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13/04/2016

Une étude sur de nombreux coûts cachés associés à l’usage des pesticides

Deux chercheurs de l’Inra ont récemment publié dans Sustainable agriculture review, une étude portant sur l’ensemble des coûts associés à l’usage de pesticides. Au-delà de bénéfices reconnus, comme de hauts rendements ou une protection sanitaire élevée, cet usage comporte aussi de nombreux coûts, bien supérieurs à la seule valeur économique des produits utilisés. Selon les auteurs, l’évaluation de l’ensemble de ces coûts « externes » et cachés est donc nécessaire, pour estimer leurs bénéfices nets.

En s’appuyant sur 61 articles scientifiques, quatre grands types de coûts ont été identifiés :

- réglementaires : coûts de contrôle des produits, de suivi de la qualité de l’eau, etc. ;

- en matière de santé publique : coûts d’exposition directe et indirecte, ponctuelle ou de long terme ;

- les effets sur l’environnement : dommages aux animaux, plantes et micro-organismes, résistances des ravageurs aux pesticides ;

- les dépenses dites « défensives » : effectuées pour se protéger des effets néfastes des pesticides ; elles vont de l’achat de gants de protection, à celui d’eau minérale ou de produits issus de l’agriculture biologique.

Derrière ces quatre catégories, se cache une très grande hétérogénéité des travaux réalisés, autant par le champ étudié que par la zone géographique concernée, les méthodes employées, la date de réalisation etc. Autant d’éléments qui rendent très difficile l’agrégation des valeurs recensées pour, in fine, réaliser une évaluation coûts-bénéfices de l’usage des pesticides. Cette difficulté est inhérente aux travaux de méta-évaluation économique, qui plus est lorsqu’il s’agit de coûts « cachés », non directement exprimés dans un prix de marché par exemple. Les auteurs ont néanmoins proposé une telle évaluation pour les États-Unis.

Toutefois, la rigueur et l’exhaustivité nécessaires à un tel travail présentent l'intérêt de mettre en lumière l’ensemble des effets de l’usage des pesticides, dont certains sont très peu étudiés. Il en est ainsi, par exemple, de l’effet sur la santé de l’exposition chronique de long terme à de faibles doses de pesticides, qui, selon les auteurs, nécessiterait des travaux à brève échéance.

Clément Villien, Centre d'études et de prospective

Source : Sustainable agriculture review

10:43 Publié dans Environnement, Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : pesticides |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/04/2016

Le transfert de propriété des forêts aux communautés, levier pour une gestion forestière durable

Aujourd'hui, les forêts mondiales gérées, à différents degrés, par des communautés, représentent un cinquième de la surface forestière totale. Le rapport publié cette année par la FAO, Forty years of community-based forestry. A review of its extent and effectiveness, analyse les initiatives qui se sont développées depuis 1978, date à laquelle l'organisme a pour la première fois défini le concept de « foresterie communautaire ». Il formule également des préconisations en vue de garantir ou améliorer l'efficacité de cette foresterie communautaire en termes de gestion durable forestière comme de développement économique pour les familles qui en dépendent.

Le rapport s'est focalisé sur la foresterie communautaire « institutionnelle », laissant de côté les initiatives plus ou moins informelles dont la pérennité est difficile à établir en l'absence d'intégration dans les dispositifs réglementaires. Il fait l'inventaire des différentes formes, s'intéressant aussi bien aux situations en lien avec des peuples indigènes qu'à celles rencontrées dans les sociétés occidentales.

Face à la diversité des cas observés, allant d'une simple gestion collective de la préservation du patrimoine forestier jusqu'à des dispositifs de regroupement de la gestion des petites propriétés forestières, le rapport propose une typologie permettant de caractériser le type de foresterie communautaire en fonction du degré de délégation aux communautés.

Typologie des situations de foresterie communautaire observées

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Source : FAO

Au-delà de cet inventaire, la FAO a cherché à évaluer l'efficacité de ces dispositifs en termes environnemental, économique et social. Un constat s'impose : les données pour analyser la durabilité de la gestion forestière et son impact sur le bien-être des populations ne sont pas toujours disponibles.

Néanmoins, si les bénéfices tirés de l'implication des communautés d'habitants dans la gestion des forêts sont nets, ils restent en deçà des attentes, notamment celles formulées par les gouvernements. Le rapport identifie plusieurs handicaps qui réduisent l'efficacité du transfert de la gestion forestière aux communautés et il liste les conditions nécessaires pour rendre cette gestion plus efficace, invitant les gouvernements à faire évoluer leurs législations et leurs pratiques.

Enfin, à l'occasion de la Semaine de la foresterie en Asie-Pacifique, signalons l'interview de D. Reeb, chef de l'équipe de la foresterie sociale (FAO), qui donne un éclairage complémentaire sur le rapport.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : FAO

10:40 Publié dans Forêts Bois | Lien permanent | Tags : fao, forêt, communautés |  Imprimer | | | | |  Facebook

À l’horizon 2035, les capacités de la forêt française permettraient une hausse significative de la récolte, tout en restant dans le cadre d’une gestion durable et réaliste

Se basant sur des données de l’inventaire forestier national (IFN) consolidées sur la période 2009 à 2013, et sur les mesures directes des prélèvements de bois en forêt greffées sur ce même dispositif, l’Institut National de l’information Géographique et forestière (IGN) et l'Institut Technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FCBA) ont publié récemment une prospective, à l’horizon 2035, des disponibilités nationales forestières pour l’énergie et les matériaux.

Deux scénarios de gestion forestière ont été élaborés :

- « sylviculture constante » : maintien des pratiques actuelles de gestion pendant les 20 prochaines années ;

- « gestion dynamique progressive » : intensification de la gestion forestière calquée sur les pratiques actuelles les plus dynamiques déterminées grâce aux observations de l’IGN.

Ils ont été confrontés à trois scénarios portant sur la demande :

- « marché atone » : poursuite de la faible activité économique actuelle ;

- « énergie et bois industrie » : le contexte économique reste mauvais mais le marché est tiré par une volonté politique de développer les énergies renouvelables ;

- « filière dynamique » : le contexte économique est porteur, dynamisant non seulement la demande en bois industrie, mais aussi celle en bois énergie, par une politique volontariste en faveur des énergies renouvelables.

Disponibilités et demande en bois selon les différents scénarios

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Source : IGN et FCBA

Pour les feuillus, les évolutions projetées de la récolte pourraient satisfaire une augmentation de la demande en bois d’œuvre et surtout en bois pour l’industrie et l’énergie. Par contre, l’offre en bois d’œuvre résineux resterait déficitaire, quel que soit le scénario retenu. L’étude montre aussi que dans les scénarios les plus ambitieux, l’équilibre ne pourrait être atteint que par un basculement des usages des bois d’œuvre en faveur des feuillus, en lien avec une bonne adéquation des outils industriels et des dispositifs réglementaires. Ceci serait couplé à une remontée progressive de la proportion des résineux dans la ressource française avec, en corollaire, une augmentation significative de la récolte des gros bois résineux. Enfin, une valorisation temporaire en bois d’industrie ou énergie d’une partie du bois d’œuvre de moins bonne qualité et une amélioration ou modification des techniques de récolte seraient nécessaires.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Ademe

10:36 Publié dans 1. Prospective, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : ifn, forêt-bois |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/04/2016

L'impression 3-D alimentaire : état des lieux et perspectives

Plusieurs revues ont récemment dressé un état des lieux de l'impression 3-D alimentaire. À partir du dessin en deux dimensions d'un objet, un dispositif comparable aux imprimantes à jet, piloté par un ordinateur, ajoute couche sur couche du matériau alimentaire, différents procédés permettant d'aboutir à une construction solide en trois dimensions.

Dans le Journal of Food Engineering, des chercheurs australiens classent ces techniques en fonction des matériaux utilisés :

- liquides (pâtes, fromage fondu, etc.), avec processus d'extrusion : les nutriments et matériaux de construction, placés dans des douilles, sont « imprimés » par un système de piston ;

- poudres (sucre, cacao, etc.), avec des solutions utilisant notamment la chaleur (d'un laser dans le procédé SLS, selective laser sintering), pour fusionner des zones précises des couches de poudre ;

- cellules vivantes, avec le bio-printing, procédé développé à l’origine pour l’ingénierie tissulaire.

Dans un autre état des lieux, des scientifiques américains soulignent que la fabrication additive est « un champ naissant, à la recherche de son utilité ». Enfin, des chercheurs de Singapour confirment que « les applications sont encore primitives, avec des structures internes simples ou des textures monotones ».

Les trois articles convergent cependant sur l'intérêt de ces nouvelles techniques en matière de personnalisation et de production en petites séries, à la demande – une justification classique du recours à l'impression 3-D. Ils évoquent également les impacts possibles de ces innovations, qui cherchent à concentrer la production en une seule étape, sur l'organisation des filières. Mais les défis techniques, notamment le débit des imprimantes (30 minutes pour imprimer un cookie) et l’étape de la cuisson (une différence avec l’impression 3-D industrielle, qui livre des produits finis), restent nombreux avant que cette innovation ne prenne place dans l'alimentation de tous les jours.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Sources : Journal of Food Engineering, Trends in Food Science & Technology, Procedia Manufacturing

10:33 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : impression 3d |  Imprimer | | | | |  Facebook

Un projet pilote européen pour tester les big data agricoles grandeur nature

Le 12 avril 2016 marque la fin de l'appel communautaire pour le lancement de plusieurs « Projets pilotes à grandes échelles » dans le domaine des objets connectés. L'axe « agriculture intelligente et sécurité alimentaire » est particulièrement intéressant car il propose de mettre les objets connectés et les données au cœur du système agro-alimentaire. Ces projets pilotes de grande échelle incluraient plusieurs expérimentations dans une variété d'entreprises et dans différents pays européens, ceci afin de représenter les divers systèmes et filières de production agricole.

L'utilisation d'objets connectés tout au long de la chaîne est vue comme une façon de diminuer les volumes d'intrants utilisés, de limiter le gaspillage alimentaire et d'améliorer la transparence vis-à-vis du consommateur.

Ce projet se base sur les réflexions du groupe de travail « Agriculture intelligente et sécurité alimentaire » de la nouvelle Alliance Pour l'Innovation dans les Objets Connectés (AIOTI), créée en mai 2015 sous l'impulsion européenne de la Direction Générale des Réseaux de communication, contenu et technologies (DG CNECT). Ce groupe a publié en décembre 2015 le rapport Agriculture intelligente et sécurité alimentaire, application aux objets connectés, qui détaille les contours possibles d'un projet pilote dans ce domaine.

Les points clés, une fois le caractère « divers, complexe, volatile et sous surveillance citoyenne » de l’agriculture bien présenté, sont de concevoir dès le départ des modèles économiques viables pour les acteurs impliqués, une architecture robuste pour le système de gestion des données et une gouvernance adéquate. Sur ce dernier point, le rapport insiste sur l'implication nécessaire des offreurs de services (fournisseurs d'objets et des services de gestion des données associés, fournisseurs de services de conseils exploitant ces données) et des demandeurs (exploitations agricoles, transformateurs agro-alimentaires, distributeurs). L'accent est également mis sur l'intérêt de prendre en compte les différents niveaux de « maturité digitale » des acteurs.

Gaétane Potard-Hay, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne

 

10:30 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : big data |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le système alimentaire de l'aire métropolitaine lyonnaise

Sortie récemment, la huitième publication de l'Observatoire des espaces agricoles et naturels est consacrée à l'analyse du système alimentaire de l'aire métropolitaine lyonnaise. Assorti d'une cinquantaine de cartes et schémas, ce document a pour objectif d'approfondir la connaissance des différents maillons de ce système et, sans se vouloir exhaustif, d'« en décrypter la complexité en identifiant ses composantes, en livrant quelques chiffres, en localisant les tendances, en illustrant par l'exemple ». Plusieurs questions structurantes sont identifiées autour : de l'égalité des habitants de l'aire métropolitaine face à l'alimentation ; de la capacité de la « ferme de l'aire métropolitaine » à nourrir la population du territoire ; de l'ancrage territorial de l'agro-alimentaire, depuis l'entreprise artisanale jusqu'à la firme multinationale ; des leviers pour rapprocher et écourter les flux entre production et distribution.

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Ce territoire comprend 3,2 millions d'habitants et 16 000 exploitations agricoles pour environ 553 000 ha de surface agricole utile. L'industrie agroalimentaire y représente 22 000 emplois et 3,5 milliards de repas sont pris annuellement par les habitants. Plusieurs questions sont successivement traitées, donnant des éléments pour apprécier les forces et faiblesses du territoire : un rappel de « ce que manger veut dire » ; la dimension sociale de l'alimentation ; les liens entre santé, précarité et alimentation ; les besoins nutritionnels et la production agricole ; les entreprises et leurs liens au territoire ; une approche des flux et circuits.

« Première pierre à la construction de stratégies alimentaires territoriales », ce diagnostic a mis en évidence des points faibles (forte corrélation entre pauvreté, alimentation et santé dans les territoires les plus urbains, par exemple) et forts (grande diversité des productions agricoles, gastronomie, etc.). « Sans encourager le repli des systèmes alimentaires », il permet « avant tout de prendre la mesure de la dépendance » des territoires, de montrer les complémentarités entre bassins de production et de consommation, de réaffirmer la nécessité de protéger l'espace agricole, d'imaginer de nouvelles solidarités entre villes et campagnes. Ainsi, par la diversité des champs d'actions concernés, « l'alimentation est aussi à considérer comme un outil permettant de répondre à de multiples enjeux d'un territoire : demain, la définition d'une politique alimentaire pourrait être une des conditions d'équilibre du territoire ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Agence d'urbanisme de Lyon

10:28 Publié dans Alimentation et consommation, Territoires | Lien permanent | Tags : lyon, système alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/04/2016

Agriculture et développement durable. Guide pour l'évaluation multicritère, Juliette Lairez, Pauline Feschet, Joël Aubin, Christian Bockstaller, Isabelle Bouvarel

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L'intérêt pour l'évaluation des actions des administrations ou des entreprises est croissant. Il en résulte un foisonnement de prestataires, de méthodes, notamment dans le champ de la contribution des systèmes agricoles au développement durable. Promouvoir une meilleure compatibilité entre les différents registres de performance des filières animales et végétales devient une priorité, tant politique qu'économique, et l'évaluation multicritère est un mode de raisonnement parfaitement adapté à cet enjeu. L'objectif de ce livre – qui s'adresse aux acteurs plus qu'aux experts –, est d'en fournir un guide méthodologique, d'initier aux principaux concepts, de présenter les outils existants et de faciliter la mise en œuvre de démarches cohérentes.

S'agissant d'un ouvrage didactique, son organisation en six chapitres mérite d'être retracée. Le premier rappelle les grandes étapes de l'affirmation de la problématique du "développement durable", situe l'agriculture dans ce processus et défend l'évaluation multicritère comme démarche particulièrement adaptée à la mesure de la durabilité. Le deuxième aborde les précautions à prendre avant de s'engager dans une démarche évaluative : étapes à distinguer, choix à opérer, contraintes et écueils à éviter, etc. Le troisième chapitre est consacré aux indicateurs, depuis leur définition jusqu'à leur représentation visuelle, en passant par leur interprétation et leurs modalités d'agrégation. Le chapitre suivant, plus technique, approfondit la question de l'interprétation de ces indicateurs et présente différentes techniques de pondération et de compensation. Le cinquième présente les questions à se poser avant d'opter pour telle ou telle méthode puis, sur cette base, fait un tour d'horizon des principales méthodes existantes en matière de durabilité des systèmes agricoles : IDEA, MASC 2.0, MESMIS, ADAMA, DIAMOND, OVALI, etc. Bien que l'offre de méthodes soit riche, elle peut ne pas répondre aux besoins spécifiques d'un évaluateur, raison pour laquelle le dernier chapitre accompagne le concepteur dans l'élaboration de ses propres outils, en précisant les étapes et les paramètres à ne pas oublier. L'ensemble est clair, précis, agréable à lire, avec beaucoup d'exemples concrets, ainsi que de nombreux schémas, tableaux, encadrés, résumés, qui aident le lecteur dans sa progression.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Quae

10:24 Publié dans 2. Evaluation | Lien permanent | Tags : évaluation multicritère, quae |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les néo-paysans, Gaspard D'Allens, Lucile Leclair

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Soizic, ancienne animatrice, de Dunkerque, est devenue agricultrice sur l'île de Quéménès ; Emeline et Valère, qui vivaient en HLM à Voiron, sont à la tête d'une chèvrerie à Blaizac ; Peggy dirigeait le musée d'art et d'histoire de Coutances, et est maintenant arboricultrice près d'Orléans ; Sébastien, qui tenait un magasin de disques à Nancy, exploite avec Lucile une safranière ; Sarah, passée par British Telecom et Michelin, cultive des variétés anciennes de céréales et vend son pain. Voici quelques-uns des personnages de ce livre consacré aux nouvelles trajectoires d'installation d'exploitants non issus du monde agricole.

Les auteurs ont parcouru la France, pendant un an, à la recherche de ces "néo-paysans". Ils décrivent leurs vies antérieures, faites d'insatisfactions croissantes, le mûrissement progressif de leurs projets, les conseils plus ou moins bons dont ils s'entourent, leurs doutes ou enthousiasmes au fil de démarches souvent longues et des obstacles à franchir. Ils narrent aussi l'apprentissage des gestes techniques et des règles de gestion, les relations de voisinage pas toujours faciles, les nouvelles conditions de travail, la relative faiblesse des revenus, les impacts de tout ceci sur la vie familiale comme sur la pérennité et la viabilité de la reconversion.

Qu'ils soient en maraîchage, élevage ou culture, ces nouveaux venus racontent les mêmes histoires de rejet du monde urbain, de fuite du marché du travail, de désir de nature, de recherche d'indépendance et de liberté, de quête d'une nouvelle vie et de volonté de reprendre en main leur existence. Ils insistent sur la beauté du travail manuel, sur leur refus de la technique et du productivisme, sur leur méfiance par rapport à l'agriculture conventionnelle. Ils valorisent le proche, le local, le communautaire, la relation directe aux consommateurs. Souvent, ils vont puiser dans leur vie d'avant et mobilisent d'anciennes compétences professionnelles pour réinventer leur condition paysanne. Les plus politisés d'entre eux se présentent comme l'avant-garde d'un futur monde plus solidaire, comme les germes d'une nouvelle conscience collective.

Comme le soulignent les auteurs, d'un côté ces néo-paysans, de plus en plus nombreux, apportent dans les campagnes de nouvelles valeurs, de nouvelles pratiques, de nouvelles exigences, et modifient le système agricole de l'intérieur. D'un autre côté, leur quête d'autonomie cache un fort individualisme et, sous prétexte de lutter contre le modèle économique dominant, ils s'installent dans une marginalité au fond assez inoffensive.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Seuil

10:22 Publié dans Agriculteurs, Territoires | Lien permanent | Tags : néo-paysans, seuil |  Imprimer | | | | |  Facebook

CRISPR-Cas9 : une révolution pour l'ingénierie génétique

Le 22 mars 2016, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont présenté à l'Académie des Sciences leur découverte des mécanismes moléculaires CRISPR-Cas9, expliquant de manière très pédagogique le fonctionnement de ce complexe, son utilisation comme outil d'ingénierie génétique et les enjeux portés par cette révolution technologique, notamment dans le secteur agricole.

E. Charpentier a ainsi expliqué comment des travaux de recherche fondamentale en biologie bactérienne ont permis la mise en évidence d'un véritable système immunitaire chez les bactéries, leur permettant notamment de faire face aux agressions de virus. Ce système immunitaire adaptatif repose sur un complexe associant des portions de génome viral intégrées au chromosome bactérien (Clustered Regularly Interspersed Palindromic Repeats) à une protéine enzymatique de type Cas, capable de découper l'ADN. Les séquences CRISPR, issues de virus précédemment rencontrés par les lignées bactériennes, produisent des sections d'ARN, qui s'associent étroitement avec les protéines Cas ; ce complexe est alors capable, lors d'une agression virale, de reconnaître très spécifiquement l'ADN viral, par complémentarité avec l'ARN associé, et de le découper, stoppant ainsi l'agression.

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L'association protéine-ARN confère à ce système une efficacité et une spécificité très importantes, qui en ont fait rapidement un véritable "scalpel" pour intervenir sur l'ADN : en modifiant la séquence d'ARN associée, on peut choisir de façon très précise l'endroit où l'ADN sera découpé. Si certaines technologies permettaient déjà d'intervenir de façon ciblée sur l'ADN, elles nécessitaient des développements dédiés pour chaque utilisation ; le complexe CRISPR-Cas9 offre en revanche une souplesse et une précision inédites qui en font une véritable innovation de rupture en matière d’ingénierie génétique.

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J. Doudna a developpé les opportunités offertes par cette technologie, mais aussi ses enjeux environnementaux et éthiques. En effet, la technologie CRISPR-Cas9 permet des modifications du génome de tout être vivant, de façon précise, efficace et peu onéreuse. La puissance de cet outil offre de nouvelles opportunités de recherche, fondamentale ou appliquée (notamment pour la production de biocarburants et la chimie biosourcée), mais doit aussi susciter des réflexions approfondies en termes d'éthique et de biodiversité, et pose la question du statut des organismes ainsi modifiés.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source: Académie des sciences

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07/04/2016

Défis liés à la progression de Xylella fastidiosa : la stratégie de lutte en Californie

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a organisé le 15 mars 2016 un séminaire sur la situation mondiale des pathologies végétales liées à Xylella fastidiosa. Classée en France dans la catégorie des dangers sanitaires les plus à risques, cette bactérie peut coloniser plus de 300 végétaux et causer un large éventail de maladies, variables selon les plantes hôtes (oliviers, vigne et différents arbres fruitiers notamment).

Au cours de ce séminaire, R. Almeida, de l'université de Californie, a présenté les stratégies mises en place dans cet État pour lutter contre l'une des pathologies provoquées sur la vigne, la maladie de Pierce. Identifiée depuis 1892 en Californie du Sud, elle provoque des taches foliaires avant de détruire les ceps.

Le voisinage entre vigne et vergers d'agrumes, hôtes préférentiels du principal insecte vecteur de la bactérie, le Glassy-Winged Sharpshooter (GWSS), induit un risque accru de contamination. Par exemple, dans la région viticole de Temecula, la population de GWSS a décuplé au cours des années 1990, la maladie de Pierce atteignant 100 % du vignoble vers 2000. Cette situation a pu également favoriser l'apparition de nouveaux vecteurs parmi les insectes suceurs de sève, ainsi que de nouvelles souches de Xylella, pouvant affecter d'autres plantes (amandiers et lauriers-roses notamment) et provoquer d'autres maladies.

Les mesures de lutte privilégiées dans cette zone ont été, dans les vergers d'agrumes, un contrôle chimique large des vecteurs et, dans les vignobles, un traitement phytosanitaire ciblé des plants ou le remplacement des plants contaminés. Cette stratégie a nécessité une collaboration active des cultivateurs d'agrumes, qui ont accepté de traiter leurs arbres en préventif ; la population de GWSS et l'incidence de la maladie de Pierce ont diminué de façon significative.

Si la maladie de Pierce est également présente en Californie du Nord, les viticulteurs ont recours aux méthodes de lutte classiques : application de phytosanitaires insecticides dans le vignoble en curatif, contrôle des populations d'insectes notamment sur les cours d'eau voisins, élimination des mauvaises herbes et remplacement des plants contaminés. Enfin, le Center for wine economics a estimé, en 2012, à 104 millions de dollars par an la perte de production du vignoble californien liée à la maladie de Pierce.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Anses

10:14 Publié dans Protection des végétaux et des animaux | Lien permanent | Tags : xylella fastidiosa, anses, californie |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/04/2016

L’International Food Policy Research Institute (IFPRI)

L’IFPRI est un centre de recherche du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR) fondé en 1975. Il emploie 500 personnes travaillant dans 50 pays (son siège est à Washington). Sa mission est d’explorer les enjeux et les solutions politiques pour réduire de manière durable la pauvreté, la faim et la malnutrition. Internationalement reconnu, il est régulièrement sollicité par les États ou encore le G20 pour éclairer les décideurs sur ces sujets.

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En 2013, l’IFPRI s’est doté d’une stratégie sur 5 ans autour des axes prioritaires suivants : assurer une production alimentaire durable, promouvoir des systèmes alimentaires sains, améliorer les marchés et le commerce, transformer l’agriculture, bâtir des systèmes résilients et renforcer les institutions et la gouvernance. L’institut produit un certain nombre d’indicateurs (comme le Global Hunger Index) et de bases de données de référence comme ASTI, sur l’investissement public dans la R&D agricole. Ses thèmes de travail sont très variés, touchant au gaspillage, aux questions climatiques, aux enjeux de biofortification, à la volatilité des prix, aux rôles des femmes, etc.

Tout récemment, l’IFPRI a publié son rapport Global Food Policy Report 2016 (le cinquième du genre), ce qui a été l’occasion de dresser le bilan de 2015, année charnière du point de vue de la sécurité alimentaire : arrivée à terme des objectif du Millénaire pour le développement (2000-2015) et adoption en septembre 2015 des objectifs de développement durable pour les quinze ans à venir (voir à ce sujet une brève sur ce blog). L’institution note des progrès dans les faits comme dans les intentions (accord de Paris sur le Climat, accord de Nairobi à l’OMC, etc.), mais souligne aussi les fragilités nouvelles : ralentissement de la croissance des émergents, faiblesse du prix du pétrole, conflits au Moyen-Orient, etc.). L’IFPRI rappelle que le défi alimentaire est toujours d’actualité.

Le chapitre 8 du rapport explore à ce titre plusieurs scénarios de transition nutritionnelle en jouant sur trois leviers : la consommation totale en calories, les apports en protéines animales, et en viande de bœuf en particulier. Plusieurs variantes sont explorées (dont une « diffusion » de la diète méditerranéenne). Le graphique ci-dessous illustre les effets de ce changement de régime, comparé à celui d’un citoyen américain, en termes de surface agricole nécessaire et d’émissions de GES.

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Source : IFPRI

Pierre Claquin, Centre d'études et de prospective

Lien : IFPRI

10:10 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : ifpri, portrait |  Imprimer | | | | |  Facebook

Retour en vidéos sur le colloque de l'Ocha « Des Animaux et des Hommes »

Le 23 mars, l'Observatoire des Habitudes Alimentaires (Ocha) a mis en ligne la première vidéo issue de son colloque « Des animaux et des Hommes. Héritages partagés, futurs à construire » organisé en novembre 2014. Est ainsi accessible dans son intégralité la conférence donnée par Francis Wolff, philosophe, intitulée « L'animal en L'Homme et l'animal hors de l'Homme. À propos de l'animalisme contemporain et du devenir de l'humanisme ». Le conférencier aborde tour à tour les conséquences équivoques du recours à la notion d'animal, les sources de l'animalisme et les moyens d'en tirer parti en évitant les conséquences néfastes. De cette intervention, toujours d'actualité, on peut notamment retenir la définition donnée de l'animalisme : « valeur attribuée à l'animal en tant que tel » ; « inflation de la question de l'animal dans les sciences humaines » (philosophie, droit, histoire notamment). F. Wolff conclut son propos en soulignant que les relations, les devoirs, que nous avons avec et envers les animaux sont à réapprendre car non épuisés par une définition réductrice ou un statut.

L'Ocha accompagne cette vidéo de références bibliographiques permettant de prolonger la réflexion. D'autres vidéos viennent s'ajouter au fur et à mesure sur la chaîne Youtube de l'Ocha.

Source : Ocha

10:07 Publié dans Société | Lien permanent | Tags : ocha, animal, animalisme |  Imprimer | | | | |  Facebook

Faut-il confier l'évaluation des politiques publiques aux chercheurs ?

Le Laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (LIEPP) de Sciences Po vient de publier, dans un document de travail, une position critique vis-à-vis des évaluations de politiques publiques (EPP), et plus particulièrement des chercheurs évaluateurs. Sous un titre un peu provocateur, La (f)utilité gouvernementale de l'évaluation des politiques publiques, quelques leçons américaines et françaises, V. Spenlehauer questionne les différentes méthodes de l'EPP et le positionnement des chercheurs qu'elles impliquent, en regard de l'impact qu'elles ont pu avoir sur les politiques évaluées. Faisant un rapide panorama des principales écoles américaines, il en pointe les faiblesses, mais en tire également les points forts.

Au travers d'exemples, l'auteur identifie certains écueils rencontrés lors d'exercices d'évaluation menés aux États-Unis ou en France, et propose d'une part de mieux valoriser l'implication des chercheurs dans ces études, d'autre part de recourir à une organisation pluridisciplinaire, trans-sectorielle et prenant appui sur les différentes institutions responsables de l'évaluation des politiques publiques.

Source : LIEPP

10:05 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : liepp, évaluation |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/04/2016

Regain d'intérêt pour le « roman rural noir »

À l'occasion du festival Quais du polar de Lyon, Macha Séry consacre un article, publié dans Le Monde daté du 31 mars 2016, aux auteurs de polars français de plus en plus inspirés par le milieu rural, « terreau fertile pour les thrillers ». « Roman de la crise » pour N. Mathieu, le roman noir permet à Franck Bouysse de « remettre ces territoires sur le devant de la scène littéraire », de « se les réapproprier ». Cette forme de polars a longtemps été éclipsée par des textes se déroulant le plus souvent en milieu urbain (cf. Maigret, Nestor Burma, le « 36 quai des Orfèvres »). Le mouvement actuel, qui peut s'inscrire notamment dans la veine du natural writting américain, est porté par une diversité d'auteurs et de maisons d'éditions régionales (Écorce, Bargain, du Palémon, Astoure, du Batsberg). Le défi est double, à savoir éviter tant le folklorique que le régionalisme. L'article s'achève sur une citation de Jim Harrison, qui fédère les intentions : « donner une voix à ceux qui n'en ont pas, je crois que c'est cela la responsabilité de l'écrivain ».

On pourra également se reporter à une émission radiophonique consacrée le 30 mars sur France Inter à cette thématique.

Source : Le Monde

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Farm Europe lance sa Global food forum initiative

Le think tank Farm Europe a récemment lancé une initiative, Global food forum initiative, destinée à élaborer des propositions pour la future PAC, sur la base de concertations organisées dans des conférences régionales durant les prochains mois. Les discussions devraient être organisées autour de trois enjeux : résilience, durabilité et investissements. Le think tank agricole a commencé à distiller des propositions sur son blog, comme par exemple la mise en place pour le secteur laitier d'un dispositif basé sur une incitation financière à réduire la production à travers un mécanisme d’enchères coordonné et géré au plan européen.

Source : Farm Europe

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