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17/01/2020

Pratiques innovantes d’agriculteurs et ingénierie des systèmes agro-écologiques

Dans le cadre de sa thèse, publiée récemment sur HAL, C. Salembier (Inra) s'est intéressée à la façon dont les agronomes utilisent les innovations mises au point par les agriculteurs pour appuyer leurs propres travaux de « reconception » des systèmes de culture. Si la « traque d'innovations » émanant du terrain est de plus en plus évoquée, pour trouver des voies de « déverrouillage » du système agroalimentaire, l'auteure montre que sa contribution à l'émergence de nouvelles questions de recherche, à la production de connaissances et à la prescription de façons de produire plus efficaces, demeure encore largement impensée.

Parcourant l'histoire de l'agronomie, elle repère cinq « régimes de conception » : ils sont caractérisés notamment par des sites d'expérimentation privilégiés (ferme, station ou modélisation in silico), des niveaux d'implication des agriculteurs (de simples informateurs pour l'analyse des techniques et des contraintes, à co-concepteurs de solutions avec les chercheurs), et par la nature des contenus prescriptifs générés (principes d'action et règles de décision, outils d'optimisation, etc.). Pour approfondir le régime – en cours d'émergence selon l'auteure – de « co-conception » avec les exploitants, elle retient 12 initiatives en France qu'elle décrit (voir figure ci-dessous). Elle entre ensuite dans le détail de deux cas. Ainsi, à propos de la coopérative d'autoconstruction L'Atelier paysan, elle décortique « la conception simultanée d’un outil et d’un système de culture », avec l'exemple du rouleau Faca Buzuk en systèmes légumiers. Une recherche-action dans le cadre du projet VivLéBio, porté par Agro-Transfert Ressources et Territoires (AGT-RT), lui permet de décrire, au-delà des modalités de gestion des adventices vivaces en agriculture biologique, la méthodologie de la « traque d'innovation ».

Processus reliant étude de pratiques innovantes et conception

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Source : thèse de C. Salembier, p. 96

Le cadre ainsi construit permet de mieux comprendre comment certains agronomes « identifient des espaces inconnus à explorer » (par exemple, les techniques pour lesquelles on ne dispose pas encore de connaissances fiables), et d'expliciter les questions clés à se poser au cours des démarches d'ingénierie agro-écologique.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : HAL

15:34 Publié dans Agriculteurs, Agronomie | Lien permanent | Tags : systèmes de culture, innovation, reconception |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/06/2017

Les assurances récoltes américaines ont-elles un impact sur les systèmes de cultures et l’environnement ?

Dans un article publié dans l'édition d'avril de l’American Journal of Agricultural Economics, des chercheurs américains ont analysé l’impact des assurances récoltes (federal crop insurances) sur l’usage des terres, les systèmes de production et la qualité de l’environnement dans la région de la corn-belt aux États-Unis.

Pour cela, ils ont construit un modèle de prédiction des choix d’allocation des terres entre différents usages (culture, pâturage ou conservation) et cultures (maïs, soja, blé ou fourrages). Ce modèle repose sur l’utilisation de données récoltées à différents niveaux : parcellaire (usage actuel des terres, caractéristiques physico-chimiques), cantonal (rendements, prix des terres, etc.) et régional (prix des locations des terres, coûts de production). La comparaison des estimations obtenues avec ou sans assurance a ensuite permis d’évaluer l’impact de celle-ci sur la conversion des terres non-agricoles et l'orientation des cultures.

Les résultats montrent que les assurances ont un impact faible sur la conversion de terres non-agricoles : les surfaces allouées aux cultures augmentent de 0,06 % avec les assurances, tandis que celles allouées à la conservation et au pâturage diminuent de 0,42 % et 0,28 % respectivement. Toutefois, elles impactent plus fortement les choix de cultures, les surfaces de blé diminuant par exemple de 8,16 % lorsqu’une assurance est disponible.

Ces estimations ont ensuite été combinées à des modèles biophysiques pour déterminer l’effet des assurances sur l’environnement, en particulier sur l’écoulement et le lessivage des nitrates dans le sol, l’érosion des sols par l’eau et le vent, et la séquestration du carbone. Les résultats montrent que les changements de systèmes de cultures générés par les assurances ont un faible (mais négatif) impact sur la qualité de l’environnement. Une augmentation de 4 % de l’érosion éolienne des sols représente l’impact principal. Comme le nuancent les auteurs, ces effets pourraient varier fortement d’une région à une autre. Des travaux de recherche complémentaires, visant à identifier les zones à fort potentiel d’impacts, seraient utiles, afin de concevoir des programmes d’assurance qui soient à la fois plus efficaces économiquement et bénéfiques pour l’environnement.

Estelle Midler, Centre d’études et de prospective

Source : American Journal of Agricultural Economics