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02/10/2017

Le monde rural : situation et mutations

Le think tank Terra Nova publie une note de l'économiste et géographe Laurent Davezies sur les transformations du monde rural. Chiffres à l'appui, l'auteur commente notamment le poids décroissant de l'agriculture dans la vie de ces territoires, et suggère que « le monde rural est moins en train de dépérir que de changer de fonction », avec la montée d'une économie touristique et résidentielle. La part de l'agriculture dans l'emploi du monde rural n'est plus aujourd'hui que de 12 %, et la ruralité compte dorénavant presque autant d'emplois industriels qu'agricoles. De façon plus générale, l'emploi salarié privé y a plus souffert, cette dernière décennie, que dans le monde urbain. Néanmoins, l'auteur montre que ces difficultés ont été très amorties par les solidarités redistributives mises en œuvre par les villes : « sur les 3,8 millions d'actifs vivant en 2012 dans le monde rural, 47 % vont travailler dans une aire urbaine ». Et 85 % des nouveaux actifs apparus entre 2006 et 2011 sont des navetteurs allant travailler dans des aires urbaines. Au total, la majorité des territoires ruraux profitent très directement et fortement du dynamisme de l'économie urbaine.

Source : Terra Nova

09:13 Publié dans Société, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : monde rural, terra nova, davezies |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/09/2017

L'empire de l'or rouge. Enquête mondiale sur la tomate d'industrie, Jean-Baptiste Mallet

Dans un ouvrage argumenté, précis et mené comme un thriller, Jean-Baptiste Mallet expose le résultat de deux années de travail d'enquête de terrain sur la production et le commerce de ce produit de grande consommation qu'est le concentré de tomates. Alternant éléments documentaires sur l'histoire du développement de cette industrie depuis la fin du XIXe siècle, portraits d'entrepreneurs et analyses issues de ses investigations en France, en Italie, en Angleterre, aux États-Unis, en Chine et au Ghana, l'auteur brosse un portrait édifiant d'un produit banal qui se révèle emblématique de la mondialisation des systèmes alimentaires.

or-rouge.jpg

Le premier constat qui émerge est celui des multiples réussites, tant agronomiques qu’industrielles, sous-jacentes au secteur. Soutenue par les progrès de la génétique végétale et des machines-outils, la production mondiale de tomates est passée de 28 millions de tonnes en 1961 à 164 en 2016, dont un quart est transformé pour un marché en croissance de 3 % par an. Parmi les portraits d'entreprises structurantes, on retiendra celui de la Heinz Company. Fondée en 1876 et célèbre pour son tomato ketchup américain et sa HP sauce britannique, elle illustre à elle seule le succès du modèle capitaliste américain. Un autre exemple notable est celui de l'entreprise chinoise Chalkis, dont le capital est détenu par l'Armée populaire de Libération, et qui a contribué en 10 ans à faire de la Chine le premier producteur mondial de concentré.

Le journaliste dépeint également les excès et scandales de cette agro-industrie. Il évoque les fermetures d'entreprises insuffisamment compétitives, car transformant des tomates locales, face à celles utilisant du concentré chinois. En 2015, l'Italie a ainsi importé plus de 200 000 tonnes de concentré qui, réhydraté, salé puis reconditionné, a été revendu comme produit italien en Europe, Afrique et Moyen-Orient. Le rôle de l'agro-mafia italienne dans le contournement des règles douanières, l'existence d'un marché africain de « vieux » concentré chinois impropre à la consommation, ou encore l'ajout courant d'additifs (fibre de soja, amidon ou dextrose) au concentré chinois, sans mention sur les étiquettes, sont amplement documentés. Des conditions de travail dans les champs de tomates du Xinjuiang (Chine) à l'exploitation de la main-d’œuvre immigrée illégale en Italie du sud, c'est au final un portrait de la résurgence d'un sous-prolétariat moderne au service de la mondialisation alimentaire que dresse l'auteur.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Lien : Fayard

05/09/2017

Les consommateurs prêts à payer plus cher pour une rémunération juste des salariés agricoles

Les consommateurs sont-ils prêts à payer leur alimentation plus chère afin de garantir de bonnes conditions de travail aux salariés agricoles ? C'est la question à laquelle une équipe de chercheurs grecs et américains s'est intéressée dans un article publié dans le numéro de juillet de la revue European Review of Agricultural Economics. Les auteurs ont utilisé la méthode de l'évaluation contingente, afin d'évaluer le consentement à payer des consommateurs pour des fraises qui bénéficieraient d'une certification garantissant des conditions de travail justes (ou tout simplement en règle, comme un salaire minimum, un nombre d'heures de travail limité ou des congés maladie) pour les travailleurs agricoles.

Ils trouvent que les consommateurs grecs sont prêts à payer une prime d'au moins 0,53 € / 500 g pour des fraises produites avec ce type de certification. Ces résultats soulignent la forte asymétrie d'information qui existe sur ce sujet entre les consommateurs et les producteurs. Des modèles de certification innovants pourraient être développés afin de valoriser les produits issus d'exploitations protégeant les droits des travailleurs, et ainsi inciter les exploitants à garantir des conditions de travail correctes.

Source : European Review of Agricultural Economics

05/07/2017

Des réformes au bénéfice des travailleurs agricoles risquent de faire évoluer de nombreuses productions aux États-Unis

Dans un article publié sur le site de l'université de l'Illinois, une équipe d'économistes de l'université de Cornell aborde les conséquences, pour l'agriculture, des évolutions du droit du travail agricole de nombreux États fédérés, d'autant plus d'actualité que les incertitudes de la nouvelle équipe présidentielle sur les politiques migratoires alimentent les inquiétudes des agriculteurs. En effet, des États comme la Californie ou le Wisconsin emploient une grande quantité de main-d’œuvre agricole (fruits et légumes, lait), et engagent ou annoncent des réformes provoquant un accroissement important du coût de cette main-d’œuvre (hausse du salaire minimum, droit aux heures supplémentaires, etc.).

S'il leur est difficile de prédire les impacts des adaptations qui seront nécessaires, les chercheurs avancent que les changements seront importants. Ils citent plusieurs évolutions possibles, telles une chute de la production nationale de certains fruits et légumes, une substitution rapide du capital au travail, une relocalisation de la production de certains bassins vers d'autres régions, ou encore l’essor des filières de proximité. Certaines exploitations de taille moyenne pourraient être particulièrement en difficulté, tandis que l'investissement dans la qualité du management sera un impératif pour beaucoup.

Source : farmdoc daily

04/07/2017

L’émergence des pâtissiers de restaurant : sociologie d’une segmentation professionnelle

Dans la revue Sociologie du travail, T. Collas (Sciences-Po) consacre un riche article à l’émergence d’un nouveau segment professionnel, les « pâtissiers de restaurant », basé sur l’analyse croisée d’archives professionnelles et de récits de carrières recueillis auprès de 44 pâtissiers travaillant ou ayant travaillé au sein de restaurants et d’hôtels (27), ou uniquement en boutique et/ou dans l’enseignement et le conseil (17). À partir des années 1970, sous l’influence de la Nouvelle Cuisine, le « dessert à l’assiette » supplante le service « à la russe » sur chariot présentant des apprêts préparés plusieurs heures à l’avance. Jusqu’alors, les desserts étaient achetés en boutique ou réalisés dans le restaurant en recourant aux mêmes procédés, notamment la surgélation. Dorénavant, ils sont de plus en plus réalisés en cuisine, dans l’urgence, sur commande du client, à partir de produits frais de saison.

L’article analyse le contraste entre deux types d’organisation du temps de travail : concentré sur la matinée dans le cas de la boutique (de 5h à 14h), en « horaire dilaté » pour le pâtissier de restaurant, entre la préparation des viennoiseries le matin et l’assiette de dessert du soir. Entre cuisine et boutique, les conventions esthétiques divergent : dans la première, la simplicité, le goût et l’improvisation sont promus contre le strict respect des recettes et du décor caractéristique de la seconde. Le pâtissier de restaurant se rapproche ainsi du chef de cuisine, notamment dans sa prétention à être « l’auteur » du dessert.

Mais, pour exister socialement, il cherche aussi à s’en distinguer, ce qui semble favoriser une convergence avec les pâtissiers de boutique. T. Collas mentionne plusieurs initiatives au début des années 1990 visant à accroître la visibilité du groupe, et qui rencontrent un accueil favorable chez les pâtissiers de boutique. Un décompte des produits, recettes et lieux d’exercice des signataires de recettes, dans les articles du Journal du pâtissier, montre ainsi que cette revue s'ouvre largement aux pâtissiers de restaurant, alors que ceux-ci ne représentent qu'une part marginale de la production.

Source : Sociologie du travail

Les conversions en bio tirent l'emploi environnemental vers le haut en 2015

Tel est le principal enseignement des premiers résultats publiés par le ministère chargé de l'Environnement sur les éco-activités et l'emploi environnemental en 2015. En effet, si celui-ci progresse de plus de 1 % en un an, contre une hausse de 0,4 % en moyenne dans l'ensemble de l'économie, c'est pour l'essentiel grâce au dynamisme de l'agriculture biologique qui, avec +9 % d'exploitations engagées, poursuit son développement.

La croissance de l'agriculture biologique est également sensible en matière de valeur ajoutée : avec +16 % par rapport à 2014 (domaine de la protection et de la restauration des sols et des masses d'eau, englobant l'agriculture biologique), c'est l'éco-activité qui enregistre la plus forte croissance en un an. Cette dynamique se vérifie depuis 2004.

Source : Commissariat général au développement durable

14:44 Publié dans Environnement, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : emplois verts, bio, éco-activités |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/06/2017

Du fordisme à l'ubérisation : penser l'organisation du travail pour imaginer le travail en 2030

Parce que l'organisation des entreprises a joué un rôle central dans l'évolution du travail lui-même, France Stratégie a publié récemment les résultats d'un exercice de prospective à l'horizon 2030, dessinant les formes d'organisation du travail du futur.

Dans un premier temps, les principales formes d'organisation actuelles sont rappelées. Elles sont identifiées au niveau européen à partir de l'European Working Conditions Survey (EWCS), enquête menée tous les 5 ans sur les conditions de travail et la qualité de l'emploi en Europe, auprès des structures du secteur marchand de plus de 10 salariés, hors agriculture. S'appuyant sur un ensemble de quinze variables parmi lesquelles l'autonomie dans le travail, les rythmes de travail ou les formes de supervision, quatre types d'organisations sont ainsi identifiés : l'organisation simple (16 % des salariés européens, majoritaire en particulier dans les services à la personne), l'organisation taylorienne (18 % des salariés, forme majoritaire notamment dans les IAA et l'industrie du bois), l'organisation apprenante (37 % des salariés, très représentée en secteur tertiaire) et l'organisation en lean production (29 % des salariés, dans l'industrie automobile ou pharmaceutique par exemple).

Selon l'étude prospective, le développement rapide des technologies de l'information et celui de la robotique, dans un contexte d'élévation générale du niveau d'éducation (projection de 90 % de la population mondiale sachant lire et écrire en 2030), devraient faire évoluer l'organisation du travail, les tendances étant déjà à l’œuvre aujourd'hui dans certains secteurs. En particulier, à la faveur du vieillissement de la population et de la progression du maintien à domicile, le secteur des services à la personne pourrait opérer une mutation vers une organisation apprenante, s'appuyant sur un coordinateur de toutes les interventions (médicales et sociales), et sur les aides à domicile comme source première d'informations permettant d'organiser ces interventions. Une plus grande intégration des différents secteurs d'appui aux personnes, phénomène observé dans plusieurs pays, permettrait d'améliorer la qualité des emplois et d'offrir des perspectives de carrière aux personnels.

Enfin, cette étude identifie quatre formes d'organisation du travail en 2030 (« organisation apprenante », « plateforme apprenante virtuelle », « super-intérim », « taylorisme new-age »), avec leurs conséquences en matière de travail et de capital humain.

Les quatre types d'organisation du travail en 2030, leurs avantages et risques pour les travailleurs

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Source : France Stratégie

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : France Stratégie

09:50 Publié dans 1. Prospective, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : travail, 2030, fordisme, uberisation, france stratégie |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/05/2017

Les métiers d'ouvriers agricoles, les plus recherchés en 2017

C'est l'une des conclusions marquantes de l'enquête « Besoins en main-d’œuvre » menée par Pôle Emploi auprès des employeurs pour l'année 2017. Au total, ce sont plus de 200 000 recrutements qui seraient prévus dans le secteur de la production agricole (+6 % par rapport à 2016).

Positionnement des 15 métiers les plus recherchés en 2017 en fonction des difficultés à les pourvoir et de leur caractère saisonnier

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Source : Pôle Emploi

La grande majorité des recrutements prévus sont saisonniers (90 %), mais les projets de recrutements non saisonniers progressent en un an de plus de 10 %. La moitié est concentrée dans la viticulture et l'arboriculture, un quart s'adressant à des emplois saisonniers d'agriculteurs et ouvriers agricoles. De manière générale, bien qu'importants en quantité, les projets de recrutements sont jugés peu difficiles par rapport à la moyenne générale, à l'exception des emplois forestiers, des conducteurs d'engins et des pêcheurs. Les mauvaises conditions de travail sont les principaux freins à l'embauche avancés par les employeurs.

Source : Pôle Emploi, Pôle Emploi

10:23 Publié dans 3. Prévision, Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : emploi, saisonnier, main d'oeuvre |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/03/2017

La désindustrialisation et la désagricolisation de la société française amplifient la métropolisation

La métropolisation de la société française, dans un contexte de désindustrialisation, modifie les dynamiques territoriales d'emploi. Les évolutions constatées au cours de la décennie écoulée, et leurs impacts sur les métiers, devraient s'amplifier d'ici 2022, selon l'analyse que vient de publier France Stratégie. Croisant les évolutions démographiques, les dynamiques sectorielles et la prospective des métiers et des qualifications à 2022, l'étude met en évidence les défis auxquels seront confrontées les zones rurales dans la décennie à venir.

Alors que la concentration des emplois en zones urbaines bénéficiait, jusqu'en 2000, à l'ensemble des villes (notamment aux petites et moyennes), on assiste depuis à une évolution divergente, aggravée depuis la crise de 2008 : les aires urbaines de moins de 100 000 habitants perdent régulièrement des emplois, alors que les créations se concentrent dans la douzaine de pôles urbains de plus de 500 000 habitants.

Taux de croissance annuel moyen de l'emploi en fonction du taux d'urbanisation

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Source : France Stratégie

Par ailleurs, ces évolutions globales masquent des dynamiques à l’œuvre en termes de types d'emplois et de métiers, qui pourraient encore amplifier les contrastes territoriaux : les métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire, concentrés dans les zones peu urbanisées (voir sur ce thème une note de l'Insee), sont attendus en recul dans les prochaines années. À l'inverse, les postes de cadres, les métiers du numérique, des soins aux personnes, de l'hôtellerie sont en fort développement et particulièrement représentés dans les grands pôles urbains. Dans ce contexte, les zones rurales perdent en attractivité et l'accès aux services devient plus difficile, comme l'illustre le choix de certains agriculteurs d'habiter en ville et non plus sur leur exploitation.

L'analyse pointe également le fait que les métropoles les plus attractives et dynamiques sont celles du grand quart sud-ouest, combinant les activités cognitives (technologies, recherche, industries de pointe) et présentielles (liées aux populations et au tourisme). L'effet d'entraînement des métropoles sur leur périphérie doit toutefois être mieux étudié.

Évolution de l'emploi des 25-54 ans entre 2006 et 2013, par aire urbaine

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Source : France Stratégie

Enfin, l'auteur s'interroge sur les dynamiques à plus long terme et notamment sur l'impact du numérique sur l'organisation spatiale du travail, permettant d'entrevoir des pistes d'action publique en faveur des zones actuellement à l'écart des dynamiques métropolitaines.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : France Stratégie

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13/02/2017

Le verdissement de l'économie, source d'emplois depuis 2007

S'appuyant sur la comparaison de deux recensements à cinq ans d'intervalle (2007 et 2012), la Dares (ministère du Travail) et l'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte (Onemev) ont pour la première fois pu analyser les évolutions à l’œuvre dans les secteurs concernés. Deux publications récentes présentent ces éléments.

Le périmètre des professions de l'économie verte englobe deux ensembles de professions : les « vertes » (dont la finalité est la restauration ou la préservation de l'environnement) et les « verdissantes » (dont la finalité n'est pas environnementale mais qui évoluent pour intégrer cette dimension). Ainsi, en prenant l'exemple du secteur agricole et forestier, les agents techniques forestiers et la police environnementale (gardes de l'ONCFS, brigades vertes, etc.) exercent des métiers verts, alors que les agriculteurs installés en bio ainsi que d'autres techniciens forestiers, les bûcherons ou les jardiniers sont comptabilisés comme métiers verdissants.

Au total, en 2012, 4 millions d'emplois étaient dénombrés dans ces deux catégories, dont 144 000 pour les métiers verts. Par ailleurs, plus d'un emploi sur sept en France est impacté par une évolution des pratiques et des compétences liées aux préoccupations environnementales. L'analyse met en évidence une dynamique différenciée, au sein des secteurs d'activité, entre les emplois de l'économie verte et les emplois traditionnels. Ainsi, alors que les emplois agricoles et forestiers reculent sensiblement sur la période, les emplois verdissants du secteur progressent de plus de 11 % en cinq ans : conversion à l'agriculture biologique notamment, mais également développement des emplois en entretien des espaces verts (+ 15 %).

Enfin, les métiers de l'économie verte, très masculins, se sont un peu féminisés au cours de la période, passant de 14 à 16 % d'emplois occupés par des femmes (à comparer avec la moyenne nationale de 48 %). C'est, pour l'essentiel, dans les professions faisant appel aux plus diplômés que cette évolution est la plus sensible, notamment les secteurs de la recherche et de la protection de la nature.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Dares, Dares

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18/01/2017

Les filières viande du Massif Central à l'horizon 2050

Fin 2016, l'Inra a publié une étude prospective sur les filières viande de ruminants du Massif Central à l'horizon 2050, réalisée à la demande du Commissariat général à l'égalité des territoires. Basée sur la méthode des scénarios, cette prospective analyse les futurs possibles des filières bovines et ovines, afin d'identifier les enjeux et leviers d'adaptation ainsi que les axes de recherche à développer, pour une zone qui rassemble un tiers des bovins et plus de la moitié des ovins français.

Après identification des déterminants externes au massif (changement climatique, consommation européenne de viande, politiques agricoles et environnementales, stratégie et organisation des filières européennes) et des déterminants internes (modèles professionnels et sociologie agricole, aménagement du territoire), les auteurs établissent cinq scénarios contrastés pour les filières locales. Évolution de la consommation, concurrence internationale, agro-écologie, valorisation de l'herbe et flux internationaux sont au centre de ces scénarios, dont chacun a fait l'objet d'une modélisation à l'échelle du massif en termes de cheptel, production de viande et de lait, utilisation du territoire, emploi direct et indirect et impacts environnementaux. Ils peuvent ainsi être analysés et comparés directement selon différents enjeux chiffrés, donnant un relief particulier à la démarche prospective : les graphiques ci-dessous en fournissent une illustration pour les emplois et la production.

Nombre d'emplois directs et indirects estimés dans les scénarios 2050 (REF = situation actuelle)

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Source : Inra ; annotations CEP

Par exemple, le nombre d'emplois agricoles directs diminue dans tous les scénarios par rapport à la situation de référence (environ 90 000), la baisse la plus faible étant rencontrée dans le scénario 3 (75 000 emplois conservés).

Production de lait, de viande et d'animaux vivants dans le Massif Central, modélisée dans les scénarios

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Source : Inra

Cette prospective met bien en évidence l'importance centrale de la valorisation de l'herbe, de manière plus ou moins intensive selon les scénarios. Par ailleurs, les auteurs pointent l'enjeu central que constitue l'adaptation de l'offre en viande à la demande sociale, entre production d'animaux maigres destinés à l'exportation et engraissement local à l'herbe. Il ressort de la comparaison des différents scénarios que cette offre doit être construite dans une recherche de qualité, grâce à une organisation collective renforcée.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Inra

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17/01/2017

Emploi et territoire : rapport de l'Observatoire des territoires

L’Observatoire des territoires a présenté en décembre dernier son cinquième rapport, consacré à l’emploi. Les auteurs analysent la répartition de l’emploi sur le territoire métropolitain et ultramarin, et ils proposent des indicateurs pour en observer l'évolution, au cours des quarante dernières années, et sa situation à différentes échelles territoriales. Pour cela, plusieurs grilles d’analyse sont utilisées :

- la zone d’emploi, maille de référence ;

- le zonage en aires urbaines, définissant les aires d’influence des pôles d’emploi ;

- la commune, qui permet une prise en compte assez fine de la diversité des contextes locaux ;

- la région, à la fois échelon institutionnel compétent en termes de développement économique et maille de référence pour situer la France dans un contexte européen.

L’objectif du rapport est de fournir des clés de lecture partagées aux acteurs. Ce diagnostic est organisé en trois parties. Une première étudie les disparités, à l’échelle nationale, en matière d’emploi, de nature et qualité des postes, de développement économique et de trajectoires des territoires. La seconde partie évalue plus finement le fonctionnement de l'emploi à l’échelle locale, notamment le lien entre localisation des emplois et localisation des actifs. Une dernière partie analyse spécifiquement la situation du marché du travail dans les départements d'outre-mer.

Ce rapport met en évidence, et sans surprise, la concentration de l’emploi dans les grandes aires urbaines, ainsi qu’un décalage croissant entre localisation des emplois et des actifs, avec un allongement des trajets domicile-travail. La dernière crise économique (2008) a peu modifié les trajectoires des territoires et elle prolonge les tendances passées. Par ailleurs, le secteur agricole est celui qui a connu la plus forte diminution depuis 1975 : l'emploi agricole représentait 10 % de l’emploi national en 1975 contre environ 3 % en 2012 (cf. cartes ci-dessous).

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Source : CGET

Selon les auteurs, la division par trois des emplois agricoles depuis 1975, avec une chute importante entre 1982 et 1999, s’explique essentiellement par l’augmentation de la taille des exploitations. Toutefois, l’agriculture demeure encore un secteur important en termes d'emplois dans le grand Bassin parisien, en Nouvelle Aquitaine, au nord de la région Occitanie, à l’ouest de la région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi qu’à l’intérieur de la Bretagne.

Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : Observatoire des territoires

09:49 Publié dans Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : observatoire des territoires |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/12/2016

Numérisation, digitalisation, robotisation, uberisation : la révolution du travail

Comment travaillerons-nous demain ? Et quels seront les impacts sur notre santé ? L'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) s'est livré à un exercice prospectif large, pour dessiner les différents contours que pourrait prendre le travail en 2040, et les conséquences en matière de santé et de sécurité. Ces résultats ont été présentés lors d'un colloque organisé le 23 novembre dernier.

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L'exercice couvre l'ensemble des secteurs économiques, parmi lesquels l'agriculture occupe une place singulière. En effet, par sa démographie mais également son organisation, et les missions qui lui sont assignées (productrice de matières premières et de services), elle a fortement influé sur les autres secteurs économiques.

Les résultats sont déclinés en cinq enjeux structurants pour imaginer le travail de demain : les types et modes de production, l'automatisation et la robotisation, le retour du local, les formes de travail, les rythmes de travail. Le rapport met ainsi en avant la dualisation probable de l'agriculture, entre la croissance de très grandes exploitations et le maintien d'exploitations à « taille humaine », répondant à la demande de certains consommateurs. Il identifie également le développement de nouvelles formes de mutualisation. Si le recours à la robotique et à l'automatisation permet aux grandes exploitations d'accroître la productivité par personne, le déploiement de robots d'assistance pour réduire la pénibilité des travaux en agriculture biologique, même sur des surfaces plus petites (maraîchage par exemple), doit aussi être envisagé.

La France, « pays où il fait bon vivre et manger », pourrait notamment capitaliser sur cette image, largement liée aux terroirs agricoles et à leurs productions, et développer plus encore son offre de services (tourisme, santé, environnement) au plan international. La prospective s'interroge de plus sur le rapport accru au local, suivant ainsi l'exemple de l'agriculture, dans une valorisation par les consommateurs du lien aux territoires et aux producteurs.

Enfin, les formes de travail sont appelées à évoluer sensiblement : place du salariat, télétravail, plateformisation, etc. C'est probablement dans ce domaine que les incertitudes sont les plus fortes. En agriculture, confrontée à une baisse continue du nombre d'exploitants, le recours aux interventions extérieures à la main-d’œuvre familiale a vocation à augmenter : salariat, prestations de services par des entreprises ou des indépendants.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : INRS

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Manières d'être employeur dans les PME bio et forestières

L’agriculture et la forêt sont de plus en plus retenues comme terrains d’étude par des sociologues intéressés par les rapports employeurs-employés dans les professions indépendantes. En attestent deux publications récentes.

Dans la revue Sociologie du travail, Madlyne Samak (CNRS) rend compte d’une enquête auprès de maraîchers bio des Alpes-Maritimes, réalisée dans le cadre de sa thèse. Elle décrit des pratiques d’emploi « à la frontière du marchand et du non marchand ». Elle rappelle notamment que le recours au « coup de main » de la famille, des amis, des voyageurs pratiquant le WWOOFing, etc., pour « les aider à désherber, récolter, et entretenir les cultures » est parfois difficile à distinguer du « travail au noir ».

Mais le hiatus entre les idéaux des agriculteurs enquêtés – « une sympathie marquée pour les idées écologistes et altermondialistes », voire anticapitalistes –, et certaines « pratiques d’emploi » pose à ces exploitants des questions de cohérence idéologique. L’implication dans des groupes de producteurs et le jugement des pairs « produisent parfois des effets de politisation, qui conduisent les exploitants à modérer leur recours au précariat », et notamment aux contrats de travailleurs saisonniers étrangers. Mais pour les plus petits exploitants, dans un contexte économique très contraint, à la limite d’une situation de survie, « la solidarité et l’entraide constituent finalement les seules ressources mobilisables ». Ceux-ci essaient de compenser l'incapacité à rémunérer les « coups de main » par un investissement relationnel plus fort avec les travailleurs bénévoles (amitié, aide pour leur propre projet d’installation, etc.).

Dans la revue Genèses, Julien Gros (université Paris-Dauphine) s’intéresse aux relations d’emploi dans une PME forestière. Ici aussi, le patron s’appuie sur l’amitié ou, en tout cas, sur « l’entretien d’une certaine forme de proximité sociale malgré l’existence de rapports de subordination ». Mais l’auteur montre comment le paternalisme et « les formes de domination personnalisée à l’œuvre dans les rapports sociaux au sein de l’entreprise se recomposent à mesure de la formation d’une lignée patronale » (transmission au fils) « et de son éloignement progressif des travailleurs qu’elle dirige ».

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Sources : Sociologie du travail, Genèses

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15/11/2016

Réalité et perspectives de l'emploi rural en Amérique latine et dans les Caraïbes

Le Bureau international du travail a publié en octobre un rapport sur l'emploi rural en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le document dresse un panorama de l'emploi agricole et non-agricole et de ses principales évolutions (à noter des statistiques par pays en annexe), avant de proposer des orientations politiques pour un meilleur développement.

Les dernières décennies ont vu des améliorations notables : une diminution de la pauvreté, une progression du nombre de personnes travaillant par foyer, une proportion accrue de l'emploi rural non-agricole plus rémunérateur (de 34 à 42 % entre 2005 et 2014), une meilleure insertion des femmes (notamment dans le salariat non-agricole, induisant une amélioration de leurs revenus), une amélioration de la formation. Ces progrès sont toutefois insuffisants pour combler les retards par rapport aux zones urbaines. La pauvreté affectait 46,2 % des personnes en zones rurales contre 23,8 % en zones urbaines en 2014. L'emploi rural, agricole et non agricole présente un niveau de précarité bien plus élevé : main-d’œuvre familiale auxiliaire non rémunérée, revenus moins importants, faible couverture sociale (38,4 % des actifs ruraux avec une assurance santé en 2014, contre 62,7 % en zones urbaines), fréquente non-application du salaire minimal, absence de contrats de travail écrits, peu d'organisations syndicales, faiblesse de la formation, manque d'infrastructures et d'accès aux différents services publics. La faiblesse du salariat, l’importance des très petites entreprises et de l'auto-entrepreneuriat, le travail saisonnier et à temps partiel, la forte proportion du secteur informel apparaissent comme des limites majeures au développement des protections sociales (santé, retraite). Les groupes les plus vulnérables sont les travailleurs migrants (avec travail des enfants) et les populations indigènes et d’origine africaine.

Des propositions d'orientations politiques sont faites en réponse à ces différents déficits. Elles s'orientent autour de deux axes : politiques de développement productif et de renforcement des capacités ; politiques d'emploi et de protection sociale. Elles insistent sur la nécessaire adaptation aux spécificités rurales : saisonnalité, auto-entrepreneuriat, éloignement des centres urbains et importance des distances à parcourir, etc. Ces recommandations s'appuient sur de nombreux exemples récents d'initiatives développées dans différents pays.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : Bureau international du travail

09:54 Publié dans Mondialisation et international, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : bit, emploi rural, amérique latine, caraïbes |  Imprimer | | | | |  Facebook