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09/06/2016

Étude prospective sur l'optimisation des usages alimentaires et la réduction du gaspillage dans les systèmes alimentaires urbains

Réalisée à la demande de la direction « Alimentation et bio-économie » de l'Inra, et rendue publique à l'occasion d'un colloque le 8 juin dernier, cette étude avait pour objectif « d'identifier les besoins de connaissances, de méthodes et d'outils soulevés par les évolutions à venir et ainsi anticiper, stimuler et accompagner les actions de recherche pour une alimentation plus durable dans un contexte d'urbanisation croissante ». Dans un premier temps, un état des lieux a recensé un grand nombre d'initiatives de prévention et de valorisation des pertes et gaspillages, aux différentes étapes des systèmes alimentaires. Neuf catégories d'actions clés ont ensuite été listées, parmi lesquelles les outils financiers de régulation des flux alimentaires et des bio-déchets, l'exploitation collaborative des flux de données, les pratiques urbaines et règles d'urbanisme, ou encore l'éducation de tous les publics.

Neuf scénarios prospectifs ont été établis, sur la base d'un croisement de trois scénarios d'évolution des villes (villes en concentration-tendanciel, en repli, en réseau) et trois scénarios d'évolution des systèmes alimentaires (vents globAlizés-tendanciel, brise alter, brise verte). Des nouvelles de science-fiction viennent illustrer ces neuf possibilités.

Représentation des scénarios des systèmes alimentaires, en fonction des modèles de société et des modèles technologiques et économiques

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Source : Inra

Identifiés à chaque étape de l'étude, les besoins de connaissances, d'outils, de méthodes et de questions à la recherche se répartissent selon cinq catégories : société (pratiques alimentaires, comportement du consommateur face au gaspillage, pertinence et effets des politiques) ; filières, cycles et systèmes alimentaires (modes d'organisation, stratégies des acteurs publics et privés, flux au sein des filières) ; santé et environnement ; procédés technologiques, bouclage des cycles et modèles économiques associés ; technologies de l'information et de la communication, traitement des données et mathématiques appliquées. In fine, pour les auteurs, « il apparaît que la seule façon de ne pas penser un monde en pénurie […], et donc d'éviter d'entrer dans une logique de rationnement des ressources alimentaires et énergétiques consiste à miser i) sur la cyclisation de l'économie, ii) sur l'émergence de nouvelles solidarités et iii) sur l'optimisation des flux de matière avec l'appui des TIC et en particulier des applications mobiles ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Inra

08/06/2016

L'histoire des paysans français, Éric Alary

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Il existe déjà plusieurs bonnes histoires de la paysannerie française, chacune ayant son approche particulière. Avec cet ouvrage, Alary met l'accent sur les modes de vie et les mentalités, sur les traditions et les sociabilités. On y trouve une mine d'informations sur les loisirs et les fêtes, l'alimentation, l'habitat, la famille et la vie domestique, la consommation, les rapports à la technique ou à la nature, mais aussi sur l'essor de la protection sociale, l'électrification des campagnes, les mobilisations politiques et syndicales, les conditions de travail et les représentations du métier. Au plus près des sources (archives, biographies, témoignages, travaux de chercheurs), il brosse un tableau précis et nuancé, selon un plan chronologique en sept chapitres allant de la fin du XIXe siècle à aujourd'hui. Particulièrement intéressantes sont les pages consacrées à la déstabilisation du monde agricole pendant les deux guerres mondiales.

Il serait inutile de chercher à résumer le contenu d'un tel livre. Attachons-nous plutôt à souligner ses qualités d'ensemble. La première tient à ce que l'auteur entrelace histoire longue et histoire événementielle, évolutions profondes et phénomènes conjoncturels. Il montre à la fois les recompositions de long terme, les tendances structurelles, et les habitudes de la vie quotidienne. La grande fresque n'exclut pas le souci du détail et la description des sentiments individuels.

Le récit est mesuré, sensible même, puisqu'Alary essaie de comprendre de l'intérieur les choix des acteurs et leurs positions face aux événements. Il traite de façon équilibrée les heures de gloire et les périodes plus sombres du monde paysan. Son portrait contrasté révèle bien les différences entre hommes et femmes, jeunes et vieux, riches et pauvres, modernistes et conservateurs, tout comme les tensions politiques et syndicales internes à la profession.

Enfin, l'auteur n'oublie pas de saisir les paysans dans leurs rapports aux autres, aux villes, aux pouvoirs politiques et économiques, et plus généralement à la société française. PAC et globalisation obligent, la fin du livre élargit le regard à l'Europe et au reste du monde. Des terroirs enclavés de la Belle Époque au commerce international d'aujourd'hui, aucun groupe social n'a connu de mutations quantitatives et qualitatives aussi rapides et importantes.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Perrin

 

15:03 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : paysans, alary |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/06/2016

A l'abattoir, Stéphane Geffroy

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La collection de livres "Raconter la vie" se propose de donner la parole aux invisibles et aux sans voix, de montrer la société d’aujourd’hui et de "sortir de l’ombre des existences et des lieux". Pour ce faire, elle accueille des types d'ouvrages très divers : analyses sociologiques et ethnographiques, fictions, enquêtes journalistiques, et souvent aussi témoignages, à l'instar de ce récit par Stéphane Geffroy de ses 25 ans passés dans un abattoir breton, à la tuerie.

Au commencement, il y a un décrochage du système scolaire, le passage en classe de CPPN (classe pré-professionnelle de niveau), un détour par la menuiserie et la plomberie, puis cette proposition faite par un copain de travailler dans un abattoir pendant l'été. Le premier contact avec la mort animale est violent : décibels, odeurs, flots de sang, cadences, fatigue, et le dos en compote dès le premier soir. Puis le corps s'habitue, la routine l'emporte et le job d'été devient le métier d'une vie.

Le chef d'atelier multiplie les aboiements, les injustices, les brimades. Les conditions de travail sont dures, malgré les améliorations apportées pour limiter les accidents (plateaux et pinces pneumatiques, casques, gants métalliques, pauses obligatoires) ou pour renforcer l'hygiène (stérilisation, nettoyage). Les jours d'abattage hallal, grâce aux rituels et au sang qui coule moins vite, on profite du ralentissement de la chaîne. Le bruit est infernal, on ne peut pas se parler, tout le monde s'active en silence, mais dans le vestiaire et à la cantine, ce milieu de durs à cuire décompresse, rigole, "déconne", et rabâche son stock d'histoires mémorables.

Au fil du temps, l'entre-soi ouvrier régresse, la consommation d'alcool aussi. Les CDD, de plus en plus nombreux, n'acceptent plus comme une fatalité ce type de labeur, le turn-over augmente, les relations deviennent distantes et les CDI, qui "ont leurs couteaux gravés à leur nom", regrettent l'ancien esprit de famille. La création d'une section syndicale, à l'initiative de l'auteur, permet de traiter des problèmes que l'ancienne direction paternaliste ne voulait pas voir. Tout cela n'empêche pas qu'à 50 ans, Stéphane Geffroy se sente vieux et usé. Après diverses opérations (hernies, canal carpien, épaule) et diverses pathologies (lombalgies, varices, arthrose), il se dit angoissé de la façon dont il "va finir", car presque tous quittent la tuerie sur un arrêt maladie ou un accident de travail : "la perspective de rester plus longtemps sur la chaîne est en train de devenir insupportable pour moi".

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions du Seuil / Raconter la vie

15:00 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : geffroy, abattoir |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le World Resources Institute

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Créé en 1982 aux États-Unis, le World Resources Institute (WRI) se définit comme une organisation globale de recherche. Il mobilise environ 500 experts et salariés dans plus de 50 pays. Son objectif est, d'une part, de produire des rapports et analyses de politiques publiques, reposant sur l'excellence scientifique et la mobilisation de données de qualité ; d'autre part de proposer des stratégies et outils adaptés à la mise en action des idées « Making Big Ideas Happen ». Le WRI s'adresse à l'ensemble des parties prenantes, publiques et privées. Il bénéficie de financements divers : fondations (entre autres, de la fondation John D. and Catherine T. MacArthur), gouvernements, institutions internationales, entreprises, organisations non-gouvernementales et donateurs individuels.

Ce think tank s'est fixé comme mission d'accompagner la société pour qu'elle fonctionne de manière à protéger l'environnement et sa capacité à répondre aux besoins des générations actuelles et futures. Historiquement, déforestation, désertification et changement climatique constituaient les enjeux environnementaux qui mobilisaient le WRI. Aujourd'hui, son activité s'organise autour de six défis globaux, en interaction les uns avec les autres : villes, climat, alimentation, énergie, forêts et eau.

Au titre des travaux du WRI sur l'eau, on citera ici ceux relatifs à sa gestion quantitative, en particulier le projet Aqueduct, qui dresse un état des lieux de la disponibilité et de l'usage de la ressource sous forme de cartes interactives, avec également un focus agricole (voir à ce sujet un premier billet sur ce blog, et un second). S'agissant de l'alimentation, depuis 2013, le WRI publie régulièrement des papiers dans une série intitulée « Creating a sustainable food future ». Le dernier, datant d'avril 2016, porte sur les changements de régimes alimentaires, les comparant avec les besoins alimentaires estimés pour 2050 à l'échelle mondiale. Il présente différents scénarios, plus ou moins ambitieux, les variantes reposant sur la réduction des calories consommées, des protéines animales et/ou de la consommation de viande bovine. Les auteurs concluent que ces modifications pourraient réduire de 30 % le food gap.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Lien : World Resources Institute

14:57 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : wri, portrait |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/06/2016

Édition 2016 de l'étude Les Français et la consommation responsable

Les résultats de l'étude Ethicity-GreenFlex Les Français et la consommation responsable, conduite depuis 2004, ont été rendus publics le 30 mai. Parmi les éléments mis en avant par cette enquête conduite auprès d'un échantillon de 4100 personnes, représentatif de la population, il apparaît que « consommer de manière responsable » est synonyme, pour une majorité, de « consommer autrement (produit éco-labellisé, certifié éthique, local, moins polluant) ».

La santé et le bien-être, le local et la répartition de la valeur apparaissent comme trois motivations clés. 89 % des personnes interrogées (+ 3 points par rapport à 2014) choisissent leurs aliments pour rester en bonne santé, 38 % (+ 5 points) consomment moins de viande et 68 % sont préoccupées par le bien-être animal lors de l'acte d'achat. Par ailleurs, les Français estiment à 46 % (+ 9 points) que les distributeurs ont pour responsabilité de respecter la répartition de la valeur entre les différents intervenants et, pour 65 % (+ 5 points) de faire travailler des producteurs locaux. Enfin, l'enquête révèle une « conscience accrue » suite à la COP21, avec une persistance des inquiétudes environnementales (pollution, réchauffement climatique, biodiversité).

Source : GreenFlex

14:56 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : consommation responsable |  Imprimer | | | | |  Facebook

Limiter le réchauffement à 2°C : contribution de l'agriculture

Publié dans Global Change Biology, un article explore la contribution de l'agriculture à l'atténuation des émissions de méthane et de protoxyde d'azote (hors CO2), dans le cas du scénario du GIEC RCP 2.6, qui permettrait de limiter le réchauffement en dessous des 2°C. En s'appuyant sur 3 modèles, les auteurs estiment cette contribution de l'ordre de 1 GtCO2éq en 2030. Ce potentiel représenterait une réduction des émissions agricoles, hors CO2, de l'ordre de 10-11 % par rapport au scénario au fil de l'eau.

Les auteurs mettent en regard ce potentiel de réduction avec deux scénarios d'évolution, considérés comme plausibles. Le premier repose sur la diffusion des techniques agronomiques avec un prix de la tCO2éq à 20$, le second sur l'intensification de la production végétale et animale avec une meilleure efficience. Leurs travaux montrent que ces deux scénarios permettraient d'atteindre entre 21 et 40 % des efforts de réduction attendus. Ils concluent alors sur la nécessité de changements plus importants (utilisation d'inhibiteurs de méthane – voir à ce sujet une précédente brève sur ce blog), et discutent également des potentiels (non inclus dans les modèles), de la séquestration de carbone dans les sols, de la réduction du gaspillage alimentaire et des modifications des régimes alimentaires à partir d'estimations disponibles dans la littérature.

Source : Global Change Biology

14:37 Publié dans Climat | Lien permanent | Tags : méthane, protoxyde azote, atténuation |  Imprimer | | | | |  Facebook

« Manger dehors » : représentations et pratiques

L'unité de recherche Alimentation et Sciences sociales (ALISS) a publié une note présentant les résultats d'une enquête sur l'alimentation hors foyer, domaine peu étudié par les sciences sociales. S'appuyant sur 476 entretiens (par téléphone et par Internet), cette enquête visait à dresser un panorama des pratiques, à saisir les représentations associées et à regarder les liens entre contexte et contenu de ces repas.

Plusieurs résultats se dégagent : en termes de représentation, « manger dehors » est majoritairement associé à « manger au restaurant ». De plus, toutes choses égales par ailleurs, la variable « âge » est la plus pertinente pour expliquer le choix du type d'établissement de restauration commerciale fréquenté : les restaurants gastronomiques et traditionnels par une population plutôt âgée, les cafétérias, libres-services et fast-food par une « population jeune, habitant une ville moyenne ou grande, Paris et sa couronne ». Par ailleurs, trois profils de repas sont identifiés, en fonction du lieu, des personnes présentes et de celui qui paye : « se faire inviter chez une autre personne », « inviter ses proches au restaurant », « déjeuner au travail ». Enfin, la durée de ces repas « renvoie sans doute plus à sa dimension de sociabilité qu'à la dépense » consacrée.

Source : Inra

14:36 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : alimentation hors foyer |  Imprimer | | | | |  Facebook

03/06/2016

Changement climatique : des conditions de travail dégradées pour l'agriculture

Un rapport publié fin avril par le secrétariat du Climate Vulnerable Forum, au sein du Programme des Nations unies pour le développement (UNDP), alerte sur la dégradation actuelle et future des conditions de travail en raison de la hausse des températures au niveau mondial.

Il pointe notamment les situations dans l'agriculture et la construction, où les emplois sont directement exposés au soleil. Il identifie également l'industrie comme secteur à risque, en particulier celle utilisant des produits dont la stabilité se dégrade avec la chaleur (solvants, colles, etc.). Au-delà des dégâts sur la santé, la hausse des températures réduit la productivité en limitant le temps de travail diurne, et par conséquent les revenus des salariés, alimentant les flux migratoires vers les régions les moins impactées par le réchauffement.

Enfin, l'analyse identifie les mesures susceptibles de réduire l'impact sur la santé et la perte en productivité, soit de manière directe en protégeant les travailleurs, soit indirectement en pariant sur l'éducation et la formation, afin de réduire la part du travail en extérieur au profit d'emplois dans l'industrie ou les services.

Pourcentage d'heures de travail diurne perdues dans les pays les plus peuplés (pour une intensité de travail de 300 W, et une hausse de 2,7°C en 2085)

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Source : CVF - UNDP

Source : UNDP

14:33 Publié dans Climat, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : pnud, changement climatique, conditions de travail |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les Comores. A qui la terre ? Sous les conflits de propriété, les réalités de la gestion en commun. Mahmadou Saïd

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Cet ouvrage questionne le régime de propriété privée aux Comores : à qui appartient la terre ? À celui ou celle qui l’occupe ou qui la met en valeur ? À ceux qui y ont des droits historiques ? A celui qui l’a faite immatriculée ? Mahamoudou Saïd invite à réfléchir sur une gestion en commun du foncier, justifiée par l’existence quasi systématique, sur une même parcelle, de « propriétés simultanées », produits de l’histoire comorienne. Il existe ainsi une pluralité de droits applicables (coutumier, musulman et français). Cette configuration de juxtaposition de droits n’est pas spécifique à ces îles puisque l’auteur fait le parallèle avec d’autres régions : nord-est de Madagascar, Los Angeles, massif des Alpilles et Cévennes, et d’autres régions en Suisse et en Espagne notamment. Le pluralisme juridique oblige à penser de nouveaux paradigmes pour une meilleure gestion du foncier, notamment en commun comme le propose cette publication.

Source : Éditions Karthala

14:30 Publié dans Exploitations agricoles, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : foncier, comores |  Imprimer | | | | |  Facebook

02/06/2016

Crise et fin de l'exploitation agricole familiale française, P. Jeanneaux

Dans un article paru dans la revue trimestrielle Pouvoirs Locaux, Philippe Jeanneaux (VetAgro Sup) dresse un tableau incisif du paysage agricole français, à la lumière de la récente crise en Europe. Selon lui, le développement des exploitations à deux unités de travail humain (UTH), depuis les années 1960, s'est accompagné d'une intensification et d'agrandissements au prix d'endettements massifs. Ce modèle serait à bout de souffle : l'exploitation indépendante à deux UTH serait aujourd'hui sur-endettée et intransmissible, dominée par l'aval et démunie de pouvoir de négociation, incomprise par la société, et inadaptée à la mondialisation. Il en résulterait un manque de compétitivité et de résilience, et une évolution rapide et forcée de la structure de ces exploitations serait à prévoir.

Source : Pouvoirs Locaux

14:29 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : agriculture familiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

Prix des terres agricoles en 2015

Les Safer, dans le cadre de leur mission de service public, publient chaque année une analyse des marchés fonciers ruraux. D'après la dernière édition sortie en mai, en 2015, le marché est en progression de plus de 5% en nombre de transactions, de plus de 6% en volume-surface et de plus de 8% en valeur. Le prix des terres et prés libres et non bâtis est de 6 010 euros par hectare en moyenne, contre 4 470 euros par hectare pour ceux loués et non bâtis. La hausse des prix se poursuit, mais à un rythme moins soutenu que les années précédentes, excepté pour le secteur des grandes cultures.

En termes de tendances, la SAFER constate une progression continue du marché des biens loués (55 % des superficies vendues) et une hausse des achats par les sociétés d’exploitation et sociétés de portage (GFA et SCI agricoles), au détriment des agriculteurs, personnes physiques et fermiers en place.

Source : SAFER

14:27 Publié dans Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : safer, foncier, prix, terres |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/05/2016

Lancement de l’Agricultural Data Coalition et du Ag Data Transparency Evaluator aux États-Unis

Début mars, l'American Farm Bureau Federation, des universités américaines et des entreprises du secteur agricole ont formé l'Agricultural Data Coalition, dans le but d'aider les agriculteurs à mieux gérer l'ensemble de leurs données. En effet, l'exploitation des nombreuses informations récoltées par les agriculteurs suscite un certain intérêt et pourrait, par exemple, leur permettre de prendre des décisions économiques plus rapidement, d'identifier les marges d'amélioration sur leur exploitation ou encore de réduire leurs coûts de production. Cependant, la propriété, la confidentialité, la sécurité, la disponibilité, l'utilisation et la diffusion de ces informations, en particulier à des tierces parties (chercheurs, assureurs, gouvernement, fournisseurs d'intrants, etc.) font débat.

S'appuyant sur la charte des Principes pour la confidentialité et la sécurité des données (The Principles for Data Privacy and Security), mise en place en novembre 2014, l'Agricultural Data Coalition crée une plate-forme permettant de stocker les données des agriculteurs tout en en préservant le contrôle, et en particulier la diffusion. Grâce à cet outil, ils pourront se concentrer sur les décisions à prendre à partir de l'analyse de leurs informations, plutôt que sur la gestion de celles-ci.

En parallèle, un second outil, l'Ag Data Transparency Evaluator, a été installé par l'American Farm Bureau Federation et un ensemble d'acteurs de la filière agricole. L'objectif est d'aider les producteurs à analyser les contrats qui les lient aux fournisseurs de logiciels d'aide à la décision ou du machinisme : types de données collectées, propriété, utilisation et partage de ces données, confidentialité, sécurité. Dix questions permettent ainsi de déterminer le(s) type(s) d'informations récoltées et leur utilisation par le fournisseur de technologie. Les produits respectant la charte sont labellisés Ag Data Transparent.

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Christophe Malvezin, Service Agricole et Agroalimentaire, Ambassade de France aux États-Unis

Sources : Ag Data Coalition, American Farm Bureau Federation

10:49 Publié dans Agriculteurs, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : etats-unis, données agricoles |  Imprimer | | | | |  Facebook

Logiques d’acteurs et marchés fonciers en Roumanie

Dans le dernier numéro de Cahiers Agricultures, un article analyse les stratégies d’acteurs dans le domaine du foncier agricole en Roumanie. Les auteurs montrent que la faiblesse du marché foncier (achat-vente) dans ce pays est liée à l’offre très réduite. Les propriétaires privilégient en effet le mode de faire-valoir indirect (location ou métayage) pour des raisons :

- économiques : la location apporte un complément aux revenus du ménage et le métayage contribue à son alimentation ;

- patrimoniales : l’attachement à la terre et à la propriété privée demeure essentiel après l’expérience collectiviste.

Ainsi, les exploitations familiales et les sociétés commerciales (à capitaux étrangers et nationaux), qui ne peuvent pas accéder au foncier du fait de la faiblesse de l’offre, ont recours à la location de terres ou au métayage. Les deux chercheurs constatent que les sociétés commerciales, souvent en position de force au niveau financier, sont en mesure d’imposer les termes des contrats aux petits propriétaires fonciers, et donc des prix que les exploitations familiales ne peuvent pas concurrencer. À titre d’exemple, une société a dû négocier 764 contrats pour 630 ha pris en location. Les auteurs notent l’émergence, dans ce contexte, de phénomènes de « tenure inversée » qui s’inscrivent dans des dynamiques de concentration de terres à grande échelle : les petits propriétaires cèdent en faire-valoir indirect une partie ou la totalité de leurs disponibilités foncières à des tenanciers économiquement plus favorisés.

En complément de cet article, et toujours sur la Roumanie, signalons que l’association AGTER vient de publier un rapport qui, dans une première partie, traite de l’évolution historique des structures agraires jusqu’à nos jours, puis aborde les enjeux actuels de l’agriculture roumaine à travers un diagnostic agraire effectué dans la région de Mangalia (sud-est du pays). La deuxième partie analyse les aspects juridiques et socio-économiques liés au foncier, permettant de mieux comprendre le contexte global de l’agriculture roumaine, ses spécificités et ses besoins de réformes.

Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Sources : Cahiers Agricultures, AGTER

10:46 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : roumanie, foncier |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/05/2016

Plantes et dioxyde de carbone : rétrospective et effets à horizon lointain

Dans un article paru dans Nature Climate Change, une équipe internationale de 32 chercheurs s'est intéressée à l'évolution du couvert végétal, soit environ 32 % de la surface de la Terre (plantes et forêts comprises), sur la période 1982-2009. Utilisant des données satellitaires pour déterminer la surface foliaire, leur travail montre une tendance globale à son augmentation pour 25 à 50 % du couvert (greening), et une diminution pour moins de 4 %. Les auteurs ont complété cette approche par des modèles globaux d'écosystèmes afin d'identifier les facteurs déterminants, et leurs poids respectifs dans ces évolutions passées. La fertilisation liée au dioxyde de carbone (CO2) expliquerait 70 % de cette augmentation de la surface foliaire, notamment au niveau des tropiques. D'autres facteurs comme le nitrogène (9 %), le changement climatique (hors effet CO2 ; 8 %) ou les modifications du type de couvert (4 %) contribuent également à ces évolutions. Les chercheurs soulignent enfin le rôle du changement climatique dans les hautes latitudes et sur le plateau tibétain, ainsi que celui de la modification du couvert végétal dans le sud-est de la Chine et à l'est des États-Unis.

Une seconde étude, publiée également dans Nature Climate Change, explore l'effet combiné d'une concentration plus importante de dioxyde de carbone dans l'atmosphère sur les rendements des cultures et sur la productivité de l'eau (i.e. quantité produite par unité d'eau). Les auteurs ont étudié 4 cultures (blé, maïs, soja et riz), mobilisant des modèles globaux du climat et de fonctionnement des cultures. Deux scénarios ont été considérés, avec comme principale différence le niveau de concentration de CO2. Cette dernière double entre 2000 et 2080 dans le premier cas, et est maintenue au niveau des années 2000 dans le second. L'étude conclut que le CO2 permet de compenser – complètement ou partiellement selon les cultures –, les effets du changement climatique et réduit la consommation d'eau (de 4 à 17 %). Les auteurs soulignent la nécessité de travaux de terrain, en particulier dans les zones arides où les incertitudes sur les effets du CO2 sont les plus importantes.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Sources : Nature Climate Change, Nature Climate Change, Science Daily, Science Daily

10:43 Publié dans 1. Prospective, Climat | Lien permanent | Tags : co2, couvert végétal |  Imprimer | | | | |  Facebook

Des scénarios pour répondre à la demande globale alimentaire en 2050 sans déforestation

Six chercheurs de l'Institute of Social Ecology et de I'Institut de recherche en agriculture biologique à Vienne ont passé au crible 500 scénarios de production et demande alimentaires, avec comme contrainte initiale l'absence de déforestation à l'horizon 2050. Les principales variations entre ces scénarios tiennent au niveau des rendements, au pourcentage d'expansion des zones cultivées (0 à +70 %) en particulier sur les prairies très productives, à la composition du régime alimentaire des animaux d'élevage, à l'origine de la viande dans l'alimentation humaine (parts des ruminants, des monogastriques) et aux régimes alimentaires humains. Sont distingués les régimes suivants : VEGAN avec uniquement une base végétale (2 636 kcal/pers/jour), VEGETARIAN sans viande mais avec des œufs et du lait (2 636 kcal/pers/jour), MEAT (2 648 kcal/pers/jour), BAU en ligne avec les projections de la FAO en 2050 et RICH où le régime alimentaire nord-américain de 2000 domine (3 546 kcal/pers/jour). Tous ces régimes, sauf BAU, supposent une convergence mondiale des quantités ingérées per capita. La figure ci-dessous présente l'ensemble des scénarios, des hypothèses sous-jacentes et les résultats en termes de faisabilité. Cette dernière correspond à l'adéquation entre l'offre et la demande alimentaires. Si la demande est supérieure à l'offre de 5 % (cropland-limited) et/ou si les seuils écologiques de pâturage sont dépassés (grazing-land limited), le scénario est considéré comme non réalisable.

Scénarios et hypothèses sous-jacentes (régimes alimentaires en colonne, modes de production en ligne). Les zones en vert foncé correspondent aux scénarios considérés comme faisables, en vert clair comme probablement faisables. Les autres couleurs indiquent les raisons de la non faisabilité.

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Source : Nature Communications

D'après le jeu d'hypothèses retenu, un peu moins de 60 % des scénarios sont jugés réalisables. Les hypothèses en termes de régimes alimentaires jouent un rôle important en comparaison avec celles touchant aux rendements ou à l'expansion des cultures. Tous les scénarios avec le régime VEGAN et 94 % dans le cas VEGETARIAN seraient réalisables, contre 2/3 en BAU et 15 % pour le régime MEAT. Par ailleurs, l'exercice de modélisation réalisé montre que la convergence des régimes alimentaires diminue l'autosuffisance des pays en développement. Néanmoins, cette étude ne tient pas compte des effets du changement climatique et n'intègre pas des considérations autres que biophysique (ex : flux de biomasse non contraint par des dimensions économiques ou des barrières à l'échange).

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Communications