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14/04/2022

Séraphin Kati-Coulibaly (dir.), Les substances d’origine végétale en Côte d’Ivoire. Potentiel et développement durable, Éditions IRD, février 2022, 208 pages

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Cet ouvrage porte sur les plantes cultivées (à des fins industrielles ou vivrières), mais aussi prélevées dans le milieu naturel, qui présentent un intérêt économique pour les secteurs de la cosmétique, de la médecine traditionnelle et des compléments alimentaires. Il s’inscrit dans la perspective d’un partage équitable, entre les utilisateurs et les fournisseurs de ressources génétiques, des avantages découlant de leur exploitation (Protocole de Nagoya). L'analyse donne également la priorité à l’amélioration des chaînes de valeur et à la recherche de débouchés commerciaux.

La première partie fait un état des lieux des espèces déjà valorisées et de celles qui pourraient l’être. Par exemple, la production de cacao (1,79 million de t/an) est en partie transformée sous forme d’aliments à caractère médicinal ; le karité l’est dans la filière cosmétique. Mais demeurent sous exploitées l’oseille de guinée, le Prunus africana (figure ci-dessous) ou la Lippia multiflora. De plus, la Côte d’Ivoire est le premier producteur et exportateur mondial de noix de cola (260 000 t majoritairement exportées, 118 millions d’euros de chiffre d’affaires), mais ses qualités médicinales restent peu valorisées. Pourtant, le « médicament traditionnel amélioré » (MTA), répondant à des critères de qualité et d’efficacité contrôlés, sans pour autant bénéficier d’une autorisation de mise sur le marché, est reconnu dans la législation nationale.

Valorisations du Prunus africana

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Source : Institut de recherche pour le développement

Lecture : fruit de P. africana (A) ; écorce entière et en poudre de P. africana (B) ; exemples de complément alimentaire (C) et de médicament soumis à autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne (D) obtenus à partir de P. africana.

On observe aussi le développement de plusieurs marchés de la cosmétique en Afrique et la mise en place, à Lagos, d’un pôle de recherche dédié, tandis que les innovations du Ghana en matière de médecine traditionnelle ont été valorisées par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle.

La deuxième partie du livre est consacrée aux savoirs locaux, « chaînon manquant du développement », et la troisième porte sur le cadre juridique national. La dernière section, coordonnée par V. Boisvert (université de Lausanne), rappelle des points clés pour le développement des chaînes de valeur cosmétiques, médicales ou des compléments alimentaires. Par exemple, la qualification adéquate des types de produits envisagés en est un : produits finis, ingrédients « naturels » destinés à la transformation industrielle et issus d’une diversification de la production agricole et agroforestière. Le ciblage des marchés (attentes des consommateurs, règles locales de commercialisation) et l'identification des principaux bénéficiaires des gains économiques sont aussi importants. Ces choix devraient, selon les auteurs, s’appuyer sur un exercice de prospective économique.

Nathalie Kakpo, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions IRD

15/03/2022

Louis Bockel, Aristide S. Ouedraogo, Kouakou Aphely Amon Auguste, Padmini Gopal, Analyse prospective de la filière cacao en Côte d'Ivoire 2020-2030. Vers une politique commune de marché de cacao en Afrique de l’Ouest, FAO, novembre 2021, 49 pages

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La réflexion prospective publiée par l’Organisation mondiale des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en novembre 2021, expose deux scénarios de développement de la chaîne de valeur du cacao en Côte d’Ivoire à l’horizon 2030. Elle s’inscrit dans le contexte de l’alliance stratégique nouée en 2018, avec le Ghana, pour lutter contre la chute des prix. Un état des lieux de la filière précède ces deux scénarios.

Le scénario de référence (« Business as usual ») est proche de la tendance actuelle. Le niveau moyen annuel de déforestation, estimé à 28 800 ha (référence 2000-2015), décroît lentement pour arriver à un niveau nul en 2030. Au cours de la période, 158 400 ha de forêts sont détruits. Simultanément, 10 000 ha de cacaoyères installées en zone forestière protégée sont reboisés.

Le second scénario (« Du développement durable ») propose un plan bien plus ambitieux de sortie de la déforestation : 7 420 ha seulement sont déboisés sur l’ensemble de la période ; l’extension de la culture de cacao est permise par la mise en culture de jachères, de zones dégradées ainsi que par la mobilisation de parcelles dédiées à des cultures annuelles. Ce scénario prévoit le reboisement de 40 000 ha de cacaoyères installées en zone forestière protégée. Il s’accompagne de mesures de réhabilitation de 816 000 ha de plantations existantes ainsi que d'un meilleur entretien de plus d’un million d’hectares. Il table également sur la diffusion de pratiques agroforestières permettant de lutter contre les effets du changement climatique, auxquels les cacaoyers sont très exposés. Des objectifs de transformation locale de 50 % des volumes de cacao sont fixés, alors que seuls 30 % sont actuellement traités en Côte d’Ivoire.

Les investissements publics à prévoir et les mesures incitatives à déployer, dans le cadre du second scénario, sont exposés : appui aux pratiques durables, soutien à la transformation et aux exportateurs, aide logistique aux coopératives, subvention des intrants, etc. Une estimation de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux, met en évidence la possible augmentation des revenus des producteurs de cacao, de 60 à 70 % sur 10 ans, la création de 180 000 emplois (en équivalent temps plein), l’accroissement du stockage du carbone et la diminution des émissions de gaz à effet de serre.

Projection des changements d’usage des terres selon les deux scénarios étudiés

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Source : FAO

Lecture : situation actuelle dans le haut du tableau (intitulés sur fond gris) ; effets du scénario « business as usual » dans la partie centrale (lignes violettes) ; effets du scénario de développement durable dans le bas du tableau (lignes vertes et grises).

Amandine Hourt, Centre d’études et de prospective

Lien : FAO

12/11/2020

Le commerce équitable a-t-il un impact sur l'usage de produits agrochimiques ?

Les certifications officielles et privées peuvent intégrer des critères de durabilité et encourager ainsi les pratiques agricoles vertueuses pour l'environnement. Cependant, constatant que leurs effets sont généralement peu étudiés, des chercheurs d'universités allemande, danoise et étatsunienne ont analysé l'impact du label Fairtrade (commerce équitable) sur l'usage de produits agrochimiques dans les exploitations de cacao ivoiriennes, et les effets de ces changements d'usage sur la santé des travailleurs agricoles et l'environnement. Leurs résultats sont présentés dans un article publié en octobre dans la revue Ecological Economics.

Pour cette étude, les chercheurs ont réalisé, en 2018, une enquête auprès de 1 000 agriculteurs et travailleurs agricoles d'exploitations de cacao du sud-est de la Côte d'Ivoire. Afin de mesurer le rôle des coopératives, ils en ont sélectionné 50, dont 25 certifiées Fairtrade, et ont interrogé 10 agriculteurs et 10 travailleurs agricoles par structure. Les agriculteurs étaient d'abord questionnés sur leur usage de produits agrochimiques. Ensuite, les chercheurs ont demandé à l'ensemble des travailleurs s'ils avaient été exposés à des pesticides dans les 12 derniers mois ou s'ils avaient travaillé dans des champs de cacao moins de trois jours après une pulvérisation, et également s'ils avaient eu des symptômes de maladies liées à des pesticides dans les 24 heures suivant l'exposition. Ces informations ont permis de calculer des indicateurs d'écotoxicité.

Les résultats des analyses économétriques montrent que le label Fairtrade entraîne une augmentation de 18 % des quantités de pesticides utilisées. Ce recours accru aux produits agrochimiques a un impact positif mais non chiffré sur les rendements. L'étude montre aussi que les agriculteurs certifiés utilisent davantage certaines molécules identifiées comme hautement toxiques pour les mammifères. Pour autant, la certification réduit le nombre de symptômes de maladies liées aux pesticides, car les coopératives concernées proposent des formations sur l'application des produits et l'usage de vêtements de protection. Au final, la plupart des effets observés s'expliquent par des mécanismes à l’œuvre au niveau des coopératives (ex. vente de pesticides et de fertilisants à prix subventionnés à leurs adhérents, offre de service de pulvérisation).

Selon leur statut de certification, proportion des coopératives offrant un accès facilité aux intrants, aux vêtements de protection, aux services de traitement et à la formation

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Source : Ecological Economics

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Ecological Economics

14/04/2020

Les défis de la filière palmier à huile en Côte d'Ivoire

Farm a consacré, en février, une note aux enjeux de la filière palmier à huile en Côte d'Ivoire. Elle est le résultat des rencontres, en France, de l'interprofession ivoirienne (2018), d'une mission sur le terrain de Farm (2019) incluant des enquêtes réalisées par l'ONG Solidaridad, et d’un atelier de réflexion prospective (2019).

La filière palmier à huile comprend 40 000 planteurs, associés en 32 coopératives réunies en fédération (FENACOPAH-CI). Elle couvre 250 000 ha (dont 175 000 en gestion villageoise et 75 000 en gestion industrielle), produisant au total 2,1 millions de tonnes de palme par an. La productivité des plantations industrielles (en t/ha) est le double de celle des plantations villageoises. La production locale d'huile brute (450 000 tonnes), par 36 unités employant plus de 21 000 personnes, couvre l'essentiel des besoins nationaux, l'importation n'en concernant que 11 % (en 2017-2018). Les exportations ont progressé de 131 % entre 2007-2008 et 2017-2018, principalement vers d'autres pays d'Afrique subsaharienne. La filière fait vivre, directement ou indirectement, deux millions de personnes (10 % de la population).

L'étude propose une analyse rétrospective (2007-2018) et prospective (horizon 2030), centrée sur l'interaction des acteurs de la filière : planteurs, industriels, coopératives, interprofession, État, ONG, bailleurs de fonds internationaux.

Projections à 2030 de la production, de la consommation, des importations et exportations d'huile de palme en Côte d'Ivoire

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Source : Farm

Les défis auxquels la filière sera confrontée sont nombreux et complexes : hausse de la demande mondiale, productivité et compétitivité dans un contexte de concurrence asiatique et européenne (dans ce cas, autres huiles végétales, en particulier de tournesol), création d'emplois et réduction de la pauvreté, protection de l'environnement, déforestation. L'étude propose des clés pour consolider le secteur tant sur le marché intérieur que par rapport à la concurrence internationale. Sont identifiés la régularisation foncière des plantations villageoises, la consolidation financière des coopératives en tant que vecteur d'assistance et d'appui technique, ou encore le recours à la contractualisation entre production et transformation, visant une meilleure répartition de la valeur. Le renforcement de l'application des mesures de protection de la forêt, une démarche de certification environnementale pour répondre aux exigences croissantes des consommateurs et, enfin, l'appui technique et financier des bailleurs de fonds internationaux aux politiques publiques sont d'autres pistes identifiées.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : Farm

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08/04/2020

L’huile de palme en Côte d’Ivoire, entre possibles économiques et exigences environnementales

L’émission Grand reportage, diffusée sur RFI le 24 février dernier, a emmené l’auditeur dans les plantations de palmiers de Côte d'Ivoire d'où proviennent, chaque année, 550 000 tonnes d’huile. Second producteur du continent africain, ce pays est toutefois largement distancé par l’Indonésie et la Malaisie qui représentent à elles seules 90 % des volumes mondiaux, avec des rendements à l’hectare quatre fois supérieurs à ceux des parcelles ivoiriennes.

Comment ce pays peut-il augmenter sa production annuelle tout en préservant ce qu’il reste d’une surface forestière réduite à très peu de chose depuis les indépendances ? Plusieurs leviers sont privilégiés. Tout d’abord, les petits producteurs bénéficient d’enseignements en agronomie, en particulier aux nouvelles pratiques culturales, dispensés dans le cadre du programme Roundtable on sustainable palm oil. Ensuite, l’intervention publique soutient l’achat d'intrants par les producteurs. Enfin, le principal groupe agroindustriel de la région leur apporte une aide technique (fertilisation, offre de plants).

Source : RFI

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11/12/2017

L'industrie du chocolat, facteur de déforestation et de perte de biodiversité en Côte d'Ivoire et au Ghana

D'après une enquête de l’ONG Mighty Earth, l’industrie mondiale du chocolat est le premier facteur de déforestation et de forte perte de biodiversité dans les parcs nationaux et forêts protégées en Côte d'Ivoire et au Ghana. Selon les auteurs, en s’approvisionnant en matières premières auprès de plantations cacaoyères installées illégalement dans ces zones, les négociants et chocolatiers contribuent significativement à la déforestation dans ces deux pays, premiers producteurs mondiaux de cacao.

Carte de l'acheminement du cacao cultivé illégalement

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Source : Mighty Earth

En Côte d’Ivoire, 7 des 23 zones forestières protégées ont été presque entièrement converties en cultures de cacao et 13 d'entre elles ont déjà perdu l’intégralité de leurs populations de primates. Dans l’enceinte même de ces aires protégées, d’importants campements de cultivateurs de cacao se sont installés et des négociants achètent ouvertement les fèves cultivées illégalement. L'enquête souligne que presque toutes les marques célèbres de chocolat sont impliquées dans ce trafic, permis par un manque d'application des lois.

En 2015, le marché mondial du chocolat était évalué à 100 milliards de dollars et la consommation croît annuellement de 2 à 5 %. Seuls 3,5 à 6,6 % du prix final de vente bénéficient aux cultivateurs de cacao, contre 16 % dans les années 1980. Leur revenu moyen est d'environ 0,5 $ par jour. Ce secteur est souvent pointé du doigt pour ses mauvaises pratiques sociales, incluant l’esclavage et le travail des enfants.

Au premier semestre 2017, un programme regroupant 34 des plus grands chocolatiers et entreprises du secteur a été engagé, pour ralentir la déforestation par une gestion plus durable de la filière. L'initiative Cacao & Forêt (Framework of Action of the Cocoa & Forests Initiative) a effectivement été signée à l'occasion de la vingt-troisième Conférence des Parties (COP 23) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques par la Côte d'Ivoire, le Ghana et 22 entreprises représentant les deux tiers du secteur du cacao.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : ONG Mighty Earth

19/04/2017

Grande distribution en Côte d'Ivoire : quelles opportunités pour les filières agroalimentaires locales ?

FARM a publié en mars une note dans laquelle M.-J. Neveu Tafforeau s’interroge sur les bénéficiaires potentiels de l'implantation de la grande distribution en Côte d'Ivoire. S'appuyant sur du matériau bibliographique et sur un travail de terrain, elle s'intéresse tant à l'amont agricole et à son degré d'organisation, qu'à l'aval (intermédiaires, grossistes, PME agro-industrielles) et à sa modernisation potentielle. L'analyse s'attarde en particulier sur le groupe Carrefour, installé en 2015 dans le pays, qui prévoit de se fournir à 100 % en produits frais d'origine locale.

De manière générale, l'un des objectifs de la grande distribution est de répondre à la demande des « classes moyennes », essentiellement urbaines et disposant de revenus leur permettant d'acheter la quasi-totalité de leur alimentation. La quantification de cette partie de la population en Afrique n'est pas aisée, et les chiffres varient entre 143 et 370 millions de personnes. En attendant de répondre pleinement à leur demande, la croissance prévue du secteur sur ce continent (hors Afrique du Sud) serait de 75 % d'ici 2018.

En Côte d'Ivoire, le développement de Carrefour se fait dans un contexte où 45 % de la population active travaillent dans le secteur agricole. De plus, l'amont est représenté par des producteurs individuels ou organisés, et l'aval par les plate-formes de collecte (coopératives, intermédiaires) et les entreprises de transformation. Les achats en supermarché représentent, quant à eux, entre 2 % et 10 % en valeur des dépenses alimentaires des consommateurs. La stratégie d’approvisionnement de Carrefour est de proposer des produits frais, notamment des fruits et légumes, au même prix que ceux vendus sur les marchés traditionnels. Pour y parvenir, un système de contractualisation a été mis en place avec des producteurs individuels ou des plate-formes de collecte.

D'après l'auteure, la demande de la grande distribution pourrait impacter positivement tant l'amont que l'aval du secteur agricole : les producteurs individuels optant pour une stratégie de différenciation, les plate-formes de collecte garantissant des volumes réguliers, les entreprises de transformation des filières viande investissant dans la modernisation de leurs outils de production.

Hugo Berman, Centre d'études et de prospective

Source : FARM

16:46 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : grande distribution, cote d'ivoire, filières |  Imprimer | | | | |  Facebook