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11/07/2017

Applications des nanotechnologies en agriculture et agroalimentaire

Une équipe de chercheurs universitaires américains et sri lankais propose, dans le numéro de juillet 2017 de Food Control, une revue de littérature sur l'utilisation des nanomatériaux inorganiques (non présents naturellement) en agriculture et agroalimentaire. Dans le cas des emballages alimentaires, les auteurs soulignent que les nanotechnologies facilitent l'approvisionnement en denrées fraîches et limitent le gaspillage alimentaire, via l'incorporation dans les emballages de substances actives qui ralentissent la multiplication bactérienne. Les nanomatériaux peuvent aussi être utilisés pour encapsuler des nutriments et maintenir leur stabilité sous différentes conditions environnementales (rayons UV, chaleur, pH). D'autres utilisations incluent la mise en place de capteurs permettant d'identifier les denrées corrompues, ou la purification de l'eau, particulièrement utile dans des pays en développement. Des effets des nanoparticules inorganiques ont également été identifiés en agronomie sur la croissance des plantes ou la germination de graines, en appliquant du zinc à l'échelle nanométrique.

Cependant l'utilisation en agroalimentaire des nanoparticules peut être controversée du fait des risques potentiels pour la santé. L'article se réfère à plusieurs études, faisant état de risques en cas de migration de nanoparticules incluses dans l'emballage, de risques environnementaux du fait de la dispersion des effluents, et enfin d'effets toxicologiques potentiels. Des chercheurs, suite à une expérimentation sur des rats, ont ainsi démontré que certains organes (poumons, reins et foie) pouvaient devenir des cibles de particules inférieures à 54 nanomètres. Cet article offre un panorama intéressant des possibilités offertes par les nanotechnologies en alimentation. Il met en valeur les aspects positifs, sans pour autant omettre les risques toxicologiques potentiels, encore relativement peu documentés. On peut noter enfin que les références scientifiques utilisées émanent essentiellement de pays (États-Unis, continent asiatique notamment) dont la réglementation et les enjeux vis-à-vis de ces composants diffèrent de ceux de l'Union européenne.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Food Control

06/07/2017

Écologie de la santé. Pour une nouvelle lecture de nos maux, Stéphane Blanc, Gilles Boëtsch, Martine Hossaert-McKey, François Renaud (dirs.)

ecologie-sante.jpg

Ponctué de cas concrets et d'illustrations, cet ouvrage collectif dresse, en douze chapitres, un état des lieux de la santé mondiale en lien avec différents facteurs : bouleversements environnementaux, mondialisation, urbanisation, modifications des modes de vie, transitions alimentaires. S'appuyant sur des travaux en écologie de la santé, il présente une vision complète et cohérente de problématiques souvent déjà traitées, mais abordées ici selon une approche nouvelle prenant en compte une logique « écologique et évolutive », inspirée du darwinisme. Ce regard neuf ne se limite pas à l'énoncé de constats alarmants mais signale également les solutions possibles (ex. alternatives thérapeutiques de type bactériophages face aux antibiorésistances).

Parmi les thèmes abordés, la recrudescence de certaines maladies infectieuses est due, selon les auteurs et entre autres causes possibles, à une crise écologique et au réchauffement climatique, favorisant l'adaptation d'insectes vecteurs aux zones tempérées (ex. moustique tigre, tiques). L'urbanisation accrue et le développement d'élevages intensifs (entraînant surpeuplement et promiscuité chez les hommes et chez les animaux), la mondialisation des transports jouent également un rôle, et le développement des antibiorésistances est un facteur aggravant.

Les pathologies liées à l'alimentation sont quant à elles traitées sous divers aspects, avec d'abord les maladies alimentaires infectieuses ou parasitaires, associées à la consommation de denrées contaminées. Mais les auteurs s'attardent davantage sur les désordres nutritionnels, tant est préoccupant l'impact mondial de l'obésité et des maladies métaboliques, dans les pays occidentaux ou dans les pays en développement (80 % des cas) : l'OMS prévoit que, d'ici 2030, les décès liés aux maladies chroniques passeront de 30 à 60 millions de morts par an. Un focus est notamment fait sur la situation sanitaire de l'Afrique subsaharienne, confrontée à un double fardeau : persistance de sous-nutrition et de maladies infectieuses ou parasitaires, et développement simultané de l'obésité et du diabète.

Enfin, pour une anticipation des futurs possibles, les auteurs rappellent les règles de l'épidémiologie prédictive classique, basée sur une modélisation mathématique, mais évoquent également la médecine évolutionniste darwinienne. Dans ce cadre, il est notamment important de ne pas se limiter aux symptômes et de remonter aux sources environnementales et comportementales des maux.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions du Cherche Midi

03/07/2017

Les impacts de l'utilisation de pesticides sur la santé humaine en Chine

Un article, paru dans la revue Journal of Environmental Economics and Management en mai, présente les travaux d'un jeune chercheur de l'université d’État de l'Ohio sur l'impact des pesticides sur l'autonomie des personnes âgées en Chine rurale. L'auteur utilise une série de statistiques nationales (1998-2011), qui inclut notamment un indice d'activité quotidienne mesurant l'invalidité des individus. Basé sur une méthode économétrique robuste, il compare cet indice entre les personnes qui boivent de l'eau de surface et celles qui boivent de l'eau provenant des nappes souterraines (moins polluées), dans des régions qui sont plus ou moins utilisatrices de pesticides pour la culture du riz.

Ses résultats montrent qu'une augmentation de 10 % de la quantité de pesticides utilisée pour cette culture diminuerait l'indice d'activité quotidienne de 1 % pour les résidents de zones rurales âgés de plus de 65 ans. Les effets au niveau physiologique ne sont cependant pas discutés. Cette baisse de l'autonomie des personnes âgées entraînerait également une diminution de l'émigration chez les jeunes dans les familles affectées.

Source : Journal of Environmental Economics and Management

14:35 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : chine, pesticides, dépendance, riz |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/06/2017

Analyse coûts-bénéfices de recommandations alimentaires portant sur la santé et la préservation de l'environnement

Le dernier numéro d'Inra Sciences Sociales présente les résultats d'une évaluation des coûts et bénéfices de recommandations de consommation alimentaire portant sur des enjeux sanitaires et environnementaux. « En tenant compte de façon nouvelle des préférences des consommateurs et des coûts qu'ils supportent dès lors qu'ils sont sollicités pour changer leurs modes de consommation », ces éléments apportent, d'après les auteurs, une contribution « aux débats publics sur les évolutions souhaitables des régimes alimentaires ».

Ces travaux ont cherché à évaluer les effets de l'adoption de recommandations sur l'ensemble du régime alimentaire des consommateurs et sur la variation de leur bien-être, ainsi que leurs impacts en matière de santé publique et d'environnement. Pour chaque cas, une démarche en trois temps a été mise en œuvre : simulation des modifications du régime alimentaire (modèle de comportement des consommateurs), évaluation des impacts (modèle épidémiologique, émissions de gaz à effet de serre - GES), analyse coûts-bénéfices (détermination de la valeur monétaire de la variation de bien-être des consommateurs, conversion en équivalents monétaires des impacts sanitaires et environnementaux). Sept recommandations ont été testées : augmentation de la consommation de fruits et légumes, de poissons et produits de la mer, de produits laitiers frais ; diminution de celle de boissons rafraîchissantes sans alcools, de fromages, beurre et crème, de viande rouge, de tout type de viande. Une variation de 5 % de la consommation a été considérée, à la hausse ou à la baisse selon les cas.

Parmi les résultats, on peut retenir que toutes les recommandations ont un impact sur la santé, généralement compatible avec celui sur l'environnement, et supérieur en valeur monétaire. Si le rapport coût-bénéfice varie fortement, la plupart des recommandations sont coût-efficaces. De manière générale, au regard des objectifs étudiés, l'augmentation de la consommation de fruits et légumes apparaît la plus souhaitable, puis viennent, dans une moindre mesure, les poissons et produits de la mer, et la réduction de la viande rouge. Enfin, plusieurs limites à cette analyse sont relevées (autant de pistes de travaux ultérieurs) : la prise en compte des seules émissions de GES au titre des impacts environnementaux, et la non intégration de l'hétérogénéité des impacts des produits dans chaque groupe d'aliments, qui peut varier selon le mode de production par exemple.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Inra

08/06/2017

La technologie blockchain peut révolutionner les chaînes logistiques et la traçabilité dans le secteur agricole et agroalimentaire

Dans un article publié par Eco-Business le 13 mai, deux spécialistes du cabinet de conseil KPMG exposent le potentiel révolutionnaire, pour le secteur agricole et agroalimentaire, de la blockchain. Cette technologie, développée comme sous-jacent de la monnaie numérique Bitcoin, permet des transactions instantanées, transparentes, sécurisées, à des coûts minimes et sans organe central de contrôle, donc sans intermédiaire. Ces caractéristiques ouvrent d'importantes possibilités pour l'amélioration du suivi des échanges de produits alimentaires, notamment dans les pays tiers. La start-up londonienne Provenance expérimente ainsi actuellement la traçabilité du thon pêché en Indonésie, tandis que la plateforme de commerce électronique taïwanaise OwlTing a lancé fin mai un système de garantie de l'origine des produits agroalimentaires, OwlChain. Le distributeur américain Walmart s'en sert déjà pour tester le cheminement des mangues aux États-Unis et celui des porcs en Chine.

Schéma de fonctionnement de la technologie blockchain

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Source : BlockChainFrance

Source : Eco-Business

09/05/2017

Lancement du projet NanoPack pour améliorer la conservation alimentaire

La veille scientifique et technologique de Diplomatie France a consacré un article, en avril, au projet NanoPack piloté par l'institut israélien Technion, auquel sont associés 18 pays européens (dont la France). Le consortium est soutenu, dans le cadre d'Horizon 2020, à hauteur de 7,7 millions d'euros. Ce projet de recherche, basé sur le recours aux nanotechnologies pour la fabrication d'emballages actifs antibactériens, prévoit l'utilisation de nanotubes de Halloysite, minéral proche de la silice, et la libération progressive d'huiles essentielles naturelles compatibles avec l'aliment. Ester Segal, coordinatrice du projet, estime qu'en inhibant la croissance bactérienne des germes présents dans l’aliment, ce procédé améliorera la sécurité sanitaire des produits et aura le double avantage de prévenir les intoxications alimentaires et de réduire le gaspillage.

Sources : Diplomatie France, Technion

10:14 Publié dans IAA, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : nanotechnologies, emballage |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/04/2017

Rôle du microbiote des chevaux dans le développement d'antibiorésistances

Le 16 mars, s'est déroulée la 43ème journée de la recherche équine, dont les actes sont parus récemment. À cette occasion, ont été présentés des résultats issus d'un projet mené par des chercheurs de l’université de Montréal et de l'Inra de Tours, sur la prévalence du portage de germes résistants aux antimicrobiens dans la filière équine.

Ces travaux ont porté plus précisément sur Escherichia coli, bactérie commensale du tube digestif, dont certaines souches sont très pathogènes. En 2015, 1 061 échantillons rectaux de crottin ont été prélevés chez des chevaux adultes sains dans 41 structures équestres. Des antibiogrammes ont été effectués pour 196 de ces échantillons, afin de tester leur sensibilité vis-à-vis de 14 antibiotiques de 10 classes différentes. D'autres analyses d'échantillons ont été réalisées afin d'identifier et quantifier les types de résistances bactériennes. Les résultats ont montré que 80 % des écuries hébergeaient des chevaux excréteurs de E. coli multirésistants, parmi lesquels des E. coli producteurs de β-lactamases à spectre étendu (BLSE), et de β-lactamases de type céphalosporinase, détectés dans 39 % des structures. Ces types de germes résistants sont particulièrement redoutés car ils inactivent la plupart des antibiotiques.

En parallèle, un questionnaire, renseigné par les établissements hébergeant les chevaux, a permis de lister des facteurs de risques : effectifs équins et humains, nombre de traitements antibiotiques administrés, fréquence de transport des animaux, contact potentiel des chevaux avec des animaux sauvages ou avec d'autres animaux domestiques, pratique de l'épandage sur le paddock, fréquence de curage des boxes. Il apparaît que le facteur de risque est multiplié par cinq si certains chevaux ont été traités médicalement au cours des trois mois précédents, et par huit s'ils ont été transportés plusieurs fois.

L'article conclut sur l'existence, dans la population équine française, d'un réservoir potentiel de gènes de résistance aux antibiotiques, y compris de gènes susceptibles de diffuser vers des bactéries pathogènes pour le cheval et pour l'homme. Compte tenu de la proximité de vie entre le cheval et l'homme (cavalier et soigneur notamment), les risques de transmission de germes résistants doivent être envisagés.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : IFCE

11/04/2017

Comment les consommateurs européens perçoivent-ils l'impact sur leur santé du risque d'antibiorésistance lié aux pratiques en élevage ?

L'autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) a réalisé une étude sur la perception des risques, pour la santé humaine, des antibiorésistances liées à l'usage d'antibiotiques en médecine animale. Une infographie publiée début mars en présente les résultats. Les risques en question sont notamment liés au contact direct avec les animaux (pour les éleveurs et les vétérinaires) ou avec des produits animaux (manipulation de viande ou de lait cru), et ceux liés à la consommation de ces denrées.

Des éleveurs de porcs et de volailles et des vétérinaires ont été interviewés dans cinq pays (Espagne, Roumanie, Danemark, Pologne, Royaume-Uni). En parallèle, un échantillon de consommateurs a été interrogé dans douze États membres (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie), via un questionnaire en ligne. Il ressort en particulier de cette enquête qu'une grande partie (68 %) des consommateurs estime n'être pas suffisamment informée sur les risques liés aux antibiorésistances. Un plus grand nombre encore (75 %) juge que tout n'est pas fait pour limiter l'abus d'antibiotiques chez les animaux d'élevage.

Source : EFSA

15:48 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : antibiorésistance, perception |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/04/2017

La peste porcine africaine progresse en Europe de l'Est

Suite à une saisine de la Commission européenne en 2016, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié en mars dernier un rapport sur l'analyse épidémiologique de la peste porcine africaine, dans les pays baltes et en Pologne. Cette maladie virale, non transmissible à l'homme, est mortelle chez les porcs et les sangliers ; elle a été introduite accidentellement en Géorgie en 2007, en provenance d'Afrique de l'Est, et s'est propagée en Arménie et dans des régions de l'ex-URSS, avant d'atteindre en 2014 le territoire communautaire. La contamination peut se faire par contact direct ou ingestion de produits contaminés. Les premiers cas sont apparus en 2014 dans les États membres étudiés, et on note actuellement une recrudescence chez les sangliers sauvages en Lettonie et Estonie.

Notifications de la peste porcine

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Source : EFSA

L'analyse des facteurs de risque environnementaux et biologiques met en avant le nombre de colonies de sangliers, la densité de population humaine ou encore le nombre d'élevages porcins. Il est noté que la prévalence du virus pendant la période hivernale est plus forte chez les sangliers sauvages abattus par des chasseurs. En revanche, en période estivale, elle est plus importante chez les animaux trouvés morts en milieu sauvage. Il est prévu que l'EFSA publie un deuxième rapport, en fin d'année, qui complète l'examen de la gestion du risque chez le sanglier.


Source : EFSA

14/03/2017

Les bactéries présentes dans des sols contenant des pesticides peuvent développer des résistances croisées aux antibiotiques

Publiée récemment dans la revue Microbial Pathogenesis, une étude menée par des chercheurs indiens met en évidence une corrélation entre exposition des bactéries telluriques aux pesticides et apparition de multi-résistances aux antibiotiques, et identifie les mécanismes en jeu. La présence de résidus de pesticides dans le sol peut entraîner une modification de la voie métabolique de la flore bactérienne endémique, en particulier des bactéries capables de métaboliser les pesticides pour leurs besoins énergétiques (pseudomonas, bacillus, arthrobacter par exemple).

Les travaux ont porté sur des échantillons de sols provenant de différents sites de la province de Nadil Talun, en Inde du Sud. Il s'agissait de sols agricoles traités, depuis 5 ou 10 ans selon les cas, avec des insecticides contenant du monochrotophos, principe actif interdit dans l'Union européenne et aux États-Unis, mais toujours utilisé dans plusieurs pays. Vingt-cinq bactéries ayant la capacité de dégrader ce pesticide ont été isolées, mises en culture, puis sélectionnées en fonction de leur tolérance à différentes concentrations du pesticide et de leur sensibilité à divers antibiotiques. Cette étape a révélé que des germes de type bacillus sont à la fois résistants au monochrotophos et à plusieurs antibiotiques courants.

Dans certains des lots de bacillus, l'isolement et l'inactivation du plasmide hébergeant le gène de résistance ont permis de distinguer les capacités bactériennes selon le degré d'activité de ce plasmide. Cette activité varie en fonction des conditions chimiques. De manière générale, il apparaît que l'enzyme de dégradation des pesticides peut se lier avec certains antibiotiques par un pont hydrogène, et former ainsi un composé inactif.

En conclusion, la persistance de pesticides dans le sol peut induire chez les bactéries telluriques une capacité de résistance de deux façons : soit par sélection naturelle, en lien avec l'exposition sur le long terme à des doses sub-létales, soit à la suite d'une mutation sur plusieurs gènes impliqués dans la dégradation des pesticides. Les auteurs signalent que depuis dix ans la résistance aux pesticides a très fortement augmenté, et les résistances croisées pourraient donc se développer. Cette expérience effectuée en laboratoire doit toutefois être suivie de recherches en milieu naturel.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Microbial Pathogenesis

07/03/2017

Avancées dans la connaissance des mécanismes de l'obésité et des pathologies liées

Dans l'édition de mars 2017 de La Recherche, un article est consacré aux travaux de chercheurs français, récompensés par le prix La Recherche 2016 dans la catégorie santé-médecine, et portant sur les « relations entre l'inflammation, le remodelage du tissu adipeux et la régulation du métabolisme ». Ils ont ainsi identifié une protéine (IRF5), produite par les macrophages présents dans le tissu adipeux abdominal, lesquels deviennent pro-inflammatoires en situation d'obésité. Ce facteur de transcription représente ainsi le lien entre excès de poids et maladies métaboliques (diabète de type 2 notamment), et les mécanismes en jeu ont été mis en lumière. Ces travaux ouvrent des perspectives pour des applications thérapeutiques, par exemple dans l'optique d'inhiber la production d'IRF5.

Source : La Recherche

02/03/2017

Une étude de cohorte analyse les signes cliniques et les facteurs pronostiques de la listériose

Dans The Lancet, une équipe de chercheurs français vient de publier les résultats d'une étude réalisée à partir des observations collectées, entre 2009 et 2013, dans le cadre de la cohorte nationale prospective MONALISA (multicentric observations national analysis on listeriosis and listeria). L'objectif était de préciser les caractéristiques cliniques et les facteurs pronostiques de cette infection d'origine alimentaire. La bactérie Listeria monocytogenes peut affecter tant l'homme (risque particulier pour les femmes enceintes, les personnes immuno-déprimées et les personnes âgées) que les animaux (ruminants notamment), via des aliments contaminés.

L'étude a pris en compte 818 cas, parmi lesquels 427 présentant une bactériémie, 252 une forme neurologique et 107 une forme materno-fœtale. Elle révèle une gravité de la maladie plus importante que ce qui était répertorié jusqu'à présent. Dans les formes neurologique et bactériémique, le pronostic vital des patients est engagé dans les deux tiers des cas et la survie est le plus souvent accompagnée de séquelles.

Source : The Lancet

09:19 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : listeria, monalisa |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/02/2017

Le rôle des contacts indirects dans la propagation de maladies infectieuses en élevage

Dans la propagation de maladies infectieuses au sein des élevages, il est possible de distinguer les contacts directs (diffusion de la maladie consécutive aux échanges d’animaux porteurs entre exploitations agricoles), des contacts indirects (ceux associés aux déplacements des opérateurs, équipements et véhicules contaminés entre exploitations). Étudier le rôle des seconds reste une tâche peu aisée, mais cruciale pour la surveillance et la gestion des maladies infectieuses. La majorité des travaux de recherche est ainsi consacrée au rôle des contacts directs (ou encore à la propagation vectorielle). Tel est le constat dressé par une publication parue dans PLoS Computational Biology.

La difficulté, d’après les auteurs, est double. D’une part, les contacts indirects sont divers et de nature complexe. D’autre part, collecter la donnée en qualité et quantité suffisantes s’avère difficile : la méthode des questionnaires, employée dans de précédents travaux, ne donne pas suffisamment d’informations pour établir la structure du réseau associé à ces contacts (faible taux de réponse). Pour lever cet obstacle, les auteurs ont mobilisé plusieurs sources de données dans la région italienne d'Émilie-Romagne, et plus particulièrement dans la province de Parme :

- la base de données nationale d’identification pour les échanges d’animaux entre fermes, entre 2010 et 2013 (contacts directs) ;

- les dates de visite par le service public vétérinaire, la liste des prescriptions médicales réalisées (correspondant à une visite par un praticien), les échantillons envoyés au laboratoire local d’analyse et la liste des inspections d’exploitations faites par des vétérinaires du secteur privé (sous-traitance), pour l’année 2013.

Au final, le travail porte sur 1 349 exploitations laitières, et sur les déplacements de 50 agents du service public vétérinaire régional et de 203 praticiens privés.

S’appuyant sur le cas de la paratuberculose, les auteurs montrent que les voies de transmission directes et indirectes ne se recouvrent que partiellement (ie la structure des deux réseaux diffère), et donc que les risques d’infection associés seraient largement indépendants. Par ailleurs, l’étude conclut sur la contribution des contacts indirects, à l’échelle locale, à la propagation de maladies infectieuses.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : PLoS Computational Biology

L'épidémiologie participative : quel impact sur la surveillance de la santé animale mondiale ?

Un article, paru dans la revue PLoS One, présente un inventaire des principales applications de l'épidémiologie participative à la santé animale, entre janvier 1980 et juin 2015. L'épidémiologie participative (EP), branche relativement récente de la science épidémiologique, s'appuie sur une participation active des populations locales, un contact régulier avec les éleveurs et une prise en compte accentuée du contexte socio-économique et environnemental. Différant de l'épidémiologie classique par des données plus qualitatives que quantitatives, elle se réfère à deux principes fondamentaux : la flexibilité (les sources d'information sont diverses, allant de l'entretien informel aux différentes formes de visualisation) et la triangulation (procédé de recoupement des données, pour en assurer la qualité et la fiabilité).

Dans cette étude, 237 publications (articles scientifiques, rapports techniques, actes de conférences, etc.), traitant principalement de la surveillance et du contrôle des maladies, ont été répertoriées, la plupart publiées depuis 2012. Elle s'appuie également sur les contributions, via un forum Internet, de 79 praticiens, issus de groupes de recherche, d'ONG ou d'universités, et travaillant en majorité en Asie et en Afrique. Les maladies couvertes dans les registres d'EP ont été classées dans différentes catégories générales, telles que les maladies transmises par la nourriture ou les maladies vectorielles. La carte ci-dessous présente les activités d'EP recensées en Europe, Afrique, Asie et Océanie.

Nombre d'activités en épidémiologie participative en Europe, Afrique, Asie et Océanie

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Source : PLoS One

Les auteurs mettent en avant que l'EP a contribué, depuis une trentaine d'années, au contrôle de certaines maladies animales, telles que la fièvre aphteuse, la peste des petits ruminants et l’influenza aviaire. On peut également citer la peste bovine, éradiquée en 2011. La méthode est particulièrement utile dans les zones où il y a peu de services vétérinaires organisés et de données de surveillance.

Enfin, pour permettre un recours plus large à l'EP, les auteurs soulignent la nécessité d'une mise en place de normes et d'une définition standardisée conjointement par l'OIE et la FAO. Ils suggèrent également d'augmenter le nombre de praticiens formés aux spécificités de l'épidémiologie prédictive.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : PLoS One

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08/02/2017

Modélisation de l'impact sur la santé au Royaume-Uni de la taxe sur les sodas

En janvier, The Lancet a publié un article présentant les résultats d'une évaluation de l'impact potentiel, sur la santé, de la taxe sur les boissons sucrées, proposée en mars 2016 au Royaume-Uni et comportant plusieurs niveaux selon la teneur en sucre. Trois types de réponses des industriels ont été modélisées : la reformulation des produits ; l'augmentation du prix ; l'évolution des parts de marché entre les catégories de boissons (high-sugar, mid-sugar, low-sugar). Les effets de chacun de ces scénarios sur l'obésité, le diabète et les caries dentaires de la population ont été évalués, à partir d'un modèle combinant notamment des données de ventes et de consommation, les prévalences des maladies, des estimations de l'élasticité des prix, etc.

Il apparaît que la reformulation des produits est le scénario le plus favorable pour la santé, permettant une baisse du nombre de personnes obèses (environ 14 400 en moins sur un total de 15 millions), et une réduction des cas de diabète de type 2 (moins 19 000 par an). Les moins de 18 ans bénéficient le plus de la baisse de l'obésité et de l'amélioration de la santé bucco-dentaire, alors que ce sont les plus de 65 ans qui sont concernés par la réduction du diabète.

Source : The Lancet