu

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Que disent les préjugés dominants ? Que les abeilles sont ancestrales, gentilles, sociables, infatigables travailleuses et amies des Hommes. Que l'apiculture est authentique, en symbiose avec la nature, artisanale, locale, et d'autant plus estimable qu'elle pause dorénavant ses ruches en centre-ville. Que le miel est doux, pur, sain, plein de vertus thérapeutiques, surtout s'il sort d'un joli pot acheté sous le soleil d'un petit marché lors des dernières vacances d'été.

Cette vision idyllique, décrite par les auteurs (tous deux journalistes) en début d'ouvrage, s'écroule au fil de leur enquête. Aujourd'hui, la ruche est mondialisée, installée au cœur d'un village planétaire. Le produit « terroir » est devenu une « commodité » agricole qui s'échange sur les marchés internationaux dans des barils en métal de 300 kg. La Chine est devenue le premier producteur (500 000 t, doublement en quinze ans), ce qui lui permet de casser les prix. Suivent l'Union européenne (260 000 t), la Turquie, l'Argentine, l'Ukraine, la Russie, l'Inde, le Mexique, les États-Unis et l'Éthiopie. Le port de Hambourg est un des centres névralgiques de ce négoce. En France, en 2014, le miel est à 73 % distribué par des circuits longs, à commencer par les grandes surfaces (56 %), et sur les 40 000 t consommées, un quart seulement est produit chez nous. Plus étonnant encore, sur les 9 550 t écoulées en vente directe, près de la moitié est constituée de miels importés...

Mais les chiffres réservent d'autres surprises. Ainsi, les exportations de miel asiatique (Chine, Vietnam, Thaïlande, Inde) ont augmenté de 200 % entre 2007 et 2015, avec seulement 13 % de ruches supplémentaires ! À l'échelle mondiale, des contradictions similaires apparaissent, avec 1,9 million de tonnes produites en 2015, à savoir une progression de 60 % en quinze ans, pour un nombre de ruches croissant bien plus lentement.

Comment expliquer ces décalages ? À l'évidence, tous les miels ne sont pas du miel, qu'ils soient édulcorés par incorporation de sucre ou d'eau, chauffés à des températures excessives pour rester liquides, ou élaborés par synthèse de glucose et de fructose avec ajouts de colorants, additifs et pollens. Les auteurs insistent sur la multiplication des circuits commerciaux opaques, sur les nombreuses tromperies sur l'origine et la nature des produits, d'autant plus aisées que la traçabilité est, en la matière, difficile. En 2013, une enquête de la DGCCRF sur 138 miels « premier prix » a montré que 69 seulement étaient conformes à la réglementation. Mais il serait faut de croire que la globalisation des échanges est seule responsable : elle n'a fait qu'étendre et perfectionner des fraudes vieilles comme le monde.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions François Bourin

10:07 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : miel, mondialisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/10/2017

Histoires extraordinaires des matières premières, Alessandro Giraudo

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Il y a au moins deux manières de raconter l'histoire. D'abord en construisant des modèles, en analysant des systèmes globaux, en décrivant les grandes tendances à l’œuvre, indépendamment des singularités vécues. Mais on peut aussi partir des hommes, et décrire leurs manière d'agir et de penser, au plus près des vies et des expériences quotidiennes. Cette deuxième approche inspire ce livre, dû au chef économiste du groupe international Viel Tradition.

En 40 courts chapitres, dédiés chacun à une matière première, il montre qu'en tous lieux et toutes époques a dominé le besoin de contrôler ces ressources essentielles à la survie. Elles sont à l'origine des échanges marchands et des circuits de transport, du développement économique et des bourgeoisies commerciales. Et combien de risques n'a-t-on pas pris, en galère ou sur terre, de petites en grandes découvertes, pour s'octroyer des monopoles d'approvisionnement !

Les produits agricoles et alimentaires occupent une large place dans l'ouvrage : sel, épices, blé, sucre de canne, cacao, maïs, pomme de terre, tabac, thé, café, noix de muscade, goémon, soja, bois, etc. Les épices, seules, ont représenté environ un tiers du commerce mondial pendant de nombreux siècles. Mais cette stabilité est rare. Le plus souvent, les denrées essentielles à une époque cèdent ensuite la place à d'autres, au gré des goûts et des habitudes, des progrès techniques, des déséquilibres économiques, des guerres et des conquêtes.

Si chaque chapitre n'est qu'une petite pièce du grand puzzle de la mondialisation, quelques régularités se dégagent lorsque l'on prend du recul. Premièrement, cette mondialisation est plus précoce qu'on ne le croit habituellement. Deuxièmement, la « malédiction des matières premières », et la corruption qui l'accompagne, sont des constantes historiques. En troisième lieu, l'agriculture n'a jamais été seulement alimentaire, mais toujours multifonctionnelle et pourvoyeuse de biens diversifiés. De plus, les denrées ont toujours été échangées contre des commodités non- alimentaires. Enfin, avant de fournir des produits bons à consommer, de nombreuses espèces végétales ont d'abord été bonnes pour soigner, leurs propriétés pharmacologiques s'affirmant avant leurs qualités gustatives : pour Avicenne, au XIe siècle, le café est un remède ; le tabac est fumé, au XVIe siècle, pour traiter diverses maladies ; la diffusion européenne du sucre, à partir de Bruges et Anvers, puis Venise, se fait auprès de populations qui le considèrent comme un médicament, etc.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions François Bourin

06/09/2017

L'empire de l'or rouge. Enquête mondiale sur la tomate d'industrie, Jean-Baptiste Mallet

Dans un ouvrage argumenté, précis et mené comme un thriller, Jean-Baptiste Mallet expose le résultat de deux années de travail d'enquête de terrain sur la production et le commerce de ce produit de grande consommation qu'est le concentré de tomates. Alternant éléments documentaires sur l'histoire du développement de cette industrie depuis la fin du XIXe siècle, portraits d'entrepreneurs et analyses issues de ses investigations en France, en Italie, en Angleterre, aux États-Unis, en Chine et au Ghana, l'auteur brosse un portrait édifiant d'un produit banal qui se révèle emblématique de la mondialisation des systèmes alimentaires.

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Le premier constat qui émerge est celui des multiples réussites, tant agronomiques qu’industrielles, sous-jacentes au secteur. Soutenue par les progrès de la génétique végétale et des machines-outils, la production mondiale de tomates est passée de 28 millions de tonnes en 1961 à 164 en 2016, dont un quart est transformé pour un marché en croissance de 3 % par an. Parmi les portraits d'entreprises structurantes, on retiendra celui de la Heinz Company. Fondée en 1876 et célèbre pour son tomato ketchup américain et sa HP sauce britannique, elle illustre à elle seule le succès du modèle capitaliste américain. Un autre exemple notable est celui de l'entreprise chinoise Chalkis, dont le capital est détenu par l'Armée populaire de Libération, et qui a contribué en 10 ans à faire de la Chine le premier producteur mondial de concentré.

Le journaliste dépeint également les excès et scandales de cette agro-industrie. Il évoque les fermetures d'entreprises insuffisamment compétitives, car transformant des tomates locales, face à celles utilisant du concentré chinois. En 2015, l'Italie a ainsi importé plus de 200 000 tonnes de concentré qui, réhydraté, salé puis reconditionné, a été revendu comme produit italien en Europe, Afrique et Moyen-Orient. Le rôle de l'agro-mafia italienne dans le contournement des règles douanières, l'existence d'un marché africain de « vieux » concentré chinois impropre à la consommation, ou encore l'ajout courant d'additifs (fibre de soja, amidon ou dextrose) au concentré chinois, sans mention sur les étiquettes, sont amplement documentés. Des conditions de travail dans les champs de tomates du Xinjuiang (Chine) à l'exploitation de la main-d’œuvre immigrée illégale en Italie du sud, c'est au final un portrait de la résurgence d'un sous-prolétariat moderne au service de la mondialisation alimentaire que dresse l'auteur.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Lien : Fayard