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16/12/2014

Quelques idées sur la PAC d'après 2020 selon l'IEEP

Dans une note de l'Institute for European Environmental Policy (IEEP), l'économiste David Baldock livre son analyse des enjeux potentiels de la prochaine réforme de la PAC. À l'instar d'autres analyses relayées sur ce blog récemment, il considère qu'il n'est pas trop tôt pour s'interroger sur la manière dont les mécanismes introduits dans la réforme de Dacian Ciolos pourront être approfondis après 2020.

Si la PAC devra toujours, dans cinq ans, répondre aux enjeux de sûreté alimentaire et de durabilité, et offrir des filets de sécurité aux agriculteurs, il est probable selon l'auteur qu'elle devra aussi davantage répondre à un objectif de création d'emplois, et peut-être aussi de contribution à l'économie circulaire.

La demande pour un effort de simplification de la PAC devrait être croissante, mais D. Baldock considère que la simplification ne peut être un objectif de politique publique en tant que tel. L'hétérogénéité des agricultures européennes et la diversité des externalités produites par l'activité agricole rendent la complexité inévitable, et la politique nécessiterait d'être de plus en plus ciblée et différenciée, et non l'inverse.

Les enjeux de redistribution (entre pays, entre agriculteurs) ont toujours été prépondérants dans les différentes réformes, mais l'auteur regrette qu'ils constituent parfois un frein à la mise en place d'approches nouvelles. Il recommande que ces ajustements puissent être négociés en dehors de la PAC, et non pas uniquement au sein de celle-ci.

La note identifie plusieurs sujets qui pourraient être au cœur des débats dans la prochaine négociation, notamment : l'approfondissement des outils permettant de garantir la gestion durable des terres (que l'auteur considère comme le principal bien public légitimant la PAC), la réorientation des soutiens vers ceux qui en ont besoin ou ceux qui contribuent le plus aux biens publics environnementaux, les approches collectives, les objectifs de résultats plutôt que de moyens. En matière d'instruments de marché, D. Baldock n'écarte pas un retour vers plus de régulation, en contrepartie de baisses potentielles du budget de la PAC.

Enfin, partant du constat que la récente réforme a introduit un haut niveau de flexibilité pour les États membres dans la manière d'appliquer les mesures, l'auteur considère que si une demande pour une plus forte harmonisation entre États pourrait émerger concernant les systèmes d'assurance, les politiques de soutiens devraient, elles, être de moins en moins « communes » et de plus en plus différenciées.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : Institute for European Environmental Policy

15:26 Publié dans 4. Politiques publiques, PAC | Lien permanent | Tags : pac, ieep |  Imprimer | | | | |  Facebook

Mutualisme et développement du crédit à l’agriculture

La fondation FARM vient de publier un article intéressant sur la question de l’offre de crédit au secteur agricole. Ce point de vue signé par Bernard Fouquet, ancien cadre du Crédit Agricole, comporte deux parties : une rétrospective de la constitution des banques mutualistes agricoles et rurales (Crédit Agricole en France, Rabobank aux Pays-Bas et Mouvement Desjardins au Canada) et une discussion des possibilités d’amélioration de l’offre de crédit pour les paysans de Tunisie, du Mali et du Sénégal.

Issues des principes mutualistes de l’Allemand Friedrich Wilhelm Raiffeisen, ces banques sont toutes issues d’initiatives collectives décentralisées avant d’avoir été reconnues et soutenues par les pouvoirs publics. Ainsi, en France, si la première caisse de Crédit Agricole mutuel a été créée à Poligny dans le Jura en 1885, le soutien étatique s’est traduit par la création de l’Office national du Crédit Agricole en 1920, devenu ensuite Caisse Nationale de Crédit Agricole jusqu’à sa revente par l’État aux Caisses Régionales en 1988.

L’auteur constate ensuite le manque d’accès au crédit pour les agricultures africaines, ce qui constitue l’un des principaux freins à l’augmentation de la production agricole. Le nombre d’agriculteurs qui bénéficient de crédits est très faible, de 2 à 7 % selon les pays étudiés. Les chiffres issus d’une étude coordonnée par Laurence Roudart (université libre de Bruxelles) au Mali montrent par ailleurs que les taux d’intérêt proposés sont très élevés au regard de la rentabilité de l’activité agricole : de 16 à 52 % sur un an.

Pour autant, la transposition du modèle de banque mutualiste agricole est considérée par l’auteur comme impossible, tant pour des raisons économiques (absence de transfert financier à la hauteur du Plan Marshall d’après-guerre, différentiel de productivité du travail par rapport aux agricultures modernisées, fluctuation des prix) que pour des raisons culturelles (faiblesse de la culture de la coopération et de l’entraide paysanne). Des perspectives sont néanmoins envisagées, telles l’implication des filières ou le développement du warrantage qui permet à l’agriculteur de donner en garantie sa production y compris avant la récolte. Mais, plus généralement, on relèvera l’idée de la nécessité de concevoir les politiques de crédit agricole de pair avec l’ensemble des autres mesures réduisant les risques auxquels sont confrontés les paysans.

Frédéric Courleux, Centre d’études et de prospective

Source : FARM

15:25 Publié dans Développement, Organisations agricoles | Lien permanent | Tags : mutualisme, crédit |  Imprimer | | | | |  Facebook

Agriculture et cohésion : dépenses de l'UE sur 2007-2013 et défis pour la période 2014-2020

À l'occasion de la parution, le 5 novembre dernier, de son rapport annuel 2013 sur le budget de l'Union européenne, la Cour des comptes européenne a publié un document d'information intitulé Agriculture et cohésion : vue d’ensemble des dépenses de l’UE au cours de la période 2007-2013. La Cour y présente les enseignements tirés en matière de gestion financière et de contrôle sur la période 2007-2013 et attire l'attention sur les défis de la nouvelle période de dépenses 2014-2020 en matière d'agriculture et de cohésion, les deux principaux domaines en gestion partagée entre l'Union et les États membres.

Rappelons au préalable que, dans son rapport annuel sur le budget 2013 de l'UE, la Cour s'est montrée critique sur le système budgétaire européen, trop axé sur la dépense des fonds « à tout prix » sans assez veiller à l'obtention de meilleurs résultats. Le taux d'erreur estimatif des dépenses 2013 est de 4,7 %, la majorité des erreurs concernant des domaines en gestion partagée : taux d'erreur estimatif de 6,9 % pour le domaine Politique régionale, transports, énergie et développement rural et de 6,7 % pour Environnement, pêche et santé.

Parmi les conclusions de son analyse sur l'agriculture et la cohésion, la Cour identifie les principales sources d'erreur, risques majeurs pour la régularité des dépenses observés sur 2007-2013 :

- dans le domaine de l'agriculture, l’inéligibilité des terres (déclarations incorrectes de surfaces agricoles), des animaux ou des coûts, mais aussi des bénéficiaires des aides ;

- dans celui du développement rural, les infractions aux exigences agro-environnementales et aux règles des marchés publics ;

- dans celui de la cohésion, de graves manquements à la réglementation de l'UE et/ou des États membres en matière de marchés publics, ainsi que l'inéligibilité de certaines dépenses ou projets.

En termes de défis pour la future période de programmation, partant du constat que des erreurs ont été relevées dans tous les États membres et que les systèmes de contrôle examinés sont tous « partiellement efficaces », la Cour souligne la nécessité de prendre des mesures facilitant la gestion des programmes. En effet, des erreurs ont été détectées sur près de la moitié des opérations contrôlées. S'assurer de la fiabilité des informations communiquées par les États membres sur les risques et les erreurs est un autre défi important pour la Commission. Enfin, la Cour souligne la nécessité, pour la Commission et les États, de chercher à simplifier l'architecture globale des systèmes de gestion et de contrôle, et engage les États à poursuivre leurs efforts pour améliorer la gestion des programmes d'aides.

Christine Cardinet, Centre d'études et de prospective

Source : Cour des comptes européenne

15:23 Publié dans 4. Politiques publiques | Lien permanent | Tags : ue, budget |  Imprimer | | | | |  Facebook

NTIC et information sur les prix agricoles : une étude de cas au Ghana

Le département de la Recherche de l’Agence française de développement (AFD) vient de consacrer, début décembre, le numéro 141 de sa collection « Documents de travail » à l’information sur les prix agricoles par la téléphonie mobile. Dans les pays en développement, les transactions « bord champ » sont encore monnaie courante. En effet, des réseaux routiers de mauvaise qualité isolent les petits producteurs installés en zone rurale, et il peut être difficile de se déplacer jusqu’aux marchés. Les commerçants itinérants peuvent alors profiter d’asymétries d’information sur les prix, au détriment des paysans.

Le texte de Julie Subervie (Inra) et Franck Galtier (Cirad) fait le point sur ces questions. Les auteurs passent en revue les travaux d’économie appliquée et expérimentale portant sur les effets de l’introduction des NTIC dans les pays en développement. Ils rapportent également les résultats d’une étude de cas au Ghana, à savoir une enquête auprès d’un groupe de producteurs dans le cadre d’un programme-pilote autour de la plateforme privée Esoko (base de données, information par SMS). Les résultats suggèrent « un effet significatif du SIM sur le prix de vente moyen : un gain de 12,7% en moyenne pour le maïs et de 9,7% en moyenne pour l’arachide ».

Comme on l’a vu dans les foyers d’innovation (États-Unis, Europe), l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) permet de renouveler les Systèmes d’Information de marché (SIM) mis en place par les États et les organisations professionnelles. L’utilisation des téléphones mobiles, d’internet et des smartphones peut ainsi rendre les marchés plus transparents (équité). On peut aussi en attendre, d'après les prémisses de la théorie économique, des bienfaits en matière de régulation des prix (remontée d’information vers les services d’intervention, dans le cas des SIM publics) et d’allocation des ressources (réduction du gaspillage).

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Source : AFD

15:22 Publié dans Agriculteurs | Lien permanent | Tags : ntic, afd, ghana |  Imprimer | | | | |  Facebook

15/12/2014

Opportunités et risques du Partenariat Transatlantique pour l’agriculture et l’agroalimentaire européens

Dans une étude commanditée par le Parlement européen, le CEPII passe en revue le commerce agricole entre les États-Unis et l'UE et analyse les principales barrières tarifaires et non tarifaires entre les deux régions. Une libéralisation complète (suppression des droits de douane) et une réduction de 25 % des barrières non tarifaires conduiraient, d'après les simulations, à une hausse de 60 % des exportations agricoles européennes vers les États-Unis, et de 120 % des importations depuis ce pays.

Pour le CEPII, le secteur agricole européen aurait très peu à gagner d'une suppression des droits de douane, à moins que les barrières réglementaires et administratives ne soient également réduites. Le secteur qui pourrait espérer augmenter nettement ses exportations serait celui des produits laitiers, ainsi que, dans une moindre mesure, ceux des vins et spiritueux, du sucre et du biodiesel. À l'inverse, la libéralisation du commerce pourrait particulièrement affecter les secteurs européens de la viande bovine, ainsi que ceux de l'éthanol, de la volaille et de certaines céréales.

L'étude vient confirmer que la question de la convergence réglementaire est un enjeu central de cette négociation. Si la libéralisation avait lieu sans aucune baisse de ces obstacles non tarifaires, les producteurs européens pourraient se voir désavantagés par les coûts liés aux réglementations européennes, concernant notamment les OGM, l'usage des pesticides ou la sécurité sanitaire. Mais, à l'inverse, si le cadre réglementaire venait à être harmonisé entre les deux régions, le risque serait grand d'une harmonisation par le bas. En effet, cela pourrait entraîner, selon les auteurs, des modifications importantes de la législation communautaire et conduire à une remise en cause des principes de précaution et de gestion des risques, principes sur lesquels repose le cadre réglementaire européen.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : CEPII

15:20 Publié dans Mondialisation et international, Production et marchés | Lien permanent | Tags : ttip |  Imprimer | | | | |  Facebook

Royaume-Uni : lutte contre l'esclavage moderne dans le secteur agricole et agroalimentaire

Le gouvernement britannique a mis en place, en novembre dernier, une stratégie de lutte contre l'esclavage moderne, phénomène en forte expansion qui concerne 10 000 personnes par an au Royaume-Uni. Un tiers des cas relève du travail forcé, deuxième forme d'esclavage après l'exploitation sexuelle. L'agriculture et l'agroalimentaire ont été identifiés comme les principaux secteurs concernés, avec celui de la construction.

Le travail forcé est majoritairement le fait de trafiquants et du crime organisé, agissant au niveau international, mais il peut relever également d'actes individuels. Dans le domaine agricole, le rapport pointe les agissements de certaines entreprises fournisseuses de main-d'œuvre (gangmasters). Les victimes de travail forcé au Royaume-Uni sont le plus souvent originaires de Pologne, de Hongrie, des Pays Baltes, de Roumanie ou de Chine.

La stratégie mise en place par le gouvernement vise à coordonner l'action de l'ensemble des ministères, des agences et des partenaires extérieurs. Elle comporte quatre volets : persécution, prévention, protection des victimes et préparation. Elle s'accompagne d'un renforcement des dispositions législatives dans divers domaines (Modern Slavery Bill, Company Bill).

La dimension internationale est déterminante dans ce domaine. En effet, les chaînes d'approvisionnement des entreprises sont de plus en plus longues, complexes et globalisées. Les biens et services vendus au sein de l'UE peuvent impliquer de nombreuses entreprises dans le monde entier, auxquelles une partie du travail a été externalisée. Le gouvernement britannique entend donc introduire l'obligation pour les entreprises d'une certaine taille de rendre compte de leurs efforts destinés à s'assurer que les droits humains sont respectés tout au long de leur chaîne d'approvisionnement, et ce partout dans le monde.

Cette mesure est, de l'avis de plusieurs observateurs, l'une des plus avancées à l'heure actuelle. Elle s'inspire d'une mesure similaire prise récemment par l'État de Californie. Responsabiliser les entreprises de dimension internationale au respect des droits humains chez leurs fournisseurs est devenu un enjeu important dans ces deux pays. Cela fait suite à des cas d'esclavage révélés récemment dans le secteur agroalimentaire, tels que celui des crevettes d'origine thaïlandaise vendues dans les supermarchés britanniques, ou celui du cacao ivoirien, dans lequel la Cour d'appel américaine a condamné Nestlé, ADM et Cargill pour avoir toléré l'esclavage d'enfants dans les plantations de leurs fournisseurs.

Alexandre Martin, Centre d’études et de prospective

Source : gouvernement du Royaume-Uni

 

15:19 Publié dans IAA, Mondialisation et international, Société | Lien permanent | Tags : esclavage moderne |  Imprimer | | | | |  Facebook

Nouveau rapport du Forum à haut niveau pour l’amélioration du fonctionnement de la chaîne de valeur agroalimentaire

Le Forum à haut niveau pour l'amélioration du fonctionnement de la chaîne de valeur agro-alimentaire vient de remettre son nouveau rapport. Travaillant de 2010 à 2014 sous l'égide des commissaires Feroci (Industrie et entrepreneuriat), Barnier (Marché intérieur et services), Ciolos (Agriculture) et Borg (Santé), ce comité mobilisant 47 institutions publiques, entreprises et corps intermédiaires a été constitué en 2010, suite au constat de dysfonctionnements de la chaîne de valeur agro-alimentaire et de pratiques commerciales déloyales.

Cette chaîne agro-alimentaire européenne regroupe 46 millions d’emplois et dégage une valeur ajoutée de 800 milliards d’euros par an. En son sein, les industries agroalimentaires constituent le premier secteur industriel européen avec plus de 1 000 milliards d’euros de chiffres d’affaires, 203 milliards d’euros de valeur ajoutée et 4,25 millions d’emplois.

Le Forum confirme le constat initial et appelle à de meilleures relations commerciales pour l'intérêt de l'ensemble de la chaîne de valeur. Il indique que des moyens d’améliorer la coopération entre les acteurs de la chaîne doivent être explorés et il encourage les États membres à prendre des mesures législatives spécifiques tout en regrettant des divergences d’interprétation du cadre communautaire par les autorités nationales compétentes.

Si le Forum énonce des recommandations, notamment sur l’obésité et le gaspillage, on retiendra surtout son analyse de la récente réforme de la Politique Agricole Commune qui, en encourageant la constitution d'organisations de producteurs et en finançant leur mise en place, permettra d'améliorer le fonctionnement de la chaîne agroalimentaire. Le soutien au développement d'observatoires des prix est réitéré. Au-delà des projets nationaux en fonctionnement ou en projet, l'observatoire des prix du lait installé en avril 2014 montre l'importance de développer ces suivis au niveau communautaire afin d'objectiver les dysfonctionnements.

Clôturant quatre années de discussion, le Forum appelle à un renouvellement de son mandat en se donnant entre autres nouveaux objectifs celui de suivre la mise en place effective de ses recommandations en termes de bonnes pratiques commerciales.

Frédéric Courleux, Centre d’études et de prospective

Source : Commission européenne

15:17 Publié dans IAA, Organisations agricoles | Lien permanent | Tags : chaîne de valeur agroalimentaire |  Imprimer | | | | |  Facebook

Phyto-victimes : approches sociologiques d’une mobilisation improbable

Les revues Sociologie du travail et La Nouvelle Revue du Travail ont publié récemment deux articles consacrés à l’association Phyto-victimes. Les risques liés aux produits chimiques phytosanitaires sont connus de longue date – l’existence d’un système d’autorisation de mise sur le marché et d’une politique de prévention des accidents de manipulation suffisent à l’attester. Mais ils font depuis quelques années l’objet d’un débat public renouvelé et soutenu.

Ces deux articles retracent l’histoire de l’association en analysant le parcours personnel des malades : « rupture biographique » que constitue la déclaration de maladie, nombreuses difficultés pour obtenir la reconnaissance comme « maladie professionnelle », échecs des démarches administratives, engagement dans la dynamique de l’association et « exploration » des voies d’action offertes par le droit (contre les fabricants ou la puissance publique). À partir d’entretiens approfondis avec les agriculteurs concernés et leur entourage, ils apportent des éclairages intéressants sur des « acteurs périphériques » qui ont permis de surmonter les obstacles à la mobilisation : journalistes engagés, juristes spécialisés dans les affaires d’intoxication en milieu professionnel, etc.

La mobilisation d’agriculteurs constitués en association de « victimes des pesticides » a joué un rôle important dans cette mise sur l’agenda public. Pour les sciences politiques, cette action collective est particulièrement intéressante car elle était « improbable ». Les répertoires d’action des agriculteurs sont en effet plutôt orientés vers un certain conformisme, avec une prise en charge collective des revendications par les syndicats représentatifs. De plus, le statut de profession indépendante ne facilite par les mobilisations communes et partagées. Enfin, la prescription de bonnes règles d’utilisation tend à renvoyer les cas d’intoxication vers l’erreur de manipulation, la négligence, etc., et donc à insister sur les comportements à risque des exploitants plutôt que sur la responsabilité publique collective.

Par ailleurs, notons que France-Culture a consacré une émission à ce sujet en septembre dernier, où interviennent d’autres chercheurs, Nathalie Jas et Christian Nicourt.

Florent Bidaud, Centre d’études et de prospective

Sources :Sociologie du travail, La Nouvelle Revue du Travail

15:14 Publié dans Agriculteurs, Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : pesticides |  Imprimer | | | | |  Facebook

12/12/2014

Une légère hausse du nombre d’installations en 2013 mais qui ne compense pas les départs

La Mutualité Sociale Agricole vient de publier, début novembre, les derniers chiffres de l'installation en agriculture. Pour la MSA, la notion « d’installation » correspond à une première affiliation d’un individu en tant que débiteur de cotisations sociales. Selon cette définition, 13 200 exploitants agricoles se sont installés en 2013, contre 17 230 chefs d'exploitation qui ont cessé leur activité. Cette hausse de 6 % des installations, la première depuis trois ans, s’explique en partie par l’accroissement du nombre de départs à la retraite.

Les jeunes éligibles au dispositif d’aide à l’installation sont 6 800 en 2013, soit là aussi une hausse de 6,2 % par rapport à 2012. La superficie moyenne par jeune installé s’accroît, elle est de 35,5 hectares.

Les installations en sociétés sont toujours majoritaires : en 2013, 56,8 % des jeunes ont choisi de s’établir en société, principalement en EARL ou en GAEC.

À l’échelle régionale, la Corse, le Poitou-Charentes, la Champagne-Ardenne et la Picardie connaissent une hausse de leur nombre d’installations ; à l’inverse, l’Alsace et Rhône-Alpes ne bénéficient pas de la dynamique enregistrée en 2013.

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Céline Fabre, Centre d’études et de prospective

Source : MSA

 

15:11 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles | Lien permanent | Tags : msa, installations |  Imprimer | | | | |  Facebook

Les derniers chiffres de l’emploi salarié dans les groupements d’employeurs agricoles

La MSA vient de publier une étude consacrée à la main-d’œuvre salariée dans les groupements d’employeurs agricoles de 2004 à 2013. Ces groupements permettent à de petites exploitations de se regrouper dans une structure tierce, pour embaucher un ou plusieurs salariés, afin de les employer en commun, à temps complet ou partiel.

En 2013, 68 200 salariés, représentant 22 094 équivalents temps plein (ETP), sont employés dans les 3 800 groupements d’employeurs agricoles, ce qui représente 7 % de l’emploi salarié du secteur de la production agricole. Ces établissements comptent en moyenne 5,8 ETP, et sont de taille supérieure à la moyenne de la production agricole nationale, qui est de 2 ETP. De plus, les contrats à durée indéterminée représentent 52 % du volume d’heures de travail.

Sept régions concentrent environ les trois quarts de l’emploi en groupements d’employeurs, les activités exercées par les salariés concernant essentiellement les cultures spécialisées dans le secteur de la production.

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Source : MSA

Enfin, depuis 2004, l’emploi en groupements d’employeurs connaît une hausse de 7 % par an en moyenne. Cette croissance s’explique par un double phénomène : l’augmentation du nombre de groupements d’employeurs et l’agrandissement de la taille des structures existantes.

Céline Fabre, Centre d’études et de prospective

Source : MSA

 

15:09 Publié dans Agriculteurs, Exploitations agricoles, Travail et emploi | Lien permanent | Tags : msa, groupements d'employeurs |  Imprimer | | | | |  Facebook

État des lieux des pratiques collaboratives en France

Dans le cadre de la cinquième vague de l’Observatoire des modes de vie et de consommation des Français, Ipsos a réalisé à l’été 2014, pour l’Ademe et via une enquête en ligne, un état des lieux du monde de l’économie collaborative, centré sur les pratiques et leurs motivations, dont la synthèse vient d’être publiée.

Ces pratiques sont pour la plupart minoritaires et souvent portées par un profil assez homogène de population (jeunes actifs, de 25 à 44 ans, plus diplômés, de catégories socio-professionnelles plus élevées que la moyenne), sans toutefois que ce « profil-type » soit complètement uniforme. L’étude des moteurs des pratiques collaboratives fait apparaître que l’intérêt individuel tend à prévaloir (intérêt financier, raisons d’ordre pratique, aspects durables et environnementaux) sur les motivations collectives. La motivation éthique, le lien humain et l’effet de mode sont plus secondaires.

Dans ce panorama, les systèmes de type AMAP / La Ruche qui dit Oui ! se distinguent. S’ils font partie des pratiques « minoritaires » (ils ne sont pratiqués que par 9 % des Français), ils se caractérisent par des motivations déclarées différentes des autres pratiques. En effet, les motivations liées aux aspects durables, éthiques et humains sont très présentes, arrivant à la suite de la première motivation citée, «  faire les choses directement, sans intermédiaire » (62 %).

Motivations exprimées pour l’adhésion à un système d’achat de type AMAP / La Ruche qui dit Oui

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Source : Ipsos, ADEME

Par ailleurs, l’adhésion à ce type de dispositifs aurait modifié « de manière substantielle les comportements des consommateurs » : plus de 89 % déclarent manger plus de produits frais, 57 % se déplacer moins pour faire leurs courses, 45 % manger moins de produits à base de viande.

Enfin, de manière générale, la plupart des pratiques collaboratives étudiées auraient un « fort » potentiel de développement : un tiers à la moitié des Français qui ne les suivent pas se disent intéressés pour le faire (49 % dans le cas des systèmes de type AMAP) et, depuis 2012, si le nombre de Français adoptant ces pratiques a peu évolué, l’intérêt porté à la plupart d’entre elles a lui augmenté, à un rythme similaire quel que soit le niveau de diplôme. Confiance, pédagogie et offre (développement, accessibilité) sont les trois enjeux identifiés pour ce développement.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : ADEME

 

15:08 Publié dans Alimentation et consommation, Société | Lien permanent | Tags : pratiques collaboratives, amap |  Imprimer | | | | |  Facebook

Rapport du McKinsey Global Institute sur l’obésité

En novembre dernier, le McKinsey Global Institute a publié un document de travail intitulé Overcoming obesity: An initial economic analysis, dont l’objectif est d’initier une large discussion sur les composantes d’une réponse sociétale efficace à ce problème de santé publique.

L’obésité et le surpoids touchent actuellement 2,1 milliards de personnes, soit près de 30 % de la population mondiale (2,5 fois plus que le nombre de personnes malnutries) et les projections prévoient qu'environ 40 % seront concernés en 2030. L’obésité est responsable de 5 % des décès à l’échelle mondiale et son impact économique est estimé à 2 000 milliards de $ (2,8 % du PIB), ce qui la place au troisième rang des causes humaines de décès, derrière le tabac et les violences armées, guerres et terrorisme. Dans les pays développés, elle représenterait de 2 à 7 % des dépenses de santé, et ce pourcentage serait même, selon certaines estimations, de 20 % en incluant le coût du traitement des maladies liées (ex : diabète de type 2).

Le McKinsey Global Institute a recensé 74 modalités d’actions portant sur l’obésité dans le monde, classées en 18 catégories, et réalisé une méta-analyse des résultats de recherche disponibles. Un focus a porté sur le Royaume-Uni, avec l’estimation du coût et de l’impact de 44 de ces interventions. Une analyse similaire devrait être conduite prochainement sur un pays émergent (Chine ou Mexique).

MGI-intervention-portfolio.jpg

Source : McKinsey Global Institute

Le McKinsey Global Institute tire plusieurs enseignements de ses travaux. Seul un programme systémique composé de multiples interventions, non priorisées, top-down et bottom-up, est susceptible d’être efficace et d’entraîner des changements importants de comportements. L’implication de l’ensemble des acteurs est nécessaire, tout comme le fait de s’adresser à différentes parties de la population via divers mécanismes. Dans le cas du Royaume-Uni, une telle démarche permettrait de réduire de 20 % le nombre de personnes obèses ou en surpoids, dans un délai de cinq à dix ans et avec un gain économique estimé à 25 milliards de $ par an (incluant une économie annuelle de 1,2 milliard de $ pour le système de santé). À l’échelle de la société, toutes les interventions sont rentables, sachant que doivent être travaillés à la fois le niveau d’action individuel (via l’éducation et l’incitation) et le contexte environnemental et sociétal.

À noter enfin que la démarche EPODE en France et la Healthy Weight Commitment Foundation aux États-Unis sont données en exemple de réponses intégrées mises en place.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : McKinsey Global Institute

 

15:06 Publié dans Santé et risques sanitaires | Lien permanent | Tags : obésité |  Imprimer | | | | |  Facebook

La consommation par habitant en France est au-dessus de la moyenne européenne

Dans l’Insee Première n°1523 de novembre 2014, les consommations de biens et services des Français sont comparées à celles des Européens. En 2012, la consommation effective des ménages en volume par habitant (soit l’ensemble des biens et services consommés par les ménages, que la dépense leur incombe ou soit prise en charge par les administrations publiques), est supérieure en France de 14 % à la moyenne européenne. Ce constat est valable notamment pour le logement, l’alimentation, les transports et la santé, sans être pour autant lié à des niveaux de prix plus bas.

La consommation alimentaire des Français est l’une des plus élevées : le volume de consommation par habitant en alimentation et boissons non alcoolisées est supérieur de 16 % à la moyenne européenne (hors consommation dans les restaurants, cafés, etc.), et se situe devant les consommations de l’Italie, de l’Allemagne et du Royaume-Uni.

Volume de la consommation effective des ménages par habitant et par catégorie de produits en 2012

insee

Des différences sont cependant mises en évidence par catégories de produits : la consommation française est plus élevée que la moyenne européenne pour le poisson, le lait et le fromage (+ 1/3), les œufs et la viande (+ 15 %), dans la moyenne pour les fruits et légumes et les pommes de terre, ainsi que pour le pain et les céréales, et dans la moyenne haute pour les boissons alcoolisées.

Par ailleurs, les prix en France sont, de manière générale, supérieurs de 9 % à la moyenne européenne et sont proches des niveaux autrichiens, néerlandais et belges. Dans le cas des produits alimentaires, ils sont supérieurs de 10 %, avec là encore des variations selon les catégories de produits (+ 20 % pour la viande, les fruits et légumes et les pommes de terre, + 10 % pour le poisson et les produits de la mer, + 5 % pour le pain et les céréales). Les prix français sont en revanche inférieurs à la moyenne pour le lait, les fromages, les œufs, les matières grasses, le sucre, le miel, la confiture et le chocolat. Enfin, les prix des boissons sont relativement bas, avec notamment un écart de -12 % pour les boissons alcoolisées.

Julia Gassie, Centre d’études et de prospective

Source : Insee

 

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Les prélèvements en eau aux États-Unis

Une publication récente de l'U.S. Geological Survey fait un état des lieux, sur l'année 2010, des prélèvements en eau aux États-Unis. Les estimations englobent l'ensemble des usages de cette ressource, comme indiqué dans la figure ci-dessous, que l'eau soit fraîche ou salée.

eau-USA.jpg

Source : U.S. Geological Survey

1 343 milliards de litres d'eau ont été prélevés quotidiennement, ce qui représente une réduction de 13 % par rapport à 2005. De plus, quatre États concentrent plus d'un quart de la demande : la Californie, le Texas, l'Idaho et la Floride.

33 % des volumes prélevés ont été dédiés à l'irrigation (qui ne comprend pas uniquement les besoins agricoles mais aussi ceux des golfs et des parcs) et 1 % à l'élevage, soit l'eau pour les abreuvoirs, les opérations liées à la traite, etc. Concernant l'irrigation, les prélèvements en eau de surface correspondent à 57 % des volumes utilisés, contre 40 % pour l'élevage, le reste provenant des aquifères. Du point de vue géographique, les 17 États les plus à l'Ouest concentrent 83 % des prélèvements pour l'irrigation et 74 % des surfaces irriguées. Par rapport à 2005, le rapport montre une augmentation de ces surfaces de 1 % à l'Ouest et de 2 % à l'Est, un recours accru à des méthodes d'irrigation plus efficaces (micro-irrigation par exemple), ainsi qu'une utilisation plus efficiente de la ressource, en particulier en Californie, au Texas, en Idaho, au Nebraska et au Colorado.

À noter que ces résultats datent d'avant la sécheresse qui frappe actuellement l’État californien.

Elise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : U.S. Geological Survey

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11/12/2014

Impacts des politiques de soutien aux biocarburants et aux fertilisants en 2025

L'OCDE a publié en novembre 2014 les résultats d'un exercice de modélisation à l'horizon 2025 regardant l'impact des politiques publiques de soutien, d'une part aux biocarburants, principalement sous forme de mandat et d'exemptions de taxe, et d'autre part aux fertilisants via des subventions accordées dans certains pays (Inde, Indonésie, Russie et Chine). Pour ce faire, les auteurs ont mobilisé une base de données de l'OCDE répertoriant les politiques publiques de 48 pays en lien avec ces deux secteurs, ainsi que le modèle d'équilibre général MAGNET. L'objectif était d'étudier les évolutions du revenu des agriculteurs, ainsi que les conséquences sur les prix des matières premières.

Au chapitre des conclusions, les auteurs retiennent que :

- les soutiens à la production de biocarburants sont à l'origine d'une demande supplémentaire de matières premières agricoles et d’une augmentation des revenus des agriculteurs (environ 1 % par rapport au scénario de référence, avec une approche combinant les soutiens aux biocarburants et aux fertilisants), mais ils induisent des coûts plus élevés pour les éleveurs ou les consommateurs ;

- les politiques publiques associées aux fertilisants sont à l'origine d'une augmentation des revenus agricoles dans les pays ayant des politiques de subventions, alors que l'effet est opposé ailleurs ;

- les politiques de soutien aux deux secteurs augmentent de 1 à 7 % la production globale de blé et autres céréales, d'oléagineux et de plantes sucrières ; à l’inverse, les prix du riz, blé et plantes sucrières diminuent (jusqu'à – 6 %), l'effet étant atténué pour les céréales autres que le blé et pour les oléagineux soutenus par la production de biocarburants.

Les auteurs soulignent aussi l'importance du contexte, en particulier le prix de l'énergie, dont le niveau impacte significativement les résultats : par exemple un prix bas du pétrole rend les biocarburants moins compétitifs par rapport aux carburants fossiles. Cet exercice présente plusieurs limites : le traitement imparfait de l'incertitude (données ou comportement des acteurs modélisés), l'absence d’intégration des évolutions technologiques (par exemple carburants de seconde génération), la non prise en compte de l'adaptation des stratégies des agriculteurs suite au changement des prix, etc.

Élise Delgoulet, Centre d’études et de prospective

Source : OCDE

15:00 Publié dans 3. Prévision, Biomasse/Biocarburants | Lien permanent | Tags : ocde, biocarburants, fertilisants |  Imprimer | | | | |  Facebook