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13/10/2020

Quels impacts environnementaux de la consommation de produits issus de la pêche et de l'aquaculture en France ?

Dans un document de travail publié récemment, des chercheurs d'Inrae ont voulu évaluer les impacts environnementaux de la consommation de produits de la mer en France. Pour ce faire, ils ont construit une base de données combinant informations commerciales et de production, qu'ils ont couplée à des indicateurs environnementaux (empreinte carbone, potentiel d'eutrophisation, consommation énergétique). Les auteurs montrent notamment que les émissions de gaz à effet de serre générées par la consommation de produits de la mer s'élèvent à 2,6 teqCO2/t en moyenne, ce qui est très en deçà des 8,2 à 21,7 teqCO2/t associées à la consommation de viande bovine. Au-delà de cette moyenne, d'importantes variations s'observent selon les espèces considérées. Ainsi, l'empreinte carbone des poissons pélagiques s'établit aux alentours de 1 teqCO2/t, contre plus de 10 teqCO2/t pour les crevettes et crustacés.

Source : Inrae

 

 

05/06/2020

17 actions pour réduire la consommation de viande bovine

De nombreuses études recommandent de réduire la consommation de viande bovine, du fait des conséquences environnementales liées à sa production. Des chercheurs australiens ont réalisé une enquête auprès de 16 experts scientifiques et professionnels, de différentes disciplines, afin de repérer des actions ciblées à mettre en œuvre aux États-Unis. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Conservation Letters en avril. Les auteurs retiennent 17 propositions jugées efficaces et faisables, touchant tous les niveaux de la filière (figure ci-dessous) et visant différents facteurs influençant la consommation de viande (ex. les habitudes et les goûts). 4 d’entre elles pourraient être particulièrement efficaces, selon eux, d'ici 10 ans : faire évoluer la représentation des normes sociales, développer des alternatives au bœuf, proposer des repas sans viande bovine en restauration collective et inciter les grandes entreprises de restauration hors foyer à s'approvisionner davantage en produits alternatifs.

Interventions proposées par les experts au sein de filières de production de viande bovine

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Source : Conservation Letters

Lecture : les lignes en pointillés représentent l'influence indirecte des gouvernements, des ONG, des acteurs de la production et de la consommation. Les boîtes vertes sont les rôles que peuvent prendre les scientifiques et les acteurs de la conservation de la nature.

Source : Conservation Letters

 

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15/05/2020

L’utilisation des données issues du secteur privé pour analyser la consommation alimentaire lors de la crise du Covid-19

La pandémie, et les mesures de confinement ou de restriction qui s’ensuivirent, ont eu des effets notables sur le comportement alimentaire des ménages : pics de consommation pour constituer des réserves, achats privilégiés de certains produits, fermeture des restaurants, etc. Dans un document de travail récent, une équipe de chercheurs suédois analyse ces variations en combinant trois sources de données issues du secteur privé : informations diffusées par les médias (base Meltwater) ; ventes alimentaires de la coopérative Coop Sweden (3,5 millions de membres, 650 points de vente dans le pays), avec des détails sur les produits, la date, le lieu et le canal de vente ; données de géolocalisation de Telia, premier opérateur de téléphonie mobile suédois. Pour distinguer les effets de la crise, les chercheurs ont comparé les données de 2020 avec celles de 2019 (premier trimestre).

Les observations ainsi combinées (figure ci-dessous) témoignent d’une hausse sensible du volume d’informations médiatiques sur le Covid-19 à partir du 25 février (risque d’importation du virus via les voyages, etc.), avec une accélération à partir du 10 mars (le virus circule désormais sur le territoire national). Les ventes alimentaires, stables jusqu’au 10 mars, connaissent un pic de + 74 % à Stockholm et de + 49 % en dehors de la ville entre le 11 et le 17 mars, avant de redescendre à des valeurs plus habituelles. Par ailleurs, immédiatement après la recommandation faite aux personnes âgées d'éviter les contacts sociaux, on note à partir de mi-mars une baisse nettement plus marquée des visites de magasins alimentaires, à Stockholm, pour les individus de plus de 66 ans. La mobilité diminue également fortement dans la capitale (- 80% environ fin mars), malgré l’absence de confinement. Ces données seront régulièrement mises à jour et serviront de base pour une analyse approfondie.

Volume d’informations sur le Covid-19 dans les médias et comportements de la population au premier trimestre 2020 à Stockholm

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Source : Stockholm School of Economics

Lecture : pour l'axe des ordonnées à gauche, l’unité utilisée est le nombre de mentions journalières du Covid-19 dans les sources d’informations. Pour les autres variables de la figure, les données présentées sont des ratios entre les données 2020 et 2019. Par exemple, une valeur de 1,2 pour les ventes alimentaires signifie une hausse de 20 % des ventes alimentaires journalières en 2020 par rapport à celles observées le même jour en 2019.

Portant sur l'ensemble du panier de biens, aux États-Unis, un autre document de travail récent a été publié par une équipe américano-danoise. Elle a utilisé plusieurs sources : les données bancaires de particuliers fournies par une organisation fintech, à but non lucratif, d'aide à l'épargne (4 735 utilisateurs ; août 2016 - mars 2020) ; les résultats de sondages téléphoniques Gallup sur les préférences politiques ; un scoreboard sur l’efficacité de la distanciation sociale. Les résultats montrent de larges variations de dépenses moyennes des ménages (en dollars/jour) et mettent en évidence des liens intéressants avec les facteurs démographiques, les mesures de confinement, les préférences électorales (figure ci-dessous), etc.

Dépenses des ménages en réponse à la crise du Covid-19 aux États-Unis, en fonction des préférences politiques

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Source : NBER

Lecture : dépenses moyennes des ménages, en dollars/jour. Les couleurs des courbes correspondent aux préférences politiques prédominantes : en bleu démocrates, en gris indépendants, en rouge républicains.

Julien Hardelin, Centre d’études et de prospective

Sources : Stockholm School of Economics, NBER

11:06 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : covid-19, suède, etats-unis, consommation |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/05/2020

Des prix de détail peu sensibles aux chocs de demande

Le lien entre prix et variations de la demande est un sujet ancien et majeur en économie. Considérant des produits de première nécessité (denrées alimentaires, produits d'hygiène et ménagers), deux chercheurs de la Réserve fédérale (Fed - Banque centrale américaine) ont étudié les réponses des prix au détail, dans les supermarchés, à des chocs de demande dus à des événements imprévus. Le choix d'épisodes externes et conjoncturels leur a permis d'isoler l'effet de ces chocs par rapport à des équilibres de long terme.

Ils ont sélectionné trois types d’événements affectant uniquement la demande des consommateurs, sans perturber le reste des chaînes d'approvisionnement :

- deux épisodes de grèves touchant des enseignes de supermarchés en 2003, à la suite desquels les acheteurs se sont redistribués entre les détaillants ;

- les déplacements majeurs de populations en Louisiane causés par l'ouragan Katrina, se traduisant par une hausse massive de la demande dans les zones les plus épargnées ;

- les tempêtes de neige de 2009 et 2010 qui ont stimulé certains achats par anticipation.

Les données du panel distributeurs IRI, couvrant l'ensemble des États-Unis entre 2001 et 2011, ont permis aux auteurs d'analyser les variations locales des prix et volumes par rapport à un régime habituel.

Fluctuation des indices de volume et des prix autour du choc de demande (exemple des grèves)

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Source : Journal of the European Economic Association

Les résultats sont similaires pour les différentes catégories de produits étudiés, dont particulièrement les denrées alimentaires. Tout d’abord, les observations hebdomadaires montrent qu’en dehors de ces chocs, les prix sont régulièrement ajustés et leurs variations se répercutent, pour 80 % d’entre elles, sur les magasins d'une même chaîne, laissant la place à des adaptations locales. Par ailleurs, face aux chocs locaux de demande, les prix n'augmentent que marginalement. Ainsi, les réallocations de clientèle consécutives aux grèves n'ont entraîné que des fluctuations très modérées (voir figure), avec une faible élasticité des prix (0,07). L’analyse des effets des déplacements de population après l'ouragan Katrina met en évidence des résultats similaires (élasticité de 0,03). Enfin, les ruées sur les magasins à l'annonce des tempêtes de neige, en prévision de l'isolement et d'un accroissement des repas pris à domicile, n'ont eu aucun effet inflationniste. Pour les auteurs, une des explications de cette rigidité des prix serait le coût de gestion de leur changement, trop élevé pour des réponses locales.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of the European Economic Association

10/10/2019

Big data et indices des prix à la consommation

Publié le 17 septembre 2019 par l'Insee, le n°509 d'Économie et Statistique traite de l'utilisation possible des big data dans la construction des indices des prix à la consommation, complétant, sur la thématique « Big data et statistiques », une publication d'avril. S'appuyant sur les expériences des instituts de statistique français, suédois et néerlandais, les quatre articles s'intéressent aux apports des données massives (données de caisse et du Web) pour la production de ces indices. À titre d'exemple, l'un des articles présente une analyse des écarts spatiaux des niveaux de prix alimentaires entre régions et villes françaises, à partir de données de caisse transmises quotidiennement à l'Insee, en 2013, par une partie des enseignes de la grande distribution (représentant environ 30 % du chiffre d'affaires). Cette dispersion apparaît limitée, avec des prix plus élevés en région parisienne et en Corse, et peu évolutive dans le temps (résultats proches de ceux obtenus par des travaux conduits dans les années 1970 et 2000). Les données massives présentent des avantages par rapport aux relevés de prix : par exemple, accès à un ensemble de produits beaucoup plus large, avec un univers dynamique. En revanche, elles comportent différentes limites qui appellent leur combinaison avec des données classiques.

Source : Insee

11/09/2019

La révolution matérielle. Une histoire de la consommation, France XIXe-XXe siècle, Jean-Claude Daumas

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500 pages de texte foisonnant et détaillé, suivies de 100 pages touffues de bibliographie et index : voilà bien ce qu'on appelle une « somme », autrement dit un gros ouvrage, dense, impressionnant de maîtrise et d'érudition, faisant le tour complet de son sujet. Dans cette vaste fresque consacrée à deux siècles de consommation en France, l'auteur (professeur émérite des universités) croise plusieurs approches : histoire sociale, étude des représentations et mentalités, histoire économique, monographies d'entreprises, statistiques de revenus, portraits biographiques et familiaux, synthèses à caractère philosophique et critique.

L'ensemble, rigoureusement structuré, comporte cinq parties chronologiques couvrant la période allant de 1840 à aujourd'hui. Chaque partie est constituée de chapitres dédiés à des groupes particuliers (ouvriers, « paysans » puis « agriculteurs », « monde bourgeois » puis « classes supérieures », couches moyennes, cadres, catégories précaires, etc.) ou à des thèmes spécifiques (« rêve américain », « démocratisation inachevée », etc.). À chaque fois, cette consommation est abordée sous divers angles, privilégiant tour à tour les secteurs (alimentation, logement, ameublement, transport, énergie, habillement, santé et hygiène, loisirs, culture, etc.), les produits et services (pain, viande, vin, voiture, vélo, réfrigérateur, machine à laver, radio, télévision, smartphones, vacances, etc.), les circuits (petit commerce, grande distribution, web, logistique, banque, crédit, etc.) et enfin les modalités et styles de consommation (luxueuse ou de survie, de masse ou de niche, libre ou mimétique, traditionnelle ou alternative, etc.). Daumas défend la thèse générale d'une « révolution matérielle » massive et ininterrompue, même si les consommations sont quantitativement et qualitativement variables, et socialement inégales.

Les lecteurs de ce bulletin de veille s'intéresseront d'abord aux cinq chapitres sur les consommations du monde agricole et à la grosse centaine de pages, disséminées dans le livre, concernant le système alimentaire : stratégie des entreprises, budget des familles, denrées, circuits de vente, électroménager, recettes de cuisine, nutrition, etc. Sur tous ces points, ils trouveront une riche compilation de références et résultats inédite en langue française. Mais on peut parier qu'ils n'en resteront pas à ces lectures ciblées, et que le style alerte du livre les poussera à butiner d'autres chapitres... Il leur apparaîtra alors clairement que les différents secteurs de consommation sont interdépendants, et qu'en s'immergeant profondément au cœur des modes de vie, l'histoire de la consommation raconte subtilement l'histoire des Français.

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Flammarion

16:28 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : daumas, révolution matérielle, consommation, histoire |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/07/2019

Entendez-vous l'éco (France Culture) fait le point sur l'économie de l'alimentation

Présentée par T. de Rocquigny, l'émission de France Culture Entendez-vous l'éco a diffusé, du 27 au 30 mai 2019, quatre épisodes thématiques sur l'économie de l'alimentation, accessibles en podcasts. Dans le premier, « Quand l'industrie fait son marché », P. Hébel (Crédoc) et C. Harel (magazine LSA) font le point sur l'évolution des modes de consommation alimentaire. Malgré une part dans le budget des ménages qui diminue, l'alimentation est, depuis les années 2000, un sujet de préoccupation majeure pour les Français, avec la montée des thèmes de la santé et de l'écologie. Les crises sanitaires (« vache folle », etc.) ont, selon les invitées, clairement contribué à cette tendance, de sorte que l'inquiétude alimentaire augmente, alors que la sécurité sanitaire s'est beaucoup améliorée : en 1995, 53 % des enquêtés considéraient que « manger comporte un risque important ou très important », contre 74 % aujourd'hui. Face à ces préoccupations, le bio rassure et présente une croissance à deux chiffres, et les produits « sans » (sans colorants, sans pesticides, etc.) s'affirment.

Le second épisode, « Le modèle du supermarché en fin de course ? », réunit L. Lavorata (université de Reims Champagne-Ardenne) et P.-M. Décoret (Groupe Avril), pour analyser les transformations du secteur de la distribution alimentaire. Le modèle classique des supermarchés des « Trente Glorieuses » est en bouleversement : concurrence des discounters (hard, puis soft), des géants du e-commerce, développement du digital, etc. Pour y répondre il s'agira, selon les invités, de ré-enchanter l'acte d'achat mais aussi d'innover, notamment en matière d'optimisation logistique (Amazon est le premier investisseur mondial en R&D devant Google). « Là où l'hypermarché ne fait plus rêver, les magasins phygitaux [le] font », avec une expérience client continue, intégrée, « où que vous soyez, quel que soit le moment ».

Les deux derniers épisodes abordent deux sujets au cœur des enjeux actuels : « Une planète à nourrir », avec B. Parmentier, sur la faim dans le monde, et « Les lobbies et la santé publique » dans l'agroalimentaire, avec A. Thébaud-Mony et B. Pellegrin.

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospectives

Source : France Culture

14/02/2019

The Lancet entame une année dédiée à la nutrition

Dans l'éditorial de son n°393 de janvier 2019, la revue The Lancet annonce entamer une année dédiée à la nutrition, abordée sous diverses perspectives. Ainsi, a été publié en même temps un premier rapport, Food in the Anthropocene, établi par une commission commune à la revue médicale et à la fondation EAT, et traitant de la définition et de l'atteinte des régimes alimentaires sains issus de systèmes alimentaires durables. Cette commission réunissait 37 scientifiques venant de disciplines variées et de 16 pays différents.

Les auteurs ont travaillé sur la relation entre régime alimentaire, santé humaine et durabilité environnementale, tous trois fortement liés, comme l'illustrent par exemple les impacts du changement climatique sur des réductions de rendements et, in fine, sur la sécurité alimentaire. S'appuyant sur les connaissances scientifiques les plus récentes, ils se sont intéressés à la consommation finale et à la production, et proposent un « espace de fonctionnement sécurisé » (safe operating space), délimité par deux séries de cibles quantitatives :

- des objectifs de consommation par grands groupes d'ingrédients, adaptables à une variété de pratiques locales (cf. figure ci-dessous) ;

- des paramètres d'utilisation de six grandes entrées affectées par la production alimentaire : usages d'eau douce et des terres, pertes de biodiversité, émissions de gaz à effet de serre, pollutions azotées et phosphatées. Ce cadre prend en compte les limites planétaires et est pertinent à différentes échelles, du champ au global.

À l'échelle mondiale, « fossé alimentaire » entre la consommation actuelle et le régime alimentaire recommandé

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Source : EAT ; extraits CEP

Un exercice de modélisation permet aux auteurs de montrer qu'il serait théoriquement possible, avec ces références, de nourrir 10 milliards de personnes à 2050. Pour ce faire, l'analyse des changements passés (ex. : transitions nutritionnelles dans divers pays) les amène à souligner l'importance de la mobilisation de tous types d'acteurs et de secteurs, des besoins en recherche scientifique et des différents niveaux d'intervention publique. Les auteurs proposent alors cinq « stratégies » pour initier une « Great Food Transformation ».

Pour finir, signalons la parution, le 27 janvier, d'un second rapport intitulé The Global syndemic of Obesity, Undernutrition and Climate Change. Par la suite, The Lancet devrait poursuivre ses publications, notamment par des articles sur le double fardeau nutritionnel et sur les spécificités de la nutrition des adolescents.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : The Lancet

18/01/2019

Les consommateurs sous-estiment les émissions de gaz à effet de serre dues à leur alimentation

Deux études ont été menées pour évaluer les connaissances des consommateurs sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées à la production de biens alimentaires, et pour analyser l'impact d'un étiquetage « carbone » sur les actes d'achat. Les résultats ont été publiés en décembre dans un article de la revue Nature Climate Change.

Dans la première étude, 514 participants devaient estimer les émissions de GES et la consommation d'énergie nécessitées par la production et le transport de 19 aliments et par l'utilisation de 18 appareils ménagers pendant une heure. Ils disposaient pour cela d'une référence : une ampoule de 100 watts allumée pendant cette durée ou la production d'une tomate de taille moyenne consomment 100 unités. Dans la seconde étude, 120 participants recevaient une quantité d'argent et devaient l'utiliser pour acheter trois types de soupes parmi les six proposées (trois avec de la viande et trois végétariennes). Ils étaient divisés en deux groupes. Ceux du groupe de contrôle pouvaient voir le nom, l'image, la taille, le prix et la composition des soupes. Ceux du groupe de traitement avaient en plus accès à de l'information sur l'empreinte carbone des produits via une échelle colorée allant du vert, pour une empreinte basse par rapport aux autres produits de la même catégorie, au rouge pour une empreinte élevée.

Les résultats de la première étude (figure ci-dessous) montrent que les participants sous-estiment la consommation énergétique et les émissions liées à la production de ces biens (une estimation correcte se situerait sur la diagonale grise), et ce particulièrement pour les aliments. Selon les auteurs, cela s'expliquerait par le fait que la production alimentaire est complexe, notamment au regard de sa consommation d'énergie, et que les sources d'émissions sont multiples et faiblement connues du grand public. Peu de gens savent, par exemple, que le méthane est un GES 28 à 36 fois plus polluant que le CO2.

Estimations moyennes des émissions de GES relativement aux émissions réelles

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Source : Nature Climate Change

Les auteurs constatent également que les participants qui disposent d'une information environnementale achètent moins de soupe à base de viande que ceux du groupe de contrôle, notamment car ils estiment mieux l'impact environnemental de leur choix. Ils soulignent enfin la forte variabilité des mesures d'empreinte carbone selon les hypothèses utilisées et suggèrent donc de représenter cette incertitude sur les logos d'étiquetage environnemental.

Estelle Midler, Centre d'études et de prospective

Source : Nature Climate Change

09:08 Publié dans 2. Evaluation, Alimentation et consommation, Climat | Lien permanent | Tags : ges, consommation, étiquetage, achats |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/04/2018

15e édition du Baromètre de la consommation et de la perception des produits biologiques

L'Agence Bio a publié en février dernier l'édition 2017 de son Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France, réalisé avec l'appui de CSA. Dispositif en place depuis 2003, cette enquête s'est déroulée par voie de questionnaire auto-administré en ligne, auprès d'un échantillon représentatif de 1 000 Français. Le questionnaire se composait d'une première partie commune à tous les enquêtés, puis d'une seconde partie réservée aux « consommateurs de produits biologiques », appellation regroupant les individus ayant déclaré consommer ces produits au moins une fois par mois.

Les résultats du Baromètre 2017 montrent tout d'abord une évolution significative de la part des « consommateurs de produits biologiques », passant de 69 % en 2016 à 73 % en 2017, alors qu'ils n'étaient que 37 % en 2003 (cf. graphique ci-dessous). Les données socio-démographiques affinent ce résultat et mettent en évidence que les répondants issus de catégories socioprofessionnelles supérieures font davantage partie de ces consommateurs. Le niveau de confiance envers les produits biologiques reste globalement stable, à 82 %, ce que semblent confirmer les représentations que les enquêtés ont de ces produits : meilleurs pour la santé (89 %), plus naturels car cultivés sans produits chimiques de synthèse (88 %). Ces considérations constituent le premier critère de consommation chez les acheteurs de bio (69 %), devant les préoccupations environnementales (61 %).

Évolution de la part de consommateurs de produits biologiques

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Source : Agence Bio

La consommation de produits biologiques est néanmoins loin d'être uniforme. Aussi bien l'ensemble des enquêtés que le groupe des consommateurs de bio montrent des préférences pour certains produits : les fruits et les légumes bio sont majoritairement consommés (respectivement à 52 % et 81 %), alors que la viande bio ne l'est que par 32 % des premiers et 43 % des seconds. Il est également intéressant de noter une tendance vers le « 100 % bio » pour la consommation d’œufs, mais aussi de lait pour près de la moitié des consommateurs de bio. Par ailleurs, l'engouement pour les produits bio s'étend en dehors du domicile, les Français interrogés étant intéressés par une offre bio en restaurations scolaire, hospitalière ou encore sur le lieu de travail.

L'accès à l'alimentation biologique pose, en filigrane, la question de son prix. Près de 52 % des enquêtés, et en particulier les Français issus de catégories socioprofessionnelles basses (56 %), estiment qu'il n'est pas « normal » qu'un produit biologique coûte plus cher.

À noter également que l'Agence Bio a organisé le 29 mars 2018 un séminaire international au cours duquel divers thématiques ont été abordées (vidéo en ligne) : « souveraineté alimentaire » et des territoires, santé, restauration scolaire, etc.

Arnaud Lamy, Centre d'études et de prospective

Source : Agence Bio

09:26 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : baromètre, bio, agence bio, consommation, perception |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/03/2018

Caractéristiques d'une alimentation moderne ou traditionnelle au Japon

Fin janvier 2018, une équipe internationale de chercheurs a publié, dans Nutrients, les résultats de deux études sur tradition, modernité et comportements alimentaires. La première, reposant sur une revue de littérature scientifique, met en évidence 45 facettes de ces comportements, et les regroupe en différentes dimensions et sous-dimensions : ce qui est mangé (ingrédients, fabrication, préparation, origine temporelle, origine spatiale, diversité) et comment cela est mangé (aspects temporels, spatiaux, sociaux, goûts, préoccupations). Dans la deuxième étude, portant sur le Japon et s'appuyant sur des questionnaires remplis par 140 étudiants (19 ans en moyenne) et 200 personnes plus âgées (63 ans en moyenne), les auteurs mettent en évidence que 9 des facettes précédentes caractérisent une alimentation traditionnelle et 25 une alimentation moderne. De plus, des appréciations différentes en fonction de l'âge (mais pas en fonction du sexe) ressortent des réponses. Enfin, dans un contexte où la culture alimentaire traditionnelle est considérée comme l'un des facteurs explicatifs d'une espérance de vie très élevée, mais également de transition vers des modes de consommation modernes, des travaux complémentaires sont nécessaires pour identifier les traits contribuant à la longévité et à la santé de la population japonaise.

À ce propos, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a produit récemment un BioClip intitulé « Le marché de l'alimentation au Japon ».

Source : Nutrients

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13/12/2017

Terra Nova s'intéresse aux enjeux et opportunités d'une alimentation moins carnée

Dans un rapport publié en novembre, le think tank Terra Nova s'intéresse aux enjeux liés à la consommation de viande et envisage les arguments en faveur d'une « transition alimentaire », formulant in fine onze propositions ouvertes. La première partie revient sur les facteurs économiques, sociaux, techniques et culturels ayant conduit à la forte augmentation de la consommation de viande au XXe siècle. La seconde traite, quant à elle, de la « triple crise de la viande » : crise économique, crise de confiance, crise de légitimité autour des questions d'empreinte écologique et de montée de la sensibilité à la souffrance animale. On rappellera notamment que la consommation française de viande, en baisse, est revenue en 2013 au niveau de la fin des années 1980. Les « promesses de la révolution végétale », venant en appui à la nécessaire transition alimentaire, font l'objet de la troisième partie. Cette transition reposerait, dans les prochaines décennies, sur une division par deux de la consommation de « chair animale » par habitant, et sur l'inversion du rapport entre protéines végétales et protéines animales. Au chapitre des solutions, le rapport met particulièrement en avant la « FoodTech » (voir une autre brève sur ce blog) et les innovations autour des protéines végétales. Il s'intéresse également aux consommateurs : goût, lien aux terroirs, restauration scolaire, prix, campagnes d'information en nutrition.

La consommation individuelle de viande en France (en kgec par habitant)

TerraNova.jpg

Source : Terra Nova

La quatrième partie présente les onze propositions, insistant sur l'évolution progressive et lente des régimes alimentaires, liée aux habitudes, normes sociales et préférences culturelles, mais également à la nécessité d'une stratégie de long terme « pour organiser et accélérer la transition de notre modèle agricole et de ses modes de production ». Parmi ces propositions, on peut retenir, par exemple, la généralisation de l'option du « repas alternatif végétarien » et l'imposition d'un jour végétarien par semaine dans la restauration scolaire du secondaire, la promotion, sur les produits à la vente, de la mention visible du mode d'élevage et d'abattage, ou encore une meilleure valorisation des végétaux grâce aux signes officiels de la qualité et de l'origine (SIQO).

Si certains points mériteraient d'être précisés ou développés, ce rapport s'appuie sur une palette large d'analyses, de la production à la consommation, des questions médicales aux problématiques environnementales, etc. Il contribue ainsi au débat sur l'évolution des régimes alimentaires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Terra Nova

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04/12/2017

Deux enquêtes s'intéressent aux consommations de viande et produits d'origine animale des Français

Réalisé en juillet 2017 par Ipsos pour Interbev, un sondage auprès de 1 000 individus montre que 94 % des personnes interrogées se déclarent omnivores, 3 % végétariennes et 1 % végétaliennes. 91 % des répondants consommeraient de la viande au moins une fois par semaine ; le « goût », les « habitudes alimentaires » et les « bienfaits de la viande pour la santé » sont les explications les plus fréquemment avancées (respectivement à 72 %, 67 % et 54 %). Toutefois, des inflexions sont identifiées : 46 % ont diminué leur consommation et 89 % « pensent qu'il faut manger moins de viande mais de meilleure qualité ».

Proposée par KantarWorldpanel et reprise par La France Agricole, une étude basée sur 12 000 répondants établit à 38 % de leur budget alimentaire les dépenses moyennes des foyers français en produits d'origine animale. Depuis 2013, ces dépenses diminuent, avec une baisse des produits carnés et, dans une moindre mesure, des produits laitiers. Les individus déclarant consommer des protéines animales moins de deux fois par semaine sont en augmentation, tout comme ceux achetant des produits végétaux (boissons végétales, yaourts au soja, etc.). Enfin, 1,9 % des foyers comptent au moins un individu végétarien (1,5 % en 2015) et 34 % au moins une personne flexitarienne (25 % en 2014, 34 % en 2016). Dans ce dernier cas, un rajeunissement est constaté ainsi que la volonté de manger des produits animaux de meilleure qualité.

Sources : InterbevLa France Agricole

16:08 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : consommation, viande, enquêtes |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2017

Nutrition et systèmes alimentaires : le nouveau rapport du HLPE propose un état des lieux et des pistes pour l'avenir

Le nouveau rapport du HLPE (High Level Panel of Experts, voir un portrait sur ce blog), publié en septembre 2017, propose une analyse fouillée des systèmes alimentaires mondiaux, dégage les principaux défis pour l'avenir, et propose une série de recommandations à l'attention des décideurs publics et privés. Ce travail s'inscrit dans le contexte de la Décennie d’action des Nations unies pour la nutrition 2016-2025.

Le rapport décompose les systèmes alimentaires en trois éléments constitutifs : i) les comportements des consommateurs (choix d'aliments, préparation, conservation, répartition au sein des ménages, etc.) ; ii) les chaînes d'approvisionnement (production, stockage, distribution, etc.) ; iii) l'environnement alimentaire, défini comme « le contexte physique, économique, politique et socio-culturel dans lequel les consommateurs acquièrent, préparent et consomment les aliments ». Cette place centrale du « mangeur » et cette considération élargie aux aspects politiques, sociaux et culturels des systèmes alimentaires, ne sont pas sans rappeler le panorama prospectif MOND'Alim 2030.

Après avoir caractérisé trois grands types de systèmes alimentaires (« modernes », « traditionnels » et « mixtes »), ainsi que leurs enjeux spécifiques, le rapport fait un état des lieux du problème de la malnutrition dans le monde, dans ses différentes dimensions (insécurité alimentaire quantitative et qualitative, sur-consommation). Il dépeint ensuite les transitions alimentaires en cours et leurs dynamiques. Si la sous-nutrition est en diminution, le surpoids et l'obésité augmentent, et ce dans de nombreuses régions du monde, si bien que, dans certains pays, les deux problèmes coexistent (thème bien connu du « double fardeau » illustré par la figure ci-dessous). En outre, des États connaissent des crises susceptibles de dégrader la situation nutritionnelle, notamment en Afrique. Ainsi, le rapport insiste sur les coûts très élevés de la malnutrition, qui équivaudraient à 5 % du PIB mondial, allant au-delà de 10 % dans certains pays à bas revenus.

Nombre (millions) d'enfants de moins de 5 ans, malnutris et obèses, dans différentes régions

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Source : HLPE

Face à de tels constats, le rapport presse les décideurs et les parties prenantes d'agir rapidement, par des actions diversifiées sur les trois composantes des systèmes alimentaires (consommateurs, chaînes d'approvisionnement et environnements alimentaires). Il propose une série de recommandations combinant une large palette d'instruments et de leviers d'action.

Représentation schématique des leviers d'action proposés et exemples

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Source : HLPE

Julien Hardelin, Centre d'études et de prospective

Source : HLPE

07/11/2017

Mangeurs de viande de la préhistoire à nos jours, Marylène Patou-Mathis

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À l'heure où s'exacerbent les vrais et faux débats sur la consommation de viande, la réédition en version de poche de cet ouvrage est tout à fait bienvenue, venant rappeler que des pratiques et des querelles prétendument neuves sont, en réalité, vieilles comme le monde. Préhistorienne, directrice de recherche au CNRS, l'auteure appuie ses réflexions anthropologiques sur des découvertes archéologiques, complétées par de nombreuses analyses philosophiques, ethnographiques et sociologiques. S'il fallait dégager une thèse de cette somme majeure, elle serait que l'acte socio-culturel de manger a été au cœur du développement des sociétés humaines et du processus d'hominisation.

Le livre montre comment nos lointains ancêtres se sont mis à consommer de la viande, donc des chairs d'êtres vivants remplies de sang, et les conséquences de ce régime alimentaire sur les techniques de chasse et les rapports aux animaux. Il décrit les transformations de la chasse au fil du temps et les vertus socialisatrices de cette activité collective (partage du gibier, cohésion de groupe, hiérarchie et organisation). Extrêmement diversifiés sont les mythes et rites liés à cette consommation carnée, et beaucoup de ces croyances restent vivaces dans les sociétés « archaïques » ou dans les traditions populaires des pays « développés ». Intéressant est le chapitre consacré à l'animal comme symbole, ainsi que celui qui traite du cannibalisme et des mangeurs de viande humaine. L'ouvrage se termine par une description de l'extinction des derniers peuples chasseurs et par une réflexion sur la part d'animalité qui reste en l'Homme.

Lien : Éditions Perrin

08:30 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : patou-mathis, viande, consommation, anthropologie, archéologie |  Imprimer | | | | |  Facebook