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15/06/2022

Les filières animales françaises face à la pandémie de Covid-19

Deux ans après la crise sanitaire, le numéro de mai 2022 de Productions Animales dresse un état des lieux de trois filières françaises : lait de vache, viandes et secteur équin. Dans chaque cas, les auteurs analysent la situation avant la crise, rappellent les grandes tendances à l’œuvre et détaillent les effets de la pandémie.

Les filières lait et viandes ont été essentiellement confrontées à une crise de la demande, mettant à l'épreuve leur réactivité et leur résilience. La production de lait de vache a été peu affectée en volume, malgré une limitation volontaire en avril 2020 face aux difficultés logistiques. En revanche, le premier confinement a entraîné une modification soudaine des consommations des Français. La fermeture des marchés de plein vent et de nombreux rayons à la coupe, dans les grandes surfaces, a impacté certains produits sous appellation d'origine ainsi que les producteurs en vente directe, poussant au développement de circuits alternatifs (drives fermiers). Le lait, la crème, le beurre et les fromages utilisés comme ingrédients ont vu leur demande croître, avec la hausse des repas pris à domicile. La filière bovins viande a vu se constituer un surstock de jeunes bovins initialement destinés à l'Italie et à la Grèce. En même temps, la demande en vaches a été stimulée par la consommation à domicile, plus axée sur l'origine France que la restauration qui s'approvisionne davantage à l'étranger. Le bœuf haché, déjà en croissance, a été plébiscité pour sa praticité et son prix. Pour la filière porcine, les auteurs détaillent les effets entremêlés de la pandémie de Covid et de la peste porcine africaine. En volailles, les impacts de la Covid sont nettement différenciés selon les espèces : si les volumes de poulets ont progressé, les viandes plus consommées en restauration (canards, pintades) ont été fortement pénalisées (figure ci-dessous).

Évolution de la consommation à domicile de volailles (achats des ménages en volumes), entre 2019 et 2020, et entre 2020 et 2021 (base 100 = 2019)

filieres animales françaises.jpg

Source : Productions Animales

Enfin, les auteurs présentent le cas du secteur équin. Avec l'annulation de plus de 2 500 courses hippiques et d'autres courses à huis clos, les paris ont été moins importants, et les retours économiques dans la filière ont diminué de 100 millions d'euros sur l'année 2020. Après les périodes de fermeture, les centres équestres semblent avoir bien rebondi, ce sport étant le seul à avoir gagné des licenciés depuis 2019.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Productions Animales

Les filières animales françaises face à la pandémie de Covid-19

Deux ans après la crise sanitaire, le numéro de mai 2022 de Productions Animales dresse un état des lieux de trois filières françaises : lait de vache, viandes et secteur équin. Dans chaque cas, les auteurs analysent la situation avant la crise, rappellent les grandes tendances à l’œuvre et détaillent les effets de la pandémie.

Les filières lait et viandes ont été essentiellement confrontées à une crise de la demande, mettant à l'épreuve leur réactivité et leur résilience. La production de lait de vache a été peu affectée en volume, malgré une limitation volontaire en avril 2020 face aux difficultés logistiques. En revanche, le premier confinement a entraîné une modification soudaine des consommations des Français. La fermeture des marchés de plein vent et de nombreux rayons à la coupe, dans les grandes surfaces, a impacté certains produits sous appellation d'origine ainsi que les producteurs en vente directe, poussant au développement de circuits alternatifs (drives fermiers). Le lait, la crème, le beurre et les fromages utilisés comme ingrédients ont vu leur demande croître, avec la hausse des repas pris à domicile. La filière bovins viande a vu se constituer un surstock de jeunes bovins initialement destinés à l'Italie et à la Grèce. En même temps, la demande en vaches a été stimulée par la consommation à domicile, plus axée sur l'origine France que la restauration qui s'approvisionne davantage à l'étranger. Le bœuf haché, déjà en croissance, a été plébiscité pour sa praticité et son prix. Pour la filière porcine, les auteurs détaillent les effets entremêlés de la pandémie de Covid et de la peste porcine africaine. En volailles, les impacts de la Covid sont nettement différenciés selon les espèces : si les volumes de poulets ont progressé, les viandes plus consommées en restauration (canards, pintades) ont été fortement pénalisées (figure ci-dessous).

Évolution de la consommation à domicile de volailles (achats des ménages en volumes), entre 2019 et 2020, et entre 2020 et 2021 (base 100 = 2019)

filieres animales françaises.jpg

Source : Productions Animales

Enfin, les auteurs présentent le cas du secteur équin. Avec l'annulation de plus de 2 500 courses hippiques et d'autres courses à huis clos, les paris ont été moins importants, et les retours économiques dans la filière ont diminué de 100 millions d'euros sur l'année 2020. Après les périodes de fermeture, les centres équestres semblent avoir bien rebondi, ce sport étant le seul à avoir gagné des licenciés depuis 2019.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Productions Animales

13/06/2022

Alain Ferdière, Le fromage en Gaule, CNRS Éditions, 2022, 311 pages

formage,lait,archéologie

Les Éditions du CNRS viennent de publier une version enrichie du déjà très volumineux article des archéologues Alain Ferdière et Jean-Marc Séguier, paru dans la revue Gallia en 2020, et consacré au fromage en Gaule. Ce livre élargit le sujet dans le temps, à la Préhistoire et à toute l'Antiquité, et dans l'espace à toute la Méditerranée. La présence de fromages est établie dès le Néolithique par des morceaux de faisselle en argile (qui ont donné le mot fromage par déformation du mot « forme »). Ces moules persistent en Gaule alors qu'ailleurs sont utilisés des paniers en jonc tressé ou en bois, dont la trace est conservée dans les textes et les représentations que les auteurs inventorient. Ces documents indiquent que le lait utilisé avait, par ordre de fréquence décroissante, une origine ovine, caprine et bovine.

Lien : CNRS Éditions

09:32 Publié dans Société, Territoires | Lien permanent | Tags : lait, archéologie, fromage |  Imprimer | | | | |  Facebook

Concentration de l’industrie laitière chinoise

Dans sa newsletter sur la Chine parue le 1er juin 2022, Abcis met en avant la concentration du secteur de la transformation laitière chinoise. En 2021, les deux principales entreprises du pays – Yili et Mengniu – détiennent 48 % des parts de marché du lait et des boissons lactées, et 54 % de celles des produits fermentés. À l’échelle mondiale, elles se placent désormais aux 5e et 9e rangs des entreprises de transformation laitière, selon un classement publié par Rabobank.

Évolution des chiffres d’affaires des six premiers industriels laitiers chinois (milliards de renminbi)

industrie laitiere chinoise.jpg

Source : Abcis-Chine

Source : Abcis

09:31 Publié dans Filières agricoles, Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : chine, lait, marchés |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/02/2022

« Le lait, éternel, universel » : un épisode de l'émission radiophonique Concordance des temps

concordance des temps.jpg

Le 8 janvier 2022, J.-N. Jeanneney a consacré un épisode de l'émission Concordance des temps au lait, en compagnie de l'historien D. Nourrisson (université de Lyon). Consommé et présent dès l'Antiquité dans les mythologies (Grecs et Romains, Peuls, Égyptiens notamment), le lait est ensuite sacralisé au Moyen Âge, donnant lieu à de nombreuses œuvres d'art. L'allaitement fait depuis l'objet de débats récurrents (Renaissance, XIXe siècle, période contemporaine) : allaitement maternel, confié à une nourrice ou encore à base de lait animal. À partir du XVIe siècle, la consommation de lait de vache et de ses produits dérivés augmente progressivement, allant de pair avec l'accroissement des rendements de production. Un temps limitée aux zones de montagne et aux campagnes, l'offre en périphérie des villes se développe, des modes de transformation (ex. pasteurisation, fromages) et de transport contribuant à son extension. De grandes entreprises émergent (Nestlé, Danone, Lactalis) et, dans les années 1950, l'État soutient la consommation de lait avec des distributions scolaires.

Source : France Culture

17/03/2021

La filière lait biologique à l'heure du changement d'échelle

Présenté lors des dernières Rencontres recherches ruminants (3R) et publié récemment, cet article dresse un état des lieux de la filière laitière en agriculture biologique (AB), depuis ses débuts dans les années 1990 jusqu'à aujourd'hui, où le marché dépasse le milliard d'euros. La production de lait bio a connu un véritable essor dans la dernière décennie : la part des exploitations en AB dans l'ensemble des livreurs de lait a été multipliée par 5 (dépassant 7 % des exploitations début 2020), et la part des volumes par 4. Traitements de données et entretiens auprès des opérateurs ont permis aux auteurs de retracer cette évolution, d'un bout à l'autre de la filière.

Partant d'un petit socle d'exploitations, la croissance s'est déroulée en trois vagues de conversion successives (voir figure). Au début des années 2000, la première a constitué une réponse aux crises sanitaires vécues par le secteur bovin, et a été soutenue par les Contrats territoriaux d'exploitation (CTE). Après une phase stable, la crise économique de 2009 a encouragé une deuxième vague de conversions. La stabilité du prix du lait bio rendait cette démarche d'autant plus attractive que les conditions du marché se dégradaient en lait conventionnel. Enfin, dans un contexte comparable à celui de 2009, le secteur a connu une troisième vague de conversions massives entre 2017 et 2019.

Évolution de la collecte de lait biologique française

Lait.jpg

Source : 3R 2020

Les débouchés du lait produit en AB, essentiellement destiné aux ménages, ont progressivement absorbé ces hausses de production. Entre une demande en croissance régulière et les à-coups des volumes produits, l'équilibre entre offre et demande est néanmoins parfois difficile à établir, surtout compte tenu des délais de conversion des exploitations. Le lait liquide est, depuis l'émergence de la filière, un pilier de la valorisation en AB, absorbant plus du quart des volumes collectés (10 % en conventionnel). Le beurre, les crèmes et l'ultra-frais connaissent par ailleurs des croissances très dynamiques. En revanche, la transformation fromagère plafonne en AB à 10 % de la collecte (contre 33 % tous laits confondus). Le mix-produit de la transformation biologique reste déséquilibré et il ne permet pas une valorisation totale de la partie protéique du lait. Selon les auteurs, la taille atteinte par la filière doit aujourd'hui lui permettre de diversifier l'offre de produits finaux pour atteindre cet équilibre et prolonger cette dynamique.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Rencontres recherches ruminants 2020

 

13:09 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : lait, agriculture biologique, bio |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/02/2021

Une analyse de l'impact des importations de poudres de lait en Afrique de l'Ouest

Pour éclairer les débats sur l’importation de poudres de lait en Afrique de l’Ouest, le Cirad a réalisé, à la demande d’un groupe de députés européens, une analyse présentée le 8 décembre 2020. Elle dresse d'abord le panorama de la filière laitière ouest-africaine : alors que les poudres enrichies en matière grasse végétale constituent 25 % de la consommation de « produits laitiers », seulement 1 % à 7 % de la production locale de lait sont transformés par l'industrie. Le rapport compare ensuite les impacts socio-économiques et environnementaux du lait local et du lait en poudre importé, entier ou enrichi en matière grasse végétale, afin de documenter les controverses en cours : impacts du commerce sur les filières locales, pratiques d’étiquetage non conformes et risques de tromperie des consommateurs, risques et bénéfices pour la santé de ces consommateurs, enjeux écologiques du commerce des produits laitiers. Enfin, les auteurs font des recommandations sur le suivi du secteur, l’encadrement des pratiques d’étiquetage, la responsabilisation des entreprises européennes et l’incitation à la collecte locale.

Source : Cirad

13/10/2020

La restructuration du secteur laitier américain

L'Economic Research Service (ERS) du ministère de l'agriculture des États-Unis a consacré, en juillet 2020, un rapport à la restructuration majeure que connaît le secteur laitier du pays. En vingt ans, le nombre d'exploitations a été divisé par deux, cette diminution s'accélérant en 2018 et 2019. La production croissante de lait s'est concentrée dans des troupeaux de plus en plus grands. Les cheptels de plus de 2000 têtes, quasi inexistants en 2000, fournissent désormais un tiers des volumes. Cette restructuration s'est faite au bénéfice des États de l'ouest du pays, désormais majoritaires parmi les producteurs.

Part de la production de lait selon la taille des troupeaux (nombre de têtes), pour 2000, 2005, 2010 et 2016

Lait.jpg

Source : USDA-ERS

Source : USDA-ERS

 

13:30 Publié dans Exploitations agricoles, Filières agricoles, Production et marchés | Lien permanent | Tags : lait, etats-unis |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/09/2020

Lactalis, la construction d'un géant du lait

Dans la revue Histoire et sociétés rurales, A. Chatriot (EHESS) retrace l'évolution du groupe Besnier, né à Laval dans les années 1930, et devenu Lactalis en 1999. En dépit de la difficulté d'accès aux archives, l'article reconstitue la logique des décisions stratégiques successives, en France, avec notamment le lancement du camembert Président en 1968 et une série impressionnante d'acquisitions, puis, à partir des années 1980, le développement à l'international. Cette croissance apparaît à la fois « exceptionnelle » et « représentative d'un secteur laitier qui s'est fortement concentré » du fait des transformations des techniques, des pratiques de distribution et du marché mondial. A. Chatriot souligne le style de management particulier de cette entreprise familiale, empreint de paternalisme, et l'attachement des dirigeants à une certaine « discrétion ». Enfin, il éclaire les événements récents (contestation des prix du lait, rapport aux fromages AOC, rappel de produits), qui ont mis le groupe sous l’œil des médias.

Source : Histoire et sociétés rurales

 

15:07 Publié dans Alimentation et consommation, Production et marchés | Lien permanent | Tags : lait, agroalimentaire, entreprises |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/03/2020

Prestation de yaourterie à domicile

À l’occasion du Salon international de l’agriculture, la start-up « Né d’une seule ferme » a été lancée officiellement. Afin de soutenir le développement d’activités de transformation sur les exploitations, elle propose aux éleveurs la location d’une yaourterie préfabriquée, d’une capacité de 50 000 litres de lait. Un partenariat avec Intermarché prévoit l'attribution de 60 % de la valeur TTC des produits aux producteurs, sachant qu’un QR code sur le yaourt fournira au consommateur des informations sur les pratiques d’élevage.

Sources : La France agricole, LSA

15:40 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir | Lien permanent | Tags : yaourt, transformation, élevage, lait |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/10/2019

Impacts de la Politique agricole commune actuelle sur l'agriculture des « pays en développement »

Le Comité européen des régions a publié récemment une évaluation des impacts des subventions de la Politique agricole commune (PAC) sur les prix et volumes des denrées alimentaires produites et exportées par l'Union européenne (UE) vers 83 pays en développement dits « vulnérables » (PVD, regroupant les pays les moins avancés, ceux d'Afrique subsaharienne et ceux signataires de l'Accord de Cotonou). Les auteurs du rapport commencent par une synthèse d'analyses antérieures sur le sujet. Ils étudient ensuite les cas de la poudre de lait, de la viande de poulet et des produits transformés à base de tomate : pour ces produits, les productions européennes représentent respectivement 35 %, 46 % et 12 % des importations des PVD.

Évolution des exportations européennes agricoles et agroalimentaires vers les pays en développement vulnérables, entre 2005 et 2018

PAC2.jpg

Source : Comité européen des régions

Pour le lait en poudre, les subventions de la PAC ont contribué à accroître le volume des exportations européennes, avec un impact négatif limité sur les prix. Elles n’ont pas influencé les exportations vers les PVD : le principal facteur de croissance, indépendant de la politique agricole, a été le développement technologique innovant de poudres de lait écrémé ré-engraissées avec de la matière grasse végétale, produit bon marché en concurrence directe avec les productions laitières locales et la poudre de lait entier traditionnelle. Pour la viande de poulet, les aides de la PAC n’ont influencé ni le prix ni le volume des exportations vers les PVD. Indépendamment des subventions, la croissance globale des viandes de poulet (essentiellement congelées), destinées pour moitié aux PVD, découle des préférences des consommateurs de l’UE pour certains morceaux (filets), les 25 % restant des carcasses (ailes, cuisses, abats) étant valorisés à l'exportation, là encore en concurrence directe avec les producteurs locaux. Pour les produits transformés à base de tomates, les aides européennes auraient une influence sur les prix de marché des PVD, mais elles n’ont pas eu d'effet significatif sur les volumes exportés.

Enfin, les auteurs suggèrent des évolutions pour la future PAC : une discipline plus stricte sur les aides couplées, des mesures de gestion des marchés ne déstabilisant pas les prix pour les producteurs des PVD, l’achèvement du processus de convergence des paiements directs, l'élimination progressive des paiements découplés pour le soutien au revenu à remplacer par des paiements explicitement liés à la fourniture de biens publics.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Comité européen des régions

11:34 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement, PAC | Lien permanent | Tags : pac, pays en développement, lait, viande, tomate |  Imprimer | | | | |  Facebook

18/02/2019

Publication de l'Académie d'agriculture sur le secteur laitier : enseignements des crises récentes et proposition d'instruments de régulation

L'Académie d'agriculture a publié, en janvier 2019, un article de G. Bazin, A. Pfimlin et T. Pouch, consacré à une analyse des crises successives et imbriquées du secteur laitier. S'appuyant sur ce bilan, ils proposent ensuite la mise en œuvre d'instruments de régulation, dans le cadre des textes européens actuels.

Au cours des quatre dernières années, le secteur laitier européen et mondial a connu des secousses majeures, inédites par leur ampleur et leur enchaînement. À partir de la hausse de production qui devançait la fin des quotas laitiers, les auteurs expliquent comment, amplifiée par les anticipations synchrones des gros producteurs européens, elle a mené à une surproduction, face à des marchés finalement étroits et peu dynamiques. Compte tenu des investissements réalisés en prévision de la fin des quotas, la chute des prix a conduit les éleveurs à accroître à nouveau les volumes produits, créant une spirale déflationniste. Face à cette crise, les auteurs rappellent que la ré-introduction de mesures de régulation de l'offre est restée taboue en Europe jusqu'en octobre 2016. Dans l'intervalle, les stocks de poudre à l'intervention se sont alourdis, sans pour autant parvenir à absorber la surproduction, et pèsent encore sur les marchés.

Pour les auteurs, le premier enseignement à tirer est celui de l'interconnection des marchés laitiers, entre eux et avec les phénomènes macro-économiques généraux. Les analyses et prévisions, fondées sur un marché historiquement régulé, ont largement sous-estimé son instabilité endogène. Des outils d'information plus fiables sont donc nécessaires, et l'instabilité économique et géopolitique doit désormais être prise en compte dans la conception des politiques publiques. Enfin, de nouveaux outils de régulation, plus réactifs et collectifs, leur paraissent indispensables.

Prix du lait en Europe (bleu) et niveaux de valorisation en beurre et poudre de lait industriels (rouge)

Lait.jpg

Source : Académie d'agriculture

Par ailleurs, les auteurs pointent le fait que le prix du lait en Europe est étroitement corrélé aux cours mondiaux des produits industriels (voir figure), et que c'est bien la surproduction européenne qui a déstabilisé (et déstabilise encore) ces marchés. Cette instabilité, mais aussi l'inefficacité du système actuel, plaident pour une régulation selon deux axes : une application plus stricte des normes agro-environnementales, qui contribuerait à désintensifier les régions les plus productrices et à limiter les surproductions ; des mesures de réduction des livraisons de lait (du type bonus / malus), qui se révèlent à la fois efficaces, réactives et finalement peu coûteuses. Les débats européens sur le sujet s'annoncent riches.

Jean-Noël Depeyrot, Centre d'études et de prospective

Source : Académie d'agriculture

16:33 Publié dans 4. Politiques publiques, Production et marchés | Lien permanent | Tags : secteur laitier, lait, crise, régulation |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/02/2019

Un panorama de la filière laitière chinoise : des difficultés pour rebondir suite à la crise de 2008

Dans une étude publiée fin 2018, l'Institut de l'élevage fait le bilan des évolutions de la filière laitière chinoise, dix ans après le scandale du lait frelaté à la mélamine. En croissance exponentielle jusqu'en 2008, la production stagne depuis à un niveau qui ne permet pas de satisfaire une demande croissante et qui tend à se diversifier. La production se concentre au sein de grands élevages, parfois intégrés verticalement et favorisés par le gouvernement, qui les juge plus fiables sur le plan sanitaire, alors que les petits élevages familiaux sont en déclin. Les systèmes de production reposent sur des fourrages importés, d'où des coûts de production élevés. Ceci pénalise les transformateurs, qui pâtissent en outre de la concurrence des importations européennes et océaniennes, et certains d'entre eux cherchent aujourd'hui à acquérir des unités de production à l'étranger. En conclusion, les auteurs estiment que la Chine continuera à dépendre des importations pour son approvisionnement en produits laitiers.

Évolution de la production de lait en Chine

Chine.jpg

Source : Idele

Source : Institut de l'élevage

13:04 Publié dans Filières agricoles, Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : chine, lait, idele |  Imprimer | | | | |  Facebook

16/01/2019

Le marché international : un relais de croissance pour le secteur agroalimentaire français en 2017

Une étude, publiée en novembre dernier par l’Observatoire financier des entreprises agroalimentaires, du Crédit agricole, analyse l'état financier des entreprises du secteur en 2017, par rapport à l'année précédente, avec un focus sur les filières viandes, lait, plats cuisinés et snacking. Les données utilisées sont issues des bilans 2017 d'un échantillon d'entreprises dont le chiffre d'affaires (CA) est supérieur à 2 millions d'euros. Cette publication revêt un intérêt particulier dans la mesure où elle s'appuie directement sur les données comptables, en distinguant l'activité réalisée aux niveaux national et international.

En 2017, le secteur agroalimentaire a été confronté à un marché national peu dynamique et a trouvé ses relais de croissance sur les marchés internationaux. Les opérations de croissance externe, réalisées principalement hors France par les « leaders » (plus de 500 millions d'€ de CA), ont contribué pour moitié à l’augmentation du chiffre d'affaires des industries agroalimentaires (IAA) par rapport à 2016. La hausse de l’activité à l’international (+ 6 % de CA) est largement imputable aux exportations de vins et spiritueux à destination des États-Unis et de l'Asie. Sur le marché domestique, le CA du secteur est en repli (- 0,6 %), tiré à la baisse par la filière céréalière qui a subi des prix bas et un repli des volumes récoltés pour sa campagne 2016/2017.

La capacité des entreprises à trouver des relais de croissance à l'international est inégale selon les secteurs considérés. Dans celui du lait, la croissance du CA s'explique pour une grande part par la hausse des cours mondiaux, des opérations de croissance externe et la progression des exportations vers les pays tiers et de celles du lait infantile. Au contraire, dans le secteur des Plats cuisinés & Snacking, la part de l’activité à l’international baisse et demeure structurellement faible par rapport à la moyenne des IAA (moins de 10 % contre 36 %). Cela est lié en partie aux différences d'habitudes alimentaires, propres à chaque pays. Dans le secteur de la viande, la part de l’activité à l’international est également faible, bien qu'en augmentation notable en 2017, du fait des investissements de certains grands leaders français à l'étranger.

Évolution du chiffre d’affaires des IAA par filière et répartition France/international

IAA.jpg

Source : Crédit Agricole

Raphaël Beaujeu, Centre d'études et de prospective

Source : Crédit agricole

14/11/2018

Évaluation de l'efficacité économique et environnementale d'une mesure volontaire soutenant le lait produit à partir d'herbe en Suisse

Deux chercheurs d'Agroscope, le centre de compétences de la Confédération helvétique pour la recherche agricole, ont publié en septembre, dans le Journal of Agricultural Economics, une évaluation de l'impact économique et environnemental d'une mesure volontaire encourageant la production de lait à base d'herbe. Cette aide (qui couvre aussi les bovins viande), a été introduite en Suisse en 2014, afin de limiter l'usage de concentrés alimentaires et de maïs dans la production laitière au profit du pâturage. Elle combine une incitation économique (200 francs suisses/ha, soit environ 175 €/ha), avec des restrictions sur la composition de la ration alimentaire animale. Cette évaluation est l'une des premières disponibles sur l'efficacité d'une aide couplant un soutien direct pour le pâturage avec une régulation environnementale.

Pour analyser les effets de ce soutien, les auteurs ont combiné de façon originale deux méthodes, dont les résultats ont été comparés. D'une part, ils les ont économétriquement évalués ex post par une approche dite de l'« écart des différences » (differences-in-differences), en utilisant des données analogues au RICA de 2011 à 2015. D'autre part, ils ont utilisé un modèle de simulation des comportements des agents économiques suisses (SWISSland). Ces deux méthodes ont chacune conduit à la construction de contrefactuels permettant d'évaluer l'effet propre de la mesure, et leurs résultats se sont révélés cohérents entre eux.

Agroscope démontre ainsi que le programme a réduit l'utilisation de concentrés alimentaires, mais pas de maïs, et qu'il a bien accru le recours au pâturage. Il a conduit à la diminution des rendements laitiers, ce qui a augmenté les prix du lait en Suisse. Il a également directement amélioré le revenu des agriculteurs, par l'aide financière apportée, mais aussi indirectement par la réduction des charges liées aux intrants. En revanche, le programme n'a eu aucun impact environnemental, qu'il s'agisse du surplus azoté ou de la surface en prairies, les agriculteurs ayant continué à utiliser du maïs dans la ration alimentaire de leur cheptel et intensifié son chargement sur les parcelles. Les auteurs concluent que les restrictions imposées sur l'alimentation animale et sur les pratiques de pâturage, pour percevoir l'aide, étaient insuffisantes, et qu'elles devraient être complétées pour avoir un effet environnemental.

Résultats des simulations du modèle SWISSland sur les effets économiques et écologiques, à court et long termes, du soutien au lait à l'herbe (« GMF »)

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Source : Journal of Agricultural Economics

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Journal of Agricultural Economics