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13/09/2016

Taxe alimentaire au Mexique : évaluation des effets au bout de la première année

Publié début juillet dans la revue PLOS Medicine, un article présente les résultats d'une évaluation des effets de la taxe mexicaine sur les produits alimentaires « denses en énergie et non essentiels », à l'issue de la première année d'application. Le Mexique connaît des prévalences fortes et en augmentation du surpoids et de l'obésité (environ 70 % chez les adultes et 33 % chez les enfants), ainsi que du diabète de type 2 (14,4 % chez les adultes en 2006). En janvier 2014, a été mise en place une taxe, à hauteur d'un peso par litre pour les boissons sucrées (environ 10 % du prix) et de 8 % du prix pour les aliments non essentiels ayant une densité énergétique supérieure ou égale à 275 kcal/100g, la liste des denrées concernées étant fixée par la loi.

L'évaluation conduite par les auteurs les a amenés à quantifier les variations des volumes de produits achetés, taxés et non taxés, au cours de l'année 2014. Ils ont utilisé les données d'achat de 6 248 ménages, fournies par The Nielsen Company's Mexico Consumer Panel Services et couvrant la période janvier 2012 - décembre 2014. L'utilisation de la modélisation leur a permis de vérifier si la tendance constatée dans les achats, après l'entrée en vigueur de la taxe, était sensiblement différente de celle qui aurait découlé des évolutions tendancielles préalables à janvier 2014. Des données sur les caractéristiques des ménages sont venues affiner les résultats.

En 2014, le volume d'achat moyen des denrées taxées a diminué de 25 grammes par personne et par mois, soit une baisse de 5,1 % par rapport à la tendance projetée sans taxe, et sans que cette évolution ait été constatée sur les produits non taxés. Cette réduction a été de -10,2 % pour les catégories socio-professionnelles basses et de -5,8 % pour les catégories moyennes, alors que les foyers les plus aisés n'ont pas fait évoluer leurs consommations.

Tendances mensuelles des volumes d'achats pour les denrées taxées et non-taxées

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Source : PLOS Medicine

Les auteurs identifient plusieurs limites à leurs travaux : la difficulté d'établir une relation de cause à effet, la taxe ayant été mise en place à l'échelon national sans possibilité d'avoir un groupe de contrôle ; des données issues d'un échantillon urbain et avec seulement deux ans d'historique avant 2014. L'impact de la taxation serait aussi à évaluer sur l'ensemble de la consommation, c'est-à-dire à l'échelle de tous les produits achetés par les ménages.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : PLOS Medicine

Quel est l'impact des allégations et symboles de santé sur le comportement des consommateurs ?

L'European Food Information Council (EUFIC) a récemment présenté les résultats du projet européen Clymbol (2012-2016), dont l'objectif était d'analyser l'influence des allégations de santé sur le comportement des consommateurs. Plusieurs questions étaient posées, relatives au statut actuel des allégations de santé et à l'offre de produits, aux attentes des consommateurs et la façon dont ils reçoivent ces allégations, aux moyens d'inciter ces consommateurs à choisir une alimentation saine et d'encourager l'innovation auprès des industriels de l'agro-alimentaire, et enfin à la façon de communiquer.

Différentes publications en ont été tirées, dont une sur des travaux de 2013 réalisée en Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Slovénie et Royaume-Uni, comparant la qualité nutritionnelle des aliments porteurs d'allégations avec celle des autres. 2 034 aliments ont été échantillonnés au hasard, à partir de trois types de magasins d'alimentation (supermarché, magasin de quartier et discounter). Cette étude a mis en évidence un profil nutritionnel légèrement plus favorable pour les produits avec allégation, qui représentaient 26 % des produits analysés. Le comportement d'achat des consommateurs a été étudié via une étude d'eye tracking, procédé permettant de déterminer ce qui attire l’œil de l'acheteur en termes d’allégation de santé : cela a démontré l'importance d'un message simple et clair.

Des enquêtes ont également été menées (dont une au Danemark auprès de 2500 consommateurs), sur l'achat de produits comportant le logo Keyhole, qui identifie le produit le plus sain dans 13 catégories d'aliments. Les consommateurs les plus enclins à acheter les produits Keyhole sont ceux qui avaient déjà une alimentation saine.

Symbole Keyhole

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Une autre étude, aux Pays-Bas, portant sur l'impact des images pour retenir l'attention des consommateurs sur une allégation de santé, dans un rayon, a révélé que cette image est d'autant plus influente que la recherche d'aliment vise un objectif spécifique (aliment bénéfique pour les os par exemple).

Lors du débat de conclusion de la conférence finale, Dirk Jacobs, représentant de l'association industrielle FoodDrinkEurope, a souligné le besoin d'améliorer les indicateurs sanitaires et nutritionnels des aliments, et déploré une certaine difficulté de communication via les étiquettes qui se doivent d'être simples et de ne pas induire en erreur les consommateurs.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : EUFIC

14:49 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : allégations nutritionnelles et de santé |  Imprimer | | | | |  Facebook

Interventions brésiliennes en Afrique : différentes interprétations de l'agriculture familiale au regard du programme MFI (More Food International)

Dans le cadre de sa coopération agricole avec l'Afrique, le Brésil met en avant son expérience de développement de l'agriculture familiale et la proximité des problématiques brésiliennes et africaines sur ce point. Un article de la revue World Development analyse comment évoluent les concepts et les politiques d'appui et de transfert entre le Brésil et trois pays (Ghana, Mozambique et Zimbabwe). Les auteurs retracent d'abord l'historique, présentent les acteurs en présence et explicitent les différentes interprétations du concept d'agriculture familiale au Brésil. Ils s'intéressent ensuite à l’utilisation de ce concept dans le cadre du More Food Program, programme d'appui à l'agriculture familiale au Brésil, puis à la traduction de ce même programme dans la politique extérieure brésilienne, avec le More Food International (MFI). Faisant une analyse de contenu des documentations existantes, et réalisant des enquêtes auprès des principaux acteurs, les auteurs mettent en lumière les concepts et jeux d'acteurs qui sous-tendent ces politiques au Brésil, ainsi que leurs ré-interprétations en Afrique.

Ils montrent que la pluralité des interprétations de l'agriculture familiale est le reflet de visions contrastées du développement agricole issues de l'histoire, de la géographie et des luttes de pouvoir au Brésil, et comment cette pluralité se traduit dans la mise en œuvre du programme MFI. En fonction de leurs origines (ministère du Développement Agraire, ministère des Affaires Étrangères, secteur industriel, mouvements agricoles et paysans, etc.), les acteurs brésiliens du MFI mettent en avant tantôt les opportunités commerciales, la modernisation agricole (technique) ou plutôt des revendications politiques (agriculture familiale par opposition à agro-industrie, agro-écologie, etc.).

L'étude souligne également que les idées et politiques associées au concept d'agriculture familiale, au Brésil, ne résistent pas à leur transfert dans d'autres pays. Le concept lui-même, au cœur du MFI, a été évacué par les acteurs (en particulier gouvernementaux) des trois pays étudiés (exception faite de certains mouvements sociaux au Mozambique). La partie « crédit et achat de matériels agricoles brésiliens » du programme MFI, déjà majoritaire dans la mise en œuvre par les Brésiliens eux-mêmes, est ainsi la seule retenue et connue dans les pays destinataires.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : World Development

14:48 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement | Lien permanent | Tags : brésil, afrique, agriculture familiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/09/2016

Quels impacts des politiques européennes sur la terre ?

L’Agence européenne pour l’environnement a publié, avant l'été, un rapport sur les impacts directs et indirects des politiques européennes sur la terre, dans lequel elle propose une méthode pour l’évaluation de ces impacts. Elle l'expérimente ensuite sur deux études de cas en Pologne et en Espagne. Cette étude intervient dans un contexte où l'Union européenne (UE) a, dans le cadre de son septième programme d'action pour l'environnement, un objectif de préservation des sols (réduction de leur érosion, augmentation de leur matière organique, limitation de l'étalement urbain).

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L'évaluation d'impacts directs ou indirects s'appuie sur une méthode qui prend en compte la « chaîne » des politiques européennes : développement régional ; cohésion économique, sociale et territoriale ; politique agricole et développement rural à l'échelle des États membres. Les auteurs signalent que cet exercice d'évaluation a été complexifié par l'évolution des politiques au cours de la période analysée. Le rapport n'a in fine pas pu aboutir à des résultats quantitatifs globaux pour l'UE, tant les impacts sur les terres dépendent du contexte national, régional et local de la mise en œuvre des programmes européens.

L'étude de cas sur la Pologne en est une excellente illustration. Les évaluateurs y ont analysé les impacts de la politique de cohésion de l'UE sur les terres, en se concentrant sur les dépenses liées aux infrastructures de transport. La Pologne a en effet été le plus grand bénéficiaire dans le domaine de la cohésion économique, sociale et territoriale depuis 2007. Les politiques européennes y ont joué un rôle majeur dans l'élaboration des schémas d'aménagement du territoire, avec notamment la construction de nouvelles routes. Cependant, l'absence de législation foncière nationale a constitué un obstacle majeur à la promotion de politiques durables d'aménagement du territoire protégeant à long terme les terres. La politique européenne de cohésion a également accentué l'imperméabilisation des sols et contribué à l'étalement urbain. Il convient toutefois de souligner que de tels effets antagonistes sont caractéristiques de la construction d'infrastructures routières, quelle que soit leur source de financement.

Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : Agence européenne de l'environnement

14:46 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : foncier |  Imprimer | | | | |  Facebook

Des modèles de prédiction des maladies zoonotiques des mammifères

Pouvoir anticiper les maladies zoonotiques est un défi scientifique prioritaire, c'est pourquoi une équipe de chercheurs américains (University of Georgia et Cary Institute of Ecosytem Studies) a entrepris une étude sur le lien épidémiologique entre les maladies infectieuses humaines et la présence de certains mammifères. Un article publié en juin dernier dans la revue Trends in Parasitology présente de premiers résultats, issus en particulier de revues de littérature et de comparaisons de données existantes sur les espèces mammifères hôtes.

Cet article propose en particulier une carte présentant la répartition géographique de différents types de mammifères reconnus comme porteurs d'un ou plusieurs agents zoonotiques. Cette carte comporte des données sur 27 ordres de mammifères terrestres, parmi lesquels les chauves-souris, les camélidés, le bétail dont les produits sont destinés à la consommation humaine et plus de 2 000 espèces de rongeurs. Elle permet d'identifier des zones avec une plus ou moins grande diversité d'hôtes.

Les points sensibles à l'échelon mondial des zoonoses groupées par type de mammifères

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Source : Trends in Parasitology

Les chercheurs estiment que ce type de modèle est encore sous-étudié et que des éléments complémentaires pourront être avancés pour permettre une certaine anticipation des maladies.

Il apparaît déjà, selon Barbara Han, premier auteure de l'article, que les points les plus denses au niveau zoonotique ne se superposent pas forcément aux zones les plus riches au niveau de la biodiversité. Elle précise que bien qu'il y ait une plus grande biodiversité dans les zones tropicales, avec abondance de pathogènes et parasites zoonotiques, plus de zoonoses ont été constatées dans les zones tempérées où elles peuvent atteindre de plus nombreuses espèces. Enfin, bien que les mammifères comportent dix fois moins d'espèces que les rongeurs, ils sont à l'origine d'autant de zoonoses. Selon l'étude, la moitié des 287 espèces de mammifères peut être porteuse de germes zoonotiques. Le suivi régulier de la distribution mondiale des mammifères est de ce fait un enjeu dont dépendra la capacité de prévoir où émergera la prochaine zoonose.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Trends in Parasitology

14:44 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : zoonoses |  Imprimer | | | | |  Facebook

Expositions des travailleurs agricoles aux pesticides : comment mieux les connaître et en réduire les risques ?

Dans un rapport de juillet 2016 intitulé Expositions professionnelles aux pesticides en agriculture, l'Anses fait le constat d'un déficit de données en matière d'exposition des agriculteurs aux pesticides. Elle y souligne un manque d'accessibilité, une absence de centralisation et une exploitation insuffisante de ces informations, perçus comme autant de freins à une bonne prise en compte des enjeux de santé au travail. Ce rapport dense est composé d'un volume central et de six volumes thématiques (dont un recueil consacré à l'homologation des pesticides). Précisons ici que sont dénommés « pesticides » les produits phytopharmaceutiques, les biocides et certains médicaments vétérinaires.

Devant les résultats de nombreuses études épidémiologiques établissant un lien entre diverses pathologies chroniques et l'exposition professionnelle aux pesticides (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), l'Anses s'est autosaisie en juillet 2011 d'une expertise collective afin d'identifier et évaluer ce type d'exposition qui, en 2010, concernait en France plus d'un million de personnes « ayant une activité régulière en agriculture » et plusieurs centaines de milliers de travailleurs saisonniers. Un groupe de travail pluridisciplinaire a procédé à un inventaire des données disponibles, à partir de différentes sources (littérature scientifique, dispositifs de surveillance médicale) et à une analyse des déterminants de ces expositions, avec deux études de cas typiques d'exposition indirecte (élevage ovin et arboriculture).

À partir des constats de ce groupe d'experts, l'Agence a émis des recommandations dont, en premier lieu, la diminution du recours aux pesticides avec l'objectif de limiter au maximum les risques pour la santé des travailleurs agricoles. Elle recommande aussi une harmonisation des méthodes d'évaluation a priori des risques liés aux expositions dans les procédures européennes d'autorisation de mise sur le marché des produits, ainsi qu'une meilleure connaissance des expositions en conditions réelles d'utilisation par les travailleurs agricoles. L'Anses préconise également une amélioration des mesures préventives, la poursuite des travaux relatifs à l'efficacité des équipements individuels de protection, et le renforcement des actions de conseil et de formation des utilisateurs.

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : Anses

14:42 Publié dans Santé et risques sanitaires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : pesticides, anses, travailleurs agricoles |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/09/2016

La forêt salvatrice, Guillaume Decocq, Bernard Kalaora, Chloé Vlassopoulos,

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Au XIXe siècle, suite à de graves inondations, en particulier dans les Alpes, le reboisement des montagnes est devenu un objet important de débats publics, d'avancées législatives (1860, 1864, 1882) et de plans d'actions. Autour de la forêt se sont constituées, précocement, une culture du risque et une pensée pré-écologique, inspiratrices des discours actuels sur les services environnementaux, la régulation des écosystèmes et la restauration des milieux. Aujourd'hui, à l'ère du réchauffement climatique et de la mondialisation, les massifs forestiers sont surtout vus comme des puits de carbone et des réservoirs de biodiversité. C'est cette histoire de la "forêt salvatrice" que retrace ce bon livre, très documenté, écrit par trois enseignants de l'université de Picardie.

Loin d'une simple description chronologique des événements, les auteurs s'intéressent à l'évolution des représentations mentales, aux conditions d'émergence des discours et aux stratégies d'acteurs. Les pages les plus intéressantes présentent les arguments (souvent catastrophistes), développés dès 1820-1830 par les forestiers, les scientifiques et les fonctionnaires, contre le déboisement agricole et en faveur d'un reboisement d'ensemble. Tous cherchent à convaincre l'opinion publique du rôle bénéfique de la forêt, tant d'un point de vue environnemental que social, sanitaire, économique, et même politique. Plusieurs mutations accompagnent et rendent possibles ces prises de parole : développement d'une science sylvicole systémique, renforcement de l'administration forestière, sensibilisation à la protection du patrimoine naturel, essor d'une conception intégrée de l'aménagement du territoire (eaux-routes-montagnes-forêts-chemins de fer), remplacement des droits coutumiers paysans par une politique d’État qui restreint les coupes et interdit le pacage au nom de l'intérêt général.

Très stimulantes aussi sont les pages où la validité de ces discours anciens est testée au regard des sciences d'aujourd'hui. Cette lecture rétrospective montre qu'au-delà de certains phénomènes tout à fait bien compris à l'époque, les "croisés du reboisement" ont aussi fondé leurs conclusions, et leurs espérances, sur des erreurs (penser qu'une forêt n'est qu'une somme d'arbres) ou des méconnaissances : non prise en compte du temps long et ignorance du fait que le minimum forestier français de 1850 est plus lié à la fin du petit âge glaciaire qu'aux paysans défricheurs...

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : éditions Champ Vallon

 

14:38 | Lien permanent |  Imprimer | | | | |  Facebook

Des insectes au menu ? Vincent Albouy, Jean-Michel Chardigny

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Les sujets à la mode, qui plus est lorsqu'ils engagent l'avenir, engendrent beaucoup de discours superficiels qui ne réduisent ni le nombre des malentendus ni celui des malentendants. L'entomophagie en est un bel exemple. Certains prophétisent, avec conviction mais sans preuve, un futur radieux pour ces pratiques alimentaires venues d'ailleurs. D'autres, prisonniers des traditions sociales et de leur dégoût personnel, refusent d'imaginer des grillons dans leur assiette. Entre ces préjugés contraires, qui intimident l'intelligence, il y a heureusement une place pour des analyses équilibrées. C'est ce qui fait l'intérêt de ce livre, associant un entomologiste et un nutritionniste. Tout en restant facile d'accès, il dresse un bon tableau des défis, problèmes et solutions liés à la consommation d'insectes.

Si cette consommation est bien ancrée en Amérique latine, Afrique, Asie et Océanie, elle y est partout en perte vitesse, du fait de l'urbanisation et des aspirations à la modernité. En Europe, au contraire, cette habitude attestée pendant l'Antiquité s'est perdue depuis longtemps, et elle ne réémerge qu'aujourd'hui, à la faveur de plusieurs tendances : diététisation de l'alimentation, souci du développement durable, recherche d'exotisme culinaire, etc.

Chez nous, les préventions culturelles et les répulsions inconscientes seront les barrières les plus difficiles à franchir par l'entomophagie. Il apparaît aussi que le passage à des élevages industriels, rentables économiquement, nécessitera de bien maîtriser divers paramètres : choix d'espèces à croissance rapide, à taux élevé de fécondité, mangeant une nourriture bon marché, ayant un taux de conversion élevé, ne réclamant pas trop de manipulations humaines, peu sujets aux maladies, faciles à tuer et à transformer, à stériliser et à conserver, et adaptés aux souhaits des consommateurs. D'autres pages intéressantes traitent des réglementations actuelles et de leurs nécessaires évolutions. Quant au dernier chapitre, résolument prospectif, il imagine comment nous pourrions manger les insectes en 2050 : plats préparés, restauration hors foyer, cuisine à domicile, recettes à succès, etc. Selon une hypothèse basse, l'avenir de la filière sera confiné à l'alimentation animale et on servira des insectes surtout comme amuse-gueules à l'apéritif. Selon une hypothèse haute, en revanche, c'est toute la consommation humaine qui sera impactée, au point d'avoir une évolution structurelle du régime alimentaire.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Quae

14:36 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : insectes, entomophagie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Développement durable et filières tropicales, Estelle Biénabe, Alain Rival, Denis Loeillet (éditeurs)

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Accroissement et diversification de la demande alimentaire, intensification écologique de l'agriculture, prise en compte du changement climatique constituent autant d'enjeux majeurs auxquels sont confrontées les productions et filières agricoles. Dans cet ouvrage, le Cirad et l'AFD proposent de traiter la problématique du développement durable sous l'angle des filières agricoles tropicales en les appréhendant comme i) vecteurs de développement, ii) espaces d'innovation, iii) objets d'évaluation et iv) cadres de régulation.

Dans la première partie, la filière est vue comme un vecteur de développement à différentes échelles, des acteurs individuels aux actions collectives, des territoires aux politiques publiques. Une mise en perspective historique du concept de « filière », dans les pays du Sud, montre qu'elle représente un type particulier de développement, prenant peu en compte la durabilité environnementale et sociale. Les filières sont ensuite envisagées comme des espaces d'innovation pour le développement durable : se fondant sur l'expérience du Cirad, la deuxième partie traite des évolutions des thématiques et des dispositifs de recherche pour l'innovation. La troisième aborde la transition énergétique et la place croissante de la bioénergie. Les filières sont vues comme objets d'évaluation dans la quatrième partie, avec un accent particulier mis sur les méthodes d'analyses du cycle de vie (ACV). Enfin, la dernière partie les aborde comme cadres de régulation. Elle discute ainsi les intérêts et limites des nouvelles formes de gouvernance privée et publique : stratégies de responsabilité sociale et environnementale (RSE) des filières agro-industrielles, paiements pour services environnementaux (PSE) ou démarches volontaires environnementales des industries.

La conclusion de l'ouvrage insiste sur la nécessité de dépasser les découpages sectoriels en filières spécialisées, pour un développement plus durable, en y ajoutant une dimension territoriale. De nouvelles perspectives de recherche sont évoquées, telles l'enrichissement des ACV par des données sociales et territoriales ou l'approche de la durabilité des systèmes alimentaires à plusieurs échelles.

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Lien : Quae

14:35 Publié dans Filières agricoles | Lien permanent | Tags : développement durable, filières tropicales |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le Teagasc (Irlande)

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Créé en 1988, le Teagasc est l’établissement national chargé de la recherche, du conseil et de la formation professionnelle agricole en République d’Irlande. Son budget est de 185 millions d’euros par an, pour un effectif de 1 200 employés. Dans le cadre d’un mandat fixé par le département de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Marine, ses centres de recherche (7) et de formation (7), et ses bureaux de conseil (50), fournissent des services d’intérêt général, mais aussi des prestations commerciales (diagnostics d’exploitation, animation de groupes d’agriculteurs, etc.).

Implantations du Teasgasc

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Source : Teagasc

Au niveau central, un comité d’orientation désigné par le ministre représente les organisations d’agriculteurs, les IAA et la recherche universitaire. Une cellule de prospective stratégique est rattachée au directeur.

Celle-ci a récemment piloté le Teagasc Technology Foresight Project 2035, une vaste prospective reposant sur des méthodes éprouvées (réunions de groupes experts, élaboration de fiches et de scénarios, etc.) et visant à dégager « les nouveaux domaines technologiques dans lesquels l’Irlande doit investir ». Quatre domaines ont été passés en revue : la génomique et ses applications en matière de sélection animale et végétale ; la connaissance des microbiotes (animaux, humains et du sol) ; les technologies de l’information, avec notamment l’agriculture de précision et l’automatisation sur l’exploitation ; les transformations des chaînes de valeur alimentaires, tirées par le big data. Une conclusion du projet est que « l’industrie agro-alimentaire est sur le point de connaître une révolution dans l’application de puissantes nouvelles technologies ». Des vidéos de présentation des principaux résultats sont disponibles en ligne.

L’originalité de l’exercice tient à la gouvernance mise en place pour prolonger le rapport. Ainsi, une Foresight Implementation Team est chargée d’élaborer « une feuille de route vers 2035 » et d’identifier les actions à mener pour tirer les meilleurs bénéfices possibles du déploiement de ces nouvelles technologies.

Notons enfin que le Teagasc Foresight Project 2035 s’inscrit dans une vague de projets similaires, dans différents États membres, aiguillonnés par l’Union européenne (voir la prospective du SCAR évoquée dans un précédent billet sur ce blog) et par la déclinaison de « stratégies nationales » en matière de bioéconomie. Signalons ainsi, en France, la tenue le 4 octobre d’un séminaire de restitution d’une prospective de l’ACTA et du GIS-Relance agronomique sur l’avenir de notre système de R&D à l’horizon 2025.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Lien : Teagasc

14:31 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : portrait, teagasc |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/09/2016

Le Brexit rebat les cartes des positions européennes en matière de politique forestière et environnementale

Alors que le Royaume-Uni est un l'un des États membres ayant l'une des plus petites couvertures forestières, et que le bois y est majoritairement importé, sa sortie de l'Union européenne pourrait modifier sensiblement les équilibres de négociation, tant en interne qu'au plan international. C'est le résultat de l'analyse publiée en juin par des chercheurs de l'European Forest Institute.

S'appuyant sur des entretiens auprès d'un échantillon d'experts européens, ils mettent en évidence le rôle du Royaume-Uni, à la fois en tant qu'importateur de bois tropicaux, mais également soucieux de la gestion durable forestière dans les pays du Sud. Alors que ce pays est plutôt un observateur perspicace dans les débats sur une éventuelle politique forestière au plan européen, il a été l'un des promoteurs des règlements de lutte contre l'exploitation illégale des forêts (FLEGT).

Source : Forest Policy and Economics

13:56 Publié dans 4. Politiques publiques, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : brexit, politique forestière |  Imprimer | | | | |  Facebook

Aux origines génétiques de l'obésité

Dans un article du dernier numéro de Pour la science, Richard Johnson (professeur de médecine à l'université du Colorado) et Peter Andrews (professeur d'anthropologie à l'University College de Londres), croisent leurs approches scientifiques pour mieux reposer la question, pendante, du lien entre génétique et obésité. En 1962, James Neel avait émis l'hypothèse de l'existence d'un "gène d'épargne", favorisant le stockage de graisse, et qui aurait permis aux hominidés de résister à des disettes sévères. Souvent discutée, mais jamais démontrée, cette conjecture a été réexaminée par Johnson et Andrews, à l'aune de recherches récentes, et ils pensent l'avoir enfin confirmée. Leurs travaux montrent qu'une alimentation riche en fructose actionne le déclencheur d'engraissement et l'absence d'uricase fonctionnelle, chez les grands singes et les humains, conduit à des niveaux élevés d'acide urique, qui amplifie à sont tour l'effet du fructose et la production d'acides gras. Il s'ensuit que le gène muté codant une uricase non fonctionnelle serait le "gène d'épargne" de Neel. Seule une série d'essais menés chez l'homme pourrait prouver cette théorie. Si tel était le cas, la prévention de l'obésité, du diabète et des maladies cardio-vasculaires nécessiterait avant tout d'abaisser les taux élevés d'acide urique, de cholestérol et de triglycérides.

Source : Pour la science

13:55 Publié dans Enseignement et recherche, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : obésité, génétique, anthropologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

Agroforesterie : vers une amélioration des inventaires ?

Une étude publiée dans Scientific Reports se penche sur la contribution de l'agroforesterie à la séquestration de carbone, plus précisément via le carbone stocké par les arbres. Cette étude propose également une analyse de l'évolution des systèmes agroforestiers.

Ainsi, en 2010 et au niveau mondial, 43 % des terres agricoles ont un couvert arboricole d'au moins 10 %, soit une augmentation d'environ 2 % en dix ans. En termes d'atténuation, les auteurs choisissent d'appliquer un taux de séquestration de 5 tonnes de carbone par hectare pour les sols agricoles en l'absence d'arbres, et d'augmenter linéairement ce taux en fonction de leur couverture arboricole. Ils calculent alors la quantité de carbone séquestré : elle serait de l'ordre de 43,5 MtC, avec une contribution des arbres pour plus de 75 %.

Rappelons que si l'agroforesterie contribue à la séquestration de carbone, elle est également reconnue comme stratégie d'adaptation face au changement climatique (voir à ce sujet une Analyse du CEP).

Source : Scientific Reports

13:53 Publié dans Climat | Lien permanent | Tags : agroforesterie, atténuation |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/09/2016

Huile de palme : quelle surface cultivable et sous quelles contraintes ?

Des chercheurs de l'IIASA ont estimé la surface sur laquelle la culture de palmiers à huile serait susceptible de s'étendre. Pour ce faire, ils ont en premier lieu quantifié le nombre d'hectares ayant des conditions propices à cette culture (climat, sols, topographie essentiellement), soit de l'ordre de 1,37 milliard concentrés dans 12 pays tropicaux. À cette première étape, ils ont ajouté trois contraintes :

- l'exclusion des zones protégées, soit une diminution de 30 % de la surface potentiellement mobilisable ;

- l'exclusion des terres déjà mobilisées pour d'autres productions (alimentation humaine ou animale, bois), réduisant de moitié (avec la précédente contrainte) la surface initialement estimée ;

- le retranchement des terres à valeur élevée en termes de biodiversité et de stockage de carbone, y compris les forêts, diminuant au final l'aire calculée en étape 1 de deux tiers.

Tous paramètres combinés, seuls 17 %, soit 234 millions d'hectares, seraient exploitables, bien loin des 17 millions d'hectares consacrés à la production d'huile de palme d'après une estimation de 2012. Cependant, les auteurs soulignent que les terres restantes sont difficiles d'accès (évaluation du temps de trajet) et que leur étude ne prend pas en compte la demande croissante pour des cultures concurrentes sur ces sols.

Régions aux conditions climatiques propices à la culture de palmiers à huile

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Source : Global Environmental Change

Source : Global Environmental Change

13:51 Publié dans Développement, Production et marchés | Lien permanent | Tags : huile de palme |  Imprimer | | | | |  Facebook

La protection de la nature doit-elle être économiquement fondée ?

Dans les débats actuels sur l'importance des politiques publiques en matière de conservation des écosystèmes, cet essai de R. David Simson (US Environmental Protection Agency), publié en juin par le Property and Environment Research Center, vient alimenter la controverse de manière stimulante : comment affirmer que les services écosystémiques ont tant de valeur, puisque les recherches publiques peinent à l'évaluer ? Les services rendus par la nature sont-ils tous des biens publics ? Si c'est leur rareté qui fait leur valeur, alors comment justifier l'intérêt économique de préserver en abondance certains biens ?

Deux stratégies de conservation s'opposent : l'option « trames vertes et bleues », avec une dissémination de zones préservées au sein du territoire, ou l'option « réserves », plus étendues mais également repoussées en-dehors des zones les plus peuplées. Quoi qu'il en soit, selon l'auteur, l'argument économique n'est pas aujourd'hui le plus pertinent pour justifier l'intervention publique.

Source : PERC

13:49 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : écosystèmes, conservation |  Imprimer | | | | |  Facebook