Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/05/2022

Des investissements pour augmenter la profitabilité des filières de protéines australiennes d’ici à 2030

Le Commonwealth Scientific Industry and Research Organisation (CSIRO), principal institut de recherche d’Australie, a publié en mars 2022 une feuille de route identifiant les opportunités que représente pour les filières australiennes l’augmentation de la demande mondiale en protéines. Il estime que le pays, qui exporte actuellement 21 milliards (Md) de dollars australiens (AUD) de protéines animales et 10 Md AUD de protéines végétales, peut en tirer un revenu supplémentaire de 13 Md AUD (environ 8,8 Md €) en 2030. Pour ce faire, les auteurs définissent 5 grandes priorités : promouvoir la haute qualité et renforcer l’accès aux marchés d’intérêt ; optimiser les caractéristiques et la compétitivité-coût des produits ; miser sur l’économie circulaire ; permettre aux secteurs prometteurs de croître fortement ; investir dans de nouvelles façons de produire des protéines.

La feuille de route ainsi définie vise à guider les investissements à réaliser de manière durable. Les auteurs identifient 10 opportunités concrètes de développement pour l’industrie agricole (figure ci-dessous) qui pourraient être soutenues par 52 investissements ciblés.

Classement des 10 opportunités pour les filières de protéines en fonction de leurs besoins et maturité en technologies et infrastructures

Vincent 1.jpg

Source : CSIRO

Lecture : le graphique met en relation, pour les 10 opportunités de développement de l’industrie des protéines, leur niveau de maturité technologique et le besoin de développement de nouvelles infrastructures (dont numériques).

On peut citer en exemple l’intérêt, pour le secteur de la viande rouge, d’améliorer la robustesse de sa chaîne de production. Les auteurs estiment que le consentement à payer des consommateurs serait 3 à 7,5 % plus élevé pour de la viande avec des références vérifiables d’origine et de qualité. Ils préconisent donc d’investir dans la traçabilité pour éviter les usurpations d’origine, ainsi que dans la valorisation des données des élevages répondant aux attentes des consommateurs (bien-être animal, agriculture biologique, déforestation, halal). Sont également identifiées la biosécurité et les technologies allégeant les vérifications de conformité des produits aux exigences des marchés cibles.

Dans d’autres secteurs (protéines végétales - figure ci-dessous, insectes, fermentation de précision, etc.), les suggestions d’investissement des auteurs portent notamment sur : l’innovation dans l’extraction des protéines ; l’identification des opportunités de marché et de chaînes de valeur pour les coproduits de la viande rouge ; la conduite de recherches sur le profil nutritionnel des insectes ; l’identification des cellules sources pour la viande cultivée.

Projection des parts de marché mondiales, en 2030, des principales protéines végétales (en bleu : soja ; en noir : blé ; en gris : pois et autres sources)

vincent 2.jpg

Source : CSIRO

Vincent Hébrail-Muet, Conseiller aux affaires agricoles pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande

Source : CSIRO

Une grille d'évaluation pour suivre les projets de carbon farming en Australie

Le Carbon Market Institute (association d'entreprises impliquées dans la transition vers la neutralité carbone), appuyé par le cabinet KPMG, propose, dans un rapport publié en avril 2022, une évaluation des pratiques de carbon farming développées en Australie par le gouvernement fédéral et par les États fédérés et territoires. Encouragées par le Carbon Farming Initiative Act, mécanisme volontaire de réduction et de compensation des émissions, ces pratiques visent aussi bien l’augmentation du stockage de carbone dans les éléments du paysage que la diminution des émissions de méthane et d'azote à travers la gestion de la végétation, des feux, des sols et des troupeaux. Les auteurs s'appuient sur une analyse de la littérature existante, ainsi que sur des entretiens avec des représentants de chaque administration concernée.

Le rapport souligne que, par comparaison avec de nombreux pays, l'Australie possède plusieurs avantages liés à son environnement (terres abondantes) et au niveau de développement de son secteur agricole. Ainsi, près de 7 % de la demande globale de crédits carbone pourraient être satisfaits par des projets australiens d'ici à 2030.

La grille d'évaluation proposée comprend 12 critères pondérés suivant leur importance perçue (figure ci-dessous). Les notes sont attribuées grâce à l'analyse de diverses informations publiques : politiques mises en œuvre, rapports, prêts, annonces, outils et ressources éducatives, etc.

Grille d'évaluation

carbon farming.jpg

Source : Carbon Market Institute

Le rapport précise que le projet fédéral manque globalement d'ambition, car les crédits carbone générés ne représentent que 2 % des émissions du pays. Ainsi, l'Australie devrait tripler ses efforts de réduction et de séquestration, d'ici à 2030, pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris. En dépit de ceci, les auteurs soulignent que le cadre politique développé est fortement régulé et que le système de génération et de vérification de crédits carbone constitue une référence au niveau international. Au-delà de l'éclairage fourni sur les projets de crédits carbone en Australie (figure ci-dessous), la méthode d'évaluation proposée est à elle seule digne d'intérêt pour la vérification de la solidité de tels projets.

Nombre de projets par État fédéré et territoire, et revenus prévus sur toute la durée de vie des projets

projets états fédérés.jpg

Source : Carbon Market Institute

Lecture : le revenu carbone a été déterminé en multipliant les tonnes de CO2 évitées ou compensées, mentionnées dans les contrats des projets, par un prix moyen de 12,28 dollars australiens.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d’études et de prospective

Source : Carbon Market Institute

12/11/2021

Le Bureau australien de l'économie agricole, des ressources et des sciences

abares.jpg

Créé en 1945, l'Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences (ABARES) est un organisme de recherche fournissant des données et conduisant des travaux indépendants propres à aider les pouvoirs publics et les opérateurs privés à prendre des décisions en matière d'agriculture, de pêche et de forêt. Rattaché au ministère de l'agriculture, de l'eau et de l'environnement, il tire une part de son budget d'une activité commerciale de conseil et de financements par des industriels privés. Cette collaboration avec le secteur privé, pouvant aller jusqu'à des publications conjointes, donne une légitimité à l'ABARES vis-à-vis de ses interlocuteurs publics comme des entreprises.

Parmi ses missions principales, l'ABARES mène des travaux d'analyse, de conjoncture, de prévision et de conseil sur les filières agricole et agroalimentaire australiennes (voir un précédent billet sur le sujet). Il conduit également des expertises plus précises sur la biosécurité, le commerce et les chaînes globales de valeur, la performance et la productivité des exploitations agricoles, l'économie des ressources naturelles et celle de l'industrie, la gestion des données, les effets du changement climatique (figure ci-dessous), les politiques publiques. L'organisme collecte des données de structure et de performance économique des exploitations et des industries de certaines filières agricoles (produits laitiers, viandes bovine et ovine, grandes cultures, horticulture et légumes, etc.). L'ABARES analyse ces informations pour produire ses publications, mais il les met également à disposition d'autres organismes pour la conduite de leurs travaux.

Modélisation des effets (en %) du changement climatique sur le profit des exploitations agricoles

abares 2.jpg

Source : ABARES (rapport sur l'adaptation des exploitations agricoles australiennes aux impacts du changement climatique, 2021)

Enfin, depuis 1971, l'ABARES organise des conférences Outlook aux niveaux national et régional, pour présenter les résultats de ses travaux. Ces conférences sont adaptées aux spécificités de chaque territoire, concernant la situation économique des principales filières agricoles : évolution prévisible des prix, enjeux pour l'industrie, stratégies de croissance et d'innovation, gestion des ressources naturelles, etc. La dernière en date était consacrée, en mars 2021, à la place de l'agriculture dans un monde changeant et incertain.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences (ABARES)

20/04/2021

Recours au conseil payant en agriculture en Australie

Un article de Land Use Policy analyse le recours au conseil agricole rémunéré, en Australie, à partir d'une enquête menée auprès d'un échantillon de plus de 1 000 agriculteurs. Les auteurs suggèrent que les résultats sont transposables au cas européen. En effet, si les agriculteurs australiens peuvent disposer de conseil privé, progressivement déployé depuis quarante ans, leurs homologues européens se voient de plus en plus souvent proposer de telles prestations.

Les travaux publiés s'inscrivent dans une recherche plus large, visant à mieux identifier les conditions d'accès au conseil en Australie et son impact sur les exploitations selon différentes modalités d'accès : payant ou non, direct ou via les entreprises d'amont et d'aval, ou encore par le biais de collectifs d'agriculteurs. L'analyse dépasse le cadre du calcul du consentement à payer pour s'intéresser aux motivations et aux freins du recours à un conseiller, en faisant appel à la « théorie du comportement planifié », et en situant le conseil dans son contexte général.

Les principales variables agissant sur la décision de recourir à un conseiller rémunéré à l'acte, selon la théorie du comportement planifié

conseil agricole.jpg

Source : Land Use Policy

Le questionnaire a été mis au point par des groupes de travail associant agriculteurs (de profils variés) et des représentants des acteurs du conseil australien (entreprises amont/aval, syndicats, administrations, etc.). Partant d'un échantillon stratifié des exploitations agricoles, la moitié des réponses a été collectée par internet, l'autre par téléphone. Un premier tiers des répondants n'a pas recours aux conseillers rémunérés à l'acte, le deuxième tiers y recourt parmi d'autres types de conseils alors que pour le troisième c'est son principal moyen d'accéder au conseil.

En estimant le poids des différents facteurs explicatifs, les auteurs montrent que la propension à utiliser les services payants est plus importante pour les agriculteurs à la tête d'exploitations en phase de développement, ayant au moins un diplôme du 1er cycle d'enseignement supérieur et dont les revenus sont plus élevés que la moyenne. Ce sont aussi ceux qui pensent le plus souvent qu'un paiement est un gage d'efficacité. Cependant, les opinions de leurs pairs ou des membres de leur famille ont une influence notable sur leur choix. Enfin, pour la plupart d'entre eux, le paiement n'est pas un facteur limitatif alors que l'accès géographique au conseil, lié aux distances à parcourir, constitue un réel obstacle. Pour les auteurs, ces résultats doivent permettre de mieux cibler les politiques publiques en identifiant les réticences et les freins du recours au conseil.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Land Use Policy

09/04/2021

Prospective participative et innovations numériques agricoles responsables

Dans un article mis en ligne en mars, le journal Agricultural Systems rapporte un exercice de prospective participative sur la digitalisation de l'agriculture et ses conséquences sociales ou éthiques, organisé au sein d'un organisme de recherche australien, le CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation). Une vingtaine de participants, experts dans diverses disciplines et tous chargés au CSIRO d'un même projet d'innovation numérique en agriculture, ont élaboré plusieurs scénarios de futurs agricoles possibles pour le pays, à partir des tendances observées actuellement et de facteurs de ruptures préalablement identifiés.

Les quatre scénarios produits pour l'agriculture numérique australienne intitulés : « lutter », « innover », « survivre » et « prospérer »

innovation snumériques .jpg

Source : Agricultural Systems

Lecture : l'axe des x représente les niveaux d'innovation allant de « conservateur » à gauche à « innovant » à droite. L'axe des y représente les niveaux de sécurisation des ressources naturelles à disposition des agriculteurs, allant de « sécurisé » en bas à « non sécurisé » en haut. Chaque scénario présente des avantages et des inconvénients et un aperçu de l'agriculture numérique mise en œuvre.

Les participants ont ensuite évalué les impacts sociaux et éthiques que pourraient avoir les technologies numériques dans les futurs probables de l'agriculture australienne. L'intérêt de cet exercice de prospective réside principalement dans la démarche de réflexivité et d'anticipation opérée par des personnes en charge d'un projet d'innovation numérique au sein d'un organisme de recherche.

Source : Agricultural Systems

15/03/2021

L'agriculture australienne face à cinq mégatendances mondiales d'ici à 2040

Le ministère australien de l'agriculture, de l'eau et de l'environnement a publié, en février, un rapport dégageant cinq grandes évolutions (« mégatendances ») de la situation mondiale et leurs implications pour le secteur agroalimentaire du pays d'ici 2040.

Tout d'abord, le fort développement des classes moyennes en Asie (Chine, Inde, Indonésie) augmentera la demande d'une alimentation diversifiée, à forte teneur en protéines, et présentant des garanties vérifiables de qualité (éthique, bien-être animal, qualité sanitaire, protection de l'environnement). L'Australie a des atouts pour bien se positionner sur ces marchés mais elle devra maintenir sa réputation de hautes qualité sanitaire et performance environnementale.

Ensuite, le monde futur se structurera autour de sept pôles (États-Unis, Union européenne, Chine, Brésil, Inde, Indonésie, Brésil), induisant des relations plus complexes, donc incertaines, et une plus grande volatilité des prix. Combiné à la perte de confiance en la science, les administrations, les médias et les entreprises, ce phénomène favorisera des politiques publiques protectionnistes, avec lesquelles les entreprises australiennes devront composer pour exporter.

Niveaux de méfiance envers les institutions

Australie-bis.jpg

Source : Edelman trust barometer 2020

Lecture : les pays sur la partie droite, majoritairement occidentaux, affichent un degré de confiance dans les institutions plus faible que la moyenne des 28 pays représentés, et inversement pour les pays sur la partie gauche.

Troisièmement, l'augmentation du progrès technique se poursuivra, et donc aussi celle de la productivité et de l'efficience en matière d'utilisation des ressources. Bien que déjà très performante sur ce point, l'Australie devra maintenir son effort de recherche et développement pour rester compétitive.

Par ailleurs, les événements liés au changement climatique à l’échelle locale comme mondiale s'accentueront, créant des opportunités (rémunération de services écosystémiques, demande croissante d'une alimentation décarbonée) mais aussi des risques (volatilité des prix agricoles).

Enfin, les connexions entre producteurs, distributeurs et consommateurs se renforceront, en raison notamment de l'explosion de la collecte et de l'analyse de données, permettant une gestion optimisée de la production comme une meilleure traçabilité des denrées. Selon les auteurs, le pays devra réinventer son système de data en agriculture pour se maintenir à jour.

Si, dans l'ensemble, les auteurs jugent l'Australie en mesure de faire face à ces évolutions, leurs analyses apportent également des éclairages intéressants pour envisager les trajectoires d'autres pays.

Vincent Hébrail-Muet, Centre d'études et de prospective

Source : Australian Governement, Department of Agriculture, Water and the Environment

08/06/2020

Prospective sur l'élevage australien

Accompagnant son plan stratégique 2020-2025, l'Association australienne pour l'élevage a diffusé un rapport sur les facteurs pouvant influencer l’activité du secteur dans la prochaine décennie. Les auteurs détaillent en particulier les effets potentiels du changement climatique sur la répartition géographique des maladies animales et végétales, des vecteurs et des réservoirs animaux des agents infectieux. D'autres facteurs pris en compte sont l’augmentation de la demande de viande et de ses alternatives, ainsi que le développement de techniques électroniques de surveillance et de diagnostic en élevage, pour la prévention des accidents sanitaires et zootechniques. Quatre scénarios sont également présentés. Enfin sont soulignés des défis majeurs pour le secteur : la lutte contre la survenue d’épizooties majeures (fièvre aphteuse, peste porcine africaine, grippe aviaire) ; la « révolution numérique » pour améliorer la gestion des exploitations et élever le niveau de biosécurité ; l'influence sur les pratiques agricoles des demandes sociétales et des politiques publiques commerciales et environnementales ; les conséquences probables du changement climatique sur les services écosystémiques.

Source : Animal Health Australia

11:04 Publié dans 1. Prospective | Lien permanent | Tags : élevage, australie |  Imprimer | | | | |  Facebook

21/01/2020

Un chiffrage des conséquences du changement climatique sur la rentabilité des exploitations australiennes

Alors que l'Australie connaît depuis plusieurs mois une sécheresse importante à l'origine d'incendies gigantesques, l'Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Sciences (ABARES), un organisme de recherche interne au ministère en charge de l'agriculture, a récemment publié les résultats d'une étude visant à apprécier les conséquences du changement climatique sur la profitabilité des exploitations du pays.

L'étude s'appuie sur un modèle économétrique permettant d'estimer leur performance technique et économique à partir de variables relatives à leur structure, au contexte de prix et au climat. Ce modèle a permis aux auteurs de simuler ce qu'aurait été la situation économique des agriculteurs australiens si les conditions climatiques des années 2000 à 2019 avaient été comparables à celles que le pays a connues de 1950 à 2000.

Les résultats de la modélisation montrent que, toutes choses égales par ailleurs, les évolutions du climat en Australie depuis les années 2000 ont induit une diminution de 22 %, en moyenne, du « profit » des exploitations du pays, considéré ici comme le revenu net d'entreprise une fois prises en compte la rémunération du travail familial et la variation de la valeur des stocks. Cette moyenne masque d'importantes disparités selon les productions, les agriculteurs en grandes cultures étant plus impactés que les éleveurs de bétail : -35 % pour les céréaliculteurs, contre -18 % pour les éleveurs ovins et -5 % pour les producteurs de viande bovine. De même, les États de l'Ouest du pays (Western Australia) et surtout de l'Est (New South Wales, Victoria), davantage concernés par les sécheresses récentes et comportant une proportion élevée d'exploitations céréalières, sont sensiblement plus touchés que les autres. La modélisation montre également que les stratégies mises en place par les agriculteurs en réponse à ces conditions climatiques nouvelles, telles que le non-labour, ont permis d'en atténuer les conséquences : en leur absence, la diminution du profit aurait été de 26 % en moyenne et de 49 % pour les céréaliculteurs.

Effet des conditions climatiques sur le profit des exploitations australiennes

Australie.jpg

Source : ABARES

En conclusion, les auteurs appellent les pouvoirs publics à renforcer leur soutien aux agriculteurs, en cherchant non pas à les protéger des conséquences du changement climatique, mais à les aider à renforcer leur résilience face à ce phénomène. Les formes concrètes que pourrait prendre ce soutien ne sont toutefois pas explicitées dans l'étude.

Mickaël Hugonnet, Centre d’études et de prospective

Source : ABARES

18/02/2019

Une étude commandée par le Parlement européen compare les politiques agricoles de 5 pays

Alors que la Politique agricole commune (PAC) post-2020 est actuellement en discussion, la commission Agriculture du Parlement européen a commandé une étude visant, à travers la comparaison des politiques agricoles de cinq pays (Australie, Canada, États-Unis, Japon et Suisse), à formuler des propositions en la matière. Publiée en décembre 2018, l'analyse a reposé sur une revue de la littérature, complétée d'expertises ciblées.

Les auteurs montrent que si les pays considérés poursuivent des objectifs similaires (compétitivité, préservation de l'environnement, développement rural, etc.), des disparités existent. En Australie, l'accent est mis sur la compétitivité par le biais d'un appui important à la R&D, complété de dispositifs de soutien en cas d’événements climatiques extrêmes. Pour leur part, Canada et États-Unis focalisent leur action sur le soutien au revenu des agriculteurs et la stabilisation des marchés. Au Japon, l'objectif d'auto-suffisance pour le riz est structurant et passe par une forte régulation des prix, ainsi qu'un soutien aux investissements. Enfin, la Suisse se distingue en portant une attention particulière à la préservation des ressources naturelles et des paysages.

Les principaux outils repérés lors des études de cas ont ensuite fait l'objet d'une évaluation, sur la base de laquelle des recommandations ont été formulées. Les auteurs proposent ainsi d'instaurer des dispositifs d'épargne de précaution, lesquels ont fait leurs preuves au Canada et en Australie. Les assurances sur les risques liés aux prix et aux rendements sont, pour leur part, plus compliquées à mettre en œuvre. Les exemples australiens, japonais et états-uniens montrent que de tels dispositifs ne sont efficaces qu'à la condition d'être largement subventionnés. Sur le plan environnemental, les auteurs considèrent que les propositions actuelles de la Commission sont satisfaisantes (conditionnalité renforcée et eco-scheme), mais leur mise en œuvre pourrait être améliorée, en favorisant les démarches collectives et les approches par projet, comme c'est le cas en Suisse, au Japon et au Canada. Ils plaident également pour une plus grande flexibilité des mesures surfaciques (MAEC), afin de les ajuster aux contextes locaux, comme le permet la politique agricole helvète. Enfin, les auteurs jugent l'Union européenne plutôt en avance en matière de développement rural et ne formulent pas de recommandation majeure à ce sujet.

Les outils de politique agricole mobilisés dans les pays étudiés

PAC.jpg

Source : Parlement européen (extrait CEP)

Mickaël Hugonnet, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

16:30 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : politique agricole, australie, canada, etats-unis, japon, suisse |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/12/2018

Tarification carbone des aliments en Australie : une analyse des impacts sur la santé, l'environnement et les finances publiques

Cette étude estime les impacts sur la santé, l'environnement et les finances publiques, d'une tarification du contenu carbone des aliments en Australie. Selon les auteurs, une telle tarification réduirait la demande en aliments « intensifs en carbone », avec des impacts variés sur le panier alimentaire et, in fine, sur l'obésité et les maladies liées aux régimes alimentaires. Les auteurs combinent diverses relations empiriques existantes : économiques (élasticités prix et dépenses), environnementales (contenus carbone des denrées) et de santé (relations entre consommations, poids et maladies). Leurs résultats montrent qu'une tarification carbone des aliments de 23 $ par tonne d'équivalent carbone conduirait à une baisse des émissions du secteur alimentaire de 6 %, une réduction de l'obésité de 2,4 % (deux tiers des changements de poids étant liés à la baisse de la consommation de calories issues de la viande) et des maladies associées, et à un revenu pour les finances publiques estimé à 866 millions de dollars.

Prévalence des classes de poids dans le scénario de référence (REF) et dans le scénario principal de tarification carbone (TAX)

Australie.jpg

Source : Australian and New-Zealand Journal of Public Health

Source : Australian and New-Zealand Journal of Public Health

14/11/2017

Impacts attendus des accords de libre-échange UE-Australie et UE-Nouvelle-Zélande sur le commerce de produits agricoles

En septembre 2017, la Commission européenne a publié une évaluation ex ante, réalisée par LSE Enterprise et la DG TRADE, des effets attendus d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et la Nouvelle-Zélande (NZ) et entre l'UE et l'Australie. L'objectif de cette évaluation est d'appuyer les négociations que la Commission devrait engager avec les deux pays partenaires avant la fin de l'année.

Suite à une consultation publique, deux scénarios ont été construits à partir d'un modèle d'équilibre général et comparés à la situation actuelle, caractérisée par des accords bilatéraux ciblés sur les produits industriels (Australie et NZ), les produits animaux (NZ) et le vin (Australie), et couvrant uniquement certaines barrières non tarifaires. Le premier scénario repose sur la signature d'un accord avec chaque pays, comprenant une élimination des barrières tarifaires sur tous les produits provenant de l'UE, et un maintien de certains droits de douane par l'UE pour les produits agricoles sensibles (riz, céréales, sucre, fruits et légumes, viandes de ruminants et produits laitiers). Le second scénario envisage des accords avec une élimination des droits de douane sur tous les produits de la part des deux parties, et une réduction des barrières non tarifaires de 10 % sur les produits industriels de la part de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande.

Les simulations réalisées pour les deux scénarios montrent que, de manière générale, les exportations de l'UE vers l'Australie et la Nouvelle-Zélande augmenteraient davantage que celles des deux pays partenaires vers l'Union. La situation est en revanche inversée pour les échanges de produits agricoles, principalement du fait d'un niveau initial de protection du marché européen élevé dans ce secteur. Pour chacun des deux scénarios, l'accord UE-Australie entraînerait notamment une augmentation des exportations européennes de produits laitiers (respectivement de 48 % et 49%) et des exportations australiennes de viandes de ruminants (1 % et 539 %), de produits laitiers (1 % et 86 %), de sucre (1 % et 124 %), de céréales (1 % et 53 %) et de riz (1 % et 113 %). L'accord UE-NZ accroîtrait les exportations européennes de viandes de porc (40 % et 42 %) et de produits laitiers (27 % et 29 %). Du côté néo-zélandais, les exportations augmenteraient dans les deux scénarios pour les fruits et légumes (39 % et 38 %) et les oléagineux (21 % et 20 %), et uniquement dans le deuxième scénario pour les produits laitiers (134 %), le sucre (425 %), le riz (35 %) et les viandes de ruminants (25 %).

Estimations des impacts de l'accord de libre-échange avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande selon deux scénarios

ALE-Aust-NZ.jpg

 Source : Commission européenne

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

11/07/2016

L'agriculture australienne à l'heure du numérique

australian-farm-institute.jpg

L'Australian Farm Institute (voir un précédent billet sur ce blog) a publié les résultats d'une étude sur « les conséquences de l'agriculture digitale et du big data pour l'agriculture australienne ». Ce travail s'est appuyé sur une série d'entretiens aux États-Unis et en Australie, auprès des acteurs des secteurs agricole, informatique, des télécommunications et de la recherche. Le fait qu'une majorité des fournisseurs d'intrants australiens (machinisme et produits phytosanitaires) sont américains (ou appliquent assez directement les résultats d'études américaines), justifie la comparaison.

Une analyse détaillée est faite des différences de développement de l'agriculture digitale entre les différents secteurs de production, de l'état du marché des services de stockage et d'analyse de données, ainsi que du contexte juridique et institutionnel autour de la propriété des données. Sont également étudiées les limites techniques au développement de l'agriculture digitale. Sur cette base, neuf recommandations sont proposées, parmi lesquelles :

- la mise en place d'un forum entre les acteurs des secteurs agricoles, des télécommunications et du logiciel pour, entre autres, travailler à l'harmonisation des règles d'interopérabilité des données, et sur les questions de propriété et de secret des données ;

- l'établissement d'un principe selon lequel les propriétaires de terres agricoles ou d'animaux de production gardent un droit de propriété sur les données liées à leur activité ;

- un engagement de l'ensemble des acteurs concernés à suivre un protocole standard d'échange des données ;

- un suivi, par les structures publiques de recherche et de développement agricoles, des standards d'échanges mis en œuvre, et une utilisation par ces instituts des nouveaux circuits d'information pour diffuser les résultats de la recherche.

Pour sa part, le gouvernement australien est invité à apporter un soutien aux travaux de cartographie des sols et d'enregistrement des données climatiques, et à garantir l'accès à des réseaux Internet performants en zone rurale. D'après l'exemple américain, les autorités publiques ne doivent pas s'impliquer dans le développement de logiciels ou plateformes, afin de garantir une concurrence optimale, permettant à terme une ouverture effective des données.

Gaétane Potard-Hay, Centre d’études et de prospective

Source : Australian Farm Institute

03/05/2016

Le gouvernement australien s'oppose à la vente de 11 millions d'hectares de pâturage

La compagnie S. Kidman & Co, la plus vieille et plus grande exploitation d'élevage australienne, a été mise en vente en 2015. La dizaine de propriétés, répartie sur l'ensemble du territoire, représente 2,5 % de la surface agricole nationale (non arable). Comme le rapporte notamment ABC, la deuxième tentative d'achat par un groupement chinois (80 %) et australien (20 %) a une nouvelle fois échoué. Le ministre du budget a en effet déclaré cette vente « contraire à l'intérêt national ». Ceci a ravivé un débat intense entre les tenants d'un pragmatisme fort, conscients de l'absence d'investisseurs nationaux, et ceux qui souhaitent que l'accès à la propriété foncière agricole fasse l'objet de conditions d'accès encore plus strictes.

Source : ABC

09:11 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : australie |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/02/2016

L'Australian Farm Institute (Australie)

L'Australian Farm Institute est un think tank de politique publique agricole, basé à Sydney, dont la mission est de mener des recherches et analyses indépendantes sur les différentes politiques qui impactent l’agriculture australienne. L’Institut a été créé en 2003, grâce à un petit groupe de professionnels et d’hommes d’affaires souhaitant que le secteur agricole soit en mesure de produire des études et des propositions de politiques agricoles. Ils visaient une certaine objectivité, les instituts techniques étant limités par leur tutelle gouvernementale et les organisations de représentation agricole étant très politisées.

L'Australian Farm Institute est piloté par un conseil d’administration de 5 membres et un conseil scientifique de 9 experts issus du milieu académique (économie, agronomie, environnement) et du milieu professionnel (syndicalisme, conseil). Il est financé par plus de 30 membres professionnels, 200 membres individuels et des contrats de consulting publics et privés. Il s’appuie sur les travaux de 6 permanents. Le conseil scientifique définit chaque année les axes de travail après consultation des membres professionnels. Les publications ne sont pas soumises à validation de ces conseils.

australian-farm-institute.jpg

L’institut publie un journal trimestriel (Farm Policy Journal), une lettre d’information trimestrielle, ainsi que trois ou quatre rapports de recherche par an. Il organise des conférences professionnelles et des séminaires. Très lu, le blog de l’Institut offre une ou deux fois par semaine un point de vue original souvent repris par les principaux médias agricoles.

L’édition la plus récente du Farm Policy Journal aborde une question prégnante en Australie : faut-il privilégier les marchés à haute valeur ajoutée ou faut-il continuer de prioriser l’exportation et l’augmentation des volumes ? Ce numéro est composé d’essais issus d’un concours s’adressant aux étudiants et aux professionnels. Le gagnant 2015 – le consultant agricole Tim Byrne – répondait à ce dilemme en ces termes : « le seul moyen pour maintenir des prix élevés sur le long terme est de produire des biens valorisés par le marché, à savoir des biens difficiles à imiter et pour lesquels l’entreprise dispose de ressources suffisantes pour produire durablement. Peu d’entreprises agricoles se trouvent dans cette situation ». Les 4 autres articles offrent des points de vue variés sur un sujet qui concerne aussi, très directement, le secteur agricole français.

Gaétane Potard-Hay, Centre d’études et de prospective

Source : Australian Farm Institute

09:08 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : portrait, australie, australian farm institute |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/01/2016

Le leader des Verts australiens prêt à accepter les OGM en agriculture

Richard Di Natale, nouveau leader du parti politique des Verts en Australie, lequel a obtenu entre 8 et 10 % des votes aux élections fédérales, a indiqué qu’il était prêt à amorcer une discussion pour changer la position de son parti sur les OGM. Médecin de formation, ayant exercé en zone rurale, il souhaite sortir du débat polarisé « pour » ou « contre » les organismes génétiquement modifiés. Une position plus ouverte des Verts, dans un pays où les OGM sont en général acceptés en agriculture, leur permettrait de participer plus profondément au débat sur cette question.

Source : The Land

13:42 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : australie, ogm |  Imprimer | | | | |  Facebook