12/03/2021
Les déterminants de l'approvisionnement durable en légumineuses pour l'alimentation humaine en Suède
Des chercheurs de l'université des sciences agricoles de Suède se sont penchés sur les impacts environnementaux de l'approvisionnement en légumineuses destinées à l'alimentation des Suédois, dont la consommation augmente mais reste tributaire des importations. Leur étude, basée sur une analyse de cycle de vie incluant la production, la transformation, le conditionnement et le transport, compare les impacts de cinq légumineuses cultivées dans le pays en agricultures conventionnelle et biologique, et de trois légumineuses importées des cinq principaux pays fournisseurs. Les effets environnementaux considérés incluent la demande énergétique primaire, le potentiel d'eutrophisation, l'utilisation de pesticides, l'occupation des sols ainsi que les impacts sur la biodiversité et le climat.
L'effet des modes de culture suédois est important (figure ci-dessous). L'analyse de cycle de vie montre que les variétés à haut rendement ont un impact moindre par kilogramme produit. Elle souligne néanmoins que les légumineuses d'interculture (comme le pois gris) ont un potentiel intéressant, malgré leur faible rendement par hectare.
L'étude montre surtout qu'il est fondamental d'inclure, dans l'analyse du cycle de vie, les étapes suivant la récolte, car la transformation et le transport ont un impact majeur sur l'environnement. Les émissions de gaz à effet de serre sont ainsi huit fois plus importantes pour les fèves en conserve venant de Chine ou des États-Unis et transformées en Italie, que pour les lentilles et pois gris secs produits en Suède. Selon les auteurs, les transports de longue distance contribuent considérablement à la consommation énergétique et au changement climatique, particulièrement lorsque les légumineuses sont transformées et empaquetées loin de leur lieu de consommation finale.
Émissions de gaz à effet de serre pour plusieurs variétés de légumineuses suivant leurs modes de culture, de transformation, leur conditionnement et leur origine géographique
Source : Sustainable Production and Consumption
Lecture : (d) indique les légumineuses sèches (par opposition aux légumineuses en conserve) ; CHI : Chine ; SWE : Suède ; ITA : Italie ; CAN : Canada ; TUR : Turquie ; org : production biologique ; cons : production conventionnelle.
Enfin, l'origine de la production est déterminante pour l'impact sur la biodiversité : les caractéristiques des écorégions (et notamment leur vulnérabilité par rapport aux pertes de biodiversité) font parfois varier de manière importante cet effet au sein d'un même pays (comme par exemple en Chine).
Impact sur la biodiversité de variétés de légumineuses produites dans différentes régions (mesuré en fraction d'espèces disparaissant potentiellement par kg produit)
Source : Sustainable Production and Consumption
Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective
13:50 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, IAA | Lien permanent | Tags : alimentation, impacts environnementaux, acv, transport, suede | Imprimer | |
15/05/2020
L’utilisation des données issues du secteur privé pour analyser la consommation alimentaire lors de la crise du Covid-19
La pandémie, et les mesures de confinement ou de restriction qui s’ensuivirent, ont eu des effets notables sur le comportement alimentaire des ménages : pics de consommation pour constituer des réserves, achats privilégiés de certains produits, fermeture des restaurants, etc. Dans un document de travail récent, une équipe de chercheurs suédois analyse ces variations en combinant trois sources de données issues du secteur privé : informations diffusées par les médias (base Meltwater) ; ventes alimentaires de la coopérative Coop Sweden (3,5 millions de membres, 650 points de vente dans le pays), avec des détails sur les produits, la date, le lieu et le canal de vente ; données de géolocalisation de Telia, premier opérateur de téléphonie mobile suédois. Pour distinguer les effets de la crise, les chercheurs ont comparé les données de 2020 avec celles de 2019 (premier trimestre).
Les observations ainsi combinées (figure ci-dessous) témoignent d’une hausse sensible du volume d’informations médiatiques sur le Covid-19 à partir du 25 février (risque d’importation du virus via les voyages, etc.), avec une accélération à partir du 10 mars (le virus circule désormais sur le territoire national). Les ventes alimentaires, stables jusqu’au 10 mars, connaissent un pic de + 74 % à Stockholm et de + 49 % en dehors de la ville entre le 11 et le 17 mars, avant de redescendre à des valeurs plus habituelles. Par ailleurs, immédiatement après la recommandation faite aux personnes âgées d'éviter les contacts sociaux, on note à partir de mi-mars une baisse nettement plus marquée des visites de magasins alimentaires, à Stockholm, pour les individus de plus de 66 ans. La mobilité diminue également fortement dans la capitale (- 80% environ fin mars), malgré l’absence de confinement. Ces données seront régulièrement mises à jour et serviront de base pour une analyse approfondie.
Volume d’informations sur le Covid-19 dans les médias et comportements de la population au premier trimestre 2020 à Stockholm
Source : Stockholm School of Economics
Lecture : pour l'axe des ordonnées à gauche, l’unité utilisée est le nombre de mentions journalières du Covid-19 dans les sources d’informations. Pour les autres variables de la figure, les données présentées sont des ratios entre les données 2020 et 2019. Par exemple, une valeur de 1,2 pour les ventes alimentaires signifie une hausse de 20 % des ventes alimentaires journalières en 2020 par rapport à celles observées le même jour en 2019.
Portant sur l'ensemble du panier de biens, aux États-Unis, un autre document de travail récent a été publié par une équipe américano-danoise. Elle a utilisé plusieurs sources : les données bancaires de particuliers fournies par une organisation fintech, à but non lucratif, d'aide à l'épargne (4 735 utilisateurs ; août 2016 - mars 2020) ; les résultats de sondages téléphoniques Gallup sur les préférences politiques ; un scoreboard sur l’efficacité de la distanciation sociale. Les résultats montrent de larges variations de dépenses moyennes des ménages (en dollars/jour) et mettent en évidence des liens intéressants avec les facteurs démographiques, les mesures de confinement, les préférences électorales (figure ci-dessous), etc.
Dépenses des ménages en réponse à la crise du Covid-19 aux États-Unis, en fonction des préférences politiques
Source : NBER
Lecture : dépenses moyennes des ménages, en dollars/jour. Les couleurs des courbes correspondent aux préférences politiques prédominantes : en bleu démocrates, en gris indépendants, en rouge républicains.
Julien Hardelin, Centre d’études et de prospective
Sources : Stockholm School of Economics, NBER
11:06 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : covid-19, suède, etats-unis, consommation | Imprimer | |
05/10/2016
Promotion de la diminution de consommation de viandes par deux chaînes de supermarchés suédoises
Dans un article récent, FCRN rapporte les initiatives des chaînes de supermarchés Coop et ICA pour inciter à une moindre consommation de viande. Ces deux entreprises sont membres de l'initiative nationale pour une chaîne alimentaire durable (Hållbar livsmedelskedja), associant des acteurs privés de l'alimentation.
Dans le cadre de sa campagne « The new every-day food », Coop a notamment diffusé une vidéo intitulée « Dear meat », décrivant les impacts environnementaux et climatiques de la production de viande et invitant à une réduction de sa consommation. Un site Internet fait également partie de cette campagne, donnant des recettes entièrement ou partiellement végétariennes.
De son côté, ICA a mis en ligne une série de vidéos présentant des interviews de personnes sur leurs préférences alimentaires, l'intervention d'un chef préparant un repas végétarien et les réactions finales des interviewés.
Source : FCRN
10:45 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : viande, suède, grande distribution | Imprimer | |
06/10/2014
Rythme des repas au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède
Un article publié dans la revue Appetite analyse des données portant sur les rythmes journaliers de consommation alimentaire, en comparant les années 1997 et 2012. À l’échelle de chaque pays, des « pics » de consommation apparaissent nettement (petit déjeuner et déjeuner), et ont peu bougé sur la période étudiée. Au sein des populations nationales, un groupe identique ne suivant pas ces moments de consommation (ie sautant plus régulièrement le petit déjeuner et le déjeuner) est identifié. Toutefois, si son effectif a tendance à croître entre 1997 et 2012, cela ne signe pas une destructuration naissante du rythme alimentaire, puisque le fait de fonder une famille ou d’avancer en âge entraîne un retour au rythme commun.
Source : Appetite
10:40 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : danemark, finlande, suède, norvège, rythmes alimentaires | Imprimer | |