Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/07/2020

Les effets de la pandémie de Covid-19 sur les activités économiques ultra-marines en débat au Sénat

Le 9 juin dernier, la Délégation sénatoriale aux outre-mer a organisé deux tables rondes sur l’agriculture et la pêche, donnant la parole à divers acteurs professionnels et publics. Ces sessions visaient à exposer les effets de la crise sanitaire sur l’activité, les mesures publiques de soutien dédiées et les adaptations des professionnels.

Vidéo de la table ronde sur l'agriculture et la pêche dans les outre-mer

Outre-Mer.jpg

Source : Sénat

Selon la plupart des présidents de Chambres d’agriculture auditionnés, la crise sanitaire a eu un effet de loupe sur les difficultés des activités agricoles dans les territoires ultra-marins, tenant en partie à leur insularité. Le ralentissement du fret aérien a ainsi fragilisé l’approvisionnement en intrants ou en œufs à couver (indispensables à la filière avicole), conduisant à la baisse des surfaces et volumes de production. Les exportations ont par ailleurs été freinées, avec un manque à gagner significatif pour les agriculteurs, à l’image de ceux de la filière melon. La raréfaction de certains produits très prisés dans l’océan Indien, tels que l’ail, l’oignon et les épices, a enfin entraîné une hausse de leurs prix. En revanche, l’exiguïté des territoires et les hauts niveaux d’interconnaissance ont favorisé l'adaptation à ce contexte inédit, comme l'illustre le développement des points de vente directe et de drives fermiers dans la plupart des départements et régions d’outre-mer. Ces initiatives ont contribué à la stabilité des systèmes alimentaires locaux même si la crise a conduit certains ménages à privilégier le stockage de produits secs au détriment de la consommation d’aliments frais.

La table ronde sur la pêche a souligné la difficulté pour les producteurs d'accéder aux mesures de soutien gouvernementales, faute d’être à jour de leurs cotisations auprès de l’Union de recouvrement pour la sécurité sociale et les allocations familiales (URSSAF). Par ailleurs, le difficile écoulement des produits a entraîné des surcoûts liés à leur stockage. Enfin, d'après les intervenants, la gestion publique de la pandémie aurait renforcé les frontières nationales, d’ordinaire plus poreuses, diminuant ainsi l’exposition des pêcheurs locaux aux importations concurrentes de produits de la mer en provenance des bassins régionaux.

Nathalie Kakpo, Centre d’études et de prospective

Lien : Délégation sénatoriale aux outre-mer

02/07/2020

Covid-19 et pêche : soutien à la filière et objectifs de durabilité

Les ventes de produits de la mer frais ont subi un net recul lors de la crise sanitaire, amenant l'Union européenne à mettre en place des dispositifs de soutien à l’activité. Un groupement d'organisations non gouvernementales (ONG) a publié, fin avril 2020, un guide détaillant 10 principes : pris en compte lors de la conception des mesures, ils garantiraient leur cohérence avec les objectifs de protection de l'environnement et de lutte contre le changement climatique, évitant ainsi une dérégulation injustifiée. Parmi ces principes figure le « principe de rationalité », selon lequel l’action mise en œuvre doit cibler spécifiquement les problèmes liés à la crise. Ensuite, le guide détaille plusieurs dispositifs à la lumière de ces principes : les politiques de soutien des prix, conduisant les États à payer la différence entre le prix du marché et un prix seuil, inciteraient les acteurs à baisser leurs prix et iraient à l'encontre du principe de lutte contre les abus. Au contraire, selon les auteurs, le soutien aux revenus répond au principe de rationalité, et assorti d’une obligation de rester au port il serait bénéfique pour l'environnement.

Source : Seas at risk

15:01 Publié dans 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : covid-19, pêche, durabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/06/2020

Covid-19 et risques associés aux restrictions aux exportations

Dans un Policy Research Working Paper publié en mai (voir également ce billet de blog), une équipe de la Banque mondiale analyse les impacts potentiels de la crise sanitaire du Covid-19 sur les marchés alimentaires mondiaux, en matière de volumes exportés et de prix. Plusieurs facteurs, tels que la réduction du volume de travail (maladies, mobilité réduite, etc.) et les ruptures de chaînes logistiques, sont susceptibles de causer un choc d'offre négatif. Cependant, cette contraction initiale de l'offre pourrait aussi avoir des effets multiplicateurs si elle conduisait les pays à mettre en place, en cascade, des restrictions aux exportations pour s'isoler du marché mondial dans le but de sécuriser l'approvisionnement de leur marché intérieur. Ce phénomène bien connu des théoriciens des jeux a eu des précédents au cours des années 2008-2011, et a contribué directement à 30 à 40 % de l'accroissement total des prix pour certains produits alimentaires.

Pour estimer le choc d'offre initial au niveau mondial, les auteurs ont tenu compte de la réduction des exportations alimentaires chinoises, en janvier et février 2020, par rapport à leurs valeurs sur la même période en 2019. Ils ont ensuite fait l'hypothèse que le choc d'offre serait proportionnel au contenu en travail peu qualifié des exportations considérées, afin d’en déduire la réduction totale de l'offre de travail de façon différenciée selon les produits agricoles.

Les estimations des auteurs confirment le rôle multiplicateur important, de l'ordre de 3, des cascades de restrictions aux exportations agricoles et agroalimentaires. Un choc d'offre mondial similaire à celui analysé pour la Chine conduirait à une baisse des exportations en volume de - 12,7 %, et à une hausse des prix moyens de 4 %. En cas d'escalade des restrictions aux exportations, leur volume pourrait chuter de - 40 % et la hausse des prix atteindre + 12,9 %, avec des différences notables selon les produits : + 16,1 % pour les céréales, + 7,8 % pour le lait et les œufs, + 24,9 % pour les légumineuses, etc. Les premières victimes seraient les pays les plus dépendants des importations alimentaires (cf. figure), notamment au Maghreb, au Proche-Orient (Yemen, etc.) et en Asie centrale (Tadjikistan, Azerbaïdjan, etc.). Les auteurs soulignent ainsi l'importance de politiques commerciales coopératives et le besoin d'un suivi en continu des marchés alimentaires mondiaux.

Augmentations des prix pondérées par les volumes pour les pays dépendants des importations alimentaires, dans le cas du scénario d'escalade de restrictions aux exportations

BanqueMondiale.jpg

Source : Banque mondiale

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : Banque mondiale

Dans l'UE, la continuité des activités liées à l'alimentation repose en particulier sur les travailleurs extra-nationaux

C'est l'une des conclusions d'une étude récemment publiée par le Centre commun de recherche (Joint Research Centre) de la Commission européenne, sur la contribution des travailleurs détachés ou extra-européens aux activités « essentielles » durant la pandémie. Les chercheurs se sont appuyés sur la définition qu’en donne la Commission dans le contexte de l'épidémie et sur les résultats de la dernière enquête européenne (2018) sur les actifs. Ils ont analysé la composition de la force de travail au regard de l'origine de ces « travailleurs clés ». Par leur contribution à la sécurité alimentaire, les travailleurs agricoles (12 % des « travailleurs clés »), de la transformation et du commerce (2 %), ainsi que les pêcheurs et chasseurs professionnels (0,2 %) sont classés dans cette catégorie.

Si la part des travailleurs extra-nationaux dans l’agriculture et la pêche reste faible (moins de 10 %), elle approche 20 % dans l'agroalimentaire et le commerce, avec des variations importantes selon les pays. De ce fait, les auteurs concluent à la dépendance de ces secteurs clés vis-à-vis de la main-d’œuvre extra-nationale, notamment pour les emplois les moins qualifiés.

Proportion de travailleurs extra-nationaux selon les secteurs et l'origine nationale

Travailleurs.jpg

Source : Joint Research Centre

Source : Joint Research Centre

Conséquences du confinement sur les habitudes alimentaires

En mai 2020, Santé Publique France a publié des données relatives aux conséquences du confinement sur les habitudes alimentaires. Elles sont issues des 3e et 6e vagues de l'enquête CoviPrev, conduite en ligne auprès de 2 000 personnes en France métropolitaine. À la mi-avril, 17 % des individus déclaraient manger moins équilibré, 37 % cuisiner davantage de plats maison, 22 % plus grignoter et 37 % avoir pris du poids. Les réponses à ces deux derniers items ont augmenté au fil du temps. Par ailleurs, les moins de 40 ans, les familles avec enfants de moins de 16 ans, ou encore les personnes ayant des niveaux élevés d'anxiété, de dépression et des problèmes de sommeil, étaient particulièrement concernées par des difficultés d'approvisionnement (trouver moins souvent que d'habitude les produits souhaités en magasin) et par une plus grande attention portée à leur budget alimentaire. Enfin, les consommateurs d'alcool interrogés sont 11 % à avoir déclaré une hausse de ces pratiques, 65 % une stabilité et 24 % une baisse.

Sources : Santé Publique France, Santé Publique France

12:13 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : covid-19, habitudes alimentaires |  Imprimer | | | | |  Facebook

Actualités du Covid

Pour compléter les billets et brèves publiés en juin 2020 sur le thème de la pandémie de Covid-19, voici quelques autres publications récentes.

Fin avril, la Banque mondiale a publié un Commodity markets outlook détaillant les conséquences de la pandémie sur les marchés de produits de base, en particulier agricoles et alimentaires. Le 26 mai, le think tank du Parlement européen a proposé une synthèse sur le commerce et la sécurité alimentaire. La Global Alliance for Improved Nutrition a, de son côté, diffusé trois rapports successifs sur les implications de la crise sanitaire pour les systèmes alimentaires de plusieurs pays (Bangladesh, Éthiopie, Inde, Indonésie, Kenya, Mozambique, Nigeria, Pakistan, Rwanda, Tanzanie). L'université de Purdue a proposé, via une interface en ligne, un indice quantifiant la vulnérabilité des approvisionnements agricoles et alimentaires des États-Unis, à partir du nombre de travailleurs malades et pour plusieurs productions.

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité a publié, en mai, une synthèse des connaissances sur les liens entre zoonoses (en particulier le Covid-19) et biodiversité. Elle s'appuie sur les connaissances actuelles et pointe les lacunes et les sujets de discussion au sein de la communauté scientifique. Au travers de 22 fiches notamment, cette synthèse aborde les thèmes de la faune sauvage, de l'érosion de la biodiversité et de la destruction des milieux naturels, ainsi que du système de production alimentaire et des transports.

L'EHESS a initié, sur son site, un « Carnet » proposant des billets de chercheurs en sciences sociales pour « montrer comment divers champs de recherches nous proposent des clés de lecture, mais aussi des échos entre la crise en cours et des terrains, des objets ou des périodes apparemment éloignés ». Par exemple, J.-P. Gaudillière, F. Keck et A. Rasmussen s'intéressent aux dynamiques de construction sociale des virus, des savoirs et des épidémies, et F. Jarrige et T. Le Roux proposent un texte intitulé « Une autre pandémie : la pollution ». Selon un principe similaire, le CERI alimente régulièrement un dossier consacré à la crise sanitaire : il mêle des contributions traitant de pays ou zones du monde spécifiques et des textes plus transversaux.

L'Ined partage les premiers résultats du projet Confinement, Conditions de vie et Inégalités (CoCoVI), visant à analyser les conditions de logement et de vie des ménages en France pendant la pandémie. Dans Foods, un article mobilise des données déclaratives pour rendre compte des évolutions de pratiques alimentaires en Italie, pendant le confinement. Si la moitié des répondants déclarent ne pas avoir changé de régime, les consommations de chocolat, glaces et desserts ont augmenté dans 42,5 % des cas, tout comme celles de snacks salés (23,5 %) et de fruits et légumes (21,2 %). Les prises d'alcool ont, elles, diminué de 36,8 %.

Enfin, The Conversation consacre une série de 13 « longs formats » au « temps de la réflexion ». Ces articles, publiés chaque fin de semaine depuis le mois d'avril, traitent sous divers angles de cette question : « comment penser le monde dans lequel nous voulons vivre ? ».

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Sources : Banque mondiale, Parlement européen, Global Alliance for Improved Nutrition, Université de Purdue, Fondation pour la recherche sur la biodiversité, EHESS, CERI, Ined, Foods, The Conversation

12:06 | Lien permanent | Tags : covid-19 |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/05/2020

L’utilisation des données issues du secteur privé pour analyser la consommation alimentaire lors de la crise du Covid-19

La pandémie, et les mesures de confinement ou de restriction qui s’ensuivirent, ont eu des effets notables sur le comportement alimentaire des ménages : pics de consommation pour constituer des réserves, achats privilégiés de certains produits, fermeture des restaurants, etc. Dans un document de travail récent, une équipe de chercheurs suédois analyse ces variations en combinant trois sources de données issues du secteur privé : informations diffusées par les médias (base Meltwater) ; ventes alimentaires de la coopérative Coop Sweden (3,5 millions de membres, 650 points de vente dans le pays), avec des détails sur les produits, la date, le lieu et le canal de vente ; données de géolocalisation de Telia, premier opérateur de téléphonie mobile suédois. Pour distinguer les effets de la crise, les chercheurs ont comparé les données de 2020 avec celles de 2019 (premier trimestre).

Les observations ainsi combinées (figure ci-dessous) témoignent d’une hausse sensible du volume d’informations médiatiques sur le Covid-19 à partir du 25 février (risque d’importation du virus via les voyages, etc.), avec une accélération à partir du 10 mars (le virus circule désormais sur le territoire national). Les ventes alimentaires, stables jusqu’au 10 mars, connaissent un pic de + 74 % à Stockholm et de + 49 % en dehors de la ville entre le 11 et le 17 mars, avant de redescendre à des valeurs plus habituelles. Par ailleurs, immédiatement après la recommandation faite aux personnes âgées d'éviter les contacts sociaux, on note à partir de mi-mars une baisse nettement plus marquée des visites de magasins alimentaires, à Stockholm, pour les individus de plus de 66 ans. La mobilité diminue également fortement dans la capitale (- 80% environ fin mars), malgré l’absence de confinement. Ces données seront régulièrement mises à jour et serviront de base pour une analyse approfondie.

Volume d’informations sur le Covid-19 dans les médias et comportements de la population au premier trimestre 2020 à Stockholm

Conso1.jpg

Source : Stockholm School of Economics

Lecture : pour l'axe des ordonnées à gauche, l’unité utilisée est le nombre de mentions journalières du Covid-19 dans les sources d’informations. Pour les autres variables de la figure, les données présentées sont des ratios entre les données 2020 et 2019. Par exemple, une valeur de 1,2 pour les ventes alimentaires signifie une hausse de 20 % des ventes alimentaires journalières en 2020 par rapport à celles observées le même jour en 2019.

Portant sur l'ensemble du panier de biens, aux États-Unis, un autre document de travail récent a été publié par une équipe américano-danoise. Elle a utilisé plusieurs sources : les données bancaires de particuliers fournies par une organisation fintech, à but non lucratif, d'aide à l'épargne (4 735 utilisateurs ; août 2016 - mars 2020) ; les résultats de sondages téléphoniques Gallup sur les préférences politiques ; un scoreboard sur l’efficacité de la distanciation sociale. Les résultats montrent de larges variations de dépenses moyennes des ménages (en dollars/jour) et mettent en évidence des liens intéressants avec les facteurs démographiques, les mesures de confinement, les préférences électorales (figure ci-dessous), etc.

Dépenses des ménages en réponse à la crise du Covid-19 aux États-Unis, en fonction des préférences politiques

Conso2.jpg

Source : NBER

Lecture : dépenses moyennes des ménages, en dollars/jour. Les couleurs des courbes correspondent aux préférences politiques prédominantes : en bleu démocrates, en gris indépendants, en rouge républicains.

Julien Hardelin, Centre d’études et de prospective

Sources : Stockholm School of Economics, NBER

11:06 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : covid-19, suède, etats-unis, consommation |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les métiers de l'agriculture et de l'alimentation « sur le front du Covid-19 »

France Stratégie a publié récemment une analyse de la vulnérabilité des métiers face à la pandémie, dans laquelle les métiers liés à l'agriculture et aux industries agroalimentaires sont majoritairement classés comme étant « sur le front du Covid-19 ». Les auteurs ont croisé des données issues notamment de la comptabilité nationale et des enquêtes Emploi et Conditions de travail de l'Insee. Ils ont alors défini trois indicateurs de vulnérabilité des travailleurs : économique, de conditions de vie et de conditions de travail. Ils ont ensuite croisé les scores obtenus pour chaque métier, défini d'après les familles professionnelles de la Dares (ministère du Travail), et en analysant l'évolution au regard de la crise actuelle, ils ont identifié cinq grandes catégories de métiers.

Cinq catégories de métiers déterminées en fonction de leurs vulnérabilités

FranceStrategie.jpg

Source : France Stratégie

Lecture : pour chaque groupe de métiers, le rapport entre le rayon du disque de couleur et celui du cercle noir correspond au rapport entre son score pour la variable considérée et la valeur moyenne de la variable pour l'ensemble de la population en emploi. Par exemple, le salaire médian des cadres « hyperconnectés » est égal à 1,7 fois le salaire médian de la population en emploi.

Les agriculteurs, les maraîchers et certains métiers de bouche (boulangers, bouchers, etc.) sont très sollicités pour répondre aux besoins de première nécessité. S'ils sont moins au contact du public (à l'exception des commerces alimentaires de détail), ils sont vulnérables économiquement (revenus moyens inférieurs au revenu médian). En outre, la difficulté à recourir à de la main-d’œuvre saisonnière, en raison de la crise, accroît la pénibilité du travail à réaliser (volume, contraintes physiques), souvent dans des temps limités.

Les marins, pêcheurs et aquaculteurs, les ouvriers des industries agroalimentaire et du bois, « vulnérables de toujours », voient leur situation s'aggraver dans le contexte actuel. Leur vulnérabilité économique se double d'une vulnérabilité physique (horaires atypiques, rythmes de travail intenses, angoisse de perdre son emploi) et sociale (fort taux de familles monoparentales parmi les métiers les plus féminisés sur les chaînes de production, conditions de vie plus difficiles que la moyenne).

Enfin, les métiers de la restauration, en particulier les cuisiniers, sont durement touchés actuellement (« métiers nouvellement vulnérables »), alors qu'ils avaient été relativement préservés lors de la crise financière de 2008. Ces métiers risquent de pâtir de la crise même après la fin du confinement, sachant que, par ailleurs, ils sont également plus exposés que la moyenne aux risques physiques.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : France Stratégie

11:02 Publié dans Travail et emploi | Lien permanent | Tags : covid-19, france stratégie, travail, emplois, vulnérabilité |  Imprimer | | | | |  Facebook

Numéro spécial du Canadian Journal of Agricultural Economics sur le Covid-19

Le Canadian Journal of Agricultural Economics (ou Revue canadienne d'agroéconomie) consacre un numéro spécial aux défis de la crise du Covid-19 pour l'agriculture et l'alimentation en Amérique du Nord, et plus particulièrement au Canada. Il comprend 18 articles portant sur différents aspects : filières agroalimentaires, échanges commerciaux, gestion des risques, marchés à terme, chaînes d'approvisionnement, travail, etc. Rédigées par des spécialistes des domaines considérés, ces contributions offrent un diagnostic économique fondé sur l'analyse de données, en considérant les impacts de la pandémie à plusieurs échéances temporelles (jours, semaines, mois, années à venir).

Parmi les messages saillants, ressort le fait qu’à court terme la disponibilité en produits alimentaires est assurée, bien que les difficultés de la chaîne d’approvisionnement altèrent le fonctionnement des marchés. À plus long terme, les effets de possibles baisses de revenus des ménages, liées à la crise économique, devront être surveillés, en particulier sous l’angle des inégalités. Les contributions soulignent également les impacts hétérogènes du Covid-19 selon les filières considérées : substantiels pour les fruits et légumes, dans l'immédiat (désorganisation de l'approvisionnement liée à la fermeture des magasins et restaurants) et à un pas de temps plus lointain (incertitudes sur les importations) ; potentiellement plus limités pour les céréales et oléoprotéagineux. L’analyse des marchés à terme, qui reflète les croyances en l’avenir des acteurs économiques, montre cependant un accroissement de la volatilité sur ces marchés, lié à des anticipations sur les volumes produits et sur les stocks (cf. figure ci-dessous).

Au total, quatre préoccupations dominantes pour le système alimentaire canadien émergent de ce numéro spécial : « la disponibilité de la force de travail ; la fermeture des frontières ; la baisse des revenus des ménages ; l’aggravation de l’insécurité alimentaire dans certaines catégories de la population ». Les auteurs soulignent l'intérêt, dans le contexte actuel de surcharge d’informations de qualité variable, de disposer d'analyses solides pour discerner les défis et élaborer des réponses politiques pertinentes. À ce stade, selon eux, la résistance du système alimentaire canadien paraît plus confirmée que remise en cause.

Volatilité des options d’achats sur le Chicago Mercantile Exchange (CME) pour les marchés futurs du blé tendre rouge d’hiver

Canada.jpg

Source : Canadian Journal of Agricultural Economics

Julien Hardelin, Centre d’études et de prospective

Source : Canadian Journal of Agricultural Economics

14/05/2020

« Les visages de la pandémie » : dossier de La vie des idées

Depuis le 12 mars 2020, le site La vie des idées explore les différentes facettes des phénomènes épidémiques grâce à un ensemble de textes, régulièrement enrichi, combinant essais, entretiens et recensions d'ouvrages. Parmi ces contributions éclairantes, notamment sur la pandémie actuelle, plusieurs textes traitent des relations entre humains et animaux. Rappelant que « la vie fonctionne en réseaux, en interrelations » (symbioses, parasitismes, etc.), F. Moutou présente, de façon synthétique, trois voies de transmission des zoonoses : par contact et voisinage (ex. : rougeole), par voie orale et l'alimentation (ex. : ESB), via les vecteurs hémophages (ex. : fièvre jaune). De leur côté, F. et A. Laugrand portent un regard anthropologique sur les chauves-souris, à partir de recherches menées aux Philippines. Ils soulignent comment la proximité avec ces animaux conditionne leur perception et joue sur la sensibilité humaine aux pathogènes dont ils peuvent être des réservoirs. M. Quet, quant à lui, s'intéresse au pangolin, « pris au piège de la marchandisation de la nature » et exposé, pour des usages alimentaires et médicaux, à diverses menaces (braconnage, dégradation de son habitat, etc.).

D'autres contributions apportent des éclairages sur les conséquences de la pandémie pour les populations. La première dresse un portrait de Wuhan, ville mondialisée, et « relate les expériences de confinement racontées par ses habitants ordinaires » : réorganisation de la vie quotidienne, prépondérance du numérique, par exemple pour les courses alimentaires, etc. La deuxième est consacrée à l'Inde et en particulier aux implications du confinement pour l'alimentation des plus défavorisés. Les auteurs rappellent que la part du budget consacrée à la nourriture est, en moyenne, de 43 % pour les ménages urbains, contre 53 % pour les ménages ruraux (et 61 % pour les 5 % les plus pauvres). La crise a alors deux conséquences : une perte de sources de revenus (souvent basées sur des emplois informels) ; un risque d'interruption de la chaîne alimentaire (difficultés d'ouvertures de magasins, de mobilité des travailleurs agricoles, etc.).

Pour finir, on peut signaler plusieurs recensions d'ouvrages : La grande grippe de 1918 (F. Vinet), Un monde grippé (F. Keck), Tempêtes microbiennes (P. Zylberman), etc.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : La vie des idées

L'impact potentiel de l'épidémie de Covid-19 sur la sécurité alimentaire des pays arabes

La Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie de l'Ouest (UNESCWA) a publié une note sur les conséquences possibles de l'épidémie de Covid-19 sur la situation économique et l'alimentation des populations dans 18 pays arabes de cette région. Plus de 50 % des calories consommées dans la région étant importés, ces pays sont dépendants du commerce international, en particulier pour les produits de base (le blé et le riz représentent à eux seuls 11 milliards de dollars de déficit commercial) et les aliments riches en protéines. La note souligne plus particulièrement les risques liés aux perturbations des approvisionnements mondiaux (production, transport et distribution, stockage par les pays producteurs, etc.). Alors même qu'une part significative de la population de près d'un tiers des pays de la région connaît déjà des situations de stress ou de crise (voir à ce sujet une autre brève sur ce blog), ces perturbations pourraient faire basculer près de 2 millions de personnes supplémentaires dans l'insécurité alimentaire, s'ajoutant aux 50 millions d'individus actuellement sous-nourris. La Commission préconise la mise en œuvre de politiques nationales et régionales capables de protéger les plus vulnérables.

Source : UNESCWA

10:51 Publié dans Sécurité alimentaire | Lien permanent | Tags : unescwa, asie de l'ouest, covid-19, insécurité alimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

Coronavirus : divers regards sur la crise proposés par Terra Nova

Initiée le 23 mars 2020 par le think tank Terra Nova, cette série de contributions propose des « réflexions, témoignages et questionnements suscités par la pandémie de Covid-19 et ses multiples conséquences ». Parmi la quarantaine de contributions disponibles début mai, T. Pech rappelle les liens étroits entre urgences sanitaire et écologique : le développement des infections zoonotiques est en effet, selon lui, associé au déclin de la biodiversité et à l'augmentation des interactions entre animaux sauvages et domestiques, notamment du fait de l'expansion de l'agriculture et de l'élevage. Dans son texte publié le 10 avril, L. Dablanc revient sur la logistique en temps de crise. Toujours stratégique pour les villes, cette activité est devenue plus visible et prioritaire. Des éclairages sont donnés, grâce à un « Baromètre de la logistique urbaine en confinement », sur les aspects alimentaires (e-commerce, livraisons de repas). Pour finir, mentionnons l'analyse de L. Chabason sur la gouvernance mondiale pour mieux lutter contre les pandémies zoonotiques.

Source : Terra Nova

13/05/2020

Actualités du Covid

Pour compléter les billets et brèves publiés en mai 2020 sur le thème de la pandémie de Covid-19, voici quelques autres publications récentes.

Début avril 2020, la FAO a publié un rapport identifiant les chaînes de transmission des impacts de la crise dans les secteurs agricole et alimentaire. Du fait des données disponibles, cette analyse empirique porte, pour l'essentiel, sur la production primaire, le commerce et la consommation finale. Les auteurs proposent un classement des pays selon leur exposition au choc. Dans un rapport d'avril, l'Australian Bureau of Agricultural and Resource Economics and Science (ABARES) détaille les conséquences, pour le commerce des secteurs australiens agricole, forestier et de la pêche : dans un premier temps, des exportations difficiles vers la Chine pour les produits les plus exposés (restauration hors foyer, produits du bois) ; ensuite, une interruption des chaînes logistiques et d'approvisionnement, et un manque de disponibilité de la main-d’œuvre, notamment immigrée (horticulture et productions intensives). Toutefois, ce sont bien les conditions saisonnières, et tout particulièrement les sécheresses des trois dernières années, qui conditionnent le plus l'avenir de ces secteurs. Dans un article de son Economic Bulletin, la Banque d'Espagne propose des scénarios de référence pour l'économie espagnole post-Covid-19. Deux méthodes sont utilisées, la première évaluant les pertes par secteurs suite aux mesures de confinement, la deuxième simulant les principales chaînes de transmission des effets économiques de la pandémie.

En France, le Haut conseil pour le climat (HCC) a rendu public, toujours en avril, un rapport spécial intitulé Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir. Le HCC y tire les enseignements des crises sanitaires et environnementales, puis envisage diverses pistes « pour la suite ». Concernant les zoonoses, un Décryptage de l'Iddri s'intéresse aux options de régulation des rapports entre humains et faune sauvage. Les auteurs identifient quatre entrées clés, requérant des réponses institutionnelles adaptées.

Parmi les diverses publications envisageant les conséquences alimentaires de la pandémie, un article paru dans l'European Journal of Clinical Nutrition adopte une entrée nutritionnelle et propose un cadre d'action à plusieurs niveaux : individuel (ex. : pratiques alimentaires), « communautaire » (ex. : accessibilité de l'alimentation), national (ex. : politiques agricoles et alimentaires, communication), global (ex. : accords commerciaux, normes alimentaires). Dans un autre article, paru dans Environment, Development and Sustainability, sont présentés les résultats d'une enquête en ligne conduite, en Tunisie, pendant les deux premières semaines de confinement et portant sur les évolutions consécutives des pratiques alimentaires et du gaspillage. Des changements allant dans le sens des recommandations internationales en la matière (FAO) sont déclarés, induits plus par les difficultés contextuelles (affectant les disponibilités alimentaires, les déplacements des personnes, les sources de revenus) que par des considérations environnementales. Par ailleurs, un rapport d'Euromonitor International envisage les conséquences de la crise sur les produits emballés (consommation au foyer, grignotage, produits laitiers).

Enfin, signalons les éclairages divers proposés par la Mission Agrobiosciences-INRAE dans le numéro 7 de sa revue Sésame ainsi que les autres articles proposés en ligne sur le thème du Coronavirus.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

10:44 | Lien permanent | Tags : covid-19 |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/04/2020

Impacts économiques des mesures de confinement en France : estimations de l'OFCE

Un policy brief de l'OFCE, publié le 30 mars, propose une première estimation de l'impact économique des mesures de confinement liées à la pandémie de Covid-19 en France. Plusieurs effets, directs et indirects, sont pris en compte par les auteurs : baisse de la consommation (fermeture des commerces non essentiels, diminution des activités impliquant des contacts) ; contraction de l'investissement ; réduction de la main-d’œuvre (activités non télétravaillables, garde d'enfants). Les impacts économiques sont décomposés par branche ou secteur d'activité, selon les variables considérées.

Au total, l'OFCE estime que les mesures de confinement pourraient réduire le PIB de 60 milliards d'euros par mois (soit environ un tiers du PIB mensuel de la France, ou 2,6 % du PIB annuel). Cette diminution s'explique par la baisse de la consommation (- 1 point de PIB), de l'investissement (- 0,7 point), par le confinement de la main-d’œuvre (- 0,4 point), la fermeture des écoles (réduction de l'offre de travail, les parents devant garder leurs enfants, - 0,3 point) et d'autres effets de demande (solde commercial, tourisme : - 0,2 point).

Impacts du confinement sur le PIB annuel et sur les secteurs d'activités

OFCE.jpg

Source : OFCE

En ce qui concerne le système alimentaire, les branches « agriculture, sylviculture et pêche » et « fabrication de denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac » sont parmi les moins impactées, avec au contraire une hausse de la consommation des ménages estimée respectivement à 9 % et 6 %. Néanmoins, l'activité des secteurs agricole et agroalimentaire (cf. tableau ci-dessus) serait en baisse (-13 % et -20%) du fait de la diminution des consommations intermédiaires des autres secteurs, notamment la restauration. Ainsi, l'ensemble « hébergement et restauration » subirait, selon les auteurs, une chute de consommation de 90 %, et contribuerait ainsi, à hauteur de 5 points, à la contraction du PIB due à la baisse de consommation (-18 % au total). À cela s'ajoute un effet indirect lié à la diffusion des chocs de demande via les produits intermédiaires, que les auteurs ont estimé à l'aide d'un tableau entrées-sorties international (World Input-Output database) (figure ci-dessous). L'étude propose également d'autres estimations sectorielles concernant le taux de possibilité de télétravail, le nombre d'emplois concernés par le mode de garde des enfants, etc.

Pertes de production liées à la fermeture des commerces non essentiels par secteur

OFCE2.jpg

Source : OFCE

Les auteurs soulignent qu'il s'agit d'une première estimation devant être mise à jour et qu'il convient de bien prendre en compte les hypothèses sous-jacentes et les phénomènes exclus de l'analyse (ex. : perte de productivité en cas de télétravail prolongé, risques financiers et bancaires, etc.).

Pour compléter ce billet, rappelons que l'Insee a publié, le 26 mars 2020, une première estimation de la perte d'activité économique liée à la crise sanitaire en cours, suivie plus récemment (8 avril) par celles de la Banque de France pour le premier trimestre 2020.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : OFCE

19:19 Publié dans 3. Prévision, IAA, Production et marchés | Lien permanent | Tags : covid-19, ofce, confinement |  Imprimer | | | | |  Facebook

Covid-19 : les analyses de Rabobank sur les secteurs agricole et agroalimentaire

Depuis le début de la pandémie, Rabobank propose un ensemble de ressources (analyses, indicateurs, points sur les marchés, etc.) sur un portail dédié mis à jour régulièrement. On y trouve des études par pays, comme par exemple pour la Nouvelle-Zélande et l'Australie, ainsi que des focus par catégories de produits : protéines animales, lait, boissons, produits frais, intrants agricoles. Ainsi, des éléments sont proposés sur la production chinoise de phosphate, rappelant les tendances récentes (cf. figure) et envisageant les conséquences de la crise. Le portail propose également, au format podcasts, des entretiens avec ses correspondants et spécialistes des différentes régions du monde (ex. : « Shanghai Talking – A Local View of China’s Recovery From Coronavirus »). Ces ressources s'inscrivent dans les travaux plus généraux menés par Rabobank sur les impacts du Covid-19 sur l'économie mondiale (cf. note d'analyse spéciale du 30 janvier 2020).

Éléments clés sur le marché chinois du phosphate : poids des principaux producteurs (à gauche) ; tendance, sur les dernières années, à la décroissance du volume d'engrais phosphatés produits (à droite)

Rabobank.jpg

Source : Rabobank

Source : Rabobank

19:17 Publié dans Mondialisation et international | Lien permanent | Tags : covid-19, rabobank, chine, phosphate |  Imprimer | | | | |  Facebook