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05/02/2020

Politique agricole commune et « données retardataires »

Dans un article publié par la revue d'anthropologie Techniques & Culture, L. Magnin (université Paris-Est et ENS-Lyon) livre un aperçu de sa thèse en cours sur l'écologisation des politiques agricoles vue à travers le prisme des haies. Il s'intéresse aux retards de paiement des aides PAC suite aux difficultés de refonte du registre parcellaire graphique (RPG) : cette pièce centrale du système intégré de gestion et de contrôle, dont l'unité de référence était l’îlot de culture, a dû intégrer et « numériser des composantes paysagères de plus en plus petites » (ex. : mares, cours d'eau, bosquets, haies).

Son enquête de terrain, menée dans les services chargés de l'instruction des demandes d'aides, de l'alimentation du RPG et du paiement aux agriculteurs (services d'économie agricole des Directions départementales des territoires - DDT, Institut géographique national - IGN, Agence de services et de paiement - ASP), et des entretiens avec des acteurs impliqués dans le chantier de refonte du RPG, lui permettent de proposer deux explications de ces retards. L'une tient, selon lui, à l'organisation et à la gouvernance du chantier, constat qui recoupe des conclusions de la Cour des comptes. L'autre est liée à la complexité de la numérisation, et en particulier à « la sous-estimation, quantitative et qualitative, du travail de mise en données auquel ont œuvré des centaines de ''photo-interprètes'' ».

Capture d’écran du « registre parcellaire graphique » (RPG) sur le site de déclaration Telepac

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Source : Techniques & Culture

Source : Techniques & Culture

08:57 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : rpg, numérisation |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/02/2018

Automatisation et numérisation : des conséquences importantes sur l'organisation et le contenu du travail

Après les impacts sur le volume d'emplois (tome 1) et sur les compétences (tome 2), le Conseil d'orientation pour l'emploi vient de publier le dernier volet d'une analyse multidimensionnelle des conséquences de l'automatisation et du numérique, consacré au contenu du travail et à la façon de travailler. Considérant notamment l'agriculture et l'agroalimentaire, cette étude très vaste, qui couvre l'ensemble de l'économie et une grande diversité de situations de travail, débute par un rappel du cadre théorique d'analyse des impacts de l'adoption de nouvelles technologies au sein des entreprises, ainsi que sur leur environnement (théorie des organisations, sociologie et psychologie du travail, économie). La revue de la littérature, mais également les nombreux entretiens et enquêtes menés, confirment que l'évolution actuelle est sans équivalent dans l'histoire industrielle par son ampleur et la profondeur des changements, à tous les stades de la chaîne de valeur. C'est en particulier le cas pour le secteur alimentaire.

Des avancées technologiques qui impactent toute la chaîne de valeur du secteur alimentaire

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Source : Opcalim pour le Conseil d'orientation pour l'emploi

Contrairement aux précédentes « révolutions » industrielles, aucun modèle d'organisation du travail (ancien ou néo-taylorisme, post-taylorismes, fordisme, toyotisme) ne se démarque, de façon privilégiée, comme étant le plus adapté pour accompagner la diffusion et l'adoption des innovations technologiques. C'est pourquoi, selon les auteurs, ce sont des couples évolutions organisationnelles-technologies qui doivent être analysés en parallèle. En effet, au-delà des process, ces innovations modifient nos façons de communiquer, de collaborer ou de coordonner notre travail, tout en changeant le cadre spatio-temporel dans lequel nous exerçons nos activités (télétravail, coworking, messageries, etc.).

Dans une seconde partie, s'appuyant en premier lieu sur une analyse statistique des données sur les conditions de vie au travail (DARES), le rapport s'enrichit d'approches qualitatives éclairant la grande diversité des conséquences (souvent ambivalentes) de l'adoption du numérique, de l'automatisation ou de la robotisation sur l'intensité du travail, sa complexité et son intérêt. C'est le cas avec l'étude menée par l'Agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), auprès d'exploitations laitières du Grand-Est, sur les implications de l'introduction de robots de traite : celle-ci s’accompagne d’une transformation significative du métier d'éleveur, d'une amélioration de la qualité de la vie sans baisse de la charge de travail. Cette dernière se reporte en effet sur des tâches plus cognitives (exploitation des données notamment), accroissant les risques de dépendance aux outils numériques.

La troisième partie du rapport est d'ailleurs consacrée à une analyse fine des opportunités et des risques liés aux changements technologiques, pointant l'importance d'une conduite du changement menée avec les travailleurs concernés pour mieux atteindre les objectifs poursuivis par l'introduction de ces innovations.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Conseil d'orientation pour l'emploi

11:18 Publié dans Agriculteurs, IAA, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : coe, automatisation, numérisation, travail |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/12/2016

Numérisation, digitalisation, robotisation, uberisation : la révolution du travail

Comment travaillerons-nous demain ? Et quels seront les impacts sur notre santé ? L'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) s'est livré à un exercice prospectif large, pour dessiner les différents contours que pourrait prendre le travail en 2040, et les conséquences en matière de santé et de sécurité. Ces résultats ont été présentés lors d'un colloque organisé le 23 novembre dernier.

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L'exercice couvre l'ensemble des secteurs économiques, parmi lesquels l'agriculture occupe une place singulière. En effet, par sa démographie mais également son organisation, et les missions qui lui sont assignées (productrice de matières premières et de services), elle a fortement influé sur les autres secteurs économiques.

Les résultats sont déclinés en cinq enjeux structurants pour imaginer le travail de demain : les types et modes de production, l'automatisation et la robotisation, le retour du local, les formes de travail, les rythmes de travail. Le rapport met ainsi en avant la dualisation probable de l'agriculture, entre la croissance de très grandes exploitations et le maintien d'exploitations à « taille humaine », répondant à la demande de certains consommateurs. Il identifie également le développement de nouvelles formes de mutualisation. Si le recours à la robotique et à l'automatisation permet aux grandes exploitations d'accroître la productivité par personne, le déploiement de robots d'assistance pour réduire la pénibilité des travaux en agriculture biologique, même sur des surfaces plus petites (maraîchage par exemple), doit aussi être envisagé.

La France, « pays où il fait bon vivre et manger », pourrait notamment capitaliser sur cette image, largement liée aux terroirs agricoles et à leurs productions, et développer plus encore son offre de services (tourisme, santé, environnement) au plan international. La prospective s'interroge de plus sur le rapport accru au local, suivant ainsi l'exemple de l'agriculture, dans une valorisation par les consommateurs du lien aux territoires et aux producteurs.

Enfin, les formes de travail sont appelées à évoluer sensiblement : place du salariat, télétravail, plateformisation, etc. C'est probablement dans ce domaine que les incertitudes sont les plus fortes. En agriculture, confrontée à une baisse continue du nombre d'exploitants, le recours aux interventions extérieures à la main-d’œuvre familiale a vocation à augmenter : salariat, prestations de services par des entreprises ou des indépendants.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : INRS

13:15 Publié dans 1. Prospective, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : inrs, prospective, travail, numérisation, robotisation, uberisation |  Imprimer | | | | |  Facebook