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13/09/2021

État des lieux et défis pour la recherche sur la canne à sucre

En juin 2021 s'est tenue en Inde (Coimbatore) une conférence internationale consacrée à la recherche sur la canne à sucre, organisée par le Sugarcane Breeding Institute. Réunissant de nombreuses contributions, les actes qui viennent de sortir brossent un panorama des connaissances actuelles et des défis : amélioration des plantes, techniques de production, gestion des maladies et des ravageurs, mécanisation des systèmes de production, etc. Cultivée dans 103 pays, avec le Brésil, l'Inde et la Chine en tête, la canne à sucre occupe environ 25,3 millions d'hectares, pour une production annuelle d'environ 1,9 milliard de tonnes. Parmi les défis partagés au niveau mondial, figure l'amélioration des rendements : selon l'une des contributions, en 80 ans, la forte progression de la production a été liée à l'accroissement des surfaces, alors que les rendements ont dorénavant atteint un plateau. Dans ce cas, comme dans d'autres, les technologies génétiques présentent, pour les intervenants, des opportunités intéressantes. La diversification des valorisations (bioénergie, biocarburants) est un autre défi important, en particulier pour les entreprises de transformation.

Source : Sugarcane Breeding Institute

02/07/2020

Culture et transformation de la canne à sucre au Mozambique, entre héritage colonial et modèle agricole inclusif

Un article publié en juin 2020 dans la revue World Development Perspectives analyse les relations contractuelles entre les producteurs et l’unité de transformation de canne à sucre de la province de Maputo (Mozambique). Pour assurer la transition d’un modèle agricole dominé par les grandes plantations à une meilleure intégration des producteurs, ces derniers sont incités à se regrouper en organisations, cédant leur droit d’usage des parcelles en contrepartie d’un achat de leur production et de mesures favorisant l'installation, soutenues par l'acteur industriel. Or, les auteurs montrent que les inégalités d'information entraînent une méconnaissance, par les cultivateurs, des facteurs concourant à la formation de leur revenu et un non-remboursement, par l’usine de transformation, des prêts contractés pour leur installation. Par ailleurs, l'analyse montre que la fin des quotas sucriers européens a entraîné une forte diminution des débouchés à l'exportation pour la production mozambicaine.

Caractéristiques des contrats et des productions

CanneASucre.jpg

Source : World Development Perspectives

Source : World Development Perspectives

15:00 Publié dans Développement, Filières agricoles | Lien permanent | Tags : mozambique, canne à sucre |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/04/2019

Travail agricole et pesticides dans les exploitations de canne à sucre de l'île de La Réunion

Santé Publique France propose une estimation de l'exposition aux pesticides des travailleurs agricoles dans les exploitations de canne à sucre de La Réunion. Ce travail, conduit dans le cadre du projet Matphyto, a pour but d’élaborer des matrices cultures-expositions décrivant le suivi et les évolutions de l’utilisation des produits phytosanitaires sur les principales cultures en France. Il est présenté dans un rapport mis en ligne fin février 2019.

Pour évaluer ces expositions, les auteurs utilisent trois sources de données : i) une matrice culture-exposition recensant l'ensemble des pesticides utilisés sur la canne à sucre à La Réunion depuis le début des années 1960, leur fréquence d'utilisation et le nombre de traitements réalisés annuellement ; ii) une base de données toxicologiques qui consigne, pour chaque substance active, les principaux effets nocifs (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens) pour la santé humaine, pouvant résulter de l'exposition chronique aux produits ; iii) les recensements agricoles spécifiques à l'île réalisés par le ministère chargé de l'agriculture.

À La Réunion, les pesticides les plus utilisés sont les herbicides, suivis dans une moindre mesure par les insecticides et les rodonticides. Les résultats montrent que, depuis 10 ans, le nombre de substances appliquées sur les exploitations a diminué (19 en 2000 contre 13 en 2010), mais la proportion de celles ayant un effet toxique reste inchangée (autour de 54 %). En 2018, 88 % des travailleurs de la canne à sucre sur l'île ont été exposés à au moins un pesticide considéré comme ayant des effets toxiques (figure ci-dessous) : cela représente environ 6 300 personnes (4 600 hommes et 1 700 femmes). Pour les deux substances identifiées comme les plus dangereuses, le 2,4-D et le glyphosate, respectivement 6 300 et 5 000 personnes auraient été exposées. Enfin, les auteurs montrent que la prévalence d'exposition a doublé entre 1981 et 2010, sauf pour les substances mutagènes. Toutefois, le nombre de travailleurs ayant baissé de 57,1 %, le nombre de personnes exposées à des substances toxiques a diminué de 13,7 %.

Nombre de substances actives, prévalences d'exposition et nombre de personnes (main-d’œuvre permanente) exposées selon l'effet sanitaire et l'année (1981, 1989, 2000 et 2010) dans les exploitations de canne à sucre de La Réunion

Matphyto.jpg

Source : Santé Publique France

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Santé Publique France

06/07/2018

Environnement et rentabilité dans une région du nord-ouest de l'Argentine

Un article de la revue Población & Sociedad de juin 2018 analyse, dans un contexte de déforestation, l'évolution d'un modèle de production de commodités agricoles dans les provinces argentines de Tucumán et Santiago del Estero. L'étude s'appuie sur des sources variées : documents sur l'histoire de l'occupation des terres, recensements agricoles pour l'évolution de la structure agraire, images satellitaires pour les changements d'affectation des sols, et entretiens sur le terrain avec chercheurs, techniciens agricoles, membres de la coopérative Unión y Progreso, producteurs agricoles et consultants.

Alors que la canne à sucre était une quasi monoculture à Tucumán, une crise de surproduction en 1965 a conduit à une politique de reconversion productive, favorisant la culture du soja. Une dizaine d'années plus tard a débuté une nouvelle étape d'expansion, par déforestation, de la frontière agricole vers l'Est (Nord-Ouest de Santiago del Estero). Mais la dégradation des sols par la culture du soja a progressivement poussé les rendements à la baisse, conduisant les techniciens agricoles à recommander la rotation soja-maïs. Depuis les années 1990, suite à la commercialisation du soja OGM résistant au glyphosate et dans un contexte de prix internationaux favorables, le « paquet technologique » semis direct-OGM-glyphosate a été largement adopté, alors vu comme une solution au problème de rentabilités et de rendements décroissants. Selon les auteurs, les limites environnementales du modèle ont été atteintes dès le milieu des années 2000, avec l'apparition d'insectes et mauvaises herbes résistants à l'herbicide.

Ce état de faits a conduit les producteurs agricoles, ces dernières années, à considérer la dimension agro-environnementale comme une partie intégrante de leurs stratégies de diversification et d'amélioration de la productivité : reprise de la rotation soja-maïs, augmentation de la surface en canne à sucre, incorporation de valeur ajoutée sur place via la production porcine, organisation politique des agriculteurs en tant qu'interlocuteurs de l’État, et revendiquant des politiques différentielles qui tiennent compte de leur moindre compétitivité par rapport à d'autres régions du pays.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Población & Sociedad