07/12/2020
Selon des chercheurs, 20 % de la surface des paysages anthropisés devraient héberger des habitats semi-naturels
La Convention sur la diversité biologique visait, en 1992, à conserver 17 % de la surface terrestre par des aires protégées avant 2020. Cependant, aucune cible de conservation n'était définie pour les paysages abritant des activités de production comme l'agriculture. Dans un article publié dans la revue Conservation Letters, des chercheurs ont observé que seuls 31 des 82 pays qu'ils ont étudiés imposaient des critères minimaux de conservation dans ces paysages. Selon eux, la part d'habitats semi-naturels devrait y atteindre au moins 20 %.
Source : Conservation Letters
08:56 Publié dans Agronomie, Environnement | Lien permanent | Tags : paysages, conservation, biodiversité | Imprimer | |
14/10/2020
Conjuguer conservation, intensification écologique et consommation durable pour enrayer le déclin de la biodiversité d'ici 2050
Le World Wide Fund for Nature (WWF) a fait paraître en septembre une nouvelle version de son rapport « Planète Vivante » qui, tous les deux ans, compile des informations publiées et des analyses inédites sur le déclin mondial de la biodiversité. Après un état des lieux sont exposés les menaces principales identifiées, leurs possibles impacts sur les sociétés, et les effets potentiels de différentes politiques publiques visant à réduire la dégradation des terres et des habitats.
Pour suivre l'évolution des espèces, les auteurs ont mis à jour l'Indice Planète Vivante (IPV), relatif à l'abondance de près de 21 000 populations de mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens, représentant plus de 4 300 espèces. Cet indicateur, égal à la moyenne des pourcentages de variation des populations entre 1970 et 2016, a diminué de 68 % au niveau mondial (voir figure ci-dessous). Il existe cependant de fortes différences entre les régions, cette baisse allant de 24 % en Eurasie à 94 % en Amérique du Sud. Cette perte de biodiversité a cinq grandes causes : les changements d'usage des terres et la dégradation des habitats (43 à 58 % des menaces identifiées selon les régions), la surexploitation de certaines ressources (18 à 36 %), la propagation des espèces invasives (11 à 14 %), la pollution (2 à 11 %) et le changement climatique (4 à 12,5 %).
Évolution de l'indice planète vivante entre 1970 et 2016
Source : WWF
Les auteurs s'appuient également sur les travaux d'un groupe international d'experts, publiés dans Nature en septembre, évaluant l'impact sur la biodiversité de six scénarios de politiques publiques (figure ci-dessous). Leurs résultats soulignent l'importance des mesures de conservation (augmentation de la surface des aires protégées, amélioration de leur gestion, planification accrue de la restauration et de la conservation) qui permettraient, à elles seules, de réduire les dommages à la biodiversité d'environ 58 % par rapport au scénario de référence. Toutefois, elles ne sont pas suffisantes dans certaines régions riches en biodiversité. Le scénario intégré, combinant politiques de conservation, réduction du gaspillage, changement de régime alimentaire, intensification durable de la production et augmentation des échanges, fournirait les résultats les plus prometteurs, avec une réduction des dommages d'environ 90 % par rapport au scénario de référence, d'ici à 2100.
Impacts estimés de différents scénarios de politiques publiques visant à renverser les tendances à la perte de biodiversité provenant de la dégradation des terres et des habitats
Source : WWF d'après Nature
Lecture : AIM, GLOBIOM, IMAGE et MAgPIE sont les différents modèles d'évaluation intégrés utilisés pour évaluer l'impact des scénarios.
Estelle Midler, Centre d'études et de prospective
11:00 Publié dans 4. Politiques publiques, Environnement | Lien permanent | Tags : wwf, biodiversité, conservation | Imprimer | |
05/07/2018
La conservation des aliments, révélatrice de nos choix de société et de nos systèmes de valeurs
Le n°69 de Techniques & Culture, revue semestrielle d'anthropologie des techniques, est consacré au thème du « temps des aliments ». Cette publication avait précédemment exploré le champ de l'alimentation en 1999, dans un double numéro (31-32) consacré à la dynamique des pratiques alimentaires. Ce numéro de 2018 réunit une vingtaine de contributions, dans une perspective interdisciplinaire : ethnologie, anthropologie, histoire et archéologie principalement. Si trois grands temps de l'aliment sont identifiés (production, conservation et consommation), les auteurs explorent surtout la conservation, de loin la moins connue. Moyen de préserver durablement la denrée alimentaire et ses propriétés (sanitaires, nutritionnelles, organoleptiques) en se jouant, dans une certaine mesure, des effets du temps et de l'espace, elle témoigne de la manière dont les rapports sociaux s'organisent, soumis à diverses contraintes et jeux de pouvoir.
Dans une première partie (« Bonifier. Capitaliser »), des articles s'intéressent aux logiques de capitalisation, d'accumulation et de bonification qui, par la conservation, permettent la valorisation des produits. Par exemple, dans une approche anthropologique, I. Bianquis et I. Borissova montrent, à travers l'étude de la consommation de produits laitiers, de viandes et de poissons crus congelés en Yakoutie (Nord-Est de la Sibérie), que ce mode de conservation spécifique confère une plus-value à la fois économique et sociale, en transformant le goût et donc la valeur de l'aliment.
Dans la seconde partie (« Faire circuler. Partager »), les articles sont consacrés aux logiques de circulation, de partage et d'échange. Ainsi, par une étude historique allant du XIIIe au XVIIIe siècle, S. Robert montre comment, à partir de soubassements politiques et religieux, la valorisation de la consommation de poisson frais a conduit à l'établissement d'un réseau commercial de chasse-marée (transporteurs spécialisés dans l'acheminement de poissons), depuis des ports de pêche du nord de la France vers Paris. La conservation se retrouve cependant contrôlée, normée et encadrée par la ville de Paris, qui établit des dates limites de vente, pour garantir la sécurité sanitaire de ce produit périssable.
Carte des routes les plus probablement utilisées par les chasse-marée
Source : Techniques & Culture
D'hier à aujourd'hui, il apparaît donc que la conservation des aliments structure à la fois les espaces et les temporalités alimentaires, et est au cœur d'enjeux économiques, politiques ou symboliques.
Arnaud Lamy, Centre d'études et de prospective
Source : Techniques & Culture
09:55 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : conservation, aliments, temps, ethnologie, anthropologie, archéologie, histoire | Imprimer | |
07/09/2016
La protection de la nature doit-elle être économiquement fondée ?
Dans les débats actuels sur l'importance des politiques publiques en matière de conservation des écosystèmes, cet essai de R. David Simson (US Environmental Protection Agency), publié en juin par le Property and Environment Research Center, vient alimenter la controverse de manière stimulante : comment affirmer que les services écosystémiques ont tant de valeur, puisque les recherches publiques peinent à l'évaluer ? Les services rendus par la nature sont-ils tous des biens publics ? Si c'est leur rareté qui fait leur valeur, alors comment justifier l'intérêt économique de préserver en abondance certains biens ?
Deux stratégies de conservation s'opposent : l'option « trames vertes et bleues », avec une dissémination de zones préservées au sein du territoire, ou l'option « réserves », plus étendues mais également repoussées en-dehors des zones les plus peuplées. Quoi qu'il en soit, selon l'auteur, l'argument économique n'est pas aujourd'hui le plus pertinent pour justifier l'intervention publique.
Source : PERC
13:49 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : écosystèmes, conservation | Imprimer | |