14/09/2021
L'Union européenne, acteur de premier plan des échanges mondiaux en micronutriments
Une équipe allemande de chercheurs a analysé les flux commerciaux liés à l'alimentation humaine et animale de l'Union européenne en fonction de leurs contenus en fer, zinc et vitamine A. Les premiers résultats ont été publiés récemment dans Ecological Economics. Pour ce faire, ils ont retracé, à partir des données sur le commerce international (FAO, 2018), les liens entre pays consommateurs et pays producteurs de matières premières, y compris pour les produits ayant subi des transformations. Les matrices offre/demande de matières premières agricoles ont ensuite été traduites en balance en micronutriments, en fonction de la teneur de chacune (figure ci-dessous).
Principaux flux d'échanges en fer, zinc et vitamine A portés par l'alimentation humaine et animale
Source : Ecological Economics
En raison de sa dépendance aux échanges internationaux pour l'alimentation du bétail, l'UE est importatrice nette de fer et de zinc. Elle s'approvisionne, pour plus des trois quarts de ses besoins nets, auprès de pays à fort taux de malnutrition. À l'inverse, elle est exportatrice nette de vitamine A, en particulier au travers des denrées destinées aux pays en insécurité alimentaire. Ces résultats montrent le poids important de l'Union en matière de sécurité alimentaire globale.
Source : Ecological Economics
12:13 Publié dans Alimentation et consommation, Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : micronutriments, nutrition, commerce international | Imprimer | |
17/11/2020
Les OGM sont-ils une solution envisageable pour lutter contre la « faim cachée » ?
La « faim cachée » est un problème de malnutrition causé par une alimentation trop faible en micronutriments. Carences en vitamine A, en zinc, en fer et en iode exposent les populations, et particulièrement celles des « pays en voie de développement », à de graves maladies. Pour accélérer la réponse à ce défi sanitaire, une équipe internationale de scientifiques expose, dans un article publié dans Nature Communications, des stratégies de biofortification combinant sélection conventionnelle végétale et génie génétique.
La biofortification consiste à élever les niveaux de micronutriments des cultures par des techniques d'amélioration variétale. La collaboration de plusieurs instituts internationaux de recherche agricole (cf. notamment le programme HarvestPlus) a permis de mettre au point, par sélection conventionnelle, plus de 300 variétés de plantes biofortifiées cultivées dans 40 pays en développement : plusieurs variétés de riz à haute teneur en zinc (Bangladesh), millet perlé augmenté en fer (Inde), etc. Si l'efficacité sanitaire de ces cultures a été démontrée chez les populations souffrant de malnutrition (morbidité plus faible, performance cognitive améliorée, capacité de travail accrue), la sélection conventionnelle montre également plusieurs limites. Tout d'abord, la variation naturelle de la teneur en micronutriments, pour une variété donnée, peut limiter les possibilités d'augmentation de cette teneur. De plus, parvenir à une culture biofortifiée pour un seul type de micronutriments demande un certain nombre d'années, et l'accroissement de la teneur en plusieurs nutriments pour une même culture complexifie encore la sélection, afin de ne pas altérer d'autres caractéristiques favorables. Pour les auteurs, la biotechnologie (génie génétique) permet de lever ces difficultés tout en combinant cette biofortification avec des caractéristiques agronomiques améliorées (rendement, résistance aux ravageurs) ou plus adaptées aux conditions climatiques locales et à leurs phénomènes extrêmes. Par exemple, le séquençage du génome du riz en 2005 a conduit à l'identification de gènes d'intérêt : associé à la tolérance aux inondations (Sub1A), favorisant la croissance des racines (DRO1), etc.
Mettre fin à la malnutrition d'ici à 2030 est le deuxième Objectif de développement durable (ODD) fixé par les Nations unies. Aussi, les auteurs formulent en conclusion des propositions d'harmonisation et de cadrage de la réglementation des cultures transgéniques entre les différents pays, l'un des facteurs actuellement limitant leur développement.
Actions proposées et interventions politiques
Source : Nature Communications
Lecture : les actions en jaune visent spécifiquement à améliorer l'accessibilité pour les populations les plus pauvres, tandis que les actions en vert visent un développement plus efficace de produits de meilleure qualité (vert clair : uniquement le génie génétique ; vert foncé : combinaison du génie génétique et de la sélection conventionnelle).
Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective
Source : Nature Communications
18:30 Publié dans Alimentation et consommation, OGM | Lien permanent | Tags : nutrition, micronutriments, faim | Imprimer | |
11/03/2016
Enjeux autour des micronutriments au Royaume-Uni
Dans l'édition de mars du Nutrition Bulletin, trois auteurs de la British Nutrition Foundation ont publié un article intitulé « Micronutrient status and intake in the UK – where might we be in 10 years' time? ». Les micronutriments (vitamines, minéraux, éléments traces) remplissent divers rôles physiologiques, et des déficiences liées aux régimes alimentaires peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé.
Après avoir rappelé les incertitudes et limites liées à l'évaluation des statuts et consommations de micronutriments, les auteurs identifient les groupes de la population britannique les plus concernés par des déficiences, en particulier en folates, vitamine D, calcium, fer et iode : les adolescents, les minorités ethniques (originaires d'Afrique, des Caraïbes et d'Asie du Sud) et les personnes à bas revenus. Les adolescentes et les femmes en âge de procréer sont particulièrement concernées.
Par ailleurs, les auteurs listent et détaillent les connaissances sur une série de moteurs, tendances et événements qui pourraient influencer, à l'avenir, les consommations britanniques de micronutriments : évolution des connaissances scientifiques (biomarqueurs, influences génétiques et épigénétiques, etc.) ; changements dans la chaîne alimentaire, aux niveaux agricole (ex : sélection variétale privilégiant le rendement plutôt que le contenu en micronutriments), industriel et de la distribution ; évolutions démographiques ; initiatives gouvernementales ; changements dans les attitudes et comportements des consommateurs (diversification des régimes alimentaires, demande croissante de produits alimentaires spécialisés, etc.).
In fine, ils rappellent que les enjeux globaux (changement climatique, croissance de la population) ont plus orienté les préoccupations sur l'aspect quantitatif de la sécurité alimentaire et sur les implications environnementales, que sur leurs conséquences nutritionnelles. Ils invitent donc les pouvoirs publics à mener des actions adaptées à ces enjeux (campagnes de sensibilisation, politiques d'enrichissement des denrées). Ils concluent en indiquant que ces aspects sont reliés aux enjeux de l'identification de régimes alimentaires apportant les quantités de vitamines et minéraux nécessaires à la santé, et qui soient également « équitables, abordables et durables ».
Julia Gassie, Centre d'études et de prospective
Source : Nutrition Bulletin
10:04 Publié dans Alimentation et consommation, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : nutrition, micronutriments, royaume-uni | Imprimer | |