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12/04/2017

Variabilité des rendements et circulation atmosphérique à grande échelle en Europe

Afin de mieux évaluer la résilience des systèmes agricoles face aux changements climatiques, un groupe de chercheurs italiens et espagnols a testé un modèle de prévision des rendements européens du blé d'hiver et du maïs, en fonction des quatre mouvements de circulation atmosphérique européens dominants : ceux de l'Atlantique Nord, de l'Atlantique Est, de la Scandinavie et de l'est de l'Atlantique-Russie occidentale (article publié en mars dans Agricultural and Forest Meteorology). Ceux-ci expliqueraient, suivant les pays, entre 20 et 70 % de la variabilité inter-annuelle du rendement pour le blé tendre d'hiver et entre 20 et 58 % pour le maïs.

Ce niveau d'explication reste généralement inférieur à celui des modèles classiques exploitant les variables agro-climatiques au sol (ex. pluviométrie). Cette faiblesse provient, entre autres, du fait que la variabilité atmosphérique à grande échelle ne peut expliquer qu'une partie de la variabilité locale des variables agro-climatiques, en particulier lors des étapes de floraison et de remplissage du grain, les plus sensibles pour l'élaboration du rendement de la culture. Néanmoins, la prévisibilité saisonnière des mouvements atmosphériques à grande échelle est, en Europe, supérieure à celle des variables météorologiques de surface. Selon les auteurs, un couplage de ces deux types de modèles améliorerait donc leur précision et allongerait leurs horizons de prédiction.

Sources : Agricultural and Forest Meteorology, Commission européenne

15:57 Publié dans 3. Prévision, Climat, Production et marchés | Lien permanent | Tags : rendements, modèle, circulation atmosphérique |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/04/2017

En 2035, des disponibilités additionnelles de bois dans les petites forêts privées, mais un déficit d'offre résineuse par rapport à la demande

La forêt française sera-t-elle en mesure de répondre à la demande de bois énergie ou matériau dans les décennies à venir ? La sous-exploitation des peuplements est très souvent mise en avant pour justifier des projections d'augmentation de l'offre. La publication récente, par l'IGN, de la synthèse d'une étude publiée en 2016, est une occasion de faire le point de manière didactique sur ce sujet controversé.

Démarche poursuivie pour l'évaluation des équilibres offre/demande de bois

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Source : IGN

L'évaluation des disponibilités forestières à l'horizon 2035, à l'échelle des petites régions forestières et par type d'essence et d'usage a priori, est croisée avec une prospective portant sur la demande industrielle en bois énergie et en bois matériau pour les 20 prochaines années. Elle révèle la nécessité de mettre en place des dispositifs adaptés pour mobiliser la ressource forestière, dans les forêts privées sans plan de gestion, ainsi que la difficulté d'avoir un équilibre offre / demande pour chaque essence : en effet, si l'offre feuillue est excédentaire, les disponibilités en résineux resteraient insuffisantes.

Source : IGN

15:54 Publié dans 1. Prospective, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : ignbois énergie, bois matériau |  Imprimer | | | | |  Facebook

La FSA publie la quatrième édition de son enquête Food and You

Fin mars, la Food Standard Agency a publié les résultats de la quatrième vague de son étude bi-annuelle Food and You. Plus de 3 100 entretiens ont permis de collecter des données sur les pratiques alimentaires en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord : achats, préparation et consommation ; sécurité sanitaire au domicile ; consommation hors foyer ; allergies ; futurs alimentaires ; etc.

Parmi les nombreux résultats, on peut retenir qu'un tiers des répondants indique être confiants dans le fait que les produits alimentaires correspondent aux éléments indiqués sur l'étiquetage ou le menu. 52 % sont souvent confiants. Par ailleurs, près d'un quart des ménages aux plus bas revenus rencontre des difficultés pour se nourrir régulièrement ou de façon saine.

Source : Food Standard Agency

15:50 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : royaume-uni, pratiques alimentaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

Comment les consommateurs européens perçoivent-ils l'impact sur leur santé du risque d'antibiorésistance lié aux pratiques en élevage ?

L'autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) a réalisé une étude sur la perception des risques, pour la santé humaine, des antibiorésistances liées à l'usage d'antibiotiques en médecine animale. Une infographie publiée début mars en présente les résultats. Les risques en question sont notamment liés au contact direct avec les animaux (pour les éleveurs et les vétérinaires) ou avec des produits animaux (manipulation de viande ou de lait cru), et ceux liés à la consommation de ces denrées.

Des éleveurs de porcs et de volailles et des vétérinaires ont été interviewés dans cinq pays (Espagne, Roumanie, Danemark, Pologne, Royaume-Uni). En parallèle, un échantillon de consommateurs a été interrogé dans douze États membres (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, France, Italie, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie), via un questionnaire en ligne. Il ressort en particulier de cette enquête qu'une grande partie (68 %) des consommateurs estime n'être pas suffisamment informée sur les risques liés aux antibiorésistances. Un plus grand nombre encore (75 %) juge que tout n'est pas fait pour limiter l'abus d'antibiotiques chez les animaux d'élevage.

Source : EFSA

15:48 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : antibiorésistance, perception |  Imprimer | | | | |  Facebook

Réutilisation des eaux usées

Cette année, le rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau (WWDR) est intitulé Les eaux usées, une ressource inexploitée, en lien avec la cible 6.3 des Objectifs du développement durable. Il propose de passer d'une logique de traitement et d'élimination à une approche par le recyclage et la récupération, les eaux usées traitées devenant une « source d'eau alternative fiable ». Le rapport rappelle quelques tendances. Au niveau mondial, plus de 80 % des eaux usées seraient rejetés sans traitement : en moyenne, 70 % des eaux résiduelles municipales et industrielles sont traités dans les pays à revenu élevé contre 8 % dans les pays à faible revenu.

Un chapitre est consacré à l'agriculture, répertoriant les différentes sources de pollutions, ainsi que les risques environnementaux et pour la santé. Il souligne que « l'utilisation planifiée des eaux usées municipales est un modèle courant » dans un certain nombre de régions (Moyen-Orient, Chine, Mexique, Australie, etc.). En Jordanie, 90 % des eaux usées traitées sont destinés à l'agriculture. Cependant, « les surfaces irriguées par des eaux usées insalubres sont probablement dix fois supérieures à celles irriguées par les eaux usées traitées ». Le rapport souligne également le manque d'informations détaillées et complètes, à ce jour, sur cette ressource en eau.

Source : UNESCO

15:45 Publié dans Environnement | Lien permanent | Tags : eau, eaux usées |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/04/2017

Le chêne sessile, une essence résiliente qui pourrait toutefois migrer vers le nord à l'horizon 2100

À l'occasion de la journée internationale des forêts, le 21 mars, Le Monde a publié un dossier sur la forêt française et ses principaux enjeux, notamment face au changement climatique. Les résultats d'une récente étude européenne sur le chêne sessile, essence phare pour les forêts françaises, y sont mis en avant.

L'expérimentation, inédite par son ampleur (23 sites et 6 pays) et sa durée (30 ans), s'est basée sur le déplacement de populations de chêne hors de leur zone bioclimatique de départ, afin d'étudier leur résilience. Si la conclusion est plutôt encourageante dans son ensemble, les peuplements de chêne du sud de l'Europe seraient menacés à l'horizon 2100. L'aire géographique du chêne sessile s'étendrait alors plus au nord.

Réaction des chênes sessiles dans le cas d'un scénario extrême de changement climatique à 2100 (variation du taux de survie)

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Source : Global Change Biology

Sources : Global Change Biology, Le Monde

 

15:43 Publié dans Climat, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : chene sessile, changement climatique |  Imprimer | | | | |  Facebook

Évolution des formes de malnutrition en Europe et Asie centrale

La FAO a publié courant mars la deuxième édition du Regional Overview of Food Insecurity pour la région Europe et Asie centrale. Les données analysées y montrent une évolution de la nature de l'insécurité alimentaire, sur les vingt-trois dernières années, avec une diminution des problèmes d'accès (physique ou économique) à l'alimentation et de stabilité de cet accès. À l'inverse, prennent plus d'importance les déficiences en micronutriments (fer, vitamine A, zinc) et la suralimentation (caractérisée par le surpoids et l'obésité). Si 13 % de la population de la région vivent dans des pays concernés par trois enjeux nutritionnels (triple burden : sous-nutrition, carences en micronutriments, suralimentation), ce pourcentage est de 57 % pour des États où le principal problème est la suralimentation.

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Source : FAO

Ce rapport s'intéresse également aux politiques publiques mises en œuvre pour répondre à ces enjeux : complémentation alimentaire, taxes et subventions, éducation nutritionnelle, etc.

Source : FAO

15:34 Publié dans Alimentation et consommation, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : fao, malnutrition, asie, europe |  Imprimer | | | | |  Facebook

La peste porcine africaine progresse en Europe de l'Est

Suite à une saisine de la Commission européenne en 2016, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié en mars dernier un rapport sur l'analyse épidémiologique de la peste porcine africaine, dans les pays baltes et en Pologne. Cette maladie virale, non transmissible à l'homme, est mortelle chez les porcs et les sangliers ; elle a été introduite accidentellement en Géorgie en 2007, en provenance d'Afrique de l'Est, et s'est propagée en Arménie et dans des régions de l'ex-URSS, avant d'atteindre en 2014 le territoire communautaire. La contamination peut se faire par contact direct ou ingestion de produits contaminés. Les premiers cas sont apparus en 2014 dans les États membres étudiés, et on note actuellement une recrudescence chez les sangliers sauvages en Lettonie et Estonie.

Notifications de la peste porcine

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Source : EFSA

L'analyse des facteurs de risque environnementaux et biologiques met en avant le nombre de colonies de sangliers, la densité de population humaine ou encore le nombre d'élevages porcins. Il est noté que la prévalence du virus pendant la période hivernale est plus forte chez les sangliers sauvages abattus par des chasseurs. En revanche, en période estivale, elle est plus importante chez les animaux trouvés morts en milieu sauvage. Il est prévu que l'EFSA publie un deuxième rapport, en fin d'année, qui complète l'examen de la gestion du risque chez le sanglier.


Source : EFSA

17/03/2017

Analyse de 20 années de variabilité des revenus des ménages agricoles aux États-Unis

L'Economic Research Service de l'USDA a publié, dans un rapport mis en ligne en février, les résultats d'une analyse des données structurelles et comptables issues de dix-huit enquêtes annuelles. Depuis 1996, un total de plus de 200 000 familles agricoles professionnelles a fait l'objet de l'enquête Agriculture Ressource Management Survey (certaines y ont participé à plusieurs reprises). Après avoir défini les revenus « agricoles » et « non agricoles », les économistes ont mesuré leur variabilité selon la taille économique et la production des exploitations, et cherché à mettre en évidence des facteurs explicatifs. Dix-huit années de recul et des données longitudinales ont permis d'analyser les effets de différents programmes publics.

En comparant ces travaux à des études concernant d'autres secteurs économiques, les auteurs mettent en évidence des revenus totaux des ménages agricoles nettement plus volatiles que ceux des ménages non agricoles. De plus, la pluriactivité apporte de la stabilité financière aux agriculteurs, tandis que les exploitants célibataires et à plein temps sont plus sujets au risque. Par ailleurs, contrairement à d'autres secteurs économiques, la volatilité des revenus s'accroît avec la taille des exploitations. Ce résultat est dû à la part plus importante du revenu agricole dans les revenus totaux des grands exploitants, mais aussi à la plus grande variabilité de leurs revenus non agricoles, potentiellement issus d'investissements plus risqués. Les éleveurs, en proportion plus petits et plus souvent pluriactifs, sont moins sujets à cette volatilité que les cultivateurs. Leur recours plus important à la contractualisation leur permet également d'être moins exposés d'une année sur l'autre.

Selon les calculs des chercheurs, la variabilité des revenus a diminué entre 1996 et 2013, du fait d'une diversification des programmes d'aides publiques, d'un accroissement du recours à la contractualisation et d'une réorganisation des exploitations. Tous les programmes d'aides, notamment les assurances et les paiements contracycliques, participent à la stabilisation des revenus. Ils représentent ainsi 17 % du revenu total et ne sont à l'origine que de 3 % de sa variabilité.

Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective

Source : USDA

10:17 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : usa, usda, revenus |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/03/2017

Mesurer la facilité d'entreprendre dans le secteur agricole : le rapport 2017 de la Banque mondiale

La Banque mondiale a publié en février son rapport annuel Enabling Business in Agriculture 2017. Outre les avancées méthodologiques (par exemple les indicateurs liés à l'élevage ou au genre) et l'extension de la couverture géographique (22 pays en plus par rapport à 2016), le rapport présente les principales conclusions sur la facilité du business agricole dans les pays étudiés. La méthode, en place depuis 2014, s'appuie sur des questionnaires adressés à des experts nationaux (chercheurs, administrations, entreprises, etc.), afin de réaliser un panorama des réglementations encadrant l'agriculture et de leurs implications. Douze thématiques agricoles sont couvertes : semences, engrais, équipements, crédits, marchés, transport, irrigation, technologies de l'information, élevage, ainsi que les questions de foncier, de genre et de durabilité.

Chaque questionnaire permet d'établir des indicateurs de « législation » (quantification du nombre de textes sur une thématique) et d'« efficience » (temps et coûts induits par cette réglementation). Sur la thématique des semences, par exemple, la méthode compte les textes concernant la sélection variétale, la déclaration des variétés et le contrôle de qualité et, dans un second temps, prend en compte le temps et le coût de l'inscription d'une nouvelle variété. À travers ces différentes thématiques, les résultats permettent in fine de classer les pays en fonction de la facilité à entreprendre dans le secteur agricole. Toutefois, les auteurs soulignent que ces résultats sont à mettre en perspective avec d'autres facteurs : législation d'autres secteurs, situation politique, niveau d'éducation dans les zones rurales, etc.

Comme résultats les plus notables pour cette édition 2017, on constate que, des 62 pays couverts, la Bosnie-Herzégovine est classée en tête sur la thématique des engrais : ses législations dans ce domaine facilitent au mieux la commercialisation et l'utilisation d'engrais en agriculture, devant certains pays de l'OCDE. Toujours du côté des bonnes performances, les Pays-Bas se placent en premier sur les thématiques des semences et des marchés. À l'inverse, les pays avec peu de réglementation et des coûts administratifs les plus pesants pour le secteur agricole sont le Liberia et la Birmanie.

Barthélemy Lanos, Centre d'études et de prospective

Source : Banque mondiale

10:15 Publié dans 2. Evaluation, 4. Politiques publiques, Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : banque mondiale |  Imprimer | | | | |  Facebook

La place du secteur LULUCF dans l’atténuation : analyse globale des contributions nationales

S’appuyant sur les contributions nationales communiquées en amont de la COP21 (Intented nationally determined contributions - INDC), six chercheurs ont estimé l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre en 2030 par le secteur LULUCF, i.e. les usages des terres, les changements d’usage des terres et la forêt. Ces contributions varient dans la façon a) de présenter l’objectif de réduction (en tCO2éq ou en émissions par unité de PIB), b) de le comparer à une base historique (1990, 2005) ou à un scénario au fil de l’eau, et c) de définir sa conditionnalité. Ce dernier point correspond à des cibles en 2030 qui sont en partie dépendantes de financements, de la disponibilité de technologies, etc.

Ce travail analyse l’atténuation par le secteur LULUCF de 68 pays (ou 41, avec l’Union européenne à 28 comptant pour une contribution), représentant 78 % des émissions nettes globales en 2012 et 78 % de la surface forestière mondiale. La rétrospective sur 1990-2010 montre des émissions annuelles passant de 1,54 (± 1,06) à 0,01 (± 0,86) GtCO2éq. Les variations inter-annuelles viennent des pics de déforestation au Brésil et en Indonésie, de la combustion de tourbe et de l’augmentation du puits dans les forêts boréales et tempérées.

À l’horizon 2030, 4 scénarios sont explorés (cf. graphique) : « au fil de l’eau », tel que défini par chaque pays (country-BAU) ; tendanciel avec les politiques publiques mises en place avant la COP21 (pre-INDC) ; avec les contributions excluant (conditional INDC) les réductions conditionnelles ; avec les contributions incluant (unconditional INDC) ces réductions. Dans les deux premiers scénarios, les émissions augmentent pour atteindre respectivement 1,94 (± 1,53) et 0,36 (± 0,94) GtCO2éq. Les deux suivants marquent le passage d’une source nette à un puits : -0,41 (± 0,68) GtCO2éq et -1,14 (± 0,48) GtCO2éq en 2030. Les auteurs soulignent que la mise en œuvre des contributions nationales, dans leur totalité, conduirait le secteur LULUCF à participer à hauteur d’un quart de l’objectif global d’atténuation tel qu’estimé dans les INDC.

Évolutions historiques et futures des émissions de GES pour le secteur LULUCF

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Source : Nature Climate Change

La publication met également en évidence un écart de 3 GtCO2éq entre cette analyse sur les contributions nationales et le dernier rapport du GIEC. Les auteurs expliquent cet écart par des différences méthodologiques, en particulier sur la comptabilisation des émissions anthropogéniques. Ils appellent en conclusion à mieux expliciter ces différences pour éviter de possibles messages contradictoires dans les prochaines années.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Climate Change

10:12 Publié dans 4. Politiques publiques, Climat | Lien permanent | Tags : lulucf, atténuation, ges |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/03/2017

Produire et mobiliser un milliard de tonnes de biomasse en 2040 aux États-Unis, tout en préservant l'environnement

Alors que la bioéconomie est mise en avant par de nombreuses politiques industrielles, en Europe comme aux États-Unis, les conséquences sur l'environnement d'un recours accru à la biomasse d'origine agricole et forestière font l'objet d'analyses souvent partielles. Prenant appui sur la récente mise à jour du Billion-ton scenario (volume I), évaluant le potentiel américain de production de l'agriculture et de la sylviculture à 1 milliard de tonnes de biomasse en 2040, le ministère américain de l'Énergie vient de compléter cette analyse économique par un deuxième volume, centré sur les impacts environnementaux.

Ce travail utilise des scénarios issus du premier volume. En plus de la projection à court terme (2017), deux scénarios contrastés ont été retenus : le premier combine un accroissement annuel de 1 % pour la productivité agricole et une évolution tendancielle de la demande pour la biomasse forestière, alors que le deuxième est plus dynamique (+ 3 %/an pour la productivité agricole, demande forte de bois matériaux et énergie).

Scénarios retenus dans le cadre de l'étude

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Source : US Departement of Energy

Ces scénarios ont été élaborés en mobilisant diverses méthodes (modèles sectoriels par exemple), offrant un panorama large des outils existants dans les domaines agricole et forestier. Ainsi, l'offre potentielle de biomasse est évaluée en tenant compte de facteurs multiples : concurrence en matière d'utilisation des sols et des produits, sécurité alimentaire, aires de protection environnementale, transition vers une agriculture plus économe et durable, etc. Ce deuxième volume approfondit l'analyse de l'impact potentiel des changements de production sur la répartition des terres, la consommation et la qualité de l'eau, la qualité de l'air, la préservation de la biodiversité, la sensibilité au changement climatique. L'analyse à l'échelle des comtés est privilégiée, selon la disponibilité des données.

Potentiel de production de biomasse dans les différents scénarios (en million de tonnes sèches)

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Source : US Departement of Energy

En conclusion, lorsque le développement de la production de biomasse obéit à certaines contraintes de durabilité, ses impacts sur l'environnement – variables selon les espèces et les localisations – sont réduits. Ce développement privilégie la production de cellulose, soit par des productions herbacées (sorgho, switchgrass, miscanthus, canne énergétique), soit par des taillis à courte rotation, et adapte les productions et leur gestion aux territoires. Enfin, les auteurs préconisent pour l'avenir une approche systémique de la bioéconomie, pour analyser les enjeux environnementaux et sociaux de manière intégrée, plutôt que de procéder de manière successive.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : US Department of Energy

10:09 Publié dans 1. Prospective, Biomasse/Biocarburants, Forêts Bois | Lien permanent | Tags : biomasse, usa, billion-on scenario |  Imprimer | | | | |  Facebook

La désindustrialisation et la désagricolisation de la société française amplifient la métropolisation

La métropolisation de la société française, dans un contexte de désindustrialisation, modifie les dynamiques territoriales d'emploi. Les évolutions constatées au cours de la décennie écoulée, et leurs impacts sur les métiers, devraient s'amplifier d'ici 2022, selon l'analyse que vient de publier France Stratégie. Croisant les évolutions démographiques, les dynamiques sectorielles et la prospective des métiers et des qualifications à 2022, l'étude met en évidence les défis auxquels seront confrontées les zones rurales dans la décennie à venir.

Alors que la concentration des emplois en zones urbaines bénéficiait, jusqu'en 2000, à l'ensemble des villes (notamment aux petites et moyennes), on assiste depuis à une évolution divergente, aggravée depuis la crise de 2008 : les aires urbaines de moins de 100 000 habitants perdent régulièrement des emplois, alors que les créations se concentrent dans la douzaine de pôles urbains de plus de 500 000 habitants.

Taux de croissance annuel moyen de l'emploi en fonction du taux d'urbanisation

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Source : France Stratégie

Par ailleurs, ces évolutions globales masquent des dynamiques à l’œuvre en termes de types d'emplois et de métiers, qui pourraient encore amplifier les contrastes territoriaux : les métiers de l'agriculture et de l'agroalimentaire, concentrés dans les zones peu urbanisées (voir sur ce thème une note de l'Insee), sont attendus en recul dans les prochaines années. À l'inverse, les postes de cadres, les métiers du numérique, des soins aux personnes, de l'hôtellerie sont en fort développement et particulièrement représentés dans les grands pôles urbains. Dans ce contexte, les zones rurales perdent en attractivité et l'accès aux services devient plus difficile, comme l'illustre le choix de certains agriculteurs d'habiter en ville et non plus sur leur exploitation.

L'analyse pointe également le fait que les métropoles les plus attractives et dynamiques sont celles du grand quart sud-ouest, combinant les activités cognitives (technologies, recherche, industries de pointe) et présentielles (liées aux populations et au tourisme). L'effet d'entraînement des métropoles sur leur périphérie doit toutefois être mieux étudié.

Évolution de l'emploi des 25-54 ans entre 2006 et 2013, par aire urbaine

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Source : France Stratégie

Enfin, l'auteur s'interroge sur les dynamiques à plus long terme et notamment sur l'impact du numérique sur l'organisation spatiale du travail, permettant d'entrevoir des pistes d'action publique en faveur des zones actuellement à l'écart des dynamiques métropolitaines.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : France Stratégie

10:05 Publié dans Société, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : métropolidation, france stratégie, emploi |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/03/2017

Sciences, savoirs et savoir-faire des agriculteurs : quels regards porter sur le passé ?

Dans le dernier numéro de Zilsel, Jérôme Lamy (CNRS) livre une rétrospective de la sociologie rurale française depuis les années 1950. Sa revue de littérature est menée au prisme des « savoirs ruraux ». Pour l’auteur, cette notion recèle une « part d’ambiguïté » puisqu’elle « renvoie aussi bien aux travaux scientifiques » qu’aux « savoirs dit "traditionnels" ». Il s’agit pour lui d’examiner comment se recomposent les liens entre modernisation et légitimité de ces savoirs.

Dans la phase d’institutionnalisation de la sociologie rurale, autour des travaux de H. Mendras, les savoirs ruraux sont peu analysés, sinon « en passant », pour suggérer comment ils sont supplantés par le développement d’une agriculture rationnelle, hautement mécanisée et technicisée. À partir des travaux inspirés par l’ethnographie des pratiques de P. Bourdieu, dans les années 1970, ils sont étudiés de façon plus approfondie, jusqu’à contribuer, dans la dernière période (années 1990), à la mise en valeur d’une « modernisation alternative » plus respectueuse de l’environnement, notamment dans les travaux du département SAD de l’Inra.

Il est intéressant de lire, en parallèle, un article récent d’OIessia Kirtchik sur l’institutionnalisation et le déclin de l’économie rurale entre 1950 et 1985, moment où cette spécialité « nationale », portée par les agronomes d’État, cède le pas à des approches « généralistes » menées dans un cadre d'analyse néo-classique.

Par ailleurs, signalons une contribution de Jacques Caplat (EHESS) dans la revue Histoire et sociétés rurales. À partir d’enquêtes sur la sélection végétale paysanne, l’auteur soutient que les savoirs paysans « témoignent d’une créativité scientifique réelle », mais sans doute, faute de formalisation écrite, négligée quant à sa contribution passée à l’innovation agricole.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Sources : Zilsel, Histoire et sociétés rurales, Revue d'anthropologie des connaissances

Les bactéries présentes dans des sols contenant des pesticides peuvent développer des résistances croisées aux antibiotiques

Publiée récemment dans la revue Microbial Pathogenesis, une étude menée par des chercheurs indiens met en évidence une corrélation entre exposition des bactéries telluriques aux pesticides et apparition de multi-résistances aux antibiotiques, et identifie les mécanismes en jeu. La présence de résidus de pesticides dans le sol peut entraîner une modification de la voie métabolique de la flore bactérienne endémique, en particulier des bactéries capables de métaboliser les pesticides pour leurs besoins énergétiques (pseudomonas, bacillus, arthrobacter par exemple).

Les travaux ont porté sur des échantillons de sols provenant de différents sites de la province de Nadil Talun, en Inde du Sud. Il s'agissait de sols agricoles traités, depuis 5 ou 10 ans selon les cas, avec des insecticides contenant du monochrotophos, principe actif interdit dans l'Union européenne et aux États-Unis, mais toujours utilisé dans plusieurs pays. Vingt-cinq bactéries ayant la capacité de dégrader ce pesticide ont été isolées, mises en culture, puis sélectionnées en fonction de leur tolérance à différentes concentrations du pesticide et de leur sensibilité à divers antibiotiques. Cette étape a révélé que des germes de type bacillus sont à la fois résistants au monochrotophos et à plusieurs antibiotiques courants.

Dans certains des lots de bacillus, l'isolement et l'inactivation du plasmide hébergeant le gène de résistance ont permis de distinguer les capacités bactériennes selon le degré d'activité de ce plasmide. Cette activité varie en fonction des conditions chimiques. De manière générale, il apparaît que l'enzyme de dégradation des pesticides peut se lier avec certains antibiotiques par un pont hydrogène, et former ainsi un composé inactif.

En conclusion, la persistance de pesticides dans le sol peut induire chez les bactéries telluriques une capacité de résistance de deux façons : soit par sélection naturelle, en lien avec l'exposition sur le long terme à des doses sub-létales, soit à la suite d'une mutation sur plusieurs gènes impliqués dans la dégradation des pesticides. Les auteurs signalent que depuis dix ans la résistance aux pesticides a très fortement augmenté, et les résistances croisées pourraient donc se développer. Cette expérience effectuée en laboratoire doit toutefois être suivie de recherches en milieu naturel.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Microbial Pathogenesis