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18/09/2018

Publication de l'Atlas mondial de la désertification, ouvrage de référence sur la dégradation des sols et l'empreinte écologique des systèmes alimentaires

Le Centre commun de recherche (Joint Research Centre), service scientifique interne de la Commission européenne, vient de publier la troisième édition de l'Atlas mondial de la désertification, 20 ans après la deuxième. Proposant des cartes originales basées sur une vaste revue de la littérature académique et des données satellitaires, l'ouvrage offre un large panorama de l'empreinte humaine sur la planète et ses sols. Il accorde une place centrale aux productions agricoles et forestières, tout en intégrant les déterminants sociaux, économiques et écologiques de la désertification.

L'atlas détaille, en première partie, les schémas d'occupation humaine de la Terre (villes, surfaces agricoles, migrations, etc.), avec un focus sur les impacts écologiques des échanges internationaux (ex. déplacements d'eaux et de terres virtuelles). Sa deuxième partie est consacrée à l'enjeu de sécurité alimentaire, dans le contexte de l'augmentation de la demande mondiale, et couvre à la fois les productions végétales (surfaces cultivées, consommations de fertilisants, de produits phytosanitaires, rendements, etc.) et animales (distribution et impacts de l'élevage), mais également les enjeux liés à l'agriculture familiale. Une troisième partie illustre les limites de la durabilité de nos systèmes de production en matière, notamment, de gestion quantitative et qualitative de l'eau, de dégradation des sols, de couverts végétaux et de biodiversité. L'ouvrage croise ensuite diverses sources de données et des études de cas pour consolider ses conclusions et en tirer des propositions de pistes d'action.

Utilisation des terres nationales et internationales nécessaires à la consommation des pays

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Lecture : la taille des camemberts représente la surface de terres nécessaire (en millions d'hectares) pour répondre à la consommation nationale. La part rouge des camemberts figure la proportion de terres nationales utilisée, et la part jaune celle des terres d'autres pays. Les couleurs de la carte indiquent si les pays sont importateurs (rouge) ou exportateurs (bleu) nets de terres.

Source : Centre de recherche commun de la Commission européenne

L'une des évolutions majeures des systèmes alimentaires mises en évidence par l'atlas est ce qu'il dénomme le « télécouplage » (telecoupling), soit le fait que nous consommons des biens alimentaires produits de plus en plus loin de nous (figure ci-dessus). La délocalisation des impacts écologiques et des changements d'usage des terres liés à cette consommation est croissante. Les auteurs soulignent que l'une des conséquences de ce déplacement de la production est que les consommateurs ont de moins en moins conscience de son coût environnemental réel, ce qui accroît l'« apathie collective » en matière de développement durable.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Joint Research Centre

17/09/2018

Comment réduire l'impact des systèmes alimentaires sur l'environnement ?

Dans un article publié en juin dans la revue Science, des chercheurs ont réalisé une méta-analyse de nombreuses analyses de cycle de vie, pour mesurer l'impact de différentes productions et pratiques agricoles sur divers aspects environnementaux. Les régimes alimentaires et les pratiques de production actuelles sont responsables de 26 % des émissions de gaz à effet de serre, de 90 à 95 % des prélèvements d'eau et génèrent 32 % de l'acidification et 78 % de l'eutrophisation des milieux.

Pour ce faire, ils ont utilisé les résultats de 570 études, représentant 38 700 exploitations, 119 pays, 40 produits alimentaires et 90 % des calories et des protéines consommées à l'échelle mondiale. Ils ont analysé l'impact de chaque étape de la chaîne de production jusqu'au consommateur final. Les résultats sont présentés par types de produit et d'impact.

Estimation des émissions de gaz à effet de serre et de l'utilisation des terres générées par différentes productions (extrait)

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Source : Science

Les auteurs montrent d'abord, pour une production donnée, une forte variabilité des impacts environnementaux et des sources les générant (ex. : consommation électrique). Cela suggère que des améliorations sont possibles, au niveau des exploitations, via l'adoption de certaines pratiques, comme par exemple restaurer les prairies dégradées. Cependant, ces améliorations restent limitées du fait de l'impact non négligeable de certaines productions. En effet, les produits animaux utilisent 83 % des terres et contribuent à environ 57 % des émissions, alors qu'ils ne fournissent que 37 % des protéines et 18 % des calories consommées. Un changement de régime alimentaire paraît donc nécessaire, pour stimuler la transition écologique des systèmes de production de manière significative. Une forte marge de manœuvre existe aussi du côté des transformateurs et des distributeurs, qui devraient favoriser l'usage de la consigne et de matériaux recyclés, veiller à s'approvisionner chez les producteurs les plus performants et développer des standards environnementaux.

En conclusion, les auteurs proposent un plan d'action pour réduire l'impact de notre consommation alimentaire, basé sur l'utilisation d'outils digitaux, proposant aux producteurs un catalogue d'options disponibles et adaptées (ex. : par zone géographique et production). En parallèle, des objectifs environnementaux seraient définis par les décideurs publics et accompagnés d'incitations basées sur la performance réelle des systèmes. Enfin, les impacts seraient communiqués aux consommateurs pour qu'ils soient en mesure de faire des choix informés (étiquetage vert).

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Science

13/09/2018

Consommation responsable : rapport du COE sur les opportunités pour l'emploi

Dans un rapport adopté en juin 2018, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) s'intéresse aux impacts potentiels sur les emplois (volume, structure, localisation) de la consommation responsable, définie comme tout comportement d'un consommateur arbitrant ses choix (achat, usage, rejet de biens et services), « non seulement sur la base de critères d'intérêt privé (prix, qualité) mais aussi au regard de considérations collectives ». Plusieurs segments (pratiques nouvelles ou connaissant une amplification récente) sont identifiés, en lien avec des problématiques i) d'environnement (ex : produits verts), ii) de santé et bien-être (produits biologiques, produits plus sains), iii) d'impact économique territorial potentiel jugé positif (produits locaux, circuits courts, « Made in France »), iv) de respect de normes sociales fondamentales et de principes éthiques (ex : commerce équitable). Mobilisant en particulier la littérature existante et une étude réalisée en propre sur les effets potentiels du « Made in France », le rapport caractérise les segments de consommation, analyse leurs effets possibles sur l'emploi et documente ces effets pour chaque tendance.

In fine, les auteurs proposent une grille d'analyse commune et relèvent que si ces nouvelles attentes se traduisent de plus en plus par des comportements effectifs d'achat, amenés à se poursuivre et s'amplifier, elles reposent sur des arbitrages complexes. En matière d'emploi, ces évolutions représentent des opportunités variées et divers canaux de création sont ainsi identifiés : plus grande intensité en main-d’œuvre (exemple des magasins bio équitables), moindre propension à importer, etc. De possibles effets multiplicateurs au niveau des territoires (ex : magasins de producteurs) et d'entraînement des secteurs connexes sont également mis en exergue. La nature et la localisation des emplois peuvent évoluer : réallocations géographiques et sectorielles (ex : bio, circuits courts), métiers nouveaux ou transformés (ex : permaculture, agriculture urbaine), etc.

Le COE identifie différents atouts français pour « consolider et développer » l'offre agricole, industrielle et des services liés (ex : poids des secteurs agricole et agroalimentaire, crédibilité et reconnaissance des labels d'origine et de qualité). La réalisation des potentialités d'emploi nécessite toutefois la conjugaison de plusieurs actions : information du consommateur, productivité et compétitivité de l'offre, distribution des produits « responsables », anticipation des besoins en compétences dans les métiers et territoires, attention accrue portée à la qualité des emplois, etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d'orientation pour l'emploi

Consommation de viande, santé humaine et environnement

Sous l'effet de l'augmentation des revenus individuels moyens et de la croissance démographique, la consommation moyenne mondiale de viande par habitant et la quantité totale de viande consommée ne cessent de croître. Dans une revue de littérature parue dans Science en juillet, des chercheurs d'Oxford (Royaume-Uni) pointent les risques potentiels de cette évolution pour la santé humaine et l'environnement, et identifient des leviers d'action en réponse à ces défis.

Sur le plan de la santé, la littérature converge sur le fait que des apports élevés de viande transformée accroîtraient les risques de cancer colorectal et de maladies cardiovasculaires. Inversement, le remplacement des viandes rouges et transformées par des protéines d'origine végétale réduirait le taux de mortalité globale de 6 à 10 % (figure ci-dessous).

Viande transformée et santé : (A) risque relatif de cancer colorectal en fonction de la consommation moyenne de viande transformée ; (B) risque relatif de décès d'origine cardiovasculaire en fonction de la consommation moyenne de viande transformée.

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Source : Science

En matière d'impact environnemental, la production de viande génère plus d'émissions de gaz à effet de serre (GES), par calorie, que les aliments d'origine végétale. Ces émissions proviennent aussi de la déforestation liée à la création de pâturages et à l'extension des terres arables, pour répondre à la demande croissante d'aliments pour animaux. De plus, l'élevage d'herbivores est la source la plus importante de méthane, dont le potentiel de réchauffement de l'atmosphère est relativement élevé par rapport au CO2. Si une gestion prudente des systèmes herbagers peut contribuer au stockage de carbone, les bénéfices nets sont relativement modestes.

Par ailleurs, l'agriculture prélève plus d'eau douce que toute autre activité humaine. Près d'un tiers de cette eau est destiné au bétail. Dans certaines régions, l'agriculture exerce également une forte pression sur des ressources rares en eau et peut exacerber l'érosion des sols.

Émissions de GES dues à la production de différents types d'aliments en 2005-2007 et projections pour 2050

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Lecture : la projection d'émissions suppose une trajectoire d'émissions qui maintiendrait les températures mondiales en dessous de 2°C. L'axe des ordonnées est le pourcentage des émissions totales.

Source : Science

Les auteurs concluent que la tendance à la hausse de la consommation mondiale de viande aura des effets néfastes sur l'environnement et la santé humaine. Ces impacts justifieraient selon eux un contrôle de l'offre et de la demande de viande et de produits carnés par des interventions publiques sur la production, la vente, la transformation, la distribution et les prix de vente. Ils incitent à approfondir la recherche sur l'efficacité des différents outils visant à transformer la consommation alimentaire, parmi lesquels les interventions fiscales, l'étiquetage nutritionnel et les certifications des produits en termes de bien-être des animaux et de normes environnementales.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Science

10/09/2018

Sols en danger : réduire l'artificialisation

Un numéro spécial de juillet 2018 de la revue Responsabilité et Environnement aborde sous de multiples facettes – scientifiques, économiques, juridiques, sociales – la question de l'artificialisation des sols en France. Après une première partie consacrée à l'état des lieux des sols et des connaissances (sources de dégradation, fertilité, évolution des usages, etc.), le numéro passe en revue les solutions, possibles ou déjà mises en œuvre, à la disposition des États, des collectivités locales et des acteurs privés : outils réglementaires et législatifs (planification, règles d'urbanisme, régulation des transactions foncières, etc.), incitations fiscales, modes de gouvernance locale, etc. Les questions spécifiques au secteur agricole y sont analysées en détail dans plusieurs articles, qu'il s'agisse de la fertilité des sols, de la préservation des terres agricoles en milieu périurbain ou des services écosystémiques (exemple : stockage de carbone).

Source : Responsabilité et Environnement

09:50 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : sols, artificialisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/09/2018

Faciliter l'analyse rétrospective des réglementations environnementales

Si l'analyse d'impact de la réglementation (AIR) est devenue une pratique courante dans la conception des règlements et des textes législatifs, afin d'en évaluer ex ante les coûts et les bénéfices, l'analyse rétrospective (ex post) l'est beaucoup moins. C'est pourtant une pratique complémentaire, riche d'enseignements (identification des facteurs de succès ou d'échec, coûts réels des mesures, éclairages comportementaux) et qui nourrirait l'amélioration des politiques publiques, dans les secteurs de l'environnement ou de l'agriculture. Tel est le point de vue présenté par des chercheurs et praticiens dans la Review of Environmental Economics and Policy : analysant trois exemples d'évaluation de régulations environnementales aux États-Unis, ils en tirent des leçons méthodologiques et pratiques afin d'améliorer la gouvernance de la réglementation et l'efficience des administrations publiques (voir également à ce sujet une publication récente de l'OCDE).

Source : Review of Environmental Economics and Policy

09:44 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Environnement | Lien permanent | Tags : réglementation, évaluation ex post |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/09/2018

L'atoll de Mataiva face aux enjeux de l'exploitation du phosphate

Un article d'A. Magnan (Iddri) dans le Journal de la société des océanistes analyse les enjeux liés aux projets d'exploitation du phosphate à Mataiva, en Polynésie française. L'atoll et son lagon réticulé forment une « curiosité naturelle mondiale », mais aussi un gisement potentiel de plus de 15 millions de tonnes, pour une valorisation de l'ordre de 2,5 milliards d'euros. Si la population est opposée au projet depuis les années 1980, le gouvernement local reste régulièrement sollicité par des investisseurs étrangers. Pour l'auteur, ce cas illustre la confrontation entre préservation de l'environnement et développement local, ainsi que la « prédation des ressources à l'échelle globale », dans le cadre d'une « mondialisation qui cherche à nourrir des populations avec les ressources d'autres populations ». Le classement au patrimoine de l'humanité apporterait, selon Magnan, une protection adéquate.

Source : Journal de la société des océanistes

09:32 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : phosphate, polynésie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Ressources génétiques marines

Publié en juin 2018 dans Science advances, un article analyse les dépôts de brevet intégrant des séquences génétiques issues d'espèces marines, depuis 1988. À partir d'une base de données comprenant près de 13 000 séquences issues de 862 espèces (73 % des séquences provenant d'espèces microbiennes), les auteurs montrent une croissance importante du nombre de brevets depuis la fin des années 1990. Ils montrent que 84 % des brevets sont déposés par des entreprises (47 % par BASF), et 12 % par des universités publiques ou privées (dont plus de la moitié par le Weizmann Institute of Science israélien). Enfin, dans un contexte de négociations internationales sur la protection de la biodiversité marine dans les zones extraterritoriales, l'analyse révèle que près de 1 600 séquences proviennent de 91 espèces vivant en eaux profondes et sources hydrothermales.

Source : Science advances

09:30 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : ressources génétiques, biodiversité, mer, espèces marines |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/07/2018

L'impact des changements globaux sur les rendements et la qualité nutritionnelle des légumes

Le changement climatique, la dégradation des terres, la raréfaction de l'eau et la perte de biodiversité constituent des défis majeurs pour l'agriculture mondiale et la sécurité alimentaire. Si de nombreuses études ont été réalisées sur l'impact de ces changements sur les grandes cultures, aucune analyse globale n'avait encore été menée sur le secteur des légumes. Dans un article publié dans la revue PNAS, en juin, des chercheurs s'intéressent à cette question, et en particulier à l'effet de certains de ces changements sur les rendements et la qualité nutritionnelle des productions légumières.

Données disponibles sur les variations de rendements de légumes suite à une augmentation des concentrations de CO2 de 250 ppm

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Source : PNAS

Pour ce faire, les auteurs ont réalisé une revue de littérature systématique, sur la base de 148 articles rapportant 8 103 expériences. Ils ont étudié l'impact de cinq types de changements : une augmentation de la température de 4°C, de la concentration atmosphérique de CO2 de 250 ppm (figure-ci dessus), de la concentration troposphérique d'ozone de 25 %, de la salinité de l'eau d'irrigation de 25 % et une diminution de 50 % de la quantité d'eau disponible (figure ci-dessous). Lorsque les données étaient suffisantes, une méta-analyse statistique a été menée pour évaluer l'effet propre de chacun de ces types de changement. De plus, différentes cultures légumières ont été analysées : les solanacées (ex. tomate, poivron, aubergine), les tubercules, les légumes à feuilles vertes, les courges et les légumineuses.

Données disponibles sur les variations de rendements de légumes suite à une diminution de 50 % de l'eau disponible

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Source : PNAS

Les résultats montrent que l'augmentation des températures, de la concentration d'ozone, de la salinité et la raréfaction de l'eau pour l'irrigation ont un impact négatif sur les rendements de légumes (de -31,5 %, -8,9 %, -2,3 % et -34,7 % respectivement). L'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère, quant à elle, accroît les rendements de 22 % en moyenne. Cependant, cet effet pourrait être atténué en présence d'autres changements globaux. Les résultats concernant la qualité nutritionnelle sont plus mitigés et varient fortement selon les types de légumes et les molécules étudiées (ex. vitamine C, antioxydants, flavonoïdes). Ces conclusions, combinées à celles d'autres articles publiés récemment (notamment sur la production de maïs et de blé), confirment que les changements globaux à venir pourront avoir de graves conséquences pour la sécurité alimentaire.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

10:30 Publié dans Agronomie, Climat, Environnement | Lien permanent | Tags : changement climatique, eau, biodiversité, légumes |  Imprimer | | | | |  Facebook

Anticiper les changements climatiques en Nouvelle-Aquitaine pour agir dans les territoires

Cinq ans après un premier rapport, le comité scientifique régional AcclimaTerra vient de publier une nouvelle édition. Sous la direction d'H. Le Treut, cette deuxième livraison est le fruit de la mobilisation d'environ 240 chercheurs. Elle intègre le périmètre élargi de la Nouvelle-Aquitaine et de nouvelles thématiques et disciplines (dont les sciences humaines). Face à la complexité des questions climatiques et de la transition environnementale, la région représente un espace d'action, de réflexion, de débat et d'éducation citoyenne, l'adaptation devant se concevoir avant tout à l'échelle des territoires. S'adressant à l'ensemble des acteurs concernés (élus, citoyens, etc.), les auteurs veulent accompagner cette démarche (défi de l'interface entre diagnostic scientifique et « complexité du fait social ») et fournissent des informations pour aider à la prise de décision. Une lecture à plusieurs niveaux est ainsi proposée (ouvrage, synthèse, infographies, compléments disponibles en ligne, etc.).

Évolution des émissions de gaz à effet de serre par secteur et par gaz, entre 1990 et 2015

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Source : AcclimaTerra

Après un rappel des données clés de la région la plus vaste de France (5,9 millions d'habitants, 84 % du territoire occupés par l'agriculture et la forêt, etc.), quinze chapitres présentent des analyses détaillées sur des thématiques variées : dépendance entre climat local et climat global, approches historique et juridique, santé environnementale, milieux naturels, territoires urbains, massifs montagneux, etc. La ressource en eau, l'agriculture, la forêt, la pêche et la conchyliculture font ainsi l'objet de développements intéressants.

Extrait (volet « adaptation ») de l'infographie synthétisant le chapitre consacré à la pêche et à la conchyliculture

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Source : AcclimaTerra

De la conclusion, il ressort que tous les territoires de la Nouvelle-Aquitaine sont, à des degrés divers, vulnérables au changement climatique, ce qui appelle, pour les auteurs, des actions différenciées tenant compte des inégalités. Ils soulignent également des besoins de travaux scientifiques, par exemple pour mieux établir les risques et estimer la vulnérabilité des territoires. Ils identifient par ailleurs des actions nécessaires dans divers domaines (ressource en eau, forêt, montagne, zones humides, pêche, conchyliculture, etc.). Ils insistent aussi sur l'urgence à agir en matière agricole, en mettant à profit les débats actuels, entre autres sur les produits phytosanitaires : repenser les systèmes de production en tenant compte de la durabilité économique et de la diversité des exploitations, ainsi que des changements d'habitudes alimentaires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : AcclimaTerra

10/07/2018

Les politiques structurelles chinoises aggravent la sur-utilisation d'engrais et de pesticides

Publiée dans la revue PNAS, utilisant des données d'enquêtes nationales et de la FAO, une étude récente explicite le lien entre structures agricoles et consommation sous-optimale des moyens de production, produits chimiques et travail, en Chine, où 98 % des exploitations familiales ont une superficie inférieure à 2 ha. Avec le Household contract responsibility system (HCRS), l’État propriétaire des terres les alloue à environ 200 millions de ménages ruraux, avec des possibilités restreintes de transfert. En moyenne, les ménages agricoles exploitent 0,5 ha, réparti en cinq parcelles de qualités agronomiques différentes, pour assurer une distribution équitable des terres. De plus, le système du hukou limite la migration des ménages ruraux vers les villes : ceux qui le font sans autorisation ne bénéficient généralement ni de la couverture santé ni d'un égal accès au marché du travail. Ces travailleurs ruraux, maintenus en marge de la société urbaine, sont évalués à 260 millions.

Sous l'effet combiné des deux dispositifs, les surfaces et la productivité du travail ont stagné en moyenne au cours des 20 dernières années, contrairement aux évolutions enregistrées dans la plupart des pays, développés ou non. Ce manque d'ajustement structurel a conduit les agriculteurs à adopter des stratégies de sur-consommation d'intrants, de 4 à 7 fois supérieure pour les engrais et pesticides, afin d'accroître leurs revenus. L'impossible mobilité intersectorielle a également maintenu dans l'activité des exploitants peu qualifiés et peu performants.

Dispersion des tailles d'exploitation selon les pays, les années et différents paramètres (productivité du travail - A, taux d'urbanisation - B, surface agricole - C, nombre de ménages - D)

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Source : PNAS

Les auteurs quantifient ensuite les conséquences de plusieurs scénarios : i) libéraliser la migration en zone urbaine d'agriculteurs qui loueraient alors leurs terres, ii) accroître la taille moyenne des exploitations en modifiant le HCRS, iii) faciliter la concentration des terres en les transférant des plus petites aux plus grandes structures. Les tailles moyennes seraient respectivement portées à 3,3, 4,1 et 6,1 ha, avec des impacts favorables sur les revenus des exploitants et des migrants, des baisses importantes de consommation d'intrants (de 30 à 50 %), pour un effet quasi-nul sur la production. Pour les auteurs, réformer la politique foncière en Chine permettrait donc de soutenir les mesures prises pour réduire les impacts de l'agriculture sur l'environnement.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

04/07/2018

Un rapport de la FAO sur la pollution de l'eau par l'agriculture au niveau mondial

Un rapport de la FAO, paru en mai 2018, propose une revue des problèmes de qualité de l'eau liés à l'agriculture au niveau mondial. Selon ses auteurs, le rôle joué par le secteur agricole dans la pollution aquatique est prédominant, dans de nombreux pays, mais reste insuffisamment pris en compte par les décideurs publics. L'analyse de la FAO est structurée selon le modèle « Pression - État - Réponse », et couvre les principaux polluants d'origine agricole : éléments fertilisants (azote et phosphore), pesticides, sels, matières organiques, pathogènes et polluants émergents. Le rapport propose également une réflexion sur le rôle des modèles dans la compréhension et la gestion de la pollution de l'eau d'origine agricole, et dresse un panorama des politiques publiques appliquées ou potentiellement mobilisables dans ce domaine.

Source : FAO

09:46 Publié dans Environnement, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : eau, fao, pollution, agriculture |  Imprimer | | | | |  Facebook

03/07/2018

Un rapport de l'UICN sur huile de palme et biodiversité

Un groupe de travail de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), réunissant des experts internationaux, a publié le 26 juin un rapport intitulé Oil palm and biodiversity. S'appuyant sur la littérature disponible, ce rapport analyse la cartographie mondiale de la culture du palmier à huile, les zones de déforestations imputables à cette culture et les impacts potentiels sur la biodiversité, avant d'aborder la gouvernance environnementale et le futur de cette production. Présent dans 43 pays – principalement en Indonésie et Malaisie –, le palmier à huile est la plante la plus cultivée au monde, répondant à une demande croissante en huile végétale. Mais cette culture, très controversée, est souvent présentée comme une menace pour la forêt et la biodiversité tropicale, compromettant notamment la survie d'espèces animales emblématiques comme les orangs-outans. Selon les auteurs du rapport, l'arrêt de la culture des palmiers à huile ne résoudrait pas, à lui seul, le problème de l'appauvrissement de la biodiversité : en effet, ils seraient alors remplacés par d'autres cultures oléagineuses, qui pourraient nécessiter encore plus de terres. Le rapport conclut avec une série de recommandations visant à combler les déficits de connaissance et à améliorer la gouvernance et les politiques relatives à l'huile de palme, afin de la rendre la plus durable possible.

Infographie présentant les utilisations dans des produits du quotidien de l'huile de palme

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Source : UICN

Source : UICN

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02/07/2018

Préférences des Danois pour les aliments issus de l'agriculture biologique : diverses orientations portées par la santé

Dans un article publié récemment dans la revue Food Quality and Preference, des chercheurs du département Économie de l'alimentation et des ressources, de l'université de Copenhague, présentent une étude mettant en évidence la pluridimensionnalité des motivations dites de « santé » quant à la préférence des consommateurs danois pour les produits biologiques. La méthode qualitative des focus groups a été utilisée (39 adultes répartis dans 6 groupes) et les données ont été analysées en mobilisant la « théorie des conventions » de Boltanski et Thévenot. Quatre types de perspectives de santé (valeur nutritionnelle, pureté, plaisir, santé holistique) sont identifiés, mobilisés différemment dans les débats et les justifications des participants (tableau ci-dessous).

Perspectives sur la santé mobilisées par les participants lors des discussions sur les aliments biologiques et la santé

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Source : Food Quality and Preference

La santé associée à la pureté (absence d'additifs, etc.) apparaît comme la conception la plus courante, en relation avec les produits biologiques chez les participants. Cependant, en déplaçant la discussion sur l'alimentation saine, cette perspective perd de sa légitimité au profit de la vision nutritionnelle. Celle-ci domine dans l'évaluation du caractère sain de l'aliment, objectivée par le recours à des preuves scientifiques et médicales.

Source : Food Quality and Preference

15/05/2018

Les mesures agro-environnementales réduisent de moitié l'utilisation d'herbicides en viticulture

Deux chercheuses françaises, L. Kuhfuss, université de Saint Andrews et James Hutton Institute (Dundee) et J. Subervie, Inra et Centre d'économie environnementale (Montpellier), viennent de publier un article, dans la revue Ecological Economics, qui évalue l'impact des mesures agro-environnementales territoriales (MAEt) sur la réduction de l'utilisation des herbicides en viticulture. Leur recherche, basée sur une approche statistique originale, a porté sur l'effet additionnel de ces mesures, de 2010 à 2013, en Languedoc-Roussillon, région comportant en France la plus grande densité d'exploitations viticoles.

Les chercheuses ont comparé l'utilisation d'herbicides entre certaines exploitations participant aux MAEt et d'autres, statistiquement comparables, qui n'étaient pas dans le dispositif, mais l'ont rejoint dès que leur zone est devenue éligible. Elles ont ainsi utilisé la variation dans le temps et l'espace de l'éligibilité des agriculteurs aux MAEt pour apparier des jumeaux statistiques. Leur échantillon de 153 exploitations viticoles a été finement contrôlé, grâce aux données du recensement agricole de 2010. Leurs résultats se sont avérés robustes à de nombreux tests, à différentes méthodes d'appariement et à différentes échelles.

Elles montrent ainsi que les MAEt ont incité les viticulteurs à réduire de près de moitié la quantité d'herbicides qu'ils utilisaient (entre 38 et 53 % en 2011 et entre 42 et 50 % en 2012). En se focalisant sur la mesure la moins contraignante et la plus mobilisée, qui impose « zéro herbicide entre les rangs », elles ont montré que son impact sur l'utilisation de produits phytosanitaires était significatif en 2011 mais nul en 2012. Cette variation dans le temps s’explique par le fait que, si les exploitations du groupe MAEt stabilisent à un niveau bas leurs traitements d’herbicides, celles du groupe de contrôle évoluent fortement à la hausse les années de forte pression des adventices, à l'instar de 2011.

Les auteures concluent, grâce à ce travail, que les mesures agro-environnementales peu contraignantes sont efficaces pour éviter les pics d'applications de produits les années nécessitant le plus de traitements. En revanche, les mesures les plus strictes sont celles qui ont un effet tendanciel important sur la réduction des produits phytosanitaires.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Ecological Economics

13:54 Publié dans 2. Evaluation, Environnement, PAC | Lien permanent | Tags : maet, pac, viticulture, herbicides, produits phytosanitaires |  Imprimer | | | | |  Facebook