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13/03/2015

Interrogations autour de la transformation structurelle en Afrique

Partant du scénario de référence Agribiom (voir le billet sur les Évolutions du système alimentaire mondial à 2050), Bruno Dorin a prolongé, pour la fondation FARM, ses travaux prospectifs en s’intéressant plus spécifiquement à la transformation structurelle à l’œuvre en Afrique, observée dans de nombreux pays, où les gains de productivité en agriculture permettent le transfert de main-d’œuvre de l’agriculture vers les autres secteurs.

Cette étude prolonge les résultats précédents en intégrant notamment à la réflexion les populations actives agricoles. À l’inverse des évolutions démographiques générales, celles-ci devraient baisser fortement partout (de –22 % à –82 % selon les régions), à l’exception notable de l’Afrique subsaharienne (+81 %). Cette région compterait alors près d’un tiers des actifs agricoles contre moins de 10 % en 1961, et plus d’un habitant sur cinq y serait un actif agricole en 2050, ce qui pose la question des conditions de la transition structurelle.

Dans cette optique, l’auteur interroge la productivité du travail agricole en Afrique (quantité de biomasse produite, en calories, par actif). En 2050, la productivité moyenne du travail agricole serait 372 fois plus élevée en Amérique du Nord qu’en Afrique subsaharienne (146 fois en 2006, 38 en 1961), avec plus de 6,6 millions de kcal/actif/jour d’un côté contre 17 800 de l’autre. L’Afrique subsaharienne, dont la productivité est déjà la plus faible, en connaîtrait aussi la plus faible progression : un signal inquiétant quand, avec l’Asie, cette région concentre le plus de populations pauvres.

Production de calories alimentaires végétales par actif agricole

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Source : B. Dorin

Dans ce scénario, selon l’auteur, le risque est fort de voir l’Afrique, engagée depuis les années 1990 sur un sentier de développement agricole relativement vertueux, basculer dans un « piège de Lewis » : croissance des populations agricoles mais divergences de leurs revenus avec ceux des autres actifs.

Pour éviter ce décrochage de la productivité du travail agricole, l’auteur explore plusieurs pistes qui sont autant de défis, eu égard aux tendances passées : une progression des surfaces cultivées de plus de 80 % (jamais observée par le passé), une progression des rendements à l’hectare supérieure à ce qu’elle a été en Asie avec la « Révolution verte », ou une progression bien moindre du nombre d’actifs agricole (limitée à +20 %).

L’auteur en conclut que les contraintes démographiques ou foncières rendent peu probable en Afrique la répétition à l’identique (agrandissement et mécanisation) de la transformation structurelle connue par d’autres régions par le passé. Ceci devrait amener à explorer d’autres voies de productivité (agroécologie, intensification écologique).

Pierre Claquin, Centre d’études et de prospective

Source : Cirad

 

 

10:11 Publié dans 1. Prospective, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : afrique, transformation structurelle, farm |  Imprimer | | | | |  Facebook