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15/06/2022

Automatisation dans l’industrie de la viande

La revue Animal Frontiers traite, dans son numéro d'avril 2022, de l'automatisation dans l'industrie de la viande et de ses perspectives dans les prochaines années. Du fait de la complexification des process et de la diminution du nombre des personnes souhaitant travailler dans ce secteur, l'automatisation s'y développe rapidement. C'est en particulier le cas pour la découpe et pour les espèces présentant des variations anatomiques limitées (porc, volaille).

Un premier article rétrospectif présente l'évolution de la robotisation de la découpe depuis quarante ans au Royaume-Uni. Les capacités développées par les travailleurs, sur la chaîne de transformation (perception sensorielle, contrôle de la motricité, prise de décision pour le trait de coupe), doivent petit à petit s'appliquer aux machines. Leur utilisation est motivée par divers objectifs : plus grande sécurité, qualité constante, meilleur rendement, plus grande rapidité, diminution des coûts liés au salaire, au recrutement et à la formation des salariés. En contrepartie, le robot doit effectuer les activités de boucherie aussi bien qu'un humain : maintenir la pièce à couper dans une position appropriée ; éviter tout mouvement pendant le coupage ; déterminer le trait de coupe en fonction de critères anatomiques ; utiliser la technologie adéquate (jet d'eau, laser, lames tranchantes, etc.) ; contrôler la pièce obtenue. Pour cela, un robot « intelligent » est requis (figure ci-dessous).

Conception d'un robot « intelligent » pour la découpe de la viande

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Source : Animal Frontiers

Comme l'explique un autre article, le développement de la robotisation est freiné en filière viande par l'hétérogénéité des formes et de la consistance de la matière carnée, et par les obligations en matière d'hygiène. L'Intelligence artificielle (IA) permet alors au robot de prendre des décisions en fonction des différents paramètres collectés par ses systèmes « sensibles ». Elle augmente ainsi l'efficacité (et l'efficience) de l'automatisation. Cela nécessite un robot doté d'excellentes qualités techniques (ex. caméras), pour alimenter les algorithmes en données précises : software et hardware doivent être améliorés ensemble. Les données du produit peuvent également être traitées pour orienter celui-ci vers une machine ou un type de coupe adaptés. L'IA vérifie alors la qualité du produit final, par exemple en matière de taille ou de poids par rapport aux attentes commerciales.

Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective

Source : Animal Frontiers

10/01/2022

Les nouvelles technologies pourraient contribuer à améliorer les conditions de travail en agriculture

Dans une synthèse récente, l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) fait le point sur l'apport et les risques potentiels des nouvelles technologies en agriculture. L'automatisation et la robotisation contribueraient à la réduction des accidents et des troubles musculo-squelettiques. L'adoption de systèmes intégrés de gestion des exploitations faciliterait l'organisation du travail et permettrait des gains de productivité (et de revenus), ainsi qu'un meilleur équilibre entre vie professionnelle et familiale. Enfin, différents dispositifs pourraient réduire l'exposition aux substances dangereuses et les risques liés aux engins, ou encore optimiser la surveillance sanitaire des cheptels. Mais ces technologies sont aussi susceptibles d'accroître les risques psychosociaux liés à la monotonie, au stress et à l'isolement, sans négliger le potentiel de piratage des systèmes.

L'agence recommande le développement d'une culture de la prévention dans le secteur, y compris dans la conception des systèmes et des machines. Elle alerte sur la nécessité d'élever le niveau de formation des agriculteurs et des salariés pour assurer leur adaptation à ces nouveaux outils.

Source : EU-OSHA

11/02/2020

Impact de l'automatisation sur l'emploi dans le secteur agroalimentaire

En janvier, l'Office français des conjonctures économiques (OFCE) a publié un working paper étudiant l'impact de l'automatisation sur le marché du travail en France, entre 1994 et 2015. Un panel de 16 227 entreprises a été constitué à partir des données appariées employeurs-employés de l'Insee pour l’emploi et l’automatisation, des Douanes pour le commerce, et de l’International Federation of Robots (IFR). Cet article revêt un intérêt particulier dans un contexte où les innovations technologiques dans l’agroalimentaire sont en pleine croissance, en particulier celles en lien avec la foodtech.

En premier lieu, les auteurs décrivent statistiquement les entreprises de leur panel quant à l’automatisation, l’emploi et les ventes totales. Le concept de force motrice (exprimé en tonnes équivalent pétrole) permet de déterminer approximativement leur niveau d’automatisation. Cette variable décrit la consommation d’énergie de tous les appareils continuellement branchés durant le processus de production. Les auteurs ont choisi cette approche de l’automatisation car elle est plus inclusive que celle retenue par l’IFR. L’analyse montre que le secteur agroalimentaire figure parmi les cinq secteurs les plus automatisés sur les 245 étudiés (voir figure). Il représente près de 10 % de la consommation totale d’énergie (« force motrice ») et regroupe plus de 5 % de l’ensemble des robots industriels (« robots IFR »).

L’étude révèle ensuite que l’impact de l’automatisation sur l’emploi a été positif, tous secteurs confondus, y compris pour les travailleurs non qualifiés. L’analyse économétrique permet d’estimer une élasticité de l’emploi par rapport à l’automatisation de 0,28, comparée à une élasticité de - 0,05 pour les prix et de 0,37 pour les ventes. Ces résultats suggèrent que l’automatisation génère des destructions d’emploi mais aussi des gains de productivité, des baisses de prix à la consommation, une hausse de la demande adressée aux entreprises, et donc in fine de l’emploi. Néanmoins, l’effet est significatif uniquement dans les secteurs exposés au commerce international (dont l’agroalimentaire). L’élasticité de la demande par rapport aux prix est moins forte dans les secteurs non exposés (l’offre de produit y étant moins variée), et ne permet pas alors d’accroître l’emploi de manière significative.

Distribution des technologies d'automatisation parmi les cinq secteurs français les plus automatisés

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Source : OFCE

Lecture : Motive Force : force motrice ; IFR Robots : robots selon la définition de l’International Federation of Robots (contrôlés automatiquement, manipulateurs polyvalents reprogrammables, programmables sur trois axes ou plus) ; Payroll : salaires (dont cotisations sur retraite) ; Sales : ventes ; Chemicals : secteur de la chimie ; Rubber : secteur du caoutchouc ; Paper : secteur des pâtes et papiers ; Glass & ceramics : secteur du verre et de la céramique ; Food & beverage : secteur de l’agroalimentaire.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : OFCE

09:36 Publié dans IAA, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : ofce, automatisation, emploi, agroalimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/09/2019

Un cadre conceptuel d'analyse de l'impact de la robotisation sur l'emploi et le travail agricoles

Déterminer les conséquences de la robotisation sur les emplois et les métiers en agriculture nécessite un cadre d'analyse spécifique, différent de celui utilisé pour l'industrie ou les services. Alors que l'avancée de la robotique vise des tâches plus qualifiées qu'auparavant, l'impact de l'introduction de ces technologies dans les exploitations reste difficile à évaluer.

C'est pourquoi une équipe européenne de chercheurs a travaillé à l'élaboration d'un cadre conceptuel spécifique, en abordant méthodiquement chacun des aspects induits par cette introduction : particularité de l'agriculture au regard des tâches automatisables, arbitrage entre coût du travail et coût de l'automatisation, degré de substitution ou de complémentarité entre robots et humains, adéquation de l'automatisation en fonction du type de tâche, du degré de routine et des contenus cognitifs, différenciation selon le niveau de développement économique du pays.

Impacts de l'automatisation sur les types d'emplois en agriculture

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Source : Biosystems Engineering

Pour chaque axe étudié, les auteurs ont établi les conditions, contraintes et relations entre travail et technologie, proposant un cadre procédural pour des évaluations quantitatives des emplois touchés (en nombre et en qualité) par l'adoption de l'automatisation en agriculture.

Source : Biosystems Engineering

16:01 Publié dans Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : automatisation, robotisation, emploi, travail |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/04/2019

Conséquences de l'automatisation et du numérique sur l'emploi en agriculture au Canada

Dans un article publié dans le Journal of Rural Studies, une équipe de chercheurs s'est intéressée aux impacts de l'automatisation sur le travail agricole au Canada, avec un focus particulier sur le cas des travailleurs marginalisés (amérindiens et migrants). Cette analyse s'appuie sur les résultats d'un atelier prospectif, complété d'une revue de littérature et d'études de cas réalisées dans deux régions rurales de l'Ontario.

Les auteurs rappellent d'abord la tendance ancienne au déclin de l'emploi agricole au Canada, du fait de la moto-mécanisation, et l'essor concomitant du salariat. Peu qualifiés et rémunérés, ces emplois salariés ont été surtout pourvus par des amérindiens et des migrants.

Trois conséquences probables de l'innovation technologique, dans les années à venir, sont ensuite identifiées. Dans un premier temps, les auteurs anticipent une forte diminution du nombre d'emplois du fait de l'automatisation. Ils estiment, de plus, qu'une bipolarisation accrue du marché du travail est à attendre : d'un côté, le recours à des équipements toujours plus sophistiqués est susceptible de créer des emplois hautement qualifiés, de l'autre l'automatisation partielle de certains emplois pourrait conduire à leur déqualification. Pour l'illustrer, l'article prend l'exemple de la conduite d'engins agricoles, activité qui nécessitait auparavant des compétences pointues, mais qui sont aujourd'hui devenues largement obsolètes, du fait de la mise au point des systèmes d'auto-conduite. Enfin, la dernière conséquence envisagée est une marginalisation accrue des travailleurs migrants et amérindiens. En effet, ces derniers seront contraints d'augmenter la productivité de leur travail ou d'accepter une rémunération et des conditions dégradées, s'ils veulent conserver leur emploi alors que celui-ci est automatisable.

En conclusion, les auteurs formulent plusieurs recommandations en matière de politiques publiques. Ils proposent ainsi de former les travailleurs marginalisés, afin qu'ils puissent accéder aux emplois plus qualifiés. Toutefois, ils jugent illusoire d'espérer élever le niveau de qualification de tous, et suggèrent donc de redistribuer la richesse créée par l'automatisation, afin que les travailleurs dont les emplois seront détruits en bénéficient malgré tout. Les modalités concrètes d'une telle redistribution ne sont cependant pas évoquées.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Rural Studies

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14/02/2018

Automatisation et numérisation : des conséquences importantes sur l'organisation et le contenu du travail

Après les impacts sur le volume d'emplois (tome 1) et sur les compétences (tome 2), le Conseil d'orientation pour l'emploi vient de publier le dernier volet d'une analyse multidimensionnelle des conséquences de l'automatisation et du numérique, consacré au contenu du travail et à la façon de travailler. Considérant notamment l'agriculture et l'agroalimentaire, cette étude très vaste, qui couvre l'ensemble de l'économie et une grande diversité de situations de travail, débute par un rappel du cadre théorique d'analyse des impacts de l'adoption de nouvelles technologies au sein des entreprises, ainsi que sur leur environnement (théorie des organisations, sociologie et psychologie du travail, économie). La revue de la littérature, mais également les nombreux entretiens et enquêtes menés, confirment que l'évolution actuelle est sans équivalent dans l'histoire industrielle par son ampleur et la profondeur des changements, à tous les stades de la chaîne de valeur. C'est en particulier le cas pour le secteur alimentaire.

Des avancées technologiques qui impactent toute la chaîne de valeur du secteur alimentaire

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Source : Opcalim pour le Conseil d'orientation pour l'emploi

Contrairement aux précédentes « révolutions » industrielles, aucun modèle d'organisation du travail (ancien ou néo-taylorisme, post-taylorismes, fordisme, toyotisme) ne se démarque, de façon privilégiée, comme étant le plus adapté pour accompagner la diffusion et l'adoption des innovations technologiques. C'est pourquoi, selon les auteurs, ce sont des couples évolutions organisationnelles-technologies qui doivent être analysés en parallèle. En effet, au-delà des process, ces innovations modifient nos façons de communiquer, de collaborer ou de coordonner notre travail, tout en changeant le cadre spatio-temporel dans lequel nous exerçons nos activités (télétravail, coworking, messageries, etc.).

Dans une seconde partie, s'appuyant en premier lieu sur une analyse statistique des données sur les conditions de vie au travail (DARES), le rapport s'enrichit d'approches qualitatives éclairant la grande diversité des conséquences (souvent ambivalentes) de l'adoption du numérique, de l'automatisation ou de la robotisation sur l'intensité du travail, sa complexité et son intérêt. C'est le cas avec l'étude menée par l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), auprès d'exploitations laitières du Grand-Est, sur les implications de l'introduction de robots de traite : celle-ci s’accompagne d’une transformation significative du métier d'éleveur, d'une amélioration de la qualité de la vie sans baisse de la charge de travail. Cette dernière se reporte en effet sur des tâches plus cognitives (exploitation des données notamment), accroissant les risques de dépendance aux outils numériques.

La troisième partie du rapport est d'ailleurs consacrée à une analyse fine des opportunités et des risques liés aux changements technologiques, pointant l'importance d'une conduite du changement menée avec les travailleurs concernés pour mieux atteindre les objectifs poursuivis par l'introduction de ces innovations.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d'orientation pour l'emploi

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14/12/2017

Le développement de l'automatisation change la donne de la production industrielle dans le monde

D'après un rapport récent et très riche de la Banque mondiale, l'automatisation croissante des chaînes de production pourrait conduire à une moindre dynamique de développement, dans certains pays dont la croissance dépend fortement de l'emploi industriel. En effet, avec l'introduction des robots, de plus en plus d'industries relocalisent leur production au plus près des consommateurs, dans les pays développés, où elles peuvent s'appuyer sur des personnels qualifiés. Chaque révolution technologique a été à l'origine d'une modification substantielle de l'organisation géographique de la production manufacturière : la robotisation, l'internet des objets et l'impression 3D sont les facteurs actuels de rupture pouvant conduire à une nouvelle répartition des emplois industriels dans le monde. Les secteurs forestier et agroalimentaire sont en particulier concernés.

Partant d'une analyse des tendances récentes de la production industrielle dans le monde (notamment les délocalisations croissantes pour diminuer les coûts de la main-d’œuvre), le rapport rappelle le rôle important joué par les emplois manufacturiers dans le développement de certains pays et régions, tels que la Chine, l'Amérique du Sud et l'Asie du Sud-Est. C'est particulièrement le cas des industries pour lesquelles la proportion d'ouvriers est importante : le bois, le textile, l'ameublement et, dans une moindre mesure, l'agroalimentaire.

Après avoir établi un lien entre dynamisme industriel et développement, et l'avoir caractérisé selon les secteurs, le rapport examine les tendances qui pourraient contribuer au ralentissement de la croissance induite par l'industrie : démographie, migrations, commerce, investissement, concentration des activités, serviciarisation de l'industrie, etc. Une cartographie de l'évolution des avantages comparatifs révélés est ainsi réalisée pour chaque ensemble des secteurs industriels, mettant en évidence les dynamiques récentes à l’œuvre.

Modification des avantages comparatifs révélés entre 1993-1995 et 2012-2014 pour les secteurs de la transformation des matières premières, notamment agroalimentaire, industries du bois et du papier.     En orange les pays ayant perdu des avantages comparatifs ; en vert foncé ceux en ayant gagné

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Source : Banque mondiale

Modification des avantages comparatifs révélés entre 1993-1995 et 2012-2014 pour les secteurs industriels d'exportation, intensif en main-d’œuvre peu qualifiée, notamment textile et ameublement

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Source : Banque mondiale

Les secteurs industriels sont enfin passés au crible d'une accélération future des principales tendances motrices : les conséquences pour leur avantage comparatif révélé sont analysées au regard du triptyque compétitivité / capabilité / connectivité. Certaines situations critiques au regard du développement sont alors identifiées : par exemple, en agroalimentaire, certains pays (par exemple Équateur, Sénégal, Nigéria) pourraient voir leur compétitivité dégradée, conduisant à un renversement de leur avantage comparatif du fait de l'importance croissante des services liés à la production. De manière générale, le rapport met en évidence le fait que les écarts de niveaux de formation entre les pays ont désormais un poids déterminant dans la géographie de la production industrielle, face au développement de l'automatisation.

Le rapport débouche sur une série de préconisations en matière de politiques commerciale, industrielle et éducative. Enfin, il s'interroge sur la faisabilité et la pertinence d'une politique industrielle ciblée sur un secteur ou un objectif (par exemple, limiter les pertes d'emplois non qualifiés) dans le contexte de rupture technologique.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Banque mondiale