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12/05/2017

Les évolutions de l'alimentation et de sa sociologie au regard des inégalités sociales

Le dernier numéro de l'Année sociologique consacre un dossier à la sociologie de l'alimentation, avec pour objectif d'« éclairer à la fois notre alimentation et sa sociologie ». Les articles réunis s'intéressent aux évolutions récentes des pratiques alimentaires, aux rapports à la nourriture ou au corps : ils permettent ainsi de « faire le point des connaissances actuelles en sciences sociales » et de « rappeler que si l'alimentation a une fonction biologique, son organisation est un fait social essentiel pour comprendre nos sociétés ».

Dans l'introduction, Th. de Saint Pol rappelle que la sociologie de l'alimentation est entrée depuis vingt-cinq ans dans une troisième phase, marquée par un développement important et un renouvellement des thématiques d'études. Trois facteurs en sont notamment à l'origine : de nouveaux enjeux de santé publique, des crises alimentaires et la « construction d'un nouvel imaginaire de la gastronomie française ». Alors que l'activité médiatique sur l'alimentation est croissante, il met en avant la nécessité d'un regard sociologique, pour « rappeler que nos manières de manger sont le reflet de notre société et de ses évolutions et qu'elles sont loin d'être neutres ». Les pratiques alimentaires évoluent (par exemple, maintien de la grille quotidienne des repas mais diminution de la prise du petit-déjeuner chez les jeunes), et l'alimentation est à placer au cœur des inégalités sociales de santé.

On trouve ensuite des contributions de J.-P. Poulain sur les voies disciplinaires empruntées par le développement et l'institutionnalisation des études sociologiques aux États-Unis (food studies) et en France (socio-anthropologie du « fait alimentaire »), et d'A. Lhuissier sur la contribution de Maurice Halbwachs à la statistique des consommations dans la première moitié du XXe siècle. M.-C. Le Pape et M. Plessz s'intéressent au petit-déjeuner, à la place et au rôle qu'il joue dans l'éducation des enfants appartenant aux « couches supérieures des classes populaires ». S. Carof se penche quant à elle sur l'acquisition et la négociation des normes nutritionnelles, par des femmes en surpoids et obèses, en France, Allemagne et Angleterre. F. Régnier conduit également une comparaison, entre la France et les États-Unis, sur l'alimentation et les « techniques de la corpulence », par l'analyse de conseils d'économie domestique publiés dans la presse féminine, entre 1934 et 2010.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : L'Année sociologique

10:52 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : alimentation, food studies, sociologie, petit déjeuner, nutrition, normes |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'humanité carnivore, Florence Burgat

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Pourquoi consomme-t-on, aujourd'hui encore, de la chair animale ? Parce que "c'est dans l'habitude humaine", disent les uns, parce que "c'est bon" ou "vital" disent les autres. Loin de ces explications tautologiques, qui confondent cause et effet, F. Burgat (directrice de recherche à l'Inra), apporte des réponses résolument philosophiques, en analysant quelques pratiques et moments fondateurs de l'humanité carnivore. S'appuyant sur un large corpus de lectures (histoire, anthropologie, sociologie, droit, phénoménologie, témoignages, etc.), elle retrace les manières dont l'alimentation carnée a été expérimentée, pensée, théorisée et justifiée. Sa thèse est qu'il y a un solide continuum entre les temps anciens et les sociétés d'aujourd'hui, que la manducation de viande n'est ni naturelle ni innée : elle est le résultat d'une construction sociale et culturelle à travers les âges. Cette perpétuation du "meurtre alimentaire", hier localisé, aujourd'hui industrialisé, exprimerait le constant désir de l'humanité de se séparer radicalement de l'animalité. L'engraissement, la mise à mort, le démembrement, la préparation culinaire, l'incorporation et la digestion de non-humains seraient autant de manifestations réelles et symboliques des pulsions de supériorité humaine.

Au lieu d'opter pour une démonstration historique linéaire, l'auteure préfère se concentrer sur des moments clés du carnisme. Par exemple, elle questionne le statut de la chasse dans les communautés préhistoriques et montre que l'alimentation végétale y occupait une place bien plus importante qu'on ne le dit. Comparant diverses trajectoires civilisationnelles, elle décrit les processus de domestication, la codification des régimes carnés, les mythologies, l'apparition d'interdits sacrés ou profanes, et insiste sur les justifications gastronomiques qui déguisent et magnifient le meurtre alimentaire. Mais ce sont les rites sacrificiels qui sont au cœur de sa démonstration, F. Burgat retraçant d'abord le passage des sacrifices végétaux aux sacrifices animaux, puis la mutation des sacrifices propitiatoires en sacrifices alimentaires, dont l'objectif principal était d'assurer une consommation régulière de viande : très tôt, l'humanité a justifié ses tueries par de la théorie, l'offrande étant l'alibi de l'abattage. Également intéressantes sont les pages consacrées au cannibalisme, entre autres largement pratiqué par les Aztèques : elles rappellent que des hommes qui capturent et avilissent d'autres hommes, au point de les (mal)traiter comme des animaux, font sauter les verrous psychiques qui rendaient impensable le fait de les manger. L'ouvrage se termine par un chapitre prospectif, qui voit dans les viandes factices (steaks de protéines végétales, muscle in vitro, etc.) des substituts salvateurs. Selon F. Burgat, demain l'élevage s'effondrera mais la viande restera, et ces simulacres de chair maintiendront notre "cruelle arrogance" sans avoir à tuer les animaux.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions du Seuil

10:47 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : burgat, humanité carnivore |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/05/2017

La dépendance alimentaire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à l'horizon 2050, Chantal Le Mouël, Bertrand Schmitt (coordinateurs)

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Ce livre d'une grande clarté, et qui comporte une masse d'informations, expose les résultats d'un exercice de prospective conduit par l'Inra en 2015, à la demande de l'association Pluriagri. Les simulations présentées s'appuient sur le modèle GlobAgri, mis au point par l'Inra et le Cirad à l'occasion du chantier Agrimonde-Terra. GlobAgri est un outil quantitatif qui mobilise les données FAOStat et projette des équilibres entre ressources agricoles (productions et importations) et des utilisations alimentaires (alimentation humaine et animale, pertes, stocks). La région étudiée, véritable "miroir grossissant des défis alimentaires mondiaux", comprend 22 pays. Rigoureux dans son argumentation, très pédagogique dans ses démonstrations, le texte s'organise en trois chapitres qui déclinent les questions basiques de toute bonne prospective.

Que savons-nous ? Le premier travail a consisté en une analyse rétrospective, sur longue période (1961-2012), des grandes tendances relatives aux systèmes agricoles et alimentaires de la région. Elle montre que la dépendance aux importations a fortement augmenté, du fait de la croissance démographique, de l'amélioration quantitative de la diète, de son évolution qualitative, alors que, dans le même temps, les rendements restaient faibles, les capacités d'irrigation limitées et les sols dégradés. Le maintien de la productivité du travail agricole à un faible niveau est également souligné.

Que peut-il advenir ? Deux scénarios tendanciels de référence ont ensuite été construits, le premier en prolongeant le passé sans renforcement des effets du changement climatique, le deuxième (plus crédible) avec renforcement de ces effets. Dans le premier cas, en 2050, le système agricole et alimentaire de la région ne parvient à subvenir aux besoins, dans la limite de ses surfaces cultivables, qu'en augmentant encore les importations. Dans le second cas, la région est encore plus dépendante de l'extérieur, le Maghreb étant le plus touché (jusqu'à 70 % de produits importés), alors que la Turquie renforcerait sa position d'exportateur net.

Que faire ? La prospective étant une anticipation au service de l'action, le dernier chapitre teste la façon dont les conjectures ci-dessus pourraient être infléchies par l'évolution des modes de vie ou de nouvelles orientations politiques. Plusieurs hypothèses sont testées : retour à la diète méditerranéenne et dés-occidentalisation du régime alimentaire, essor des progrès agronomiques et zootechniques, extension des surfaces irriguées, limitation des pertes et gaspillages. Aucune de ces pistes d'évolution, prise séparément, ne permet de réduire la dépendance aux importations et seule leur combinaison, nécessitant des politiques très volontaristes et coûteuses, pourrait avoir de premiers effets significatifs.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Quæ

10:44 Publié dans 1. Prospective, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : dépendance alimentaire, afrique du nord, moyen-orient |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'alimentation demain. Cultures et médiations, Gilles Fumey (dir.)

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Sous la direction de Gilles Fumey, cet ouvrage regroupe un ensemble de textes traitant des médiations dans l'alimentation. Les mangeurs sont fréquemment en situation de « dissonance cognitive », conflits qu'ils cherchent à résoudre en utilisant leurs émotions (« vérités qui ne peuvent pas mentir ») et des savoirs vernaculaires. Interviennent ici des pratiques, des lieux et des groupes différents, multiples et changeants. Ainsi, en amont de l'acte de manger, sont mobilisées et mises en œuvre de très nombreuses informations et décisions, et c'est en cela que l'alimentation est une médiation « entre soi et le monde ».

Sont ici abordées diverses thématiques : controverses, culture gastronomique, « révolution Food 2.0 » en Californie, viande et protéines végétales, le buveur comme miroir des pratiques alimentaires, etc. Deux textes mettent également en regard les dynamiques de mondialisation alimentaire asiatique et méditerranéenne. Nicolas Baumert s'intéresse à l'Asie, dont l'extension du soft-power culinaire repose sur des formes variées, des food courts en centre commercial aux restaurants gastronomiques. Revenant notamment aux sources de cette mondialisation culinaire, il met en avant l'alliance entre tradition et modernité, avec une résonance entre ces spiritualités et la mode de la cuisine santé, et des cuisines adaptées tant à la cellule familiale qu'à la vie urbaine. La diversité de ces cuisines reste toutefois à faire connaître, au-delà d'une unité, dans les représentations, autour du riz et des baguettes. Pour l'auteur, « l'Asie a retrouvé une place en accord avec son poids démographique dans le kaléidoscope gastronomique mondial ».

Pierre Raffard traite de la Méditerranée qui, « associée à l'idée d'une frugalité saine et heureuse », est « devenue synonyme d’Éden gastronomique ». Les étapes et modalités de cette mondialisation sont retracées en prenant appui sur les phénomènes migratoires, les dynamiques de métissages et les transformations des paradigmes nutritionnels. Comme précédemment, l'hétérogénéité initiale des cuisines méditerranéennes a été perdue lors de leur diffusion. Elles ont en effet généré une multitude de formes hybrides et des plats-symboles (pizza, döner kebab) ont véhiculé une « référence culinaire globale et globalisée ». Il conclut sur le fait que la cuisine devient politique, et pourrait être un « nouveau terrain de tensions identitaires ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : CNRS Éditions

L'Institut International pour l'Environnement et le Développement (IIED) – International Institute for Environment and Development

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Fondé en 1971, l'Institut International pour l'Environnement et le Développement (IIED) est un centre de recherche indépendant, travaillant sur les politiques publiques pour l'environnement et le développement dans les pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Il est basé à Londres et dispose d'une antenne à Edimbourg. Sa première directrice, Barbara Ward, participa à la rédaction du rapport préparatoire pour la conférence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm de 1972, ce qui mena à la création du programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Elle y soulignait l'importance du lien entre l'environnement et le bien-être humain.

L'Institut compte actuellement 114 personnes, dont 75 chercheurs, qui travaillent sur quatre thèmes principaux : 1) l'adaptation et la résilience face au changement climatique, 2) la pauvreté, l'accès à la santé et au logement dans les centres urbains, 3) la gestion équitable et durable des ressources naturelles, et 4) l'impact économique, environnemental et social des marchés. Sur la base de ses recherches, l'IIED conseille des organismes majeurs, dont la Banque mondiale, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, ainsi que des gouvernements parmi lesquels le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark. Pour cela, il dispose d'un budget annuel de 20 millions de livres sterling (environ 24 millions d'euros), financé par des donations, des partenariats et des subventions.

Revenu de l'IIED par type de donneurs, 2015/2016 (£)

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Source : IIED

L'IIED produit de nombreuses publications (plus de 6 000 à ce jour), parmi lesquelles des rapports, des brèves, des articles scientifiques et des ouvrages. Il édite également le journal international Environment & Urbanization. À titre d'exemple, un rapport récent explore les synergies et les conflits entre les politiques de développement agricole et celles de protection des forêts dans trois pays d'Afrique subsaharienne : le Ghana, l’Éthiopie et la Tanzanie. Les auteurs montrent que les objectifs de sécurité alimentaire et de protection de l'environnement, visés par ces différentes politiques, sont incompatibles sur le long terme. Il apparaît donc nécessaire, selon eux, de mieux analyser et intégrer les risques et les arbitrages existants pour décider où et comment intensifier l'agriculture dans ces pays.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : IIED

10:37 Publié dans Enseignement et recherche, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : portrait, iied |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/05/2017

La fin du village. Une histoire française, Jean-Pierre Le Goff

Ce livre avait eu du succès lors de sa sortie voici cinq ans. Il nous revient aujourd'hui en version de poche, dans son texte intégral. L'auteur y décrit les transformations d'une communauté villageoise provençale (Cadenet), au tournant des années 1970 et 1980, cette monographie étant prétexte à une réflexion plus générale sur les mutations de la France rurale. Tous les aspects de la vie quotidienne y sont abordés, les plus anecdotiques comme les plus structurants, à travers de nombreux portraits et témoignages, croisés avec des analyses sociologiques et historiques.

Outre le constat d'un inexorable changement, qui met ce village sur une voie de modernisation identique à celle de tous les autres, l'auteur montre bien le hiatus croissant entre le village idéalisé et le village vécu, entre le "local" imaginé de loin par la société française et le "local" fabriqué par ceux qui le vivent. On y voit aussi que pour mieux supporter les incertitudes de l'avenir, de la mondialisation, des évolutions économiques et culturelles, du brassage des populations, les habitants du Cadenet d'aujourd'hui se racontent la belle histoire du "peuple ancien" et partent, avec le sociologue qui les confesse, à la recherche du temps perdu...

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Lien : Éditions Gallimard

10:32 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : rural, le goff, village |  Imprimer | | | | |  Facebook

Une cartographie fine du génome de l'orge

Après dix ans de travaux, un consortium international de chercheurs a publié, en avril 2017, un séquençage du génome de l'orge avec une précision inédite. Un tel séquençage se révélait particulièrement complexe en raison de la structure de ce génome, composé de très nombreuses réplications de séquences, qui ont nécessité des approches spécifiques pour obtenir une cartographie fine des chromosomes. Au-delà du cas de l'orge, ce séquençage fin contribue à améliorer la connaissance des gènes d'intérêt agronomique, dont des variants sont retrouvés dans les autres céréales.

Les chercheurs ont par ailleurs pu utiliser cette nouvelle carte du génome de l'orge pour cartographier, à l'échelle des chromosomes, la variabilité génétique de 96 cultivars différents, orges de printemps et orges d'hiver.

Cette analyse met en évidence la très faible diversité génétique sur les aires autour des centromères chromosomiques, et permet de mieux comprendre les mécanismes physiques qui entrent en jeu lors des méioses, à la base de la sélection variétale. Cette cartographie ouvre donc la voie à de nombreux travaux en génétique végétale, pour la recherche fondamentale, la sélection variétale mais aussi, compte tenu des innovations les plus récentes, en sélection génomique.

Source : Nature

10:30 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Agronomie, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : orge, génétique, séquençage, génome |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'innovation agricole contribue au développement du capital social en zones rurales

C'est le constat principal d'une étude récemment publiée dans Intellectual Economics, qui cherche à mesurer l'impact de l'innovation technologique, en agriculture, sur le capital social en zones rurales méditerranéennes.

Si la relation inverse a déjà fait l'objet de nombreuses études (comment le capital social favorise-t-il la diffusion d'innovations ?), l'auteure, s'appuyant sur les principes qui ont sous-tendu les révolutions agraires de très nombreux pays méditerranéens, part de l'hypothèse que l'adoption d'innovations en agriculture favorise le développement du capital social de l'ensemble de la communauté rurale, via l'augmentation des revenus, le développement des échanges économiques et sociaux, l'élévation des compétences des agriculteurs. Elle utilise pour ce faire un modèle « bioéconomique » du capital social expliqué par trois types de variables couvrant les champs de l'innovation, les facteurs socio-économiques et environnementaux. L'estimation pour 21 pays du bassin méditerranéen, sur la période 2000-2011, révèle la contribution positive de l'innovation induite (irrigation, fertilisation) et de la mécanisation au capital social.

Source : Intellectual Economics

10:28 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : capital social, innovation, zone méditerranéenne, rural |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/05/2017

Les métiers d'ouvriers agricoles, les plus recherchés en 2017

C'est l'une des conclusions marquantes de l'enquête « Besoins en main-d’œuvre » menée par Pôle Emploi auprès des employeurs pour l'année 2017. Au total, ce sont plus de 200 000 recrutements qui seraient prévus dans le secteur de la production agricole (+6 % par rapport à 2016).

Positionnement des 15 métiers les plus recherchés en 2017 en fonction des difficultés à les pourvoir et de leur caractère saisonnier

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Source : Pôle Emploi

La grande majorité des recrutements prévus sont saisonniers (90 %), mais les projets de recrutements non saisonniers progressent en un an de plus de 10 %. La moitié est concentrée dans la viticulture et l'arboriculture, un quart s'adressant à des emplois saisonniers d'agriculteurs et ouvriers agricoles. De manière générale, bien qu'importants en quantité, les projets de recrutements sont jugés peu difficiles par rapport à la moyenne générale, à l'exception des emplois forestiers, des conducteurs d'engins et des pêcheurs. Les mauvaises conditions de travail sont les principaux freins à l'embauche avancés par les employeurs.

Source : Pôle Emploi, Pôle Emploi

10:23 Publié dans 3. Prévision, Agriculteurs, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : emploi, saisonnier, main d'oeuvre |  Imprimer | | | | |  Facebook

Comprendre le processus d'installation des jeunes en agriculture pour mieux l'accompagner

En considérant que l'insertion des jeunes, sous le modèle de l'agriculture familiale, constitue un enjeu pour le développement des pays du Sud, en particulier pour de nombreux pays africains, cette note technique, publiée en avril par l'AFD, propose une grille d'analyse des processus d'installation des jeunes en agriculture. Ayant la « recherche-action » comme cadre théorique et méthodologique, cette grille doit permettre d’établir un diagnostic, d'identifier les besoins d'accompagnement, de piloter les dispositifs d'accompagnement et d’analyser l'impact desdits dispositifs. Le résultat constituera un outil essentiel pour la réflexion en termes de politique publique.

La note illustre la démarche en comparant trois expériences de dispositifs de formation-insertion en agriculture, réalisées en 2015 au Cameroun (programme AFOP), à Madagascar (Collèges agricoles de Fekama) et au Togo (CIDAP).

Source : AFD

Actualités sur la recherche et l'innovation du Teagasc

Dans une publication récente, le Teagasc (voir un portrait sur ce blog) présente des résultats de sa politique de recherche, dans différents domaines liés aux productions animales, et leurs traductions en action publique. En particulier, un article est consacré aux travaux de l'organisme irlandais sur le concept de One Health : s'appuyant notamment sur la publication Global trends of antimicrobial use in food animals, il a mis en place des politiques de réduction d'usage d'antibiotiques. Le recours aux alternatives thérapeutiques et à de nouvelles stratégies en élevages d'animaux de ferme est également exploité dans le Teagasc technology foresigth. On peut citer à ce sujet les conclusions d'une réunion de professionnels sur la conduite de troupeaux de brebis.

Parmi les autres points abordés par ce document figurent la valorisation protéique des viandes de races allaitantes et le lien entre génétique et croissance chez les porcs. Ce recueil offre ainsi un panorama de données issues de recherches appliquées, pouvant être utilement valorisées dans l'action publique.

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Source : Teagasc

Lancement du projet NanoPack pour améliorer la conservation alimentaire

La veille scientifique et technologique de Diplomatie France a consacré un article, en avril, au projet NanoPack piloté par l'institut israélien Technion, auquel sont associés 18 pays européens (dont la France). Le consortium est soutenu, dans le cadre d'Horizon 2020, à hauteur de 7,7 millions d'euros. Ce projet de recherche, basé sur le recours aux nanotechnologies pour la fabrication d'emballages actifs antibactériens, prévoit l'utilisation de nanotubes de Halloysite, minéral proche de la silice, et la libération progressive d'huiles essentielles naturelles compatibles avec l'aliment. Ester Segal, coordinatrice du projet, estime qu'en inhibant la croissance bactérienne des germes présents dans l’aliment, ce procédé améliorera la sécurité sanitaire des produits et aura le double avantage de prévenir les intoxications alimentaires et de réduire le gaspillage.

Sources : Diplomatie France, Technion

10:14 Publié dans IAA, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : nanotechnologies, emballage |  Imprimer | | | | |  Facebook

20/04/2017

Biocontrôle : interaction hôte-parasite et résistance

Dans Proceedings of the National Academy of Sciences, des chercheurs jettent un regard rétrospectif sur l'introduction, en Nouvelle-Zélande, d'une guêpe parasitoïde (Microctonus hyperodae), afin de contrôler la population du charançon argentin des tiges (Listronotus bonariensis). La présence de cet insecte, nuisible aux prairies, a été signalée pour la première fois en 1927, et l'espèce parasitoïde a été utilisée dès le début des années 1990. L'article porte ainsi sur une technique de biocontrôle, autrement dit sur une méthode de protection des végétaux utilisant des mécanismes naturels.

Cette publication repose sur 21 années d'observations de l'interaction hôte-parasite, avec 196 sites répartis dans les îles du Nord et du Sud. Les auteurs montrent que le succès initial de cette technique de biocontrôle est suivi d'un déclin d'efficacité sept ans après l'introduction de la guêpe parasitoïde. Pour ce faire, ils mesurent le pourcentage de parasitisme : ce taux atteint un plateau au bout de 12 ans, correspondant à une baisse de 44 % par rapport aux premières années. Ces résultats sont communs à l'ensemble des sites étudiés et la proximité entre certains sites ne semble pas jouer de rôle. D'après l'approche statistique mobilisée, les variables comme le nombre total d'individus introduits ou les conditions climatiques (moyenne annuelle des précipitations, nombre de degrés jours au-dessus de 10°C) ne sont pas significativement corrélées au taux de parasitisme.

Un essai en plein champ complète ce travail. Les auteurs ont alors mesuré le taux de parasitisme entre deux ray-grass, Lolium perenne, très répandu en Nouvelle-Zélande, et une espèce moins commune (Lolium multiflorum). Leur expérience montre un pourcentage plus faible pour la première plante, confirmant des observations conduites en laboratoire.

Les auteurs discutent enfin de plusieurs explications possibles de cette moindre efficacité, et donc de résistances de l'hôte, comme la faible diversité des plantes et des pressions exercées par d'autres ennemis naturels du charançon. Ils évoquent également des pistes de recherche, en particulier sur les composés organiques volatils émis par les plantes, qui sont susceptibles de déclencher des réponses du charançon ou de la guêpe parasitoïde.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

Le changement climatique impactera négativement la productivité agricole aux États-Unis

Une étude récente, publiée dans la revue PNAS, s'intéresse à l'impact du climat sur la productivité de l'agriculture américaine. Pour ce faire, des chercheurs américains et chinois ont mesuré, entre 1951 et 2010, les corrélations entre les variations climatiques régionales et celles de la productivité totale des facteurs (PTF), un indicateur de la productivité nationale. Cet indicateur permet de mesurer les évolutions de la production agricole qui ne dépendent pas des intrants (travail et capital). Ils ont également estimé, à l'aide de scénarios de changement climatique, la productivité agricole future des États-Unis.

Depuis 1948, la quantité d'intrants utilisés en agriculture est restée constante, mais la production a augmenté, induisant une augmentation de la PTF de 1,43 % par an en moyenne. En conséquence, les États-Unis produisent aujourd'hui 2,5 fois plus de produits agricoles qu'en 1948, avec le même niveau d'intrants. Cette augmentation est fréquemment attribuée à l'innovation technologique. Cependant, les conditions climatiques locales, qui impactent la production de certaines cultures, peuvent aussi l'avoir influencée, soit de manière positive, soit de manière négative. Cet article propose de distinguer les deux effets.

Distribution géographique des corrélations climat-PTF

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Source : PNAS

Les auteurs ont ainsi identifié des régions clés au sein desquelles les variations climatiques ont affecté significativement la productivité nationale. Ces régions diffèrent selon la période, la productivité agricole étant devenue plus sensible au climat à partir de 1981. De 1981 à 2010, ce sont les conditions climatiques des États du Sud-Ouest, du Nord-Est et d'un arc allant du nord du Texas à la côte atlantique qui ont eu un impact sur la productivité. Les résultats montrent que la température et les précipitations touchant ces zones peuvent expliquer environ 70 % des variations de croissance de la PTF (pour la période 1981-2010).

Projections de la PTF jusqu'à 2050

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Source : PNAS

Dans l'ensemble, les variations climatiques dans ces régions ont eu un effet négatif sur la PTF mais, jusqu'à présent, cet effet a été compensé par des améliorations technologiques. Cependant, si ces tendances se maintenaient, la productivité agricole pourrait diminuer de 2,84 à 4,34 % par an selon le scénario d’émissions retenu (moyen ou haut respectivement). La productivité agricole pourrait alors retomber aux niveaux des années 1980 d'ici à 2041 (cf. schéma ci-dessus). Pour les auteurs, des politiques publiques d'investissement dans la recherche et le développement d'avancées technologiques significatives seront donc nécessaires pour maintenir la productivité actuelle de l'agriculture américaine.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Proceedings of the National Academy of Sciences

19/04/2017

Une analyse des opportunités des marchés à terme pour le secteur laitier

L'unité Analyse et Prévisions de la DG Agriculture de la Commission européenne a publié, en mars 2017, une analyse sur les opportunités des marchés à terme pour la gestion du risque dans le secteur laitier. Les auteurs rappellent de quelle façon, depuis 2007, les marchés laitiers européens ont été plus étroitement connectés à des marchés mondiaux devenus plus volatils. Le prix européen de la poudre de lait écrémé s'inscrit ainsi à des niveaux de volatilité inédits pour cette filière, désormais comparables à ceux des prix des céréales.

Volatilité annuelle moyenne : évolutions 1991-2016 pour différents produits

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Source : Commission européenne – DG Agri

Dans ce contexte, les auteurs développent les usages et intérêts des marchés à terme dans la gestion de cette instabilité des prix. Ils reviennent, de manière pédagogique, sur les principes de ces marchés, avec des exemples d'utilisation concrète dans la gestion du risque prix pour un opérateur.

Différents marchés à terme sont aujourd'hui proposés dans le monde pour le secteur laitier, aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande et en Europe. Si les marchés américains ont le plus d'antériorité et sont les plus diversifiés (avec des contrats sur le beurre, les poudres, le fromage, mais aussi le lait), ce sont également les seuls à couvrir une part significative de la production. De plus, les auteurs relèvent le fait que les contrats Euronext sont les seuls à reposer sur des livraisons physiques lors du débouclage à l'échéance (physically settled), les contrats américains et néo-zélandais ayant opté pour des débouclages financiers (cash settled) sans échange de marchandise.

Encore récents, les marchés européens se développent, mais restent très modestes et peinent à atteindre une liquidité suffisante. Parmi les freins à leur développement, les auteurs pointent ce choix de marchés à débouclages physiques, guère adaptés à des produits périssables et peu homogènes. Par ailleurs, une part significative de la production et de la transformation laitière européenne est faiblement corrélée aux marchés mondiaux (produits de grande consommation, comme les fromages, l'ultra-frais, etc.) et ne trouverait qu'un intérêt marginal dans l'utilisation de ces outils, d'autant plus qu'ils requièrent une technicité spécifique, encore peu développée dans la filière.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Commission européenne

16:48 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : marchés à terme, lait, volatilité |  Imprimer | | | | |  Facebook