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14/06/2021

Camille Adamiec, Marie-Pierre Julien, Faustine Régnier, L'alimentation au fil des saisons. La saisonnalité des pratiques alimentaires, 2020, Presses universitaires François-Rabelais, 240 pages

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« ''Il n'y a plus de saisons'', ''le climat va changer'' : jadis peur irrationnelle et aujourd'hui crainte infondée, les saisons sont toujours apparues comme précaires et leur régularité menacée ». M. de la Soudière débute ainsi l'avant-propos de cet ouvrage collectif, dirigé par C. Adamiec, M.-P. Julien et F. Régnier. Il rappelle comment les saisons n'ont cessé d'être réinventées, avec des variations selon les époques et les sociétés. Nouvel impératif largement relayé, elles sont aujourd'hui « à la mode », mais les variations des pratiques alimentaires associées restent peu connues.

Les contributions réunies dans cet ouvrage éclairent, sous des angles variés et complémentaires, les choix et contraintes dus aux rythmes alimentaires saisonniers (partie 1), puis les enjeux socio-économiques (partie 2). Elles mettent en évidence les multiples modalités liées à ce qui relève à la fois d'un phénomène naturel et de constructions sociales et culturelles. Les auteurs montrent ainsi « comment notre société qui a industrialisé les productions, distributions et consommations alimentaires, s'organise toujours autour de saisonnalités, alors même qu'elle a mis un point d'honneur à s'en émanciper ». Retenons par exemple le chapitre de F. Régnier, qui s'appuie sur l'analyse de données d'achats des ménages français et sur celle de l'évolution de requêtes sur le moteur de recherche Google (Google trends). La persistance de rythmes saisonniers est liée à des calendriers de production (ex. primeurs, fruits exotiques), à des faits culturels (fêtes) ou sociaux (ex. injonctions printanières à la minceur). Les opérations marketing peuvent renforcer certains de ces effets. Toutefois, des situations contrastées sont constatées, comme entre produits de consommation courante (ex. condiments) et à forte variabilité temporelle (ex. fruits et légumes, chocolats), et ce y compris au sein d'une même catégorie (ex. volaille mangée entière ou en filets). Des saisons « longues » se distinguent alors de pics de consommation.

Dans sa conclusion, C. Lamine souligne les « tensions entre effacement, maintien et réaffirmation ». Pour elle, la saisonnalité est multifactorielle, puisqu'elle relève aujourd'hui à la fois d'innovations techniques (pour s'en affranchir ou pour « re-saisonnaliser »), du « gouvernement des conduites » par les normes associées, d'aspects politiques et partisans, ou encore de débats sur le changement climatique.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Presses universitaires François-Rabelais

16:14 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, IAA, Société | Lien permanent | Tags : saison, alimentation, consommation |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/06/2021

Les écolabels incitent-ils les consommateurs à manger moins de viande ?

Dans un article publié en mai dans la revue Food Policy, des chercheurs suédois étudient l'effet des labels carbone sur la consommation de viande hachée ou de substitut. Ils réalisent une expérience de choix auprès de 1 052 individus pour lesquels ils disposent également des données de consommation réelle. Les participants peuvent choisir entre 6 types de produits : de la viande rouge (100 % bœuf, ou mélanges 70-30 % bœuf-porc, 50-50 % bœuf-porc), un produit hybride (viande rouge et légumes), du poulet ou un substitut végétal de viande. Pour tester l'effet du label carbone, deux groupes de personnes sont créés : un groupe traité (exposé au label) et un groupe de contrôle (figure ci-dessous). Les résultats montrent que les consommateurs exposés au label sont plus enclins à choisir des substituts de viande que ceux du groupe de contrôle. Cependant, le consentement à payer est plus élevé chez les personnes consommant déjà ces substituts, suggérant que les écolabels ne permettent pas de cibler efficacement les gros consommateurs de viande.

Information sur le label carbone et exemple de choix dans le groupe traité et le groupe de contrôle

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Source : Food Policy

Lecture : les colonnes « control » et « treatment » montrent la manière dont les produits sont présentés aux participants dans le groupe traité et dans le groupe de contrôle.

Source : Food Policy

15:47 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement | Lien permanent | Tags : viande, consommation, consentement à payer |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/05/2021

Émissions de CO2 de l'Union européenne et importations de produits engendrant de la déforestation

Dans le prolongement de son rapport de 2018 (voir à ce sujet un précédent billet), le WWF propose une nouvelle publication sur la déforestation engendrée par la consommation de certains produits agricoles (ex. soja). L'analyse a été menée par le Stockholm Environment Institute, à partir des données commerciales de la plate-forme TRASE et des travaux sur la déforestation de Pendrill et al. De ce fait, la méthode est différente de celle de 2018 : elle ne se base plus sur le calcul d'un indicateur composite i) de risque de déforestation, ii) de respect des droits humains et iii) de corruption, mais sur l'attribution d'hectares déforestés aux différentes productions agricoles selon l'évolution de leur surface. La « déforestation » est entendue ici comme la perte de « couvert arboré », et non pas seulement de « forêts » au sens de la Food and Agriculture Organization (FAO). Par ailleurs, les auteurs considèrent que les causes non agricoles (ex. urbanisation) sont négligeables.

L'UE apparaît comme le premier acteur responsable de la déforestation associée aux denrées agricoles entrant dans le commerce international entre 2005 et 2013, avant de passer en deuxième position derrière la Chine. En 2017, 16 % lui sont attribués, contre 24 % pour la Chine, 9 % pour l'Inde et 7 % pour les États-Unis. 42 % de la déforestation importée en UE sont dus à l'huile de palme, 17 % au soja, 9 % aux produits dérivés du bois, 8 % au cacao et 5 % à la viande de bœuf. Les pays qui réalisent la majeure partie de cette déforestation sont l'Indonésie (39 %) et le Brésil (25 %). Pour ce dernier, la région du Cerrado est plus particulièrement concernée par le soja et la viande bovine.

Les auteurs étudient les certifications environnementales volontaires, considérées comme un levier de lutte contre la déforestation. Ils montrent qu'elles représentent une part limitée du marché et qu'elles ne garantissent pas toujours l'absence de déforestation, tout au long de la chaîne d'approvisionnement.

Enfin, le WWF propose 8 axes de recommandations. À titre d'exemple, les produits entrant sur le marché de l'UE devraient respecter les critères environnementaux de production au sein de l'Union, et des obligations de traçabilité et de transparence devraient être introduites dans la législation européenne.

Comparaison de la déforestation causée par l'importation en UE de soja du Cerrado (ha/1000 t), en 2016, par des entreprises ayant un engagement zéro déforestation (vert) ou non (marron)

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Source : WWF

Lecture : l'impact de la certification sur la déforestation relative (ha/1 000 tonnes) est faible en moyenne.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : WWF

20/04/2021

Premier rapport mondial sur le gaspillage alimentaire par le programme des Nations unies pour l'environnement

En tant qu'agence des Nations unies, visant la réduction par deux du gaspillage alimentaire aux niveaux de la distribution, des services alimentaires et des ménages (Objectif de développement durable 12, cible 3), le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) publie son premier rapport mondial sur le sujet.

Ce document s'appuie sur de nombreuses données provenant d'une variété de sources, en majorité des études scientifiques ad hoc, 7 pays seulement collectant des statistiques nationales compatibles avec l'indice du gaspillage alimentaire. Ces données sont intégrées dans une modélisation qui permet d'estimer le gaspillage au niveau mondial, par pays, par région et par secteur. Les estimations portant sur les ménages sont les plus robustes, avec des données issues de près de 100 études, réparties dans une variété de pays représentant 75 % de la population mondiale. Les données sur le gaspillage dans les services et la distribution sont au contraire relativement difficiles à trouver hors des pays à hauts revenus.

Selon les auteurs, 17,5 % de la production alimentaire mondiale sont gaspillés – 931 millions de tonnes, soit deux fois plus que les estimations précédentes de la FAO (2011). 10,7 % le sont par les ménages, 4,6 % au niveau des services alimentaires et 2,2 % à celui de la distribution. Le gaspillage des ménages français (85 kg par personne et par an) se situerait à un niveau intermédiaire pour l'Europe (34 kg en Slovénie, 142 en Grèce), mais plus élevé que la moyenne mondiale (74 kg).

Estimations du gaspillage alimentaire des ménages en Europe, sources utilisées et niveaux de confiance

gaspillage,consommation,politiques publiques

Source : PNUE

L'autre résultat clé du rapport est que le gaspillage alimentaire, contrairement à une idée reçue, est similaire d'un groupe de revenus à un autre. Est donc remise en cause l'idée selon laquelle il serait l'apanage des « pays développés », tandis que les « pays en développement » souffriraient essentiellement de pertes aux stades de la production, du stockage et du transport.

Enfin, le rapport propose une méthodologie pour les pays désireux d'effectuer un suivi du gaspillage. En avril, le PNUE devrait lancer des groupes de travail sur le sujet, en Afrique, en Asie-Pacifique, en Amérique latine et en Asie de l'Ouest, afin de faciliter l'établissement de données et la mise en œuvre de stratégies de réduction.

Marie-Hélène Schwoob, Centre d'études et de prospective

Source : Programme des Nations unies pour l'environnement

09/04/2021

Que pensent les Français de la culture de cellules musculaires pour produire de la viande ?

Parue dans Viandes et produits carnés, une étude porte sur les perceptions, avis et attitudes des consommateurs français eu égard à la viande in vitro. Elle repose sur l'administration d'un questionnaire, via Google Forms, qui a recueilli 4 533 réponses. 40 à 50 % des sondés estiment que l’élevage fait face à des problèmes éthiques et environnementaux, mais seulement 18 % à 26 % d'entre eux considèrent que la « viande artificielle » peut résoudre ces difficultés. L'exploitation des réponses permet d'examiner divers aspects (appétence ou dégoût, consentement à payer, etc.). D’après cette enquête, le marché de la viande artificielle serait « au mieux un marché de niche s’adressant environ à un cinquième des Français », alors que, pour un autre cinquième des sondés, « elle n’a aucun avenir ».

Source : Viandes & produits carnés

08/04/2021

Portrait de l'offre alimentaire des supermarchés québecois en 2019

Le BioClips publié le 30 mars 2021 par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec est venu clore une série d'analyses sur l'offre alimentaire des supermarchés de la province en 2019. Les principaux rayons ont été passés en revue, au fil de cinq numéros : fruits et légumes, viandes, poissons et prêt-à-manger, produits laitiers et œufs, produits de longue conservation, produits surgelés et boissons.

En 2019, les ventes de denrées et de boissons s'élevaient à 18,7 milliards de $, le tiers des dépenses des ménages (figure ci-dessous) se portant sur des produits de longue conservation (boulangerie, soupes, etc.). Parmi les derniers résultats publiés, retenons par exemple que les produits surgelés représentaient 8 % des ventes, avec une croissance de 16 % par rapport à 2012. Les crèmes glacées constituent 19 %, en volume, de ces achats, les entrées et hors-d’œuvre 17 % et les produits à base de pomme de terre 10 %. De plus, en 7 ans, ce sont les fruits surgelés (+ 87 % en volume), les bâtonnets de poisson (+ 79 %) et les pâtés à la viande (+ 55 %) qui ont connu les plus fortes hausses.

Répartition des dépenses des ménages québécois dans le panier d'épicerie en 2019

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Source : MAPAQ

Lecture : la catégorie « allées centrales » comprend les produits de boulangerie, les grains et produits céréaliers, les condiments, épices et vinaigres, le sucre et les confiseries, les conserves de fruits et préparations à base de fruits, le café et le thé, les légumes en conserve et autres préparations à base de légumes, les autres préparations alimentaires, les noix et graines, les collations, les soupes (sauf celles pour nourrisson), les margarines, huiles et matières grasses (sauf le beurre), les poissons en conserve ou autres conserves de poissons.

Source : MAPAQ

04/02/2021

Les consommateurs se disent prêts à payer plus pour des produits portant des labels superflus ou trompeurs

Dans un article publié en janvier dans la revue Food Policy, des chercheurs de l'université de Purdue, aux États-Unis, ont étudié le phénomène selon lequel les consommateurs sont prêts à acheter plus cher des produits portant des labels superflus ou trompeurs. Ils ont interrogé 1 122 individus américains sur leur consentement à payer pour trois types de labels superflus : un sel sans OGM, un jus d'orange sans gluten et du poulet élevé sans hormones (les hormones sont interdites pour cet élevage aux États-Unis). Selon les résultats (voir tableau ci-dessous), 40 à 58 % des individus se disent prêts à payer davantage pour des produits portant ces labels que pour d’autres non labellisés. De manière générale, les personnes ayant le plus de connaissances (scientifiques et/ou sur l'agriculture) ont un consentement à payer moindre pour ces labels. Par ailleurs, lorsque des informations leur sont données expliquant en quoi le label est trompeur, 39 à 43 % des répondants diminuent leur consentement à payer, mais 30 % l'augmentent.

Différence moyenne et médiane de consentement à payer pour un produit portant un label superflu et pour un produit non labellisé, selon les labels, avant et après information

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Source : Food Policy

Source : Food Policy

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14/01/2021

Steven L. Kaplan, Pour le pain, Fayard, 2020, 366 pages

pain,consommation,alimentation,changement social

Ancien professeur à Cornell University (État de New York), ainsi que dans plusieurs universités françaises, Steven Kaplan est tombé amoureux de notre pays en mâchant sa première bouchée de pain, un jour de 1962 au jardin du Luxembourg. Depuis, il n'a cessé de consacrer ses recherches au bricheton, au lingot ou à la baguette, adoptant toujours une large perspective économique et sociale héritée de l'école des Annales : Bread, Politics and Political Economy, 1976 ; Le pain, le peuple et le roi, 1986 ; Le meilleur pain du monde, 1996 ; Le pain maudit, 2008 ; Raisonner sur les blés, 2017 (voir à ce sujet une brève). Dans ce nouvel ouvrage, il étudie la baisse continue de la consommation de pain, les actions entreprises pour l'enrayer, les stratégies des principaux acteurs concernés et les évolutions plus profondes de la culture panaire nationale. De façon plus personnelle, voire militante, Kaplan s'inquiète de la situation actuelle, appelle à la résistance et entreprend de défendre la cause du pain et des céréales, des meuniers et des boulangers.

L'auteur ne détaille pas une thèse centrale, mais il nous convie à une enquête vivante, diversifiée, nuancée, au fil de dix-neuf chapitres thématiques mobilisant les résultats d'études qualitatives et quantitatives. Certains chapitres traitent de la culture du pain, de la dégustation, des aspects sanitaires, des acteurs de la filière, de la boutique ou des questions de formation professionnelle. D'autres sont consacrés au désamour des consommateurs, à l'image malmenée des produits, aux attentes de naturalité, aux anciennes variétés de blé, mais aussi au levain et aux débats publics sur le gluten, aux nouvelles façons de commémorer ou de muséifier. Des pages très intéressantes sont centrées sur la « contre-filière » des « paysans-boulangers ».

De ces nombreux coups de projecteur, il ressort que nous n’avons pas seulement affaire à une moindre appétence des nouvelles générations, à une baisse des achats ou à une crise passagère, mais plutôt à une mutation structurelle du modèle alimentaire français, à une transformation profonde des saveurs et des repas, et à une place toujours plus réduite accordée au pain, concurrencé par des ingrédients et des plats jugés plus modernes et pratiques, plus sains et goûteux. Après avoir été au cœur de la ration des populations, le pain est devenu un produit d’accompagnement, une possibilité mais plus une obligation, et malgré le combat mené par Kaplan, « ni décliniste, ni réactionnaire nostalgique d’un quelconque âge d’or », sa consommation continuera à baisser dans les prochaines années.

Bruno Hérault, Centre d’études et de prospective

Lien : Éditions Fayard

12:30 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : pain, consommation, alimentation, changement social |  Imprimer | | | | |  Facebook

Analyse de Terra Nova sur les applications de notation alimentaire

Le 16 décembre 2020, le think tank Terra Nova a publié un rapport consacré aux applications de notation alimentaire, outils récents qui connaissent une augmentation continue du nombre de leurs utilisateurs. La préoccupation forte pour la qualité de l'alimentation (aspects nutritionnels, sanitaires et plus récemment environnementaux) se traduit par de nouveaux besoins des mangeurs auxquels répondent, notamment, les applications de notation.

Si les premiers outils (ex. BuyOrNot) se positionnaient face aux acteurs agroalimentaires, les propositions se sont depuis multipliées, portées par des structures variées (collectifs de citoyens, industriels de l'agroalimentaire, associations de consommateurs, etc.). OpenFoodFacts (dont les données servent elles-mêmes à une centaine d'autres applications) et Yuka sont les plus utilisées, et les auteurs relèvent que ce type d'outils s'adresse préférentiellement à une partie de la population (plus de 35 ans, de catégorie socio-professionnelle élevée, habitant en Île-de-France).

Du fait de l'offre importante d'applications, leur différenciation est nécessaire et passe actuellement par une plus grande personnalisation des services : critères de choix des consommateurs, suivi de régimes alimentaires spécifiques (en particulier liés à des problèmes de santé ou à des confessions religieuses). Cette personnalisation nécessite une évaluation plus complexe (finesse et fiabilité) des habitudes alimentaires et des contributions plus exigeantes de l'utilisateur (données très détaillées à renseigner, mises à jours régulières). De manière générale, l'auteure souligne les questions liées à l'utilisation d'informations personnelles. Elle met aussi en avant la variabilité des méthodes de notation et les différences importantes des niveaux de preuves scientifiques selon les types de données utilisées (ex. données nutritionnelles vs celles sur les additifs et conservateurs).

Complétant l'analyse par des éléments sur les démarches publiques et celles engagées par les industriels, le rapport aboutit à plusieurs propositions. Y figure notamment le renforcement des efforts de recherche afin que les applications de notation s'appuient sur des données robustes et des niveaux de preuves élevés. Il invite aussi à renforcer la régulation de ces outils et à garantir la transparence des modèles économiques et de la gestion des informations personnelles.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Terra Nova

11/01/2021

Analyse de l'Oqali sur trois ans de déploiement du Nutri-Score

L'Observatoire de l'alimentation (Oqali) a récemment publié un rapport présentant une analyse du déploiement du Nutri-Score en France depuis 2018. Le travail a porté sur 24 553 références, dont 89 % sont vendus en grandes et moyennes surfaces, ainsi qu'en circuits spécialisés. Pour ces produits, les marques nationales se distinguent par une part plus importante de catégorie A du Nutri-Score (48 %), alors que, pour les autres segments (marques de distributeurs, hard discount, etc.), la répartition entre les catégories (de A à E) est plus homogène.

Depuis 2018, les parts de marché des marques engagées augmentent, et la croissance la plus forte est observée pour les céréales du petit-déjeuner (+63 %), suivies des compotes de fruits (+40 %). En 2020, c'est pour les plats cuisinés appertisés que les marques avec Nutri-Score présentent les parts de marché les plus élevées (79 % en volumes de ventes). Enfin, si les marques de distributeurs se sont le plus engagées en 2018, un effet de rattrapage est constaté depuis pour les marques nationales.

Source : Oqali

12:15 Publié dans Alimentation et consommation, IAA | Lien permanent | Tags : nutrition, gms, consommation, alimentation |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/12/2020

Covid-19 et comportements alimentaires : enquête européenne

L'EIT Food a publié, le 3 décembre 2020, les résultats d'une enquête conduite par l'université d'Aarhus sur les conséquences de la crise du Covid-19 sur les comportements alimentaires. L'analyse des réponses des 5 000 personnes interrogées, dans 10 pays européens, met en évidence des changements communs. Les achats en ligne et de produits en vrac ont augmenté, et les enquêtés déclarent avoir porté une attention plus forte à l'origine locale, aux emballages, à la fraîcheur et à la présence d'additifs. Ils indiquent aussi avoir accru les temps de cuisine et de prise de repas. Ces inflexions sont plus marquées dans les pays du sud de l'Europe et les 18-35 ans ont connu des changements d'habitudes plus importants. Les enquêtés déclarent également que plusieurs tendances devraient rester prégnantes à l'avenir, parmi lesquelles l'attention portée à l'accessibilité des commerces (proximité) et des denrées (prix), et aux aspects nutritionnels (denrées « saines », contrôle du poids corporel).

Changements de consommation alimentaire pendant la pandémie de Covid-19

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Source : EIT

Source : European Institute of Innovation and Technology

13/11/2020

Quels impacts de la Covid-19 sur les chaînes de valeur agricoles et alimentaires aux États-Unis ?

La revue Choices a récemment publié un dossier dédié aux impacts de la pandémie sur les chaînes de valeur agricoles et alimentaires aux États-Unis, avec un focus sur le marché du travail. Les auteurs ont identifié trois domaines principaux de fragilité face à la Covid-19 : la main-d’œuvre, à tous les maillons de la chaîne (production, transformation, commercialisation) ; la logistique ; les modes de consommation (voir infographie ci-dessous). Les réponses politiques, locales ou fédérales, sont également abordées, comme l'assouplissement du système de visa H-2A pour les saisonniers agricoles, ou les adaptations successives des réglementations sur la sécurité des camionneurs.

Perturbations générées par la pandémie de Covid-19 à différents stades des chaînes de valeur agricoles et alimentaires

chaine de valeur agri agro.jpg

Source : Choices

L'un des articles analyse l'évolution relative du taux de chômage dans les différents secteurs de l'économie, entre février et août 2020. Si l'agriculture, dans son ensemble, a subi une baisse limitée par rapport à la tendance de long terme, les conséquences sont plus contrastées selon les sous-secteurs, les services et la transformation alimentaires étant les plus affectés.

Les services, qui comprennent la restauration, ont été frappés par la chute brutale de la demande : confinement des consommateurs, report des événements sportifs ou culturels, arrêt des activités en lien avec le tourisme (transport aérien, hébergement hôtelier, croisières, etc.). Dans le secteur de la transformation, le taux de chômage a quasiment doublé entre février et mai, principalement en raison de fermetures temporaires liées à la diffusion active du virus au sein des usines. Les conditions de travail sur les chaînes de production, en atmosphère confinée, froide et humide, ainsi que la promiscuité imposée, ont fait de ce secteur aux États-Unis l'un des plus touchés par le virus, derrière celui de la santé.

Enfin, la pandémie a révélé la fragilité de la chaîne logistique alimentaire. La redirection des flux du secteur de la restauration vers la distribution s'est faite avec difficulté, conduisant à la fois à des surplus vendus à prix cassés et à des pénuries, en dépit de la flexibilité du transport routier qui s'est adapté à une demande et une réglementation fluctuantes.

Muriel Mahé, Centre d'études et de prospective

Source : Choices

11/11/2020

L’« inférence de contamination » en grande distribution : regards croisés des consommateurs et des manageurs

L'influence, sur l'acte d'achat d'un consommateur, de la perception ou de l'évaluation d'un risque de souillure du produit par de précédentes manipulations est une question importante pour la grande distribution. Elle concerne surtout les rayons frais, où la possibilité de toucher renseigne sur l'état et les qualités du produit, et trouve une nouvelle actualité en contexte pandémique. Un travail en marketing éclaire cette question, grâce à des entretiens semi-directifs conduits avec des consommateurs et des managers, notamment chargés de la vente des fruits et légumes. La gêne et le dégoût liés aux « inférences de contamination » pour les produits d'usage intime (en relation avec le corps), comme les aliments, sont mis en perspective avec la tendance des managers à minimiser la réalité des contaminations dans leur propre magasin. Pour les auteures, « si la massification des produits en libre-service satisfait le besoin de toucher des consommateurs, elle a pour revers d’exacerber l’inférence de contamination ». Elles en tirent des réflexions sur le mode de présentation selon les produits et sur l'organisation de la maintenance des rayons.

Source : Management & Avenir

 

15/10/2020

Covid-19 et consommation alimentaire : bilan et scénarios publiés par FranceAgriMer

Fin septembre 2020, FranceAgriMer a mis en ligne deux publications très intéressantes portant sur les effets de la crise du Covid-19 sur la consommation alimentaire en France : l'une rassemble les données et analyses disponibles sur les évolutions constatées pendant la crise, l'autre propose cinq scénarios d'une alimentation post-Covid.

Rappelant que les changements récents s'inscrivent dans des transformations de plus long terme, le premier document fournit une analyse détaillée des faits marquants, suivant les quatre grandes phases de la crise. Retenons-en quelques uns. La grande distribution a été le premier bénéficiaire du retour de la consommation à domicile (+ 9 % du chiffre d'affaires sur les ventes de produits de grande consommation et frais en libre-service). Les paniers d'achats ont été adaptés : part plus importante de denrées de « fond de placard » (épicerie salée) pendant la phase pré-confinement, puis des produits frais (viandes, volailles, fruits et légumes) à partir du confinement. Les Français ont également réduit les fréquences d'achat (-15 % en moyenne) et augmenté le montant moyen du panier global (+33 % en moyenne). La fréquentation le samedi, le temps passé dans les magasins et les achats dans les hypermarchés ont diminué ; à l'inverse, les petites surfaces généralistes de proximité ont pris plus d'importance, comme le e-commerce (7,4 millions d'acheteurs en avril 2020 contre 4,9 millions un an auparavant). Les denrées non périssables, les ingrédients de base et les produits pratiques (plats préparés, aides culinaires, etc.) ont marqué les consommations, avec notamment une augmentation des achats de conserves et de surgelés. Enfin, si les Français déclarent vouloir privilégier dorénavant une alimentation « vertueuse », le « made in France » et la « proximité », il est à ce stade délicat de statuer sur la pérennité de ces intentions : la pression sur le pouvoir d'achat et le rapport des individus aux prix seront déterminants.

Évolution des dépenses alimentaires des ménages pour leur consommation à domicile, par rayon, par rapport à la période équivalente 2019, tous circuits d'achats confondus (source Kantar Worldpanel)

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Source : FranceAgriMer

Les cinq scénarios proposés dans le deuxième document offrent des images contrastées de ce que pourrait être la consommation post-Covid : une priorité donnée à la convivialité ; une alimentation sous contrôle, dans un contexte de sortie du confinement qui s'éternise ; une priorité donnée aux produits nationaux, sauf pour les entrées de gamme importées ; une alimentation saine accompagnant une transition écologique ; une alimentation comme valeur refuge dans un contexte de « crise généralisée » et de hausse de la précarité.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : FranceAgriMer

 

 

 

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13/10/2020

Un baromètre social précise les effets de la crise sanitaire sur la précarité alimentaire en France

Le quatorzième baromètre réalisé par Ipsos pour le Secours populaire français se concentre sur les effets de la crise sanitaire du Covid-19 sur la précarité. Conduite début septembre sur un échantillon de 1 002 personnes représentatif, l'enquête se penche notamment sur le quotidien alimentaire. Elle montre que près du tiers de la population (29 %) rencontre des difficultés financières pour consommer des fruits et légumes frais tous les jours, tandis que près du quart (23 %) déclare ne pas pouvoir se procurer une alimentation « saine » permettant de faire 3 repas par jour (en augmentation de deux points par rapport à 2018). Pour les personnes des foyers les plus modestes (moins de 1 200 euros par mois), ces chiffres s’élèvent à 61 % et 57 %. Dans l'ensemble, 40 % des Français disent restreindre la qualité de leur alimentation pour des raisons financières (64 % des plus modestes), situation qui devrait se maintenir, une personne interrogée sur trois déclarant avoir subi une perte de revenus avec la crise, importante dans 16 % des cas.

Source : Secours populaire français

 

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