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10/01/2018

Utiliser les instruments de marché pour mieux distribuer l'aide entre banques alimentaires : l'expérience Feeding America

Dans le Journal of Economic Perspectives, C. Prendergast, professeur d'économie à l'université de Chicago, retrace et analyse la mise en place d'un système d'enchères original pour distribuer l'aide alimentaire entre les entités locales du réseau de Feeding America. Effectif depuis 2005, Choice System repose sur des enchères quotidiennes via Internet et une monnaie dédiée, le share. Il permet d'allouer les denrées du niveau central aux banques alimentaires locales en reflétant au mieux les besoins réels. Choice System a été conçu par un comité associant membres de l'association et universitaires. Malgré des réticences initiales sur le principe d'utiliser un instrument de marché, le système a permis, selon l'auteur et chiffres à l'appui, un meilleur ciblage des volumes et denrées attribuées par rapport au système précédent, fondé sur la file d'attente. Pour lui, le point crucial a résidé dans une conception fine du système, afin de se prémunir d'éventuels dérives ou effets pervers.

Source : Journal of Economic Perspectives

09/01/2018

Retours sur « La tragédie des communs »

Début janvier, le Journal du CNRS met en avant les réflexions de F. Locher sur le fameux texte du biologiste G. Hardin, publié en 1968 dans la revue Science. L'exemple choisi, la gestion des pâturages, est devenu canonique, et l'argument selon lequel « la propriété commune d’une ressource conduit nécessairement à la ruine de celle-ci » a fortement pesé dans les choix politiques des derniers décennies, que ce soit pour promouvoir l'appropriation privée des ressources (libéralisme), ou pour justifier l'intervention de l'État. Or, explique F. Locher, « le recul historique et l’avancée des connaissances nous montrent aujourd’hui ce raisonnement pour ce qu’il est : une vue de l’esprit, déconnectée des réalités concrètes et biaisée par une vision très idéologique du monde social ».

Signalons par ailleurs la parution récente, chez Quæ, d'un recueil d'échanges avec E.Ostrom, prix Nobel d'économie en 2009. Locher rappelle que ses travaux ont fortement relativisé la thèse de la « tragédie des communs », en lançant un courant de recherche qui a « documenté empiriquement des centaines de cas de communautés présentes ou passées gérant durablement leurs ressources sous le régime de la propriété commune ».

Sources : CNRS, Quæ

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13/12/2017

Terra Nova s'intéresse aux enjeux et opportunités d'une alimentation moins carnée

Dans un rapport publié en novembre, le think tank Terra Nova s'intéresse aux enjeux liés à la consommation de viande et envisage les arguments en faveur d'une « transition alimentaire », formulant in fine onze propositions ouvertes. La première partie revient sur les facteurs économiques, sociaux, techniques et culturels ayant conduit à la forte augmentation de la consommation de viande au XXe siècle. La seconde traite, quant à elle, de la « triple crise de la viande » : crise économique, crise de confiance, crise de légitimité autour des questions d'empreinte écologique et de montée de la sensibilité à la souffrance animale. On rappellera notamment que la consommation française de viande, en baisse, est revenue en 2013 au niveau de la fin des années 1980. Les « promesses de la révolution végétale », venant en appui à la nécessaire transition alimentaire, font l'objet de la troisième partie. Cette transition reposerait, dans les prochaines décennies, sur une division par deux de la consommation de « chair animale » par habitant, et sur l'inversion du rapport entre protéines végétales et protéines animales. Au chapitre des solutions, le rapport met particulièrement en avant la « FoodTech » (voir une autre brève sur ce blog) et les innovations autour des protéines végétales. Il s'intéresse également aux consommateurs : goût, lien aux terroirs, restauration scolaire, prix, campagnes d'information en nutrition.

La consommation individuelle de viande en France (en kgec par habitant)

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Source : Terra Nova

La quatrième partie présente les onze propositions, insistant sur l'évolution progressive et lente des régimes alimentaires, liée aux habitudes, normes sociales et préférences culturelles, mais également à la nécessité d'une stratégie de long terme « pour organiser et accélérer la transition de notre modèle agricole et de ses modes de production ». Parmi ces propositions, on peut retenir, par exemple, la généralisation de l'option du « repas alternatif végétarien » et l'imposition d'un jour végétarien par semaine dans la restauration scolaire du secondaire, la promotion, sur les produits à la vente, de la mention visible du mode d'élevage et d'abattage, ou encore une meilleure valorisation des végétaux grâce aux signes officiels de la qualité et de l'origine (SIQO).

Si certains points mériteraient d'être précisés ou développés, ce rapport s'appuie sur une palette large d'analyses, de la production à la consommation, des questions médicales aux problématiques environnementales, etc. Il contribue ainsi au débat sur l'évolution des régimes alimentaires.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Source : Terra Nova

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08/12/2017

Trois utopies contemporaines, Francis Wolff

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Ancien professeur au département de philosophie de l'École normale supérieure (Ulm), Francis Wolff est à la tête d'une œuvre singulière aux thèmes diversifiés : Socrate (1985), Philosophie de la corrida (2007), Pourquoi la musique ? (2015), Il n'y a pas d'amour parfait (2016). Dans ce dernier livre, alerte et critique, il analyse ce qu'il considère être trois des grandes utopies des sociétés modernes : le posthumanisme, qui prône l'amélioration infinie des capacités physiques, intellectuelles et morales des êtres humains ; le cosmopolitisme, qui vante l'hospitalité généralisée, l'abolition des frontières et la citoyenneté universelle ; enfin l'animalisme, qui vise l'amélioration des conditions de vie des bêtes, leur libération et l'abolition du spécisme.

Nous sommes pris, depuis quelques années, dans une déferlante d'ouvrages en faveur de la cause animale. De qualités très inégales, ils se recopient les uns les autres et constituent un nouveau courant de pensée puissant, non dénué d'idéologie et de préjugés. Solidement campé à contre-courant, Wolff en décortique les présupposés théoriques, les fondements politiques, et s'interroge sur la destinée possible de ces nouvelles représentations du monde.

Pour lui, la philosophie, la science juridique et la vie réelle admettent depuis longtemps que nous avons des devoirs envers les animaux. L'utopie animaliste dépasse cet acquis et revendique qu'on leur attribue des droits étendus. Mais quels en seraient les fondements ? Comment faire pour que tous les animaux soient égaux ? Comment concéder à la fois au loup et à l'agneau le droit de vivre ? Les équilibres écologiques nient l'effectivité de ces pseudo-droits, et quand bien même nous cesserions de manger la chair des bêtes, nous ne pourrions empêcher que les autres espèces se dévorent entre elles. Il ne peut exister de communauté animale. Les droits des animaux ne peuvent s'imposer aux animaux, mais seulement aux humains qui les enferment, exploitent, torturent ou tuent : « ce ne sont donc pas leurs droits mais nos devoirs » (p 90), et l'on en revient alors au point de départ de la philosophie des Lumières. Plus généralement, contrairement à ce qu'affirme l'anti-spécisme, nous, humains, ne sommes pas des animaux comme les autres, précisément parce que nous nous imposons des obligations envers les animaux. Selon l'auteur, la seule question qui vaille est donc celle-ci : « quel type de traitement est juste selon le type d'animal qu'il est, le type de relation que nous avons avec lui et donc le type de communauté implicite que nous formons avec lui ? » (p 106).

Bruno Hérault, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions Fayard

16:39 Publié dans Société | Lien permanent | Tags : wolff, animalisme, utopies |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/12/2017

Les coûts cachés de l'alimentation au Royaume-Uni

Sustainable Food Trust a publié en novembre les résultats de ses travaux sur les coûts cachés de l'alimentation au Royaume-Uni. S'appuyant sur la littérature existante, les auteurs ont cherché à quantifier ces externalités négatives selon plusieurs entrées, elles-mêmes déclinées en diverses thématiques : dégradation des ressources naturelles (ex : pollution de l'air), pertes de biodiversité, coûts de santé liés à l'alimentation (ex : maladies cardiovasculaires) et à la production (ex : antibiorésistance), subventions au secteur agricole et régulation, importations et leurs propres coûts cachés.

Il apparaît ainsi que, pour chaque livre « alimentaire » dépensée par un consommateur, les coûts additionnels s'élèvent également à une livre. Ces coûts ne sont pas pris en compte dans le prix de vente des produits et sont couverts par d'autres mécanismes (impôts, traitement de l'eau, etc.). L'objectif de cette publication est d'attirer l'attention, de donner des éléments de discussion et d'action pour les pouvoirs publics et les acteurs des systèmes alimentaires, auxquels des recommandations sont destinées en fin de rapport.

Répartition des coûts des externalités négatives du système alimentaire britannique en 2015

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Source : Sustainable Food Trust

Source : Sustainable Food Trust

05/12/2017

Les outils agricoles à l'épreuve de l'open source

Les principes de l'open source dégagés pour les logiciels libres – possibilité de partager, distribuer, modifier et reproduire librement les informations – peuvent-ils s'appliquer dans le domaine agricole ? Un article de Q. Chance (Inra) et M. Meyer (AgroParisTech), dans Techniques & Cultures, met en perspective deux initiatives dans le domaine des outils agricoles. Le cas d'Ekylibre, un logiciel de gestion intégrée de l'exploitation, traite de la montée en compétence d'une communauté d'utilisateurs et de l'articulation entre vente de services et libre usage. En contrepoint, l'analyse de la coopérative d'auto-construction L'Atelier paysan considère la combinaison de savoirs tacites et formalisés dans les séances de formation à la soudure. Dans les deux cas, certaines compétences apparaissent « collantes » (sticky), « car difficilement dissociables d'un lieu particulier » et donc difficilement transférables.

Source : Techniques & Cultures

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01/12/2017

Comparaison des avis des Espagnols et des Européens sur la Politique agricole commune

À partir de l’Eurobaromètre spécial 440 (2016, données collectées auprès de 27 800 personnes en 2015), le ministère espagnol chargé de l'agriculture a publié en novembre une note comparant les avis des Espagnols et des autres Européens sur la PAC, l'agriculture et l'environnement. Il en ressort que les Espagnols ont une moindre connaissance de l'existence de la PAC (43 % n'en ont pas entendu parler, contre 30 % au niveau de l'Union). Pour les principaux objectifs à assigner à la PAC, les Espagnols privilégient le niveau de vie des agriculteurs et la stabilité des prix alimentaires, alors que ce sont la qualité et la sécurité sanitaire de l'alimentation pour les autres Européens. Espagnols et Européens dans leur ensemble se rejoignent sur les priorités de la PAC, sachant toutefois que les Espagnols accordent une importance plus élevée à l'amélioration de la compétitivité et la productivité. L'augmentation des aides est un souhait partagé, les Espagnols étant plus nombreux à l'exprimer (à 62 % contre 45 %). Enfin, la protection de l'environnement est davantage prise en compte par les autres Européens.

Source : ministerio de Agriculturea y Pesca, Alimentación y Medio-Ambiente

15:59 Publié dans 4. Politiques publiques, Société | Lien permanent | Tags : espagne, eurobaromètre, pac, opinion |  Imprimer | | | | |  Facebook

10/11/2017

Le monde dans nos tasses. Trois siècles de petit déjeuner, Christian Grataloup

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Plaisant à lire, riche et documenté, cet ouvrage est consacré au premier repas de la journée, « à la fois familier et inconnu ». Alors que la littérature consacrée à l'alimentation et à la gastronomie est foisonnante, très peu de travaux (historiques, sociologiques, géographiques, anthropologiques, etc.) ont jusqu'ici traité du petit déjeuner. Au fil de vingt-et-un épisodes, répartis en quatre parties, Christian Grataloup propose un voyage à travers l'histoire de ce repas, mettant en évidence qu'il reste « le plus petit commun dénominateur des pratiques alimentaires de la mondialisation ».

La première partie s'intéresse à la naissance du petit déjeuner en Europe, il y a trois siècles, en lien étroit avec les innovations culinaires du XVIIIe siècle, celles en matière d'objets ménagers, de savoir-faire, d'organisation intérieure des demeures bourgeoises. C'est un repas différent des autres (présentation simultanée des aliments, en nombre restreint, composition assez libre par les convives, monotonie dans les denrées consommées), etc. Sa diffusion dans les sociétés européennes accompagne en particulier les débuts de l'industrialisation et la synchronisation progressive des activités sociales.

La seconde partie revient sur les histoires séculaires du café, du thé et du chocolat, ainsi que sur les ustensiles : tasses (objet quasi-universel pour la consommation de boissons chaudes), bols, mugs, grille-pain, etc. On peut retenir, par exemple, que l'étymologie du mot « thé » dans les langues européennes illustre deux étapes successives de construction du monde : « chaï » à l'Est, liée aux voies terrestres (route de la Soie notamment), « té » à l'Ouest, liée aux voies maritimes et aux compagnies des Indes. La troisième partie propose des éléments très intéressants sur la période de la Révolution industrielle, l'esclavage et les plantations, l'articulation entre multinationales et artisanat quotidien, les aspects géopolitiques. La quatrième partie dresse un tour du monde des petits déjeuners, illustrant à la fois les dynamiques de diffusion (ex. du continental breakfast) et de métissage.

Dans l'épilogue, Ch. Grataloup souligne que si « aujourd'hui c'est le Monde presque entier qui boit mondial le matin », des tendances sont porteuses de transformations du petit déjeuner tel qu'il fût codifié en Europe : évolution des moments de repas (exemple du brunch) et émiettement, attrait pour de nouveaux aliments et boissons, recherche de produits locaux et équitables.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : Armand Colin

09/11/2017

Agriculteurs urbains, Guillaume Morel-Chevillet (dir.)

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Dirigé par G. Morel-Chevillet (chargé de mission à Astredhor, l'institut technique de l'horticulture), ce guide pratique marque une nouvelle étape dans l'institutionnalisation de l'agriculture urbaine, en offrant une synthèse complète sur ce sujet à destination du grand public. L'ouvrage est organisé en trois parties, abordant les différentes formes de production alimentaire en milieu urbain : l'auteur a retenu une définition extensive de l'« agriculture urbaine », qui couvre tant des activités orientées vers le loisir et l'épanouissement personnel que vers la production et la commercialisation.

La première partie s'intéresse aux « amateurs », qui investissent par exemple un balcon, une terrasse pour cultiver des fraises ou un toit pour installer une ruche. Elle passe en revue les différentes « solutions pour produire chez soi », avec des encadrés pédagogiques, et présente le matériel végétal le mieux adapté pour mettre en place un « potager urbain ». La deuxième partie est consacrée aux dimensions « sociales » de l'agriculture urbaine. Elle retrace notamment l'histoire des jardins collectifs. Les collectivités territoriales trouvent aujourd'hui dans ces différentes pratiques un levier pour aborder de façon plus concrète les enjeux de l'alimentation et pour sensibiliser aux problématiques de la biodiversité.

Enfin, près de 150 pages sont consacrées à ceux qui font de l'agriculture en ville un métier. Agro-paysagistes, architectes, serristes, du côté de l'offre de services, maraîchers et éleveurs, du côté de la production, sont confrontés à des défis particuliers, de l'aménagement des bâtiments aux problèmes de pollution des sols ou de l'air. Cette troisième partie aborde clairement les enjeux de la professionnalisation, en rappelant la diversité des démarches et des modèles économiques et en pointant les incertitudes qui demeurent sur le statut d'« agriculteur urbain ». La continuité entre les différents niveaux d'organisation des pratiques (individuelles, en groupe et en filière) est un fil conducteur jusqu'au dernier chapitre, consacré aux producteurs situés en périphérie des villes.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Lien : Éditions France Agricole

08:49 Publié dans Agriculteurs, Société, Territoires | Lien permanent | Tags : agriculture urbaine, agriculteurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les grands fermiers. XVe-XVIIIe siècle, Jean-Marc Moriceau

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Professeur à l'université de Caen, J.-M. Moriceau est à la tête d'une œuvre importante dont émergent, entre autres, Histoire et géographie de l'élevage français (2005), Histoire du méchant loup (2007), Les paysans (2012) et Secrets de campagnes (2014). C'est sa thèse soutenue en 1992 qui reparaît aujourd'hui, dans une version refondue et abrégée de moitié par rapport à l'édition originale de 1994.

Fruit d'une enquête conduite pendant douze années, ce texte de référence, associant démographie historique et histoire économique, décrit l'ascension des grands fermiers du bassin parisien entre 1400 et les années 1750. À travers la recomposition d'une petite centaine de trajectoires familiales, il retrace l'émergence de ce groupe social notabiliaire, prototype des dynasties agricoles. Capitaines de culture en même temps qu'hommes d'affaires, ces laboureurs – qui serviront de modèles aux Physiocrates – ont fait fortune dans la production de céréales à destination de la population parisienne.

Après avoir retracé le processus de formation et de consolidation de ce groupe spécifique, l'auteur analyse le fonctionnement économique de la « grande exploitation », puis termine par une fine description de la réussite sociale et culturelle de cette élite paysanne.

Lien : Éditions Fayard

08:43 Publié dans Agriculteurs, Société | Lien permanent | Tags : moriceau, fermiers, histoire, élite paysanne |  Imprimer | | | | |  Facebook

07/11/2017

La place des femmes dans les secteurs de la pêche et de l'aquaculture

Une étude commandée par FranceAgriMer fait le point sur la place des femmes dans la pêche et l'aquaculture. Alors que la pénibilité du travail sur les bateaux et dans les élevages entraîne des difficultés chroniques de recrutement, et qu'une réflexion sur l'attractivité des métiers est à l'ordre du jour, l'égalité femmes-hommes ne semble pas être une priorité pour le secteur. « Les a priori sur la répartition "naturelle" des tâches » sont encore forts. Ainsi, les femmes représentent un tiers des effectifs, mais seulement 1,4 % pour la pêche embarquée. Toutefois, les mentalités évoluent et « les outils réglementaires permettant la prise en compte des enjeux d’égalité professionnelle » (conventions collectives de branche, bilans sociaux, statut de conjoint collaborateur, formation maritime, etc.), encore « mal connus et peu utilisés », pourraient servir de leviers à l'avenir.

Source : FranceAgriMer

08:34 Publié dans Pêche et aquaculture, Société, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : franceagrimier, pêche, aquaculture, femmes, métiers |  Imprimer | | | | |  Facebook

Mangeurs de viande de la préhistoire à nos jours, Marylène Patou-Mathis

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À l'heure où s'exacerbent les vrais et faux débats sur la consommation de viande, la réédition en version de poche de cet ouvrage est tout à fait bienvenue, venant rappeler que des pratiques et des querelles prétendument neuves sont, en réalité, vieilles comme le monde. Préhistorienne, directrice de recherche au CNRS, l'auteure appuie ses réflexions anthropologiques sur des découvertes archéologiques, complétées par de nombreuses analyses philosophiques, ethnographiques et sociologiques. S'il fallait dégager une thèse de cette somme majeure, elle serait que l'acte socio-culturel de manger a été au cœur du développement des sociétés humaines et du processus d'hominisation.

Le livre montre comment nos lointains ancêtres se sont mis à consommer de la viande, donc des chairs d'êtres vivants remplies de sang, et les conséquences de ce régime alimentaire sur les techniques de chasse et les rapports aux animaux. Il décrit les transformations de la chasse au fil du temps et les vertus socialisatrices de cette activité collective (partage du gibier, cohésion de groupe, hiérarchie et organisation). Extrêmement diversifiés sont les mythes et rites liés à cette consommation carnée, et beaucoup de ces croyances restent vivaces dans les sociétés « archaïques » ou dans les traditions populaires des pays « développés ». Intéressant est le chapitre consacré à l'animal comme symbole, ainsi que celui qui traite du cannibalisme et des mangeurs de viande humaine. L'ouvrage se termine par une description de l'extinction des derniers peuples chasseurs et par une réflexion sur la part d'animalité qui reste en l'Homme.

Lien : Éditions Perrin

08:30 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : patou-mathis, viande, consommation, anthropologie, archéologie |  Imprimer | | | | |  Facebook

17/10/2017

Deux études améliorent la caractérisation du phénomène de suicide chez les hommes agriculteurs exploitants

Dans le cadre du plan national de prévention du suicide dans le monde agricole, Santé publique France et la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) ont collaboré à la réalisation de deux études dont les principaux résultats ont été publiés en septembre 2017. Leur objectif était d’identifier les liens entre certaines caractéristiques socioprofessionnelles et les suicides chez les hommes agriculteurs exploitants, afin d'améliorer la connaissance de ce phénomène et le ciblage des actions de prévention. Les études ont été réalisées grâce à l'appariement des données socioprofessionnelles de la CCMSA et de celles du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc), de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), entre 2007 à 2011. L'analyse a ainsi couvert l'ensemble de la population des hommes agriculteurs exploitants (non-salariés) en France métropolitaine, sur 5 années consécutives, ce qui lui confère une grande solidité statistique.

Risque relatif (RR) et intervalle de confiance (IIC 95 %) de décès par suicide chez les hommes agriculteurs exploitants en France métropolitaine entre 2007 et 2011 (extrait)

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Source : Santé Publique France

De 2007 à 2011, 674 décès par suicide d’hommes exploitants agricoles ont été recensés, soit un taux d’environ 0,4 décès pour 1 000 personnes par année (c'est-à-dire 20 % de plus, en 2010, que pour les hommes des autres groupes sociaux). Des différences apparaissent selon les caractéristiques sociales et professionnelles. Les agriculteurs les plus à risque sont ainsi ceux : âgés de 45 à 54 ans ; possédant une exploitation à titre individuel ; exerçant une activité exclusive ; travaillant une surface agricole utile comprise entre 20 et 49 hectares ; localisés en Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France ou Auvergne-Rhône-Alpes. Contrairement à d'autres travaux, l'analyse n'a pas conclu à l'existence d'un lien entre risque de mortalité par suicide et secteur d’activité.

Les auteurs discutent ces résultats au regard de la littérature existante. Ils mettent par exemple en perspective la surmortalité par suicide observée chez les 45-54 ans avec leurs difficultés face aux problèmes de modernisation, de respect des normes ou de transmission de leur exploitation. L'effet de la localisation géographique traduirait indirectement, quant à lui, essentiellement des différences individuelles entre agriculteurs. Plusieurs limites des études sont enfin précisées, comme le non-traitement des femmes en raison de contraintes statistiques, ou l’intérêt à l'avenir de considérer d'autres facteurs de vulnérabilité comme le statut marital, l'isolement géographique ou le revenu.

Vanina Forget, Centre d'études et de prospective

Source : Santé publique France

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L'émergence des animal studies et le militantisme pro-animaux

Dans un article publié par la Revue d'anthropologie des connaissances, Jérôme Michalon (sociologue, CNRS) met en perspective trente ans de publications autour des relations Homme-Animal dans trois revues américaines reconnues.

La première, Anthropozoös, créée en 1987, est imprégnée par les idées pacifistes du courant de l'Humane Education. Elle défend une prise en compte des bénéfices des interactions Homme-Animal, notamment dans les situations de soin, à partir de méthodes behavioristes (evidence-based medecine). « Le point de vue des humains est le prisme à travers lequel est évaluée l'importance de la recherche ». En 1993, la revue Society and Animals met en cause cette perspective trop anthropocentrée et plaide pour une meilleure prise en compte du point de vue animal, en maintenant une exigence de production de données empiriques dans le cadre de protocoles d'enquêtes, mais avec « un sous-texte antispéciste visant à souligner l'arbitraire de l'opposition entre humanité et animalité ».

Le champ d'étude se rapproche alors du domaine académique des « studies » (Gender studies, Post-colonial studies, etc.), qui cherchent à provoquer « un changement de perspective » et à relire l'histoire en revalorisant « les points de vue minoritaires et/ou minorisés sur le monde ». Enfin, en 2007, le Journal of Critical Animal Studies développe une approche plus philosophique du problème, avec une « volonté de rendre "présentables" les théories de la libération animale ». Les auteurs se recrutent davantage du côté des humanités.

L'article retrace ainsi l'évolution des liens entre militants pro-animaux et scientifiques. Ceux-ci sont souvent réduits à l'influence, très en amont, de quelques penseurs souvent cités comme Peter Singer et Tom Regan. À rebours de cette histoire convenue, Michalon pointe les contradictions d'un espace discursif tendu « entre radicalisation et académiquement correct » et souligne l'arrivée tardive de « disciplines pour lesquelles la notion de "sujet" est importante », comme la philosophie.

Florent Bidaud, Centre d'études et de prospective

Source : Revue d'anthropologie des connaissances

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10/10/2017

Le véganisme, Valéry Giroux, Renan Larue

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Dans ce court essai, V. Giroux et R. Larue proposent une « conception du véganisme comme mouvement de justice sociale visant à terme la libération des animaux du joug humain ». Mobilisant de nombreuses analyses, les auteurs dressent un tour d'horizon intéressant, malgré des argumentations parfois rapides, d'une thématique de plus en plus médiatisée.

L'histoire des idées dressée est ainsi éclairante quant aux sources du véganisme et aux différents courants et tensions qui le traversent : partant des penseurs grecs (orphiques, pythagoriciens) considérés comme des précurseurs dans l'histoire occidentale, les auteurs s'attachent ensuite à l'histoire récente, depuis le début du XIXe siècle (premières communautés véganes aux États-Unis et en France, fondation de la Vegetarian Society en 1847 puis de la Vegan Society dans les années 1940), jusqu'à la constitution de l'éthique animale comme branche de la philosophie morale dans les années 1970. Ils détaillent ainsi les travaux sur la sensibilité animale, les obligations morales qui en découlent, l'égalité animale ou encore la question des droits (négatifs et/ou positifs) à accorder aux animaux.

Le chapitre consacré aux véganes mobilise des données issues notamment de travaux sociologiques (peu nombreux), d'enquêtes d'opinion, de recherches en psychologie. Il met en lumière le rôle important joué par Internet dans le développement et la consolidation d'une « communauté végane » : diffusion d'informations, création d'une culture commune. S'il est difficile d'en dresser un portrait-type, les véganes partagent des traits communs et constituent en cela, pour les auteurs, un « véritable mouvement social » : plus empathiques que la moyenne et plus méfiants vis-à-vis des conservatismes ; plus intéressés aux questions d'environnement, d'équité sociale, de justice intergénérationnelle, d'éthique animale ; partageant l'expérience de la végéphobie et le souhait de voir abolie l'exploitation des animaux.

Le dernier chapitre, « Vers la libération animale », s'intéresse aux objections adressées par certains acteurs aux activistes du véganisme (choix personnels et individuels qui ont du mal à déboucher sur la constitution d'une cause collective et politique). Il fait également état des travaux sur la consommation « éthique » et l'« activisme politique de la consommation ». In fine, la conception du véganisme proposée présente, selon les auteurs, plusieurs avantages : une politique du quotidien, un mouvement social, un projet de justice globale.

Julia Gassie, Centre d'études et de prospective

Lien : PUF

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