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14/02/2020

Sécurité alimentaire et disponibilité de la ressource en eau : une analyse des tendances mondiales

L'augmentation de la population mondiale et des revenus nécessitera une hausse considérable de la production agricole, pour faire face à la croissance de la demande alimentaire, de 70 à 100 % à l'horizon 2050 selon les projections. Face à un tel défi, aggravé par le changement climatique, la disponibilité en terres cultivées et en eau pour l'irrigation constitue un sujet de préoccupation majeur. Afin de clarifier les termes du débat, un article publié dans Global Food Security propose une analyse de tendances, basée sur les données de la FAO et une revue de la littérature scientifique.

Il montre que dans un contexte de croissance exponentielle de la population (à l'exception de l'Europe), les terres cultivées et la disponibilité en eau par habitant ont constamment baissé depuis les années 1960, bien qu'elles se stabilisent désormais dans certaines régions (cf. figures). Cela n'a pas empêché la production agricole, sur la même période, d'augmenter plus rapidement que la population grâce aux progrès techniques et organisationnels, soulignés par d'autres travaux sur la productivité agricole (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). L'évolution des surfaces équipées pour l'irrigation par habitant est plus contrastée (figure ci-dessous) : baisse continue en Afrique, augmentation significative en Amérique du Sud, relative stabilité en Asie, etc. Cependant, en nombre d'hectares, elles augmentent dans la plupart des régions (sauf en Europe), ce qui témoigne d'investissements qui se poursuivent.

Terres cultivées (à gauche) et terres équipées (à droite) pour l'irrigation par habitant (Monde, 1961-2013)

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Source : Global Food Security

Ces tendances révèlent une capacité importante de l'agriculture à produire plus avec moins de terres et d'eau, mais rien n'indique, selon les auteurs, que cette capacité se développera à un rythme suffisant d'ici 2050. Le changement climatique, en aggravant les risques liés à l'eau (sécheresses, inondations, maladies, etc.) pourrait réduire des dotations déjà inégales, d'autant que les progrès techniques sont par nature incertains. Quelques pistes sont néanmoins prometteuses : se rapprocher des rendements potentiels des cultures (refermer le yield gap) permettrait selon certains auteurs de nourrir 2 milliards de personnes supplémentaires ; d'autres insistent sur les gains d'efficience liés à des modes d'allocation de l'eau plus souples et renégociables (ex. : quotas transférables).

Estimation et projection des ressources en eaux renouvelables disponibles par habitant, 1960-2080

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Source : Global Food Security

Lecture : eaux de surface à gauche, eaux souterraines au centre, eaux de surface et eaux souterraines à droite.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Global Food Security

09:51 Publié dans 1. Prospective, Climat, Environnement, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : eau, irrigation, terres cultivées |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/02/2020

Combien peut-on nourrir d'êtres humains en respectant les limites planétaires ?

C'est la question que se sont posée des chercheurs européens dans un article de Nature Sustainability publié en janvier. Pour y répondre, ils ont modélisé la biosphère terrestre en intégrant les systèmes agricoles. Ils ont ainsi pu quantifier la part de la production alimentaire mondiale actuelle (mesurée en kilocalories) qui repose sur le dépassement global et local (grandes régions écologiques) de quatre des 9 « limites planétaires » (planet boundaries) identifiées dans la littérature (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog) : biodiversité, utilisation des sols, gestion de l'eau et cycle de l'azote. Ils ont également étudié les possibilités permises par des systèmes alimentaires plus durables.

Les auteurs montrent que les systèmes agricoles actuels, s'ils respectaient les limites planétaires étudiées, ne pourraient fournir que 2,95x1015 kcal, contre 5,74x1015 kcal actuellement : cela ne permettrait de nourrir que 3,4 milliards d'êtres humains. 48,6 % de la production globale actuelle reposeraient donc sur le dépassement de ces limites.

Les auteurs mettent également en évidence des différences marquées selon les zones géographiques (figure ci-dessous). Plus de 70 % de la production locale de certaines régions d'agriculture intensive d'Asie centrale et du Sud-Ouest, d'Europe et d'Amérique reposent sur le dépassement de ces limites. Les États-Unis et l'Europe connaissent ainsi des usages excessifs d'intrants azotés ; les pays tropicaux sont plus concernés par le changement d'usage des terres et la perte de biodiversité, et les régions subtropicales par la disponibilité en eau. Par ailleurs, dans certains pays (Inde, Iran, Pérou, etc.), la production alimentaire repose sur le dépassement de 3 des 4 limites étudiées.

Statut actuel pour chacune des 4 limites planétaires analysées (a - biodiversité, b - utilisation des sols, c - gestion de l'eau, d - cycle de l'azote)

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Source : Nature Sustainability

Les auteurs ont aussi analysé les gains de production que permettraient des systèmes alimentaires plus durables, respectueux des limites étudiées. Ils proposent notamment une ré-allocation des terres, une gestion optimisée de l'eau et des nutriments, la réduction des pertes alimentaires et une baisse de la consommation de protéines animales. Ils montrent que la transition vers ces systèmes durables augmenterait globalement le nombre de kilocalories produites de 53 % par rapport au niveau actuel, tout en respectant les limites planétaires considérées. Cela permettrait de nourrir durablement 10,2 milliards d'humains. Cependant, certaines régions (Moyen-Orient, bassin de l'Indus, Indonésie et une partie de l'Europe) feraient face à des baisses de production et ne seraient pas autosuffisantes.

Effet du changement de système sur la production de kilocalories : (a) système agricole actuel soumis au respect des limites planétaires, (b) transition vers un système alimentaire plus durable

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Source : Nature Sustainability

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Sustainability

Les enjeux éthiques de la modification du génome des animaux

Après un avis consacré aux nouvelles techniques d'amélioration génétique des plantes (2018), le comité consultatif d'éthique commun Inra-Cirad-Ifremer a publié, fin 2019, un avis sur la modification génétique des animaux par les technologies d’édition du génome. Les auteurs rappellent l'importance, pour la compréhension des mécanismes d'expression et de régulation des gènes (via leur inactivation ou modification ciblée), des techniques récentes d'édition du génome et de mutagenèse dirigée (notamment Crispr-Cas9 – voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog). Elles posent de nouvelles questions éthiques à la sélection génétique animale, analysées dans cet avis.

Le comité se penche d'abord sur l'édition du génome des animaux de rente. Toutes les espèces domestiques sont en effet potentiellement concernées par des modifications de ce type, visant à améliorer la santé des animaux (ex. : résistance à l'influenza aviaire pour les volailles), à modifier des caractères liés à l'élevage (ex. : bovins sans cornes) ou des caractères de production (ex. : inhibition de la production de protéines allergènes). Le comité estime que la prise en compte et l'amélioration du bien-être animal doivent être au cœur des nouvelles stratégies de sélection, sans toutefois chercher à adapter des animaux à des conditions d'élevage difficiles.

Pour les auteurs, de telles modifications génétiques doivent procurer des avantages aux animaux, aux consommateurs et à la société. Ils recommandent alors que chaque projet de recherche soit soumis à un comité réunissant chercheurs, acteurs des filières et société civile, en amont des travaux.

Dans une deuxième partie, le comité étudie les techniques d'édition du génome des espèces considérées comme nuisibles, notamment celle du forçage génétique (gene drive), pour contenir les populations d'insectes ravageurs ou vecteurs de maladies. Ce forçage repose sur la propagation des modifications génétiques apportées et il contredit donc les mesures habituelles de biosécurité (confinement). Les auteurs considèrent que, vu le caractère « rudimentaire » des connaissances actuelles, ces techniques comportent trop d'incertitudes sur leur efficacité et leurs effets écosystémiques : ils invoquent le principe de précaution et appellent à développer des travaux de recherche dédiés avant de permettre leur utilisation.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Inrae

09:45 Publié dans Enseignement et recherche, Société | Lien permanent | Tags : éthique, génome, animaux, mutagenèse, crispr-cas9 |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/02/2020

Quelle consommation de bois et de matériaux biosourcés dans les bâtiments en 2050 ?

Dans deux études prospectives publiées en décembre, l'ADEME a évalué les volumes de matériaux nécessaires pour la construction neuve, d'une part, et la rénovation thermique des bâtiments d'autre part, aux horizons 2035 et 2050. Dans chacun de ces secteurs, un scénario d'augmentation du recours aux matériaux biosourcés, et en particulier aux bois ou produits bois (à base de cellulose par exemple), est envisagé, en contrepoint d'un scénario tendanciel.

Pour la construction neuve, à vocation résidentielle ou tertiaire, les auteurs ont modélisé la consommation des différents matériaux pour chaque macro-composant des bâtiments (planchers bas et intermédiaires, murs, etc.), selon les types de bâtis (résidentiel ou tertiaire, individuel ou collectif, etc.) et les modes constructifs employés (bâtiment bois, mixte béton/acier, etc.). Prenant appui sur le scénario tendanciel « Avec Mesures Existantes » (AME) de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), ils calculent les volumes de matériaux nécessaires selon deux scénarios technologiques : maintien des proportions actuelles des différents matériaux (scénario BAU) ou augmentation de la part du bois et des matériaux biosourcés (scénario BB).

Du fait de la baisse tendancielle de l'activité de construction, quel que soit le scénario, la consommation de bois devrait reculer à l'horizon 2050, même si sa part de marché est en hausse. En revanche, les isolants bois ou biosourcés progresseraient nettement dans le scénario BB.

Consommation cumulée de matériaux sur les périodes 2015-2035 et 2035-2050, en construction neuve pour les secteurs résidentiel et tertiaire (grande distribution, bureaux, enseignement, hôtels)

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Source : ADEME

Un travail similaire a été mené dans le domaine de la rénovation thermique des bâtiments, en modulant le rythme de rénovation du parc actuel de logements et en adoptant différentes solutions techniques. Les auteurs ont quantifié les volumes de matériaux consommés et ceux des déchets générés lors, notamment, des opérations de remplacement. Ainsi, sur la période 2015-2050, la consommation totale de produits isolants biosourcés varierait de 2,4 à 7 millions de tonnes (Mt) et celle du bois de 1,5 à 3,5 Mt, selon les scénarios.

En croisant les deux analyses, l'ADEME précise que la construction neuve consomme 40 fois plus de matériaux que la rénovation, et 80 fois plus en logement collectif : cela apporte des arguments supplémentaires en faveur de la rénovation, par ailleurs plus économe en utilisation de terres et moins émettrice de gaz à effet de serre.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : ADEME

09:42 Publié dans 1. Prospective, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : ademe, bois, construction, bâtiments, rénovation |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une évaluation de l'impact des Programmes de développement rural sur le secteur agroalimentaire

Si les Programmes de développement rural (PDR) du second pilier de la PAC bénéficient d'abord aux agriculteurs, ils ont également des effets sur les industries agroalimentaires (IAA). Pourtant, la plupart des évaluations des PDR se focalisent sur le secteur agricole et abordent peu celui de la transformation. Dans un article publié dans la revue Regional Studies, une équipe du Joint Research Centre a cherché à pallier cette lacune, en étudiant le cas polonais.

Les auteurs commencent par rappeler que les PDR touchent directement les industries agroalimentaires, au travers de mesures visant à soutenir leurs investissements, mais aussi de façon indirecte, au moyen de dispositifs cherchant à développer les infrastructures publiques, les services de base dans les territoires ruraux, etc. Ils considèrent dès lors que l'évaluation doit porter non seulement sur l'effet des mesures spécifiquement dédiées aux IAA, mais également sur l'effet global du programme.

Pour ce faire, les auteurs mobilisent des approches économétriques quasi-expérimentales, reposant sur des données agrégées à une échelle cantonale, et non sur des données collectées à l'échelle micro des entreprises. Ces dernières ne sont en effet pas toujours accessibles et elles ne permettent pas de saisir les effets indirects.

Pour estimer l'effet direct des dispositifs dédiés aux IAA, une première analyse compare des cantons ayant bénéficié de telles mesures avec d'autres qui n'en ont pas bénéficié. Elle montre que ces soutiens ont un effet négatif sur l'emploi, en raison des substitutions capital/travail qu'ils favorisent. Une telle comparaison entre cantons bénéficiaires et non-bénéficiaires n'est pas possible pour mesurer l'effet global des PDR, car très peu d'entre eux n'ont bénéficié d'aucun soutien. Aussi, les auteurs ont plutôt regardé si le niveau de soutien reçu dans un canton donné influait sur la structure de son secteur agroalimentaire. Ils mettent en évidence une corrélation positive entre le niveau d'aides reçues et le nombre d'IAA et, partant, sur l'emploi.

Ces résultats illustrent les effets ambivalents et potentiellement contradictoires des programmes de développement rural et interrogent leur cohérence interne.

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Regional Studies

09:40 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, IAA, PAC | Lien permanent | Tags : pdr, agroalimentaire, pologne |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/02/2020

Impact de l'automatisation sur l'emploi dans le secteur agroalimentaire

En janvier, l'Office français des conjonctures économiques (OFCE) a publié un working paper étudiant l'impact de l'automatisation sur le marché du travail en France, entre 1994 et 2015. Un panel de 16 227 entreprises a été constitué à partir des données appariées employeurs-employés de l'Insee pour l’emploi et l’automatisation, des Douanes pour le commerce, et de l’International Federation of Robots (IFR). Cet article revêt un intérêt particulier dans un contexte où les innovations technologiques dans l’agroalimentaire sont en pleine croissance, en particulier celles en lien avec la foodtech.

En premier lieu, les auteurs décrivent statistiquement les entreprises de leur panel quant à l’automatisation, l’emploi et les ventes totales. Le concept de force motrice (exprimé en tonnes équivalent pétrole) permet de déterminer approximativement leur niveau d’automatisation. Cette variable décrit la consommation d’énergie de tous les appareils continuellement branchés durant le processus de production. Les auteurs ont choisi cette approche de l’automatisation car elle est plus inclusive que celle retenue par l’IFR. L’analyse montre que le secteur agroalimentaire figure parmi les cinq secteurs les plus automatisés sur les 245 étudiés (voir figure). Il représente près de 10 % de la consommation totale d’énergie (« force motrice ») et regroupe plus de 5 % de l’ensemble des robots industriels (« robots IFR »).

L’étude révèle ensuite que l’impact de l’automatisation sur l’emploi a été positif, tous secteurs confondus, y compris pour les travailleurs non qualifiés. L’analyse économétrique permet d’estimer une élasticité de l’emploi par rapport à l’automatisation de 0,28, comparée à une élasticité de - 0,05 pour les prix et de 0,37 pour les ventes. Ces résultats suggèrent que l’automatisation génère des destructions d’emploi mais aussi des gains de productivité, des baisses de prix à la consommation, une hausse de la demande adressée aux entreprises, et donc in fine de l’emploi. Néanmoins, l’effet est significatif uniquement dans les secteurs exposés au commerce international (dont l’agroalimentaire). L’élasticité de la demande par rapport aux prix est moins forte dans les secteurs non exposés (l’offre de produit y étant moins variée), et ne permet pas alors d’accroître l’emploi de manière significative.

Distribution des technologies d'automatisation parmi les cinq secteurs français les plus automatisés

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Source : OFCE

Lecture : Motive Force : force motrice ; IFR Robots : robots selon la définition de l’International Federation of Robots (contrôlés automatiquement, manipulateurs polyvalents reprogrammables, programmables sur trois axes ou plus) ; Payroll : salaires (dont cotisations sur retraite) ; Sales : ventes ; Chemicals : secteur de la chimie ; Rubber : secteur du caoutchouc ; Paper : secteur des pâtes et papiers ; Glass & ceramics : secteur du verre et de la céramique ; Food & beverage : secteur de l’agroalimentaire.

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : OFCE

09:36 Publié dans IAA, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : ofce, automatisation, emploi, agroalimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

Production française d'agrocarburants et conséquences en matière d'affectation des sols

L'Assemblée nationale a publié, en janvier 2020, le rapport d'une mission d'information sur les agrocarburants. Celle-ci, conduite en 2019, visait à dresser un état de la situation actuelle, identifier les points de blocage et recenser des pistes d'évolution pour le développement des agrocarburants en France. La mission a conduit dix-huit auditions et reçu des contributions écrites.

Les auteurs notent un contexte mondial porteur du fait de l'urgence climatique (voir figure, pour l'exemple de l'Union européenne). Ils rappellent que les agrocarburants émettent 65 % à 70 % de gaz à effet de serre en moins que les carburants conventionnels, et que le coût de leur production est moins dépendant du pétrole. Malgré cela, ils s'interrogent sur le faible intérêt des constructeurs automobiles pour les agrocarburants, qui se traduit par une production française de bioéthanol réduite (11 millions d'hectolitres contre 600 millions aux États-Unis).

Pour mieux prendre en compte l'intérêt climatique des agrocarburants, les auteurs incluent dans leur réflexion les changements d'affectation des sols induits (directement ou non) par l'augmentation de la demande. En effet, il peut en résulter une libération du carbone stocké dans le sol et ainsi une fuite qui diminue l'intérêt de ces agrocarburants en termes climatiques. Cette limite a été modélisée par l'ADEME (modèle MATSIM-LUCA), démontrant que l'augmentation de l'utilisation de biodiesel en France, entre 2004 et 2009, aurait fait augmenter de 31 000 ha la surface française cultivée en oléagineux (dont 25 000 ha de colza), et, à l'échelle mondiale, de 1,1 million d'ha la surface cultivée en oléagineux (correspondant à une conversion de 620 000 ha de céréales et une entrée de 443 000 ha dans les grandes cultures).

Sur ces bases, les auteurs proposent des pistes, en particulier sur les plans législatif, fiscal et réglementaire : déplafonner l'incorporation à 7 % des agrocarburants de première génération ; indicer les soutiens fiscaux sur le CO2 économisé par rapport aux carburants classiques ; intensifier l'effort de recherche sur la production de biocarburants à partir de résidus et d'algues. Ils rappellent également au Parlement la nécessité de légiférer, pour favoriser les filières françaises par rapport aux importations d'huile de palme, jugée inacceptable en tant qu'agrocarburant du point de vue sociétal comme environnemental.

Évolution de la production primaire de biocarburants liquides dans l'UE sur la période 1990-2017

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Source : Assemblée nationale

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Assemblée nationale

09:33 Publié dans Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : assemblée nationale, agrocarburants, sols |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/02/2020

Pesticides. Comment ignorer ce que l'on sait, Jean-Noël Jouzel

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J.-N. Jouzel (sociologue, CNRS) examine, dans cet ouvrage, les controverses autour de la « science réglementaire » qui fonde les autorisations de mise sur le marché des pesticides. Il compare deux séquences d'élaboration, de mise en cause et de réajustement des expertises sur les risques associés aux produits phytosanitaires : aux États-Unis dans les années 1950 à 1980 ; en France, des années 1990 à aujourd'hui.

La première partie évoque la naissance, dans l'Amérique du milieu du XXe siècle, d'une « hygiène agricole » issue de la collaboration de toxicologues et d'entomologistes soucieux de concilier modernisation et sécurité sanitaire. Des protocoles expérimentaux, quantifiant les niveaux de contamination, mettent en évidence l'importance de la peau comme voie d'absorption. Le respect de « bonnes pratiques », notamment le port de vêtements « adaptés », est alors censé garantir la sécurité des travailleurs. Cette approche est contestée dans les années 1960 par des chercheurs issus de l'hygiène industrielle, en lien avec des problèmes de rentrée dans les parcelles après traitement pour les saisonniers chargés de la récolte. En réponse, les agences d'évaluation, nouvellement créées, stabilisent durant la décennie suivante des « lignes directrices ». Celles-ci reconduisent les postulats individualistes des politiques de prévention et, privilégiant la modélisation, donnent corps à la « science réglementaire ».

En France, au contraire, malgré une modernisation rapide de l'agriculture, les risques liés aux pesticides restent peu questionnés avant les années 1990. La deuxième partie du livre rappelle le rôle moteur de la construction européenne et de la libéralisation du commerce, dans l'importation des outils d'évaluation américains. Elle chronique les relations houleuses entre toxicologues chargés de l'évaluation des risques et épidémiologistes universitaires. Selon l'auteur, la production de connaissances, dans le cadre de la « science réglementaire », a eu pour contrepartie une tendance à minorer, voire écarter, les « données dérangeantes », indiquant une sur-incidence des maladies chroniques chez les travailleurs agricoles. Une nouvelle phase de normalisation des équipements de protection individuels (EPI), aiguillonnée par des données épidémiologiques qui soulevaient un problème de perméation des produits en mélange, l'amène à questionner « la croyance des institutions dans le possible usage contrôlé des pesticides », tout en montrant les « bonnes raisons » de sa permanence dans le temps.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Presses de Sciences Po

Recensement agricole argentin 2018 : résultats préliminaires

L'Instituto Nacional de Estadística y Censos (INDEC) a publié, fin 2019, les résultats préliminaires du recensement agricole argentin 2018 (Censo nacional agropecuario - CNA), la dernière édition d'une série commençant en 1888. L'Institut est chargé de sa conception, la réalisation étant confiée aux services régionaux (Direcciones Provinciales de Estadística). La méthodologie de « balayage territorial », où le recenseur rencontre le producteur, utilise un dispositif de capture mobile incluant des images satellitaires associées à un modèle vectoriel d'information géographique (limites administratives, hydrographie, voies de communication, villes). Les données collectées entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018 concernent i) l'exploitation et le producteur, ii) le type d'activité, iii) les pratiques culturales et d'élevage, iv) la mécanisation des tâches, v) les résidents et la main-d’œuvre.

Le CNA a couvert près de 207 millions d'hectares (cultures, prairies, forêts) et de 250 900 exploitations. Environ 733 000 personnes y habitent, dont 52 % appartiennent à la famille, 18 % sont des travailleurs non familiaux et 16 % des associés. Au total, 420 700 travailleurs permanents (82 % d'hommes) cultivent 33 millions d'hectares (69 % de céréales et oléagineux) et élèvent 56 millions de têtes de bétail. 91 % des exploitations sont gérés par les producteurs ou associés, dont 21 % sont des femmes et 16 % ont moins de 40 ans. Concernant la mécanisation des tâches, les principaux matériels recensés sont les tracteurs (plus de 200 000), les moissonneuses (environ 23 500), les semoirs (75 000) et les conditionneurs de fourrage (37 800). Ces données traduisent des degrés de mécanisation variables selon les structures, mais aussi le recours à des prestations externes. Ainsi, 25 % des exploitations ont recours à de la sous-traitance de services, cette pratique concernant notamment 67 % de la superficie récoltée d'oléagineux.

Répartition des surfaces par activité et de l'élevage par espèce (nombre d'animaux) au 30 juin 2018

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Source : INDEC

En trente ans, entre les recensements de 1988 (378 000 exploitations) et 2018, on constate un phénomène de concentration : baisse de 37 % du nombre d'exploitations, augmentation de 96 % de leur surface moyenne (de 421 à 826 ha), et trois fois plus de superficie consacrée aux cultures annuelles (céréales et oléagineux). Ces dernières passent ainsi de 7,67 à 23 millions d'hectares, notamment dans la région Pampa humide, caractérisée par une concentration relativement importante de la production et une pratique fréquente de la sous-traitance sous la figure des contratistas. Cette situation s'oppose aux filières dites « régionales » (vigne, canne à sucre, fruits, etc.) pour lesquelles la concentration est essentiellement foncière.

Recensement 2018, parcelles cultivées

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Source : INDEC

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Sources : INDEC, Sobre la Tierra

Diminuer la consommation de viandes ne réduirait pas les empreintes carbone des foyers japonais

Un article publié dans la revue One Earth, en décembre 2019, présente les facteurs expliquant les écarts d'empreintes carbone des régimes alimentaires au Japon, à l'échelle des préfectures. Un focus particulier est mis sur l'impact de la consommation de viandes.

60 000 foyers de 47 préfectures ont déclaré leurs dépenses pour 320 types de produits pendant 3 mois. Les produits ont été agrégés en 80 ensembles, dont les émissions de CO2 sont connues à chaque étape de production (du champ à l'assiette, y compris pour les produits importés). Chaque foyer se voit ainsi attribuer une empreinte carbone, associée à son régime alimentaire, sachant que les données disponibles ne permettaient pas d'étudier le CH4 et le N2O à l'échelle souhaitée.

Les foyers les plus émetteurs (dernier quartile) ont une empreinte carbone moyenne 1,9 fois plus élevée que celle des foyers du premier quartile. L'âge et le sexe ne sont pas des facteurs explicatifs de cet écart, et les revenus, économies et localisation géographique des ménages l'expliquent faiblement. Par ailleurs, 30 % des émissions sont liés au lait et à la viande, mais leur consommation est relativement homogène entre les foyers et ne contribue donc pas aux différences d'empreinte carbone. Les écarts sont plutôt imputés à la part du poisson dans les régimes, qui représente en moyenne 15 % des émissions et varie du simple au double dans la population étudiée. D'autres catégories alimentaires sont également en cause, les foyers ayant les émissions les plus élevées consommant 3,3 fois plus d'alcool, 2 fois plus de confiseries, de légumes et allant deux fois plus souvent au restaurant.

Plusieurs pistes d'action sont proposées pour diminuer les émissions dues aux choix des Japonais : favoriser la consommation d'espèces de poissons aux empreintes carbone moins élevées, communiquer sur les impacts environnementaux de la consommation de confiseries et d'alcool, introduire des taxes sur certains produits alimentaires (en particulier hauts de gamme), etc. Pour les auteurs, le régime moyen japonais correspond aux préconisations nutritionnelles que l'on peut trouver dans d'autres pays, et ces résultats pourraient donc les aider à se réorienter vers une alimentation plus durable.

Écart entre les empreintes carbone moyennes du premier et du dernier quartiles selon le poste de consommation alimentaire des ménages étudiés

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Source : One Earth

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : One Earth

09:24 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : japon, régimes alimentaires, empreinte carbone |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/02/2020

Caractérisation multidimensionnelle de l'approvisionnement alimentaire mondial de 1961 à 2013

Dans un article de Nature food, des chercheurs ont développé, à partir des données de la FAO, un outil pour caractériser les systèmes alimentaires nationaux de 127 pays et suivre leur évolution entre 1961 et 2013. Ils ont chiffré la disponibilité de 18 groupes d'aliments par des scores numériques et ont observé que quatre combinaisons expliquent près de 90 % de la variance entre pays en matière d'approvisionnement alimentaire : les aliments d’origine animale et le sucre ; les légumes ; les fruits de mer et les oléagineux ; les racines tubercules et fruits amylacés.

Score moyen d'approvisionnement alimentaire par pays pour la période 2009-2013

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Source : Nature

Lecture : les données ne sont pas disponibles pour les pays indiqués en gris. Les scores sont présentés sur une échelle de 0 à 100.

Un score élevé en aliments d'origine animale et en sucre est caractéristique de la population occidentale aisée. Mais c'est en Chine, Europe du Sud et de l'Est, Asie de l'Est et dans une partie de l'Asie centrale que ce score a le plus augmenté en 50 ans. À l’inverse, l'Australie, l’Amérique du Nord, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni ont connu les plus fortes baisses.

Le score des légumes est le plus élevé sur la « route de la soie », de la Chine et de la Corée du Sud au Liban et à la Grèce, en passant par l'Iran. En un demi-siècle, on enregistre les plus fortes croissances en Asie de l'Est et dans certains pays du Moyen-Orient. Le score des fruits de mer et des cultures oléagineuses est important en Corée du Sud et au Japon, ainsi que dans plusieurs îles des océans Pacifique, Indien et Atlantique. Il a surtout augmenté en Corée du Sud et en Chine. Enfin, c’est en Afrique subsaharienne que le score des racines et fruits amylacés est le plus élevé ; contrairement aux autres combinaisons, il a peu varié au fil du temps.

Évolution, de 1961-1965 à 2009-2013, du score moyen d'approvisionnement alimentaire par pays

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Source : Nature

Lecture : les données ne sont pas disponibles pour les pays indiqués en gris. Les variations des scores sont comprises entre -30 et 80.

En conclusion, les auteurs soulignent les changements limités de l'approvisionnement alimentaire en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne, les variations importantes en Asie de l'Est et du Sud-Est. À l’échelle mondiale, ils soulignent la relative convergence pour les aliments d’origine animale et le sucre, ainsi qu’une divergence entre les légumes, les fruits de mer et les cultures oléagineuses.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Nature

Boissons sans alcool et sucre au Royaume-Uni : évolutions entre 2015 et 2018

Publié en janvier 2020 par BMC Medicine, un article traite des effets des incitations à réduire la consommation de sucre via les sodas et autres boissons rafraîchissantes sans alcool au Royaume-Uni, entre 2015 et 2018. Alors que les apports en sucres ajoutés dans le pays excèdent les recommandations nutritionnelles, ces boissons en sont une source importante, à hauteur de 21 % pour les adultes et de 33 % pour les enfants. Les pouvoirs publics britanniques ont engagé différentes actions afin d'inciter les consommateurs à modifier leurs pratiques (initiative Change4Life) et les industriels à réduire la teneur en sucre ajouté de leurs produits. Annoncée en mars 2016, une taxe sur les sodas est entrée en vigueur en avril 2018. Elle comporte trois niveaux selon la concentration en sucres ajoutés : i) 24 pence/l pour une teneur supérieure à 8 g/100 ml, ii) 18 pence/l pour une teneur comprise entre 5 et 8 g/100 ml, iii) pas de prélèvement en-dessous.

Les auteurs ont associé des données sur la composition nutritionnelle des boissons (recueillies sur les sites Internet de trois distributeurs) et sur les volumes de ventes (supermarchés, distributeurs automatiques, etc.). Huit types de boissons ont été étudiés, incluant, à titre de comparaison, les eaux minérales et les jus de fruits « purs ». Sur la période 2015-2018, la consommation par personne a augmenté de 5 %, passant de 351 à 367 ml journaliers. Si les volumes globaux des ventes de boissons soumises à taxation se sont réduits de 50 %, ceux de la troisième catégorie ont crû de 40 %. Par ailleurs, le volume total de sucre vendu a diminué de 29 % (soit - 4,6 g/pers/j). La teneur moyenne des boissons étudiées a également baissé de 1,5 g/100 ml, soit 2,9 g en 2018 ; cette tendance est la plus marquée pour les boissons énergétiques. Enfin, six des dix entreprises analysées ont reformulé plus de la moitié de leurs produits entrant dans le champ de la taxe.

Malgré plusieurs limites (ex. : pas de prise en compte des fluctuations saisonnières, ni des caractéristiques socio-économiques des consommateurs), les auteurs soulignent l'intérêt de leur méthode pour une analyse similaire d'autres catégories de produits alimentaires. En particulier, par rapport aux enquêtes nutritionnelles, les données de vente ont l'avantage de ne pas reposer sur les déclarations des mangeurs et d'apporter des détails sur les marques. Enfin, selon eux, ces bons résultats pourraient inviter à élargir le champ de la taxe et à baisser les seuils.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : BMC Medicine

09:11 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : royaume-uni, taxe, sodas, sucre |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/02/2020

Concevoir une politique agri-environnementale et climatique efficace pour la prochaine PAC

Le Conseil scientifique consultatif du ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture allemand a publié, en décembre, un rapport sur l'architecture environnementale de la future PAC. En effet, la Commission européenne a proposé en 2018 un nouveau modèle de mise en œuvre de la politique agricole, basé sur l'élaboration de plans stratégiques nationaux. Ceux-ci peuvent combiner trois outils pour atteindre les objectifs agro-environnementaux : la conditionnalité, les éco-programmes, les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC).

Les auteurs évaluent cette proposition et formulent 42 recommandations pour les plans stratégiques nationaux. Il s'agit notamment d'augmenter progressivement les budgets alloués aux objectifs agro-environnementaux et, sur le long terme, de supprimer les paiements de base. Ils proposent également de définir le niveau de co-financement national des mesures en fonction de leur valeur ajoutée aux niveaux européen et international : ainsi, celles pour le climat ou la biodiversité seraient financées à 100 % par les fonds européens. Il s'agirait aussi de prendre en compte le bien-être animal dans les éco-programmes, et de tester et développer des instruments incitatifs innovants (ex. : utilisation d'enchères, de paiements à obligation de résultats, etc.). Enfin, différentes structures d'éco-programmes sont discutées en détail.

Différents types d'éco-programmes possibles

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Source : Scientific Advisory Board on Agricultural Policy, Food and Consumer Health Protection at the Federal Ministry of Food and Agriculture

Source : Scientific Advisory Board on Agricultural Policy, Food and Consumer Health Protection at the Federal Ministry of Food and Agriculture

09:06 Publié dans 4. Politiques publiques, Climat, Environnement, PAC | Lien permanent | Tags : allemagne, conditionnalité, éco-programmes, maec, bmel |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les combinaisons de phages comme alternative aux pesticides

Une équipe internationale de chercheurs a démontré l'intérêt d'utiliser des combinaisons de phages pour lutter contre des bactéries attaquant des productions végétales. Les résultats de ces travaux, menés sur Ralstonia solanacearum, à l'origine du flétrissement bactérien des plans de tomates notamment, ont été publiés en décembre dans Nature Biotechnology. Si les propriétés des phages sont connues depuis le début du XXe siècle, ils ne font que récemment l'objet de travaux de recherche en santé humaine (alternative aux traitements antibiotiques), plus rarement en santé des végétaux (alternative aux pesticides). Dans les deux cas, le défi est d'éviter le développement de résistances.

Afin de réduire ce risque, les auteurs ont utilisé des combinaisons de souches de phages très proches génétiquement, qui ont ralenti et limité le développement des résistances des bactéries à ces virus. Les résultats, obtenus lors d'essais en plein champ et sous serre, ont également mis en évidence le bénéfice d'un traitement par phage au microbiome de la rhizosphère. En effet, en diminuant la charge bactérienne pathogène ciblée, les mécanismes d'auto-défense des plantes ont été renforcés : amélioration des conditions pour les bactéries favorables à la plante et renforcement de leur capacité à concurrencer les autres pathogènes. Ces travaux pourraient à terme déboucher sur des solutions commerciales.

Source : Nature Biotechnology

Modélisation de l'infection d'un pays européen par le virus de la peste porcine africaine

Si la peste porcine africaine (PPA) sévit fortement en Chine, l'Union européenne (UE) est également une zone où cette épizootie persiste, avec des risques sanitaires et économiques majeurs. Des chercheurs ont publié récemment, dans Frontiers in Veterinary Science, une proposition de modèle permettant de gérer le risque, en se focalisant sur des zones de petite dimension où les moyens de prévention pourraient être déployés de façon plus efficiente.

Pour cela, ils ont divisé l'UE en carrés de 100 km² et ont calculé pour chaque zone, à partir des données de 2018 (cas de PPA dans les zones voisines, flux de porcs, de sangliers et de produits issus de ces animaux), la probabilité de survenue d'un cas de PPA en 2019. Ils prennent en compte trois modes de contagion possibles : circulation légale de porcs domestiques, mouvements des sangliers, commerce de produits d'origine porcine.

La double originalité de leur démarche est d'associer les trois modes de contagion à petite échelle, la plupart des modèles actuels ne prenant en compte que l'un des trois et à des échelles supérieures (État membre ou région administrative). Sans surprise, les zones les plus à risque se situent en Europe de l'Est et dans les États baltes, en Allemagne, dans le Benelux et le nord de la France. Étonnamment, l'Italie présente un fort risque lié à la commercialisation de viande porcine, en particulier en Sardaigne.

Risques d'émergence d'un cas de PPA dans l'Union européenne en 2019

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Source : Frontiers in Veterinary Science

Lecture : la figure A représente le risque d'émergence d'un cas de PPA chez un sanglier, par contagion auprès d'un autre sanglier ou par un produit porcin. La figure B représente le risque d'émergence d'un cas de PPA chez un porc domestique, par contagion lié au transport d'un porc, par contact avec un sanglier ou par commercialisation d'un produit d'origine porcine.

Source : Frontiers in Veterinary Science