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01/07/2022

Demandes d’autorisation de mise sur le marché de plantes génétiquement modifiées : comparaison des avis de l’Anses et de l’EFSA

Les demandes d’autorisation de mise sur le marché de plantes génétiquement modifiées font régulièrement l’objet d’avis divergents des agences sanitaires. Suite à une autosaisine, l’Anses publie une analyse quantifiant et qualifiant la nature des écarts récurrents constatés entre ses avis et ceux de l’EFSA. Alors que les deux organismes se basent sur un même référentiel d’expertise, sur les 67 demandes d’autorisation comparées, l’EFSA a émis un avis positif pour 88 % d’entre elles contre 33 % pour l’Anses. L’analyse détaillée révèle des différences de poids accordés aux différents volets de l’évaluation pour établir ensuite l’avis général conclusif, ainsi qu’une exigence plus élevée de l’Anses portée aux critères relatifs à la toxicité.

Source : Anses

11:48 Publié dans OGM, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : ogm, amm |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/02/2020

Pesticides. Comment ignorer ce que l'on sait, Jean-Noël Jouzel

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J.-N. Jouzel (sociologue, CNRS) examine, dans cet ouvrage, les controverses autour de la « science réglementaire » qui fonde les autorisations de mise sur le marché des pesticides. Il compare deux séquences d'élaboration, de mise en cause et de réajustement des expertises sur les risques associés aux produits phytosanitaires : aux États-Unis dans les années 1950 à 1980 ; en France, des années 1990 à aujourd'hui.

La première partie évoque la naissance, dans l'Amérique du milieu du XXe siècle, d'une « hygiène agricole » issue de la collaboration de toxicologues et d'entomologistes soucieux de concilier modernisation et sécurité sanitaire. Des protocoles expérimentaux, quantifiant les niveaux de contamination, mettent en évidence l'importance de la peau comme voie d'absorption. Le respect de « bonnes pratiques », notamment le port de vêtements « adaptés », est alors censé garantir la sécurité des travailleurs. Cette approche est contestée dans les années 1960 par des chercheurs issus de l'hygiène industrielle, en lien avec des problèmes de rentrée dans les parcelles après traitement pour les saisonniers chargés de la récolte. En réponse, les agences d'évaluation, nouvellement créées, stabilisent durant la décennie suivante des « lignes directrices ». Celles-ci reconduisent les postulats individualistes des politiques de prévention et, privilégiant la modélisation, donnent corps à la « science réglementaire ».

En France, au contraire, malgré une modernisation rapide de l'agriculture, les risques liés aux pesticides restent peu questionnés avant les années 1990. La deuxième partie du livre rappelle le rôle moteur de la construction européenne et de la libéralisation du commerce, dans l'importation des outils d'évaluation américains. Elle chronique les relations houleuses entre toxicologues chargés de l'évaluation des risques et épidémiologistes universitaires. Selon l'auteur, la production de connaissances, dans le cadre de la « science réglementaire », a eu pour contrepartie une tendance à minorer, voire écarter, les « données dérangeantes », indiquant une sur-incidence des maladies chroniques chez les travailleurs agricoles. Une nouvelle phase de normalisation des équipements de protection individuels (EPI), aiguillonnée par des données épidémiologiques qui soulevaient un problème de perméation des produits en mélange, l'amène à questionner « la croyance des institutions dans le possible usage contrôlé des pesticides », tout en montrant les « bonnes raisons » de sa permanence dans le temps.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Presses de Sciences Po