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09/09/2015

L’égalité des territoires, une passion française. Philippe Estèbe

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La réforme territoriale est,dans la plupart des pays européens, un chantier permanent. Mais l’égalité étant la grande« passion française » (Tocqueville), c’est le thème de l’égalité des territoires qui prédomine chez nous, l’on attend de l’État qu’il lutte contre les dangers d’abandon et de rupture, en particulier des zones rurales. Ce petit livre, clair et riche, retrace l’histoire de cette passion égalitaire et présente ses défis actuels.

La géopolitique hexagonale a produit un « régime territorial » spécifique, dont les caractéristiques perdurent aujourd’hui : État fort, population dispersée, villes moyennes et gros bourgs assurant des services de proximité, campagnes industrielles et agricoles, bonne représentation politique du monde rural. Tout ceci induit une multiplication des routes et réseaux, un saupoudrage des équipements, et des coûts de gestion supérieurs à ceux d’autres pays.

Estèbe montre ensuite que ce principe d’égalité a connu dans le temps des sens différents. Pendant la IIIe République, c’est l’égalité des droits qui domine, d’où une discrimination positive en faveur des espaces ruraux, un vaste système de transferts financiers et des monopoles de service public (EDF, SNCF, Poste). De l’après-guerre au début des années 1980, l’idée d’égalité des places s’affirme : politique d’aménagement du territoire et organisation spatiale du système productif. Depuis le milieu des années 1980, l’égalité des chances commande : mise en compétition des territoires et de leurs projets de « développement local ».

Aujourd’hui, le système d’égalité territoriale s’affaiblit. L’auteur y voit trois causes : la fin des grands services publics en réseaux ; la forte mobilité des personnes et des facteurs de production, qui fait que le lieu de résidence devient moins important que les lieux de travail et de consommation ; le mouvement de métropolisation, de concentration urbaine des habitants et des richesses, les communes rurales et péri-urbaines passant sous l’influence des grandes villes.

Pour continuer à défendre l’égalité républicaine, Estèbe énonce en fin d’ouvrage quelques recommandations : passer de l’actuelle redistribution verticale vers les territoires à une redistribution des ressources entre territoires ; doter les Régions de capacités normatives en matière d’aménagement ; concevoir des politiques territoriales moins tournées vers l’administration de stocks (de populations, d’équipements) que vers l’animation de flux (de mobilités, de richesses).

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses universitaires de France

11:20 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : estebe, égalité, rural |  Imprimer | | | | |  Facebook