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06/03/2017

L'Académie des sciences se penche sur les enjeux éthiques liés à la technologie CRISPR-Cas9

L'Académie des sciences a organisé un colloque, le 21 février dernier, sur les questions éthiques soulevées par la technologie CRISPR-Cas9, spécialement consacré aux enjeux pour le secteur agricole. Cette technologie représente une véritable révolution en ingénierie génétique (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), permettant d'intervenir directement sur le code génétique de tous les êtres vivants. Ce complexe enzymatique ouvre de nombreuses voies de recherche et présente déjà des applications potentielles dans le secteur de la santé, mais aussi de la production agricole et de l'industrie agroalimentaire (voir un autre billet sur ce blog).

Le développement rapide de cette technologie, grâce à sa puissance, sa polyvalence et sa simplicité, n'est pas sans susciter de nombreux défis éthiques. Le colloque a permis en particulier d'aborder ceux liés aux applications pour les plantes cultivées et les animaux d'élevage.

Source : Académie des sciences

09:23 Publié dans Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : crispr-cas9, ethique |  Imprimer | | | | |  Facebook

03/03/2017

Un procédé pour produire in vitro du muscle porcin à partir de cellules souches pluripotentes

Comme rapporté par le site Food Climate Research Network, un article, publié en février dans Nature scientific report par des chercheurs américains (universités du Missouri et du Maryland), décrit un nouveau procédé de production in vitro de muscle squelettique porcin. Ce procédé utilise des cellules souches porcines pluripotentes (piPSC), lesquelles peuvent se multiplier et donner des cellules plus spécialisées. Il permet un développement cellulaire en l'absence de sérum sanguin : point nouveau par rapport aux précédentes techniques mises au point, cela représente un atout puisque le prélèvement et le stockage du sérum sont considérés comme des facteurs contraignants.

Selon les auteurs, diverses applications pourraient découler de ce procédé, allant de la production de viande in vitro aux recherches en biologie régénératrice. Le porc est en effet un modèle animal reconnu en recherche biomédicale, du fait d'une certaine similitude physiologique et morphologique avec l'homme. La méthode, en cours de développement, pourrait être étendue à la culture de cellules musculaires d'autres espèces animales, ou à d'autres types cellulaires, cardiaques par exemple.

Sources : Nature scientific report, Food Climate Research Network

09:20 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : muscle, production in vitro |  Imprimer | | | | |  Facebook

02/03/2017

Une étude de cohorte analyse les signes cliniques et les facteurs pronostiques de la listériose

Dans The Lancet, une équipe de chercheurs français vient de publier les résultats d'une étude réalisée à partir des observations collectées, entre 2009 et 2013, dans le cadre de la cohorte nationale prospective MONALISA (multicentric observations national analysis on listeriosis and listeria). L'objectif était de préciser les caractéristiques cliniques et les facteurs pronostiques de cette infection d'origine alimentaire. La bactérie Listeria monocytogenes peut affecter tant l'homme (risque particulier pour les femmes enceintes, les personnes immuno-déprimées et les personnes âgées) que les animaux (ruminants notamment), via des aliments contaminés.

L'étude a pris en compte 818 cas, parmi lesquels 427 présentant une bactériémie, 252 une forme neurologique et 107 une forme materno-fœtale. Elle révèle une gravité de la maladie plus importante que ce qui était répertorié jusqu'à présent. Dans les formes neurologique et bactériémique, le pronostic vital des patients est engagé dans les deux tiers des cas et la survie est le plus souvent accompagnée de séquelles.

Source : The Lancet

09:19 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : listeria, monalisa |  Imprimer | | | | |  Facebook

Contrefaçon des pesticides : un coût économique non négligeable pour l'Union européenne

Dans sa dixième étude sectorielle sur l'incidence économique de la contrefaçon et du piratage, publiée le 8 février 2017, l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO), s'intéresse à la production des pesticides et autres produits agrochimiques (hors engrais et produits azotés). Sur la période 2009-2014, il révèle que les effets directs et indirects imputables à la contrefaçon de pesticides dans l'UE conduisent à une perte annuelle de ventes d'environ 2,8 milliards d'euros : 1,3 milliard (soit 13,8 %) des ventes du secteur, auxquels s'ajoutent 1,5 milliard perdus par d'autres secteurs économiques (estimations à partir des achats effectués auprès de ces secteurs par l'industrie des pesticides). Il en résulte une perte d'emplois estimée à 11 700 postes, dont 2 600 dans l'industrie des pesticides, ainsi qu'un déficit de recettes publiques (238 millions d'euros). L'EUIPO évoque aussi les conséquences possibles de la présence de pesticides contrefaits en matière d'environnement et de santé humaine (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Source : EUIPO

09:17 Publié dans Production et marchés | Lien permanent | Tags : contrefaçon, pesticides |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/02/2017

Rendements agricoles et indépendance alimentaire : un exercice prospectif à l'horizon 2050 pour l'Afrique subsaharienne

Publié dans la revue PNAS, cet article présente un exercice prospectif à 2050, portant sur les évolutions de la capacité de production agricole (céréales) des pays sud-sahéliens, en lien avec leurs démographies. Entre 2010 et 2050, la population d'Afrique subsaharienne devrait être multipliée par 2,5 et la demande en céréales par 3 (également portée par l'évolution des régimes alimentaires). Les dix pays analysés présentent en moyenne un ratio d'indépendance alimentaire (production domestique sur consommation totale) pour les céréales de 0,8. Ceci peut être source d'insécurité alimentaire car de nombreux États n'ont pas suffisamment de ressources en devises étrangères pour importer massivement des denrées. Les chercheurs ont utilisé le modèle d'équilibre partiel IMPACT, pour tester trois scénarios d'évolution de la production de céréales en fonction de l'accroissement du rendement, prenant en compte des changements de politiques stratégiques (augmentation des surfaces agricoles, des surfaces irriguées, promotion de l'agriculture intensive). Deux hypothèses importantes sont faites : le commerce intra-régional se développe sans entrave et le rendement des surfaces nouvellement agricoles est identique à celui des anciennes.

Parmi les résultats obtenus, les auteurs soulignent que le maïs dispose du plus grand potentiel dans la région et pourrait donc constituer une culture intéressante pour les producteurs comme pour la sécurité alimentaire. Dans le scénario qui s'appuie sur une augmentation des rendements à 2050 identique à celle entre 1991 et 2014, le besoin de surfaces céréalières serait de 97 millions d'ha (+185 %). Avec le scénario qui permet aux cultures non irriguées d'atteindre 50 % de leur optimum, les pays analysés amélioreraient leur indépendance alimentaire à 0,6. Cette cible paraît toutefois difficilement atteignable aux auteurs, au vu du besoin d'intensification, du difficile accès aux intrants et des faibles infrastructures de la région. Dans ce cas, 44 millions d'ha (+ 84 %) supplémentaires de surface céréalière seraient nécessaires pour atteindre l'auto-suffisance. Enfin, dans le cas où les surfaces agricoles atteignent 80 % de leur rendement optimal, la région resterait très dépendante des importations extra-régionales, avec une forte disparité entre les pays.

Les auteurs précisent que leur étude se limite aux déterminants agronomiques du défi alimentaire. Or, promouvoir la production agricole et atteindre une balance commerciale positive relèvent également de politiques ciblées (droit foncier, accès au crédit) et d'investissements (R&D).

Barthélemy Lanos, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

11:21 Publié dans 1. Prospective, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : rendements, afrique subsaharienne, céréales |  Imprimer | | | | |  Facebook

L'expansion urbaine et ses conséquences sur les terres cultivées et la production agricole

La revue PNAS a publié récemment les résultats d'une étude prospective analysant les conséquences de l'expansion urbaine sur les terres cultivées et la production agricole, au niveau mondial et pour différents pays. Pour évaluer les pertes de surfaces et de production, les auteurs ont croisé des données spatiales d'utilisation des terres cultivées et de productivité agricole (année 2000) et des projections à 2030 de l'occupation urbaine selon trois scenarii (urbanisation faible, moyenne et importante). Des focus sont faits pour quatre denrées de base (maïs, riz, soja et blé) et trois cultures de rente (cacao, huile de palme et canne à sucre). L'étude détaille également les cas particuliers de grandes conurbations.

Il en ressort une perte globale de terres agricoles de 1,8 à 2,4 % d'ici 2030, avec une répartition mondiale très inégale. 80 % de ces pertes se situent en Asie (un quart pour la Chine seule) et en Afrique, soit 24 millions d'hectares (scénario médian). L'étude confirme que les terres gagnées par l'urbanisation sont en moyenne plus productives, induisant ainsi une diminution de production agricole de 3,4 à 4,2 %. Mais selon les différentes dynamiques de développement urbain, les conséquences de ces tendances sont géographiquement inégales. La baisse de production induite par 3 % de pertes de terres agricoles est ainsi de 6 % en Asie, mais de 9 % en Afrique. L'expansion urbaine constitue une menace importante pour la production agricole chinoise, alors que son impact productif sera plus limité, malgré des disparitions de surfaces importantes, aux États-Unis, en Inde ou au Brésil.

Différentes stratégies de compensation des pertes de production sont évoquées en fin d'article. Les auteurs ébauchent également une réflexion sur les conséquences de l'extension urbaine : notamment l’impact du développement des supermarchés (dans les grands centres) sur la structuration de la production agricole, et le devenir des petits producteurs perdant leurs terres en lien avec la sécurité alimentaire. L'étude conclut sur le rôle central de la gouvernance des zones urbaines vis-à-vis de la préservation des zones agricoles et sur la responsabilité des villes par rapport à la durabilité des ressources.

L’extension urbaine selon les différents scenarii

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Source : PNAS

Claire Deram, Centre d’études et de prospective

Source : PNAS

11:19 Publié dans 1. Prospective, Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : expansion urbaine, production agricole |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les réformes agraires dans le monde

La Revue d’histoire moderne et contemporaine consacre son dernier numéro aux réformes agraires. Le sujet, trop souvent circonscrit à la deuxième moitié du XXe siècle en Occident, est ici élargi à d'autres périodes et à différentes zones géographiques (Europe, Chine, Maghreb, Mexique).

Ce dossier thématique ne se limite pas à la question de la propriété du sol et à sa répartition : la réforme agraire y est comprise dans une acceptation large, les historiens s’intéressant aussi aux conditions de mise en valeur de la terre et aux multiples processus menant à ces réformes. À titre d'exemple, ils interrogent la Révolution française en tant que révolution agraire. Indéniablement, l'abolition des servitudes personnelles et des droits seigneuriaux, l'égalité des droits, la mise en vente de 10 % des superficies agricoles sous forme de biens nationaux et l'accès élargi à la propriété constituent des émancipations agraires. Cependant, les auteurs démontrent que les structures agricoles et la société paysanne ne sont pas sorties radicalement transformées de la Révolution. Ces changements ne se mettront en place qu'au fil des décennies suivantes.

Ce numéro présente une synthèse réussie des réformes agraires en Europe, en analysant les interactions, les convergences et divergences entre les différents processus dans chacun des pays. Dans un second temps, des études de cas approfondies abordent successivement : la réforme agraire au Mexique puis celle sous la Seconde République espagnole ; les réformes postcoloniales au Maghreb ; les politiques agraires de la Révolution chinoise.

Le dossier se conclut par un article sur la question de « l’accaparement des terres » (land grabbing), analysé comme une « contre-réforme » agraire. Une approche comparative historique de ce phénomène, avec des processus antérieurs, est ici développée. Ce dernier article montre la nécessité d’une véritable approche historique de l'accaparement et son auteur appelle à une plus grande participation des historiens à l’analyse de ce mouvement.

Céline Fabre, Centre d'études et de prospective

Source : Revue d'histoire moderne et contemporaine

11:17 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : foncier, histoire, réformes agraires |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/02/2017

Le rôle des contacts indirects dans la propagation de maladies infectieuses en élevage

Dans la propagation de maladies infectieuses au sein des élevages, il est possible de distinguer les contacts directs (diffusion de la maladie consécutive aux échanges d’animaux porteurs entre exploitations agricoles), des contacts indirects (ceux associés aux déplacements des opérateurs, équipements et véhicules contaminés entre exploitations). Étudier le rôle des seconds reste une tâche peu aisée, mais cruciale pour la surveillance et la gestion des maladies infectieuses. La majorité des travaux de recherche est ainsi consacrée au rôle des contacts directs (ou encore à la propagation vectorielle). Tel est le constat dressé par une publication parue dans PLoS Computational Biology.

La difficulté, d’après les auteurs, est double. D’une part, les contacts indirects sont divers et de nature complexe. D’autre part, collecter la donnée en qualité et quantité suffisantes s’avère difficile : la méthode des questionnaires, employée dans de précédents travaux, ne donne pas suffisamment d’informations pour établir la structure du réseau associé à ces contacts (faible taux de réponse). Pour lever cet obstacle, les auteurs ont mobilisé plusieurs sources de données dans la région italienne d'Émilie-Romagne, et plus particulièrement dans la province de Parme :

- la base de données nationale d’identification pour les échanges d’animaux entre fermes, entre 2010 et 2013 (contacts directs) ;

- les dates de visite par le service public vétérinaire, la liste des prescriptions médicales réalisées (correspondant à une visite par un praticien), les échantillons envoyés au laboratoire local d’analyse et la liste des inspections d’exploitations faites par des vétérinaires du secteur privé (sous-traitance), pour l’année 2013.

Au final, le travail porte sur 1 349 exploitations laitières, et sur les déplacements de 50 agents du service public vétérinaire régional et de 203 praticiens privés.

S’appuyant sur le cas de la paratuberculose, les auteurs montrent que les voies de transmission directes et indirectes ne se recouvrent que partiellement (ie la structure des deux réseaux diffère), et donc que les risques d’infection associés seraient largement indépendants. Par ailleurs, l’étude conclut sur la contribution des contacts indirects, à l’échelle locale, à la propagation de maladies infectieuses.

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : PLoS Computational Biology

L'épidémiologie participative : quel impact sur la surveillance de la santé animale mondiale ?

Un article, paru dans la revue PLoS One, présente un inventaire des principales applications de l'épidémiologie participative à la santé animale, entre janvier 1980 et juin 2015. L'épidémiologie participative (EP), branche relativement récente de la science épidémiologique, s'appuie sur une participation active des populations locales, un contact régulier avec les éleveurs et une prise en compte accentuée du contexte socio-économique et environnemental. Différant de l'épidémiologie classique par des données plus qualitatives que quantitatives, elle se réfère à deux principes fondamentaux : la flexibilité (les sources d'information sont diverses, allant de l'entretien informel aux différentes formes de visualisation) et la triangulation (procédé de recoupement des données, pour en assurer la qualité et la fiabilité).

Dans cette étude, 237 publications (articles scientifiques, rapports techniques, actes de conférences, etc.), traitant principalement de la surveillance et du contrôle des maladies, ont été répertoriées, la plupart publiées depuis 2012. Elle s'appuie également sur les contributions, via un forum Internet, de 79 praticiens, issus de groupes de recherche, d'ONG ou d'universités, et travaillant en majorité en Asie et en Afrique. Les maladies couvertes dans les registres d'EP ont été classées dans différentes catégories générales, telles que les maladies transmises par la nourriture ou les maladies vectorielles. La carte ci-dessous présente les activités d'EP recensées en Europe, Afrique, Asie et Océanie.

Nombre d'activités en épidémiologie participative en Europe, Afrique, Asie et Océanie

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Source : PLoS One

Les auteurs mettent en avant que l'EP a contribué, depuis une trentaine d'années, au contrôle de certaines maladies animales, telles que la fièvre aphteuse, la peste des petits ruminants et l’influenza aviaire. On peut également citer la peste bovine, éradiquée en 2011. La méthode est particulièrement utile dans les zones où il y a peu de services vétérinaires organisés et de données de surveillance.

Enfin, pour permettre un recours plus large à l'EP, les auteurs soulignent la nécessité d'une mise en place de normes et d'une définition standardisée conjointement par l'OIE et la FAO. Ils suggèrent également d'augmenter le nombre de praticiens formés aux spécificités de l'épidémiologie prédictive.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : PLoS One

11:13 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : épidémiologie participative |  Imprimer | | | | |  Facebook

Revue des travaux scientifiques sur les choix alimentaires publiés depuis 1954

Publié dans le numéro de mars 2017 d'Appetite, cet article présente les résultats de la première revue des publications scientifiques quantitatives consacrées aux déterminants des choix alimentaires des adultes, issues de disciplines variées et couvrant la période 1954-2015. Les auteurs se sont appuyés sur le cadre interdisciplinaire DONE (Determinants Of Nutrition and Eating behavior framework), élaboré à l'occasion du projet européen Determinants of Diet and Physical Practices (DEDIPAC). 1 820 publications ont été retenues : 1 737 articles publiés dans 485 journaux académiques (Appetite, Food Quality and Preference, Journal of the American Dietetic Association étant les trois principaux), 57 thèses et 26 chapitres d'ouvrages, actes de conférences ou encore documents de travail.

Représentation simplifiée du cadre DONE

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Source : Appetite

Cette revue s'est appuyée sur un codage, pour chaque publication, des indicateurs étudiés influant sur les décisions alimentaires, et des approches (nutrition, médecine, technologies alimentaires, étude des comportements, biologie, psychologie, marketing et consommation, économie, sociologie, etc.). Cela permet notamment de mettre en évidence que, si des domaines scientifiques variés sont mobilisés, la majorité des travaux repose sur la médecine et les sciences de la santé, et sur la nutrition. Plus de 60 % des publications sont consacrés à l'étude de l'individu, un tiers inclut le niveau environnemental (caractéristiques des produits par exemple) et peu traitent du niveau « politique » (stratégies industrielles et actions publiques). Il apparaît également que la plupart des travaux est concentrée sur un petit nombre d'indicateurs (facteurs psychologiques et biologiques, caractéristiques des produits). Par ailleurs, la dynamique des publications dans le temps révèle une croissance forte au cours des trente dernières années : la moyenne annuelle de neuf publications sur la période 1954-1989 est passée à 200 ensuite.

Enfin, les auteurs identifient plusieurs limites à leur démarche, qui ouvrent autant de perspectives de travaux : les études qualitatives et celles portant sur les enfants ont été exclues de la sélection ; la discipline de chaque étude a été codée à partir de la revue dans laquelle celle-ci a été publiée.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Appetite

11:06 Publié dans Alimentation et consommation, Enseignement et recherche | Lien permanent | Tags : recherche, alimentation |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/02/2017

Commerces de proximité alimentaires : les cas des crémiers-fromagers et des marchés de plein vent

La revue Ethnologie française publie, dans son premier numéro de 2017, un ensemble d'articles consacrés au commerce de détail, abordé dans ses dimensions historiques, sociales et spatiales. Si le commerce de détail fait l'objet, depuis quelques années, de travaux croissants, notamment en lien avec la ville, les « gens de commerce » sont peu abordés par la recherche. Ce numéro a donc pour objectif de « mettre la focale sur les membres d'un groupe professionnel méconnu », d'« aborder leur travail sous l'angle de leur professionnalisme » et d'« appréhender la manière dont ils subissent et utilisent la ville ». Les commerces alimentaires y sont abordés à deux reprises.

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Le premier article s'intéresse aux crémiers-fromagers. S'appuyant sur une centaine d'enquêtes menées entre 2011 et 2014, l'auteure met en lumière le renouveau de ce commerce spécialisé, qui participe « de l'évolution des pratiques alimentaires urbaines et des nouvelles représentations du lien des aliments à l'espace ». Ce renouvellement a été marqué par le retour de la boutique (années 2000) et par une « gastronomisation de la profession ». Répondant aux attentes nouvelles des consommateurs urbains, ces évolutions s'appuient sur la valorisation du savoir-faire des commerçants, sur une plus grande proximité et une « réassurance » (informations sur le produit, sa provenance, ses conditions de production agricole et de fabrication, etc.), sur une réponse personnalisée, adaptée aux modes de vie (ex : snacking), etc. Les crémiers-fromagers s'insèrent également dans les politiques urbaines (aménagement, promotion touristique). Toutefois, ils sont confrontés à une uniformisation de l'offre, liée aux évolutions des secteurs de production et du commerce de gros, et cherchent à se différencier avec des produits étrangers rares ou l'exclusivité de la vente de produits locaux. Enfin, notons que cette forme d'artisanat est rare voire absente des communes rurales, banlieues, communes périurbaines non gentrifiées, petites villes et villes moyennes en difficulté.

Le second article présente les résultats d'enquêtes, conduites dans le cadre d'une thèse en géographie, auprès de commerçants alimentaires de marchés de plein vent de Rhône-Alpes. Il apporte des éclairages intéressants sur « leurs mobilités, sociales et géographiques, ainsi que les critères personnels qui dessinent leurs choix d'ancrage », et plus largement sur « les dynamiques en cours dans la fabrique de la ville ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Ethnologie française

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« Classes sociales au foyer », de la cuisine ouverte en HLM aux maisons d’agriculteurs

La dernière livraison des Actes de la recherche en sciences sociales est consacrée à l’espace domestique et à sa place dans les rapports de classes et de genres.

Étant donné le rôle des repas dans l’organisation du travail ménager, la question alimentaire affleure dans plusieurs articles. Ainsi, dans l’étude de Pierre Gilbert (université Paris 8) sur l’introduction de la cuisine ouverte dans les appartements des cités HLM, un intérieur « à l’américaine » paraît peu compatible avec la préparation de plats élaborés, salissants et très aromatiques. Cette nouvelle architecture, qui permet de gagner des mètres carrés habitables, accompagne « un processus plus large de transformation des habitudes culinaires en milieu populaire », vers la consommation de plats préparés et/ou surgelés. Ses effets sur le monde privé des classes populaires ne sont cependant pas mécaniques : loin de les aligner sur le mode de vie des classes moyennes, la cuisine ouverte fait l’objet de différentes résistances ou « réappropriations hétérodoxes », que l’article analyse finement.

Gilles Laferté (Inra) s’intéresse lui aux résidences des agriculteurs céréaliers du Germanois (nord-est de la France), en voie « d’embourgeoisement ». L’auteur, qui a visité une cinquantaine de maisons, décrit différents intérieurs dans le détail. Le grand pavillon, souvent auto-construit ou revalorisant des bâtiments de ferme plus anciens, constitue « la forme dominante de l’habitat agricole ». Ces bâtisses démesurées renvoient à « un art classique du recevoir », « faisant de son propriétaire le continuateur historique de la souche familiale », alors même que les occasions de se réunir sont devenues rares. Si habiter dans un château demeure inenvisageable – plus par modestie que par manque de moyens –, les agriculteurs s’emploient à « ennoblir leur pavillon » en usant de divers artifices : pignons, décoration intérieure, mise en valeur d’objets du patrimoine paysan, etc. L’auteur montre que leurs goûts évoluent au contact de ménages néo-ruraux « gentrifieurs », vers des formes proches de la maison de vacances (baies vitrées, terrasses en teck, etc.).

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : Actes de la recherche en sciences sociales

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Le verdissement de l'économie, source d'emplois depuis 2007

S'appuyant sur la comparaison de deux recensements à cinq ans d'intervalle (2007 et 2012), la Dares (ministère du Travail) et l'Observatoire national des emplois et métiers de l'économie verte (Onemev) ont pour la première fois pu analyser les évolutions à l’œuvre dans les secteurs concernés. Deux publications récentes présentent ces éléments.

Le périmètre des professions de l'économie verte englobe deux ensembles de professions : les « vertes » (dont la finalité est la restauration ou la préservation de l'environnement) et les « verdissantes » (dont la finalité n'est pas environnementale mais qui évoluent pour intégrer cette dimension). Ainsi, en prenant l'exemple du secteur agricole et forestier, les agents techniques forestiers et la police environnementale (gardes de l'ONCFS, brigades vertes, etc.) exercent des métiers verts, alors que les agriculteurs installés en bio ainsi que d'autres techniciens forestiers, les bûcherons ou les jardiniers sont comptabilisés comme métiers verdissants.

Au total, en 2012, 4 millions d'emplois étaient dénombrés dans ces deux catégories, dont 144 000 pour les métiers verts. Par ailleurs, plus d'un emploi sur sept en France est impacté par une évolution des pratiques et des compétences liées aux préoccupations environnementales. L'analyse met en évidence une dynamique différenciée, au sein des secteurs d'activité, entre les emplois de l'économie verte et les emplois traditionnels. Ainsi, alors que les emplois agricoles et forestiers reculent sensiblement sur la période, les emplois verdissants du secteur progressent de plus de 11 % en cinq ans : conversion à l'agriculture biologique notamment, mais également développement des emplois en entretien des espaces verts (+ 15 %).

Enfin, les métiers de l'économie verte, très masculins, se sont un peu féminisés au cours de la période, passant de 14 à 16 % d'emplois occupés par des femmes (à comparer avec la moyenne nationale de 48 %). C'est, pour l'essentiel, dans les professions faisant appel aux plus diplômés que cette évolution est la plus sensible, notamment les secteurs de la recherche et de la protection de la nature.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Dares, Dares

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10/02/2017

Être convaincu de la réalité du changement climatique n'est pas suffisant pour adapter sa gestion forestière

Tel est le principal enseignement d'une enquête menée en Belgique auprès des propriétaires et gestionnaires de forêts, dont les résultats ont été publiés en fin d'année dernière dans Forest Ecosystems. Alors qu'il semble que le climato-scepticisme progresse, et compte tenu du temps de latence des décisions de gestion en matière forestière, les auteurs ont souhaité analyser le lien entre la conscience du changement climatique et de ses impacts, et l'adaptation de la gestion forestière aux enjeux.

L'enquête, menée par Internet via les réseaux sociaux, les réseaux professionnels ou encore les organismes publics, a recueilli près de 400 réponses, émanant principalement de gestionnaires forestiers (propriétaires en propre ou non). La quasi-totalité des répondants s'est déclarée convaincue de la réalité du changement climatique, la moitié en ayant déjà expérimenté les impacts sur la forêt (chablis importants suite à des vents violents, attaques sanitaires de grande ampleur, dépérissements en lien avec des périodes de sécheresse et de canicule, etc.). Toutefois, seuls 30 % des répondants sensibilisés à la menace climatique ont déclaré avoir adapté leur gestion forestière, principalement en privilégiant la mixité des peuplements, en accroissant la part de régénération naturelle et, plus rarement, en introduisant des essences mieux adaptées à des contextes climatiques plus chauds et secs.

Les auteurs ont identifié plusieurs freins à la mise en œuvre d'une conduite sylvicole adaptée : les gestionnaires sont pour la plupart démunis face au changement climatique, que ce soit par manque d'information sur les inflexions à apporter à leur gestion, par absence de mutualisation des expérimentations menées dans des contextes pédoclimatiques similaires, ou par résignation (aucune solution ne leur paraît répondre à l'enjeu).

Si les résultats de travaux scientifiques sur les conduites optimales sont disponibles, ils ne font que rarement l'objet de vulgarisations. Ainsi, les auteurs préconisent que les politiques publiques d'adaptation au changement climatique se centrent sur les transferts de connaissances et les partages d'expérience, visant à fournir aux forestiers les outils pour identifier les différentes options possibles et les modalités de mise en œuvre.

Muriel Mahé, Centre d’études et de prospective

Source : Forest Ecosystems, Forest Ecosystems

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Rapport intermédiaire de l’Évaluation Française des Écosystèmes et des Services Écosystémiques (EFESE) : de l'évaluation à l'action

Publié début janvier, le rapport intermédiaire de l'EFESE présente un état des lieux au 31 décembre 2016 des réflexions en cours sur les écosystèmes français et leurs enjeux. Programme engagé en 2012 par le ministère de l'Environnement, cette évaluation cherche à dresser un état des écosystèmes terrestres et marins et de leurs évolutions, en France hexagonale et ultra-marine, et à estimer la valeur des services qu’ils produisent en termes de bien-être individuel et collectif. Elle vise aussi à identifier des pistes d’action pour réduire les pressions exercées sur les écosystèmes.

Ont ainsi été étudiés six grands types d’écosystèmes : forestiers, agricoles, urbains, zones humides, milieux marins, et roches d’altitude et haute montagne. Une partie importante des écosystèmes serait dégradée puisque seuls 22 % des habitats et 28 % des espèces d'intérêt européen apparaissent en bon état de conservation (voir figure ci-dessous).

État de conservation des espèces et habitats remarquables sélectionnés par grands types d'écosystème

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Source : CGDD

En termes de valeur, pour les agro-écosystèmes (intersection d’un système écologique et d’un système socio-économique, à l’échelle de l'exploitation), le rapport mentionne la forte valeur marchande de la production agricole française (74,3 milliards d'euros en 2015, pour une valeur ajoutée estimée à 29,5 milliards d'euros), avec trois productions majeures : vin, céréales et lait. Au-delà des biens emblématiques (bois, produits issus de la mer et de l'agriculture), est soulignée la grande variété de biens aux valeurs méconnues : denrées alimentaires (gibier, champignons), objets décoratifs ou utilitaires (vannerie), plantes à parfum, ou encore ressources biologiques et génétiques, particulièrement concentrées dans les territoires d'outre-mer. Ainsi en est-il des récifs coralliens, abritant certaines éponges à propriété médicinale (La Réunion) ou délimitant des lagons propices à la perliculture (Polynésie française).

Le bilan dressé à ce stade fait ressortir l'hétérogénéité des données disponibles pour l'évaluation des biens et services écosystémiques, des dimensions patrimoniales des écosystèmes et de leurs contraintes. Progresser dans les évaluations des différents services, notamment ceux de grande valeur encore peu caractérisés, afin d'aider les décideurs publics à une reconquête efficace de la biodiversité, est un des messages clefs de ce rapport (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog).

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : CGDD

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