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06/07/2020

Améliorer la durabilité de la pêche par des réformes fiscales : l'exemple des crevettes du Mozambique

Dans un document de travail de mai 2020, l'International Institute for Environment and Development (IIED) propose la mise en place de leviers fiscaux pour améliorer la durabilité de la pêche à la crevette de surface au Mozambique, dont les stocks déclinent. Ce travail repose sur une revue de littérature, une analyse des données existantes et la conduite d'entretiens.

La pêche artisanale a une responsabilité grandissante dans la surexploitation de cette ressource. La hausse du nombre de bateaux motorisés permet aux pêcheurs de s'éloigner des côtes, créant sur ces zones une concurrence avec la pêche semi-industrielle, alors même qu'ils ne sont pas soumis à la même réglementation (ex. arrêt saisonnier de la pêche industrielle). Le manque d'équipements frigorifiques entraîne en outre jusqu'à 25 % de pertes de marchandise, et la pêche sans licence ou avec du matériel illégal est courante. Pourtant, la pêche artisanale est importante pour l'alimentation des populations locales, elle crée de nombreux emplois en aval et donc plus de richesses que les pêches (semi-)industrielles.

Parmi les mesures préconisées, la réduction voire la suppression de l'exonération de taxe sur les carburants, néfaste pour l'environnement et bénéficiant surtout à la pêche industrielle, permettrait de générer des ressources publiques. Celles-ci pourraient financer la diversification des activités locales (et ainsi stopper l'arrivée de nouveaux pêcheurs), ou l'achat de matériel frigorifique permettant de diminuer les pertes de crevettes et donc de revenu. De plus, l'exemption de certains intrants et équipements de la taxe à l'importation (ex.: bateaux) pourrait être réduite afin de développer des filières de production et des emplois locaux.

La pérennisation des activités de pêche dépend avant tout de la préservation des mangroves, habitat naturel des crevettes. L’État gagnerait à les restaurer et les protéger, par exemple en promouvant l'utilisation par les familles d'autres sources d'énergie que le bois.

Capture de crevettes de surface (tonnes), au Mozambique entre 2007 et 2017, par type d'opérateur (vert : industriel ; rouge : semi-industriel ; bleu : artisanal)

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Source : IIED

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : IIED

15:18 Publié dans 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : mozambique, crevettes, fiscalité |  Imprimer | | | | |  Facebook

Rôle de la géographie française dans l'approche territoriale de l'INTA (Argentine)

Un article publié en juin 2020 dans la revue Economía, Sociedad y Territorio aborde la genèse et la consolidation de l'approche territoriale à l'Instituto Nacional de Tecnología Agropecuaria (INTA), en mettant en évidence les apports de la géographie française à partir des années 1960. Créé en 1956 en Argentine (voir à ce sujet un portrait sur ce blog), l'INTA avait comme objectifs la recherche fondamentale et la diffusion des savoirs agricoles, dont le contenu et les orientations évoluèrent depuis, selon les contextes politiques.

À partir des années 1960, des programmes d'échange entre l'université de Bordeaux et la Universidad Nacional de Cuyo ont été développés, avec l'arrivée en Argentine d'enseignants et d'étudiants français : leurs contributions ont nourri la pratique locale de la géographie et laissé leur empreinte à l'INTA, en mettant l'accent sur l'approche territoriale et le développement régional. La coopération se poursuit de nos jours, notamment au sein du laboratoire Agriterris qui réunit des institutions françaises, argentines et brésiliennes.

L'approche territoriale s'est traduite, dans l'action publique argentine, par la mise en place des Proyectos regionales con enfoque territorial (PRET), qui déclinent à l’échelle locale le Plan Estratégico Institucional 2005-2015. Son objectif était d'impliquer davantage les organismes publics de recherche dans la prise en compte des problématiques socio-économiques et spatiales des territoires. Les stations expérimentales couvrant l'ensemble du pays ont permis la prise en compte des réalités régionales à partir des années 2000.

La mise en place des 122 PRET a entraîné une redistribution des rôles et une réallocation des ressources entre les deux piliers de l'institut que sont la recherche fondamentale et la vulgarisation des résultats. Celle-ci y est devenue de plus en plus centrale, en dépit du scepticisme des acteurs de la recherche fondamentale quant aux caractéristiques et finalités des PRET. En effet, selon l'auteur, ils favorisent la transmission des connaissances produites par les centres régionaux vers les systèmes productifs, contrastant avec l'orientation traditionnelle de l'INTA centrée sur les filières. Ces évolutions ont pu conduire à des conflits quant au choix des sujets de recherche au sein de l'institution.

Répartition géographique des centres régionaux de l'INTA en charge des PRET

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Source : INTA

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Economía, Sociedad y Territorio

15:14 Publié dans Développement, Enseignement et recherche, Territoires | Lien permanent | Tags : géographie, argentine, inta |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le développement de filières locales est-il le gage d'une écologisation des pratiques agricoles ?

La relocalisation des systèmes alimentaires contribue-t-elle à l’écologisation des pratiques agricoles ? Pour répondre à cette question, les auteurs d’un article publié en mai 2020, dans la revue Développement durable et territoires, adaptent les cadres d'analyse communément mobilisés pour étudier des démarches agro-écologiques en circuit court, faites de relations entre producteurs, intermédiaires et consommateurs (cf. tableau). L'article compare ainsi l'émergence de deux filières en région Auvergne - Rhône-Alpes :

- la filière du steak haché surgelé « 100 % charolais du Roannais », portée par Roanne agglomération et un groupe d'éleveurs de bovins charolais à l'herbe, associant 17 producteurs et 16 enseignes de distribution, pour 6,5 tonnes de viande en 2017 ;

- une filière de soja en Isère et dans les deux Savoies, mise en place par une coopérative agricole, qui propose un tourteau de soja non OGM aux producteurs de fromages savoyards sous signe de qualité (60 éleveurs engagés, 500 ha de soja soit 1 500 t/an en 2017).

Grille d'analyse du développement de filières productives locales (en grisé, critères agro-écologiques)

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Source : Développement durable et territoires

L’analyse établit que, dans un premier temps, la relocalisation des systèmes alimentaires valorise plus les pratiques agricoles existantes considérées comme écologiques qu'elle n'induit une véritable remise en question des pratiques conventionnelles. Dans l'ensemble, ces démarches de transition socio-économique des systèmes alimentaires n'intègrent pas le consommateur dans leur gouvernance. Le tourteau de soja non OGM, issu d'une trituration mécanique, questionne les pratiques des producteurs (préservation de la qualité du sol, fertilisation, rotations) mais également des polyculteurs-éleveurs qui l'utilisent pour l’alimentation de leurs troupeaux. Quant à la gouvernance multi-partenariale de la filière steak haché « 100 % charolais du Roannais », qui associe acteurs des filières et des territoires, elle est considérée par les auteurs comme le prototype d'une gouvernance adaptative, ouverte à la controverse sur l'écologisation des pratiques d'élevage, ce qui consolide sur le temps long les processus d'apprentissage.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : Développement durable et territoires

Manger en ville. Regards socio-anthropologiques d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie, Audrey Soula, Chelsie Yount-André, Olivier Lepiller, Nicolas Bricas (dir.)

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Faisant suite au colloque « Manger en ville » organisé à Paris en décembre 2017, cet ouvrage réunit les regards socio-anthropologiques portés par des chercheurs d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie sur les mangeurs urbains. Alors que la question alimentaire est souvent abordée sous les angles de la consommation ou de la nutrition, le grand intérêt de ce livre est de se placer au niveau des individus, de leurs pratiques et de leurs représentations, d'autant plus que, comme le rappelle J.-P. Hassoun dans sa préface, « la ville est porteuse d'injonctions sociales entremêlées, souvent contradictoires ou paradoxales ».

À partir de terrains variés, les trois parties traitent des prescriptions normatives, de la rencontre entre alimentation et paysages urbains, et de l'invention de nouvelles pratiques culinaires. Par exemple, S. Kapadia interroge les notions de confiance et de défiance à Baroda (État du Gudjarat, Inde), à partir de la consommation hors domicile d'étudiants et de la popularité non démentie des « nouilles Maggi » depuis trois décennies, et ce malgré une crise sanitaire récente. De son côté, L. Martinez-Lomelí analyse les tensions entre injonctions sanitaires et patrimoniales à Mexico et Guagalajara (Mexique). Enfin, Y. Berton-Ofouémé présente les transformations de la cuisine urbaine à Brazzaville (République du Congo), du début des années 1990 à 2018, entre invention de nouveaux mets par les citadins (salades de crudités, peau de porc grillée) et diversification de la cuisine de rue. Si tous les continents y sont dorénavant représentés, la restauration hors domicile revêt des significations différentes selon les catégories socio-professionnelles. Dans un contexte de difficultés économiques, elle permet en particulier une alimentation à moindre coût et la création d'activités.

En conclusion, les coordonnateurs de cet ouvrage soulignent que ces analyses permettent de « questionner le regard habituellement porté, le plus souvent depuis le Nord, sur l'alimentation dans les villes du Sud ». Ces contributions échappent aux regards souvent « catastrophistes » ou « dénonciateurs » et documentent non pas des mouvements d'« uniformisation », de « convergence » ou de « transition », mais une grande diversité de situations et de trajectoires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

03/07/2020

Trop peu de recherches sur les liens entre forêt, déforestation et maladies émergentes

Une analyse bibliométrique menée par une équipe de chercheurs français, publiée en mai 2020 dans la revue Environmental Research Letters, montre que les interactions entre la forêt, la déforestation et les maladies infectieuses émergentes sont peu documentées. En recherchant ces trois termes, dans le titre ou le résumé des articles publiés, les auteurs n'en ont trouvé que 565 entre 1953 et 2018. Qui plus est, la plupart se limitent à l'étude d'une partie de la chaîne de transmission des maladies, traitant seulement de la maladie de Lyme et des leishmanioses cutanées, ou considérant uniquement le continent américain. Seuls 165 articles envisagent réellement ces interactions et permettent d'éclairer, par exemple, les origines de la pandémie de Covid 19.

Les auteurs concluent sur l'importance de développer des recherches sur cette thématique, en privilégiant une échelle globale et une approche systémique, de façon à mieux comprendre et prévenir les dynamiques à l’œuvre.

Illustrations schématiques de maladies infectieuses ayant une origine forestière dans des situations de déforestation et d'augmentation des interactions entre l'homme et le milieu naturel

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Source : Environmental Research Letters

Lecture : à gauche, les ronds colorés illustrent la distribution de quatre maladies émergentes naturellement présentes dans ce type d'écosystèmes forestiers, le virus Nipah (en rouge), la bactérie responsable de l'ulcère de Buruli (en vert), les virus d'immunodéficience simienne (VIS) et humaine (VIH) (en jaune), la malaria (en bleu). À droite, les schémas montrent comment la déforestation liée au développement de l'agriculture, à l'installation des hommes et à la consommation de viande d'animaux sauvages modifie les équilibres et augmente le risque d'exposition des humains à ces maladies.

Source : Environmental Research Letters

15:06 Publié dans Forêts Bois, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : forêts, maladies émergentes, déforestation |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une cartographie des services écosystémiques forestiers en Europe

Couvrant près de 40 % du territoire de l'Union européenne (UE), la forêt fournit de nombreux services écosystémiques qui sont cartographiés dans un article publié dans la revue Land Use Policy. Leur étude met notamment en évidence des disparités importantes entre les espaces forestiers de l'UE. Ainsi, les forêts du sud de l'Union, de l'ouest français et de l'Angleterre ont une vocation majoritairement récréative. Celles des régions de montagne fournissent essentiellement des services écosystémiques associés à la production de biomasse et à la régulation du cycle de l'eau. Quant aux espaces boisés des zones les plus septentrionales, ils remplissent des fonctions de stockage du carbone. Enfin, les forêts des régions du pourtour de la mer Baltique présentent un profil équilibré, témoignant de leur caractère multi-fonctionnel.

Services écosystémiques forestiers prédominants par région NUTS 3

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Source : Land Use Policy

Source : Land Use Policy

15:06 Publié dans Environnement, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : forêts, services écosystémiques |  Imprimer | | | | |  Facebook

Des pistes pour améliorer la résilience du système alimentaire britannique

En réponse à une saisine du gouvernement en 2019, et en écho à la pandémie de Covid-19, le Parlement britannique a publié une note qui rappelle la nécessité de garantir la résilience du système alimentaire national et propose quelques pistes pour atteindre cet objectif. Parmi celles-ci, les auteurs mettent en avant la combinaison d'approches variées (ex. : production locale et commerce international), le fait de reposer moins sur les chaînes Just-in-time que sur des produits pouvant être stockés, et l'amélioration des infrastructures locales et régionales (ex. : privilégier de nombreux petits abattoirs locaux plutôt que quelques super-structures). Réduire les émissions de gaz à effet de serre en développant l'économie circulaire et la lutte contre le gaspillage, promouvoir la transparence des chaînes alimentaires, leurs externalités sociales et une alimentation plus saine figurent aussi parmi les préconisations. Selon les auteurs, un organisme public indépendant, capable de développer une vision globale du sujet, pourrait être chargé de les mettre en œuvre.

Source : UK Parliament Post

15:05 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : royaume-uni, résilience, système alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

Bénéfices et obstacles pour l'agriculture familiale au sein d'un programme brésilien d'acquisition d'aliments

Un article du dernier numéro de la revue Mundo Agrario analyse l'insertion de l'agriculture familiale au sein du Programa de Aquisição de Alimentos (PAA) mis en place au Brésil en 2003. Ce plan, en favorisant les agriculteurs familiaux, marque une rupture avec les politiques agricoles qui privilégiaient jusqu’alors l'agriculture intensive d'exportation. Les auteurs soulignent les effets positifs du PAA pour les petits producteurs : de nouveaux marchés, des possibilités de diversification, des revenus prévisibles (par l'achat assuré de la production), le renforcement des organisations locales. Parmi les obstacles, le faible niveau de scolarisation des agriculteurs empêche souvent la compréhension des démarches administratives pour accéder au PAA, difficulté redoublée, selon les auteurs, par une lenteur bureaucratique qui affecte la livraison des produits ainsi que les paiements destinés aux producteurs.

Source : Mundo Agrario

Une taxe carbone sur l'alimentation augmenterait les inégalités nutritionnelles et économiques

Un article de la revue INRAE Sciences sociales résume les travaux récents d'une équipe de chercheuses sur l'impact potentiel d'une taxe carbone alimentaire sur l'environnement, la nutrition et les revenus des ménages français. Les auteures ont travaillé sur quatre scénarios de taxation des émissions de gaz à effet de serre (GES) associées à l'alimentation à domicile (figure ci-dessous). Toutes les options envisagées permettent une réduction de celles-ci mais la taxe proportionnelle aux émissions est la plus efficace. Tous les régimes de taxes analysés permettent également une amélioration de la qualité nutritionnelle moyenne des régimes alimentaires. Cependant, en augmentant la part du revenu des ménages consacrée à l'alimentation, en particulier pour les plus pauvres, ces régimes accentuent les inégalités nutritionnelles et économiques entre les foyers. Selon les auteures, de telles politiques publiques doivent donc être accompagnées de mesures ciblant les ménages défavorisés (fiscalité du travail, allocation de revenu, coupons, etc.).

Impacts des scénarios de taxation de l'alimentation à domicile sur les émissions de GES, la qualité nutritionnelle des régimes alimentaires et les budgets des ménages

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Source : INRAE Sciences sociales

Lecture : baseline : scénario de référence, sans taxation ; scénario TAX_ALL : taxe chaque groupe alimentaire proportionnellement à son niveau d'émissions ; scénario TAX_ANI : cible les quatre catégories de produits d'origine animale les plus émettrices ; scénario TAX_SUB : redistribue les revenus générés par la taxe sous la forme de subventions aux achats de protéines végétales.

M, D1 et D9 : respectivement moyenne, premiers et derniers déciles de revenu. ΔD : variation en points de pourcentage. MAR (Mean Adequacy Ratio) : mesure de l'adéquation des scénarios aux recommandations nutritionnelles.

Source : INRAE Sciences sociales

Ghana, Tanzanie, Zimbabwe : emploi et représentations de l’avenir des jeunes ruraux

Un article publié en mai 2020 dans le Journal of rural studies étudie l’entrée des jeunes dans la vie professionnelle, dans des régions rurales de l’Afrique subsaharienne qui connaissent toutes un essor des activités de transformation, de transport et de commercialisation des productions agricoles. L’étude qualitative de T. Yeboah et ses collègues auprès de 117 jeunes montre que ces territoires leur offrent un éventail d’opportunités : ils trouvent des emplois rémunérés ou s'installent à leur compte en agriculture, dans la transformation alimentaire ou les services. Le sexe, le diplôme et une parentèle favorisant l’accès aux facteurs de production différencient les trajectoires. De plus, selon les auteurs, l’absence de titre de propriété foncière ne constitue pas un obstacle majeur à l’activité agricole, alors que la protection des individus contre les risques de tous ordres est, elle, un enjeu majeur de la sécurisation des parcours. Questionnés sur leur représentation de l’avenir, les individus mentionnent moins la migration que l’extension de leur activité.

Les types et contenus de l’activité professionnelle selon les pays

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Source : Journal of rural studies

Source : Journal of rural studies

15:03 Publié dans Mondialisation et international, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : ghana, zimbabwe, tanzanie, jeunes, rural |  Imprimer | | | | |  Facebook

Reconnecter production végétale et animale pour la gestion de l'azote en France : les résultats du modèle bioéconomique SYNERGY

La spécialisation agricole a conduit à une déconnexion entre productions végétale et animale, avec des impacts en matière de bilan et de répartition des stocks et flux d'azote, sources de pollution des écosystèmes. À la recherche des possibilités d'une reconnexion et d'un rebouclage des cycles, une équipe de chercheurs d'INRAE a étudié deux solutions : i) l'augmentation des surfaces en légumineuses, pour réduire le besoin en azote minéral et contribuer à la production de protéines pour l'alimentation animale ; ii) les échanges locaux de produits végétaux et d'engrais organique (fumier, lisier) entre exploitations agricoles. Ces deux solutions ont été analysées à l'aide d'un modèle bioéconomique régional (SYNERGY), intégrant les dimensions économique et environnementale, et appliqué à l'Ouest de la France. Les résultats mettent au jour les limites significatives de ces solutions de rebouclage : dans le cas d'une augmentation de 10 % des surfaces en légumineuses, seulement 25 % d’entre elles serviraient à l'alimentation du bétail, car leur écoulement en tant que produits finaux est plus rentable. Les échanges d'engrais organiques tendraient à provoquer un rebond de la production animale, qui ferait plus que compenser l'économie d'engrais minéraux initialement permise.

Échanges d'engrais organique entre exploitations agricoles par département dans l'Ouest de la France dans (a) le scénario de référence et (b) le scénario LEG10 + MaC (superficie initiale de légumineuses de 10 %, échanges locaux de cultures et de fumier)

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Source : Ecological Economics

Lecture : les cercles sont proportionnels à la superficie de chaque type d'exploitation agricole dans chaque département. Les flèches représentant les échanges de cultures sont proportionnelles à la valeur absolue du solde « achats - ventes ».

Source : Ecological Economics

La FAO pointe la responsabilité du secteur agricole dans la déforestation

Cette année, le rapport de la FAO sur l'état des forêts dans le monde se penche sur les liens entre usages, modes de gestion, préservation et utilisation durable de la biodiversité. Les forêts couvrent 31 % des terres, 5 pays (Brésil, Canada, Chine, États-Unis, Russie) concentrant plus de la moitié des surfaces. Depuis 1990, 420 millions d'hectares – équivalant à plus de 10 % des forêts actuelles – ont disparu en raison du changement d'usage des terres, même si le rythme de la déforestation a décru au cours des dernières années : 10 millions d'hectares par an entre 2015 et 2020, contre 16 millions dans les années 1990. L'expansion des terres agricoles demeure le principal moteur de la dégradation des forêts et des pertes de biodiversité associées. L'« agriculture commerciale de grande échelle » (élevage, soja et huile de palme principalement) serait à l'origine de 40 % de la déforestation tropicale entre 2000 et 2010, tandis que l'agriculture de subsistance aurait occasionné 33 % des pertes.

Facteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts entre 2000 et 2010 dans 46 pays tropicaux et subtropicaux en Afrique, Amérique latine et Asie

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Source : FAO

Source : FAO

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02/07/2020

Covid-19 et pêche : soutien à la filière et objectifs de durabilité

Les ventes de produits de la mer frais ont subi un net recul lors de la crise sanitaire, amenant l'Union européenne à mettre en place des dispositifs de soutien à l’activité. Un groupement d'organisations non gouvernementales (ONG) a publié, fin avril 2020, un guide détaillant 10 principes : pris en compte lors de la conception des mesures, ils garantiraient leur cohérence avec les objectifs de protection de l'environnement et de lutte contre le changement climatique, évitant ainsi une dérégulation injustifiée. Parmi ces principes figure le « principe de rationalité », selon lequel l’action mise en œuvre doit cibler spécifiquement les problèmes liés à la crise. Ensuite, le guide détaille plusieurs dispositifs à la lumière de ces principes : les politiques de soutien des prix, conduisant les États à payer la différence entre le prix du marché et un prix seuil, inciteraient les acteurs à baisser leurs prix et iraient à l'encontre du principe de lutte contre les abus. Au contraire, selon les auteurs, le soutien aux revenus répond au principe de rationalité, et assorti d’une obligation de rester au port il serait bénéfique pour l'environnement.

Source : Seas at risk

15:01 Publié dans 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : covid-19, pêche, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

Culture et transformation de la canne à sucre au Mozambique, entre héritage colonial et modèle agricole inclusif

Un article publié en juin 2020 dans la revue World Development Perspectives analyse les relations contractuelles entre les producteurs et l’unité de transformation de canne à sucre de la province de Maputo (Mozambique). Pour assurer la transition d’un modèle agricole dominé par les grandes plantations à une meilleure intégration des producteurs, ces derniers sont incités à se regrouper en organisations, cédant leur droit d’usage des parcelles en contrepartie d’un achat de leur production et de mesures favorisant l'installation, soutenues par l'acteur industriel. Or, les auteurs montrent que les inégalités d'information entraînent une méconnaissance, par les cultivateurs, des facteurs concourant à la formation de leur revenu et un non-remboursement, par l’usine de transformation, des prêts contractés pour leur installation. Par ailleurs, l'analyse montre que la fin des quotas sucriers européens a entraîné une forte diminution des débouchés à l'exportation pour la production mozambicaine.

Caractéristiques des contrats et des productions

CanneASucre.jpg

Source : World Development Perspectives

Source : World Development Perspectives

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Sociologie de la profession vétérinaire

Deux sociologues d'INRAE dressent, dans un article de la Review of Agricultural, Food and Environmental Studies, un portrait de la profession vétérinaire à l’issue d’une méta-analyse de 102 articles. Avec cette étude, également disponible sur le blog Transhumances, les auteurs rendent compte des conditions de travail de plus en plus délicates des professionnels, de leurs difficultés d'installation, de leur épuisement et du sentiment de déclassement. Sont étudiés successivement l’évolution sociodémographique de la profession, la transformation des modes d'exercice et le rôle de l’État dans la santé publique vétérinaire. La féminisation du métier (51,4 % des vétérinaires) est le point focal de cette évolution, et devrait se renforcer demain compte tenu de leur proportion parmi les jeunes professionnels et du départ en retraite de générations très masculines. Souvent salariées, leurs difficultés à s'installer dans une profession encore perçue comme très masculine sont soulignées.

Sur le même thème, on pourra également se reporter à une récente analyse du CEP.

Source : Review of agricultural, food and environmental studies

15:00 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : vétérinaires, profession vétérinaire |  Imprimer | | | | |  Facebook