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07/02/2018

Élections 2017 : pourquoi l'opposition métropoles-périphéries n'est pas la clé

Telle est la thèse que défendent F. Gilli, B. Jeanbart, T. Pech et P. Veltz, dans cette note publiée par le think tank Terra Nova. Selon eux, les résultats des dernières élections présidentielles ont fait dire un peu vite, à certains observateurs, que les votes des urnes confirmaient la scission entre une France urbaine, ouverte et progressiste, et une France oubliée, reléguée, conservatrice, parce que rurale et anti-métropolitaine. Cette note amène à réviser ces représentations, en inscrivant l'explication géographique dans un ensemble plus large de causalités (dynamiques sociales, économiques, politiques, etc.). Les auteurs y montrent par exemple que Macron, comme Mélenchon et Le Pen, font la plus grande partie de leurs voix dans le cœur des grandes aires urbaines (respectivement 58 %, 58 % et 46 %). De fait, les villes petites et moyennes et les territoires ruraux ne représentent que 21 % des suffrages frontistes. Inversement, les scores de En marche !, loin d'être l'apanage des CSP+ et des métropoles, s'élèvent à 22 % dans les villes petites et moyennes, et à 21 % dans les zones rurales. Pour les agriculteurs, commerçants, professions intermédiaires et employés, les votes Macron et Le Pen sont peu corrélés aux types de territoires. Au total, l'incidence du critère géographique est bien plus faible que les commentateurs n'ont pu le croire, et le poids des variables âge, sexe, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle et type de logement reste plus fort qu'on ne veut bien le dire. Si la géographie procure des connaissances nouvelles sur le vote rural, gardons-nous, en revanche, de tout géographisme excessif véhiculant une conception uniforme de la ruralité.

Source : Terra Nova

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05/02/2018

Éric Charmes, La revanche des villages, La vie des idées, 2017

Directeur du laboratoire de Recherches Interdisciplinaires Ville Espace Société (université de Lyon, ENTPE), l'auteur prolonge, avec ce nouvel article, sa critique de la notion de « France périphérique », imputable entre autres à Christophe Guilluy. Pour commencer, il rappelle à grands traits certains débats politiques et médiatiques actuels, qui opposent « richesse des villes » et « pauvreté des campagnes », et décrivent la ruralité comme des territoires abandonnés, de la « France d'en bas », subissant la mondialisation. Il montre, chiffres à l'appui, que les principales difficultés sociales se concentrent aujourd'hui au cœur des villes moyennes, alors que le péri-urbain et les campagnes ont, dans l'ensemble, des conditions de vie sociale et économique plus favorables. Les mieux lotis sont même souvent des villages entrés dans l'orbite d'une ville moyenne, et de ce fait devenus péri-urbains : « la péri-urbanisation offre une revanche aux villages ». La grande majorité des zones rurales bénéficie de ce puissant effet d'entraînement urbain, et seuls les secteurs ruraux isolés (centre du pays ou Languedoc-Roussillon) se démarquent par une concentration notable de ménages modestes. Loin des peurs et des imprécations habituelles, qui nuisent à la compréhension des véritables inégalités territoriales, cet article aide à poser les bons diagnostics, à révéler les dynamiques positives, et donc à orienter l'action politique.

Lien : La vie des idées

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Dépeuplement rural en Espagne

D'après des articles d'El Mundo et de La Vanguardia, le gouvernement espagnol s’apprête à présenter une Stratégie nationale contre le dépeuplement, fruit d'un travail interministériel dont l'un des objectifs est d'attirer et de fixer la population à la campagne, ainsi que de pallier les besoins en infrastructures. Le taux de population rurale en Espagne est le plus faible d'Europe, à l'exception de la Suisse et de la Hollande.

Selon des projections réalisées en 2016 par l'Instituto Nacional de Estadística, si les tendances démographiques restent inchangées, le pays perdrait, vers 2032, plus de 500 000 habitants (soit - 1,2 %). En particulier, la Federación Española de Municipios y Provincias prédit que la moitié des municipios (8 100, échelon territorial équivalent des communes françaises) seront menacés de disparition, ayant déjà actuellement moins de 1 000 habitants.

Sources : La Vanguardia, El Mundo

10:05 Publié dans Territoires | Lien permanent | Tags : espagne, population, dépeuplement |  Imprimer | | | | |  Facebook

08/01/2018

Le devenir des salariés licenciés pour motif économique : retour à l'emploi plus difficile pour les ouvriers du secteur industriel, notamment agroalimentaire

C'est l'une des conclusions de l'étude publiée récemment par la Fabrique de l'industrie. S'appuyant sur le suivi de plusieurs centaines de milliers de travailleurs entre 1998 et 2010 (panel DADS de l'Insee), les auteurs analysent les trajectoires suivies par ceux qui perdent à un moment donné leur emploi, en faisant la distinction entre les secteurs exposés à la mondialisation (dont l'agroalimentaire, le commerce de gros de produits agricoles bruts), ou « abrités » (non concernés par la concurrence internationale, comme le commerce alimentaire de détail, les services de proximité, etc.).

En moyenne, un travailleur sur deux qui perd son emploi suite à la fermeture d'un site de production en a retrouvé un dans les trois années qui suivent. C'est plus difficile pour ceux du secteur manufacturier, qui comprend l'industrie agroalimentaire : les licenciés de l'industrie laitière sont parmi ceux qui peinent le plus à rebondir. De fait, lorsque les productions sont très territorialisées, les travailleurs peu qualifiés de l'industrie sont également les moins mobiles géographiquement et sectoriellement : certains retrouvent un emploi dans les services de proximité, mais souvent à leur détriment en matière de trajectoire professionnelle (salaire plus faible, précarité accrue). Lorsqu'ils arrivent à en retrouver un dans le secteur manufacturier, les perspectives sont à l'inverse très favorables.

Source : La Fabrique de l'industrie

10:11 Publié dans IAA, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : salariés, ouvriers, industrie |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/12/2017

Une bipolarisation croissante de l'emploi qui se traduit également au niveau territorial

L'Insee a récemment publié une analyse, basée sur le recensement de la population, de la bipolarisation des emplois en France selon les territoires. De plus, un document de travail approfondit l'hypothèse d'un lien entre le développement des nouvelles technologies et l'augmentation de la demande de cadres ou d'emplois non qualifiés, accentuant des disparités territoriales. Le marché de l'emploi paraît fortement territorialisé, reflétant l'évolution des secteurs d'activité. La diminution des emplois ouvriers, imputable à la concurrence internationale, a été sensible dans les régions où l'activité y était la plus exposée (textile, métallurgie). En revanche, là où l'emploi ouvrier est surtout agricole ou agroalimentaire, il a mieux résisté. Les emplois peu qualifiés de ce secteur, faiblement délocalisables et/ou peu automatisables jusqu'à présent, se sont maintenus : la proportion d'ouvriers non qualifiés augmente en s'éloignant des villes, et atteint 25 % dans les grandes régions viticoles.

Évolution de la part des ouvriers non qualifiés par type de territoire en France métropolitaine (en %)

Insee.jpg

Source : Insee

Dans le même temps, les emplois de services peu qualifiés (essentiellement services à la personne et commerces de proximité) se sont fortement développés, mais pas dans les régions où l'emploi ouvrier a le plus diminué, expliquant une partie de l'augmentation du taux de chômage dans ces territoires. De fait, leur croissance est surtout dépendante de la demande de services (vieillissement, travail des femmes, commerce), et n'est pas liée à la diffusion des TIC.

Source : Insee, Insee

16:15 Publié dans Agriculteurs, IAA, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent |  Imprimer | | | | |  Facebook

01/12/2017

Agriculture et migrations : un atlas des migrations rurales africaines éclaire la complexité du phénomène

Alors que 220 millions de jeunes ruraux d'Afrique subsaharienne seront en âge de travailler d'ici 15 ans, les dynamiques des migrations rurales dans cette région restent mal connues. Le Cirad, en publiant avec la FAO un atlas de ces migrations, sur la base de données internationales et nationales, apporte une contribution utile à la compréhension de ce phénomène et de ses liens avec l'agriculture.

L'atlas indique que la vaste majorité des Africains migre au sein même de l'Afrique. Il s'agit principalement de jeunes hommes ayant été scolarisés. Leur décision de migrer est moins guidée par la nécessité de survie que par la volonté notamment de « vivre de nouvelles expériences ». L'atlas invite à investir dans l'agriculture et le développement rural, et à encourager les liens entre zones rurales et urbaines afin d'offrir à ces populations des conditions de vie meilleures.

Source : Cirad

16:03 Publié dans Développement, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : migrations, monde rural, afrique subsaharienne, atlas |  Imprimer | | | | |  Facebook

09/11/2017

Agriculteurs urbains, Guillaume Morel-Chevillet (dir.)

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Dirigé par G. Morel-Chevillet (chargé de mission à Astredhor, l'institut technique de l'horticulture), ce guide pratique marque une nouvelle étape dans l'institutionnalisation de l'agriculture urbaine, en offrant une synthèse complète sur ce sujet à destination du grand public. L'ouvrage est organisé en trois parties, abordant les différentes formes de production alimentaire en milieu urbain : l'auteur a retenu une définition extensive de l'« agriculture urbaine », qui couvre tant des activités orientées vers le loisir et l'épanouissement personnel que vers la production et la commercialisation.

La première partie s'intéresse aux « amateurs », qui investissent par exemple un balcon, une terrasse pour cultiver des fraises ou un toit pour installer une ruche. Elle passe en revue les différentes « solutions pour produire chez soi », avec des encadrés pédagogiques, et présente le matériel végétal le mieux adapté pour mettre en place un « potager urbain ». La deuxième partie est consacrée aux dimensions « sociales » de l'agriculture urbaine. Elle retrace notamment l'histoire des jardins collectifs. Les collectivités territoriales trouvent aujourd'hui dans ces différentes pratiques un levier pour aborder de façon plus concrète les enjeux de l'alimentation et pour sensibiliser aux problématiques de la biodiversité.

Enfin, près de 150 pages sont consacrées à ceux qui font de l'agriculture en ville un métier. Agro-paysagistes, architectes, serristes, du côté de l'offre de services, maraîchers et éleveurs, du côté de la production, sont confrontés à des défis particuliers, de l'aménagement des bâtiments aux problèmes de pollution des sols ou de l'air. Cette troisième partie aborde clairement les enjeux de la professionnalisation, en rappelant la diversité des démarches et des modèles économiques et en pointant les incertitudes qui demeurent sur le statut d'« agriculteur urbain ». La continuité entre les différents niveaux d'organisation des pratiques (individuelles, en groupe et en filière) est un fil conducteur jusqu'au dernier chapitre, consacré aux producteurs situés en périphérie des villes.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions France Agricole

08:49 Publié dans Agriculteurs, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/11/2017

Déchets organiques et résidus de culture : un gisement de matériaux pour la construction et une source de valeur à l'échelle des métropoles

L'utilisation de certains déchets organiques solides, dans la fabrication des matériaux de construction plutôt qu'en fermentation ou en amendements organiques, pourrait modifier profondément la chaîne de valeur des produits agricoles. Dans une publication récente, le cabinet Arup en étudie la faisabilité et l'impact à l'échelle d'une ville.

Sur la base d'un inventaire des solutions existantes à partir de sources organiques (canne à sucre, blé, ananas, tournesol, feuilles, etc.), les auteurs mettent en avant des complémentarités entre les acteurs de la construction et de l'agriculture, et le potentiel d'émergence de nouvelles activités économiques à l'échelle de différentes métropoles. Ainsi, 1 tonne de déchets et résidus organiques permet de produire 1 000 m² de panneaux minces.

Schéma d'économie circulaire à partir des productions agricoles et forestières

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Source : Arup

Une simulation est conduite sur la métropole milanaise, prenant appui sur le système de recyclage des déchets organiques solides et sur l'importance de l'agriculture sur ce territoire. Près de 8 millions de m² de panneaux pourraient être produits annuellement, en transformant seulement 10 % des déchets organiques et résidus de culture.

Source : Arup

Innovation : la politique des pôles de compétitivité doit évoluer

Créés en 2004, les pôles de compétitivité constituent un des piliers de la politique de l'innovation en France. Parmi les 68 qui fonctionnent aujourd'hui, 12 sont axés sur les secteurs de l'agriculture ou de l'agroalimentaire. Un avis récent du CESE dresse un bilan globalement positif de cette politique, tout en invitant à la faire évoluer. Les pôles de compétitivité ont eu, en tant qu'écosystèmes territoriaux, des impacts positifs sur les filières et l'emploi, malgré des résultats décevants en matière de dépôts de brevets. Ils ont induit des dynamiques de coopération entre les entreprises et le monde académique, ainsi qu'entre les TPE/PME et les grands groupes. Ils ont également contribué à l'attractivité des territoires. Face aux faiblesses qui persistent, le CESE émet plusieurs propositions, parmi lesquelles encourager les synergies entre les différents pôles, renforcer la sélectivité des financements et leur ciblage sur l'innovation, accompagner les entreprises en matière de numérisation et de gestion des emplois et des compétences.

Source : CESE

18/10/2017

La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification sort son premier rapport de perspective

Le secrétariat de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) a pour objectif de prévenir et réduire celle-ci, afin de combattre la pauvreté et de favoriser une exploitation durable des sols. Il vient de publier son premier rapport sur les perspectives territoriales mondiales. En s'appuyant sur l'expertise de nombreux organismes de recherche et institutions internationales, les auteurs ont construit un atlas d'informations, de vulgarisation et de recommandations s'adressant à tous les pays, européens compris.

Dynamiques de la productivité des terres en Europe entre 1999 et 2013

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Source : UNCCD

Se présentant comme un panorama, l'ouvrage replace, dans une première partie, la problématique dans un contexte dynamique : il présente, à travers cinq chapitres, l'état des connaissances sur la désertification des terres et ses facteurs de changement (agriculture, exploitation des sous-sols, urbanisation, développement des infrastructures). Une seconde partie expose les résultats d'un travail prospectif, avec le développement de trois scénarios d'évolution. Les auteurs détaillent les enjeux et défis liés au foncier et mettent en évidence les causes et conséquences d'une importante crise de la productivité des terres amenée à s'amplifier. Les recommandations issues de ce travail prennent la forme de six démarches intégrées permettant de stabiliser et de réduire la surexploitation des surfaces.

Hypothèses intégrées dans les trois scénarios

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Source : UNCCD

Parmi les exemples détaillés dans l'ouvrage, l'un d'eux illustre l'intérêt de prendre en compte, dans la construction des politiques publiques, le savoir issu d'expériences de terrain (approche ascendante, ou bottom-up). Il s'agit d'une utilisation particulièrement réussie de couverts végétaux protecteurs, par un éleveur sud-africain, dont les terres étaient dégradées par la surexploitation et la désertification. Son choix judicieux d'essences et de plantations spécifiques, sur des parcelles en pente, lui a permis de restaurer ses pâtures et de limiter l'impact de la sécheresse. S'inspirant de cette initiative, les décideurs publics ont lancé un programme gouvernemental qui a conduit à la restauration de plus de 10 000 hectares entre 2004 et 2016.

Alexis Grandjean, Centre d'études et de prospective

Source : UNCCD

10:37 Publié dans 1. Prospective, Mondialisation et international, Territoires | Lien permanent | Tags : unccd, désertification, terres |  Imprimer | | | | |  Facebook

11/10/2017

« La caméra explore les champs » de la région Centre-Val de Loire

Le numéro de septembre d’Études Rurales, intitulé « La caméra explore les champs », se penche sur la représentation audiovisuelle de la société rurale, s'appuyant sur une série d'analyses de films ethnographiques à dimension sociale ou historique. La sociologue-anthropologue Nadine Michau y éclaire, dans un article analytique, son documentaire « Quel chemin on emprunte ? » sur les mutations agricoles du début du XXIe siècle dans la région Centre-Val de Loire. Ce film fait suite à l'enquête sociologique SOPHY (Conditions d’acceptabilité des changements de pratiques agricoles) menée par le laboratoire Citeres (Cités, territoires environnement et sociétés) et le CNRS-Université François-Rabelais-Tours entre 2011 et 2014, enquête à laquelle la réalisatrice a contribué.

« Quel chemin on emprunte ? » part ainsi de l'interrogation d'un céréalier quant à ses choix de pratiques culturales et son positionnement idéologique, dans un contexte de mutations technologique et économique de l'agriculture, et sous un contrôle citoyen omniprésent. Cinq profils sociaux d'agriculteurs, comme autant de réponses à cette question, sont distingués dans l'enquête SOPHY qui s'appuie sur les critères de conduite d'exploitation (méthodes conventionnelles, raisonnées et biologiques) et de perception par l'agriculteur de son environnement institutionnel et professionnel. Par des entretiens filmés avec des exploitants, N. Michau illustre chacun de ces profils.

Dans l’analyse de son film proposée dans Études Rurales, la réalisatrice critique le support filmographique et le « pouvoir de censure » qu’impose implicitement la caméra. Elle souligne ainsi le décalage entre les propos rapportés lors des entretiens et la réalité. En effet, souffrant de leur image médiatique de « pollueurs aux pratiques intensives », les agriculteurs interrogés mesurent l’image qu’ils offrent au public à travers ce documentaire. Cependant, l’enquête filmée reste, d’après l'auteure, un instrument de reconnaissance et de légitimation pour les exploitants agricoles à la recherche de modes d’expression plus directs auprès des citoyens. Enfin, diffusé aux institutions intéressées, « Quel chemin on emprunte ? » est également un outil intéressant d'investigation et un support de réflexion sociologique sur le métier d’agriculteur.

Capture d'écran du documentaire « Quel chemin on emprunte ? »

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Source : université de Tours

Armelle Huille, Centre d'études et de prospective

Sources : Études rurales, université de Tours

09/10/2017

Open science et base de données

L'IIASA a publié dans Scientific data, un journal dédié aux bases de données et à l'Open science, trois articles sur des jeux de données en partie libres d'accès sur la plate-forme Geo-Wiki : structure de la biomasse forestière en Eurasie, occupation et utilisation des terres et terres cultivées à l'échelle mondiale.

Ainsi, la carte ci-dessous, sur les terres cultivées, est le fruit d'une campagne participative de 3 semaines. Les 80 contributeurs ont interprété environ 36 000 images satellites, chacune d'elles étant découpée en 25 cellules. Le participant devait alors spécifier celles avec plus de 50 % de terres agricoles cultivées. Un contrôle qualité était intégré au processus : des images préalablement expertisées étaient soumises de façon régulière aux contributeurs ; au total, toutes les images étaient validées entre 4 et 7 fois. Les 30 premiers participants (classement réalisé à partir du contrôle qualité) pouvaient alors choisir entre être co-auteur de la publication ou recevoir un bon d'achat allant de 50 à 750 euros sur Amazon.

Pourcentage moyen de terres cultivées au niveau mondial, carte établie à partir de la campagne participative

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Source : Scientific data

Sources : IIASA, Scientific data

02/10/2017

Le monde rural : situation et mutations

Le think tank Terra Nova publie une note de l'économiste et géographe Laurent Davezies sur les transformations du monde rural. Chiffres à l'appui, l'auteur commente notamment le poids décroissant de l'agriculture dans la vie de ces territoires, et suggère que « le monde rural est moins en train de dépérir que de changer de fonction », avec la montée d'une économie touristique et résidentielle. La part de l'agriculture dans l'emploi du monde rural n'est plus aujourd'hui que de 12 %, et la ruralité compte dorénavant presque autant d'emplois industriels qu'agricoles. De façon plus générale, l'emploi salarié privé y a plus souffert, cette dernière décennie, que dans le monde urbain. Néanmoins, l'auteur montre que ces difficultés ont été très amorties par les solidarités redistributives mises en œuvre par les villes : « sur les 3,8 millions d'actifs vivant en 2012 dans le monde rural, 47 % vont travailler dans une aire urbaine ». Et 85 % des nouveaux actifs apparus entre 2006 et 2011 sont des navetteurs allant travailler dans des aires urbaines. Au total, la majorité des territoires ruraux profitent très directement et fortement du dynamisme de l'économie urbaine.

Source : Terra Nova

09:13 Publié dans Société, Territoires, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : monde rural, terra nova, davezies |  Imprimer | | | | |  Facebook

06/09/2017

Sociologie des systèmes alimentaires alternatifs. Une promesse de différence, Ronan Le Velly

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Depuis quinze ans, Ronan Le Velly (Montpellier SupAgro) s’est imposé comme l’un des spécialistes français des « systèmes alimentaires alternatifs », nourrissant sa réflexion de nombreuses enquêtes sur le commerce équitable et les circuits courts de proximité. Il s’interroge dans ce livre sur la « promesse de différence » portée par ces tentatives de réorganisation des filières agroalimentaires. L’analyse est menée à trois niveaux. Comment la promesse de différence s’exprime-t-elle dans les projets des acteurs ? Comment est-elle mise en action ? Enfin, les réalisations sont-elles à la hauteur, et comment faire mieux ?

Des choix et des compromis sont nécessaires pour faire entrer les projets dans la réalité. Ainsi, les finalités du commerce équitable ne peuvent pas toutes être atteintes simultanément. L’établissement des prix minimums est une étape délicate, en tension entre l’opposition au commerce conventionnel (les prix doivent être rémunérateurs) et le refus de la charité.

Ces « activités de régulation » peuvent déboucher sur des « agencements marchands » très variés. L’auteur compare notamment trois expériences de relocalisation des approvisionnements pour la restauration collective. Pour lui, l’hybridation des régulations conventionnelles et des régulations visant à « produire de la différence » est porteuse d’« enjeux opérationnels et politiques ». Il en vient ainsi à discuter la question du changement d’échelle et de la diffusion de ces formes innovantes.

Pour toucher un plus grand nombre de consommateurs, doit-t-on nécessairement se normaliser et donc s'éloigner de l'idéal d'« alternativité » ? Trois exemples sont détaillés : la professionnalisation du réseau Artisans du Monde, l’AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) Poisson de l’Île d’Yeu et la certification Fairtrade. Le diagnostic est nuancé et l’auteur appelle à rejeter tout fatalisme. Il souligne en particulier que « la recherche peut aider les acteurs à saisir les mécanismes sources de satisfaction ou non de la promesse de différence ». La reconception des systèmes alimentaires apparaît ainsi, à le lire, comme un véritable enjeu d’ingénierie.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Lien : Presses des Mines

05/09/2017

Rapport de l'IPES-Food sur les politiques alimentaires urbaines

Rendu public en juin dernier, ce rapport de l'International Panel of Experts on Sustainable Food Systems (IPES-Food) s'intéresse aux facteurs en jeu dans l'élaboration de politiques alimentaires urbaines, et tire des enseignements des démarches existantes à destination des villes. Il mobilise la littérature récente sur ce sujet et s'appuie en particulier sur cinq études de cas : Belo Horizonte, Nairobi, Amsterdam, Toronto (Golden Horseshoe), Detroit. Quinze facteurs facilitateurs sont identifiés, regroupés en plusieurs thèmes se rapportant aux questions de données, de surveillance et d'apprentissage, à la gouvernance (verticale et horizontale), aux processus participatifs, au financement et à l'engagement politique. Les auteurs relèvent également la nécessité d'améliorer la connexion entre les politiques alimentaires aux niveaux local, national et international. Enfin, plusieurs thématiques de recherche nécessitant d'être investies sont développées : procédures et modèles de gouvernance, évaluation des impacts de ces politiques, etc.

Source : IPES-Food

10:34 Publié dans 4. Politiques publiques, Territoires | Lien permanent | Tags : ipes-food, villes, politiques alimentaires urbaines |  Imprimer | | | | |  Facebook