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08/07/2019

Intérêts de l'économie comportementale et expérimentale pour évaluer la Politique agricole commune

L'évaluation de la Politique agricole commune (PAC) permet de rendre compte de la manière dont ses mesures et dispositifs sont mis en œuvre. Or, si les instruments de la PAC ont beaucoup évolué depuis sa création, les méthodes utilisées pour l'évaluer ont peu changé jusqu'à présent. Dans ce contexte, la Revue européenne d'économie agricole (ERAE) consacre un numéro spécial à l'utilisation de l'économie comportementale et expérimentale. Porté par le réseau de recherche en économie expérimentale pour l'évaluation de la PAC (REECAP, voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), ce numéro comporte un article introductif et cinq autres présentant chacun une méthode (ex. expérimentation randomisée) et/ou une application pratique de leur utilisation (ex. nudge).

L'approche expérimentale, initialement développée dans le domaine médical pour évaluer l'impact des médicaments, permet d'établir un lien de causalité entre l'action mise en œuvre et le résultat observé. Elle repose sur l'allocation aléatoire de participants entre un groupe de contrôle et un groupe « traité », la politique publique étant appliquée dans ce dernier cas uniquement. Cette approche inclut de nombreuses méthodes complémentaires (cf. figure), allant de l'expérience décontextualisée avec des étudiants (qui, comme le contrôle est maximal, permet de mieux estimer l'effet propre), aux expériences randomisées avec des agriculteurs (dont les résultats sont plus facilement transposables au monde réel). Par exemple, un des articles du numéro présente les résultats d'une expérience visant à étudier l'impact d'un nudge pour promouvoir des pratiques économes en eau dans le sud-ouest de la France. Les facteurs comportementaux influençant l'adoption de pratiques durables sont, quant à eux, développés dans un autre article.

Résumé des différents types d'expérimentation

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Source : European Review of Agricultural Economics – traduction CEP

Les méthodes expérimentales restent jusqu'à présent peu utilisées pour étudier l'impact des politiques agricoles en Europe, du fait de défis méthodologiques et opérationnels : scepticisme des décideurs publics devant les résultats de certaines expériences, accès difficile aux bases de données et aux agriculteurs, coût élevé de mise en œuvre d'une expérience statistiquement pertinente, nécessité de répliquer l'expérience dans des contextes variés. Afin de les surmonter, les auteurs suggèrent un accès aux données facilité ainsi qu'une meilleure communication et une plus forte coopération entre pouvoirs publics et scientifiques.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : European Review of Agricultural Economics

Une analyse des investissements de capitaux financiers dans les firmes de l'agrobusiness

Si les investissements de capitaux financiers dans le secteur agroalimentaire ont fait l'objet de nombreuses recherches, celles-ci se sont surtout focalisées sur les acquisitions de foncier agricole ou la spéculation sur les matières premières. L'entrée d'investisseurs financiers au capital de firmes de l'agrobusiness n'a en revanche été que peu explorée. C'est ce phénomène qu'entend caractériser J. Clapp, dans un article publié dans la Review of international political economy.

L'auteure décrit d'abord les mécanismes de ces investissements, qui se font la plupart du temps via des fonds actions, dans lesquels des épargnants individuels déposent leur argent, les gestionnaires du fond se chargeant de placer les capitaux recueillis dans des firmes cotées en bourse et jugées intéressantes. Entre 2006 et 2017, le nombre de fonds actions dédiés au secteur agricole et alimentaire est passé de 2 à 36 au niveau mondial, pour un montant total de 4,6 milliards de dollars investis en 2017.

Une étude systématique des prises de participation des cinq principaux gestionnaires de fonds au niveau mondial (Blackrock, Vanguard, State Street, Capital Groupe et Fidelity) est ensuite conduite, s'appuyant sur les données de la base Thomson Reuters Eikon, qui recense l'actionnariat des sociétés cotées en bourse. Elle montre que ces derniers détiennent une part conséquente (entre 10 et 30 %) du capital des principales firmes de la chaîne de valeur : fournisseurs d'intrants (Syngenta, Bayer-Monsanto, Dow-Dupont, etc.), équipementiers (Deere & Co.), industries agroalimentaires (Danone, Nestlé, Unilever, etc.). Ces situations d'actionnariat commun à plusieurs entreprises s'observent, plus largement, dans l'ensemble de l'économie, ce qui suscite des débats quant à leurs conséquences sur la concurrence.

Part du capital des principales firmes de l'agroalimentaire détenue par les cinq principaux gestionnaires de fonds, en décembre 2016

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Source : Review of international political economy

L'auteure formule ensuite des hypothèses quant aux impacts de cette situation d'actionnariat commun, dans un secteur agroalimentaire déjà caractérisé par une forte concentration. S'appuyant sur une revue de la littérature, elle considère qu'elle pourrait demain réduire davantage encore la concurrence entre les firmes, ralentir l'innovation et accroître les prix des produits vendus par les entreprises concernées. La forte hausse du prix des semences, observée depuis 2000, est ainsi présentée comme une preuve de cette tendance. Toutefois, ce ne sont que des hypothèses et l'auteure appelle à approfondir les recherches afin de mettre en évidence les éventuels liens de causalité.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Review of international political economy

17:00 Publié dans IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : agrobusiness, capitaux financiers, fonds actions |  Imprimer | | | | |  Facebook

Analyse de 100 innovations de rupture et enjeux pour l'Union européenne

La Commission européenne a publié, en mai 2019, un rapport passant en revue 100 innovations technologiques et sociales de rupture, qui pourraient dans le futur créer de la valeur et répondre aux besoins sociétaux. Après des vagues de sélection successives, les auteurs ont soumis les innovations identifiées à différentes procédures d'évaluation, notamment par la consultation d'experts et l'analyse des publications et brevets associés. Pour chaque item, le degré actuel de maturité, le positionnement de l'Europe et la probabilité d'un usage significatif dans une vingtaine d'années (2038) ont été travaillés.

Ce rapport apporte des éléments intéressants, tant par le panorama riche qu'il donne des innovations clés actuelles, que par l'état des lieux des avancées récentes et des perspectives à plus long terme. Les domaines agricoles et alimentaires sont concernés à plusieurs titres : production agricole automatisée et confinée (indoor), capteurs biodégradables (potentiellement utilisables en traçabilité alimentaire), communication végétale (travaux actuels sur les relations avec les parasites, l'utilisation des plantes comme capteurs ou l'élaboration de robots hybrides), édition et contrôle de l'expression de gènes, ou encore recherches sur le microbiome. Les auteurs ont également identifié l'impression 3D d'aliments, les bioplastiques, la capture et le stockage de carbone, la récupération et le recyclage de nutriments (phosphore par exemple) dans les eaux usées, ou encore la photosynthèse artificielle. Au chapitre des innovations sociales, sont notamment retenus la « quantification personnelle » (quantified self) et les réseaux alimentaires de proximité (systèmes locaux, permaculture, etc.). Par ailleurs, les auteurs détaillent 22 enjeux autour desquels des réseaux mondiaux d'acteurs se structureraient à l'horizon 2038 : solutions énergétiques durables, stockage du carbone, alimentation durable, etc.

Évaluation des innovations selon le degré de maturité actuel, la position européenne et l'utilisation potentielle d'ici 2038

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Source : Commission européenne (extrait CEP)

Ce document revêt un intérêt particulier pour le pilotage des politiques de recherche et d'innovation, comme pour les politiques industrielles et de développement local. Il est ainsi accompagné de recommandations résultant de l'analyse des forces et faiblesses de l'Union européenne pour chaque innovation. 45 sont essentielles, du fait de leur potentiel de développement rapide et un usage projeté comme important d'ici 20 ans : à titre d'exemple, citons les fermes urbaines sur lesquelles le positionnement européen est actuellement jugé faible.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

Variété des cultures et moindre risque de pénuries alimentaires

Selon un article publié dans la revue Nature par des chercheurs de l'université du Minnesota, une plus grande diversité des cultures d'un pays accroîtrait la stabilité des récoltes alimentaires nationales et atténuerait les fortes baisses de rendements. Les auteurs ont testé l’hypothèse dite de l'« effet portefeuille », qui anticipe les conditions dans lesquelles la diversité peut conduire à une plus grande stabilité. Pour cela, ils ont analysé près de 50 années de données (1961-2010) de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), sur les rendements annuels de 176 espèces cultivées dans 91 pays. Leur travail mobilise notamment l'indice de Shannon, relatif à la diversité spécifique, et tient compte d'autres variables : irrigation, fertilisation, précipitations, température, etc. À l'aide d'analyses économétriques permettant des extrapolations à partir des données disponibles, ils mettent en évidence plusieurs résultats.

Les pays où la diversité des cultures est parmi les plus faibles ont une forte probabilité de subir une grave pénurie alimentaire, environ tous les huit ans, alors que cette fréquence est aux alentours de 100 ans pour ceux dont la diversité des cultures est parmi les plus élevées. De plus, une grande variété de cultures rehausserait les rendements nationaux indépendamment des autres variables étudiées. De bonnes capacités d'irrigation auraient des effets stabilisateurs, réduisant le nombre d'années avec pénuries alimentaires graves, à l'inverse de l'instabilité des températures et des précipitations.

Déterminants de la stabilité du rendement calorique national

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Source : Nature

Lecture : les coefficients montrent l'ampleur de l'effet de chaque variable (régression multiple du logarithme) sur la stabilité du rendement national ; en a), régression utilisant la diversité effective des groupes de cultures ; en b), régression utilisant la diversité effective des espèces cultivées. Les astérisques indiquent la significativité de chaque prédicteur : ***P < 0.001 ; NS, non significatif (P > 0,05).

Les résultats suggèrent que les pays peuvent avoir des approvisionnements alimentaires plus stables en augmentant de manière appropriée la diversité des cultures, ce qui permettrait aussi aux agriculteurs de mieux stabiliser leurs revenus. Les chercheurs concluent que cette diversification compléterait les avantages des nouvelles variétés tolérantes à la sécheresse, de l'irrigation accrue, des cultures intercalaires et d'un commerce plus important et plus transparent.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Nature

16:55 Publié dans Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : pénurie alimentaire, variété, cultures |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le développement agricole de la Corée : un modèle pour l'Afrique ?

La Banque africaine de développement (BAD), en partenariat avec The Korea Institute for International Economic Policy et la Hankuk University of Foreign Studies, a sorti un rapport financé par la Korea-Africa Economic Cooperation sur le développement agricole et le processus de consolidation des chaînes de valeur agroalimentaires de la Corée du Sud. Son objectif est de tirer des leçons pour l'Afrique, où 60 % des revenus sont d'origine agricole, où les importations de produits alimentaires progressent, avec des différentiels de productivité et de valeur ajoutée agricoles considérables par rapport aux moyennes mondiales (rendements agricoles inférieurs de moitié).

Valeur ajoutée ($) du processus de transformation du riz

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Source : Banque africaine de développement

La situation de la Corée du Sud des années 1960 était, à certains égards, comparable à celle de l'Afrique d’aujourd’hui : passé colonial, petits agriculteurs peu productifs, infrastructures et ressources financières limitées, croissance démographique rapide. À l'époque, le gouvernement sud-coréen a mis en place une politique agricole volontariste, fondée sur la concertation public-privé et rythmée par des plans quinquennaux visant l'autosuffisance en riz par l'augmentation des rendements (1962, 1967) et l'agro-mécanisation (de 1972 à 1987). Le rapport souligne le rôle clef des institutions dans la croissance des chaînes de valeur agroalimentaires : Rural Development Administration (R&D, conseil, vulgarisation), Nonghyup (fédération de coopératives), mouvement Saemaeul (entraide et coopération), etc. Technologies de l'information et de la communication, développement des marchés locaux et écotourisme ont également contribué à la réussite du modèle sud-coréen.

Commerce de produits agricoles en Afrique, 1961-2013 (millions de $). Importations en vert ; exportations en gris

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Source : Banque africaine de développement

Pour les auteurs, certaines de ces politiques peuvent inspirer les pays africains, notamment par la présence d'acteurs coopératifs solides dans les domaines de la fourniture d'intrants, du financement, de la commercialisation, de la vulgarisation des connaissances scientifiques et des techniques, etc. Parmi ces exemples, citons le Nonghyup, qui fut chargé de l'achat, la distribution et le stockage des engrais et des récoltes, pour le compte du gouvernement coréen, ou encore le Saemaeul, qui incitait à la mobilisation villageoise (y compris les femmes et les jeunes) en faveur de l'agriculture. Les auteurs soulignent enfin l'intérêt des partenariats public-privé comme leviers financiers pour les politiques de développement.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Sources : Banque africaine de développement, Banque africaine de développement

Effets conjoints du changement climatique et du taux de pêche sur la biomasse des océans

Dans un article de juin 2019, 35 chercheurs ont publié les résultats de leur modélisation des impacts du changement climatique et de la pêche sur la biomasse des océans. Quatre scénarios d'émissions de gaz à effet de serre (GES) ont été testés sur la période 1970-2100, avec deux déclinaisons : une première sans prise en compte de l'impact de la pêche, une seconde intégrant aux projections le taux de pêche actuel.

Tous les scénarios d'émissions testés entraîneraient une perte de biomasse dans les océans. Dans le cas d'un prolongement des tendances actuelles, aboutissant à l'augmentation des GES dans l'atmosphère, le déclin moyen des stocks de poissons atteindrait 17,2 % sur la période 2090-2099 par rapport à 1990-1999, sans prise en compte des impacts de la pêche. Dans le scénario de forte atténuation des émissions, le déclin moyen se limiterait à 4,8 %. Les effets seraient d'autant plus importants pour les espèces que leur niveau trophique est élevé.

Derrière ces valeurs moyennes se cachent des disparités régionales. La biomasse croîtrait fortement aux pôles, ce qui pourrait engendrer des conflits pour son exploitation. À l'inverse, elle diminuerait dans les zones tropicales à tempérées, alors que ces régions, de grande importance pour la sécurité alimentaire, sont déjà menacées par les activités humaines. L'impact de la pêche, si elle est maintenue aux taux de capture actuels, serait limité par rapport à celui du changement climatique. La hausse des températures favoriserait la prédation, alors que la pêche réduirait le nombre de gros poissons et de prédateurs : cela aboutirait à une biomasse totale légèrement plus élevée dans le cas des scénarios avec pêche, de l'ordre de 2 à 3 % (voir figure).

Les chercheurs notent que les scénarios sont relativement similaires jusqu'en 2030, horizon fixé par les Nations unies pour l'atteinte par les pays signataires des Objectifs de développement durable. Les scénarios divergent ensuite, à partir du milieu du siècle, d'où l'importance de mettre en œuvre des mesures d'atténuation.

Différences entre les scénarios excluant (en bleu) et incluant (en rouge) la pêche dans la projection des évolutions de la biomasse des océans à horizon 2100

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Source : Proceedings of the National Academy of Sciences

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Proceedings of the National Academy of Sciences

16:47 Publié dans Climat, Environnement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : pêche, biomasse, poissons |  Imprimer | | | | |  Facebook

La compétitivité « coûts » et « hors coûts » du secteur agroalimentaire français

En juin dernier, Rexecode a publié son treizième bilan annuel sur la compétitivité de la France pour l'année 2018. Le rapport analyse son évolution sur les marchés intérieur et extérieur, notamment dans le secteur agroalimentaire, depuis le début des années 2000. Les données proviennent d'Eurostat, de l'Insee et d'une enquête annuelle réalisée par Rexecode auprès de 480 importateurs européens. Cette publication revêt un intérêt particulier car elle nuance certains travaux récents expliquant la baisse des parts de marché de la France essentiellement par celle de sa compétitivité « hors-coûts », et non de sa compétitivité « coûts ».

En premier lieu, les auteurs rappellent que la France perd des parts de marchés de biens et services sur les marchés intérieur et extérieur, avec néanmoins des signes de stabilisation. En effet, à la différence de l’évolution de la part de marché à l'exportation de biens en valeur, qui s’est stabilisée entre 2017 et 2018, la part de marché en volume a légèrement augmenté.

Les auteurs apportent différentes explications à ces évolutions. S'agissant de la compétitivité « coûts », l'analyse montre que, dans le secteur industriel (dont l'agroalimentaire), l'augmentation du coût horaire du travail en France, par rapport à la moyenne de la zone euro, est bien plus prononcée, lorsque l'on se base sur les données des enquêtes sur le coût de la main- d'œuvre et la structure des salaires (Ecmoss) de l'Insee que sur celles de la comptabilité nationale utilisées dans d'autres travaux. Par ailleurs, l'enquête annuelle réalisée par Rexecode analyse en détail, selon différents critères (cf. tableau ci-dessous), la compétitivité « hors coûts » ou « hors prix » de la France, souvent présentée comme un agrégat difficile à mesurer. S'agissant des critères d'ergonomie et de design (ex. packaging), les produits agroalimentaires français se situent bien en-dessous de la moyenne des pays européens enquêtés. En termes de notoriété et de qualité, la France est en revanche bien positionnée, malgré un rapport qualité/prix très défavorable en raison de prix considérés comme trop élevés. Enfin, concernant l'ensemble des critères de compétitivité étudiés, la France se trouve, de manière générale, derrière son principal concurrent allemand.

Classement en 2018 des dix principaux pays fournisseurs de produits agroalimentaires, selon différents critères ; moyenne des réponses des importateurs européens interrogés

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Source : Rexecode

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Rexecode

16:45 Publié dans IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : compétitivité, rexecode, coûts, hors coûts |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les échelles du commerce équitable : du commerce Nord-Sud au local

Un récent article de la revue Cybergeo s'intéresse à la reconfiguration des espaces du commerce équitable qui, selon l'auteure, s'opère depuis une quinzaine d'années dans le monde. Précédemment structuré autour d'échanges entre Nord (l'Europe représentant 60 % de ce marché) et Sud rural (Afrique, Asie, Amérique latine), le commerce équitable se développe aujourd'hui à des échelles plus régionales, voire locales, autour de polarités urbaines du Nord. Cette forme émergente Nord-Nord met en avant la préservation de l'agriculture familiale de proximité, sur fond d'argumentaires environnementaux et de souveraineté alimentaire.

L'article analyse les transformations des pratiques associées à ces nouveaux discours et réseaux d'acteurs, à travers la campagne internationale Fair Trade Towns lancée en 2001. L'auteure l'étudie aussi ses déclinaisons française (« Territoires du commerce équitable » à Lyon, 2009) et belge (« Communes du commerce équitable » à Bruxelles, 2004). Portées par des coordinations nationales d'acteurs historiques du commerce équitable (Oxfam, Ethiquable, Fair trade Max Havelaar, Artisans du Monde, etc.), ces campagnes visaient à redynamiser les ventes et les réseaux, et cherchait à promouvoir plus largement le secteur après des pouvoirs publics.

Cette institutionnalisation du commerce équitable a conduit à l'émergence de territoires urbains labellisés, qui souscrivent aux cinq critères génériques proposés par Fair Trade Towns. En intégrant certaines dimensions du commerce équitable dans leurs projets alimentaires ou leurs Agenda 21 (« achat publics » pour Lyon, « développement économique » pour Bruxelles), les villes deviennent de nouveaux acteurs du secteur : elles en modifient la géographie, les réseaux d'acteurs et les modes de justification. Le commerce équitable se retrouve alors parmi d'autres formes de consommation éthique, donnant davantage d'importance aux dimensions locales, biologiques, durables et de souveraineté alimentaire, par rapport aux aspects traditionnels, insistant plus sur la solidarité internationale et la rémunération des producteurs du Sud.

Inscription du commerce équitable dans les dispositifs territoriaux de développement durable

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Source : Cybergeo, Revue européenne de géographie

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : Cybergeo, Revue européenne de géographie

14:00 Publié dans Alimentation et consommation, Territoires | Lien permanent | Tags : commerce équitable, géographie, fair trade towns |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'identité sociale, moteur déclaré du végétarisme

Un article publié fin mai 2019 dans Appetite analyse les liens entre les raisons conduisant à l'adoption d'un régime végétarien et les comportements sociaux et alimentaires qui en découlent. Complétant certaines des motivations bien connues du végétarisme (défense de la cause animale, écologie, santé, religion), les auteurs insistent sur un cinquième moteur  : l'identité sociale, définie comme « le désir d'un individu de s'identifier à un groupe social, à cause notamment d'une aura positive qu'il attribue au groupe et donc des bénéfices induits pour son estime de soi ».

L'étude se fonde sur un questionnaire en ligne complété par 380 personnes qui se déclarent végétariennes ou vegan (majoritairement des femmes, originaires du monde anglo-saxon). L'analyse mesure la probabilité, en fonction des types de raison qui motivent le régime végétarien, que les individus adoptent une série de comportements spécifiques (liens au groupe social, estime de soi, diffusion des choix, rigidité du régime, etc.).

Cinq motivations du régime végétarien et leurs conséquences sur les comportements individuels

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Source : Appetite

Lecture : les flèches pleines représentent des corrélations positives fortes, les flèches en pointillé des corrélations négatives fortes. Chaque comportement individuel est mesuré par une série de questions dans l'enquête.

- ingroup bias : perception positive du groupe social des végétariens par les enquêtés ;

- outgroup perception : manière dont les enquêtés pensent être perçus par les non-végétariens ;

- vegetarian-based collective self esteem : importance de l'appartenance au groupe « végétarien » dans l'estime de soi des individus ;

- dislike hypocrital vegetarian : rejet par les enquêtés des individus dérogeant aux règles végétariennes ;

- dietary restrictiveness : caractère restrictif déclaré du régime ;

- cheating on restrictions : consommation par les individus, dans certaines situations, d'aliments interdits ;

- disclosure of vegetarian identity to others : expression de son identité végétarienne auprès des autres (amis, collègues, famille etc.) ;

- word-of-mouth evangelizing : efforts pour faire adopter aux autres le régime végétarien.

L'étude montre que le « désir de s'affirmer végétarien » est un moteur en soi de l'adoption d'un tel régime. Néanmoins, ce moteur est le moins conscientisé par les individus.

Les auteurs montrent aussi que le moteur « identité sociale » est lié à une plus forte estime de soi et à une moindre rigueur dans le suivi du régime végétarien, en fonction par exemple du contexte de consommation des produits. Enfin, les auteurs postulent que l'importance de ce moteur se renforce au cours du temps : plutôt faible par rapport aux autres motivations (éthiques, environnementales, santé) au moment de l'adoption du végétarisme, l'identité sociale, notamment par ses liens au collectif, gagnerait en importance une fois le régime bien installé.

Hélène Milet, Centre d'études et de prospective

Sources : Appetite

13:50 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : végétarisme, veganisme |  Imprimer | | | | |  Facebook

Quelle place des légumineuses dans l'alimentation des Français ?

Une étude récente, publiée dans Food Research International par une équipe du Centre des sciences du goût et de l'alimentation (CSGA), et financée par l’institut Carnot Qualiment, s’est intéressée à la place des légumineuses dans l'alimentation des Français non végétariens et aux moyens d'encourager leur consommation. 120 participants de plus de 18 ans, cuisinant régulièrement, ont été invités à composer des plats principaux, en choisissant trois photos d’aliments parmi 20, issus du répertoire culinaire traditionnel français et représentant les quatre catégories principales recommandées dans le Plan national nutrition santé (PNNS) : viandes-poissons-oeufs (VPO), féculents, légumes et légumineuses. Six scénarios fictifs étaient proposés aux participants pour différencier les contextes : repas du quotidien à domicile, restauration collective, restaurant, avec un budget restreint, pour recevoir un ami végétarien ou bien des invités. Les freins à la consommation de protéines végétales ont également été étudiés.

Les résultats montrent que les groupes d'aliments les plus souvent choisis sont ceux de la catégorie VPO : près de 80 % des plats composés par les participants contenaient un produit de cette catégorie, suivis des féculents et des légumes. Seul le scenario végétarien plaçait en premier des choix de photos de légumineuses. Quant aux photos de la catégorie féculents, elles étaient choisies pour composer le plat principal des scénarios « bon marché » (47 % des choix) ou « végétarien » (42 %).

Malgré la baisse de la consommation de viande depuis les années 1980, les aliments d'origine animale conservent une importance centrale dans les pratiques alimentaires françaises, et la place des protéines végétales, telles les légumineuses, est moins visible. Outre la quantification des préférences des mangeurs, pour différents types d'aliments, cette étude décrit les freins à la consommation de ces produits (difficiles à cuisiner, image vieillotte, etc.). Elle met en évidence des leviers pour les promouvoir (qualités nutritionnelles, durabilité, etc.) afin de ré-équilibrer les choix entre protéines animales et végétales.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Food Research International

13:49 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : légumineuses |  Imprimer | | | | |  Facebook

Entendez-vous l'éco (France Culture) fait le point sur l'économie de l'alimentation

Présentée par T. de Rocquigny, l'émission de France Culture Entendez-vous l'éco a diffusé, du 27 au 30 mai 2019, quatre épisodes thématiques sur l'économie de l'alimentation, accessibles en podcasts. Dans le premier, « Quand l'industrie fait son marché », P. Hébel (Crédoc) et C. Harel (magazine LSA) font le point sur l'évolution des modes de consommation alimentaire. Malgré une part dans le budget des ménages qui diminue, l'alimentation est, depuis les années 2000, un sujet de préoccupation majeure pour les Français, avec la montée des thèmes de la santé et de l'écologie. Les crises sanitaires (« vache folle », etc.) ont, selon les invitées, clairement contribué à cette tendance, de sorte que l'inquiétude alimentaire augmente, alors que la sécurité sanitaire s'est beaucoup améliorée : en 1995, 53 % des enquêtés considéraient que « manger comporte un risque important ou très important », contre 74 % aujourd'hui. Face à ces préoccupations, le bio rassure et présente une croissance à deux chiffres, et les produits « sans » (sans colorants, sans pesticides, etc.) s'affirment.

Le second épisode, « Le modèle du supermarché en fin de course ? », réunit L. Lavorata (université de Reims Champagne-Ardenne) et P.-M. Décoret (Groupe Avril), pour analyser les transformations du secteur de la distribution alimentaire. Le modèle classique des supermarchés des « Trente Glorieuses » est en bouleversement : concurrence des discounters (hard, puis soft), des géants du e-commerce, développement du digital, etc. Pour y répondre il s'agira, selon les invités, de ré-enchanter l'acte d'achat mais aussi d'innover, notamment en matière d'optimisation logistique (Amazon est le premier investisseur mondial en R&D devant Google). « Là où l'hypermarché ne fait plus rêver, les magasins phygitaux [le] font », avec une expérience client continue, intégrée, « où que vous soyez, quel que soit le moment ».

Les deux derniers épisodes abordent deux sujets au cœur des enjeux actuels : « Une planète à nourrir », avec B. Parmentier, sur la faim dans le monde, et « Les lobbies et la santé publique » dans l'agroalimentaire, avec A. Thébaud-Mony et B. Pellegrin.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospectives

Source : France Culture

05/07/2019

Les zones grises des relations de travail et d'emploi, Marie-Christine Bureau, Antonella Corsani, Olivier Giraud, Frédéric Rey (dirs.)

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Alors que l'emploi et le travail connaissent d'importants changements, notamment dans le sillage de la digitalisation de l'économie, ce dictionnaire fait un état des lieux des connaissances sociologiques sur les mutations à l’œuvre et les problématiques qu'elles soulèvent. Bien que de portée générale, il comporte de nombreuses références directes à l'agriculture, à la fois en tant que secteur emblématique de certaines situations d'emploi et structurant dans l'histoire du travail, de par son poids dans l'économie jusqu'à la moitié du XXe siècle.

Une entrée thématique est par exemple consacrée aux saisonniers agricoles. Par ses spécificités, le CDD saisonnier, majoritairement utilisé en agriculture, institutionnalise la discontinuité dans la relation d'emploi, tout en autorisant une certaine régularité. Ainsi, certains saisonniers travaillent pour un même employeur, d'année en année. Leurs conditions de vie précaires, doublées d'une faible visibilité sociale et politique, ralentissent leur accès aux droits sociaux. S'adressant à des publics peu qualifiés ou fragilisés, ces types d'emplois favorisent, selon les auteurs, la mise à distance d'un travail qui, autrement, pourrait devenir insoutenable.

Le travailleur agricole, indépendant ou salarié, est également replacé, par divers articles, dans un contexte d'évolutions plus larges : pluriactivité, travail des femmes dans les entreprises familiales, travail indépendant et relation de subordination, contours de la catégorie de travailleur indépendant, etc. Même lorsque l'agriculture n'est abordée que de façon incidente, l'analyse éclaire les dynamiques à l’œuvre dans ce secteur, comme l'illustre l'article sur les « travailleurs indépendants économiquement dépendants » (TIED). Sans être récentes, ces relations d'emplois hybrides, entre salariat et indépendance, sont observées avec plus d'attention depuis les années 2000 (OIT, Commission européenne). Elles interrogent les catégories statistiques, mettent à l'épreuve les juristes et ont débouché, dans certains pays (Allemagne, Espagne, etc.), sur la création d'une nouvelle catégorie de travailleurs, dotée d'un statut spécifique visant à mieux les protéger. En France, une récente publication de l'Insee montre ainsi que le secteur agricole présente la plus forte proportion de TIED : plus de 40 % des agriculteurs se disent fortement dépendants d'un fournisseur ou d'un client, voire, plus rarement, d'un intermédiaire. Plus largement, ces dépendances se traduisent par des contraintes organisationnelles fortes.

Relations de dépendance selon le secteur d'activité

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Source : Insee

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Lien : Editorial Teseo

13:44 Publié dans Agriculteurs, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : dictionnaire, emploi, travail, saisonniers, travailleur agricole |  Imprimer | | | | |  Facebook

La permaculture ou l'art de réhabiter, Laura Centemeri

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Dans ce petit ouvrage tiré de deux conférences-débats organisées fin 2017 à Angers et Avignon, L. Centemeri (CNRS) analyse la permaculture comme « mouvement environnementaliste, circulant à l'échelle transnationale ». Elle en retrace la naissance, dans les années 1970, dans les milieux de l'avant-garde écologiste de Tasmanie. B. Mollison et D. Holmgren proposent alors un changement de perspective sur l'agriculture, insistant sur « la conception d'un écosystème dont il faut appréhender les conditions de pérennisation » et sur « l'objectif d'une vie qui soit le plus autonome possible ».

Sous l'influence de penseurs anarchistes (Kropotkine notamment), la création de sites de démonstration, comme la ferme expérimentale de Mellidora (Victoria, Australie), est d'emblée pensée comme une condition de succès du mouvement. Celui-ci a son langage propre, celui des motifs (patterns) de la nature, qu'on cherche à imiter. La mise en place de cours de permaculture et d'une certification (diplômes sans valeur officielle), facilitent un premier déploiement international dans les années 1980 et 1990. Internet et la convergence avec les altermondialistes permettent une phase de relance dans les années 2000, notamment par une alliance avec les « Villes en transition ». L'ouvrage donne toutefois peu d'informations sur les effectifs concernés.

Se compose ainsi l'image d'un « mouvement mosaïque, éclectique dans ses inspirations intellectuelles et politiques ». L'ouvrage n'élude pas la question des dimensions religieuses voire réactionnaires (avec l'influence du bio-régionalisme), et évoque les relations avec les communautés de collapsologues (qui anticipent l'effondrement de nos sociétés, par exemple sous l'effet du peak oil).

La variété des « philosophies » mobilisées par les permaculteurs conforte l'aspect « nébuleux » de ces mouvements politiques réticulaires, souvent proches de la théorie des communs ou du care. L'auteure souligne ainsi la portée critique de ce « nouvel environnementalisme du quotidien », tourné vers de nouvelles conceptions de la valeur et de la richesse dans nos sociétés.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

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Quels agriculteurs utilisent un smartphone, et pour quoi faire ? Des résultats intéressants d'une enquête allemande

Les résultats d'une enquête sur l'usage de smartphones, menée sur plus de 800 agriculteurs allemands, ont été publiés récemment dans Precision Agriculture. Alors que leur utilisation comme interface en agriculture de précision, dans les pays en développement, font régulièrement l'objet de publications, ce n'est pas le cas dans les pays développés où les infrastructures et les micro-ordinateurs sont largement répandus. Les auteurs ont cherché à vérifier si les critères de recours aux smartphones étaient similaires à ceux déjà repérés pour l'agriculture de précision : type d'exploitation, degré de familiarisation avec les TIC, capital humain, localisation, etc. Au-delà du profil type de l'agriculteur utilisateur, ils ont également déterminé les usages qui en étaient faits.

Si les agriculteurs allemands sont en moyenne moins bien équipés que la population générale (59 % contre 74 %), la moitié des détenteurs utilisent des applications liées à la gestion de leur exploitation. De façon attendue, les plus jeunes et les plus éduqués sont également les plus familiarisés avec ces appareils. La taille de l'exploitation et sa localisation interviennent également, les chefs des grandes exploitations du nord et de l'est de l'Allemagne étant plus enclins à utiliser cette technologie.

Source : Precision Agriculture

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Fermes verticales et agriculture en milieu confiné : solutions techniques et enjeux de déploiement

Le Journal of horticultural science and biotechnology publie une synthèse sur les solutions techniques pour cultiver « verticalement », sur plusieurs étages, et résoudre le problème de l’éclairage des végétaux. Toutefois, les auteurs soulignent le manque de notions précises et de données fiables sur ces systèmes de production, souvent issues de sources commerciales.

Différentes architectures de « fermes verticales »

Fermes-verticales.jpg

Source : Journal of horticultural science and biotechnology

Dans un autre article, paru dans Pour, P. Morel-Chevillet (Inra) s’attache à clarifier les enjeux auxquels ces « cultures en enceinte close » peuvent répondre. Il rappelle les données de base, sur les besoins en lumière des végétaux et les conditions dans lesquelles un système de culture en enceinte close est envisageable, pointant les avancées déterminantes dans le domaine des éclairages LED depuis 2005. Pour lui, au-delà des intérêts fréquemment cités (désaisonnalité, implantation sous toute latitude, réduction des intrants, etc.), les fermes indoor pourraient contribuer à la relocalisation de filières mondialisées (comme la production de jeunes plants horticoles). Mais, pour se déployer, elles devront d’abord réduire leur consommation d’électricité. Enfin, sur cette question du passage de la R&D à l’industrialisation, signalons une étude de l’Ifpri sur le potentiel, dans les pays émergents (ex. Inde), des agricultures sous abri, de précision et verticale.

Sources : Journal of horticultural science and biotechnology, Pour, Ifpri

13:27 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir | Lien permanent | Tags : fermes verticales, agriculture urbaine |  Imprimer | | | | |  Facebook