10/05/2019
Le point sur les services écosystémiques de l'agriculture et de la forêt françaises
Pilotée par le ministère de la Transition Écologique et Solidaire, la plate-forme EFESE (Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques) regroupe des travaux d'évaluation approfondis sur différents types d'écosystèmes français et leurs services. Elle a publié en avril les messages clés issus de la première phase de son programme (2012-2018), portant sur les milieux agricoles, forestiers, urbains, montagneux, aquatiques et marins.
Pour ce qui est des écosystèmes agricoles, qui couvrent 54 % du territoire métropolitain (surface agricole utilisée), l'évaluation montre qu'ils sont porteurs d’une biodiversité riche. Son amplitude et son abondance diminuent toutefois du fait des pratiques agricoles (dont l’usage des produits phytosanitaires), de la simplification des structures paysagères et notamment des réductions des prairies (semi-)permanentes, de la végétation ligneuse et des zones humides. Ces dernières entraînent de façon synergique et avérée la disparition de populations d'oiseaux, de chauves-souris, d'insectes et de la faune des sols, en particulier en grandes cultures. De plus, la teneur moyenne en carbone organique des sols de ces milieux et leur activité biologique ont diminué dans plusieurs régions.
La forêt française couvre, quant à elle, le tiers du territoire métropolitain, avec des tendances plus positives, tant du point de vue de la richesse locale en espèces d’arbres que de diverses caractéristiques reconnues comme importantes pour la biodiversité. Après une phase d’érosion, à la fin des années 1980, l’abondance des oiseaux communs forestiers s’est ainsi stabilisée. Toutefois, de nombreuses espèces de plantes, d'oiseaux et de mammifères de milieux forestiers sont toujours considérées comme menacées. De plus, les forêts métropolitaines ont été fragilisées par les tempêtes et sécheresses des deux dernières décennies, dans un contexte d’augmentation des risques liés, entre autres, au changement climatique.
EFESE fait aussi le compte des services, marchands ou non (largement majoritaires), rendus par ces différents écosystèmes aux agriculteurs et à la société française. À titre d'exemple, les exploitants bénéficient des services de régulation des ravageurs, des maladies et des adventices, de la structuration du sol et de la pollinisation fournis par les écosystèmes agricoles.
Vanina Forget, Centre d'études et de prospective
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10/02/2017
Rapport intermédiaire de l’Évaluation Française des Écosystèmes et des Services Écosystémiques (EFESE) : de l'évaluation à l'action
Publié début janvier, le rapport intermédiaire de l'EFESE présente un état des lieux au 31 décembre 2016 des réflexions en cours sur les écosystèmes français et leurs enjeux. Programme engagé en 2012 par le ministère de l'Environnement, cette évaluation cherche à dresser un état des écosystèmes terrestres et marins et de leurs évolutions, en France hexagonale et ultra-marine, et à estimer la valeur des services qu’ils produisent en termes de bien-être individuel et collectif. Elle vise aussi à identifier des pistes d’action pour réduire les pressions exercées sur les écosystèmes.
Ont ainsi été étudiés six grands types d’écosystèmes : forestiers, agricoles, urbains, zones humides, milieux marins, et roches d’altitude et haute montagne. Une partie importante des écosystèmes serait dégradée puisque seuls 22 % des habitats et 28 % des espèces d'intérêt européen apparaissent en bon état de conservation (voir figure ci-dessous).
État de conservation des espèces et habitats remarquables sélectionnés par grands types d'écosystème
Source : CGDD
En termes de valeur, pour les agro-écosystèmes (intersection d’un système écologique et d’un système socio-économique, à l’échelle de l'exploitation), le rapport mentionne la forte valeur marchande de la production agricole française (74,3 milliards d'euros en 2015, pour une valeur ajoutée estimée à 29,5 milliards d'euros), avec trois productions majeures : vin, céréales et lait. Au-delà des biens emblématiques (bois, produits issus de la mer et de l'agriculture), est soulignée la grande variété de biens aux valeurs méconnues : denrées alimentaires (gibier, champignons), objets décoratifs ou utilitaires (vannerie), plantes à parfum, ou encore ressources biologiques et génétiques, particulièrement concentrées dans les territoires d'outre-mer. Ainsi en est-il des récifs coralliens, abritant certaines éponges à propriété médicinale (La Réunion) ou délimitant des lagons propices à la perliculture (Polynésie française).
Le bilan dressé à ce stade fait ressortir l'hétérogénéité des données disponibles pour l'évaluation des biens et services écosystémiques, des dimensions patrimoniales des écosystèmes et de leurs contraintes. Progresser dans les évaluations des différents services, notamment ceux de grande valeur encore peu caractérisés, afin d'aider les décideurs publics à une reconquête efficace de la biodiversité, est un des messages clefs de ce rapport (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).
Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective
Source : CGDD
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