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12/05/2022

Le Good Food Institute

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Le Good Food Institute (GFI) est une organisation à but non lucratif chargée de promouvoir le développement des « protéines alternatives » à travers le monde. L'institut se concentre sur trois technologies : les substituts à la viande à base de végétaux (plant-based), les cultures de cellules musculaires dans des bioréacteurs (cultured meat), les produits imitant le lait ou les ovo-produits, issus de levures génétiquement modifiées (fermentation-based). Ces voies d'innovation sont présentées comme des « solutions » à différents défis rencontrés par l'élevage : bien-être animal, changement climatique, transitions démographiques et alimentaires, etc.

Les liens du GFI avec la mouvance végane et la philosophie de l'effective altruism étaient évidents lors de sa création (2016), quand l'Institut a mené campagne pour populariser le terme de clean meat. Pour ce faire, il avait notamment financé des études sur le degré d'acceptabilité des produits par les consommateurs. Depuis, il participe régulièrement à des actions en justice contre les réglementations limitant l'utilisation de termes associés aux productions animales (lait, viande, etc.). Grâce aux dons, qui lui procurent des revenus annuels d'au moins 20 millions de dollars, il emploie aujourd'hui une centaine de personnes, avec un site principal aux États-Unis et des antennes en Europe, au Brésil, sur le front Pacifique de l'Asie, mais aussi en Inde et en Israël. Ces liens avec l'univers militant deviennent cependant moins visibles à mesure que le secteur industriel des protéines alternatives se développe. Le GFI centralise des informations techniques et financières peu accessibles en raison du secret des affaires, puis les diffuse dans des rapports riches en infographies, régulièrement relayés par la presse généraliste. Il organise chaque année des conférences internationales et des webinaires. Il a ainsi acquis une expertise et une place centrale d'animateur de réseau pour les startups et les investisseurs en capital-risque. Il contribue également à l'effervescence du secteur via des financements et une activité de conseil.

Parmi ses productions récentes, on peut retenir, par exemple, une étude sur le coût des milieux de culture pour la « viande in vitro ». Plus récemment, le GFI a publié ses rapports annuels sur l'état de l'industrie des substituts. Comme par le passé, ils abordent les productions basées sur les protéines végétales, la fermentation et la culture de cellules in vitro. En outre, cette année, un bilan spécial est consacré aux substituts aux produits de la mer (figure ci-dessous).

Investissements annuels mondiaux dans les entreprises de substituts aux produits de la mer

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Source : GFI

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Good Food Institute

10/05/2022

Les discours dominants sur les protéines : une analyse par l'IPES-Food

En avril 2022, le panel d'experts IPES-Food a publié une analyse des débats et prises de positions relatifs à la viande, au poisson et aux protéines dites « alternatives ». Alors que les défis associés sont forts et divers, huit discours principaux (figure ci-dessous) dominent, délimitant le cadre des échanges et motivant les solutions envisagées. Sont identifiés les acteurs promouvant chaque discours, les arguments avancés, les actions proposées et les problèmes ignorés.

Huit discours dominants sur les protéines

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Source : IPES-Food

Largement repris et partagés, ces éléments amènent à des visions partielles et à des « solutions miracles » : trop grande importance accordée aux seules protéines, réduction de la durabilité aux seules émissions de gaz à effet de serre, prise en compte insuffisante de la diversité des modes de production et des différences entre régions, absence de vision globale du système alimentaire. Pour les auteurs, il est alors difficile d'envisager des transformations plus avancées mobilisant la diversité des systèmes de production agro-écologique, s'appuyant sur des chaînes et marchés alimentaires territorialisés, travaillant sur les « environnements alimentaires ».

Source : IPES-Food

08:48 Publié dans Alimentation et consommation, Production et marchés, Société | Lien permanent | Tags : viande, protéines |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/07/2019

La viande détrônée par les produits alternatifs et la viande de synthèse à l’horizon 2040 ?

Le cabinet A.T. Kearney publie une étude prospective sur les conséquences, à 2040, du développement de produits alternatifs sur le marché et la production mondiale de viande conventionnelle : produits vegan et végétariens protéinés classiques, à base d’insectes, imitant la viande, et viande de laboratoire. Malgré des incertitudes concernant les méthodes utilisées, les auteurs avancent quelques pistes prospectives intéressantes.

Le développement de produits alternatifs, imitant les goûts et textures de la viande, bénéficie d’investissements massifs (900 millions de dollars en 2018) et, en parallèle, la viande de laboratoire connaît aussi un engouement important (50 millions d’euros investis en 2018), mais sans commercialisation pour l’instant. Selon les auteurs, ces produits pourraient convaincre de nouveaux consommateurs ne s’identifiant pas au végétarisme et au veganisme, et, ainsi, prendre des parts de marché à la viande classique. Considérant que les modes de production traditionnels ne pourront répondre aux défis écologiques et à la demande croissante (+3 % par an projetés d’ici 2040), ils comparent, sur la base de huit critères, les types de produits et aboutissent aux conclusions suivantes : si les alternatives à la viande peuvent gagner des parts de marché importantes dans les années à venir, c’est la viande de laboratoire qui, à terme, connaîtra la plus forte croissance, rivalisant presque avec la viande traditionnelle en 2040.

Projections de la consommation globale de viande en 2040 (milliards de $)

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Source : A.T. Kearney

Source : A.T. Kearney

13/12/2017

Terra Nova s'intéresse aux enjeux et opportunités d'une alimentation moins carnée

Dans un rapport publié en novembre, le think tank Terra Nova s'intéresse aux enjeux liés à la consommation de viande et envisage les arguments en faveur d'une « transition alimentaire », formulant in fine onze propositions ouvertes. La première partie revient sur les facteurs économiques, sociaux, techniques et culturels ayant conduit à la forte augmentation de la consommation de viande au XXe siècle. La seconde traite, quant à elle, de la « triple crise de la viande » : crise économique, crise de confiance, crise de légitimité autour des questions d'empreinte écologique et de montée de la sensibilité à la souffrance animale. On rappellera notamment que la consommation française de viande, en baisse, est revenue en 2013 au niveau de la fin des années 1980. Les « promesses de la révolution végétale », venant en appui à la nécessaire transition alimentaire, font l'objet de la troisième partie. Cette transition reposerait, dans les prochaines décennies, sur une division par deux de la consommation de « chair animale » par habitant, et sur l'inversion du rapport entre protéines végétales et protéines animales. Au chapitre des solutions, le rapport met particulièrement en avant la « FoodTech » (voir une autre brève sur ce blog) et les innovations autour des protéines végétales. Il s'intéresse également aux consommateurs : goût, lien aux terroirs, restauration scolaire, prix, campagnes d'information en nutrition.

La consommation individuelle de viande en France (en kgec par habitant)

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Source : Terra Nova

La quatrième partie présente les onze propositions, insistant sur l'évolution progressive et lente des régimes alimentaires, liée aux habitudes, normes sociales et préférences culturelles, mais également à la nécessité d'une stratégie de long terme « pour organiser et accélérer la transition de notre modèle agricole et de ses modes de production ». Parmi ces propositions, on peut retenir, par exemple, la généralisation de l'option du « repas alternatif végétarien » et l'imposition d'un jour végétarien par semaine dans la restauration scolaire du secondaire, la promotion, sur les produits à la vente, de la mention visible du mode d'élevage et d'abattage, ou encore une meilleure valorisation des végétaux grâce aux signes officiels de la qualité et de l'origine (SIQO).

Si certains points mériteraient d'être précisés ou développés, ce rapport s'appuie sur une palette large d'analyses, de la production à la consommation, des questions médicales aux problématiques environnementales, etc. Il contribue ainsi au débat sur l'évolution des régimes alimentaires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Terra Nova

17:19 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : terra nova, viande, consommation, protéines |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/02/2016

Projet finlandais pour augmenter de 40 % la production locale de protéines d’ici 2030

Dans un article du 18 janvier, le site mescoursespourlaplanete.com présente le projet finlandais ScenoProt. Coordonné par le Natural Resources Institue Finland (Luke), l’objectif est de passer d’une production locale de protéines de moins de 20 % actuellement à 60 % en 2030, et donc de réduire la dépendance vis-à-vis des importations brésiliennes de soja. Doté d’un budget de 8 millions d’euros, ce projet doit permettre, en six ans, de développer des aliments utilisant des sources alternatives de protéines (insectes, champignons) ou d’autres matières premières végétales. Plusieurs disciplines et domaines vont être mobilisés, de la production végétale et de la nutrition animale aux process agroalimentaires, aux effets sur la santé et au marketing des produits. Sont impliqués des organismes de recherche et des entreprises, et des consommateurs seront associés à la conception des prototypes de produits.

Sources : mescoursespourlaplanete.com, Luke

08/09/2014

Quantification de l'impact environnemental des protéines animales pour la consommation humaine aux États-Unis

Le travail de quatre chercheurs américains et israéliens, récemment publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), éclaire l'impact de la consommation américaine en protéines animales sur les surfaces agricoles, le volume d'eau mobilisé pour l'irrigation, les émissions de gaz à effet de serre et l'azote réactif (fertilisants). Cette étude repose sur une approche top-down, autrement dit mobilisant des données statistiques agrégées à l'échelle des États-Unis.

Sont distingués les élevages bovins (avec une subdivision viandes et lait), porcins et avicoles (volailles de chair et œufs). La figure ci-dessous présente les « unités » de ressources mobilisées par 1 000 kcals consommées, et ce pour chacune des productions étudiées. La dernière figure (E) indique la consommation moyenne journalière par personne.

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Source : PNAS

En termes de résultats, l'élevage bovin viande mobilise respectivement 28, 11 et 6 fois plus de terres, d'eau pour l'irrigation et d'azote réactif que la moyenne des autres productions. Pour les émissions de GES, elles sont cinq fois supérieures. Un résultat qui change peu si l'on considère non plus les calories, mais les protéines consommées.

En conclusion, les auteurs soulignent plusieurs points : 1) la robustesse des résultats sur la filière bovin viande malgré les incertitudes (une filière plus consommatrice en ressources), 2) la mise en lumière d'impacts potentiellement bénéfiques d'un changement de régime alimentaire et 3) la création d'une méthodologie mobilisable pour évaluer les politiques alimentaires, avec des améliorations à apporter sur le travail des données (mobilisées en grand nombre dans cet exercice).

Élise Delgoulet, Centre d'études et de prospective

Source : PNAS

 

09:52 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement | Lien permanent | Tags : protéines, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook