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11/07/2022

De nouveaux travaux sur la formation des prix et des marges des produits de la mer

Le rapport 2022 de l'Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM) vient d'être publié. Cette onzième édition présente des analyses, filière par filière, de l’élaboration des prix et de l'évolution des marges des différents acteurs. De nouveaux produits ont pu être étudiés, en particulier la moule de bouchot (figure ci-dessous) et la coquille Saint-Jacques commercialisées en grandes et moyennes surfaces (GMS).

Composition du prix moyen au détail du kg de moules fraîches (en sac ou en barquettes) en GMS, en matière première et marge brute en aval

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Source : OFPM

C'est plus d'un tiers du marché français des moules (90 000 tonnes), et quasiment la moitié des moules de bouchot, qui passent par ce circuit de commercialisation. Les analyses de l'OFPM permettent de comparer le coût de la matière première, la marge brute au stade de l'expédition et du débyssussage (opération de retrait du faisceau de filaments qui relie la moule à son support), et la marge brute aval.

Source : Observatoire de la formation des prix et des marges

09:23 Publié dans Alimentation et consommation, Pêche et aquaculture, Production et marchés | Lien permanent | Tags : prix, marges, moules |  Imprimer | | | | |  Facebook

01/07/2022

Intelligence artificielle dans le secteur de la pêche

Après avoir détaillé, en 2020, l’approche européenne en matière d’intelligence artificielle (IA), la Commission a présenté, en 2021, une proposition de règlement, l'Acte pour l'IA (AIA), pour harmoniser le cadre juridique. Dans ce contexte, une étude commandée par le Parlement et publiée en mai 2022 examine les potentialités des différents systèmes d’IA (figure) pour le secteur de la pêche.

Classification des approches et des techniques d'IA dans la proposition de règlement européen

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Source : Parlement européen

En premier lieu, les auteurs préconisent d’inclure dans le cadre actuel des références explicites aux systèmes d’IA, afin d’en sécuriser juridiquement les applications. Ils passent ensuite en revue les principaux travaux scientifiques et applications. L'intérêt croissant de la recherche halieutique pour les applications de l'IA (multiplication par 8 des articles publiés entre 2011 et 2020) contraste avec l’offre très limitée de produits opérationnels. Nombre de publications se sont intéressées, notamment, aux techniques d’apprentissage automatisé (machine learning) pour l’analyse d’images des captures de pêche : comptabilisation des poissons, identification des espèces, détermination des tailles, etc. Transposés en conditions réelles, ces résultats obtenus dans des environnements contrôlés appuieraient la mise en place d’outils pour les pêcheurs (respect des quotas) et pour les autorités (contrôle des prises). Plusieurs autres utilisations possibles sont détaillées : surveillance automatique des écosystèmes marins, suivi et classification des comportements de pêche (interaction avec les espèces protégées, repérage des pêches illégales), optimisation des trajectoires des navires et amélioration des prévisions des zones de capture (optimisation énergétique, moindre impact environnemental), etc.

Pour les auteurs, des opportunités en termes économiques, d’image et de durabilité s’offrent au secteur, malgré des freins au déploiement de l’IA : méfiance des acteurs, connectivité et couverture réseau en mer insuffisantes, numérisation inégale selon les maillons de la chaîne de valeurs, etc.

Jérôme Lerbourg, Centre d'études et de prospective

Source : Parlement européen

11:50 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : ia, pêche |  Imprimer | | | | |  Facebook

La mer et ses enjeux : quelques controverses

La Revue d’anthropologie des connaissances consacre son dernier numéro à des « controverses maritimes ». Les conflits liés à l’exploitation des ressources halieutiques sont traversés par des enjeux de connaissance : évaluation des stocks de poissons, modélisation des écosystèmes et chaînes trophiques, mesure des impacts de la pêche, etc. Si certaines « causes » ont connu une médiatisation importante, comme la chasse au phoque ou l’interdiction des filets dérivants, les débats restent le plus souvent une affaire d’experts, et peu visibles du grand public. N. Reyes et M. Airaud (IRD) s’intéressent ainsi à une controverse peu connue, celle sur les Dispositifs de concentration de poissons (DCP) dérivants. Ils sont apparus dans les années 1980, pour faciliter la concentration des bancs de thons. Il comporte deux parties : un radeau (figure ci-dessous), sous lequel les poissons à la recherche de nourriture se regroupent, et une balise géo-localisée, équipée d’un échosondeur pour mesurer la taille du banc.

L’article suit « les vies multiples » de cet assemblage : préparation sur les quais d’Abidjan, largage en haute mer, récupération après les coups de pêche. Les informations récoltées permettent aux capitaines de diriger leurs navires et aux scientifiques d’alimenter leurs modèles des écosystèmes hauturiers. Les DCP vivent aussi dans les médias, où ils sont critiqués, notamment par des ONG qui dénoncent les dommages aux tortues et autres grands animaux.

Assemblage d’un DCP (à gauche, traînes déroulées ; à droite, empilement de radeaux)

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Source : Revue d’anthropologie des connaissances - Crédits photographiques : Manon Airaud

 Les auteures reviennent sur l’encadrement de leur utilisation par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT). Dans un premier temps, l’Asie et ses palangriers (navires pêchant à la ligne) se sont opposés à l‘Europe (Français et Espagnols pêchant au filet). Par la suite, un consensus a émergé : décision est prise de continuer à utiliser les DCP, mais en limitant leur nombre. En effet, ceux-ci permettent d’évaluer les ressources disponibles, de contrôler les rendements et « potentiellement, d’améliorer la durabilité de la pêcherie ». L’enjeu devient alors de s’accorder sur un plafond de DCP mis à l’eau par navire.

Comment fixer de bons quotas pour éviter une surpêche ? Cette question est au centre d’un autre article, sur la controverse liée à l’effondrement des stocks de morues au Canada. Si la gestion du ministère des pêches est régulièrement mise en cause, des incertitudes demeurent sur le rôle prédateur des phoques. Le dossier comporte aussi un texte sur un projet de parc d’éoliennes off-shore en baie de Saint-Brieuc et sur les méthodes élaborées par des associations de protection de l’environnement issues du monde du surf pour évaluer la « valeur non marchande » des vagues.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Revue d’anthropologie des connaissances

11:47 Publié dans Pêche et aquaculture, Société | Lien permanent | Tags : mer, pêche, controverses |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/06/2022

L'élevage de poulpes : une innovation aquacole qui fait débat

Un projet d'élevage de poulpes, aux Canaries, a suscité de vifs débats, dont le journal Le Monde s'est fait l'écho en mai dernier. Alors que sa demande mondiale a explosé et que son commerce international a doublé, dans la dernière décennie, seul le poulpe sauvage est aujourd'hui consommé. L'article rappelle que ce sont des chercheurs de l'Institut espagnol d'océanographie qui ont été les premiers à parvenir à boucler le cycle complet de reproduction de l'animal, en introduisant des larves d'artémies dans son alimentation. Cette découverte, qui a fait l'objet d'une publication dans la revue Aquaculture Research, a ouvert la voie à l'élevage du céphalopode. Les critiques suscitées par ce projet sont d'ordre environnemental, puisqu'il nécessiterait d’accroître la pression de pêche pour nourrir ces carnassiers. Elles sont aussi éthiques. En effet, les poulpes sont reconnus comme étant des animaux « intelligents » d'où des questions de bien-être animal jusqu'ici non traitées pour les invertébrés, comme le relevait un rapport de la London School of Economics.

Sources : Le Monde, Aquaculture Research

19/04/2022

Stephen C. Wegren, Frode Nilssen, Russia's Role in the Contemporary International Agri-Food Trade System, Palgrave Macmillan, 2022, 343 pages

agrifood system.JPGCe livre récemment publié, coordonné par deux chercheurs américain et norvégien, revient sur l'évolution récente de l'agriculture russe et sur le nouveau positionnement géostratégique du pays dans le système agroalimentaire mondial.

Dans une première partie, les auteurs retracent les politiques et conditions économiques ayant permis à la Russie de devenir, en une quinzaine d'années, un acteur de premier plan sur les marchés des grains et des produits de la mer. Pour la pêche, la politique mise en œuvre visait à atteindre une couverture de 80 % des besoins nationaux par la production nationale. Elle s'est traduite par la mise en place de contrôles sur les échanges, d'entraves diverses aux activités des compagnies étrangères et d'incitations aux chantiers navals russes pour renouveler la flotte. Dans une deuxième partie, l'évolution des relations commerciales régionales est analysée, en particulier avec la Chine, le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et les États-Unis, la Russie ayant inversé la situation et les rapports de force en devenant un fournisseur incontournable et en réduisant sa propre dépendance.

Source : Palgrave Macmillan

15/03/2022

Livre blanc de l'alimentation durable en Espagne

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Publié en mars 2022, ce Livre blanc propose une analyse approfondie des défis associés à l'évolution des systèmes alimentaires espagnols vers plus de durabilité. 53 experts, en treize chapitres, abordent divers sujets : productions primaires, offre et consommation, logistique et distribution, risques sanitaires, etc. Ils analysent la situation actuelle, identifient les principaux défis et proposent des pistes d'action, classées selon leur faisabilité.

Ainsi, les auteurs du chapitre dédié à la pêche et à l'aquaculture invitent à améliorer le système de contrôle dédié, à adapter les financements et aides pour soutenir des pratiques à faibles impacts, ou encore à promouvoir une aquaculture plus extensive (utilisant notamment des espèces de bas niveau trophique). En matière de gestion de l'eau, sont par exemple identifiés le recours à des approches systémiques, des évolutions de la gestion de l'offre (désalinisation, réutilisation, etc.) et de la demande (planification des cultures, amélioration du système de conseil, etc.), le développement de cultures non irriguées. Un autre chapitre envisage l'efficacité future de politiques fiscales, modélisant les effets sur la demande de deux scénarios de taxation des produits alimentaires, la composition du régime, les émissions de gaz à effet de serre et le bien-être des individus.

Dans le chapitre conclusif, les nombreuses pistes identifiées sont reprises pour dessiner une « feuille de route », avec divers objectifs. Ils concernent par exemple les moyens d'information de la population espagnole sur les denrées alimentaires. Ils portent aussi sur l'encadrement politique et institutionnel (ex. amélioration des règles de la commande publique) et sur des systèmes incitatifs cohérents avec les objectifs de durabilité alimentaire. Ils visent également à améliorer la chaîne de valeur pour plus d'équilibre ou de transparence (par exemple avec l'évaluation participative de la Ley de la cadena alimentaria) et des systèmes productifs respectueux de la nature.

Les auteurs pointent plusieurs limites de ce travail collectif, et des tensions possibles entre objectifs, par exemple entre revenus et prix, entre réduction de la consommation de viande et maintien d'un élevage extensif, ou encore entre usages alimentaires et non alimentaires des productions. Ces analyses constituent néanmoins une bonne base pour contribuer aux débats publics sur les défis actuels et à venir, et sur les réponses possibles.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Fundación Alternativas

10/03/2022

Le bien-être animal au regard du droit de l'Union européenne

La dernière livraison de la Revue Semestrielle de Droit Animalier propose les actes de la Journée de la Jeune Recherche de l'Association française d'études européennes (octobre 2021) sur le thème « Le bien-être animal dans l'Union européenne : le temps d'accélérer la cadence ? ». Selon les conférenciers, le bien-être animal fait l'objet d'une multitude de textes normatifs, allant de l'article 13 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) à de la jurisprudence, et construisant ainsi un véritable droit européen de l'animal. Toutefois, sa mise en œuvre achoppe sur une application différenciée selon les États membres et sur des contradictions avec des dispositions relevant d'autres domaines (économie, principes du droit, liberté de religion, etc.). Le rôle de divers instruments juridiques est étudié : droit pénal, droit international économique et accords de libre-échange, etc. Enfin, l'extension de la notion de « bien-être animal » à la faune sauvage est un sujet de débat, pour ses conséquences sur la pêche et l'aquaculture par exemple.

Source : Revue Semestrielle de Droit Animalier

10:28 Publié dans 4. Politiques publiques, Pêche et aquaculture, Société | Lien permanent | Tags : bien être animal, droit animalier, tfue |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/07/2021

WorldFish : un centre de recherche sur l'aquaculture et la pêche

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Le centre WorldFish est un organisme de recherche et d'innovation à but non lucratif, membre du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR, voir un précédent portrait). Fondé en 1975 à l'université d'Hawaï et maintenant basé en Malaisie, il fonctionne grâce à des financements du secteur privé, d'organisations gouvernementales (dont la Commission européenne) et non gouvernementales, ainsi que d'institutions financières telles que le Fonds international de développement agricole. Présent dans vingt pays (en Asie, en Afrique et dans le Pacifique), il emploie 460 personnes de 30 nationalités.

Ses activités se concentrent sur le développement d'une aquaculture et d'une pêche durables pour la planète et pour les humains. À l'intérieur de ce périmètre, ses thèmes de travail concernent, dans les pays à revenus faible ou moyen : le changement climatique ; la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté ; l'économie ; le genre ; et plus récemment la Covid-19. Ses actions ciblent aussi bien les petites entreprises que les politiques internationales. Les équipes du WorldFish publient des articles scientifiques mais aussi des manuels de bonnes pratiques sur l'aquaculture, encouragent la mise en place de partenariats public-privé pour favoriser l'innovation et la recherche, et lancent des projets techniques comme de management stratégique.

Par exemple, a été publiée en mai 2021 une étude de la distribution et de l'utilisation des aliments commerciaux pour poissons en Zambie et au Malawi. Ces aliments sont essentiels pour le développement de l'aquaculture dans ces pays, où la demande en poissons excède l'offre et nécessite le recours aux importations. Cependant, leur utilisation reste faible en raison de leur coût, qui s'ajoute à celui du déplacement des aquaculteurs des zones rurales vers les points de vente. Plusieurs pistes sont proposées : développer des aliments à base d'ingrédients locaux pour en réduire les coûts de production ; constituer des groupements d'aquaculteurs pour mutualiser l'achat et réduire ainsi les coûts de transport ; former les producteurs à la fabrication des aliments sur leur ferme ; faciliter l'accès des aquaculteurs à des micro-crédits ; encourager le développement des réseaux de distribution d'aliments commerciaux.

Quantité de poissons (tonnes) importés (en jaune) et exportés (en bleu) en Zambie en fonction des années

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Source : WorldFish

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : WorldFish

06/07/2021

44 % des déchets retrouvés en mer sont des sacs, emballages et contenants alimentaires et de boissons

Afin de déterminer la source des déchets retrouvés dans les eaux et océans, 36 inventaires ont été comparés dans un article de Nature. En moyenne, 80 % des déchets sont des plastiques, 7 % des métaux, 5 % du verre et 3 % des tissus. Les bouteilles en plastique comptent parmi les cinq déchets les plus retrouvés, quels que soient le milieu et la profondeur considérés, et elles sont particulièrement fréquentes dans les fonds marins (à 23 %, contre 12 % pour l'ensemble des déchets). Suivent les contenants et les couverts alimentaires, avec une moyenne de 9 % et une forte abondance dans les eaux fluviales (36 %). 8 % des déchets sont du matériel de pêche, mais cette part atteint 61 % en haute mer. Les canettes (3 % des déchets) sont communes dans les fonds marins (10 %) tandis que les bouteilles en verre (3 %) sont répandues dans les fonds fluviaux (11 %). Le remplacement du plastique par des matériaux plus facilement dégradables, la réduction de l'emploi d'objets à usage unique et la responsabilisation des consommateurs sont, selon les auteurs, indispensables pour lutter contre la pollution des milieux aquatiques.

Type et abondance des déchets retrouvés en mer en fonction de leur localisation géographique

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Source : Nature

Lecture : de gauche à droite et de haut en bas, pays à hauts revenus, Europe de l'Est et Asie centrale, Asie du Sud, Asie de l'Est et Pacifique, Amérique latine et Caraïbes, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Afrique subsaharienne. En rouge, la catégorie des déchets « à emporter » (bouteilles plastiques, sacs en plastique, bouteilles en verre, bouchons et couvercles plastiques, conserves, contenants et couverts alimentaires, canettes, capsules de couvercles et tirettes, emballages). En bleu, la catégorie « océan et voies navigables » (articles de pêche, cordes synthétiques, plombs de pêche, cordes ficelles et filets en tissu, filet de pêche). En vert, la catégorie des déchets industriels et domestiques (pneus et courroies, habillement, bois traité, bandes de cerclage et conditionnement industriel).

Source : Nature

19:34 Publié dans Alimentation et consommation, Environnement, Pêche et aquaculture | Lien permanent | Tags : déchets, océans, pêche |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/06/2021

Choisir la meilleure stratégie d'intervention contre l'isavirus du saumon : l'appui de la modélisation

Afin d'améliorer la santé des poissons et diminuer les coûts d'intervention sanitaire, les auteurs d'un article de Preventive Veterinary Medicine ont modélisé différentes stratégies de prévention et de lutte contre l'isavirus du saumon (ISA), responsable d'anémie infectieuse. Les simulations sont alimentées par des données de 1 475 élevages norvégiens de saumons atlantiques (93 % des élevages) et de truites arc-en-ciel, entre 2004 et 2019. 142 épizooties dues à l'ISA ont eu lieu au cours de cette période.

6 scénarios sont simulés : aucune stratégie d'intervention (1a) ; vaccination obligatoire de tous les poissons sans intervention en cas de crise (1b) ; abattage obligatoire de l'ensemble des poissons 6 semaines après détection des symptômes (2a) ; vaccination obligatoire, en plus de 2a (2b) ; dépistage obligatoire de 20 poissons par ferme toutes les 4 semaines et abattage obligatoire 6 semaines après occurrence d'au moins un test positif (3a) ; vaccination obligatoire en plus de 3a (3b). Chaque scénario est simulé sur une période de 10 ans et lancé 200 fois, afin de faire une étude statistique de l'évolution de l'ISA sur cette période (figure ci-dessous). Le scénario 2a, similaire aux pratiques qui prévalent actuellement, sert de référence pour l'analyse des résultats.

La stratégie 1b (vaccination seule) semble aussi efficace que celle de référence : elle réduit de 80 % le nombre moyen de cas par rapport à une absence de stratégie (1a). L'intérêt de la vaccination diminue lorsque des stratégies plus strictes sont mises en œuvre (2b et 3b par rapport à 2a et 3a).

En plus des éléments de comparaison apportés par le modèle, les auteurs soulignent l'importance de considérations économiques, relatives à l’image des filières et au souci du bien-être animal, qui peuvent amener à préférer une stratégie moins efficace mais plus acceptable par les parties prenantes. Par exemple, les fermes aquacoles élèvent un très grand nombre de poissons, ce qui rendrait coûteuse leur vaccination systématique. Cette dernière serait donc intéressante économiquement, selon les auteurs, dans les zones où les risques d'infection par l'ISA sont très élevés et justifient les coûts.

Nombre moyen de foyers d'anémie infectieuse du saumon en fonction du temps

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Source : Preventive Veterinary Medicine

Lecture : en noir, les enregistrements réels du nombre de foyers entre 2015 et 2019 et, en couleurs, les résultats des simulations des scénarios.

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Preventive Veterinary Medicine

08/06/2021

Développement de nez et de langues électroniques en aviculture et en pisciculture

En élevage de précision avicole et piscicole, les technologies numériques permettent déjà de reproduire deux des cinq sens, la vue et l’ouïe. Dans un numéro récent de la revue TeMA publiée par l'ITAVI, les auteurs décrivent l'usage de nez et de langues électroniques pour suivre la santé et le bien-être des animaux concernés. Les technologies utilisent des capteurs de composés volatils pour les nez ou dissous en milieu aquatique pour les langues. Après une phase d'apprentissage, les systèmes de mesure sont capables, par intelligence artificielle, de comparer les résultats à une banque de données pour identifier les molécules.

Principe d'identification d'une odeur par un nez électronique en comparaison avec un nez humain

nez.jpgSource : ITAVI

En aviculture, les nez électroniques analysent la qualité de l'air des bâtiments d'élevage. Ils détectent certains composés volatils signalant une maladie (influenza aviaire, colibacillose). Ils permettent aussi de prouver la nuisance afin de répondre à des plaintes de voisinage. En pisciculture, les langues électroniques détectent précocement le phénomène d'off-flavor, une odeur liée à des composés dégradant la qualité organoleptique des poissons.

Source : ITAVI

Grande distribution française et protection des poissons sauvages utilisés comme aliments de l'aquaculture

La fondation Changing Markets se donne pour mission de soutenir la transition vers une économie durable, en révélant les pratiques peu responsables de grands groupes. Elle a publié un rapport sur les impacts de l'utilisation de poissons sauvages comme aliments de l'industrie aquacole. En effet, un cinquième des débarquements mondiaux des bateaux de pêche est utilisé pour produire de la farine et de l'huile de poisson qui alimentent l'élevage industriel et l'aquaculture. Cette filière est présentée comme un débouché durable pour les produits de la mer, couvrant plus de la moitié des consommations mondiales. La plupart des achats de poisson par les ménages français se faisant en grandes et moyennes surfaces, les auteurs notent la responsabilité de la grande distribution dans la protection des espèces sauvages. Ils jugent les enseignes françaises insuffisamment mobilisées sur le sujet et émettent des recommandations à l'attention de la grande distribution, des consommateurs, des systèmes de certification et des décideurs politiques.

Classement des enseignes françaises quant à leur niveau de protection des océans et de soutien des filières de production durable

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Source : Changing Markets Foundation

Lecture : la fondation a créé un ensemble de 13 critères portant sur les pratiques et politiques d'entreprise, la transparence et la chaîne d'approvisionnement, et les pratiques en magasin. Seuls Auchan, Carrefour, Système U et Intermarché ont répondu à l'enquête, les autres enseignes étant donc notées sur la base de recherches de la fondation sur leurs sites Internet et en magasins. Les auteurs relèvent que, en comparaison, la grande majorité des enseignes au Royaume-Uni dépasse 20 %, et que Carrefour obtient 27,1 % en France mais seulement 8,5 % en Espagne.

Source : Changing Markets Foundation

12/05/2021

Les espèces de poissons les plus étudiées ne sont pas celles les plus en danger

Un article de Scientific Reports analyse la littérature scientifique, entre 1964 et 2018, sur 460 espèces de poissons en danger critique d'extinction (liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature), 297 espèces pêchées (International Game Fish Association) et 35 espèces communes aux deux listes. Grâce aux InCites Journal Citation Reports (outil proposé par Clarivate Analytics), les auteurs ont identifié 31 980 publications dont les titres font référence à l'une de ces espèces. 87 % des articles concernent les espèces visées par la pêche, 3 % celles en danger critique et 10 % celles qui sont à la fois pêchées et en danger. Pour les auteurs, ce résultat montre une inadéquation entre les besoins de connaissances, nécessaires à la préservation des espèces, et l'effort de recherche réel. Ils proposent que le World Council of Fisheries Societies joue un rôle de coordinateur entre scientifiques et organisations de protection de la nature, pour inciter au financement des études sur les espèces menacées. Créer une revue scientifique spécifique pourrait également favoriser la documentation de ces espèces.

Nombre d'articles publiés en fonction des années et selon la catégorie étudiée (bleu : pêchée ; rouge : en danger critique ; vert : en danger et visée par la pêche)

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Source : Scientific Reports

Source : Scientific Reports

16/04/2021

Analyse spatiale de la pêche en haute mer pour en améliorer la gestion

Un article de Science Advances étudie la répartition spatiale de la pêche en haute mer et identifie les ports d'origine des bateaux impliqués dans cette pratique. Le système d’identification automatique (AIS) permet d'estimer leur vitesse et ainsi de savoir s'ils sont en train de pêcher ou de naviguer. L'effort de pêche est calculé par cellules de 0,5° de latitude et de longitude, en agrégeant le temps consacré à cette activité (en jours) pour l'ensemble des navires (112 535 en 2014).

66,6 % et 80 % de l'effort de pêche ont respectivement lieu dans 10 et 20 % des cellules de la grille, ce qui montre, selon les auteurs, la concentration de la pêche en haute mer dans certaines zones. De même, seuls 10 des 296 ports concernés soutiennent 41 % de l'effort de pêche. Par ailleurs, 47 % de l'effort de pêche se concentrent près des zones économiques exclusives (ZEE), de 325 à 525 km de distance des côtes. Ceci met en évidence, pour les auteurs, le comportement opportuniste de certains pêcheurs, qui ciblent les stocks présents dans les eaux territoriales des pays tout en échappant aux mesures de régulation. Des zones parmi les plus riches du monde en ressources halieutiques sont ainsi concernées, par exemple au Pérou, en Équateur, en Argentine et au Japon. Une extension des ZEE pourrait donc être bénéfique à la protection et à la gestion des stocks, à condition qu'elles soient efficacement surveillées.

En agrégeant les cellules qui sont visitées par les mêmes navires, les auteurs ont mis en évidence 14 « provinces » de pêche à forte activité. Toutes ne correspondent pas à celles définies par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Par exemple, là où la FAO identifie 2 zones dans le Pacifique équatorial, les auteurs en distinguent 4. Ceux-ci conseillent donc de redéfinir les « provinces » de la FAO, pour mieux prendre en compte la réalité des pratiques. Sachant que les navires tendent à partir et débarquer au même port, et qu'ils visent souvent les mêmes stocks, le contrôle des captures serait ainsi plus efficace.

Une limite majeure de cette étude est que le système AIS peut être désactivé volontairement par les navires. La pêche dans certaines zones pourrait donc être sous-estimée, et la délimitation des provinces faussée si la pêche illégale se concentrait dans des zones précises.

Délimitation des quatorze provinces de pêche en haute mer et identification des ports (les ronds) les soutenant (liens en gris)

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Source : Science Advances

Lecture : Pacifique Nord-Est (NEP), Pacifique Centre-Nord (NCP), Pacifique Centre-Sud (SCP), Pacifique oriental (EP), Pacifique Sud (SP), Atlantique Sud (SA), mers du Nord (NS), Atlantique Nord (NA), Atlantique central (CA), Atlantique Sud-Est (SEA), sud-ouest de l'océan Indien (SWI), nord de l'océan Indien (NI), sud-est de l'océan Indien (SEI), Pacifique Nord-Ouest (NWP).

Aurore Payen, Centre d'études et de prospective

Source : Science Advances

13/04/2021

Vers une gestion spatialisée de la fermeture des zones de pêche pour une exploitation durable des ressources

Une étude parue dans Frontiers of Marine Science identifie les zones où les poissons et crustacés capturés sont systématiquement trop petits et rejetés en mer, afin que les pêcheurs ne s'y rendent pas. Le merlu commun, la crevette rose, le chinchard et le merlan bleu ont été ciblés, du fait de leur taux de rejet pouvant dépasser 40 % des prises. Leur distribution spatiale a été analysée dans trois zones de pêche en Méditerranée (données MEDITS) et une en Atlantique nord-est (données IBTS), et comparée à l'effort de pêche des chalutiers grâce à deux systèmes d'identification des navires (AIS et VMS).

Les zones fortement exploitées correspondent à celles où les prises sont de taille insuffisante. Les auteurs conseillent donc une gestion adaptative des zones fermées à la pêche, à la place d'interdictions permanentes, pour minimiser les captures non souhaitées.

Source : Frontiers of Marine Science