12/09/2016
Expositions des travailleurs agricoles aux pesticides : comment mieux les connaître et en réduire les risques ?
Dans un rapport de juillet 2016 intitulé Expositions professionnelles aux pesticides en agriculture, l'Anses fait le constat d'un déficit de données en matière d'exposition des agriculteurs aux pesticides. Elle y souligne un manque d'accessibilité, une absence de centralisation et une exploitation insuffisante de ces informations, perçus comme autant de freins à une bonne prise en compte des enjeux de santé au travail. Ce rapport dense est composé d'un volume central et de six volumes thématiques (dont un recueil consacré à l'homologation des pesticides). Précisons ici que sont dénommés « pesticides » les produits phytopharmaceutiques, les biocides et certains médicaments vétérinaires.
Devant les résultats de nombreuses études épidémiologiques établissant un lien entre diverses pathologies chroniques et l'exposition professionnelle aux pesticides (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), l'Anses s'est autosaisie en juillet 2011 d'une expertise collective afin d'identifier et évaluer ce type d'exposition qui, en 2010, concernait en France plus d'un million de personnes « ayant une activité régulière en agriculture » et plusieurs centaines de milliers de travailleurs saisonniers. Un groupe de travail pluridisciplinaire a procédé à un inventaire des données disponibles, à partir de différentes sources (littérature scientifique, dispositifs de surveillance médicale) et à une analyse des déterminants de ces expositions, avec deux études de cas typiques d'exposition indirecte (élevage ovin et arboriculture).
À partir des constats de ce groupe d'experts, l'Agence a émis des recommandations dont, en premier lieu, la diminution du recours aux pesticides avec l'objectif de limiter au maximum les risques pour la santé des travailleurs agricoles. Elle recommande aussi une harmonisation des méthodes d'évaluation a priori des risques liés aux expositions dans les procédures européennes d'autorisation de mise sur le marché des produits, ainsi qu'une meilleure connaissance des expositions en conditions réelles d'utilisation par les travailleurs agricoles. L'Anses préconise également une amélioration des mesures préventives, la poursuite des travaux relatifs à l'efficacité des équipements individuels de protection, et le renforcement des actions de conseil et de formation des utilisateurs.
Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective
Source : Anses
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08/09/2016
Aux origines génétiques de l'obésité
Dans un article du dernier numéro de Pour la science, Richard Johnson (professeur de médecine à l'université du Colorado) et Peter Andrews (professeur d'anthropologie à l'University College de Londres), croisent leurs approches scientifiques pour mieux reposer la question, pendante, du lien entre génétique et obésité. En 1962, James Neel avait émis l'hypothèse de l'existence d'un "gène d'épargne", favorisant le stockage de graisse, et qui aurait permis aux hominidés de résister à des disettes sévères. Souvent discutée, mais jamais démontrée, cette conjecture a été réexaminée par Johnson et Andrews, à l'aune de recherches récentes, et ils pensent l'avoir enfin confirmée. Leurs travaux montrent qu'une alimentation riche en fructose actionne le déclencheur d'engraissement et l'absence d'uricase fonctionnelle, chez les grands singes et les humains, conduit à des niveaux élevés d'acide urique, qui amplifie à sont tour l'effet du fructose et la production d'acides gras. Il s'ensuit que le gène muté codant une uricase non fonctionnelle serait le "gène d'épargne" de Neel. Seule une série d'essais menés chez l'homme pourrait prouver cette théorie. Si tel était le cas, la prévention de l'obésité, du diabète et des maladies cardio-vasculaires nécessiterait avant tout d'abaisser les taux élevés d'acide urique, de cholestérol et de triglycérides.
Source : Pour la science
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07/09/2016
L'assureur Generali lance en France la première assurance comportementale dans la santé
Le 6 septembre, Generali France a présenté son nouveau programme « d'accompagnement au bien-être » Vitality, dans le cadre des contrats d'assurance santé et/ou de prévoyance collectifs souscrits par les entreprises. Lancé en Allemagne début juillet, où il est également accessible aux clients individuels, ce programme est développé en partenariat avec une société sud-africaine et repose sur trois étapes. Dans un premier temps, le salarié renseigne un questionnaire en ligne (état civil, âge, poids, taille, alimentation, pratique d'activités physiques, situation par rapport au stress, etc., sachant que les données des objets connectés peuvent aussi être recueillies). Sur cette base, un score est déterminé et des objectifs personnalisés sont proposés. Ensuite, si la personne suit les recommandations et atteint les objectifs fixés, elle cumule des points et, dans un dernier temps, reçoit des réductions chez des partenaires de l'assureur en fonction du statut atteint.
Si le programme est accessible sur la base du volontariat, il soulève diverses interrogations. Un article du Monde en identifie plusieurs, liées à l'utilisation des données, au « rôle donné aux assurances, qui chercheraient à influer sur notre comportement selon leurs propres canons », ou encore au risque d'exclusion d'une partie de la population par une trop grande segmentation du marché.
13:44 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires, Société | Lien permanent | Tags : assurance, comportement | Imprimer | |
05/09/2016
Lancement d'un programme de recherche pour de nouveaux antibiotiques
Le Portail pour la science de l'ambassade de France en Allemagne annonce, dans un article du 29 juillet, le lancement en janvier 2017, par cinq universités allemandes, d'un programme de recherche sur les mégasynthases. Il s'agit d'enzymes impliquées dans la synthèse d'antibiotiques et d'autres principes actifs. Le programme MegaSyn, doté d'un budget de 4,6 millions d'euros, durera 4 ans et comportera notamment des recherches sur l'étude des mécanismes de synthèse des mégasynthases et sur les méthodes de manipulation des gènes codant ces enzymes. Ces travaux associeront des spécialistes de biologie structurelle et de biochimie et pourraient, à terme, déboucher sur de nouvelles molécules susceptibles de fournir de nouveaux médicaments antibiotiques.
Source : ministère des Affaires Étrangères et du Développement International
13:36 Publié dans Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : antibiotiques | Imprimer | |
07/07/2016
Comment vivre au quotidien l'allergie alimentaire ?
Un colloque (diaporamas et vidéos en ligne) s'est tenu le 17 juin dernier, organisé par l'Inra sur le thème des allergies, intolérances et hypersensibilités alimentaires. Un panorama assez complet a été présenté sur ces pathologies dont l'incidence augmente depuis 20 ans dans les pays occidentaux, pour atteindre aujourd'hui 3 à 4 % de la population, et 6 % des jeunes enfants. Les syndromes, liés à des déficits dans les mécanismes de tolérance immunitaire, résultent de réponses adverses à une ingestion alimentaire. Leur intensité et leur gravité, extrêmement variables, vont du simple inconfort digestif au choc anaphylactique fatal. Cette augmentation de la prévalence des allergies pourrait être liée à des facteurs extrinsèques, environnementaux ou industriels.
Objet d'une intervention, le projet MANOE (Maîtrise Allergène NutritiOn Enfant) a étudié la tolérance de petites doses d'allergènes chez des enfants allergiques (arachide, œuf, lait ou blé). Le principe consistait à évaluer les méthodes de dosage des produits alimentaires en ajoutant les allergènes, à différents seuils, à des produits alimentaires en cours de production, puis à analyser les produits finis. Les conclusions de cette étude démontrent que des seuils réglementaires de réactivité pour la gestion du risque allergène pourraient convenir à la plupart des consommateurs allergiques, hormis un faible pourcentage (de 1 à 5 %) de patients hyper-allergiques devant obligatoirement s'astreindre à un régime alimentaire très contrôlé.
La complexité de vie au quotidien des personnes concernées a également été abordée par l'Association française des intolérants au gluten, qui a décrit un vécu impliquant des prises alimentaires « à risque », le gluten pouvant se trouver en traces infimes dans un grand nombre de produits. Cela conduit souvent à une routine alimentaire basée sur quelques produits "sûrs", et impacte la vie sociale des personnes (en particulier des enfants scolarisés), souvent écartées des repas en collectivité.
Ainsi que le souligne une équipe de recherche de l'INRA (cf. session 3 du colloque), le phénomène des allergies et intolérances alimentaires est en constante évolution et probablement appelé à se développer, compte tenu notamment de l'apparition de « nouveaux aliments » et de nouveaux process.
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Source : Inra
09:35 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : allergies, colloque, ciag, inra | Imprimer | |
05/07/2016
Enquête britannique sur les personnes allergiques et leur alimentation hors domicile
Des règles d'étiquetage précises sont entrées en vigueur en décembre 2014 avec la mise en application du règlement 1169/2011 concernant l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires, qui imposent de préciser, pour tous les produits (pré-emballés ou non), la présence ou non des 14 allergènes les plus couramment responsables de réactions chez les consommateurs (gluten, arachide, lait, mais aussi céleri, lupin et sésame).
Selon une enquête récente pilotée par la Food Standards Agency, de Londres, ce dispositif a d'ores et déjà amélioré la qualité de vie des personnes concernées qui sont plus confiantes, notamment quand elles consomment à l'extérieur. On peut en escompter une amélioration notable pour les deux millions de consommateurs allergiques britanniques. En effet, 86 % des participants à l'enquête ont remarqué les mesures d'étiquetage et 58 % ont constaté une amélioration pour eux de leurs conditions de prises de repas à l'extérieur. Des progrès restent encore à faire, notamment sur l'information dont dispose le personnel des établissements de restauration, jugée insuffisante par 69 % des participants. Toutefois, il est précisé que le bénéfice lié à la mise en place de cet étiquetage pourrait être partiellement contrebalancé par l'augmentation du nombre d'allergiques.
Source : Food Standards Agency
09:11 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : allergies, royaume-uni, fsa | Imprimer | |
04/07/2016
Production agro-alimentaire : améliorer conjointement la sécurité sanitaire et l'environnement ?
Des chercheurs de l'Inra ont publié récemment un article intitulé « Agrifood systems and the microbial safety of fresh produce: Trade-offs in the wake of increased sustainability ». La part croissante des produits frais dans l'alimentation a contribué à l'apparition de certaines toxi-infections alimentaires, et ce malgré des modes de production de plus en plus sécurisés et des contrôles renforcés. Par ailleurs, certaines des mesures prises pour garantir la sécurité sanitaire alimentaire peuvent interagir avec des principes de développement durable : on peut citer le recours aux antibiotiques ou aux produits phytosanitaires, et aussi l'usage de machines frigorifiques pour le maintien de la chaîne du froid.
Les auteurs, après une analyse du phénomène de contamination des produits par l'eau, le sol et l'environnement, proposent des pistes pour produire des aliments frais de façon plus durable, en ayant recours à des services écosystémiques tels que les prédateurs de parasites. Diverses technologies peuvent ainsi résoudre les conflits entre sécurité sanitaire et production durable.
Source : Science of the Total Environment
09:05 Publié dans Environnement, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : sécurité sanitaire, durabilité | Imprimer | |
Vers une détection précoce des Escherichia coli productrices de shigatoxines dans la viande hachée
Des chercheurs canadiens viennent de mettre au point un kit de recherche rapide pour la détection précoce des formes pathogènes de la bactérie Escherichia coli (formes productrices de shigatoxines, parmi lesquelles E. coli 0157 H7). Le principe serait de pratiquer le test sur les produits de viande hachée avant qu'ils ne quittent l'entreprise de fabrication.
Cette détection en amont éviterait les procédures de retrait-rappels, complexes et coûteuses et, surtout, serait un facteur de protection supplémentaire de la santé publique puisque le risque de survenue de cas cliniques serait nettement diminué.
Les intoxications alimentaires causées par les E. coli pathogènes sont un problème de santé publique : l'agence de santé publique du Canada relève ainsi 440 cas cliniques par an.
Source : Western News
09:03 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : e. coli, détection, viande hachée | Imprimer | |
12/05/2016
Où en est l'expérimentation animale ?
Le dernier numéro du magazine de l'Inserm Science&Santé consacre un dossier à la recherche animale. Sont abordés tour à tour la réglementation sur le sujet, les apports du modèle animal à la recherche, les alternatives pour demain, et un dernier article porte sur la question : « Jusqu'où peut-on aller pour améliorer la santé humaine ? ». Malgré une réglementation européenne et française protectrice, l'expérimentation animale est contestée par différents acteurs. Une initiative citoyenne européenne a ainsi porté un avis critique auprès de la Commission européenne, qui l'a refusé : l'expérimentation animale se révèle encore indispensable pour certaines recherches, notamment la dernière phase de développement des médicaments, et une interdiction totale sur le territoire européen conduirait à une délocalisation de la recherche dans les pays tiers.
Plusieurs évolutions ont permis une amélioration des pratiques, en particulier l'application raisonnée de la règle des 3R (réduire, raffiner, remplacer). On peut également citer la présentation, par le Réseau d'études fonctionnelles chez les organismes modèles (EFOR), des 35 espèces disponibles, permettant une optimisation du nombre d'animaux utilisés et un choix pertinent de modèle. Des procédés réduisant la souffrance ou permettant d'éviter le sacrifice sont de plus en plus utilisés, telle l'imagerie par scanner.
Par ailleurs, les alternatives à l'expérimentation combinent différentes techniques, utilisées en plusieurs étapes. Tout d'abord, les modèles mathématiques in silico donnent des indications sur l'activité biologique d'un produit à partir de ses propriétés moléculaires. Après cette étape, les produits sont testés in vitro sur des cellules ou cultures cellulaires, par criblage à haut débit, avant de passer aux tests sur animaux, qui permettent de mesurer les effets sur un organisme entier et de détecter d'éventuels effets secondaires. Ces méthodes ont permis depuis 1990 une baisse de 40 % du nombre d'animaux utilisés.
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Source : Inserm
10:27 Publié dans Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : inserm, expérimentation animale | Imprimer | |
14/03/2016
Tendances et défis de la pratique vétérinaire rurale
Dans un récent article, La semaine vétérinaire présente les enjeux associés à la pratique et aux installations vétérinaires en zones rurales. Il s'appuie sur les travaux du programme de recherche VeTerrA « Vétérinaires et territoires ruraux attractifs » piloté par VetAgroSup entre 2013 et 2015, réalisé dans différentes zones rurales du Massif Central et basé sur des enquêtes auprès de professionnels de terrain (vétérinaires, éleveurs).
L'article rappelle ainsi la tendance de fond à une certaine désaffection des vétérinaires pour la pratique rurale (15 % des structures vétérinaires rurales ont disparu en région Rhône-Alpes entre 1999 et 2010), qui fragilise le maillage sanitaire. Pour autant, la motivation pour « la rurale » existe toujours, pour de multiples raisons : vie à la campagne, relationnel avec les éleveurs, sentiment d'utilité sociale, etc. L'aspect intellectuellement stimulant du diagnostic est également cité, même si les contraintes économiques des propriétaires peuvent empêcher d'aller au bout des investigations. Autre tendance, l'exercice individuel tend à diminuer au profit d'associations permettant de partager les frais d'installation, de mutualiser le matériel coûteux et de se répartir les gardes. Les contraintes horaires sont un problème d'autant plus prégnant que les vétérinaires sont davantage soucieux de préserver leur vie de famille.
Certaines évolutions, comme la diminution des prophylaxies et la crainte d'érosion de la vente des médicaments, sont perçues comme des facteurs de risque pour la viabilité économique des cabinets ruraux. La concurrence de structures et services en lien avec l'élevage (centres d'insémination par exemple) est également citée. Au total, les constats formulés laissent craindre une poursuite de la déprise vétérinaire en zones rurales, une préoccupation croissante pour les pouvoirs publics (cf. trois rapports récents rendus en 2008, 2009 et 2010).
Le rapport final du programme VeTerrA présente également les démarches adoptées dans certains pays comme la Finlande où a été promu un partenariat entre secteurs public et privé : certains vétérinaires sont salariés par les « municipalités » (structures régionales regroupant des communes) et peuvent, en parallèle, exercer une activité libérale . Grâce à ce principe, la Finlande a un maillage territorial vétérinaire satisfaisant y compris dans les zones extrêmes comme la Laponie.
Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective
Sources : Programme VeTerrA, Le Point Vétérinaire
10:09 Publié dans Santé et risques sanitaires, Territoires | Lien permanent | Tags : veterinaires | Imprimer | |
11/03/2016
Activités agricoles et risques de cancers chez les affiliés du régime agricole : résultats intermédiaires de l’étude AGRICAN
Un article de la revue Innovations Agronomiques mis en ligne récemment présente les premiers résultats de l’étude AGRICAN (AGRIculture et CANcers), conduite notamment par l’Inserm et l’université de Caen-Normandie. Enquête de cohorte épidémiologique débutée en 2005 et destinée à se poursuivre jusqu'en 2020 au moins, AGRICAN scrute la population agricole résidant dans onze départements français : plus de 180 000 affiliés du régime agricole, en activité ou à la retraite, sont suivis au cours du temps à la fois sur leurs expositions agricoles et leur état de santé (cf. figure ci-dessous). Le croisement des données issues des questionnaires renseignés par les membres de la cohorte, d'une part, et de la matrice cultures-exposition PESTIMAT d'autre part, permet ainsi d’obtenir des informations sur l’utilisation des pesticides.
Source : Innovations Agronomiques
Plus grande cohorte au monde sur la santé en milieu agricole, AGRICAN permet de collecter des informations scientifiques sur les risques liés à l'activité des agriculteurs. C’est ainsi la première fois que le risque de cancer dans la population agricole française a pu être quantifié par rapport à la population générale : dans la cohorte, le taux de mortalité par cancer est inférieur de 30 % chez les hommes et de 24 % chez les femmes. Le rôle spécifique de certaines activités agricoles sur la survenue des cancers de la prostate ou des poumons (les plus fréquents chez l'homme dans la population générale) a également pu être étudié.
Si les premiers résultats de cette étude confirment la tendance observée au niveau international (risques plus élevés chez les agriculteurs pour des cancers de la prostate ou pour les mélanomes cutanés et plus faibles pour les cancers liés au tabagisme), ils montrent aussi que les risques de cancers de la prostate sont augmentés chez les éleveurs de bovins et de porcins ou lors de l’exposition aux pesticides sur différentes cultures (céréales, vergers, tabac, etc.). À l’inverse, concernant le cancer du poumon, les risques seraient moins élevés chez les éleveurs de bovins et de chevaux.
Notons que les résultats d’AGRICAN contribuent à enrichir les connaissances dans le cadre du consortium international de cohortes agricoles (AGRICOH).
Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective
Source : Inra
10:06 Publié dans Agriculteurs, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : pesticides, agrican | Imprimer | |
Enjeux autour des micronutriments au Royaume-Uni
Dans l'édition de mars du Nutrition Bulletin, trois auteurs de la British Nutrition Foundation ont publié un article intitulé « Micronutrient status and intake in the UK – where might we be in 10 years' time? ». Les micronutriments (vitamines, minéraux, éléments traces) remplissent divers rôles physiologiques, et des déficiences liées aux régimes alimentaires peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé.
Après avoir rappelé les incertitudes et limites liées à l'évaluation des statuts et consommations de micronutriments, les auteurs identifient les groupes de la population britannique les plus concernés par des déficiences, en particulier en folates, vitamine D, calcium, fer et iode : les adolescents, les minorités ethniques (originaires d'Afrique, des Caraïbes et d'Asie du Sud) et les personnes à bas revenus. Les adolescentes et les femmes en âge de procréer sont particulièrement concernées.
Par ailleurs, les auteurs listent et détaillent les connaissances sur une série de moteurs, tendances et événements qui pourraient influencer, à l'avenir, les consommations britanniques de micronutriments : évolution des connaissances scientifiques (biomarqueurs, influences génétiques et épigénétiques, etc.) ; changements dans la chaîne alimentaire, aux niveaux agricole (ex : sélection variétale privilégiant le rendement plutôt que le contenu en micronutriments), industriel et de la distribution ; évolutions démographiques ; initiatives gouvernementales ; changements dans les attitudes et comportements des consommateurs (diversification des régimes alimentaires, demande croissante de produits alimentaires spécialisés, etc.).
In fine, ils rappellent que les enjeux globaux (changement climatique, croissance de la population) ont plus orienté les préoccupations sur l'aspect quantitatif de la sécurité alimentaire et sur les implications environnementales, que sur leurs conséquences nutritionnelles. Ils invitent donc les pouvoirs publics à mener des actions adaptées à ces enjeux (campagnes de sensibilisation, politiques d'enrichissement des denrées). Ils concluent en indiquant que ces aspects sont reliés aux enjeux de l'identification de régimes alimentaires apportant les quantités de vitamines et minéraux nécessaires à la santé, et qui soient également « équitables, abordables et durables ».
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : Nutrition Bulletin
10:04 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : nutrition, micronutriments, royaume-uni | Imprimer | |
10/03/2016
La difficile mise en mouvement des agriculteurs victimes des pesticides
Dans un billet précédent, nous avions signalé plusieurs travaux de science politique portant sur la « cause » des agriculteurs victimes des pesticides. Coline Salaris vient de mettre en ligne sa thèse, intitulée Mobilisations en souffrance. Analyse comparative de deux problèmes de santé publique : familles victimes du Distilbène et agriculteurs victimes des pesticides.
L’auteur déroule une comparaison entre les deux cas. L'idée de mettre en parallèle une affaire déjà bien connue et un problème qualifié d'émergent, est intéressante. La première partie de la thèse met en avant les « entraves à la victimisation » (déni, incompréhension, etc.) et décrit le chemin cahoteux qui part de l’identification mal assurée d’un problème personnel, passe par la rencontre d’autres malades (les « pairs » du « groupe latent »), et aboutit à la consolidation d’un « groupe nécessaire » autour du « ciment de la blessure commune ». La seconde partie aborde des enjeux organisationnels – division du travail entre associations, « bureaucratisation » des associations autour du « noyau originel » –, mais aussi la quête de relais dans les médias, dans le secteur académique et devant les tribunaux, pour se terminer sur les convergences entre action des victimes et politiques de santé publique.
« Se présenter comme victime et se mobiliser en tant que telle dans l’espace public ne va pas de soi », explique l’auteur. Étudier le « processus de victimisation » constitue « un préalable important à la compréhension des mécanismes de mise en œuvre des actions collectives victimaires ». À partir des cas traités, C. Salaris dégage ainsi des enjeux généraux aux niveaux individuel et collectif : « Individuellement, ce processus implique une intériorisation et une formulation identitaires consistant à donner du sens » à une épreuve existentielle. « Collectivement, il s’agit de construire un groupe » suffisamment solide et visible pour faire reconnaître par les autorités comme véritable problème de santé publique ce qui, au départ, apparaissait comme une infortune personnelle.
En fin de volume, de larges extraits d’entretiens sont opportunément reproduits.
Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective
10:02 Publié dans Agriculteurs, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : pesticides, santé publique, mobilisation, salaris | Imprimer | |
10/02/2016
Colloque sur les effets des perturbateurs endocriniens sur l’environnement et la santé humaine
Un colloque sur le programme de recherche sur les perturbateurs endocriniens (PNRPE) s’est tenu les 21 et 22 janvier 2016 à Paris, organisé par l’Anses. Selon la définition adoptée par l’Union européenne en 1999, un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange exogène altérant les fonctions du système endocrinien et induisant des effets nocifs sur la santé d’un organisme, de ses descendants ou sous-populations.
Plusieurs études ont été présentées, notamment sur les dangers liés aux effets cocktail, qui surviennent lorsque des populations sont exposées de manière chronique à de multiples substances exogènes, telles que polluants de l’environnement, médicaments et composés alimentaires. Plusieurs de ces substances sont supposées avoir un effet négatif séparément et leur combinaison en substances complexes pourrait encore potentialiser ces effets nuisibles.
Le centre de biochimie structurale de Montpellier a présenté une étude analysant l’effet de synergie de deux substances exogènes : un œstrogène (composant de la pilule contraceptive) et un pesticide organochloré. Il a été démontré que ces substances ont la capacité de se réunir et de se fixer conjointement sur le récepteur PXR (pregnane X receptor). Ce récepteur a été identifié par le programme ToxCast de l’Agence américaine de protection de l'environnement comme une cible opérationnelle majeure de produits chimiques, sachant qu’il intervient dans l’adaptation de l’organisme à l’afflux de xénobiotiques (substances étrangères au corps humain) en induisant les réponses enzymatiques pour les éliminer. L’étude a montré que l’association des deux molécules étudiées entraîne une réponse biologique substantielle. Cet effet synergique conduit à une toxicité alors que les substances sont individuellement présentes à des doses inférieures à la dose toxique.
Une étude de l’unité TOXALIM concernait les effets des mélanges de composés chimiques présents sur la viande. Elle a porté sur trois pesticides (DDE, lindane et deltaméthrine) et a été réalisée dans le cadre du projet SOMEAT (Safety of organic meat) porté par l’Agence nationale de la recherche. Elle a démontré l’effet agoniste des substances pouvant présenter un facteur de risque de perturbation endocrinienne.
Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective
Source : PNRPE
09:12 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : colloque, pnrpe, perturbateurs endocriniens, anses | Imprimer | |
08/01/2016
Exercice de veille prospective de l’InVS
Fin décembre 2015, l’Institut de veille sanitaire (InVS) a mis en ligne les résultats d’un exercice de veille prospective conduit en interne en 2014, intitulé Risques pour la santé : évolution et conséquences pour la veille sanitaire à l’horizon 2024. Face à la nécessité d’« anticiper des situations potentiellement porteuses de risques », l’Institut a mis en œuvre cette démarche permettant « de tenir compte des évolutions à court, moyen et long termes, tout en modulant et en réorientant régulièrement (tous les trois à cinq ans) les scénarios élaborés à partir des changements présents ou récents de l’environnement social, économique, climatique, médical, scientifique… et de l’état de santé de la population ». En identifiant tendances lourdes et signaux de rupture, l’objectif est, in fine, d’informer et/ou alerter le décideur et de faciliter l’adaptation de l’InVS aux changements à venir.
Les travaux menés ont permis notamment d’identifier une série de variables relevant de trois types de facteurs : facteurs déclencheurs d’événements de santé, facteurs de diffusion, facteurs de réponses pouvant accroître ou diminuer les phénomènes. À titre d’exemples, ont été retenues des variables portant sur l’alimentation et un mode de vie sédentarisé, la confiance en l’expertise, la proximité homme-animal et ses effets sanitaires, la mobilité des biens et des personnes (commerce, migration, tourisme), l’adaptation aux événements climatiques extrêmes, le big data ou encore les inégalités territoriales et d’accès aux soins.
Cinq macroscénarios ont ensuite été construits, intégrant à chaque fois un récit du macroscénario et l’approfondissement des effets sanitaires (tendances lourdes, ruptures, incertitudes) : inégalités et morcellement de plus en plus contrasté et difficile à gérer (macroscénario tendanciel) ; transition écologique et promotion de la santé ; développement technologique contrôlé dans la mesure du possible ; explosion technologique mondialisée ; catastrophes et désorganisation. Les questions liées à l’alimentation, au sens large du terme, se trouvent prises en compte dans ces scénarios riches. Ils amènent l’Institut à identifier des enjeux de santé publique et de méthodes ou outils, puis des besoins divers (recherche, partenariat, formation et recrutement, etc.). Le document se conclut sur une analyse des apports, difficultés et limites de l’exercice, ainsi que sur des propositions pour une démarche de veille prospective inscrite dans la durée.
Julia Gassie, Centre d’études et de prospective
Source : InVS
13:49 Publié dans 1. Prospective, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : invs, veille prospective | Imprimer | |