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11/01/2021

Un podcast et une chaîne Youtube pour mieux connaître le secteur de la viande in vitro

Cultured Meat and Future Food, un podcast animé par A. Shirazi, propose de nombreux entretiens avec les responsables des startups, les investisseurs et les ONG liées à la viande in vitro. Ainsi, un épisode récent éclaire l'arrivée sur le marché, à Singapour, fin 2020, des bouchées de poulet de Eat Just, Inc. Signalons également, parmi des événements publics relayés et également visibles sur Youtube, le récent Cultured Meat Symposium où intervenaient P. Shapiro, auteur du livre Clean meat, et I. Datar, de l'ONG Harvest, qui contribuent à structurer le secteur.

Source : Cultured Meat and Future Food

05/06/2020

17 actions pour réduire la consommation de viande bovine

De nombreuses études recommandent de réduire la consommation de viande bovine, du fait des conséquences environnementales liées à sa production. Des chercheurs australiens ont réalisé une enquête auprès de 16 experts scientifiques et professionnels, de différentes disciplines, afin de repérer des actions ciblées à mettre en œuvre aux États-Unis. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Conservation Letters en avril. Les auteurs retiennent 17 propositions jugées efficaces et faisables, touchant tous les niveaux de la filière (figure ci-dessous) et visant différents facteurs influençant la consommation de viande (ex. les habitudes et les goûts). 4 d’entre elles pourraient être particulièrement efficaces, selon eux, d'ici 10 ans : faire évoluer la représentation des normes sociales, développer des alternatives au bœuf, proposer des repas sans viande bovine en restauration collective et inciter les grandes entreprises de restauration hors foyer à s'approvisionner davantage en produits alternatifs.

Interventions proposées par les experts au sein de filières de production de viande bovine

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Source : Conservation Letters

Lecture : les lignes en pointillés représentent l'influence indirecte des gouvernements, des ONG, des acteurs de la production et de la consommation. Les boîtes vertes sont les rôles que peuvent prendre les scientifiques et les acteurs de la conservation de la nature.

Source : Conservation Letters

 

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12/03/2020

Intégrer les coûts environnementaux et sociaux de la production de viande dans les prix au consommateur pour encourager la transition écologique et alimentaire

Un rapport publié par le groupement TAPPC (True Animal Protein Prices Coalition), en février, propose que l'UE crée une taxe sur la viande pour internaliser les coûts environnementaux (émissions de gaz à effet de serre - GES, etc.) et sociaux (santé publique, etc.) liés à sa production et à sa consommation en Europe. Selon les auteurs, le prix de la viande bovine devrait être augmenté de 4,8 €/kg, celui de la viande porcine de 3,6 €/kg et celui de la volaille de 1,7 €/kg d'ici à 2030. Cela réduirait leur consommation, permettant en particulier une limitation des émissions de GES de 3 %. De plus, cette taxe générerait 32,2 milliards d'€ de revenus supplémentaires pour les États membres, à la même échéance. Les auteurs suggèrent d'utiliser ces fonds pour soutenir les exploitations agricoles ayant des pratiques durables (10-15 Md€), réduire la taxe sur la valeur ajoutée sur les fruits et légumes (7-12 Md€), encourager l'adaptation au changement climatique et la protection des forêts dans les pays du Sud (4 Md€), et, dans un but redistributif, soutenir les foyers à faibles revenus (6 Md€).

Effet de la taxe sur la consommation européenne de viande

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Source : TAPPC, d'après FAOSTAT, CE Delft 2012, 2018 et 2019

Source : TAPPC

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16/01/2020

Documentaire Entrée du personnel sur le travail en abattoirs et usines de transformation de viande

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Du 1er décembre 2019 au 6 mars 2020, le documentaire de Manuela Frésil, Entrée du personnel, est accessible sur le site d'Arte. Réalisé en 2011 et sorti en salle en 2013, il associe récits de vie des employés et séquences filmées au sein d'usines d'abattage et de transformation de viande de l'ouest de la France.

Il en ressort d'abord une diversité des parcours personnels, de ceux « faits » pour ce métier-là à ceux n'ayant pas le choix, à cause de la crise de l'emploi dans la région, de revenus du ménage à assurer, etc. Si les premiers temps sont le plus souvent très difficiles, la force de l'habitude finit par prendre le dessus sur la difficulté physique et psychique du travail. La réalisatrice nous dresse différents profils, variant selon le poste occupé (plus ou moins dangereux), les gestes réalisés, la fonction (ouvrier, chef de ligne, etc.), le statut (intérimaire par exemple), etc. Mais c'est bien une usure des corps généralisée, à force de gestes répétitifs et de cadences de plus en plus soutenues, qui ressort de ces témoignages. Les scènes où les employés miment leur travail sur les chaînes en rendent bien compte.

Ce documentaire est également très éloquent quant aux usines d'abattage et de transformation de viande. Il permet d'approcher le fonctionnement quotidien de structures qui paraissent très semblables, dans le ballet des carcasses et l'organisation millimétrée du travail. Il rend compte, aussi, des transformations récentes d'entreprises confrontées à la baisse des prix, à la nécessité de gagner des marchés, aux difficiles relations avec la grande distribution, au besoin d'investir dans de nouvelles machines et d'augmenter les cadences, etc. Les témoignages sont alors très clairs sur les conséquences pour les individus, leurs conditions de vie et leur état de santé.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Arte

15:29 Publié dans Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : documentaire, arte, abattoir, viande, frésil |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/12/2019

Optimisation de soi et alimentation

Ethnologie française consacre son dernier numéro aux différentes formes que peut prendre l'appropriation, par les individus, de l'injonction moderne à l'« optimisation de soi ». Une partie du dossier aborde, plus ou moins directement, les comportements alimentaires. Ainsi, E. Dagiral (CNRS) traite de la place des technologies de quantification du soi, à partir d'interviews de cadres early adopters de dispositifs de self-tracking (applications et montres connectées). Quel que soit le type de mesure au départ (souvent celle de la performance sportive), les dispositifs d'enregistrement poussent les personnes, « de proche en proche », à un auto-façonnage plus systématique : c'est alors moins l'amélioration isolée d'un aspect précis – activité physique, sommeil, etc. – qui est recherchée, qu'un « équilibre général » où alimentation et nutrition trouvent leur place.

On retrouve cette dimension exploratoire et bourgeonnante dans les articles où l'alimentation est au point de départ de l'effort de perfectionnement. N. Diasio et V. Fidolini (université de Strasbourg) examinent comment des hommes de 40-60 ans font face au vieillissement de leur corps, recalibrent leurs régimes et questionnent les modèles de masculinité dominants, structurés autour de la viande. V. Wolff (CNRS), elle, a enquêté sur les parcours de personnes qui, à force de maux de ventre, se découvrent une « sensibilité alimentaire » et s'engagent dans un régime sans gluten. Elles interprètent leur inconfort comme un « message » adressé par leur corps et lui donnent sens par référence à la critique de plus en plus répandue de « l'alimentation industrielle ». Elles vont ainsi jusqu'à remettre en cause la norme dominante et toutes les dimensions de leur existence : passion nouvelle pour la cuisine, réorientations professionnelles, etc.

Enfin, S. Mouret (Inra) s'intéresse aux pratiques de complémentation en vitamine B12 dans le régime végane. Selon lui, un corps maladif étant une mauvaise publicité pour le mouvement, ceux qui ne pratiquent pas correctement la complémentation sont vus comme « fautifs » et encourent la réprobation. Mais certains, au nom de la naturalité, refusent tout de même cet artifice, ce dernier se rapprochant, pour l'auteur, de la philosophie transhumaniste.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Ethnologie française

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09/12/2019

Histoire de la consommation de viande : dossier de la revue L'Histoire

La revue L'Histoire consacre le dossier de son numéro de décembre 2019 à « Manger de la viande : des interdits, des coutumes et des goûts ». Huit articles nous transportent de la révolution néolithique à « l'offensive végane » : nous en retiendrons deux ici. Dans sa contribution sur le Moyen-Âge, Bruno Laurioux explicite la notion de « jeûne » : il montre que celui-ci n'interdit pas toutes les viandes, la liste des interdictions variant au gré des interprétations. Par exemple, la viande des animaux aquatiques, comportant les poissons, mais aussi les oiseaux d'eau et la queue de castor, était autorisée car « dans l'eau ». Intéressant aussi est le cas de la viande hachée et des saucisses, considérées alors comme hors de l'alimentation carnée, et que l'on peut rapprocher de la forte consommation actuelle de viande hachée, dans un contexte de baisse de la viande dans les régimes alimentaires. Emmanuelle Cronier rappelle ainsi que la France a découvert l'industrie de la viande frigorifiée ou en conserve, provenant en particulier de l'industrie de Chicago, lors de l'arrivée des troupes américaines à la fin de la Première Guerre mondiale.

Source : L'Histoire

09:38 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : viande, histoire, moyen-age, conserve |  Imprimer | | | | |  Facebook

13/11/2019

Fermentation de précision : une technologie disruptive des systèmes alimentaires à l'horizon 2030 ?

Cet exercice prospectif mené par RethinkX, un think-tank américain, s'intéresse aux changements technologiques actuels dans les secteurs de l'alimentation et de l'agriculture aux États-Unis. Tirée par le développement de la biologie de précision, la production alimentaire s'orienterait, selon le rapport, vers un modèle « food as software » d'ici à 2030. Le scénario tendanciel proposé ici s'intéresse principalement à la fermentation de précision, un processus « programmant » des micro-organismes pour produire n'importe quelle molécule organique complexe. À partir des hypothèses technico-économiques formulées par les auteurs, les aliments d'origine animale (viande, lait et dérivés) seraient progressivement remplacés par des équivalents protéiques moins coûteux, obtenus à 10 dollars/kg entre 2023-25 puis à 1 dollar/kg après 2035.

Baisse rapide des coûts de la fermentation de précision (en USD/kg de protéine) d'ici à 2030

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Source : RethinkX

Seraient d'abord remplacés les ingrédients représentant un faible pourcentage dans la composition du produit final (ex. caséine, lactosérum ou gélatine), utilisés dans les gâteaux, les desserts et la nourriture infantile. Ensuite, ces substitutions partielles ou totales concerneraient des produits alimentaires comportant notamment de la viande hachée (ex. saucisses, burgers, lasagnes, boulettes). En 2030, 55 % de la demande en viande bovine devraient être satisfaits par des protéines issues de la fermentation de précision, et seulement 5 % par de la viande in vitro. Pour le lait, seuls 20 % de la consommation comme boisson seraient d'origine animale. Les produits laitiers (crème, beurre, fromage) ainsi que les ingrédients à base de protéines de lait seraient totalement obtenus par fermentation de précision.

Évolutions des parts du lait (haut) et de la viande bovine (bas) d'origine animale et non-animale dans la demande américaine d'ici à 2030

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Source : RethinkX

L'étude prospective détaille ensuite les conséquences de ces bouleversements : réorganisation des relations commerciales à l'échelle globale, effondrement des secteurs bovins et laitiers américains, baisse de la rentabilité sur l'ensemble de la chaîne de valeur, perte de plus de 600 000 emplois aux États-Unis, baisse du prix du foncier agricole, gel du secteur bancaire agricole, émergence d'une nouvelle chaîne d'approvisionnement alimentaire tirée par le secteur des biotechnologies (développeurs alimentaires, design moléculaire) et des softwares (systèmes d'opération, IA, bases de données). Cette production affranchie des contraintes géographiques aurait un moindre impact environnemental : en 2035, la réduction du cheptel américain de 75 % libérerait ainsi 60 % des terres aujourd'hui dédiées à l'élevage et à son alimentation, permettant d'autres usages comme le stockage de carbone. En 2030, les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole pourraient alors être réduites (- 35 %), tout comme la consommation d'eau.

Claire Bernard-Mongin, Centre d'études et de prospective

Source : RethinkX

12/11/2019

Cause animale, cause du capital, Jocelyne Porcher

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Depuis 2013 et la mise en scène de la dégustation du premier hamburger de viande in vitro par le chercheur néerlandais M. Post, des start-ups toujours plus nombreuses cherchent à appliquer les principes de l'ingénierie tissulaire à la production alimentaire. Dans un court ouvrage au ton vif, voire pamphlétaire, J. Porcher (Inra) analyse les implications de l'émergence de ce nouveau type de produits pour l'élevage et nos relations avec les animaux.

La viande de synthèse et les substituts protéinés sont présentés par les entrepreneurs, mais aussi par certains militants végans, comme une réponse radicale à quatre problèmes : l'augmentation de la demande alimentaire mondiale, les impacts de la consommation de produits carnés sur la santé humaine, la lutte contre les dégradations environnementales, et les conditions de vie des animaux. Cette innovation biotechnologique s'accompagne d'une intense activité de storytelling ayant pour objectif de promouvoir son acceptabilité sociale. J. Porcher considère que la terminologie utilisée (« clean meat » ou « viande propre », « agriculture cellulaire » ou, plus récemment, « viande cultivée ») est au cœur d'une véritable « bataille sémantique » et idéologique, orchestrée par des multinationales des biotechnologies et de l'agroalimentaire, avec le concours des associations abolitionnistes, visant à « discréditer tous les produits animaux, sans distinction de systèmes de production », et « à dégoûter les consommateurs de la viande ».

Discutant les fins et les moyens des mobilisations en faveur de la cause animale, et en particulier les interventions très médiatisées de L214, elle passe aussi en revue une série de références théoriques (Singer, Francione, Donaldson et Kymlicka, notamment), et soutient qu'elles occultent les relations de travail nouées avec les animaux de ferme, ainsi que les formes d'exploitation et de domination qui pèsent, en commun, sur les animaux et sur les humains. Ce faisant, les militants abolitionnistes « acceptent les règles du jeu économique en vigueur » et servent dès lors, selon elle, les intérêts du capitalisme et de l'industrie. Le propre point d'appui normatif de J. Porcher, l'élevage traditionnel en petite ferme, bien distinct des « productions animales » industrialisées mises en place dans les années 1960, est explicité seulement en ouverture du dernier chapitre, avant un panorama mondial des entreprises impliquées dans la recherche sur la viande in vitro.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Le Bord de l'eau

09:47 Publié dans Société | Lien permanent | Tags : porcher, animal, viande, élevage, véganisme |  Imprimer | | | | |  Facebook

14/10/2019

Impacts de la Politique agricole commune actuelle sur l'agriculture des « pays en développement »

Le Comité européen des régions a publié récemment une évaluation des impacts des subventions de la Politique agricole commune (PAC) sur les prix et volumes des denrées alimentaires produites et exportées par l'Union européenne (UE) vers 83 pays en développement dits « vulnérables » (PVD, regroupant les pays les moins avancés, ceux d'Afrique subsaharienne et ceux signataires de l'Accord de Cotonou). Les auteurs du rapport commencent par une synthèse d'analyses antérieures sur le sujet. Ils étudient ensuite les cas de la poudre de lait, de la viande de poulet et des produits transformés à base de tomate : pour ces produits, les productions européennes représentent respectivement 35 %, 46 % et 12 % des importations des PVD.

Évolution des exportations européennes agricoles et agroalimentaires vers les pays en développement vulnérables, entre 2005 et 2018

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Source : Comité européen des régions

Pour le lait en poudre, les subventions de la PAC ont contribué à accroître le volume des exportations européennes, avec un impact négatif limité sur les prix. Elles n’ont pas influencé les exportations vers les PVD : le principal facteur de croissance, indépendant de la politique agricole, a été le développement technologique innovant de poudres de lait écrémé ré-engraissées avec de la matière grasse végétale, produit bon marché en concurrence directe avec les productions laitières locales et la poudre de lait entier traditionnelle. Pour la viande de poulet, les aides de la PAC n’ont influencé ni le prix ni le volume des exportations vers les PVD. Indépendamment des subventions, la croissance globale des viandes de poulet (essentiellement congelées), destinées pour moitié aux PVD, découle des préférences des consommateurs de l’UE pour certains morceaux (filets), les 25 % restant des carcasses (ailes, cuisses, abats) étant valorisés à l'exportation, là encore en concurrence directe avec les producteurs locaux. Pour les produits transformés à base de tomates, les aides européennes auraient une influence sur les prix de marché des PVD, mais elles n’ont pas eu d'effet significatif sur les volumes exportés.

Enfin, les auteurs suggèrent des évolutions pour la future PAC : une discipline plus stricte sur les aides couplées, des mesures de gestion des marchés ne déstabilisant pas les prix pour les producteurs des PVD, l’achèvement du processus de convergence des paiements directs, l'élimination progressive des paiements découplés pour le soutien au revenu à remplacer par des paiements explicitement liés à la fourniture de biens publics.

José Ramanantsoa, Centre d'études et de prospective

Source : Comité européen des régions

11:34 Publié dans 4. Politiques publiques, Développement, PAC | Lien permanent | Tags : pac, pays en développement, lait, viande, tomate |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/09/2019

Pourquoi des individus parfaitement informés des conséquences environnementales de la consommation de viande continuent-ils à en manger ?

Publié en juillet 2019 dans PLOS One, un article s'intéresse aux raisons données par des individus continuant à manger de la viande alors même qu'ils se disent conscients des conséquences environnementales associées (le « paradoxe de la viande »). Les auteurs s'appuient en particulier sur des entretiens avec 42 chercheurs de l'université autonome de Barcelone, de profils diversifiés (disciplines, âge, opinions politiques, etc.) et au fait des problématiques environnementales. Ils mettent au jour divers profils et identifient trois types de justifications : un impact plus important attribué aux changements techniques ou politiques qu'aux actions individuelles ; des doutes quant à l'effet d'une action personnelle dans un monde complexe ; un manque de détermination personnelle. In fine, pour les auteurs, ces éléments mettent en doute l'efficacité, auprès d'une partie des individus ciblés, d'actions publiques d'information ou de culpabilisation quant au fait de manger de la viande et à ses conséquences environnementales.

Source : PLOS One

15:47 Publié dans Alimentation et consommation | Lien permanent | Tags : viande |  Imprimer | | | | |  Facebook

05/07/2019

La viande détrônée par les produits alternatifs et la viande de synthèse à l’horizon 2040 ?

Le cabinet A.T. Kearney publie une étude prospective sur les conséquences, à 2040, du développement de produits alternatifs sur le marché et la production mondiale de viande conventionnelle : produits vegan et végétariens protéinés classiques, à base d’insectes, imitant la viande, et viande de laboratoire. Malgré des incertitudes concernant les méthodes utilisées, les auteurs avancent quelques pistes prospectives intéressantes.

Le développement de produits alternatifs, imitant les goûts et textures de la viande, bénéficie d’investissements massifs (900 millions de dollars en 2018) et, en parallèle, la viande de laboratoire connaît aussi un engouement important (50 millions d’euros investis en 2018), mais sans commercialisation pour l’instant. Selon les auteurs, ces produits pourraient convaincre de nouveaux consommateurs ne s’identifiant pas au végétarisme et au veganisme, et, ainsi, prendre des parts de marché à la viande classique. Considérant que les modes de production traditionnels ne pourront répondre aux défis écologiques et à la demande croissante (+3 % par an projetés d’ici 2040), ils comparent, sur la base de huit critères, les types de produits et aboutissent aux conclusions suivantes : si les alternatives à la viande peuvent gagner des parts de marché importantes dans les années à venir, c’est la viande de laboratoire qui, à terme, connaîtra la plus forte croissance, rivalisant presque avec la viande traditionnelle en 2040.

Projections de la consommation globale de viande en 2040 (milliards de $)

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Source : A.T. Kearney

Source : A.T. Kearney

12/06/2019

Les impacts de la consommation alimentaire européenne sur la biodiversité

Un article publié récemment dans le Journal of Cleaner Production analyse les conséquences, sur la biodiversité, de la consommation alimentaire de l'Union européenne. La méthode choisie, d'analyse de cycle de vie (ACV), prend en compte les impacts tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de la production à la consommation en passant par le transport, le stockage, etc. L'originalité de ce travail, selon les auteurs, réside dans le nombre conséquent de catégories de produits alimentaires considérées (32), dans l'analyse des déficits de connaissance par l'utilisation et la comparaison critique de différents modèles, et l'utilisation simultanée d'indicateurs midpoint (ex. : émissions de gaz à effet de serre, eutrophisation des eaux, etc.) et endpoint (ex. : nombre d'espèces pouvant potentiellement disparaître). Les résultats mettent en évidence que les consommations de viande et de produits laitiers ont les impacts les plus importants sur la réduction des espèces, notamment du fait des changements d'usages des sols liés aux besoins de l'alimentation animale (transformation de sols « naturels » en sols agricoles) (cf. figure). Le changement climatique joue également un rôle notable dans ces dynamiques. Les auteurs soulignent l'intérêt de développer et d'affiner ce type d'approche évaluative dans le contexte des Objectifs de développement durable (ODD).

Contribution relative de chaque produit alimentaire étudié aux dommages causés à la réduction potentielle des espèces en 2015, sur la base de la méthode d'ACV ReCiPe établie en 2008 (a) et en 2016 (b)

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Source : Journal of Cleaner Production

Source : Journal of Cleaner Production

09/05/2019

Rapport à la viande et évolution des abattoirs : une approche anthropologique

La revue Anthropology of food publie un numéro spécial intitulé « Viande et architecture », qui s'intéresse aux « transformations du rapport à la viande par les lieux et l'espace », en particulier sous l'angle de l'abattage. Il est constitué d'articles abordant la question sous différents angles, historique, géographique, sociologique et artistique.

Pendant plusieurs siècles, les bouchers étaient au cœur du marché de la viande : ils tuaient, découpaient puis vendaient les pièces de boucherie. Ils formaient une corporation reconnue au Moyen Âge. La création d'abattoirs mit fin progressivement à ce monopole. Depuis la fin du XIXe siècle, les abattoirs ont beaucoup évolué, les petits bâtiments urbains ont fait place à de grandes structures externalisées, l'abattoir de Bruxelles étant ainsi l'un des derniers en centre-ville en Europe.

Implantation des boucheries dans Paris à la fin du XIVe siècle

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Source : Anthropology of food

Un changement d'échelle s'est aussi produit en matière économique : le travail de la viande est devenu une « industrie de série et de flux », avec succession d'actes répétitifs (taylorisme) accomplis par un personnel peu qualifié et peu payé. Sur le plan architectural, l'abattoir moderne comporte une succession de figures géométriques, permettant l'application du principe sanitaire de « la marche en avant » (prévoyant en particulier une séparation nette entre secteur propre et secteur souillé). Cependant, après une période de centralisation, le retour à l'abattage de proximité, associé à un meilleur accompagnement des animaux, est défendu par certains. En Wallonie, des éleveurs du groupe Nature et progrès ont ainsi opté pour des modes d'abattage alternatifs.

L'aspect artistique des activités en lien avec le travail de la viande est largement traité dans ce numéro, prenant en compte différents registres : architectural (anciens abattoirs urbains transformés en lieux culturels, comme à Toulouse), cinématographique (souvent associées à des actions mortifères et violentes dans des films d’horreur), pictural et photographique aussi. Enfin, sont également traités les abattages halal (article consacré à l'organisme certificateur AVS) et en Inde (voir à ce sujet un précédent billet sur ce blog), objets de divergences politiques et culturelles.

Madeleine Lesage, Centre d'études et de prospective

Source : Anthropology of food

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16/04/2019

Veganomics : une approche économique du véganisme

Nicolas Treich (Inra) consacre un document de travail à l'analyse économique du véganisme, ce terme désignant pour lui « tous les comportements visant à modifier (et pas seulement éliminer) l'utilisation ou la consommation d'animaux pour des raisons morales ». Ce sujet était jusqu'alors peu abordé par l'économie, discipline où « seul le bien-être des humains compte ».

L'auteur aborde en premier lieu les marchés de la viande, avec la montée en puissance des régimes végétarien et végan, montée cependant limitée par la persistance des habitudes alimentaires. Il analyse ensuite les externalités négatives de l'élevage (pollution, déforestation, santé) et les instruments habituellement promus par les économistes pour les internaliser (principe pollueur-payeur, taxes, etc.). Selon N. Treich, la théorie économique ne s'intéresse aux conditions d'élevage que pour autant qu'une demande sociale existe, traduite en « consentement à payer ». Des études montrent que celui-ci est assez élevé, en tout cas dans les déclarations faites par les consommateurs, surtout pour des produits issus de meilleures pratiques, mais les labels valorisant le bien-être animal ne constituent encore qu'une faible part du marché.

Pour dépasser ce cadre classique, l'auteur souligne les défis posés par une économie « non-anthropocentrique ». La pondération entre utilités des humains et souffrance des animaux est particulièrement délicate. L'approche comportementale met en évidence des biais cognitifs (« mauvaise foi », aveuglement sur les conditions de production), les informations étant par ailleurs souvent contrôlées par les groupes d'intérêt liés au secteur de la viande. Sur cette base, N. Treich discute l'efficacité des stratégies des associations de protection animale pour sensibiliser l'opinion publique.

Enfin, il esquisse une réflexion prospective autour de trois scénarios : 1) polarisation entre classes, le maintien d'une consommation de viande toujours moins chère devenant un « marqueur social », 2) régulation des externalités de l'élevage, renchérissement des produits carnés et montée du flexitarisme, et 3) « véganisation » de l'ensemble de la société – un scénario que des alternatives telles que la viande in vitro pourraient soutenir.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Toulouse School of Economics

06/03/2019

Quel avenir pour les analogues à la viande ? Considérations de Chatham House pour l'Union européenne

Dans un document de travail de Chatham House publié en février 2019, A. Frogatt et L. Wellesley proposent un état des lieux des produits analogues à la viande, aussi bien d'origine végétale que « cultivés » à partir de cellules animales (in vitro) (cf. figure). Innovations, facteurs de développement et implications réglementaires pour l'Union européenne (UE) sont passés en revue. Selon les auteurs, la « viande cultivée » est à l'heure actuelle au stade du prototype, développé par des start-up financées par des grands groupes. Le marché des substituts d'origine végétale reste limité (moins de 1 % du marché de la viande aux États-Unis), mais connaît une croissance significative. Le développement d'un marché des produits analogues à la viande dépendra de plusieurs facteurs : perceptions des consommateurs, bilan environnemental, demande globale de produits carnés, stratégies concurrentes du secteur de la viande « traditionnelle », coûts de production, etc. Dans l'UE, la viande cultivée devrait, pour les auteurs, relever de la réglementation Novel Food, ce qui n'est pas nécessairement le cas pour les produits d'origine végétale. Le document souligne également l'importance de la question des labels, et la nécessité pour l'Union de réfléchir en termes de cadre réglementaire et de stratégie industrielle pour préparer l'avenir.

Procédés de production de la « viande cultivée » et de la « viande d'origine végétale »

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Source : Chatham House

Source : Chatham House

13:08 Publié dans 5. Fait porteur d'avenir | Lien permanent | Tags : viande, viande in vitro, substituts, novel food |  Imprimer | | | | |  Facebook