13/04/2022
Impacts socio-économiques de la peste porcine africaine aux Philippines
La peste porcine africaine (PPA) est apparue aux Philippines en juillet 2019, occasionnant une baisse de production de 9,8 % au dernier trimestre de la même année. Si les mesures sanitaires ont permis de limiter les conséquences de l'épizootie, leurs impacts sur la vie quotidienne des éleveurs, et plus largement des travailleurs de la filière porcine, ont été moins bien étudiés. Pour y remédier, une évaluation a été mise en place, en coopération avec l'Australie et le Timor oriental. Il était principalement basé sur des groupes de discussion, dans des zones rurales ayant subi la PPA. Il en ressort qu'aux Philippines les petits élevages sont nombreux, certains d'appoint, souvent familiaux, et que la perte d'animaux est économiquement très lourde. En outre, les produits des ventes servent souvent à payer les frais d'éducation des enfants. Enfin, ces petits propriétaires considèrent le porc comme un membre de la famille et son euthanasie provoque un choc émotionnel et des réactions d'hostilité envers le personnel sanitaire.
Source : Frontiers in Veterinary Science
09:51 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international, Production et marchés, Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : philippines, épizootie, peste porcine africaine | Imprimer | |
18/01/2022
Impacts économiques de la peste porcine africaine
La 7e journée d'échanges organisée par l'Institut du porc (Ifip), en décembre 2021, portait sur « la maîtrise sanitaire, facteur clé d'une filière porcine française compétitive ». Les communications ont traité en particulier des risques de restriction des marchés à l’exportation, associés à une crise sanitaire et à la nécessité de préserver la santé animale (biosécurité, bonnes pratiques, réseau d'épidémiosurveillance).
Les premiers résultats d'un exercice de simulation des conséquences d'un foyer de peste porcine africaine (PPA), dans un territoire où l'élevage est très développé (Finistère), ont été présentés. Ces travaux associant chercheurs, fonctionnaires et professionnels traitent 6 thématiques : nettoyage et désinfection du foyer, mouvements des porcs dans la zone réglementée, implications pour les entreprises locales concernées, surveillance vétérinaire et biosécurité, communication et information, conséquences économiques.
Retenons par exemple cette dernière thématique, envisagée sous trois volets. Le premier estime le préjudice pour l'élevage touché (naisseur-engraisseur de 466 truies) : perte de marge lors du vide sanitaire et de la période de reconstitution des stocks (550 à 630 k€) ; surcoût lié au repeuplement estimé à 415 k€ ; opération de nettoyage-désinfection (58 à 294 k€ selon l'intensité de l'opération) ; moindre valorisation bouchère des animaux abattus ; coût des abattages. Le total estimé est proche de 1 million d'euros (figure ci-dessous).
Identification des postes contribuant au préjudice subi par l'élevage touché
Source : Ifip
Dans le deuxième volet, les pertes pour les élevages soumis à restriction de mouvement d'animaux ont été estimées. Elles sont dues en particulier à la dégradation de la marge liée à l'alourdissement des animaux et à l'euthanasie d'une bande de porcs (ensemble d'animaux du même âge gérés en lot, pour l'engraissement et l'abattage par exemple). Le cas considéré est une zone de forte densité, ayant des élevages (146) de types variés (naisseur-engraisseur, post-sevreur-engraisseur, engraisseur, etc.). À cette échelle, le préjudice total sur l'ensemble des élevages concernés est estimé à 2,77 millions d'euros.
Enfin, le troisième volet envisage les conséquences, en France, de l’apparition d’un cas de PPA pour l'ensemble de la filière, en matière d'exportations. Cela entraîne une chute des exportations vers les pays les plus importants comme la Chine et donc une ré-orientation vers des pays où le porc est vendu moins cher. En découle aussi une baisse du prix du porc et des pièces de découpe sur le marché intérieur. Pour une telle estimation, l'Allemagne peut servir de modèle car les réactions des marchés y sont comparables. Toutefois, en tenant compte des particularités de la filière, les pertes estimées sont moins élevées pour la France (figure ci-dessous).
Estimation des préjudices à l'export subis par les filières porcines allemande (à gauche) et française (à droite) suite à un foyer de PPA
Source : Ifip
Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective
Source : Ifip
08:58 Publié dans Exploitations agricoles, Filières agricoles, IAA, Mondialisation et international, Production et marchés, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : peste porcine africaine, simulation, pertes, exploitations, impacts économiques | Imprimer | |
10/03/2021
La peste porcine africaine en Chine et ses conséquences
L’Académie d’agriculture de France et l’Académie vétérinaire de France ont organisé une séance, le 3 février 2021, sur l’épizootie de peste porcine africaine (PPA) en Chine et ses conséquences locales comme mondiales. Après un exposé de Marie-Frédérique Le Potier (Anses) sur cette maladie, son épidémiologie et les moyens de lutte, Jean-Christophe Audonnet (Boehringer-Ingelheim), Jean-Marc Chaumet (Idele) et Boris Duflot (Ifip) ont présenté ses conséquences sanitaires et économiques en Chine et dans le monde.
La Chine reconnaît officiellement l’abattage de 1,2 million de porcs depuis le déclenchement de l’épizootie, en 2018, mais la moitié du cheptel national (soit 250 millions de têtes) serait en fait concernée, autrement dit le quart de l’effectif mondial, selon J.-C. Audonnet. En l’absence de vaccin, la Chine prend des mesures prophylactiques. La création de porcs génétiquement résistants à la PPA semblant illusoire, les autorités publiques prônent le remplacement de multiples abattoirs locaux par des abattoirs industriels de grande capacité. De la même façon, elles privilégient la disparition des petits élevages au profit de « mégafermes » dotées de dispositifs de biosécurité de haut niveau : un ensemble de 22 bâtiments avec 1 800 porcs par étage pourrait ainsi produire 2,1 millions de têtes par an. Selon l’intervenant, les animaux comme les personnels seraient isolés dans ces structures quasi-autonomes, avec des conséquences potentielles sur leur bien-être. Existant déjà pour la volaille, un projet de ferme automatique, où le personnel serait remplacé par des robots et de l’intelligence artificielle, est aussi à l’étude.
Sur le plan économique, J.-M. Chaumet montre que la chute de la production interne de viande porcine a entraîné une augmentation de son prix, qui s’est traduite par une hausse des prix des autres viandes (figure ci-dessous) avec, pour conséquence, une inflation croissante. Le gouvernement chinois, pour en prévenir les conséquences sociales, réalise des importations massives de viande porcine (deuxième figure ci-dessous), creusant ainsi son déficit commercial.
Évolution du prix de la viande en Chine
Source : Abcis
Selon J.-M. Chaumet, la Chine cherche donc à rétablir son autonomie alimentaire en favorisant des élevages sur son sol, quitte à s’affranchir de certaines contraintes environnementales, ou en développant à son profit la production animale à l’étranger.
Importations chinoises de viande en valeur
Source : Abcis
Franck Bourdy, Centre d'études et de prospective
Source : Académie d’agriculture de France
11:23 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Mondialisation et international, Production et marchés, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : elevage, exploitations agricoles, chine, peste porcine africaine | Imprimer | |
06/02/2020
Modélisation de l'infection d'un pays européen par le virus de la peste porcine africaine
Si la peste porcine africaine (PPA) sévit fortement en Chine, l'Union européenne (UE) est également une zone où cette épizootie persiste, avec des risques sanitaires et économiques majeurs. Des chercheurs ont publié récemment, dans Frontiers in Veterinary Science, une proposition de modèle permettant de gérer le risque, en se focalisant sur des zones de petite dimension où les moyens de prévention pourraient être déployés de façon plus efficiente.
Pour cela, ils ont divisé l'UE en carrés de 100 km² et ont calculé pour chaque zone, à partir des données de 2018 (cas de PPA dans les zones voisines, flux de porcs, de sangliers et de produits issus de ces animaux), la probabilité de survenue d'un cas de PPA en 2019. Ils prennent en compte trois modes de contagion possibles : circulation légale de porcs domestiques, mouvements des sangliers, commerce de produits d'origine porcine.
La double originalité de leur démarche est d'associer les trois modes de contagion à petite échelle, la plupart des modèles actuels ne prenant en compte que l'un des trois et à des échelles supérieures (État membre ou région administrative). Sans surprise, les zones les plus à risque se situent en Europe de l'Est et dans les États baltes, en Allemagne, dans le Benelux et le nord de la France. Étonnamment, l'Italie présente un fort risque lié à la commercialisation de viande porcine, en particulier en Sardaigne.
Risques d'émergence d'un cas de PPA dans l'Union européenne en 2019
Source : Frontiers in Veterinary Science
Lecture : la figure A représente le risque d'émergence d'un cas de PPA chez un sanglier, par contagion auprès d'un autre sanglier ou par un produit porcin. La figure B représente le risque d'émergence d'un cas de PPA chez un porc domestique, par contagion lié au transport d'un porc, par contact avec un sanglier ou par commercialisation d'un produit d'origine porcine.
Source : Frontiers in Veterinary Science
09:02 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : modélisation, peste porcine africaine | Imprimer | |