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02/07/2020

Sociologie de la profession vétérinaire

Deux sociologues d'INRAE dressent, dans un article de la Review of Agricultural, Food and Environmental Studies, un portrait de la profession vétérinaire à l’issue d’une méta-analyse de 102 articles. Avec cette étude, également disponible sur le blog Transhumances, les auteurs rendent compte des conditions de travail de plus en plus délicates des professionnels, de leurs difficultés d'installation, de leur épuisement et du sentiment de déclassement. Sont étudiés successivement l’évolution sociodémographique de la profession, la transformation des modes d'exercice et le rôle de l’État dans la santé publique vétérinaire. La féminisation du métier (51,4 % des vétérinaires) est le point focal de cette évolution, et devrait se renforcer demain compte tenu de leur proportion parmi les jeunes professionnels et du départ en retraite de générations très masculines. Souvent salariées, leurs difficultés à s'installer dans une profession encore perçue comme très masculine sont soulignées.

Sur le même thème, on pourra également se reporter à une récente analyse du CEP.

Source : Review of agricultural, food and environmental studies

15:00 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : vétérinaires, profession vétérinaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/12/2019

Vente de médicaments et modèle économique des structures vétérinaires rurales

Paru en octobre 2019 dans Preventive Veterinary Medicine, cet article s'intéresse au modèle économique des entreprises vétérinaires rurales. En France, les vétérinaires ont la double possibilité de prescrire les médicaments et de les délivrer. Pour lutter contre l'antibiorésistance, une des pistes envisagées est de la supprimer, l'hypothèse étant qu'elle provoque une surconsommation d'antibiotiques. Cet article est le premier à envisager les conséquences économiques d'une telle suppression, pour les structures vétérinaires en milieu rural.

Pour cela, dans un panel d'entités volontaires recrutées en milieu rural par appel à projet, les auteurs ont prélevé par randomisation un échantillon de 35 cliniques, puis sélectionné un groupe de 11 structures représentatives de la diversité des pratiques et du territoire. Ils ont analysé leur comptabilité sur trois années (2015-2017), en se focalisant sur les revenus et les charges. Ils ont séparé les activités dédiées à la médecine des animaux de compagnie de celles dédiées à la médecine des animaux de rente, et les ont regroupées en différentes catégories : consultation et conseil, chirurgie, visites et suivis d'élevage, analyses de laboratoire, délivrance de médicaments, vente de matériel, d'aliments et d'accessoires, autres (certification, formation, etc.). Ils ont ensuite étudié le profit engendré par chaque activité.

Ils montrent (figure ci-dessous) que plus d'un quart du profit des structures rurales étudiées est lié à la pratique en animaux de compagnie et près des trois quarts à celle en animaux de rente. L'étude des postes majeurs (actes médicaux, vente de médicaments, vente d'aliments, de matériel et d'accessoires) montre une nette différence entre les deux types de pratique. Dans le cas des animaux de rente, près de 80 % de la rentabilité économique sont liés à la vente de médicaments. En médecine des animaux de compagnie, le profit est mieux réparti, 55 % provenant des actes médicaux et de la vente d'aliments et de matériel.

Pour les auteurs, l'interdiction de la vente de médicaments aurait donc des conséquences importantes sur la rentabilité de la médecine des animaux de rente, alors que celle des animaux de compagnie serait moins impactée. Toujours selon eux, cela fragiliserait la viabilité des structures vétérinaires et n'inciterait pas à l'installation de nouveaux praticiens en milieu rural, alors que s'y observe déjà une désertification médicale vétérinaire.

Répartition des profits moyens engendrés par différentes activités dans une structure vétérinaire en milieu rural

Veterinaires.jpg

Source : Preventive Veterinary Medicine

Franck Bourdy, Centre d’études et de prospective

Source : Preventive Veterinary Medicine

15:19 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : vétérinaires, antibiotiques, rural, prescription |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/11/2018

Action publique et régulation de l'activité professionnelle vétérinaire

Un article sur les liens entre la profession vétérinaire et l’État, signé par deux chercheurs de l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO), a été publié dans la revue Sociologie. Après en avoir rappelé les règles de gouvernance, le texte décrit les caractéristiques de cette profession indépendante réglementée. Les auteurs analysent ensuite l'organisation de l'action publique vétérinaire, à travers trois domaines : inspection en abattoir, régulation du médicament et gestion des maladies contagieuses en élevage, ce dernier constituant une mission des vétérinaires sanitaires depuis le début du XXe siècle.

Selon les auteurs, la profession vétérinaire, initialement considérée comme centrale dans la gestion sanitaire du cheptel, a vu son rôle progressivement reconsidéré par l’État. Ceci s'est traduit par une reconnaissance accrue des compétences des éleveurs en la matière, et une réduction concomitante des financements publics. Simultanément, la profession vétérinaire rurale connaît une diversification de ses actes : au rôle de clinicien s'ajoute un rôle de conseil agricole, mettant l'accent sur la prévention. Cette redéfinition des rôles a été patente lors de certaines crises, la fièvre catarrhale ovine (FCO) notamment, avec un litige important opposant éleveurs et vétérinaires lors de la mise en place de la vaccination.

En ce qui concerne la régulation du médicament, la loi n°75-408 sur la pharmacie vétérinaire, qui a donné aux vétérinaires le droit de délivrer des médicaments pour les animaux qu'ils soignent, a constitué une étape clef pour la profession, en confirmant son rôle dans les élevages et en lui octroyant le revenu lié à la revente. Toutefois, cette disposition a parfois été remise en question, notamment dans le cadre de la lutte contre l'antibiorésistance.

Quant à l’inspection en abattoir, elle est assurée par des fonctionnaires ou contractuels en poste fixe, mais aussi par des vétérinaires sanitaires, qui assurent des vacations leur procurant un complément de revenu et diversifiant leur activité. Sur ces trois domaines, les auteurs mettent ainsi en évidence l'influence qu'ont pu avoir les politiques publiques sur l'évolution et le contenu de la profession vétérinaire.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Sociologie

10:15 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : vétérinaires, profession vétérinaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2018

Lutte contre l'antibiorésistance et recours aux antibiogrammes par les vétérinaires : impact de la politique de réduction des antimicrobiens en France

Dans une étude publiée en novembre 2018, cinq chercheurs français éclairent les facteurs et les freins déterminant l'utilisation d'antibiogrammes par les vétérinaires, cette méthode permettant de tester la sensibilité de germes aux antimicrobiens. Ils évaluent de plus l'impact d'un décret de 2016 (n°2016-317), rendant obligatoire l'utilisation d'un antibiogramme avant la prescription de certains antibiotiques (céphalosporines et fluoroquinolones de troisième et quatrième générations). 66 vétérinaires exerçant dans les secteurs de l'élevage bovin, équin, porcin et de volaille, ont été sélectionnés aléatoirement et interrogés, au cours d'entretiens semi-directifs, sur leurs pratiques et leur perception du décret.

46 facteurs, regroupés en 11 catégories, ont été identifiés comme déterminants pour l'utilisation d'un antibiogramme. Par exemple, la relation de confiance entre le vétérinaire et l'éleveur influe positivement sur leur utilisation. Au contraire, le temps nécessaire pour obtenir les résultats (en lien avec la distance au laboratoire) est un exemple de facteur négatif.

L'enquête révèle également que le décret n'a pas entraîné de hausse majeure du recours aux antibiogrammes : leur utilisation était déjà répandue dans les secteurs porcins et volailles, alors que leur coût favorise la prescription d'antimicrobiens non concernés par le texte, dans le cas des bovins et des équins. Par ailleurs, le décret a été bien accueilli par les vétérinaires. Les répondants estiment qu'il a permis d'homogénéiser leurs pratiques et qu'il est un bon support pour promouvoir des mesures préventives et montrer l'importance de la lutte contre l'antibiorésistance. Parmi les rares critiques soulevées, les vétérinaires soulignent le problème de la non-harmonisation des législations, au niveau européen, pouvant entraîner une distorsion de concurrence entre la France et les États réglementant différemment l'utilisation des antimicrobiens.

Plusieurs facteurs de réussite sont donc à retenir de cette enquête, afin de favoriser l'acceptation et l'efficacité des politiques publiques. Un temps suffisant a par exemple été accordé aux vétérinaires, avant la mise en œuvre du décret, pour se préparer au changement, et notamment pour relayer l'information et les enjeux de l'antibiorésistance auprès des éleveurs.

Objectifs exprimés par les vétérinaires, motivant l'utilisation d'un antibiogramme

L'utilisation comme garantie (« insuring tool ») en cas de conflit est spécifique au secteur équin ; les autres utilisations sont communes à tous les secteurs.

Antibio.jpg

Source : Preventive Veterinary Medicine

Aurore Payen, Centre d'études et prospective

Source : Preventive Veterinary Medicine

07/11/2018

L'activité des vétérinaires : de plus en plus urbaine et féminisée

Un Insee Première d'octobre 2018 dresse un état des lieux de la profession vétérinaire. Relevons d'abord que le chiffre d'affaires global a progressé depuis 2000 et atteint 3,5 milliards d'euros en 2016. Cette hausse est portée majoritairement par la médecine des animaux de compagnie (chats, chiens et nouveaux animaux de compagnie - NAC), essentiellement pour des clientèles urbaines ; elle représente aujourd'hui 66 % du chiffre d'affaires du secteur. De son côté, l'exercice dit « rural » (animaux d'élevage) connaît des disparités fortes de chiffre d'affaires selon les régions : c'est en Bretagne et en Auvergne – Rhône-Alpes, importantes zones d'élevage, qu'il est le plus important. Enfin, la note fait état de la féminisation accrue de cette profession (72 % de femmes dans les inscriptions à l'ordre des vétérinaires en 2016).

Chiffre d'affaires des vétérinaires par espèce en 2016

Activite-veterinaire.jpg

Source : Insee

Source : Insee

08:45 Publié dans Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : vétérinaires, féminisation, animaux de compagnie, élevage |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/03/2016

Tendances et défis de la pratique vétérinaire rurale

Dans un récent article, La semaine vétérinaire présente les enjeux associés à la pratique et aux installations vétérinaires en zones rurales. Il s'appuie sur les travaux du programme de recherche VeTerrA « Vétérinaires et territoires ruraux attractifs » piloté par VetAgroSup entre 2013 et 2015, réalisé dans différentes zones rurales du Massif Central et basé sur des enquêtes auprès de professionnels de terrain (vétérinaires, éleveurs).

L'article rappelle ainsi la tendance de fond à une certaine désaffection des vétérinaires pour la pratique rurale (15 % des structures vétérinaires rurales ont disparu en région Rhône-Alpes entre 1999 et 2010), qui fragilise le maillage sanitaire. Pour autant, la motivation pour « la rurale » existe toujours, pour de multiples raisons : vie à la campagne, relationnel avec les éleveurs, sentiment d'utilité sociale, etc. L'aspect intellectuellement stimulant du diagnostic est également cité, même si les contraintes économiques des propriétaires peuvent empêcher d'aller au bout des investigations. Autre tendance, l'exercice individuel tend à diminuer au profit d'associations permettant de partager les frais d'installation, de mutualiser le matériel coûteux et de se répartir les gardes. Les contraintes horaires sont un problème d'autant plus prégnant que les vétérinaires sont davantage soucieux de préserver leur vie de famille.

Certaines évolutions, comme la diminution des prophylaxies et la crainte d'érosion de la vente des médicaments, sont perçues comme des facteurs de risque pour la viabilité économique des cabinets ruraux. La concurrence de structures et services en lien avec l'élevage (centres d'insémination par exemple) est également citée. Au total, les constats formulés laissent craindre une poursuite de la déprise vétérinaire en zones rurales, une préoccupation croissante pour les pouvoirs publics (cf. trois rapports récents rendus en 2008, 2009 et 2010).

Le rapport final du programme VeTerrA présente également les démarches adoptées dans certains pays comme la Finlande où a été promu un partenariat entre secteurs public et privé : certains vétérinaires sont salariés par les « municipalités » (structures régionales regroupant des communes) et peuvent, en parallèle, exercer une activité libérale . Grâce à ce principe, la Finlande a un maillage territorial vétérinaire satisfaisant y compris dans les zones extrêmes comme la Laponie.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Sources : Programme VeTerrALe Point Vétérinaire

10:09 Publié dans Santé et risques sanitaires, Territoires | Lien permanent | Tags : veterinaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

19/06/2015

Santé publique vétérinaire : les métiers d’aujourd’hui et de demain

Le 9 juin dernier, lors d’une séance de la Société Vétérinaire Pratique de France, ont été présentés plusieurs métiers vétérinaires d’avenir. Si l’exercice en clientèle, rurale ou canine, est la première fonction des vétérinaires, d’autres types d’activités se développent, par exemple en matière de :

– médicament vétérinaire : par rapport au médicament humain, existence d’exigences plus élargies pour la prise en compte des effets sur la santé animale mais également sur la santé humaine (via notamment les résidus) et sur l’environnement ;

– industrie agroalimentaire : montée en puissance de la commercialisation de poulets élevés sans antibiotique, démarche initiée en 2010 en région Auvergne et ayant pris un réel essor ;

– conseil en hygiène alimentaire, dans le cadre de l’application de la réglementation européenne du « Paquet Hygiène » : activité de conseil en hygiène alimentaire auprès d’industriels et de collectivités, qui pourrait se développer dans les prochaines années suite à l’intérêt croissant, dans les cantines scolaires, pour les produits locaux cuisinés sur place, remplaçant des repas élaborés en cuisines centrales.

Cette liste, loin d’être exhaustive, pourrait être complétée par la fonction de vétérinaire comportementaliste et la mise en place de thérapies « par l’animal ».

Madeleine Lesage, Centre d’études et de prospective

Lien : CIV

23/06/2014

Évolutions de la population vétérinaire aux États-Unis, de 1990 à 2010

Au cours des vingt dernières années, les modes d'exercice de la profession vétérinaire aux États-Unis ont connu des changements notables. Une étude publiée par le Center for Agricultural and Rural Development (université de l'Iowa) montre que la population des vétérinaires a augmenté proportionnellement plus que la population générale et s'est fortement féminisée. Il est constaté une préférence marquée pour l'exercice urbain, centré sur les animaux de compagnie ou de sport, et un désintérêt (voire une aversion) pour l'exercice rural, et ce principalement pour la filière porcine. Cette tendance est surtout notable chez les vétérinaires femmes.

Source : Center for Agricultural and Rural DevelopmentIowa State University

16:43 Publié dans Protection des végétaux et des animaux, Société | Lien permanent | Tags : etats-unis, vétérinaires |  Imprimer | | | | |  Facebook