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17/03/2015

Les choix des membres de l’UE concernant le premier pilier de la PAC sont connus

Dans une publication de la Commission européenne, reprise par le site CAP2020, les choix des États membres quant à l’application du premier pilier de la nouvelle PAC sont exposés. Tout d’abord, il est à noter que onze pays, dont la France, ont décidé de faire passer une part de leurs fonds du premier pilier vers le second. Si l’Estonie et le Royaume-Uni transfèrent 15 %, les autres n’envisagent que 2 à 7 % de transfert (la France transfère environ 3 %, et non les 7,5 % indiqués par le site CAP2020). À l’inverse, Croates, Hongrois et Polonais transfèrent entre 15 et 25 % du second pilier vers le premier.

En ce qui concerne les prairies permanentes, seuls le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et la Belgique conservent des parts régionales, tandis que seuls quelques pays imposent la conservation de ces prairies en dehors des zones Natura 2000.

Tous les États, à part l’Allemagne, utiliseront les aides couplées en option, ce qui représente une enveloppe globale de près de 4 milliards d’euros. Le pourcentage alloué aux aides couplées varie de 0,2 % pour les Irlandais à 57 % pour les Maltais, onze États ayant choisi près de 15 %, le maximum sans dérogation. La Belgique, la Finlande et le Portugal ont également obtenu des dérogations, et leurs parts respectives s’élèvent à 17, 20 et 21 %. L’essentiel de ces aides couplées seront destinées aux productions animales.

Par ailleurs, cette publication met en avant d’autres éléments d’intérêt :

- seul le Danemark a décidé d’augmenter les aides pour les régions soumises à des contraintes naturelles spécifiques ;

- huit États appliquent le paiement redistributif ;

- les niveaux de plafonnement varient de 150 000 € à 600 000 € pour le Royaume-Uni ;

- l’essentiel des régions et pays, à part l’Angleterre, l’Allemagne et la Corse, visent une convergence partielle, voire totale, des aides découplées entre agriculteurs à l’horizon 2019 ou 2020.

In fine, d’après l’auteur, les choix des États membres font que le potentiel environnemental de cette nouvelle PAC est limité, et l’application du second pilier devra être particulièrement observé.

Alexis Grandjean, Centre d’études et de prospective

Source : CAP2020

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Systèmes de connaissances pour les agriculteurs dans l’UE

Dans sa lettre d’information n°18 de février 2015, le Service Point du Partenariat Européen pour l’Innovation « agriculture productive et durable » présente les résultats d’un inventaire des Systèmes européens de connaissances et d’informations agricoles, qui traite plus particulièrement des services de conseil agricole dans les différents pays de l’Union européenne. Cet inventaire a été réalisé dans le cadre du projet Prospects for Farmers’ Support: Advisory Services in European AKIS (PRO-AKIS). Outre un rapport par pays (rapport sur le système français de conseil rédigé par P. Labarthe - Inra), ce projet a permis la construction d’une base de données et d'une carte à consulter en ligne reprenant les nombreux systèmes de connaissances auxquels participent les agriculteurs européens.

Le rapport de synthèse souligne la diversité des systèmes de conseil en Europe, très liés à l’histoire de chaque pays. Le niveau d’implication de l’État est variable, et, si quatre types d’institutions sont en général présents (le public, le privé, les farm boards organisations (chambres d’agricultures, syndicats, organisations de producteurs) et les ONG), leur importance relative diffère. Les sources de financement sont multiples et associent en général des fonds publics (européens, nationaux ou régionaux) et privés.

Selon le rapport, le public cible des organismes de conseil publics serait plutôt les exploitations moyennes et petites et les jeunes agriculteurs, les organisations privées (à but lucratif ou non lucratif), et les farm board organisations seraient davantage tournées vers l’ensemble des exploitations. De plus, de nouveaux clients pour le conseil sont apparus. Il s’agit des jeunes agriculteurs, des familles, des habitants ruraux, des émigrants, des femmes et des ONG.

Les sujets principaux de conseil sont les productions végétale et animale, la comptabilité, les taxes et les bonnes conditions agronomiques et environnementales. À ces domaines s’ajoutent les problématiques de diversification et de développement rural pour les exploitations de petites taille. Les nouvelles thématiques, à la fois en termes de conseil et de recherche, sont les énergies renouvelables, les OGM, l’agriculture de précision, le biogaz, l’adaptation au changement climatique, la gestion de la ressource en eau, de la biodiversité. Le rapport note également une tendance à la décentralisation et à la fragmentation des systèmes de conseil, notamment en France, en Espagne, en Grèce, au Portugal, en Italie et en Pologne, à la commercialisation et à la privatisation du conseil et à l’augmentation de la concurrence entre producteurs de conseil avec une montée en puissance des ONG et des farm board organisations.

Chaque État membre était obligé d’établir un système de conseil national agricole pour adapter les exploitations aux bonnes conditions agricoles et environnementales (BCAE). Dans la majorité de ces États (23), ce conseil national est coordonné et supervisé par les pouvoirs publics. La plupart des États ont mis en place un système d’accréditation et de certification des conseillers. La mesure 114 « Utilisation des services de conseil agricole » a cofinancé des exploitants dans 20 États membres, seules l’Autriche, la Belgique, la Bulgarie, la Finlande, la France, l’Irlande et la Slovénie ne l’ont pas utilisée. Elle était jugée peu attractive par les agriculteurs étant donné les conditions de financement (petit montant d’aide, cofinancement obligatoire par l’agriculteur, pas de financement de la TVA). La mesure additionnelle 115 pour la mise en place de services de conseil a elle été utilisée dans deux länder allemands, certaines régions en Italie, à Malte, au Portugal et en Espagne.

Anne-Sophie Wepierre, Centre d’études et de prospective

Source : EIP-AGRI

10:24 Publié dans Agriculteurs, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : pei, akis, systèmes de connaissance |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/03/2015

Consultation européenne sur un nouveau régime de dérogation aux règles de la concurrence

« Coopérer pour rivaliser : nouvelles lignes directrices pour les règles de concurrence en agriculture », c’est sous ce mot d’ordre que vient d’être lancée une consultation officielle, rendue publique le 4 mars dernier par la DG Agriculture et la DG Concurrence, afin d’établir les prochaines règles de dérogation aux règles de la concurrence. En application de la dernière réforme de la PAC, elle s’adresse aux secteurs de l’olive, de la viande bovine et des cultures arables, et a pour but de clarifier les règles concurrentielles au niveau communautaire et pour chaque autorité nationale. La consultation s’achèvera à la mi-mai 2015 et les lignes directrices paraîtront d’ici la fin de l’année.

L’objectif est de ne pas limiter l’organisation des producteurs au sein de coopératives : le seuil de 50 % de la production nationale comme limite à l’emprise des coopératives est en effet avancé. En revanche, outre la fonction de mise en marché collective, il semble que ces organisations de producteurs auront nécessairement à fournir des services à leurs membres en termes de stockage, de transport, d’approvisionnement en intrants ou de contrôle qualité. La participation des agriculteurs devra rester toutefois sur la base du volontariat. Si l’intégration des producteurs dans des coopératives de commercialisation est considérée comme le moyen d’améliorer leur compétitivité et leur pouvoir de négociation, le document de consultation précise que ces instruments n’ont pas vocation à résoudre les crises de marché.

Frédéric Courleux, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne, Commission européenne

10:23 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : commission européenne, concurrence, consultation |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les études d’impact des politiques de l’UE : vers un renforcement de la qualité des politiques

Les études d’impact ex ante sont un outil destiné à fournir, en amont de l’élaboration d’une législation, une analyse des problèmes, des solutions possibles et des effets potentiels des options retenues. Depuis 2002, l’UE accompagne la plupart de ses propositions législatives de telles études : ainsi, lors des récentes réformes de la PAC, les projets de la Commission ont fait l’objet d’études d’impact publiées en amont des négociations. Alors qu’une réforme de ce processus est en cours, une note récente du Parlement européen vient rappeler les enjeux de cet outil.

Le processus européen d’élaboration des études d’impact a été progressivement amélioré, et leur contenu suit aujourd’hui un modèle standardisé. Une étude d’impact de la Commission doit d’abord identifier le problème qui nécessite une action publique. Elle doit ensuite définir un objectif de politique publique, et identifier les manières possibles de l’atteindre, en précisant si l’action doit être menée à l’échelle européenne (subsidiarité) et si elle ne va pas au-delà de ce qui serait nécessaire (proportionnalité). Puis, l’étude doit analyser et peser les effets économiques, sociaux et environnementaux des différentes options. Elle doit aussi, si possible, s’intéresser aux effets sur les territoires, sur les petites et moyennes entreprises, et sur les droits fondamentaux. Enfin, ce travail doit proposer des indicateurs de suivi de ces politiques, permettant de vérifier ultérieurement qu’elles répondent bien à l’objectif.

En 2010, la Cour des Comptes européenne a néanmoins identifié certaines faiblesses aux études d’impact réalisées par la Commission. Elle lui a notamment reproché de considérer un nombre trop réduit d’options possibles, de mettre en avant les données et résultats permettant de renforcer le choix de l’une des options présentées, et de produire des études d’impact de qualité méthodologique inégale selon les politiques.

Une réforme des lignes directrices des études d’impact a donc été entamée. Des améliorations devraient être introduites, telles que le renforcement de la consultation préalable des parties prenantes, la définition d’indicateurs de résultats ou le renforcement de la méthodologie de l’analyse d’impact de la législation sur les dimensions territoriales. De plus, les études d’impact devraient être mises à jour au fur et à mesure que le texte évolue dans la négociation. Le Parlement européen s’est lui-même doté d’une équipe destinée à évaluer les conséquences des principaux amendements proposés par les députés.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : Parlement européen

10:21 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : parlement européen, études d'impact |  Imprimer | | | | |  Facebook

Le record historique de 2 milliards de tonnes de céréales gonflerait les stocks mondiaux

D’après les dernières statistiques de l’International Grains Council, la production mondiale de céréales hors riz atteindrait un record historique de 2 milliards de tonnes sur les campagnes 2013/2014 et 2014/2015 (1,7 milliard de tonnes pour les seuls blé et maïs), ce qui gonflerait les stocks mondiaux et contribuerait à tirer les cours des céréales résolument à la baisse.

Production, consommation et stocks de fin de campagne de blé et de maïs

igc1.jpg

Source : International Grains Council, présentation CEP

2013/2014 : estimation. 2014/2015 : prévisions au 26 février 2015

La montée des stocks de fin de campagne (en mois de consommation annuelle) entre 2012/2013 et 2014/2015 serait comparable à celle observée entre les campagnes 2007/2008 et 2009/2010, période au cours de laquelle les prix avaient chuté de 38 % pour le blé et de 14 % pour le maïs.

Stocks de fin de campagne et prix mondial du blé et du maïs

igc2.jpg

Source : International Grains Council, présentation CEP

prix :2014/2015 ; moyenne de campagne jusqu’au 5 mars 2015.

prix US 3YC GULF pour le maïs, US HRW GULF pour le blé

Les baisses des prix estimées entre 2012/2013 et 2014/2015 (moyenne de campagne allant jusqu’au 5 mars 2015) atteindraient 39 % pour le maïs et 19 % pour le blé. Les conditions climatiques des campagnes à venir conditionneront la poursuite ou non de ces baisses de prix.

José Ramanantsoa, Centre d’études et de prospective

Source : International Grains Council

 

 

 

10:19 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : igc, céréales |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/03/2015

Évolutions du système alimentaire mondial à 2050 et impacts d’hypothèses démographiques

Pluriagri vient de publier une étude conduite par Bruno Dorin (Cirad), intitulée L’Europe dans le système alimentaire mondial : un scénario pour 2050 adossé aux projections de la FAO. Cette étude s’appuie sur la dernière actualisation des projections FAO pour l’agriculture et l’alimentation, converties et ajustées via l’outil AgriBiom pour permettre une analyse sur base comparable des évolutions passées (1961-2006) et futures (2006-2050), par le biais d’une unité fonctionnelle commune : la calorie alimentaire.

Dans ce scénario, le principal moteur serait la consommation de produits animaux (en Asie et au Moyen-Orient essentiellement). L’auteur développe une analyse fouillée des évolutions des disponibilités alimentaires, des demandes alimentaires et des productions, à l’échelle mondiale et des grandes régions. Une hausse des besoins et productions de l’ordre de 50-55 % est ainsi attendue à l’horizon 2050, soit des progressions moindres que sur la période passée. À cet horizon, l’Asie consommerait près de la moitié des calories animales produites et, côté production, l’Amérique latine rattraperait l’Amérique du Nord. L’Europe, elle, verrait ses « parts de marché » en production comme en consommation s’éroder.

B. Dorin en déduit le commerce nécessaire pour équilibrer offre et demande et pronostique un creusement des déséquilibres entre régions excédentaires (Amériques, Océanie, Russie depuis peu) et déficitaires (Moyen-Orient, Asie, Afrique mais aussi Europe).

Échanges nets de calories entre régions

dorin-fig-1.jpg

Source : B. Dorin

L’auteur explore ensuite la sensibilité des projections à plusieurs « points critiques ». Il s’intéresse notamment à l’impact de la révision des projections démographiques en 2013 par rapport à celles de 2008, selon deux modalités : ajustement (i) par les consommations (productions et commerce inchangés par rapport au scénario de référence) et (ii) par le commerce de productions végétales. Dans la première modalité, la disponibilité alimentaire en Afrique retomberait à son niveau de 2006 (environ 2400 kcal/hab/an contre près de 3000 dans le scénario de référence). Dans la seconde, l’Afrique multiplierait par trois son déficit en biomasse alimentaire végétale. Dans le même temps, l’Asie importerait moins, mais l’Amérique latine, l’Océanie et la Russie exporteraient moins également. Globalement, l’actualisation démographique accroîtrait nettement la dépendance au commerce international des zones importatrices.

Toutefois, l’auteur rappelle les limites de ce type d’exercice (perspectives de croissance critiquables, absence d’hypothèses sur l’énergie et le changement climatique, prix et revenus, etc.). Se dessine cependant à grands traits le défi alimentaire futur et les principales zones problématiques pour le devenir du système alimentaire mondial : l’Asie aujourd’hui, l’Afrique demain.

Pierre Claquin, Centre d’études et de prospective

Source : Cirad

 

 

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Interrogations autour de la transformation structurelle en Afrique

Partant du scénario de référence Agribiom (voir le billet sur les Évolutions du système alimentaire mondial à 2050), Bruno Dorin a prolongé, pour la fondation FARM, ses travaux prospectifs en s’intéressant plus spécifiquement à la transformation structurelle à l’œuvre en Afrique, observée dans de nombreux pays, où les gains de productivité en agriculture permettent le transfert de main-d’œuvre de l’agriculture vers les autres secteurs.

Cette étude prolonge les résultats précédents en intégrant notamment à la réflexion les populations actives agricoles. À l’inverse des évolutions démographiques générales, celles-ci devraient baisser fortement partout (de –22 % à –82 % selon les régions), à l’exception notable de l’Afrique subsaharienne (+81 %). Cette région compterait alors près d’un tiers des actifs agricoles contre moins de 10 % en 1961, et plus d’un habitant sur cinq y serait un actif agricole en 2050, ce qui pose la question des conditions de la transition structurelle.

Dans cette optique, l’auteur interroge la productivité du travail agricole en Afrique (quantité de biomasse produite, en calories, par actif). En 2050, la productivité moyenne du travail agricole serait 372 fois plus élevée en Amérique du Nord qu’en Afrique subsaharienne (146 fois en 2006, 38 en 1961), avec plus de 6,6 millions de kcal/actif/jour d’un côté contre 17 800 de l’autre. L’Afrique subsaharienne, dont la productivité est déjà la plus faible, en connaîtrait aussi la plus faible progression : un signal inquiétant quand, avec l’Asie, cette région concentre le plus de populations pauvres.

Production de calories alimentaires végétales par actif agricole

afrique,transformation structurelle,farm

Source : B. Dorin

Dans ce scénario, selon l’auteur, le risque est fort de voir l’Afrique, engagée depuis les années 1990 sur un sentier de développement agricole relativement vertueux, basculer dans un « piège de Lewis » : croissance des populations agricoles mais divergences de leurs revenus avec ceux des autres actifs.

Pour éviter ce décrochage de la productivité du travail agricole, l’auteur explore plusieurs pistes qui sont autant de défis, eu égard aux tendances passées : une progression des surfaces cultivées de plus de 80 % (jamais observée par le passé), une progression des rendements à l’hectare supérieure à ce qu’elle a été en Asie avec la « Révolution verte », ou une progression bien moindre du nombre d’actifs agricole (limitée à +20 %).

L’auteur en conclut que les contraintes démographiques ou foncières rendent peu probable en Afrique la répétition à l’identique (agrandissement et mécanisation) de la transformation structurelle connue par d’autres régions par le passé. Ceci devrait amener à explorer d’autres voies de productivité (agroécologie, intensification écologique).

Pierre Claquin, Centre d’études et de prospective

Source : Cirad

 

 

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La présence de la Chine dans les Caraïbes

L’AFD a publié en février 2015 le document de travail n°144 intitulé La présence de la Chine dans les Caraïbes. S’il y a bien eu différentes implantations anciennes dans la région, l’émergence de la Chine comme acteur stratégique de cette zone est récente. Ceci s’inscrit dans la volonté chinoise de développer ses relations internationales et d’être un partenaire des pays émergents et en développement. Cette orientation prend un relief particulier dans cette région regroupant bon nombre des pays qui entretiennent des relations avec Taïwan. Supplanter ce pays reste en effet un enjeu central pour la Chine qui conditionne sa coopération à l’arrêt des relations diplomatiques avec Taïwan.

Au-delà de l’enjeu géopolitique, force est de constater le très fort développement des échanges commerciaux et financiers, en particulier sur la dernière décennie. S’ils restent modestes vus depuis la Chine, ces échanges représentent pour la région un enjeu économique certain, d’autant plus que la présence des États-Unis et de l’Europe y est moins marquée qu’auparavant. Dans un contexte de fragilité économique de ces pays insulaires, l’émergence d’un nouveau partenaire économique et d’un bailleur clé ouvrent des perspectives, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie et du tourisme. Toutefois, ces relations dissymétriques ne sont pas dénuées de risques : le spectre de l’accaparement des ressources naturelles, une nouvelle dépendance agro-exportatrice, la valorisation durable des infrastructures financées, l’intégration de la main-d’œuvre chinoise abondante sont autant de problèmes qui se posent et de défis à relever.

L’étude délivre une analyse propre à la zone Caraïbe et à ses particularités, alors qu’elle est habituellement incluse dans une réflexion générale sur l’Amérique Latine. Des fiches synthétiques par pays sont également présentées en fin de document.

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : AFD

10:08 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : afd, chine, caraïbes |  Imprimer | | | | |  Facebook

« À table ! Alimentation et sciences sociales » (2)

Le site La vie des idées poursuit la publication, entamée en janvier dernier, d’une série de textes consacrés aux food studies (voir un précédent billet sur ce blog). A ainsi été mis en ligne le 4 février un article ("Le marché préfère les minces") de José Luis Moreno Pestaña, montrant comment certains statuts et occupations professionnelles peuvent imposer des pratiques alimentaires contraignantes aux individus. Prenant l’exemple des vendeuses dans les boutiques de mode, il souligne que les entreprises tentent de plus en plus de faire correspondre les apparences de leurs clientes avec celles de leurs employées, ces dernières se sentant obligées de remodeler leur corps par des régimes alimentaires. Au-delà de ce cas particulier, la généralisation de nouvelles normes esthétiques, dans beaucoup d’emplois en contact avec des clientèles, impose une transformation des pratiques corporelles des femmes, en particulier de celles issues des couches populaires. Plus généralement encore, l’article montre comment la société diffuse des modèles physiques dominants et désirables, qui commandent des rapports de plus en plus stricts, diététiques et moraux à l’alimentation. Loin des formes plurielles de beauté, le mangeur moderne – et surtout la mangeuse –, est sommé de correspondre au type idéal de la minceur, de médicaliser son alimentation et de se sentir coupable si son corps ne lui obéit pas.

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Mis en ligne le 13 février, un deuxième article ("Les ouvriers, pionniers de la malbouffe ?"), de Stéphane Gacon, analyse l’ouvrage de Katherine Leonard Turner (How the Other Half Ate: A History of Working Class Meals at the Turn of the Century, 2014). Turner y pose la question suivante : comment les couches populaires ont-elles vécu le passage de l’alimentation rurale à l’alimentation industrielle dans les États-Unis des années 1880-1930 ? Considérant que cette période est celle du passage vers le "prêt-à-manger", elle propose une histoire sociale des classes laborieuses, les premières selon elle à avoir été touchées par ce processus d’industrialisation, les couches moyennes étant restées plus longtemps attachées au modèle de l’alimentation au foyer. Sa démonstration replace les comportements alimentaires au cœur d’une étude générale de l’évolution de l’ensemble des modes de vie américains : affirmation du rôle des femmes, consommation de masse, persistance de fortes fractures ethniques, urbanisation, nouvel agencement des habitations, etc. Ce faisant, elle montre bien comment les structures collectives profondes façonnent nos choix alimentaires individuels, mais aussi comment la modification des habitudes alimentaires est un bon révélateur des mutations économiques et sociales.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Source : La vie des idées, La vie des idées

 

 

 

10:05 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : food studies |  Imprimer | | | | |  Facebook

Y a-t-il toujours un modèle alimentaire français ? Résultats d’une étude en région parisienne

Une équipe de chercheurs français vient de publier dans la revue PloS ONE, début mars, un article consacré à l’analyse du modèle alimentaire français à partir des données de la cohorte Santé, Inégalités et Ruptures Sociales (SIRS – étude représentative de la population adulte de la région parisienne, parlant français, conduite depuis 2005). La vague 2010 de cette cohorte a permis de renseigner différentes variables associées aux moments alimentaires de près de 3 000 individus : nombre de repas par jour, durée, lieu, avec qui ils sont pris, activités associées.

En introduction, les auteurs rappellent que le temps du repas reste un moment important, la majorité des Français suivant le modèle des trois repas par jour. Toutefois, des évolutions récentes ont été détectées : diminution de la fréquence du petit-déjeuner, augmentation de la proportion de repas pris seul, simplification du contenu des repas. Les auteurs rappellent également l’intérêt de ce modèle alimentaire en matière de santé et de lien social.

L’analyse des données de la cohorte SIRS a conduit les auteurs à identifier cinq types. Les trois premiers suivent le modèle des trois repas par jour, avec des différences de lieux et d’interactions sociales, liées principalement aux contraintes de temps et à l’âge. Les individus du premier type (prévalence de 33 % dans la population étudiée) prennent leurs repas le plus souvent à l’extérieur (lieu de travail ou restaurant, avec des collègues ou des amis), ceux du second type (17 %) à la maison et seuls, et ceux du troisième type (24 %) à la maison et en famille.

Le quatrième type (13 %) correspond à des personnes consommant un à deux repas par jour, de façon irrégulière, à la maison et devant la télévision. Souvent sans emploi et avec des revenus faibles, ces personnes ne prennent pas de petit-déjeuner, consomment plus de snacking et adhèrent faiblement aux recommandations nutritionnelles, ce qui amène les auteurs à suggérer que ce comportement pourrait avoir des conséquences en matière de santé. Le cinquième type (12 %) regroupe des individus prenant deux repas ou moins par jour, souvent à l’extérieur et en commun : ce sont là des personnes plutôt actives, intégrées, jeunes, ce type étant, pour les auteurs, adapté à un mode de vie urbain moderne. Toutefois, la conclusion de l’article souligne que seule une recherche longitudinale pourrait montrer si ce comportement générationnel évoluera vers un modèle plus traditionnel avec l’avancée en âge, la construction d’une famille ou l’arrivée d’enfants.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : PloS ONE

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12/03/2015

Une étude d’impact sur les émissions agricoles européennes et l’adoption de mesures d’atténuation

Le Joint Research Center a publié début février un travail évaluant économiquement l’impact de la mise en œuvre de mesures d’atténuation pour l’agriculture européenne. Dans cette étude surnommée EcAMPA, les chercheurs ont utilisé le modèle Capri, qui permet de représenter les exploitations agricoles à l’échelle des États membres, ainsi qu’à une échelle plus régionale. Une modification substantielle a été apportée au modèle : le choix de mise en œuvre des actions d’atténuation est endogène à la simulation (non fixé en entrée du modèle), l’agent économique arbitrant. Les données utilisées sur ces actions proviennent du modèle GAINS, utilisé dans l’étude d’impact de la Commission européenne pour le Cadre Énergie Climat 2030.

Cinq options d’atténuation sont considérées dans Capri : (i) la méthanisation à l’échelle de l'exploitation ou de la collectivité, fonction de la taille des cheptels, (ii) le recours aux inhibiteurs de nitrification en lien avec la fertilisation azotée, (iii) une meilleure application de la fertilisation dans le temps, (iv) l’agriculture de précision et (v) le changement de régime alimentaire des ruminants.

Plusieurs scénarios ont été construits pour cette étude, en plus du scénario de référence. Deux scénarios ont un objectif fixé de réduction de gaz à effet de serre (19 ou 28 % par rapport à 2005), constituant la base de quatre autres scénarios : deux avec une répartition non homogène de ces objectifs entre les pays (dans le prolongement du partage de l’effort du Paquet énergie climat 2020), et deux avec en plus un marché d’échange de quotas. Dans trois autres scénarios, des subventions pour la mise en place de mesures d’atténuation ont été introduites (avec un taux de 30, 60 ou 90 %). Le rapport développe aussi un volet sur les fuites carbone.

Les principaux résultats d'EcAMPA à l’échelle de l’UE-27 sont :

- une baisse de seulement 0,2 % des émissions en cas d’adoption volontaire des mesures d'atténuation (référence) ; la mise en place d’un marché d’échange de quotas montre que la majorité des États membres sont des acheteurs nets de quotas ; quant aux subventions, pour un taux de 90 %, elles permettent une réduction additionnelle de 4,5 % ;

- la réduction des émissions selon les objectifs fixés passe essentiellement par un ajustement de la production agricole, en particulier par la réduction des cheptels de bovins viande entre 31 et 54 % selon les scénarios.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : Joint Research Center

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Quelle place pour l’agriculture dans les négociations climatiques internationales ?

En février, la CDC Climat Recherche a publié une Étude Climat intitulée Développement et perspectives de l’agriculture dans les négociations climatiques internationales. Ce travail montre que le secteur agricole, souvent considéré comme le parent pauvre des négociations, est bien reconnu tant pour son rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique que pour ses spécificités. Son traitement reste cependant générique, résultant de l’approche non-sectorielle des questions climatiques mise en place par la Convention-Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques (CNUCC). Les auteures s’appuient sur l’analyse des négociations passées et citent en particulier l’intégration de l’agriculture dans les travaux de l’Organe de conseil technologique et technique de la CNUCC depuis 2009, une étape procédurale mais préalable à toute décision politique ou action. Elles évoquent aussi le rôle des mobilisations d’acteurs en parallèle au processus de négociation (exemple : organisations non gouvernementales, side-events), qui permet de construire une expertise et de faire émerger des concepts comme la Climate-Smart Agriculture.

Cette publication évoque également les difficultés rencontrées, expliquant des avancées parfois peu évidentes. Par exemple, d’un point de vue technique, le « Mesure, Reporting et Vérification des émissions » (MRV) est présenté comme la clé de voûte des dispositifs d’atténuation, alors même que la mise en place d’une méthodologie crédible est complexe. Le débat entre pays sur le choix d’une approche « adaptation prioritaire » ou « atténuation et adaptation simultanément » est aussi cité.

Enfin, l’étude propose des perspectives pour la COP21 qui aura lieu à Paris en décembre 2015, et lors de laquelle les auteurs ne s’attendent pas à ce que la question du secteur agricole soit tranchée. Elles y voient trois enjeux : crédibiliser les outils MRV, rassembler les usages des sols dans un secteur des terres et relier les ambitions climatiques aux autres processus des Nations unies (exemple : Objectifs du Millénaire). Pour aller plus loin que cette échéance, plusieurs pistes sont abordées, comme la continuité des débats sur l’agriculture dans la sphère onusienne ou une prise en compte de l’interface entre atténuation, adaptation et commerce international.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : CDC Climat Recherche

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Engrais : projections de la FAO à 2018

La FAO a publié mi-février un rapport explorant des tendances sur la production et l’utilisation des engrais azotés, phosphatés et potassiques à l’horizon 2018. Au niveau mondial, la demande devrait être 25 fois plus importante qu’en 2008, atteignant environ 200 millions de tonnes. La croissance à cet horizon est plus importante pour la potasse (2,6 % par an) et le phosphore (2,25 % par an) que pour l’azote (1,4 % par an). Côté acteurs, l'Asie restera le plus gros consommateur, tandis que la demande européenne devrait se stabiliser. Ces deux zones géographiques, tout comme l’Amérique latine et les Caraïbes, resteraient dépendantes des importations, alors que l’Afrique serait toujours un exportateur malgré une augmentation de sa demande intérieure. Quant aux activités de production, qui excèdent d’ores et déjà la demande réelle, elles devraient croître plus vite que l’utilisation.

Cette publication propose une décomposition pour les trois principaux engrais. S’agissant du phosphore, l’augmentation de la demande devrait venir pour plus de la moitié d’Asie (58 % entre 2014 et 2018, dont 10 % pour l’Inde et 5 % pour la Chine) et pour plus du quart du continent américain (29 %, dont 19 % pour le Brésil seul). Côté production (matières premières, produits intermédiaires et finaux), l’augmentation viendrait principalement d’Asie (environ 63 %) et d’Afrique (environ 37 %), alors que la production en Amérique du Nord serait en retrait (environ -6,6 %). La FAO propose par ailleurs un focus sur l’azote.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : FAO, FAO

 

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11/03/2015

L’Ademe accompagne la « transition agro-écologique »

À l’occasion du Salon international de l’agriculture, l’Ademe a tiré d’une analyse transversale de plusieurs de ses travaux de prospective, en lien avec l’agriculture, un ensemble de pratiques « structurantes » pouvant permettre d’améliorer les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles.

Neuf thèmes ont ainsi été identifiés : la maîtrise de l’énergie ; l’optimisation de la fertilisation azotée ; le recours à des techniques culturales simplifiées ; l’introduction de cultures intermédiaires ; la culture de légumineuses ; la réintégration de l’arbre dans les systèmes agricoles ; l’optimisation des apports protéiques dans l’alimentation animale ; la valorisation des déjections animales ; l’optimisation de la gestion des prairies.

Chaque groupe de pratiques s’y rattachant a fait l’objet d’une fiche détaillée proposant une synthèse de leurs impacts environnementaux et un regard sur les conditions technico-économiques de leur application. Une dixième fiche, donnant des exemples réels de trajectoires d’exploitations agricoles, a également été ajoutée.

Pour l’Ademe, ces pratiques doivent être considérées comme des « moteurs » d’une évolution plus globale des systèmes de production. Il s’agit en effet de mieux tirer parti des cycles naturels pour accroître l’efficience des systèmes agricoles autant d’un point de vue économique que environnemental. Ces évolutions contribueront finalement à répondre aux enjeux de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, de réduction de la consommation énergétique, d’amélioration de la qualité des sols et de l’air. Par ailleurs, selon une publication précédente de l’Ademe, ces pratiques s’intègrent parfaitement dans les principes de l’agro-écologie présentés dans la loi d’avenir pour l’agriculture.

Clément Villien, Centre d’études et de prospective

Source : Ademe

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Technologies clés : plusieurs prévisions

Depuis le début de l’année 2015, plusieurs organismes ont publié des analyses de technologies clés pour le futur. En janvier, le service de la recherche du Parlement européen identifiait, dans son rapport Ten technologies which could change our lives – Potential impacts and policy implications, dix tendances correspondant aux intérêts des acteurs européens (impression 3D, drones, systèmes aquaponiques, etc.) et détaillait, pour chacune d’elles, des éléments descriptifs ainsi qu’une analyse des enjeux législatifs.

Dans le cas des systèmes aquaponiques (culture de végétaux en « symbiose » avec l’élevage de poissons) se pose, pour le législateur européen, la question de l’intérêt d’une réglementation spécifique ou du caractère suffisant des dispositions sur l’alimentation. La réglementation d’autres produits ou technologies en lien avec l’aquaponie est également à prendre en compte, et les auteurs citent l’utilisation potentielle de l’ingénierie génétique pour améliorer les rendements de ces systèmes. Par ailleurs, ce sujet émergent pourrait être un point focal de recherche pour certains États membres, avec l’attribution de financements nationaux importants. In fine, politiques et réglementations devraient évoluer en fonction de la place occupée par les systèmes aquaponiques dans la société, et en particulier de leur implantation en zones urbaines ou rurales, sachant qu’ils auront certainement un impact sur les politiques infra-européennes d’aménagement urbain.

Parmi les autres publications, la MIT Technology Review liste 10 technologies de rupture pour les années à venir, que leur application soit rapide ou plus différée. Est notamment identifiée la modification génétique du riz, annoncée en décembre 2014 par un consortium international de 12 équipes de recherche, et permettant de rendre la photosynthèse plus efficace. L’utilisation de nouvelles méthodes génomiques, avec des déclinaisons potentielles pour d’autres espèces (blé, pomme de terre, soja, etc.) est identifiée comme un enjeu important par le Massachusetts Institute of Technology, avec en perspective l’amélioration de près de 50 % des rendements et une réduction des besoins en eau et en fertilisants.

Enfin, Deloitte a publié ses prévisions de tendances industrielles clés pour les secteurs des technologies, des médias et des télécommunications, et ce pour les 12 à 18 mois à venir. Sont notamment identifiés les drones (développement limité par les enjeux sociétaux et réglementaires, malgré un nombre d’unités non militaires qui devrait dépasser le million dans le monde) et l’impression 3D (utilisation clé pour les entreprises, mais pas pour un usage privé).

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Sources : Parlement européen, MIT, Deloitte

09:54 Publié dans 3. Prévision, 5. Fait porteur d'avenir | Lien permanent | Tags : innovations, mit, aquaponie, drones, impression 3d |  Imprimer | | | | |  Facebook