08/11/2016
Transition écologique et capital humain : vers une pénurie accrue des compétences ?
Alors que l'Accord de Paris entre en application, la pression s'accentue sur les ressources humaines au plan mondial : les travailleurs d'aujourd'hui disposent-ils des compétences nécessaires pour s'inscrire dans la transition écologique ? C'est en partant de cette interrogation que l'OCDE met en avant des travaux récemment publiés utilisant la base de données américaine O*Net (compétences, tâches, contexte et activités de travail).
Dans le prolongement du document de travail de l'OFCE (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), cette nouvelle publication analyse, toujours pour les États-Unis, le contenu des emplois, dans leurs dimensions « vertes » et « non vertes », et identifie les compétences clés pour la transition écologique, ainsi que leur mode d'acquisition. En l'état actuel des systèmes éducatifs, il apparaît que les compétences nécessaires à l'avenir pour une économie bas-carbone risquent d'être en tension, générant d'importants coûts d'ajustement via la formation professionnelle.
Source : OCDE
09:23 Publié dans Enseignement et recherche, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : transition écologique, compétences | Imprimer | |
14/09/2016
Mesurer l'emploi vert, un enjeu pour les politiques publiques
L'économie verte est-elle source d'emplois ou au contraire, par les contraintes imposées à l'économie, pèse-t-elle sur le marché de l'emploi ? Tel est le débat auquel ce document de travail publié en juillet par l'OFCE tente d'apporter des éléments de réponse.
Prenant l'exemple du marché de l'emploi aux États-Unis, les auteurs élaborent une nouvelle méthode d'évaluation des emplois « verts ». Plutôt que de se focaliser sur des approches par process, par secteur d'activité ou par produits et services, ils proposent de se baser sur les tâches accomplies afin d'évaluer les activités environnementales sur le lieu de travail. Cette approche permet de mieux cerner les composantes intra-sectorielles et les créations indirectes d'emplois dans les secteurs a priori non concernés.
Dans le cadre du programme pour l'économie verte, le ministère américain du travail a défini un large éventail de métiers verts, compatible avec la nomenclature américaine standard des professions (SOC). De plus, la base de données O*NET détaille les tâches par métier, les classant selon leur nature (verte ou non). De là, les auteurs mesurent le « degré de verdeur » des métiers à partir du poids relatif des tâches « vertes », plutôt que de raisonner de façon binaire. Ils obtiennent ainsi un continuum de métiers plus ou moins verts.
Appliquant cet indicateur aux statistiques détaillées du marché de l'emploi sur la période 2006-2014, les auteurs mesurent l'évolution dans le temps et l'espace (répartition géographique) des emplois verts aux États-Unis. Plusieurs constats peuvent être formulés : ces emplois sont plus sensibles à la conjoncture économique mais ils affichent également une croissance plus rapide après la crise, notamment pour les plus qualifiés ; ils sont légèrement mieux rémunérés ; ils sont favorisés par un contexte local innovant.
Évolution du nombre total d'emplois et du nombre d'emplois verts, distingués selon que l'ensemble des tâches est pris en compte pour évaluer le caractère vert (green employment) ou uniquement les principales (core green employment)
Source : OFCE
Les auteurs ont aussi cherché à identifier les éléments moteurs de la croissance des emplois verts : leur analyse conforte la mise en œuvre d'un soutien à l'économie verte par un mix de politiques, parmi lesquelles celles en faveur de la recherche et de l'innovation apparaissent fondamentales. L'enjeu est de taille pour le marché américain puisque chaque emploi vert créé génère indirectement 4,2 emplois dans la production et les services au plan local, un effet multiplicateur proche de celui du secteur des high techs.
Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective
Source : OFCE
14:59 Publié dans 2. Evaluation, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : emplois verts | Imprimer | |
12/09/2016
Expositions des travailleurs agricoles aux pesticides : comment mieux les connaître et en réduire les risques ?
Dans un rapport de juillet 2016 intitulé Expositions professionnelles aux pesticides en agriculture, l'Anses fait le constat d'un déficit de données en matière d'exposition des agriculteurs aux pesticides. Elle y souligne un manque d'accessibilité, une absence de centralisation et une exploitation insuffisante de ces informations, perçus comme autant de freins à une bonne prise en compte des enjeux de santé au travail. Ce rapport dense est composé d'un volume central et de six volumes thématiques (dont un recueil consacré à l'homologation des pesticides). Précisons ici que sont dénommés « pesticides » les produits phytopharmaceutiques, les biocides et certains médicaments vétérinaires.
Devant les résultats de nombreuses études épidémiologiques établissant un lien entre diverses pathologies chroniques et l'exposition professionnelle aux pesticides (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), l'Anses s'est autosaisie en juillet 2011 d'une expertise collective afin d'identifier et évaluer ce type d'exposition qui, en 2010, concernait en France plus d'un million de personnes « ayant une activité régulière en agriculture » et plusieurs centaines de milliers de travailleurs saisonniers. Un groupe de travail pluridisciplinaire a procédé à un inventaire des données disponibles, à partir de différentes sources (littérature scientifique, dispositifs de surveillance médicale) et à une analyse des déterminants de ces expositions, avec deux études de cas typiques d'exposition indirecte (élevage ovin et arboriculture).
À partir des constats de ce groupe d'experts, l'Agence a émis des recommandations dont, en premier lieu, la diminution du recours aux pesticides avec l'objectif de limiter au maximum les risques pour la santé des travailleurs agricoles. Elle recommande aussi une harmonisation des méthodes d'évaluation a priori des risques liés aux expositions dans les procédures européennes d'autorisation de mise sur le marché des produits, ainsi qu'une meilleure connaissance des expositions en conditions réelles d'utilisation par les travailleurs agricoles. L'Anses préconise également une amélioration des mesures préventives, la poursuite des travaux relatifs à l'efficacité des équipements individuels de protection, et le renforcement des actions de conseil et de formation des utilisateurs.
Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective
Source : Anses
14:42 Publié dans Santé et risques sanitaires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : pesticides, anses, travailleurs agricoles | Imprimer | |
04/07/2016
Industrie : mutation technologique, révolution humaine ?
La Fabrique de l'industrie poursuit ses réflexions sur l'entreprise du futur, en s'intéressant dans cette synthèse à l'évolution des compétences et des métiers dans les entreprises, question d'intérêt fort pour le secteur agroalimentaire. Alors que l'automatisation des tâches répétitives et pénibles se développe, les ouvriers sont de plus en plus amenés à prendre en charge un process de production dans sa totalité. Polyvalence et autonomie sont désormais les caractéristiques de ces postes de production.
Si de nouvelles compétences sont requises, elles ne chassent pas totalement le besoin en savoirs traditionnels, qui ne doivent pas être négligés dans les formations. Plus que de nouveaux métiers, il s'agit plutôt d'hybridation de métiers existants et de compétences transverses. La rapidité des changements à l’œuvre amène à penser autrement les formations et nécessite une évolution dans leur conception même, en sortant de la logique sectorielle.
Source : La Fabrique de l'industrie
09:07 Publié dans IAA, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : entreprises, compétences, métiers | Imprimer | |
07/06/2016
A l'abattoir, Stéphane Geffroy
La collection de livres "Raconter la vie" se propose de donner la parole aux invisibles et aux sans voix, de montrer la société d’aujourd’hui et de "sortir de l’ombre des existences et des lieux". Pour ce faire, elle accueille des types d'ouvrages très divers : analyses sociologiques et ethnographiques, fictions, enquêtes journalistiques, et souvent aussi témoignages, à l'instar de ce récit par Stéphane Geffroy de ses 25 ans passés dans un abattoir breton, à la tuerie.
Au commencement, il y a un décrochage du système scolaire, le passage en classe de CPPN (classe pré-professionnelle de niveau), un détour par la menuiserie et la plomberie, puis cette proposition faite par un copain de travailler dans un abattoir pendant l'été. Le premier contact avec la mort animale est violent : décibels, odeurs, flots de sang, cadences, fatigue, et le dos en compote dès le premier soir. Puis le corps s'habitue, la routine l'emporte et le job d'été devient le métier d'une vie.
Le chef d'atelier multiplie les aboiements, les injustices, les brimades. Les conditions de travail sont dures, malgré les améliorations apportées pour limiter les accidents (plateaux et pinces pneumatiques, casques, gants métalliques, pauses obligatoires) ou pour renforcer l'hygiène (stérilisation, nettoyage). Les jours d'abattage hallal, grâce aux rituels et au sang qui coule moins vite, on profite du ralentissement de la chaîne. Le bruit est infernal, on ne peut pas se parler, tout le monde s'active en silence, mais dans le vestiaire et à la cantine, ce milieu de durs à cuire décompresse, rigole, "déconne", et rabâche son stock d'histoires mémorables.
Au fil du temps, l'entre-soi ouvrier régresse, la consommation d'alcool aussi. Les CDD, de plus en plus nombreux, n'acceptent plus comme une fatalité ce type de labeur, le turn-over augmente, les relations deviennent distantes et les CDI, qui "ont leurs couteaux gravés à leur nom", regrettent l'ancien esprit de famille. La création d'une section syndicale, à l'initiative de l'auteur, permet de traiter des problèmes que l'ancienne direction paternaliste ne voulait pas voir. Tout cela n'empêche pas qu'à 50 ans, Stéphane Geffroy se sente vieux et usé. Après diverses opérations (hernies, canal carpien, épaule) et diverses pathologies (lombalgies, varices, arthrose), il se dit angoissé de la façon dont il "va finir", car presque tous quittent la tuerie sur un arrêt maladie ou un accident de travail : "la perspective de rester plus longtemps sur la chaîne est en train de devenir insupportable pour moi".
Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective
15:00 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : geffroy, abattoir | Imprimer | |
03/06/2016
Changement climatique : des conditions de travail dégradées pour l'agriculture
Un rapport publié fin avril par le secrétariat du Climate Vulnerable Forum, au sein du Programme des Nations unies pour le développement (UNDP), alerte sur la dégradation actuelle et future des conditions de travail en raison de la hausse des températures au niveau mondial.
Il pointe notamment les situations dans l'agriculture et la construction, où les emplois sont directement exposés au soleil. Il identifie également l'industrie comme secteur à risque, en particulier celle utilisant des produits dont la stabilité se dégrade avec la chaleur (solvants, colles, etc.). Au-delà des dégâts sur la santé, la hausse des températures réduit la productivité en limitant le temps de travail diurne, et par conséquent les revenus des salariés, alimentant les flux migratoires vers les régions les moins impactées par le réchauffement.
Enfin, l'analyse identifie les mesures susceptibles de réduire l'impact sur la santé et la perte en productivité, soit de manière directe en protégeant les travailleurs, soit indirectement en pariant sur l'éducation et la formation, afin de réduire la part du travail en extérieur au profit d'emplois dans l'industrie ou les services.
Pourcentage d'heures de travail diurne perdues dans les pays les plus peuplés (pour une intensité de travail de 300 W, et une hausse de 2,7°C en 2085)
Source : CVF - UNDP
Source : UNDP
14:33 Publié dans Climat, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : pnud, changement climatique, conditions de travail | Imprimer | |
13/05/2016
Les soutiens ciblés et les mesures du 2e pilier de la PAC plus efficaces pour la création d'emplois
Alors qu'un projet de rapport intitulé Comment la PAC peut-elle améliorer la création d'emplois dans les zones rurales ? a été présenté par l'eurodéputé E. Andrieu, fin avril, en Commission Agriculture du Parlement européen, une étude a été publiée sur le même sujet par les services du Parlement. Les auteurs, un consortium de chercheurs autrichiens et britanniques, font un état de l'art des connaissances sur le sujet, complété par plusieurs études de cas.
De la littérature ressortent des conclusions mitigées sur les effets de la PAC sur l'emploi. Elle a certes permis le maintien en activité des exploitations agricoles, puisqu'il est estimé qu'une suppression des aides conduirait à la disparition de 30 % d'entre elles. Mais une majorité d'études conclut à des effets négatifs de cette politique sur l'emploi. Encouragée par la PAC, l'intensification de l'agriculture a conduit à une baisse constante de l'utilisation de main-d’œuvre dans le secteur depuis les années 1990. Cette baisse, surtout de la main-d’œuvre familiale, n'a pas été compensée par des créations dans d'autres secteurs tels que l'agroalimentaire.
Les effets sur l'emploi sont différents selon les types d'instruments. Les aides découplées apparaissent moins efficaces que celles liées aux mesures agro-environnementales, aux zones défavorisées ou aux investissements. Au sein du 1er pilier, les soutiens directs auraient créé plus d'emplois dans les pays ayant explicitement ciblé celles-ci sur la création d'emplois (Royaume-Uni, République Tchèque, Pologne). Mais, de manière générale, cette création serait plutôt liée aux mesures du 2e pilier.
Une part importante des emplois induits par la PAC sont non agricoles. Les études de cas amènent les auteurs à conclure que les régions qui ont fait le choix de la spécialisation agricole (ex : Nord-Pas de Calais) ont créé moins d'emplois que celles qui ont favorisé la diversification des activités, par exemple avec l'agro-tourisme (ex : Murcie en Espagne). Le programme LEADER, associant agriculteurs et acteurs ruraux, est un levier utile à ce titre.
De manière générale, les effets de la PAC sur l'emploi ont été assez peu étudiés et plusieurs questions mériteraient d'être approfondies selon les auteurs. À l'heure où l'emploi devient un enjeu prioritaire pour la Commission européenne, cette étude constitue un état des lieux utile.
Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective
Sources : Parlement européen, Parlement européen
10:35 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : pac, emplois | Imprimer | |
10/05/2016
Abattoirs de Chicago, Jacques Damade
Ce petit livre raconte l'histoire de la plus grande entreprise humaine de mise à mort d'animaux. Au début du XIXe siècle, il y avait la plaine immense et sauvage du Middle West, qui se remplit progressivement de troupeaux de bovins et de porcs en semi-liberté. Puis fut créée en 1833 la municipalité de Chicago, dont on comptait seulement 4 500 habitants en 1835. C'est en 1848 qu'y fut construite la première gare, élément d'un vaste réseau ferré qui favorisera la circulation des bêtes et des hommes. Si les trains permettent d'acheminer les troupeaux, ils favorisent aussi l'expédition de la viande vers les consommateurs des grandes villes, et ce sont neuf compagnies de chemin de fer qui achètent 1,3 km2 de marécage, au sud de Chicago, pour y créer en 1865 l'Union Stock Yard and Transit Co ("The Yard"). On aménage le long des voies d'immenses parcs à bestiaux et on y centralise les abattoirs.
Pour alimenter les commerces de façon continue, on commence à pratiquer l'abattage d'été, d'où l'obligation de faire venir d'immenses quantités de glace du Wisconsin, puis le premier essai de wagon frigorifique, en 1867, à destination de Boston. C'est le début du bœuf bon marché et de la recherche incessante de nouveaux débouchés, toujours plus éloignés. Simultanément, l'abattage se rationalise, se technicise, devient un travail à la chaîne, fait de tâches distinctes, simplifiées, répétitives, réalisées en cadence : assommer, égorger, échauder, racler, éviscérer, nettoyer les carcasses, découper, scier, expédier, etc. Le temps est compté, il faut tuer en masse, les techniques sont de plus en plus ingénieuses, les dépôts de brevets se multiplient, le parcours de la viande se complexifie, l'organisation du travail est méthodique, efficace, rentable. L'année 1883, la ville ne compte que 400 000 habitants, mais elle devient le plus grand centre d'abattage du monde : 1,9 million de bovins, 5,65 millions de porcs, 750 000 moutons.
Sur ce flux animal se greffe un flux de travailleurs pauvres, chômeurs, vagabonds, prêts à tout pour obtenir un job, venus d'Irlande, de Pologne, d'Italie, de Lituanie, d'Allemagne, de Russie, mal payés, souvent blessés, vite remplacés, soumis à de terribles conditions de travail et aux violences entre communautés. Cette « Babel-Chicago » a ses quartiers, ses boutiques, ses traditions, ses nourritures. Plus tard, ces abattoirs de la toute puissance et de la démesure serviront de modèle aux autres industriels, en particulier ceux de l'industrie automobile.
Sur le même sujet, on pourra lire deux grands classiques : La jungle, d'Upton Sinclair (1906), et La mécanisation au pouvoir (chapitre 4, « La mécanisation et la mort : la viande »), de Siegfried Giedion, (1948). À noter également le témoignage récent de Stéphane Geffroy (À l'abattoir, Seuil, avril 2016).
Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective
Lien : Éditions La Bibliothèque
10:09 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : abattoirs, chicago | Imprimer | |
15/12/2015
Une analyse des emplois générés par l’élevage sur le territoire français
Le GIS Élevages Demain vient de publier une étude identifiant et quantifiant les emplois directs et indirects générés par les activités d’élevage en France. Les emplois directs dans les élevages ont été estimés à partir des données du Recensement Agricole 2010. Au sein de chaque exploitation, les équivalents temps plein (ETP) recensés ont ainsi été répartis entre les différentes activités d’élevage et les filières végétales, faisant ressortir un total de 312 000 ETP (pour un total de 415 000 actifs), liés aux activités d’élevage (hors équins), ainsi que 9 000 ETP supplémentaires dédiés aux ateliers grandes cultures dans ces exploitations.
Les emplois indirects ont, de leur côté, été estimés pour chaque catégorie d’acteurs gravitant autour des filières de l’élevage français (ex : alimentation animale, abattage et découpe de viande) : la "dépendance" à l’élevage a été évaluée par une méthode de scoring, via l’évaluation de la place relative de l’élevage dans l’activité de ces acteurs, de leur capacité d’adaptation, et des contraintes territoriales les liant. Les catégories apparaissant comme les moins liées à l’élevage français n’ont pas été retenues dans la suite du décompte, comme par exemple la production céréalière française pour l’alimentation animale (23 000 ETP). Pour chaque catégorie d’acteurs retenue, ont ensuite été évalués le nombre total d’emplois, ceux liés à l’élevage, et la répartition entre les filières. 391 000 ETP indirects (soit 470 000 personnes) ont ainsi été dénombrés, soit 1,25 emploi indirect pour chaque emploi direct dans les élevages.
Grâce à une ventilation des ETP (par productions et zones géographiques pour les ETP directs, par filière, secteur d’activité et niveau de dépendance pour les indirects), cette analyse très détaillée met en évidence des différences structurelles dans la répartition de l’emploi au sein des filières. Par exemple, la filière bovine laitière rassemble 238 000 ETP, dont 52 % d’emplois indirects, pendant que 86 % des 99 000 ETP de la filière porcine sont recensés hors des élevages. Ces chiffres expriment et quantifient ainsi les différents niveaux d’internalisation et externalisation du travail dans les activités d’élevage.
Ce rapport, particulièrement riche et clairement présenté, fournit un éclairage à la fois détaillé et objectivé sur les filières d’élevage, et devrait notamment constituer une base de référence dans la prise en compte de la question de l’emploi lié aux activités agricoles.
Jean-Noël Depeyrot, Centre d’études et de prospective
Source : GIS Élevages Demain
11:24 Publié dans Production et marchés, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : élevage, emploi | Imprimer | |
12/12/2014
Les derniers chiffres de l’emploi salarié dans les groupements d’employeurs agricoles
La MSA vient de publier une étude consacrée à la main-d’œuvre salariée dans les groupements d’employeurs agricoles de 2004 à 2013. Ces groupements permettent à de petites exploitations de se regrouper dans une structure tierce, pour embaucher un ou plusieurs salariés, afin de les employer en commun, à temps complet ou partiel.
En 2013, 68 200 salariés, représentant 22 094 équivalents temps plein (ETP), sont employés dans les 3 800 groupements d’employeurs agricoles, ce qui représente 7 % de l’emploi salarié du secteur de la production agricole. Ces établissements comptent en moyenne 5,8 ETP, et sont de taille supérieure à la moyenne de la production agricole nationale, qui est de 2 ETP. De plus, les contrats à durée indéterminée représentent 52 % du volume d’heures de travail.
Sept régions concentrent environ les trois quarts de l’emploi en groupements d’employeurs, les activités exercées par les salariés concernant essentiellement les cultures spécialisées dans le secteur de la production.
Source : MSA
Enfin, depuis 2004, l’emploi en groupements d’employeurs connaît une hausse de 7 % par an en moyenne. Cette croissance s’explique par un double phénomène : l’augmentation du nombre de groupements d’employeurs et l’agrandissement de la taille des structures existantes.
Céline Fabre, Centre d’études et de prospective
Source : MSA
15:09 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : msa, groupements d'employeurs | Imprimer | |
13/10/2014
L’industrie de la restauration, pièce essentielle des réseaux de l’immigration chinoise aux États-Unis
Le New Yorker consacre un reportage aux réseaux d’immigration chinois aux États-Unis, en suivant Rain, un immigré originaire d’un village de la région de Fuzhou, arrivé à New York avec un faux passeport fourni par le réseau de passeurs des Snakeheads. Après des escales en France et au Mexique, Rain rejoint New York pour travailler comme employé dans les restaurants chinois de Chinatown. Des réseaux familiaux, mais surtout des réseaux d’intermédiaires (agences de travail, avocats spécialisés dans le droit d’asile) favorisent son entrée sur un marché du travail souterrain, où il fait l’expérience de formes brutales d’exploitation et d’isolement social.
Les employés de la restauration, immigrés illégaux ou couverts par le statut d’étudiant étranger, sont chargés rapidement de tâches importantes (accueil et prise de commande, souvent pour les femmes ; manutention et préparation des plats). Passant de restaurant en restaurant, ils changent de poste, montent en grade, vont travailler plus loin des centres urbains pour être mieux payés et mieux traités. Ils cherchent bien sûr à obtenir l’asile politique,puis la green card. Ils aspirent dès que possible à trouver un travail dans un secteur moins usant, et changent de logement, avec une montée en gamme au fur et à mesure qu’ils remboursent les prêts qui leur ont permis de payer le passage.
Ils découvrent aussi une cuisine chinoise réinventée aux États-Unis pour complaire au goût américain : mets frits, faciles à manger – les clients sont « trop fainéants » pour décortiquer les morceaux contenant des os, explique Rain.
L’article donne de nombreux chiffres. Ceux, connus, du nombre de restaurants chinois aux États-Unis (40 000, trois fois plus que le nombre de concessions McDonald’s). Mais aussi ceux, plus difficiles à trouver, des frais de passage (70 000 dollars pour Rain, mais moins dans les régions où la pression migratoire est moins forte), divers frais d’avocat, des loyers, confrontés au revenus possibles dans le secteur (2 000 dollars par mois) et à ceux possibles en Chine (4 700 dollars par an dans le secteur privé). Il rend aussi compte de mutations dans l’industrie de la restauration chinoise, par exemple le déclin des Cantonais au profit des restaurateurs originaires de la région de Fujian. Mais loin d’une success story communautaire univoque, l’accès au rêve américain est lourd de contradictions : l’immigration américaine, par les flux financiers vers les familles, enrichit les régions d’origine, mais « avoir un fils aux États-Unis, c’est comme ne pas avoir de fils du tout », explique le père de Rain.
Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective
Source : New Yorker
11:20 Publié dans Alimentation et consommation, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : etats-unis, restauration | Imprimer | |
01/10/2014
L'emploi saisonnier dans le secteur agricole et agroalimentaire
Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) a publié en septembre 2014 un rapport sur la saisonnalité dans les filières agricoles, halieutiques et agroalimentaires, ainsi que sur les enjeux liés à sa gestion. Si le rapport du CESE rappelle le contexte de saisonnalité de la production ou de la consommation agricole, l’axe de travail principal porte sur l'emploi saisonnier dans ces filières françaises : effectifs, nature des contrats et profils recrutés sont largement étudiés, et le rapport pointe les enjeux de professionnalisation et de fidélisation de cette main-d'œuvre. Il préconise en particulier des pistes pour favoriser la pluri-activité et la pluri-qualification des travailleurs saisonniers, afin d'améliorer leur visibilité en termes d'emploi ainsi que l'accès régulier des entreprises à une main-d'œuvre qualifiée. La formation professionnelle, en particulier, devrait, selon le CESE, mieux s'adapter aux spécificités liées à la saisonnalité.
Source : CESE
10:13 Publié dans Filières agricoles, Production et marchés, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : emploi, saisonnier, cese | Imprimer | |
21/01/2014
Travailleurs saisonniers : nouveau pas vers l'harmonisation sociale européenne
Le Parlement européen a voté une Directive qui octroie de nouveaux droits aux travailleurs saisonniers issus de pays tiers. Le texte était en négociation depuis trois ans. Les dispositions visent à mettre fin à l'exploitation de certains travailleurs et à empêcher les séjours temporaires de devenir permanents. Selon la Commission, l'UE accueille chaque année plus de 100 000 travailleurs saisonniers de pays tiers.
Source : Parlement européen
17:24 Publié dans 4. Politiques publiques, 5. Fait porteur d'avenir, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : europe | Imprimer | |
07/03/2013
Plus de la moitié des chômeurs prêts à se reconvertir dans l'agriculture
Selon un sondage réalisé par OpinionWay pour le FAFSEA (Fonds d’assurance formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles), plus de la moitié des demandeurs d’emploi interrogés se déclarent prêts à se reconvertir dans le secteur agricole. Parmi les demandeurs d’emploi urbains ou périurbains estimant qu’il est plus facile d’équilibrer sa vie professionnelle et sa vie personnelle en milieu rural, 79 % se disent prêts à déménager à la campagne si on leur y propose du travail. Enfin, 68% des sondés se déclarent ouverts à la multi-activité (pour occuper plusieurs emplois différents dans la même année dont un au moins comprenant une activité agricole).
Dans les faits, plusieurs dispositifs de formation permettent aux demandeurs d'emploi de se reconvertir dans ce secteur, comme l'ADEMA (Accès des Demandeurs d’Emploi aux Métiers Agricoles) qui a bénéficié à 3 000 demandeurs d’emploi en 2012 (contre 1 578 en 2010).
Source : FAFSEA
13:35 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Imprimer | |
11/02/2013
Externalisation du travail en élevage laitier
Alors que c'est très souvent pour les grandes cultures que l'on parle d'externalisation de travaux agricoles, un récent article de Paysan breton fait le point sur la délégation de travaux en élevage laitier. Il présente en effet les avantages et les contraintes qu'entraînent le choix, pour un éleveur, de déléguer l'alimentation de ses vaches laitières à une CUMA qui peut assurer, quotidiennement, cette tâche avec le passage d'un salarié au volant d'une mélangeuse distributrice.
Parmi les principaux facteurs d'attrait de ce système, les gains de temps, avec une heure de travail en moins par jour, pour un coût estimé à 16 € / 1000 L (amortissements, main-d'œuvre, carburants), avec des possibilités d'adaptation fine des rations au troupeau (pesage des fourrages et concentrés distribués). Mais cela nécessite des aménagements des bâtiments d'élevage afin de permettre l'accès des mélangeuses automotrices, et une certaine densité d'éleveurs adhérents.
Par ailleurs, on peut ajouter que certaines mélangeuses permettent d'augmenter les capacités d'ingestion de luzerne et autres fourrages riches en azote, limitant ainsi le recours à des tourteaux pour une plus grande autonomie des systèmes de production.
À noter, le dernier rapport d'activité de la Fédération des CUMA de l'Ouest, pour l'année 2012, fait état de la présence d'une centaine de désileuses automotrices dans son réseau (53 en Bretagne, 28 en Pays-de-la-Loire et 18 en Basse-Normandie).
Marie-Sophie Dedieu, Centre d'études et de prospective
Sources : Paysan breton
11:18 Publié dans Filières agricoles, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : élevage | Imprimer | |