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18/05/2022

Des investissements pour augmenter la profitabilité des filières de protéines australiennes d’ici à 2030

Le Commonwealth Scientific Industry and Research Organisation (CSIRO), principal institut de recherche d’Australie, a publié en mars 2022 une feuille de route identifiant les opportunités que représente pour les filières australiennes l’augmentation de la demande mondiale en protéines. Il estime que le pays, qui exporte actuellement 21 milliards (Md) de dollars australiens (AUD) de protéines animales et 10 Md AUD de protéines végétales, peut en tirer un revenu supplémentaire de 13 Md AUD (environ 8,8 Md €) en 2030. Pour ce faire, les auteurs définissent 5 grandes priorités : promouvoir la haute qualité et renforcer l’accès aux marchés d’intérêt ; optimiser les caractéristiques et la compétitivité-coût des produits ; miser sur l’économie circulaire ; permettre aux secteurs prometteurs de croître fortement ; investir dans de nouvelles façons de produire des protéines.

La feuille de route ainsi définie vise à guider les investissements à réaliser de manière durable. Les auteurs identifient 10 opportunités concrètes de développement pour l’industrie agricole (figure ci-dessous) qui pourraient être soutenues par 52 investissements ciblés.

Classement des 10 opportunités pour les filières de protéines en fonction de leurs besoins et maturité en technologies et infrastructures

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Source : CSIRO

Lecture : le graphique met en relation, pour les 10 opportunités de développement de l’industrie des protéines, leur niveau de maturité technologique et le besoin de développement de nouvelles infrastructures (dont numériques).

On peut citer en exemple l’intérêt, pour le secteur de la viande rouge, d’améliorer la robustesse de sa chaîne de production. Les auteurs estiment que le consentement à payer des consommateurs serait 3 à 7,5 % plus élevé pour de la viande avec des références vérifiables d’origine et de qualité. Ils préconisent donc d’investir dans la traçabilité pour éviter les usurpations d’origine, ainsi que dans la valorisation des données des élevages répondant aux attentes des consommateurs (bien-être animal, agriculture biologique, déforestation, halal). Sont également identifiées la biosécurité et les technologies allégeant les vérifications de conformité des produits aux exigences des marchés cibles.

Dans d’autres secteurs (protéines végétales - figure ci-dessous, insectes, fermentation de précision, etc.), les suggestions d’investissement des auteurs portent notamment sur : l’innovation dans l’extraction des protéines ; l’identification des opportunités de marché et de chaînes de valeur pour les coproduits de la viande rouge ; la conduite de recherches sur le profil nutritionnel des insectes ; l’identification des cellules sources pour la viande cultivée.

Projection des parts de marché mondiales, en 2030, des principales protéines végétales (en bleu : soja ; en noir : blé ; en gris : pois et autres sources)

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Source : CSIRO

Vincent Hébrail-Muet, Conseiller aux affaires agricoles pour l’Australie et la Nouvelle-Zélande

Source : CSIRO

13/11/2019

Fermentation de précision : une technologie disruptive des systèmes alimentaires à l'horizon 2030 ?

Cet exercice prospectif mené par RethinkX, un think-tank américain, s'intéresse aux changements technologiques actuels dans les secteurs de l'alimentation et de l'agriculture aux États-Unis. Tirée par le développement de la biologie de précision, la production alimentaire s'orienterait, selon le rapport, vers un modèle « food as software » d'ici à 2030. Le scénario tendanciel proposé ici s'intéresse principalement à la fermentation de précision, un processus « programmant » des micro-organismes pour produire n'importe quelle molécule organique complexe. À partir des hypothèses technico-économiques formulées par les auteurs, les aliments d'origine animale (viande, lait et dérivés) seraient progressivement remplacés par des équivalents protéiques moins coûteux, obtenus à 10 dollars/kg entre 2023-25 puis à 1 dollar/kg après 2035.

Baisse rapide des coûts de la fermentation de précision (en USD/kg de protéine) d'ici à 2030

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Source : RethinkX

Seraient d'abord remplacés les ingrédients représentant un faible pourcentage dans la composition du produit final (ex. caséine, lactosérum ou gélatine), utilisés dans les gâteaux, les desserts et la nourriture infantile. Ensuite, ces substitutions partielles ou totales concerneraient des produits alimentaires comportant notamment de la viande hachée (ex. saucisses, burgers, lasagnes, boulettes). En 2030, 55 % de la demande en viande bovine devraient être satisfaits par des protéines issues de la fermentation de précision, et seulement 5 % par de la viande in vitro. Pour le lait, seuls 20 % de la consommation comme boisson seraient d'origine animale. Les produits laitiers (crème, beurre, fromage) ainsi que les ingrédients à base de protéines de lait seraient totalement obtenus par fermentation de précision.

Évolutions des parts du lait (haut) et de la viande bovine (bas) d'origine animale et non-animale dans la demande américaine d'ici à 2030

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Source : RethinkX

L'étude prospective détaille ensuite les conséquences de ces bouleversements : réorganisation des relations commerciales à l'échelle globale, effondrement des secteurs bovins et laitiers américains, baisse de la rentabilité sur l'ensemble de la chaîne de valeur, perte de plus de 600 000 emplois aux États-Unis, baisse du prix du foncier agricole, gel du secteur bancaire agricole, émergence d'une nouvelle chaîne d'approvisionnement alimentaire tirée par le secteur des biotechnologies (développeurs alimentaires, design moléculaire) et des softwares (systèmes d'opération, IA, bases de données). Cette production affranchie des contraintes géographiques aurait un moindre impact environnemental : en 2035, la réduction du cheptel américain de 75 % libérerait ainsi 60 % des terres aujourd'hui dédiées à l'élevage et à son alimentation, permettant d'autres usages comme le stockage de carbone. En 2030, les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole pourraient alors être réduites (- 35 %), tout comme la consommation d'eau.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : RethinkX